- MarmontNiveau 9
Mais de quel "avant" parlons-nous ? A en lire certains - et la tonalité de ce fil - on pourrait penser que c'est suite à cette énième réforme lancée en 2012.C'est juste que pour l'agrégation, cela rajoute un an d'études par rapport à avant. Pour certains, cela peut rajouter des difficultés supplémentaires.
Cependant, il est nécessaire d'avoir un M2 pour passer l'agrégation depuis 2010. Pourquoi ? D'une part parce qu'un M1 est nécessaire pour présenter le capes et parce que depuis 2005, la maîtrise - ou M1 - ne vaut plus rien et ne peut plus être une fin en soi. Je souhaite rappeler que la réforme LMD a tiré l'ensemble vers le bas : auparavant la maîtrise (bac +4) actait la fin du 2ème cycle de l'enseignement supérieur, depuis 2005 c'est le M2 (bac +5) qui sanctionne la fin du 2ème cycle. Le DEA a été plus ou moins (plutôt moins d'ailleurs par la force des choses) intégré au master. Cependant le DEA auparavant faisait entrer l'étudiant-chercheur dans le 3ème cycle, ce qui n'est absolument plus le cas avec un M2 recherche aujourd'hui.
Ces difficultés supplémentaires ne sont donc pas neuves, elles datent d'après 2005 et n'ont aucun lien avec la réforme des concours.
Bref, tout cela pour dire que les "racines du mal" sont multiples et ne résultent certainement pas d'une obscure conjuration des "pédagogistes excessifs" des ex-IUFM.
- GrypheMédiateur
Mon ''avant'' remonte à 1995. ;-)
Merci pour toutes ces explications.
Merci pour toutes ces explications.
- Pedro CordobaNiveau 7
Dire que la mastérisation découle du processus de Bologne (2005) est doublement faux.
1. On laisse entendre qu’il s’agit d’une directive européenne à laquelle on ne pouvait échapper. Or il s’agit d’une initiative franco-française qui a été imposée au reste de l’Europe. Claude Allègre, était alors ministre et il voulait mettre en œuvre les préconisations du rapport Attali (février 1998) proposant un redécoupage des cursus en 3-5-8. Il savait que toute réforme de ce type provoquerait des remous, des grèves, des manifs… Il eut alors la seule idée intelligente de toute sa carrière : passer par l’Europe, se dédouaner sur l’Europe, comme ont l’habitude de le faire les hommes politiques français lorsqu’ils veulent qu’on avale leurs mauvais coups.
En mai 1998, il réunit trois ministres européens de l’éducation à la Sorbonne, court-circuitant Bruxelles qui aurait pu ralentir ou compliquer les choses. Il en naît la Déclaration de la Sorbonne, qui se contente d’idées très générales, et propose une nouvelle réunion élargie à Bologne en juin 1999. Sans en attendre les résultats, Allègre publie alors un décret instituant le « grade de mastaire » (ainsi orthographié à l’époque). Dans cette première version, il s’agissait d’un grade et non pas d’un diplôme. Cela signifie qu’on l’obtenait par équivalence d’un certain nombre de diplômes de niveau Bac+5, en particulier les DEA, les DESS, les diplômes d’ingénieur, etc. Puis en avril 2002, la France met en place le LMD avant tout le monde. Le mastaire devient alors un diplôme et s’orthographie « master ». Les autres pays européens attendront 2005 pour faire de même selon les recommandations de ce qu’on appellera désormais le « processus de Bologne ».
Pourquoi Bologne ? Parce que c’est la plus vieille université européenne bien sûr, avant la Sorbonne mais surtout parce que le gouvernement italien est alors tenu par les socialistes et que le ministre de l’éducation, dont j’ai oublié le nom, était un ami personnel de Claude Allègre et qu’ils avaient des intérêts communs : Allègre voulait imposer le 3-5-8 et l’italien voulait réduire la « laura » (la licence italienne) de 4 à 3 ans, ce qui fait plus tard par Berlusconi, pour réduire le budget du supérieur. En réalité le découpage en 3-5-8 était propre à la France, la plupart des pays européens avaient adopté le découpage américain en 4-7-9 (BA, MA, PhD). La France n’avait même pas, à vrai dire, un découpage 3-5-8 mais 2-4-troisième cycle avec DEA, DESS et thèse éventuelle. Mais le 5 était pour Attali un chiffre magique : c’est le PPCM des études universitaires (2 ans de DEUG, 1 an de licence, 1 an de maîtrise et 1 an de DEA-DESS) et du système des Grandes écoles (2 ans de prépa+3 ans d’école). Et Attali, en tant qu’ancien X, voulait qu’un diplôme universitaire, reconnaissable dans le monde entier, vienne sanctionner les études d’ingénieur. C’est bien pourquoi le système LMD est à l’origine franco-français. Et c’est aussi pourquoi il y eut énormément de réticences et de résistances tout au long du « processus de Bologne ». Certains voulaient passer d’une licence en 4 ans à une licence en 3 ans, d’autres pas. Et ces derniers obtinrent la possibilité d’un choix : ou bien licence de 3 ans suivie d’un master de 2 ans ou bien une licence de 4 ans suivie d’un master d’un an (ce fut, et c’est encore, le cas de l’Espagne). Quand tout cela finit par s’imposer, en 2005, la France a déjà 3 ans d’avance. Logique : c’est la France qui avait pris l’initiative de ce bouleversement de son paysage universitaire pour résoudre des problèmes spécifiques liés à l’existence des Grandes Ecoles. Mais pour le faire en douceur, il fallait le faire en douce, c’est-à-dire en attribuer la responsabilité à ce monstre lointain : l’Europe.
2. La deuxième partie (sur la mastérisation des concours) plus tard dans la journée. Il ne faut pas être trop long avant la messe…
1. On laisse entendre qu’il s’agit d’une directive européenne à laquelle on ne pouvait échapper. Or il s’agit d’une initiative franco-française qui a été imposée au reste de l’Europe. Claude Allègre, était alors ministre et il voulait mettre en œuvre les préconisations du rapport Attali (février 1998) proposant un redécoupage des cursus en 3-5-8. Il savait que toute réforme de ce type provoquerait des remous, des grèves, des manifs… Il eut alors la seule idée intelligente de toute sa carrière : passer par l’Europe, se dédouaner sur l’Europe, comme ont l’habitude de le faire les hommes politiques français lorsqu’ils veulent qu’on avale leurs mauvais coups.
En mai 1998, il réunit trois ministres européens de l’éducation à la Sorbonne, court-circuitant Bruxelles qui aurait pu ralentir ou compliquer les choses. Il en naît la Déclaration de la Sorbonne, qui se contente d’idées très générales, et propose une nouvelle réunion élargie à Bologne en juin 1999. Sans en attendre les résultats, Allègre publie alors un décret instituant le « grade de mastaire » (ainsi orthographié à l’époque). Dans cette première version, il s’agissait d’un grade et non pas d’un diplôme. Cela signifie qu’on l’obtenait par équivalence d’un certain nombre de diplômes de niveau Bac+5, en particulier les DEA, les DESS, les diplômes d’ingénieur, etc. Puis en avril 2002, la France met en place le LMD avant tout le monde. Le mastaire devient alors un diplôme et s’orthographie « master ». Les autres pays européens attendront 2005 pour faire de même selon les recommandations de ce qu’on appellera désormais le « processus de Bologne ».
