- ParatgeNeoprof expérimenté
Extrait :
« Tout ce qui est mauvais peut devenir pire, tout ce qui est insignifiant et nul peut encore rapetisser : le passage des IUFM aux ESPE obéit à cette logique d’un éboulis sans fin, qui mène de fadaises en crucheries et de fiascos en cacades…
Quand j’annonçais, l’an dernier, que les vrais lauréats des concours seraient ceux qui, contournant les ESPE, feraient d’abord un master disciplinaire, certains objectèrent que les nouvelles épreuves favoriseraient les étudiants inscrits en master d’enseignement. J’étais sûr du contraire et les statistiques du concours 2013, parues en mai dernier, me donnent raison, en tout cas, pour le secondaire. Les chiffres sont accablants : seuls 17 % des lauréats sont issus d’un master MEFF !!! Jamais, de toute leur histoire, les IUFM n’avaient eu un aussi mauvais résultat ! »
Et l’ami Pedro de conseiller ce bon vieux Meirieutron pour l'épreuve « professionnelle ».
http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2014/07/13/les-senateurs-bluffes-par-les-espe/
« Tout ce qui est mauvais peut devenir pire, tout ce qui est insignifiant et nul peut encore rapetisser : le passage des IUFM aux ESPE obéit à cette logique d’un éboulis sans fin, qui mène de fadaises en crucheries et de fiascos en cacades…
Quand j’annonçais, l’an dernier, que les vrais lauréats des concours seraient ceux qui, contournant les ESPE, feraient d’abord un master disciplinaire, certains objectèrent que les nouvelles épreuves favoriseraient les étudiants inscrits en master d’enseignement. J’étais sûr du contraire et les statistiques du concours 2013, parues en mai dernier, me donnent raison, en tout cas, pour le secondaire. Les chiffres sont accablants : seuls 17 % des lauréats sont issus d’un master MEFF !!! Jamais, de toute leur histoire, les IUFM n’avaient eu un aussi mauvais résultat ! »
Et l’ami Pedro de conseiller ce bon vieux Meirieutron pour l'épreuve « professionnelle ».
http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2014/07/13/les-senateurs-bluffes-par-les-espe/
- henrietteMédiateur
Merci pour le lien Paratge !
Pedro Cordoba est toujours tellement juste dans ses analyses, et visionnaire.
Il est vraiment à regretter qu'un homme d'une telle intelligence et d'un tel talent ne soit pas dans un ministère, ou ne soit pas entendu dans les médias autres qu'Internet.
Pedro Cordoba est toujours tellement juste dans ses analyses, et visionnaire.
Il est vraiment à regretter qu'un homme d'une telle intelligence et d'un tel talent ne soit pas dans un ministère, ou ne soit pas entendu dans les médias autres qu'Internet.
- FinrodExpert
Mais peut on savoir quel est le pourcentage de réussite au concours des étudiants en Master MEEF ?
Peut on savoir quel était le pourcentage d'étudiants en master MEEF parmi les inscrits ?
Peut on savoir quel était le pourcentage d'étudiants en master MEEF parmi les inscrits ?
- OlympiasProphète
henriette a écrit:Merci pour le lien Paratge !
Pedro Cordoba est toujours tellement juste dans ses analyses, et visionnaire.
Il est vraiment à regretter qu'un homme d'une telle intelligence et d'un tel talent ne soit pas dans un ministère, ou ne soit pas entendu dans les médias autres qu'Internet.
Et la fin de l'article, le Meirieutron, énorme !!!!!!!!!!
- CeladonDemi-dieu
Quand naîtra-t-il celui qui va délivrer les pédago du cycle infernal de leur tuyau d'arrosage enroulé et déroulé à l'envi mais qui sans cesse les arrose tout en plantant tout notre système éducatif ? Quand ????
- Employé oxymoriqueNiveau 7
C'est en lisant ce type d'article que je suis très heureux de faire un master recherche.
_________________
Cymbale en chef au concert des immobiles.
« Il faudra résister à la dissolution programmée de l’enseignement, de la recherche scientifique, des classiques et des biens culturels. Car saboter la culture et l’instruction, c’est saboter le futur de l’humanité. Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de lire une phrase simple, mais pleine de sens, qui était inscrite sur un panneau signalétique dans une bibliothèque de manuscrits au milieu d’une oasis perdue du Sahara ; « La connaissance est une richesse qu’on peut donner sans s’appauvrir. » Seul le savoir peut perturber la logique dominante du profit en étant partagé sans appauvrir, et même, bien au contraire, en enrichissant à la fois celui qui le transmet et celui qui le reçoit.»
