Est-ce normal de se sentir (déjà!) fatigué(e)?

lilith888 a écrit:J'ai l'impression de ne plus avoir de vie. Je m'écroule le soir et j'ai constamment sommeil ! Pourtant à 18h, collège tranquille, cours prêts. Je n'ai "que" 9 ans au compteur... :|

Pareil. Et en plus mon copain me reproche de bosser tout le temps et de ne pas prendre de temps pour nous. Vive la pression.

Est-ce qu'on vous reproche aussi de trop travailler ?

Mezzo voce a écrit:Comment font ceux qui tiennent la route?

La drogue ??  

Moi aussi, je ressens beaucoup la fatigue.
Les  élèves commencent à être fatigués donc fatigants, il faut déployer beaucoup d'énergie en classe pour qu'ils restent concentrés et on soit être vigilants en début d'année pour ne pas que de mauvaises. S'ajoutent à ça les préparations de contrôle et les copies....

Moi j'ai 15 ans d'enseignement dont 10 avec les mêmes classes et donc je change peu mes cours.
Après voir passé tous mes week ends et toutes mes vacances et toutes mes pendant 10 ans à bosser, j'ai épuisé mon "capital" boulot ( comme le capital "soleil" )et je suis maintenant incapable de bosser énormément les week ends et les soirs.
Je le fais mais j'ai décidé de ne plus faire de mon boulot ma priorité mais plutôt les loisirs et ma vie sociale.
Cela ne m’empêche pas de "ruminer " après une journée difficile et de me remettre en question mais j'essaie de soigner cela.
La santé est ce qui a de plus important dans la vie et même si j'en fais plus, ce n'est pas pour ça que mes élèves comprendront mieux, seront plus intéressés , me casseront moins les pieds.Ce n'est pas non plus pour ça que j'aurai une meilleure note d'inspection ou administrative.
Je n'aurai pas non plus un meilleure salaire  :lol:

C'est une question que je ne me posais guère au début car je ne ressentais pas la fatigue.  Mais j 'ai un an de moins que Cripure et c'est ce qui m'inquiète dorénavant  le plus dans mon métier : comment continuer encore 15 ans  en étant épuisée alors que j'ai moins d'heures par semaine qu'en secondaire ? Comment font les collègues en collège ou en lycée ?

De plus en plus, je me dis qu'il faut être jeune pour être prof et qu'il y a un temps pour tout. Or l'EN n'a rien prévu pour son personnel à part la Verrière ...
Depuis 24 ans, je donne toute mon énergie , toute ma passion  en cours  car je suis incapable de m'économiser mais c'est la famille qui en pâtit ensuite ...

J'ai fait un vrai burn out l'année dernière juste avant l'été: Nouveau programme : 50 heures de prep de cours par semaine  pour pouvoir assurer ces  deux nouvelles  heures de cours  (j'avais mis la barre un peu haute )et ce de Noël à  fin Avril : tout ça en plus de mes autres heures de cours bien sûr. Résultat :   Saturation intellectuelle pendant trois mois, épuisement émotionnel, plus aucune envie de faire cours mais pas un jour d' arrêt bien sûr car dans le sup, nous devons rattraper chacune de nos absences. Lorsque j'ai commencé à dire à mes filles :" mangez votre savon" au lieu de "mangez votre salade", j'ai commencé à m'inquieter sérieusement
 Ce burn out  m'a permis de réfléchir, de me projeter dans l'avenir.   Je vais devoir renoncer à ce perfectionnisme qui m'a minée mais le problème de la fatigue demeure entier ... Je ne me vois plus continuer ce métier pendant des années ...

Je suis rassurée. Je me demandais si, au vu de ma fatigue en fin de semaine, j'étais faite pour tenir le choc 40 ans...

Même question dans ma tête... J'ai un week-end de trois jours, mais mon lundi me crève pour le reste de la semaine : six heures de cours, de 8h00 à 18h00, en deux paquets. Les trois dernières heures s'enchaînent sans récréation. Ces six heures absorbent toutes mes préparations du week-end et, une fois chez moi, il me faut me remettre au boulot pour le lendemain. J'ai mon mardi matin, en théorie, mais en pratique il y a sans cesse des réunions. Je termine à 18h00 le mardi et là, à chaque fois, je me demande si je ne vais pas craquer, car je n'en peux vraiment plus et il faut bosser à nouveau pour le mercredi. Je respire un peu le mercredi après-midi, mais je jeudi m'achève totalement : premier cours à 8h00, puis quatre heures de 14h00 à 18h00.