Pourquoi Bologne ? Parce que c’est la plus vieille université européenne bien sûr, avant la Sorbonne mais surtout parce que le gouvernement italien est alors tenu par les socialistes et que le ministre de l’éducation, dont j’ai oublié le nom, était un ami personnel de Claude Allègre et qu’ils avaient des intérêts communs : Allègre voulait imposer le 3-5-8 et l’italien voulait réduire la « laura » (la licence italienne) de 4 à 3 ans, ce qui fait plus tard par Berlusconi, pour réduire le budget du supérieur. En réalité le découpage en 3-5-8 était propre à la France, la plupart des pays européens avaient adopté le découpage américain en 4-7-9 (BA, MA, PhD). La France n’avait même pas, à vrai dire, un découpage 3-5-8 mais 2-4-troisième cycle avec DEA, DESS et thèse éventuelle. Mais le 5 était pour Attali un chiffre magique : c’est le PPCM des études universitaires (2 ans de DEUG, 1 an de licence, 1 an de maîtrise et 1 an de DEA-DESS) et du système des Grandes écoles (2 ans de prépa+3 ans d’école). Et Attali, en tant qu’ancien X, voulait qu’un diplôme universitaire, reconnaissable dans le monde entier, vienne sanctionner les études d’ingénieur. C’est bien pourquoi le système LMD est à l’origine franco-français. Et c’est aussi pourquoi il y eut énormément de réticences et de résistances tout au long du « processus de Bologne ». Certains voulaient passer d’une licence en 4 ans à une licence en 3 ans, d’autres pas. Et ces derniers obtinrent la possibilité d’un choix : ou bien licence de 3 ans suivie d’un master de 2 ans ou bien une licence de 4 ans suivie d’un master d’un an (ce fut, et c’est encore, le cas de l’Espagne). Quand tout cela finit par s’imposer, en 2005, la France a déjà 3 ans d’avance. Logique : c’est la France qui avait pris l’initiative de ce bouleversement de son paysage universitaire pour résoudre des problèmes spécifiques liés à l’existence des Grandes Ecoles. Mais pour le faire en douceur, il fallait le faire en douce, c’est-à-dire en attribuer la responsabilité à ce monstre lointain : l’Europe.
2. La deuxième partie (sur la mastérisation des concours) plus tard dans la journée. Il ne faut pas être trop long avant la messe…
- IphigénieProphète
:lol: :lol:
à Gryphe: moi c'était juste pour la messe que je rigolais, hein! :lol:
à Gryphe: moi c'était juste pour la messe que je rigolais, hein! :lol:
- Marie LaetitiaBon génie
Marmont a écrit:Mais de quel "avant" parlons-nous ? A en lire certains - et la tonalité de ce fil - on pourrait penser que c'est suite à cette énième réforme lancée en 2012.C'est juste que pour l'agrégation, cela rajoute un an d'études par rapport à avant. Pour certains, cela peut rajouter des difficultés supplémentaires.
Cependant, il est nécessaire d'avoir un M2 pour passer l'agrégation depuis 2010. Pourquoi ? D'une part parce qu'un M1 est nécessaire pour présenter le capes et parce que depuis 2005, la maîtrise - ou M1 - ne vaut plus rien et ne peut plus être une fin en soi. Je souhaite rappeler que la réforme LMD a tiré l'ensemble vers le bas : auparavant la maîtrise (bac +4) actait la fin du 2ème cycle de l'enseignement supérieur, depuis 2005 c'est le M2 (bac +5) qui sanctionne la fin du 2ème cycle. Le DEA a été plus ou moins (plutôt moins d'ailleurs par la force des choses) intégré au master. Cependant le DEA auparavant faisait entrer l'étudiant-chercheur dans le 3ème cycle, ce qui n'est absolument plus le cas avec un M2 recherche aujourd'hui.
Ces difficultés supplémentaires ne sont donc pas neuves, elles datent d'après 2005 et n'ont aucun lien avec la réforme des concours.
Bref, tout cela pour dire que les "racines du mal" sont multiples et ne résultent certainement pas d'une obscure conjuration des "pédagogistes excessifs" des ex-IUFM.
Exactement.
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- IphigénieProphète
2005 c'était hier, quand même, et je pense que les évolutions se jouent sur de plus vastes périodes et se préparent très en amont.
Je crois aussi qu'on ne peut pas séparer la réflexion sur l'évolution des concours de l'enseignement des évolutions de l'enseignement lui-même et des rapports de force qu'y s'y jouent!
Je crois aussi qu'on ne peut pas séparer la réflexion sur l'évolution des concours de l'enseignement des évolutions de l'enseignement lui-même et des rapports de force qu'y s'y jouent!
- barègesÉrudit
Personnellement je parlais de parcours d'avant la masterisation, et je le précisais.
A l'époque, des petites voix dans les facs disaient deux choses :
- l'élévation disciplinaire du niveau était une vaste blague, vu qu'on perdait la qualité (si, si) de l'année de prépa CAPES telle qu'elle existait un peu partout ; ce "bachotage" n'était que mal remplacé par les séminaires sur un semestre à l'automne du S3 du master. De l'aveu même du ministère à l'époque, le niveau disciplinaire restait celui de la licence, avec du bricolage sur deux ans derrière. Il y a eu à l'époque une première simplification des concours, les maquettes ont été heureusement retoquées par les universitaires consternés (mais ce sont celles, peu ou prou, du CAPES rénové 2014 ; il y a moins de protestations après quelques années d'anarchie, et de faillite des universités autonomes).
- dans les filières concernées, la masterisation a fini de profondément modifier l'année de master 2, qui auparavant ressemblait encore à un DEA (un important mémoire comme en maîtrise avec plus d'exigences scientifiques, de préférence préparatoire à une thèse). Vu son imbrication dans le processus des concours, le M2 mal défini à l'époque a fait alterner stages, mini-mémoires, etc ; il était difficile de maintenir un master "recherche" totalement déconnecté des concours. Des parcours "mixtes", des troncs communs ont été mis en place.
Il y a bien un lien entre masterisation et LMD, mais c'est l'oeuf et la poule ; ce lien a été rendu encore plus inextricable par différents calculs politiques ou gestionnaires (disparition temporaire du stage à mi-temps mais volonté de survie malgré tout des IUFM...) ; le résultat au bout de trois réformes est avant tout un ignoble goulbi-boulga.
Je ne pense pas qu'on puisse retracer aussi nettement que vous le faites une filiation lmd/réforme des concours. Il y a eu un tas de réformes et d'aménagements opportunistes ou décidés dans l'affolement devant les conséquences de la première masterisation, en millefeuille, avec des mouvements de balancier.
Le concours aurait pu rester clairement décorrélé avec licence + année de préparation + année de stage. Les grandes écoles, les classes préparatoires, les IUT restent un peu en dehors du système 3-5-7, malgré des pressions de plus en plus fortes. Pourquoi pas les concours de recrutement de l'EN ?
Les différentes réformes du CAPES ont fait graver dans le marbre la régression dont vous parlez, avec un magnifique enrobage sarkozien à l'époque : des professeurs d'un plus haut niveau mieux payés au début (année de stage payée échelon 3 à plein temps avec niveau master 2 à la titularisation).Ces difficultés supplémentaires ne sont donc pas neuves, elles datent d'après 2005 et n'ont aucun lien avec la réforme des concours.
A l'époque, des petites voix dans les facs disaient deux choses :
- l'élévation disciplinaire du niveau était une vaste blague, vu qu'on perdait la qualité (si, si) de l'année de prépa CAPES telle qu'elle existait un peu partout ; ce "bachotage" n'était que mal remplacé par les séminaires sur un semestre à l'automne du S3 du master. De l'aveu même du ministère à l'époque, le niveau disciplinaire restait celui de la licence, avec du bricolage sur deux ans derrière. Il y a eu à l'époque une première simplification des concours, les maquettes ont été heureusement retoquées par les universitaires consternés (mais ce sont celles, peu ou prou, du CAPES rénové 2014 ; il y a moins de protestations après quelques années d'anarchie, et de faillite des universités autonomes).
- dans les filières concernées, la masterisation a fini de profondément modifier l'année de master 2, qui auparavant ressemblait encore à un DEA (un important mémoire comme en maîtrise avec plus d'exigences scientifiques, de préférence préparatoire à une thèse). Vu son imbrication dans le processus des concours, le M2 mal défini à l'époque a fait alterner stages, mini-mémoires, etc ; il était difficile de maintenir un master "recherche" totalement déconnecté des concours. Des parcours "mixtes", des troncs communs ont été mis en place.
Il y a bien un lien entre masterisation et LMD, mais c'est l'oeuf et la poule ; ce lien a été rendu encore plus inextricable par différents calculs politiques ou gestionnaires (disparition temporaire du stage à mi-temps mais volonté de survie malgré tout des IUFM...) ; le résultat au bout de trois réformes est avant tout un ignoble goulbi-boulga.
Je ne pense pas qu'on puisse retracer aussi nettement que vous le faites une filiation lmd/réforme des concours. Il y a eu un tas de réformes et d'aménagements opportunistes ou décidés dans l'affolement devant les conséquences de la première masterisation, en millefeuille, avec des mouvements de balancier.