L’Utilité de l’Inutile. Manifeste, Nuccio Ordine, éditions des Belles-Lettres.
- JohnMédiateur
Pedro Cordoba n'est hélas pas toujours juste ni visionnaire dans ses analyses, ou en tout cas pas sur tous les sujets. J'ai encore une "analyse" publiée au travers de la gorge.
Après, ça n'obère pas sa réflexion sur tous les sujets, et heureusement.
Après, ça n'obère pas sa réflexion sur tous les sujets, et heureusement.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- MoonchildSage
La manière dont tu le formules est... intéressante ; on peut dire d'une "analyse" qu'elle est plus ou moins est exacte ou erronée, mais dans ce cas précis, la principale caractéristique que tu lui trouves est de te rester en travers de la gorge.John a écrit:Pedro Cordoba n'est hélas pas toujours juste ni visionnaire dans ses analyses, ou en tout cas pas sur tous les sujets. J'ai encore une "analyse" publiée au travers de la gorge.
- JulHabitué du forum
Remarquable analyse.
Et le Meirieutron, quelle belle découverte pour moi! Grandiose!
Et le Meirieutron, quelle belle découverte pour moi! Grandiose!
- JohnMédiateur
@ Moonchild - Parce qu'elle était fausse : il me semble que ça va de soi.
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- MoonchildSage
Ou bien peut-être parce qu'elle n'était pas si fausse...John a écrit:@ Moonchild - Parce qu'elle était fausse : il me semble que ça va de soi.
- JohnMédiateur
Pour un lacanien de stricte obédience, ça avait peut-être un semblant de vérité - comme le lacanisme en général.
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- e-WandererGrand sage
Je constate aussi que les mieux classés (dans mon établissement comme partout ailleurs) sont en grande majorité des agrégatifs qui ont passé le CAPES par sécurité, sans le préparer spécifiquement. Ils n'ont évidemment pas mis les pieds à l'ESPE, ils avaient un peu mieux à faire de leur temps…
- User17706Bon génie
Finrod a écrit:Mais peut on savoir quel est le pourcentage de réussite au concours des étudiants en Master MEEF ?
Peut on savoir quel était le pourcentage d'étudiants en master MEEF parmi les inscrits ?
Ben oui, il faut ça, sinon, les 17%, on ne sait pas du tout comment les interpréter.
- Reine MargotDemi-dieu
j'ai compris que 17% des reçus sont issus des masters MEEF, mais effectivement il faudrait savoir combien d'étudiants en MEEF sont reçus.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- ParatgeNeoprof expérimenté
Jul a écrit:Remarquable analyse.
Et le Meiriontron, quelle belle découverte pour moi! Grandiose!
Le Meirieutron, du nom d'un grand pédagogue français mondialement connu (Philippe Meirieu, né en 1949 et mort en 1983) inventeur de la révolution copernicienne de l'enseignement.
- PhilomèleNiveau 9
Pedro Cordoba a écrit:J’étais sûr du contraire et les statistiques du concours 2013, parues en mai dernier, me donnent raison, en tout cas, pour le secondaire. Les chiffres sont accablants : seuls 17 % des lauréats sont issus d’un master MEFF !!!
Je ne comprends pas ce chiffre (et l'indication de la source serait la bienvenue).
Les lauréats du concours 2013 ne peuvent pas avoir été formés dans les ESPE, puisque la création des ESPE date de septembre 2013.
En Lettres, même les étudiants de la session 2014 exceptionnelle sont toujours lauréats de l'ex-master enseignement.
Les seuls chiffres qui peuvent éventuellement dire quelque chose de la formation en ESPE sont ceux du concours 2014 "session ordinaire".
À mon avis, l'erreur de P.C. est de dénoncer une ESPE fantasmatique, alors que les projets sont régionaux : les accréditations ont été faites par établissement. D'après ce que j'ai cru comprendre, les pratiques sont très disparates : volume horaire disciplinaire (à certains endroits, il a augmenté avec le passage à l'ESPE), contenu en recherche, constitution du tronc commun, etc.
En revanche, je souscris plutôt à cette analyse :
Pedro Cordoba a écrit:Ce qui a aujourd’hui cours sous la rubrique « épreuves professionnelles » ne concerne en rien les aptitudes concrètes à l’exercice du métier. Il s’agit d’une deuxième série d’épreuves théoriques qui ne se distinguent de la première que par leur caractère purement idéologique.