Jeudi dernier, deuxième heure de cours, il reste dix minutes avec les 6e : je veux commencer un cours de littérature, je prends le texte pour le lire, ben je peux pas, je trébuche sur chaque mot, je lis sans vie, je sens mes forces se vider et j'ai l'impression que je vais faire un malaise. Heureusement, les élèves étaient légèrement agités, l'un d'eux a fait tombé sa règle : "Puisque vous ne pouvez pas rester calmes pendant je le lis, débrouillez-vous : lisez le texte et répondez aux cinq premières questions. Je ne veux plus rien entendre." Brutal, mais salutaire.

J'ai des classes moins pénibles cette année et des heures de cours plus éclatées sur la semaine donc moins crevée en fin de semaine que l'année dernière où mes 8 heures du vendredi me mettaient sur les rotules pour le week end.
Néanmoins, je commence à fatiguer aussi. Ce matin, je me suis trainée pour faire mon tour à pieds matinal. J'ai du mal à rester concentrée et à bosser efficacement et voir la minette pioncer comme une bienheureuse sur mon fauteuil de bureau n'aide pas à me motiver. Parfois, j'aimerai être à la place de mes bestioles pour pouvoir commander et me la couler douce tranquillos.
Et puis la chaleur a pas mal épuisé tout le monde. Même si ça a baissé dehors, certaines salles restent chaudes, voire étuves ou four, comme on préfère et bosser dedans devient pénible à la longue.

Je crois que la seule solution pour s'en sortir sans trop d'épuisement est de lever le pied sur les préparations et les corrections. Pour mes premières et mes terminales, c'est une note par mois, pas plus. Pour les secondes c'est un peu plus, mais je privilégie les petites interros avec ramassage aléatoire de quelques copies plutôt que de ramasser à chaque fois des paquets de 35.
Après chacun fait comme il le souhaite mais perso je ferai 50h par semaine quand j'aurai le même salaire qu'un cadre sup' du privé. D'ici là, j'ai le temps de voir.

Et encore je ne prépare strictement rien ! Je n'ai pas préparé une heure de cours depuis au moins 2007.

Korémuse a écrit:  Je vais devoir renoncer à ce perfectionnisme qui m'a minée mais le problème de la fatigue demeure entier ... Je ne me vois plus continuer ce métier pendant des années ...

J'ai le même problème. Je travaille trop, j' en ai conscience et cela m' épuise. Je cherche comment faire pour être moins prise par ce boulot. Je n' y arrive pas. Avec 3 enfants et un mari qui fait des horaires de fou, je me sens débordée, pressée comne un citron.
Pourtant, j' entame tout juste ma 20ème année d' enseignement. Je devrais me faire plus confiance. Et bien non ! J' ai même I' impression que c' est de pire en pire.
Comment tenir encore 20 ans ???
Et bien, je me demande aussi comment je vais tenir l' année, déjà...

Fatiguée car trop laborieuse dans mes préparations.
Je passe des heures à retaper un poly, à changer mes textes au dernier moment...

Cripure a écrit:Et encore je ne prépare strictement rien ! Je n'ai pas préparé une heure de cours depuis au moins 2007.

Mais comment faites- vous, Cripure ?

Mamousse a écrit:

Cripure a écrit:Et encore je ne prépare strictement rien ! Je n'ai pas préparé une heure de cours depuis au moins 2007.

Mais comment faites- vous, Cripure ?

J'utilise les LagMich, que je connais très bien, et je tourne sur une vingtaine de livres pareillement très bien connus. Heureusement que j'arrive encore à lire ! Mais préparer une séance, rédiger un cahier de texte, taper un polycop, c'est fini tout ça, j'ai une nausée terrible si j'essaye. Encore que le descriptif de séance, je ne l'aie jamais pratiqué.

Pour ma part, mais c'est particulier, je me sens fatiguée, mais moins qu'à la rentrée... ceci dit, je suis enceinte, et les trois premier mois, j'étais épuisée, là j'ai l'impression de sortir un peu la tête de l'eau!

Et depuis la rentrée, je m'économise (je fais enfin les premières évaluations, et j'ai la chance d'avoir une généreuse collègue qui m'a passé ses cours pour les niveaux que je n'avais pas l'année dernière!).

Ceci dit, je prédis l'intervention proche de quelqu'un qui viendra nous expliquer que c'est indécent de notre part de parler de fatigue, qu'il y a des jobs bien plus fatigants et qu'une fois de plus, nous contribuons à l'image de grosses feignasses des enseignants...

K

Et le bien de l'enfant t'en fais quoi ?