Le concours aurait pu rester clairement décorrélé avec licence + année de préparation + année de stage. Les grandes écoles, les classes préparatoires, les IUT restent un peu en dehors du système 3-5-7, malgré des pressions de plus en plus fortes. Pourquoi pas les concours de recrutement de l'EN ?
- Pedro CordobaNiveau 7
2. Reprise après la messe (et après la sieste andalouse, qui est de rigueur le dimanche)
Mise en place du LMD et mastérisation des concours sont intrinsèquement liées parce qu’elles sont le fait du même personnage : Claude Allègre. J’ai expliqué dans mon dernier message comment et pourquoi l’âme damnée de Lionel Jospin avait manœuvré pour imposer le LMD à des universités plus que réticentes mais qui, comme d’hab, ont courbé l’échine dès qu’on sorti l’argument européen. Claude Allègre avait déjà supervisé la création des IUFM en 1989 en tant que préposé à l’enseignement supérieur et à la recherche par son mentor. Les IUFM s’étaient tenus cois dans l’intervalle car François Fillon avait voulu les supprimer en 1993 et ils n’avaient dû leur survie qu’à la couardise de François Bayrou.
Dès que le tandem Jospin-Allègre revint aux affaires, avec des pouvoirs très étendus pour l’un et pour l’autre, la CDIUFM ne se sentit plus pisser. Croyant son heure arrivée, elle fit feu de tout bois. Elle obtint d’abord la professionnalisation des concours, c’est-à-dire la disparition totale de leur dimension disciplinaire. Ce fut le plan-Oriano en septembre 1998, qui déclencha une réaction aussi brutale qu’inattendue. Après avoir fanfaronné pendant des mois et des mois, Claude Allègre finit par renoncer à ce ballon d’essai, qui ne concernait que les langues vivantes, et plus personne ou presque ne s’en souvient. Mais il revint à la charge l’année suivante avec le CAPES 2000, ressemblant davantage à la version actuelle, édulcorée par rapport au plan-Oriano, et concernant l’ensemble des CAPES. Nouvel échec et démission forcée de Claude Allègre grâce à l’action des professeurs du secondaire. Là encore, la plupart des gens ont oublié l’épisode « Capes 2000 ».
Changeant son fusil d’épaule, la CDIUFM exigea alors une première mastérisation des concours, puisque les masters étaient désormais sur le devant de la scène. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la version actuelle : un master MEEF avec concours en M1 et stage en M2. Face au problème inévitable des reçus-collés, ce projet prévoyait que les candidats collés aux concours devraient automatiquement passer en M2-recherche (sic) puisqu’il revenait aux UFR de « prendre en charge le traitement de l’échec » (resic) dans les… masters-recherche (reresic !). L’université chargée des soins palliatifs, devenue voiture-balai ou poubelle des IUFM, au détriment de son diplôme le plus chic, les masters-recherche, qui n’existaient encore que sur le papier ! Une convention rédigée en ces termes fut alors passée entre l’université et l’IUFM-pilote de Reims. C’est une stratégie courante dans le milieu du lobbying : mettre les responsables politiques devant le fait accompli pour faire avancer leur cause.
Mais la convention de Reims ne put être appliquée malgré l’approbation du LMD en avril 2002. Fin renard, Jack Lang nommé ministre pour éteindre l’incendie-Allègre, fit traîner les choses en longueur et refila la patate chaude à son successeur. Il se contenta de signer in extremis un décret réformant le concours de professeur des écoles dans le sens souhaité par la CDIUFM (avec un écrit en janvier et un oral en juin). Lang savait que toucher au CAPES le fâcherait avec les universitaires et Lang n’a jamais voulu se fâcher avec personne. Il fit donc plaisir à la CDIUFM sur le CRPE mais à un moment où cela ne l’engageait plus car il briguait le Quai d’Orsay. Et puis ce furent les surprenantes présidentielles de 2002 avec l’élimination de Jospin : Jack Lang n’eut pas le Quai d’Orsay, qui a toujours été son vœu le plus cher, la convention de Reims ne fut pas appliquée et la mastérisation des concours resta (provisoirement) lettre morte.
Je passe sur la période la plus récente (Robien-Fillon qui ont laissé pisser le mérinos des IUFM, Darcos-Chatel puis Peillon) que tout le monde doit avoir en mémoire. La création des Espé et la mastérisation des concours telle qu’elle est aujourd’hui est la conséquence ultime des pressions acharnés exercées par les scientistes de l’éducation tout au long de cette longue période, qui va de 1989 à aujourd'hui.
Mais la création du LMD n’impliquait nullement la mastérisation, c’est-à-dire l’impossible conjonction d’un diplôme et d’un concours. Comme le dit très bien barèges, on aurait très bien pu laisser les choses en l’état : licence+ année de préparation+ année de stage. Après tout, c’est ce qui s’est passé avec tous les autres concours de recrutement hors éducation nationale : aucun concours administratif n’a vu ses prérequis modifiés à cause du passage au LMD. Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD. Ou alors on aurait pu faire comme l’Espagne qui a désormais une licence en 4 ans et un master en un an : les concours se passent l’année suivante, à Bac+6. On a le choix : soit un concours à Bac+4 avec la licence, soit un concours à Bac+6 avec le master. Tout autre dispositif est irrationnel car il hybride deux réalités incompatibles : le diplôme et le concours. Or le vieil Aristote et le Lévitique sont d’accord pour dire que les hybrides sont des monstres. C’est à cette monstruosité que nous devons faire face aujourd’hui : les Espé ne sont pas viables et les masters MEEF ne sont pas mangeables.
Mise en place du LMD et mastérisation des concours sont intrinsèquement liées parce qu’elles sont le fait du même personnage : Claude Allègre. J’ai expliqué dans mon dernier message comment et pourquoi l’âme damnée de Lionel Jospin avait manœuvré pour imposer le LMD à des universités plus que réticentes mais qui, comme d’hab, ont courbé l’échine dès qu’on sorti l’argument européen. Claude Allègre avait déjà supervisé la création des IUFM en 1989 en tant que préposé à l’enseignement supérieur et à la recherche par son mentor. Les IUFM s’étaient tenus cois dans l’intervalle car François Fillon avait voulu les supprimer en 1993 et ils n’avaient dû leur survie qu’à la couardise de François Bayrou.
Dès que le tandem Jospin-Allègre revint aux affaires, avec des pouvoirs très étendus pour l’un et pour l’autre, la CDIUFM ne se sentit plus pisser. Croyant son heure arrivée, elle fit feu de tout bois. Elle obtint d’abord la professionnalisation des concours, c’est-à-dire la disparition totale de leur dimension disciplinaire. Ce fut le plan-Oriano en septembre 1998, qui déclencha une réaction aussi brutale qu’inattendue. Après avoir fanfaronné pendant des mois et des mois, Claude Allègre finit par renoncer à ce ballon d’essai, qui ne concernait que les langues vivantes, et plus personne ou presque ne s’en souvient. Mais il revint à la charge l’année suivante avec le CAPES 2000, ressemblant davantage à la version actuelle, édulcorée par rapport au plan-Oriano, et concernant l’ensemble des CAPES. Nouvel échec et démission forcée de Claude Allègre grâce à l’action des professeurs du secondaire. Là encore, la plupart des gens ont oublié l’épisode « Capes 2000 ».
Changeant son fusil d’épaule, la CDIUFM exigea alors une première mastérisation des concours, puisque les masters étaient désormais sur le devant de la scène. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à la version actuelle : un master MEEF avec concours en M1 et stage en M2. Face au problème inévitable des reçus-collés, ce projet prévoyait que les candidats collés aux concours devraient automatiquement passer en M2-recherche (sic) puisqu’il revenait aux UFR de « prendre en charge le traitement de l’échec » (resic) dans les… masters-recherche (reresic !). L’université chargée des soins palliatifs, devenue voiture-balai ou poubelle des IUFM, au détriment de son diplôme le plus chic, les masters-recherche, qui n’existaient encore que sur le papier ! Une convention rédigée en ces termes fut alors passée entre l’université et l’IUFM-pilote de Reims. C’est une stratégie courante dans le milieu du lobbying : mettre les responsables politiques devant le fait accompli pour faire avancer leur cause.