On demande aux étudiants de réciter un métalangage au lieu de manifester une aptitude à transmettre un savoir. Mais ce problème concerne le concours, par les ESPE.
- User17706Bon génie
J'ai un peu cherché le genre de sources qui pouvaient donner les 17%, mais sans succès.
En revanche, le retour d'un stage à horaire réduit (mi-temps, à défaut de mieux...) est une bonne chose. Il faut seulement espérer que, parmi les ESPÉ, il y en a qui proposeront des formations utiles.
Oui, ça c'est très juste, mais ça l'a toujours été et c'est inévitable (c'est une nécessité de nature). Il est plus que probable, il est quasi certain que les épreuves professionnelles constituent en réalité un moins bon indicateur des aptitudes professionnelles que les épreuves dites théoriques (vu que, par leur format, elles manifestent au moins une partie des aptitudes nécessaires pour transmettre un savoir).Philomèle a écrit: En revanche, je souscris plutôt à cette analyse :On demande aux étudiants de réciter un métalangage au lieu de manifester une aptitude à transmettre un savoir. Mais ce problème concerne le concours, par les ESPE.Pedro Cordoba a écrit:Ce qui a aujourd’hui cours sous la rubrique « épreuves professionnelles » ne concerne en rien les aptitudes concrètes à l’exercice du métier. Il s’agit d’une deuxième série d’épreuves théoriques qui ne se distinguent de la première que par leur caractère purement idéologique.
En revanche, le retour d'un stage à horaire réduit (mi-temps, à défaut de mieux...) est une bonne chose. Il faut seulement espérer que, parmi les ESPÉ, il y en a qui proposeront des formations utiles.
- Pedro CordobaNiveau 7
La question posée par Finrod et reprise par quelques autres est très pertinente. Mais je ne suis pas en mesure d'y répondre.
Qu'il soit clair d'abord que ce chiffre concerne les concours du secondaire 2013 : il s'agit donc de titulaires d'un master MEFF (ou d'inscrits en M2 MEEF) mais pas d'étudiants des ESPE qui ont ouvert leur porte en septembre 2013. Les masters MEFF existaient déjà, depuis la réforme Chatel (effective en 2011), mais ils étaient encore pris en charge par les IUFM. Il serait évidemment très intéressant de ce savoir ce qu'il en est pour les concours 2014. Mais il faudra attendre le printemps prochain...
Le chiffre est donné par la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin, la seule qui y comprenne un peu quelque chose, au cours du débat au Sénat (lien : http://www.senat.fr/seances/s201406/s20140611/s20140611.pdf. Il faut aller à partir de la page 36). B G-M dit ceci :
"Quatrièmement, et cela concerne le choix des masters, une note d’information de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du mois de mai dernier sur les concours d’enseignants du secondaire révèle que seulement 17 % des candidats au concours sont issus des masters MEEF. Comment dès lors envisager une amélioration de la formation des enseignants si la majorité des candidats au concours évitent cette filière ? "
La source de la sénatrice est donc on ne peut plus classique et je m'étonne qu'elle n'ait pas été trouvée. C'est la note de la DEPP sur les résultats des concours qui est publiée sur le site du ministère tous les ans (en principe) :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/65/7/DEPP_NI_2014_15_concours_enseignants_secondaire_enseignement_public_hausse_sensible_recrutements_2013_319657.pdf
Mais B G-M se plante : il s'agit de 17% des LAUREATS et non pas de 17 % des CANDIDATS. D'une certaine façon, la véritable donnée de la DEPP est plus fondamentale : elle indique que seuls 17 % des enseignants du secondaire effectivement recrutés en 2013 sont passés par un master MEEF, c'est-à-dire par un IUFM. Il s'agit donc des professeurs réels et non pas virtuels (candidats). Le chiffre est catastrophique puisqu'on en était à 56,2 % en 2010 (avant la mastérisation). Mais il faudrait avoir le nombre d'inscrits-IUFM pour connaître le taux de réussite et malheureusement la note de la DEPP ne le donne pas, on peut d'ailleurs se demander pourquoi. En remontant en arrière, la première année pour laquelle on dispose d''un chiffre est 2011 : le taux de réussite au CAPES des candidats-IUFM était de 29,6% pour un TR moyen de 31,9%
A mon avis, la part très faible des lauréats-MEEF tient surtout au tout petit nombre de candidats ayant choisi cette voie - qui est une voie sans issue si on n'a pas le concours du premier coup.