Cripure a écrit: Mais préparer une séance, rédiger un cahier de texte, taper un polycop, c'est fini tout ça, j'ai une nausée terrible si j'essaye. Encore que le descriptif de séance, je ne l'aie jamais pratiqué.

Tu crois qu'il y a un nom pour cette phobie? ;-)
K

Polycophobie, pronophobie, tout cela sonne bien je trouve.

Vous avez donc tout en tête et savez exactement où vous voulez en venir à chaque séance ?
Chapeau bas !
Je suis bien incapable d' enseigner ainsi sans filet : peur que ma mémoire me fasse défaut...

Sylvain a écrit: Et le bien de l'enfant t'en fais quoi ?

Je ne comprends pas bien... tu parles du bien de celui que j'attends? Si je m'économise, c'est pour lui :-) (et, bon, les autres, ceux que j'ai en cours, n'ont pas vraiment l'air traumatisés par leur traitement).

K
PS: le pauvre a déjà à supporter mes vociférations quand machin s'est levé sans autorisation ou quand bidule commence à me casser les oreilles avec ses bavardages...

Je répondais à Cripure

Mamousse a écrit:Vous avez donc tout en tête et savez exactement où vous voulez en venir à chaque séance ?
Chapeau bas !
Je suis bien incapable d' enseigner ainsi sans filet : peur que ma mémoire me fasse défaut...

Je ne sais pas comment fait Cripure mais perso je limite à la quintessence de l'essence le fil conducteur de mon cours. J'utilise énormément le manuel des élèves (où je prends pas mal de mes DS). J'ai ma progression annuelle, un cahier de texte que je remplis quand j'y pense (j'y pense peu) et vogue la galère. Et je me fais confiance pour trouver de quoi rebondir.
Par ailleurs, j'avance comme je peux, et tant pis si je dois m'arrêter au milieu d'un paragraphe dans l'avancée du cours.

Pour moi c'est l'inverse. Les trois premières semaines, j'ai eu beaucoup de mal à trouver le rythme. Après deux mois de vacances, se lever le matin et enchainer 4 à 6 heures de cours (selon le jours) à été très dur. Je rentrais chez moi épuisé et m'endormissait presque.

Et cette semaine, enfin, j'ai eu l'impression d'avoir bien repris le rythme, moins de fatigue en rentrant, ce qui me permettait de faire d'autres activités que comater dans le canapé.

Sauf que ce matin je me suis levé avec un début d'état grippal, j'espère que ce n'est pas grand chose.

KinetteKinette a écrit:

Cripure a écrit: Mais préparer une séance, rédiger un cahier de texte, taper un polycop, c'est fini tout ça, j'ai une nausée terrible si j'essaye. Encore que le descriptif de séance, je ne l'aie jamais pratiqué.

Tu crois qu'il y a un nom pour cette phobie? ;-)
K

Ca ressemble à de la phobie administrative
D'ailleurs, je n'ai pas fait mes comptes depuis au moins avril.

Je fais partie de ceux qui tiennent le coup :
- j'ai un bon edt : 4h de cours / jour
- tous mes cours sont prêts : j'ai préparé cet été les deux niveaux que j'avais à refaire (français 4e et grec 3e)
- il me reste donc en dehors des cours juste les copies
- je vais marcher tous les jours.

Mamousse a écrit:Vous avez donc tout en tête et savez exactement où vous voulez en venir à chaque séance ?
Chapeau bas !
Je suis bien incapable d' enseigner ainsi sans filet : peur que ma mémoire me fasse défaut...

Bof, ce n'est pas vraiment affaire de mémoire, mais de concentration sur les textes, au fond. Ca marche bien comme ça, j'en profite

HS : Lorine75, je t'ai envoyé un mp mais comme tu es nouvelle, je ne sais pas si tu peux le lire. Tu as pris l'avatar que j'ai depuis plusieurs années. Est-ce que tu pourrais en changer, s'il te plaît, pour éviter les risques de confusion? Merci d'avance.

Je suis claquée, mais je sais pourquoi...
20h de cours, dont 3h de trou dans l'emploi du temps, 1h seulement pour manger tous les midis, mercredi et samedi à Lyon pour l'agreg, une stagiaire pas simple à gérer, deux classes en français (soit 10h de cours...) méga chiantes (je suis PP de la 4e de la mort cette année...)... Je me lève à 6h30 du mardi au samedi matin, et je n'ai que le dimanche pour souffler..et bosser.
Le soir, je suis trop crevée...ou occupée jusqu'à l'heure du dîner par ma stagiaire.

Vivement les vacances.