Mais la convention de Reims ne put être appliquée malgré l’approbation du LMD en avril 2002. Fin renard, Jack Lang nommé ministre pour éteindre l’incendie-Allègre, fit traîner les choses en longueur et refila la patate chaude à son successeur. Il se contenta de signer in extremis un décret réformant le concours de professeur des écoles dans le sens souhaité par la CDIUFM (avec un écrit en janvier et un oral en juin). Lang savait que toucher au CAPES le fâcherait avec les universitaires et Lang n’a jamais voulu se fâcher avec personne. Il fit donc plaisir à la CDIUFM sur le CRPE mais à un moment où cela ne l’engageait plus car il briguait le Quai d’Orsay. Et puis ce furent les surprenantes présidentielles de 2002 avec l’élimination de Jospin : Jack Lang n’eut pas le Quai d’Orsay, qui a toujours été son vœu le plus cher, la convention de Reims ne fut pas appliquée et la mastérisation des concours resta (provisoirement) lettre morte.
Je passe sur la période la plus récente (Robien-Fillon qui ont laissé pisser le mérinos des IUFM, Darcos-Chatel puis Peillon) que tout le monde doit avoir en mémoire. La création des Espé et la mastérisation des concours telle qu’elle est aujourd’hui est la conséquence ultime des pressions acharnés exercées par les scientistes de l’éducation tout au long de cette longue période, qui va de 1989 à aujourd'hui.
Mais la création du LMD n’impliquait nullement la mastérisation, c’est-à-dire l’impossible conjonction d’un diplôme et d’un concours. Comme le dit très bien barèges, on aurait très bien pu laisser les choses en l’état : licence+ année de préparation+ année de stage. Après tout, c’est ce qui s’est passé avec tous les autres concours de recrutement hors éducation nationale : aucun concours administratif n’a vu ses prérequis modifiés à cause du passage au LMD. Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD. Ou alors on aurait pu faire comme l’Espagne qui a désormais une licence en 4 ans et un master en un an : les concours se passent l’année suivante, à Bac+6. On a le choix : soit un concours à Bac+4 avec la licence, soit un concours à Bac+6 avec le master. Tout autre dispositif est irrationnel car il hybride deux réalités incompatibles : le diplôme et le concours. Or le vieil Aristote et le Lévitique sont d’accord pour dire que les hybrides sont des monstres. C’est à cette monstruosité que nous devons faire face aujourd’hui : les Espé ne sont pas viables et les masters MEEF ne sont pas mangeables.
- GrypheMédiateur
Non mais ce n'est pas drôle... On nous pond des trucs ingérables, et après on vient nous dire : "C'est pas nous, c'est l'Europe".Iphigénie a écrit::lol: :lol:
Je crois que je commence à comprendre ce qui s'est passé...Mais la création du LMD n’impliquait nullement la mastérisation, c’est-à-dire l’impossible conjonction d’un diplôme et d’un concours. Comme le dit très bien barèges, on aurait très bien pu laisser les choses en l’état : licence+ année de préparation+ année de stage. Après tout, c’est ce qui s’est passé avec tous les autres concours de recrutement hors éducation nationale : aucun concours administratif n’a vu ses prérequis modifiés à cause du passage au LMD. Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD. Ou alors on aurait pu faire comme l’Espagne qui a désormais une licence en 4 ans et un master en un an : les concours se passent l’année suivante, à Bac+6. On a le choix : soit un concours à Bac+4 avec la licence, soit un concours à Bac+6 avec le master. Tout autre dispositif est irrationnel car il hybride deux réalités incompatibles : le diplôme et le concours.
Merci Pedro Cordoba !
- Marie LaetitiaBon génie
Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD.
Quelles grandes écoles dépendent du MEN??
Et pour ce que j'en sais, le cursus prépa/grandes écoles a beaucoup souffert du LMD...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Pedro CordobaNiveau 7
Toutes les grandes écoles dépendent aujourd'hui du MEN puisque le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche n'existe plus. Il a toujours l'X qui dépend de la Défense, du moins en partie car elle est désormais rattachée au supérieur dans la COMUE Paris-Saclay. Et bien sûr, Saint-Cyr, peut-être Navale et quelques autres (Agro?) qui doivent être en co-tutelle mais elles sont l'exception.
Je ne crois pas que le cursus prépa-grandes écoles ait été beaucoup affecté par le LMD puisque, comme je l'expliquais ce matin, ce sont au contraire les cursus universitaires qui ont été adaptés au système des GE. Le plan-Attali avait pour but d'insérer les GE dans le paysage universitaire mondial en reconnaissant leurs cursus par des diplômes facilement identifiables. C'est essentiellement ça, le LMD, dans sa version originale i.e. franco-française. Par exemple, les polytechniciens ont aujourd'hui l'équivalence d'un master et font un doctorat. Cela les met sur pied d'égalité avec les PhD américains.
Je ne crois pas que le cursus prépa-grandes écoles ait été beaucoup affecté par le LMD puisque, comme je l'expliquais ce matin, ce sont au contraire les cursus universitaires qui ont été adaptés au système des GE. Le plan-Attali avait pour but d'insérer les GE dans le paysage universitaire mondial en reconnaissant leurs cursus par des diplômes facilement identifiables. C'est essentiellement ça, le LMD, dans sa version originale i.e. franco-française. Par exemple, les polytechniciens ont aujourd'hui l'équivalence d'un master et font un doctorat. Cela les met sur pied d'égalité avec les PhD américains.
- GrypheMédiateur
Et avait-on besoin de tout ça pour ça ? :shock:Pedro Cordoba a écrit:Je ne crois pas que le cursus prépa-grandes écoles ait été beaucoup affecté par le LMD puisque, comme je l'expliquais ce matin, ce sont au contraire les cursus universitaires qui ont été adaptés au système des GE. Le plan-Attali avait pour but d'insérer les GE dans le paysage universitaire mondial en reconnaissant leurs cursus par des diplômes facilement identifiables.
- SulfolobusÉrudit
Toutes sauf quelques militaires (X, Saint-Cyr, Naval...), au moins une partie des agros (qui dépendent du ministère de l'agriculture) et les écoles vétérinaires....Marie Laetitia a écrit:Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD.
Quelles grandes écoles dépendent du MEN??
Pas le moins du monde. On y a même gagné.Et pour ce que j'en sais, le cursus prépa/grandes écoles a beaucoup souffert du LMD...
On a des diplômes reconnus dans le monde entier (c'était déjà le cas avant, mais là c'est encore plus facile d'expliquer notre cursus), on a une grande facilité de poursuite en thèse en France et à l'étranger (bien souvent avec fait à l'école M2R) et le fondamental (à savoir sélection à l'entrée de prépa et par des concours nationaux, moyens dans les prépas, système 1 prof = 1 classe, petite taille des promotions, apprentissage du travail et de la rigueur, haut niveau d'exigence, khôlles) a été préservé.
J'ai quelques questions pour Pedro :
- Pourquoi toutes les universités n'ont pas simplement masterisées leur préparation (on fait comme avant sauf que la préparation au CAPES délivre un M1 et la préparation à l'agreg délivre un M2 ?) Je sais que au moins pour l'agreg ça a été fait dans certaines universités, alors pourquoi ça n'a pas été généralisé ?
- Que devient l'agreg là-dedans ? On a maintenant des CAPES avec un faible niveau disciplinaire obtenu après un M1 et une agreg avec un haut niveau disciplinaire obtenu après un M2. Donc il est impossible de combiner les deux à la suite (une seule année de report), sauf à faire sa prépa agreg dans une prépa masterisée sachant tout de même que les M1 MEEF sont très loin de donner le bagage disciplinaire suffisant pour envisager de préparer l'agreg en une seule année. Qui aujourd'hui va faire licence, M1 disciplinaire, M2Pro Agreg (stratégie qui me parait de loin la meilleure pour avoir agreg ET CAPES) ou même licence, M1, M2R, Prépa agreg pour un concours avec environ 10% de réussite ? Ai-je raison de penser que l'agreg est condamnée à court terme à cause de cette réforme du CAPES et de l'existence des masters MEEF ?
- Pedro CordobaNiveau 7
Gryphe a écrit:Et avait-on besoin de tout ça pour ça ? :shock:Pedro Cordoba a écrit:Je ne crois pas que le cursus prépa-grandes écoles ait été beaucoup affecté par le LMD puisque, comme je l'expliquais ce matin, ce sont au contraire les cursus universitaires qui ont été adaptés au système des GE. Le plan-Attali avait pour but d'insérer les GE dans le paysage universitaire mondial en reconnaissant leurs cursus par des diplômes facilement identifiables.
