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- trompettemarineMonarque
Pour aller dans le sens de Nlm, et même si je ne suis pas une spécialiste, je vais citer deux passages du Traité du Rythme, de Dessons et Meschonnic, dans la filiation de Morier (je crois) :
et au sujet de l'environnement :
Là où, depuis la fin du XIXe siècle, on croyait à une disparition de la césure à partir des Romantiques, et où Albert Dauzat lisait un "trimètre romantique (...)", on peut lire aujourd'hui, ce qui est à la fois plus efficace, plus pertinent et plus historique, que l'effet, en termes tout classiques, est un rejet à la césure : "Où je l'ai vue, ouvrir son aile et s'envoler", c'est-à-dire que le conflit entre la syntaxe et la métrique, pour faire son effet, a besoin de maintenir ce qu'au même moment il subvertit, par rapport à un usage classique qui faisait coïncider le groupe syntaxique avec la césure. (...) L'écart ne s'oppose pas à la norme, il la maintient.
et au sujet de l'environnement :
Il n'y a pas le vers, mais les vers, et (...) les vers sont toujours dans un poème. Ils ne sont pas le poème. Les vers sont ce que le poème en fait.
- e-WandererGrand sage
Encore faudrait-il nuancer cette appréciation de "l'usage classique". Boileau est rigide, certes, mais ils n'incarne pas le classicisme à lui tout seul. Pierre Richelet est à la fois plus précis dans ses analyses et surtout beaucoup plus souple ! Il y a de passionnantes réflexions dans son traité La Versification françoise, ou l’Art de bien faire et de bien tourner les vers (Paris, Etienne Loyson, 1671), notamment p. 25 sq, sur les césures que l'on peut admettre ou non, et le propos me semble assez nuancé. On trouve ça sans difficulté sur Gallica. Et puis de toute façon, il suffit de lire La Fontaine.
- User14996Niveau 10
Merci, je vais m'y pencher plus avant. Si tu as d'autres références, je suis preneur !nlm76 a écrit:C'est marrant, la surdité.On ne le lit pas comme un alexandrin classique, on le lit avec une césure enjambante : il y a un accent, mais sa nature est différente que la césure est enjambante. De même, quand on dit "L'humble tonnelle / De vigne folle", on ne le dit pas comme s'il n'y avait pas de fin de vers ; on ne le dit pas non plus comme si le sens n'enjambait pas sur le vers. Il y a un jeu sur l'allongement et l'intonation musicale sur "-nelle", avec allongement, modulation tonale qui crée l'attente de la suite.VH disloque l'alexandrin à la Boileau, mais c'est toujours un alexandrin. Il ne place jamais à la césure un mot pas fini ou un atone (article...), ou la dernière syllabe atone d'un mot plein, comme dans la césure lyrique.Cornulier affaiblit lui-même son argumentation parce qu'il se refuse de confronter sa théorique théorie à la pratique de la lecture et de la déclamation à haute voix. Pour avoir une lecture un peu plus sérieuse du rythme français, je vous invite à fréquenter le dictionnaire de poétique et de rhétorique d'Henri Morier.
- NestyaEsprit sacré
On a justement abordé cette question la semaine dernière à la prépa agreg. Voici ce que nous a expliqué le professeur:
"Hugo, que ce soit dans la préface de Cromwell ou dans les deux poèmes des Contemplations ne parle que d’enjambements. Le fameux « escalier dérobé » de la 1e scène d’Hernani, qui fut une des causes de la bataille que suscita la pièce, est commenté ainsi par Théophile Gautier :
« Ce mot rejeté sans façon à l’autre vers, cet enjambement audacieux, impertinent même, semblait un spadassin de profession […] allant donner une pichenette sur le nez du classicisme pour le provoquer en duel. »
Le même Gautier rapporte ensuite le commentaire qu’en fit « un romantique […] fauve comme un cuir de Cordoue et coiffé d’épais cheveux rouges » :
« Ne voyez-vous pas que ce mot dérobé, rejeté et comme suspendu en dehors du vers, peint admirablement l’escalier plein d’amour et de mystère qui enfonce sa spirale dans la muraille du manoir? »
Enjambement ? Rejet ? Pour Gautier, l’enjambement rejette un mot dans l’hémistiche ou le vers suivant et, à l’époque romantique, c’est le terme générique d’enjambement qui est utilisé sans distinction. Les métriciens ont ensuite distingué l’enjambement du rejet et du contre-rejet. "
"Hugo, que ce soit dans la préface de Cromwell ou dans les deux poèmes des Contemplations ne parle que d’enjambements. Le fameux « escalier dérobé » de la 1e scène d’Hernani, qui fut une des causes de la bataille que suscita la pièce, est commenté ainsi par Théophile Gautier :
« Ce mot rejeté sans façon à l’autre vers, cet enjambement audacieux, impertinent même, semblait un spadassin de profession […] allant donner une pichenette sur le nez du classicisme pour le provoquer en duel. »
Le même Gautier rapporte ensuite le commentaire qu’en fit « un romantique […] fauve comme un cuir de Cordoue et coiffé d’épais cheveux rouges » :
« Ne voyez-vous pas que ce mot dérobé, rejeté et comme suspendu en dehors du vers, peint admirablement l’escalier plein d’amour et de mystère qui enfonce sa spirale dans la muraille du manoir? »
Enjambement ? Rejet ? Pour Gautier, l’enjambement rejette un mot dans l’hémistiche ou le vers suivant et, à l’époque romantique, c’est le terme générique d’enjambement qui est utilisé sans distinction. Les métriciens ont ensuite distingué l’enjambement du rejet et du contre-rejet. "
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Alexandre Dumas
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