Voilà ce que je peux dire. Il y a bien sûr beaucoup d'autres données disponibles mais les personnes intéressées les trouveront en utilisant les liens plus haut.
Qu'il soit clair d'abord que ce chiffre concerne les concours du secondaire 2013 : il s'agit donc de titulaires d'un master MEFF (ou d'inscrits en M2 MEEF) mais pas d'étudiants des ESPE qui ont ouvert leur porte en septembre 2013. Les masters MEFF existaient déjà, depuis la réforme Chatel (effective en 2011), mais ils étaient encore pris en charge par les IUFM. Il serait évidemment très intéressant de ce savoir ce qu'il en est pour les concours 2014. Mais il faudra attendre le printemps prochain...
Le chiffre est donné par la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin, la seule qui y comprenne un peu quelque chose, au cours du débat au Sénat (lien : http://www.senat.fr/seances/s201406/s20140611/s20140611.pdf. Il faut aller à partir de la page 36). B G-M dit ceci :
"Quatrièmement, et cela concerne le choix des masters, une note d’information de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du mois de mai dernier sur les concours d’enseignants du secondaire révèle que seulement 17 % des candidats au concours sont issus des masters MEEF. Comment dès lors envisager une amélioration de la formation des enseignants si la majorité des candidats au concours évitent cette filière ? "
La source de la sénatrice est donc on ne peut plus classique et je m'étonne qu'elle n'ait pas été trouvée. C'est la note de la DEPP sur les résultats des concours qui est publiée sur le site du ministère tous les ans (en principe) :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/65/7/DEPP_NI_2014_15_concours_enseignants_secondaire_enseignement_public_hausse_sensible_recrutements_2013_319657.pdf
Mais B G-M se plante : il s'agit de 17% des LAUREATS et non pas de 17 % des CANDIDATS. D'une certaine façon, la véritable donnée de la DEPP est plus fondamentale : elle indique que seuls 17 % des enseignants du secondaire effectivement recrutés en 2013 sont passés par un master MEEF, c'est-à-dire par un IUFM. Il s'agit donc des professeurs réels et non pas virtuels (candidats). Le chiffre est catastrophique puisqu'on en était à 56,2 % en 2010 (avant la mastérisation). Mais il faudrait avoir le nombre d'inscrits-IUFM pour connaître le taux de réussite et malheureusement la note de la DEPP ne le donne pas, on peut d'ailleurs se demander pourquoi. En remontant en arrière, la première année pour laquelle on dispose d''un chiffre est 2011 : le taux de réussite au CAPES des candidats-IUFM était de 29,6% pour un TR moyen de 31,9%
A mon avis, la part très faible des lauréats-MEEF tient surtout au tout petit nombre de candidats ayant choisi cette voie - qui est une voie sans issue si on n'a pas le concours du premier coup.
Voilà ce que je peux dire. Il y a bien sûr beaucoup d'autres données disponibles mais les personnes intéressées les trouveront en utilisant les liens plus haut.
- Pedro CordobaNiveau 7
Philomèle a écrit:
On demande aux étudiants de réciter un métalangage au lieu de manifester une aptitude à transmettre un savoir. Mais ce problème concerne le concours, par les ESPE.
Le concours est aujourd'hui tel que l'a voulu la CDIUFM qui demandait depuis toujours une nouvelle "professionnalisation" des épreuves. La création des ESPE a elle-même été voulue par la CDIUFM. Les deux sont donc liés.
Je ne vois pas d'ailleurs comment les formateurs des IUFM-ESPE pourraient faire autre chose que ce qu'ils font puisque leur seule spécialité, c'est justement le métalangage. Ce qui est vrai c'est que les ESPE sont très différents d'une académie à l'autre : cela tient à leur intégration dans l'université et aux luttes de pouvoir qui en ont découlé : c'est sur ce point que porte la première partie du rapport de la mission sénatoriale.