Certes non. Et Attali lui-même aurait été sidéré si on lui avait dit à l'époque que son idée du 3-5-8 allait provoquer un tel chambardement. C'est pourquoi il faut toujours se méfier quand on préconise des réformes apparemment anodines. Leurs conséquences non-voulues et leurs effets pervers peuvent être dans le long terme catastrophiques. Parmi les choses qu'Attali ne pouvait pas prévoir, il y a l’inextinguible soif de pouvoir des IUFM. Il ne devait même pas savoir que ça existait, ce machin. Or il n'y aurait eu aucun problème sans l'acharnement des IUFM pour avoir un master. On aurait choisi: ou bien maintenir le concours après la licence ou bien le mettre après le master. Mais dans le premier cas, les IUFM n'avaient pas de master. Et dans le deuxième non plus, car les étudiants auraient évidemment fait un master disciplinaire. Certains auraient pu faire un master en sciences de l'éducation, en particulier pour le primaire, pourquoi pas? Mais justement les sciences de l'éduc ce sont des UFR et pas les IUFM. Bref, le seul moyen pour les IUFM d'être les maîtres à bord d'un master bien à eux, c'était ce qu'on appelle de façon très exacte la "mastérisation des concours", ie le couplage contre-nature d'un diplôme et d'un concours.
- Marie LaetitiaBon génie
C'est oublier la foule de grandes écoles privées..Sulfolobus a écrit:Toutes sauf quelques militaires (X, Saint-Cyr, Naval...), au moins une partie des agros (qui dépendent du ministère de l'agriculture) et les écoles vétérinaires....Marie Laetitia a écrit:Même les concours d'entrée dans les grandes écoles qui dépendent du MEN n'ont pas été modifiés à cause du LMD.
Quelles grandes écoles dépendent du MEN??
C'est curieux. Ce n'est absolument pas ce qu'ont pu dire les écoles d'ingénieurs :| Mais alors vraiment pas.Sulfolobus a écrit:
Pas le moins du monde. On y a même gagné.Et pour ce que j'en sais, le cursus prépa/grandes écoles a beaucoup souffert du LMD...
On a des diplômes reconnus dans le monde entier (c'était déjà le cas avant, mais là c'est encore plus facile d'expliquer notre cursus), on a une grande facilité de poursuite en thèse en France et à l'étranger (bien souvent avec fait à l'école M2R) et le fondamental (à savoir sélection à l'entrée de prépa et par des concours nationaux, moyens dans les prépas, système 1 prof = 1 classe, petite taille des promotions, apprentissage du travail et de la rigueur, haut niveau d'exigence, khôlles) a été préservé.
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- Pedro CordobaNiveau 7
Sulfolobus a écrit:J'ai quelques questions pour Pedro :
- Pourquoi toutes les universités n'ont pas simplement masterisées leur préparation (on fait comme avant sauf que la préparation au CAPES délivre un M1 et la préparation à l'agreg délivre un M2 ?) Je sais que au moins pour l'agreg ça a été fait dans certaines universités, alors pourquoi ça n'a pas été généralisé ?
Parce que les universitaires sont des lâches. C'est à peu de choses près ce qui avait été décidé dans ma fac. Et puis on les a menacés (ce ne serait pas reconnu; s'ils s'obstinaient, ils risquaient de perdre leurs petits cours de CAPES, qui sont comptés comme des CM (1h = 1h30), etc.). Des petits chantages ridicules. Et ils sont docilement rentrés dans le rang. C'est pour ça que j'ai claqué la porte.
Sulfolobus a écrit: Que devient l'agreg là-dedans ? On a maintenant des CAPES avec un faible niveau disciplinaire obtenu après un M1 et une agreg avec un haut niveau disciplinaire obtenu après un M2. Donc il est impossible de combiner les deux à la suite (une seule année de report), sauf à faire sa prépa agreg dans une prépa masterisée sachant tout de même que les M1 MEEF sont très loin de donner le bagage disciplinaire suffisant pour envisager de préparer l'agreg en une seule année. Qui aujourd'hui va faire licence, M1 disciplinaire, M2Pro Agreg (stratégie qui me parait de loin la meilleure pour avoir agreg ET CAPES) ou même licence, M1, M2R, Prépa agreg pour un concours avec environ 10% de réussite ? Ai-je raison de penser que l'agreg est condamnée à court terme à cause de cette réforme du CAPES et de l'existence des masters MEEF ?
L'agreg a toujours donné des boutons aux scientistes de l'éducation parce qu'ils n'ont pas les moyens de la contrôler. L'objectif ultime est donc de la supprimer. Mais ils y vont par petits bouts. La mastérisation des concours a rendu beaucoup plus difficile le choix qui était jadis celui de beaucoup d'agrégatifs : passer les deux concours la même année. Mais ce n'est pas impossible car le niveau du CAPES est si bas que les agrégatifs peuvent s'y présenter même sans en avoir bossé le programme. Le meilleur parcours reste : licence + mR + prépa agreg. Si on ne l'a pas du premier coup, on recommence. Et on présente le CAPES à côté, au cas où. Mais c'est dramatique pour les boursiers : ce choix leur est désormais interdit.
Cette réforme est encore plus dramatique pour les certifiés qui ont passé le CAPES pour des motifs d'urgence financière et qui, autrefois, pouvaient passer l'agreg dans la foulée, sans attendre les 5 ans pour l'agreg interne. Ce parcours est devenu impossible : après 2 ans consacrées aux inepties du master MEEF, on n'a plus du tout le niveau pour se présenter à l'agreg. C'est cuit. Dans les circonstances actuelles, la solution la plus rationnelle consiste à faire d'abord un master-recherche avant de passer quelque concours que ce soit (sauf peut-être le CRPE). Ensuite on a le choix entre l'agreg et le CAPES (on est pratiquement sûr d'avoir ce dernier). Comme je l'ai déjà dit, ceux qui pâtissent le plus de cette réforme sont les étudiants les plus pauvres : il faut un an de plus pour passer l'agreg, sans possibilité de renouveler la bourse et s'ils se décident pour le CAPES, l'agreg leur est interdite et ils risquent même d'échouer au CAPES (si les titulaires d'un master-recherche décident de s'y présenter).
- SulfolobusÉrudit
La quasi-totalité des écoles d'ingénieurs post-prépa sont publiques*, de même que les écoles vétérinaires et une partie non négligeable des écoles post-bac (à commencer par les Polytech et les INSA).Marie Laetitia a écrit:
C'est oublier la foule de grandes écoles privées..
Pour les écoles de commerce, je connais beaucoup moins : je préfère ne rien en dire.
*Il y a quelques exceptions comme l'ESTP ou des toutes petites écoles très peu demandées.
Qu'auraient-elles perdu alors ?[/quote]Sulfolobus a écrit:
C'est curieux. Ce n'est absolument pas ce qu'ont pu dire les écoles d'ingénieurs :| Mais alors vraiment pas.
- SulfolobusÉrudit
Merci pour votre réponse (qui ne me rassure pas...)
D'où la question suivante : puisque l'agreg ne dépend pas du tout des IUFM, pourquoi ne pas créer partout et dans toutes les disciplines des M2 Pro Préparation à l'agrégation qui s'intègrent après un M1 disciplinaire ? Les étudiants seraient intéressés : agreg en 5 ans si obtenue du premier coup, 6 sinon et dans tous les cas CAPES assuré. Comment expliquer que dans certaines disciplines c'est la norme alors que dans d'autres c'est l'exception ?Pedro Cordoba a écrit:
L'agreg a toujours donné des boutons aux scientistes de l'éducation parce qu'ils n'ont pas les moyens de la contrôler. L'objectif ultime est donc de la supprimer. Mais ils y vont par petits bouts. La mastérisation des concours a rendu beaucoup plus difficile le choix qui était jadis celui de beaucoup d'agrégatifs : passer les deux concours la même année. Mais ce n'est pas impossible car le niveau du CAPES est si bas que les agrégatifs peuvent s'y présenter même sans en avoir bossé le programme. Le meilleur parcours reste : licence + mR + prépa agreg. Si on ne l'a pas du premier coup, on recommence. Et on présente le CAPES à côté, au cas où. Mais c'est dramatique pour les boursiers : ce choix leur est désormais interdit.
- Pedro CordobaNiveau 7
Sulfolobus a écrit:
D'où la question suivante : puisque l'agreg ne dépend pas du tout des IUFM, pourquoi ne pas créer partout et dans toutes les disciplines des M2 Pro Préparation à l'agrégation qui s'intègrent après un M1 disciplinaire ? Les étudiants seraient intéressés : agreg en 5 ans si obtenue du premier coup, 6 sinon et dans tous les cas CAPES assuré. Comment expliquer que dans certaines disciplines c'est la norme alors que dans d'autres c'est l'exception ?
Je ne sais pas du tout dans quelles disciplines ce serait la norme. En SVT? La création d'un vrai M2 pro agreg ne me semble pas une bonne idée. Il y aurait automatiquement 80 ou 85 % d'échec au concours et on se retrouverait comme les Espe face au problème insoluble des reçus-collés. Ce qu'on peut faire en revanche, et qu'on fait de plus en plus à ma connaissance, c'est d'adapter le plus possible les deux années du master-recherche à la préparation de l'agreg : cours mutualisés et cours hors-programme (par exemple la traduction en langues vivantes).
Mais il faut que tous les universitaires arrivent à la conviction que le master-recherche est en fait un master-pour la recherche et non pas, comme beaucoup s'obstinent à le soutenir, un master-de recherche. C'est pourquoi dès 2002, j'ai voulu parler de masters disciplinaires, la vraie recherche se faisant en doctorat. Je n'ai eu aucun succès auprès de mes collègues qui voyaient le MR comme la juxtaposition de leurs séminaires de maîtrise et de leurs séminaires de DEA. Le conservatisme des universitaires est pharamineux, il n'a d'équivalent que leur lâcheté. Et il est évidemment plus gratifiant et plus chic de faire un séminaire plutôt qu'un cours. Le problème se complique en lettres et sciences humaines du fait qu'il n'y a pas de séminaires de doctorat analogues à ce que peuvent être les cours de PhD aux Etats-Unis ou même à ce qui se fait dans les écoles doctorales en sciences dures. Si donc le master-recherche devient un master disciplinaire, les profs n'ont plus du tout d'espace où intégrer leur enseignement et leur recherche à proprement parler.
La solution est évidemment de se battre pour que les Ecoles doctorales ne soient pas des coquilles vides. Leur situation en France est une honte et quand on dit à l'étranger que nous n'avons pas de cours de doctorat, cela suscite l'incrédulité puis une sorte de moquerie condescendante. Mais il est plus commode de garder la recherche en master plutôt que de batailler pour avoir des cours de doctorat... L'évolution a lieu néanmoins par la force des choses. Lentement, mais elle a lieu. Car la mastérisation des CAPES a déstabilisé les masters-recherche dans toutes les petites facs. Et si les profs ne s'engagent pas dans la voie des masters disciplinaires consacrés pour l'essentiel à l'enseignement spécialisé des anciennes années de licence, alors ils n'auront toujours pas de cours de doctorat mais pas non plus de masters. Et leur destin est de devenir un community college à l'américaine: un truc encore plus nul que les Espé, c'est tout dire.
- SulfolobusÉrudit
Non, en mathématiques (d'après des amis matheux). En SVT, jusqu'à cette année, il en existait 2 (ENS Lyon et Orsay, les deux pour lesquelles c'était indispensable (pour les étudiants des ENS qui la passent après un M1 mais ouvertes à d'autres étudiants avec un M1 d'une université) mais à partir de l'année prochaine il y en aura plus (pour permettre aux certifiés de passer le concours). Il a toujours été clair que la préparation était une prépa agreg et que le master n'était pas un objectif. En cas d'échec, rien n'empêche de repréparer dans une autre prépa (masterisée ou pas).Pedro Cordoba a écrit:Sulfolobus a écrit:
D'où la question suivante : puisque l'agreg ne dépend pas du tout des IUFM, pourquoi ne pas créer partout et dans toutes les disciplines des M2 Pro Préparation à l'agrégation qui s'intègrent après un M1 disciplinaire ? Les étudiants seraient intéressés : agreg en 5 ans si obtenue du premier coup, 6 sinon et dans tous les cas CAPES assuré. Comment expliquer que dans certaines disciplines c'est la norme alors que dans d'autres c'est l'exception ?
Je ne sais pas du tout dans quelles disciplines ce serait la norme. En SVT? La création d'un vrai M2 pro agreg ne me semble pas une bonne idée. Il y aurait automatiquement 80 ou 85 % d'échec au concours et on se retrouverait comme les Espe face au problème insoluble des reçus-collés. Ce qu'on peut faire en revanche, et qu'on fait de plus en plus à ma connaissance, c'est d'adapter le plus possible les deux années du master-recherche à la préparation de l'agreg : cours mutualisés et cours hors-programme (par exemple la traduction en langues vivantes).
Edit : Je ne vois pas trop le problème des reçus-collés. Si l'agreg n'est pas obtenue la première année, il y a possibilité de redoubler ailleurs (il est conseillé de ne pas garder les mêmes profs/sorties pendant 2 ans). La deuxième année, on repasse agreg ET CAPES et l'obtention du CAPES est facile après deux ans de préparation. Si on a l'agreg, du premier coup, on gagne un an ; si on l'a du deuxième coup, c'est pareil qu'avec le m2R et si on a le CAPES la deuxième année on a pu peut-être gagner en prime la bi-admissibilité agreg. Bien sûr, ça nécessite de prendre des bons étudiants mais la sélection est possible à l'entrée du M2.
Là, je suis en désaccord.Mais il faut que tous les universitaires arrivent à la conviction que le master-recherche est en fait un master-pour la recherche et non pas, comme beaucoup s'obstinent à le soutenir, un master-de recherche. C'est pourquoi dès 2002, j'ai voulu parler de masters disciplinaires, la vraie recherche se faisant en doctorat. Je n'ai eu aucun succès auprès de mes collègues qui voyaient le MR comme la juxtaposition de leurs séminaires de maîtrise et de leurs séminaires de DEA. Le conservatisme des universitaires est pharamineux, il n'a d'équivalent que leur lâcheté. Et il est évidemment plus gratifiant et plus chic de faire un séminaire plutôt qu'un cours. Le problème se complique en lettres et sciences humaines du fait qu'il n'y a pas de séminaires de doctorat analogues à ce que peuvent être les cours de PhD aux Etats-Unis ou même à ce qui se fait dans les écoles doctorales en sciences dures. Si donc le master-recherche devient un master disciplinaire, les profs n'ont plus du tout d'espace où intégrer leur enseignement et leur recherche à proprement parler.
La recherche est devenue très compétitive : arriver en thèse avec une véritable expérience de recherche (ie séminaires pointus dans un domaine, stages longs, anglais très au point, techniques de rédactions d'articles et de présentation scientifiques maitrisées...) est un énorme plus pour bien publier pendant sa thèse et donc gagner des années de posts-docs (mal payés et précaires). Enfin, c'est cette expérience de la recherche qui est appréciée des universités étrangères. Enlever la faible expérience de recherche des M2R serait une catastrophe pour les étudiants s'engageant dans ces carrières.
Par contre créer des master disciplinaires d'un bon niveau, ne préparant pas à la recherche mais donnant une formation disciplinaire de haut niveau, oui mille fois oui. Mais pas pour les futurs chercheurs.
Je ne peux qu'abonder dans votre sens (même si pour moi l'absence de cours de doctorat (relative, certaines ED ont des vrais cours de doctorat disciplinaires) n'est pas ce qui me choque le plus dans les écoles doctorales).La solution est évidemment de se battre pour que les Ecoles doctorales ne soient pas des coquilles vides. Leur situation en France est une honte et quand on dit à l'étranger que nous n'avons pas de cours de doctorat, cela suscite l'incrédulité puis une sorte de moquerie condescendante. Mais il est plus commode de garder la recherche en master plutôt que de batailler pour avoir des cours de doctorat...
- MarmontNiveau 9
Vous nous expliquerez pourquoi la plupart des "masters recherche" se sont accolés une préparation à l'agrégation et au capes dans les séminaires qu'ils proposent...Je n'ai eu aucun succès auprès de mes collègues qui voyaient le MR comme la juxtaposition de leurs séminaires de maîtrise et de leurs séminaires de DEA. Le conservatisme des universitaires est pharamineux, il n'a d'équivalent que leur lâcheté.
En vous lisant, j'ai vraiment l'impression que depuis 2005 vous ne savez absolument plus rien.