Il n'est pas irrationnel de vouloir donner une grande place aux vraies aptitudes professionnelles dans les concours et pas uniquement aux connaissances académiques. Mais il y a pour cela un seul moyen. Il faut d'abord prendre en compte le fait que le concours se déroule en fait en trois moments : l'écrit, l'oral et l'année de stage, la titularisation n'intervenant qu'après le stage. C'est à ce moment-là qu'on pourrait organiser de vraies épreuves de titularisation avec un jury impartial. Cela permettrait d'éliminer ceux qui sont visiblement incapables d'enseigner tout en leur donnant une deuxième chance (redoublement de l'année de stage). C'est un peu ce qui se passe depuis toujours mais il faudrait augmenter assez fortement le nombre de redoublants (et bien sûr celui des admis à l'oral dans la même proportion), rééquilibrer donc la place des différentes épreuves : écrit, oral, titularisation. Si le taux d'échec à ces épreuves de titularisation augmente de façon très sensible les éliminés auront moins le sentiment d'arbitraire qui domaine aujourd'hui (pourquoi ça tombe sur moi?) et recommencer une année de stage ne serait pas humiliant : ce serait vraiment une deuxième chance, en plus dans l'académie d'origine... Et aussi de vraies épreuves (publiques) avec un vrai jury, fondées sur une vraie pratique d'enseignement, permettraient d'évaluer au mieux les aptitudes professionnelles des candidats. Le problème, c'est que jamais au grand jamais les formateurs ESPE n'accepteront cela. Il m'est arrivé de suggérer l'idée à certains d'entre eux, les moins fanatiques, ceux avec qui ont peut parler normalement. Le refus a été immédiat. On le comprend. Un tel dispositif rendrait caduc leur propre enseignement, qui relève et relèvera toujours du métalangage (c'est-à-dire de la "canaillerie" pour Lacan puisque que suis apparemment lié à l'enseignement de Lacan)
- GrypheMédiateur
Merci Monsieur Cordoba pour ces précisions.
Les notes de la DEPP sont en effet une source fiable pour le phénomène analysé.
Les notes de la DEPP sont en effet une source fiable pour le phénomène analysé.
- PhilomèleNiveau 9
Pedro Cordoba a écrit:/.../
Le chiffre est donné par la sénatrice communiste Brigitte Gonthier-Maurin, la seule qui y comprenne un peu quelque chose, au cours du débat au Sénat (lien : http://www.senat.fr/seances/s201406/s20140611/s20140611.pdf. Il faut aller à partir de la page 36). B G-M dit ceci :
"Quatrièmement, et cela concerne le choix des masters, une note d’information de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du mois de mai dernier sur les concours d’enseignants du secondaire révèle que seulement 17 % des candidats au concours sont issus des masters MEEF. Comment dès lors envisager une amélioration de la formation des enseignants si la majorité des candidats au concours évitent cette filière ? "
La source de la sénatrice est donc on ne peut plus classique et je m'étonne qu'elle n'ait pas été trouvée. C'est la note de la DEPP sur les résultats des concours qui est publiée sur le site du ministère tous les ans (en principe) :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/65/7/DEPP_NI_2014_15_concours_enseignants_secondaire_enseignement_public_hausse_sensible_recrutements_2013_319657.pdf
/.../
Merci pour la référence du document.
N'y a-t-il pas simplement un problème qui tient à l'intitulé des diplômes, lui aussi variable selon les établissements ?
Si on le lit paragraphe d'où est extrait le chiffre de 17 %, on voit plus loin que les lauréats déclarent simplement qu'ils ont un master, qui en Lettres, qui en langues, qui en sciences. Dans l'université que je connais pour y être en poste, jusqu'à la session 2014 exceptionnelle, les étudiants préparant le concours étaient inscrits dans un master générique Lettres modernes, qui se subdivisait en parcours, notamment parcours recherche et parcours enseignement.
Dans ce cas, je pense probable que nos étudiants auraient déclaré qu'ils avaient un master "Lettres" tout court (et non pas master MEEF). Pourtant, ils étaient bien inscrits pour préparer le concours, et suivaient des cours de didactique à l'IUFM.
Les chiffres des reçus dans ma discipline et dans mon académie pour la session 2014 ordinaire, publiés sur Publinet, correspondent à 90 % aux étudiants inscrits en M MEEF à l'université. Il y a apparemment aussi deux anciens étudiants de la licence, qui ont dû être contractuels quelques années et ont passé le concours cette année en candidats libres et quelques noms subsidiaires. En tout cas, dans mon académie, la liste des lauréats n'indique pas que les reçus auraient massivement contourné le master MEEF "rénové". Reçus et étudiants en M MEEF se recoupent à 90 %. Mais je suis prête à entendre que c'est une particularité régionale ou disciplinaire : je livre un constat local, rien de plus.