La plupart de vos affirmations se trouvent démenties par la réalité de nombreuses universités aujourd'hui.
Bon après les nouveaux enseignants qui sont des "nuls", les universitaires sont des "lâches". On aura vraiment tout lu dans vos messages !
On peut savoir ce qui vous autorise à produire des chiffres aussi fantaisistes à un moment où les concours - agrégation comprise - n'attirent plus ?Il y aurait automatiquement 80 ou 85 % d'échec au concours
Cela se fait depuis environ 4 ans un peu partout, mais bientôt vous nous écrirez que c'est le ministère qui vous a accordé cette faveur... :lol:Ce qu'on peut faire en revanche, et qu'on fait de plus en plus à ma connaissance, c'est d'adapter le plus possible les deux années du master-recherche à la préparation de l'agreg :
Je ne sais pas si c'est la sieste qui est responsable de tant de mépris à l'égard des jeunes certifiés, mais cela ressemble tout doucement à de l'insulte.Cette réforme est encore plus dramatique pour les certifiés qui ont passé le CAPES pour des motifs d'urgence financière et qui, autrefois, pouvaient passer l'agreg dans la foulée, sans attendre les 5 ans pour l'agreg interne. Ce parcours est devenu impossible : après 2 ans consacrées aux inepties du master MEEF, on n'a plus du tout le niveau pour se présenter à l'agreg. C'est cuit. Dans les circonstances actuelles, la solution la plus rationnelle consiste à faire d'abord un master-recherche avant de passer quelque concours que ce soit (sauf peut-être le CRPE). Ensuite on a le choix entre l'agreg et le CAPES (on est pratiquement sûr d'avoir ce dernier). Comme je l'ai déjà dit, ceux qui pâtissent le plus de cette réforme sont les étudiants les plus pauvres : il faut un an de plus pour passer l'agreg, sans possibilité de renouveler la bourse et s'ils se décident pour le CAPES, l'agreg leur est interdite et ils risquent même d'échouer au CAPES (si les titulaires d'un master-recherche décident de s'y présenter).
Sur le fond, c'est comme pour le reste, c'est ce que tout enseignant à l'Université conseille depuis longtemps à ses étudiants. On dirait vraiment que vous l'ignorez... :shock:
Enfin, l'épouvantail de la bourse est une ineptie : le candidat termine son M2 (je ne vois pas trop au nom de quoi les bourses seraient suspendues... :shock: ), puis présente l'agrégation et le capes et s'il est reçu au capes, rien ne l'empêche de demander un report de stage et de retenter l'agrégation. Pourquoi donc tenter de désinformer à ce point ? :shock:
Tout cela ne fait que renforcer mon doute sur votre "connaissance" du problème. Car en dehors de votre "historique" des années 1990/2000, le reste demeure plus qu'erroné. Vous ignorez totalement les pratiques actuelles des UFR de sciences humaines.
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"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- SulfolobusÉrudit
La plupart des agregs ont un taux de succès (présents/admis) de l'ordre de 15%Marmont a écrit:
On peut savoir ce qui vous autorise à produire des chiffres aussi fantaisistes à un moment où les concours - agrégation comprise - n'attirent plus ?Il y aurait automatiquement 80 ou 85 % d'échec au concours
Source : http://www.education.gouv.fr/cid73094/donnees-statistiques-des-concours-agregation-session-2013.html
Parce qu'une réforme a eu lieu cette année et qu'on ne peut demander au maximum une bourse que 3 fois pour un master : donc M1, M2R et Prépa agreg. En cas d'échec, on peut certes repréparer mais sans bourse. Or une année d'études coûte au minimum 7000 euros par an (logement, nourriture, transports, inscriptions...) et plus dans les disciplines où il y a des frais (sorties sur le terrain, nombreux livres à acheter...). Tout le monde n'est pas capable de se le permettre.
Enfin, l'épouvantail de la bourse est une ineptie : le candidat termine son M2 (je ne vois pas trop au nom de quoi les bourses seraient suspendues... :shock: ), puis présente l'agrégation et le capes et s'il est reçu au capes, rien ne l'empêche de demander un report de stage et de retenter l'agrégation. Pourquoi donc tenter de désinformer à ce point ? :shock:
À noter enfin que les bourses d'agrégation (qui existaient auparavant) ont disparu.
- MarmontNiveau 9
N'oublions pas les candidats qui ne passent ce concours que pour obtenir une année de report : parfois la motivation est énorme, parfois la détention du capes a tué celle-ci...La plupart des agregs ont un taux de succès (présents/admis) de l'ordre de 15%
C'est ce qui a toujours été la règle si je ne m'abuse.En cas d'échec, on peut certes repréparer mais sans bourse.
Parce qu'une réforme a eu lieu cette année et qu'on ne peut demander au maximum une bourse que 3 fois pour un master : donc M1, M2R et Prépa agreg.
C'est pour cela que je souhaitais rappeler que dans certains UFR de sciences humaines, la préparation à l'agrégation était déjà liée M2 recherche.
Il me semblait qu'en SVT c'était aussi la règle, non ?
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- SulfolobusÉrudit
Certes...d'où que je conte les présents aux écrits et non les inscrits (mais c'est pas parfait nous sommes d'accord).Marmont a écrit:N'oublions pas les candidats qui ne passent ce concours que pour obtenir une année de report : parfois la motivation est énorme, parfois la détention du capes a tué celle-ci...La plupart des agregs ont un taux de succès (présents/admis) de l'ordre de 15%
Non : avant c'était 3 bourses pour le master + 3 bourses max pour la préparation aux concours de l'enseignement (CAPES et/ou Agreg donc). Il me semble que pour avoir droit à la troisième bourse il fallait avoir été admissible à un des concours au moins une fois. Il y a donc une véritable perte pour les étudiants boursiers.C'est ce qui a toujours été la règle si je ne m'abuse.En cas d'échec, on peut certes repréparer mais sans bourse.
Source : circulaire n° 2012-0012 du 22-6-2012, annexe 4, paragraphe 1.2.b
jusqu’à 3 droits annuels pour l’étudiant inscrit à la préparation d’un concours de recrutement d’enseignant quel que soit le nombre de droits utilisés. Le dernier droit est accordé si le candidat est admissible au concours préparé. Les bourses sur critères universitaires accordées avant la rentrée 2008 pour préparer l’agrégation sont comptabilisées au titre de ces trois droits.
[/quote]Parce qu'une réforme a eu lieu cette année et qu'on ne peut demander au maximum une bourse que 3 fois pour un master : donc M1, M2R et Prépa agreg.
C'est pour cela que je souhaitais rappeler que dans certains UFR de sciences humaines, la préparation à l'agrégation était déjà liée M2 recherche.
Il me semblait qu'en SVT c'était aussi la règle, non ?
Pas du tout. La règle en SVT est depuis quelques années la suivante :
- L1 bio ou géol avec en option des cours de l'autre discipline ;
- L2/L3 SVT Enseignement ;
- M1 Enseignement ;
- M2 Prépa CAPES ;
- Prépa Agreg (masterisée ou non, ça n'a pas d'importance pour eux).
(Avant la masterisation c'était pareil sauf que la prépa CAPES c'était le M1 et qu'il n'y avait pas de M2). Parfois, la L1/L2 est remplacé par une prépa BCPST, les concours de BCPST (au moins ceux que j'ai connu) ayant le bon goût d'avoir des épreuves proches de celles des anciens CAPES et de l'agreg et le programme de BCPST était inclus dans celui des concours de l'enseignement.
La L2/L3 ne permet pas d'entrer en M1 disciplinaire (tout bio ou tout géol) avec des chances raisonnables de réussite : en conséquence, ça fait des années que l'accession au master recherche est impossible. La conséquence est que ça empêche aussi les étudiants de l'université de ne pas aller en MEEF (les licences disciplinaires ne contenant pas la deuxième discipline) ou d'hésiter entre enseignement et recherche après la L1.
Mais il y a des exceptions (pas négligeables sur le nombres d'admis à l'agrégation, évaluation personnelle pour les cas que je connais de cette année : environ 20 admis pour 85 places) qui en général font :
- Prépa BCPST ;
- L3/M1 ENS ou Magistère (bio ou géol en fonction des préférences)/École d'agro ou de géol ;
- M2 Prépa agreg.
Il est déconseillé de faire le M2R avant l'agreg parce que d'une part ça éloigne d'un an les souvenirs de la deuxième discipline et d'autre part ça bloque l'entrée en thèse (à cause des modalités des écoles doctorales).
- MarmontNiveau 9
Je n'avais pas noté cette subtilité...Non : avant c'était 3 bourses pour le master + 3 bourses max pour la préparation aux concours de l'enseignement (CAPES et/ou Agreg donc). Il me semble que pour avoir droit à la troisième bourse il fallait avoir été admissible à un des concours au moins une fois. Il y a donc une véritable perte pour les étudiants boursiers
Comme quoi, les situations sont bien différentes avec les sciences humaines.Il est déconseillé de faire le M2R avant l'agreg parce que d'une part ça éloigne d'un an les souvenirs de la deuxième discipline et d'autre part ça bloque l'entrée en thèse
En Histoire, par exemple, le M2R permet justement la préparation de l'agrégation.
J'avais un lointain souvenir pour la SVT d'il y a un peu plus de dix ans...
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"Tous pour un, chacun pour soi"... Non, ça doit pas être ça...
- Pedro CordobaNiveau 7
Les messages de Sulfolobus incitent à envisager les choses avec une certaine souplesse au niveau de l’articulation master-recherche / prépa agreg. Il faut désormais avoir réussi le M2 au moment de l’admissibilité. Il est donc presque nécessaire de se consacrer d’abord au master-recherche puis à l’agrégation au lieu de vouloir courir deux lièvres à la fois. C’est donc tout au long des deux années du master que des cours peuvent être mutualisés, plutôt pour acquérir une culture générale de haut niveau dans la discipline que pour préparer le programme spécifique d’agrégation. Il s’agit d’avoir pris de bonnes habitudes (entraînement à un travail intense et régulier, discipline intellectuelle, rigueur…) qui faciliteront l’année suivante la préparation du concours. En ce qui concerne les programmes, c’est seulement en M2 que l’on peut mettre en master la partie du programme qui reste et c’est déjà une bonne longueur d’avance.
Un tel dispositif est tout à fait possible dans les disciplines littéraires où la différence entre séminaire de recherche et cours d’agreg est très faible : traiter une question au programme exige de bien maîtriser les derniers acquis de la recherche. Cela n’empêche pas qu’une partie du master soit consacrée à de vrais séminaires de recherche, indépendants du concours, débouchant sur un mémoire de master. Il n’est pas question de confondre totalement les deux choses et une bonne initiation à la recherche est évidemment un plus pour la préparation des concours : c’était déjà le cas en maîtrise et il ne s’agit pas de faire moins en master-recherche que dans les anciennes maîtrises ! Avant la mastérisation, les préparations CAPES et agreg donnaient des équivalences partielles pour le master-recherche. Il faudrait aujourd’hui prendre les choses à l’envers : le master-recherche faciliterait la préparation postérieure du concours.
C’est plus facile en sciences humaines car la recherche y est moins déconnectée de l’enseignement que dans les sciences dures. Les SVT sont une exception à l’intérieur même des sciences dures car l’agreg y est bi-disciplinaire comme le CAPES. Ce n’est pas le cas en physique et en chimie qui, comme l’histoire et la géographie, sont unies au CAPES mais découplées à l’agreg. C’est pourquoi Sulfolobus a raison de vouloir séparer master disciplinaire (pour les concours) et master-recherche (forcément spécialisé et pointu). Il faut donc respecter la spécificité des SVT mais c’est une exception – la seule, je crois, dans l’ensemble des disciplines concernées par les concours. On se trouve donc dans un cas de figure proche de celui des disciplines qui, à l’instar de la psychologie, du droit ou de la médecine, peuvent déboucher sur la recherche mais pas sur les concours. En SVT les deux voies sont ouvertes mais séparées. A la limite, il vaut mieux d’abord avoir l’agreg puis se spécialiser dans un master-recherche pendant l’année de stage ou avec une année de congé pour se reconvertir si l’expérience de l’enseignement ne correspond pas aux attentes. Dans les autres disciplines, ce serait plutôt le contraire : faire d’abord le master-recherche, puis l’agrégation puis éventuellement continuer en recherche. C’est le parcours presque obligatoire pour ceux qui veulent enseigner dans le supérieur en LSH.
Tout ce qui précède concerne l’agrégation. Il ne peut plus y avoir des préparations « déguisées » au CAPES dans les masters-recherche. Si je me trompe, j’aimerais avoir une liste précise des UFR et des disciplines ou cette pratique se perpétue : certains semblent avoir arrêté leur montre en juin 2013 et ne plus savoir ce qui se passe aujourd’hui... On peut cependant, et comme pour l’agreg, envisager quelques options où l’on « préparerait » les étudiants à la « préparation » du CAPES, étant entendu que la préparation concrète au concours aurait lieu l’année suivante en M1 MEEF ou en candidat libre. Comme je n’arrête pas de le dire depuis le début, les futurs lauréats du CAPES seront majoritairement les titulaires d’un master-recherche si, du moins, ils veulent passer ce concours. C’est mon seul doute : le nouveau CAPES au rabais va-t-il intéresser les titulaires d’un master-recherche ? Personne ne peut aujourd’hui répondre à cette question. L’expérience tranchera, qui vivra verra.
Un tel dispositif est tout à fait possible dans les disciplines littéraires où la différence entre séminaire de recherche et cours d’agreg est très faible : traiter une question au programme exige de bien maîtriser les derniers acquis de la recherche. Cela n’empêche pas qu’une partie du master soit consacrée à de vrais séminaires de recherche, indépendants du concours, débouchant sur un mémoire de master. Il n’est pas question de confondre totalement les deux choses et une bonne initiation à la recherche est évidemment un plus pour la préparation des concours : c’était déjà le cas en maîtrise et il ne s’agit pas de faire moins en master-recherche que dans les anciennes maîtrises ! Avant la mastérisation, les préparations CAPES et agreg donnaient des équivalences partielles pour le master-recherche. Il faudrait aujourd’hui prendre les choses à l’envers : le master-recherche faciliterait la préparation postérieure du concours.
C’est plus facile en sciences humaines car la recherche y est moins déconnectée de l’enseignement que dans les sciences dures. Les SVT sont une exception à l’intérieur même des sciences dures car l’agreg y est bi-disciplinaire comme le CAPES. Ce n’est pas le cas en physique et en chimie qui, comme l’histoire et la géographie, sont unies au CAPES mais découplées à l’agreg. C’est pourquoi Sulfolobus a raison de vouloir séparer master disciplinaire (pour les concours) et master-recherche (forcément spécialisé et pointu). Il faut donc respecter la spécificité des SVT mais c’est une exception – la seule, je crois, dans l’ensemble des disciplines concernées par les concours. On se trouve donc dans un cas de figure proche de celui des disciplines qui, à l’instar de la psychologie, du droit ou de la médecine, peuvent déboucher sur la recherche mais pas sur les concours. En SVT les deux voies sont ouvertes mais séparées. A la limite, il vaut mieux d’abord avoir l’agreg puis se spécialiser dans un master-recherche pendant l’année de stage ou avec une année de congé pour se reconvertir si l’expérience de l’enseignement ne correspond pas aux attentes. Dans les autres disciplines, ce serait plutôt le contraire : faire d’abord le master-recherche, puis l’agrégation puis éventuellement continuer en recherche. C’est le parcours presque obligatoire pour ceux qui veulent enseigner dans le supérieur en LSH.
Tout ce qui précède concerne l’agrégation. Il ne peut plus y avoir des préparations « déguisées » au CAPES dans les masters-recherche. Si je me trompe, j’aimerais avoir une liste précise des UFR et des disciplines ou cette pratique se perpétue : certains semblent avoir arrêté leur montre en juin 2013 et ne plus savoir ce qui se passe aujourd’hui... On peut cependant, et comme pour l’agreg, envisager quelques options où l’on « préparerait » les étudiants à la « préparation » du CAPES, étant entendu que la préparation concrète au concours aurait lieu l’année suivante en M1 MEEF ou en candidat libre. Comme je n’arrête pas de le dire depuis le début, les futurs lauréats du CAPES seront majoritairement les titulaires d’un master-recherche si, du moins, ils veulent passer ce concours. C’est mon seul doute : le nouveau CAPES au rabais va-t-il intéresser les titulaires d’un master-recherche ? Personne ne peut aujourd’hui répondre à cette question. L’expérience tranchera, qui vivra verra.
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