- JohnMédiateur
Pour m'être un peu renseigné entretemps, le chiffre de 17% semble effectivement très largement exagéré (c'est-à-dire, dans le cas présent, que le nombre réel de lauréats issus d'un MEEF est très sous-estimé), à l'unanimité des personnes interrogées.En tout cas, dans mon académie, la liste des lauréats n'indique pas que les reçus auraient massivement contourné le master MEEF "rénové".
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- Guillaume le GrandFidèle du forum
A ma petite échelle, je peux dire que la très grande majorité des lauréats du rénové vient du master MEEF, ne serait-ce que parce que le format des épreuves (au moins en HG) a changé. Seuls les cours du MEEF ont pu ''formater''les candidats à ces nouvelles épreuves
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''C'est drôle comme les gens qui se croient instruits éprouvent le besoin de faire chier le monde''. Boris Vian
''Nous n'acceptons pas de vérité promulguée : nous la faisons nôtre d'abord par l'étude et par la discussion et nous apprenons à rejeter l'erreur, fut-elle mille fois estampillée et patentée. Que de fois, en effet, le peuple ignorant a-t-il dû reconnaître que ses savants éducateurs n'avaient d'autre science à lui enseigner que celle de marcher paisiblement et joyeusement à l'abattoir, comme ce boeuf des fêtes que l'on couronne de guirlandes en papier doré." Elisée Reclus
- DimkaVénérable
Les candidats sont-ils vraiment prêts à supporter tant de pression sur le long terme ? Un ou deux ans de préparation de concours, encore un ou deux ans de titularisation… pour qu’au bout, un grand nombre apprenne que finalement, c’est non et allez voir ailleurs si vous y êtes ? On n’a pas une période d’essai aussi longue, ailleurs, mais c’est supportable pour la plupart parce qu’en théorie, la plupart des gens sont titularisés. Refaire un système où une année, voire deux, serait une véritable épreuve de sélection, ça serait un recul des droits sociaux, qui ne sont déjà pas bien brillants pour les stagiaires.Pedro Cordoba a écrit:Mais il y a pour cela un seul moyen. Il faut d'abord prendre en compte le fait que le concours se déroule en fait en trois moments : l'écrit, l'oral et l'année de stage, la titularisation n'intervenant qu'après le stage. C'est à ce moment-là qu'on pourrait organiser de vraies épreuves de titularisation avec un jury impartial. Cela permettrait d'éliminer ceux qui sont visiblement incapables d'enseigner tout en leur donnant une deuxième chance (redoublement de l'année de stage). C'est un peu ce qui se passe depuis toujours mais il faudrait augmenter assez fortement le nombre de redoublants (et bien sûr celui des admis à l'oral dans la même proportion), rééquilibrer donc la place des différentes épreuves : écrit, oral, titularisation. Si le taux d'échec à ces épreuves de titularisation augmente de façon très sensible les éliminés auront moins le sentiment d'arbitraire qui domaine aujourd'hui (pourquoi ça tombe sur moi?) et recommencer une année de stage ne serait pas humiliant : ce serait vraiment une deuxième chance, en plus dans l'académie d'origine... Et aussi de vraies épreuves (publiques) avec un vrai jury, fondées sur une vraie pratique d'enseignement, permettraient d'évaluer au mieux les aptitudes professionnelles des candidats. Le problème, c'est que jamais au grand jamais les formateurs ESPE n'accepteront cela. Il m'est arrivé de suggérer l'idée à certains d'entre eux, les moins fanatiques, ceux avec qui ont peut parler normalement. Le refus a été immédiat. On le comprend. Un tel dispositif rendrait caduc leur propre enseignement, qui relève et relèvera toujours du métalangage (c'est-à-dire de la "canaillerie" pour Lacan puisque que suis apparemment lié à l'enseignement de Lacan)
Jusqu’au jour où à force de charger la barque, les gens risquent de se rendre compte qu’il y a d’autres concours, qui leur offriront le même salaire, voire un meilleur, de meilleures conditions de travail, une meilleure évolution de carrière, et où on les ennuiera moins pour la titularisation.
Et surtout, j’ai du mal à voir le lien avec les IUFM/ÉSPE : avant ces structures, on recrutait déjà des enseignants sans que la titularisation ne se transforme en troisième épreuve, il me semble.
_________________
- Spoiler:
- Pedro Cordoba : "L'histoire des Espé va suivre pas à pas la chronique d’un désastre annoncé".
- "COMUE, ESPE, bourses d’agreg : Timeo Danaos et dona ferentes" par Pedro Cordoba
- Comment les réformes ruinent la vocation enseignante
- "La finlandisation de la Finlande" par Pedro Cordoba.
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