Que faire en cas de moyenne de classe catastrophique à un devoir ?

Un IPR. Ma CDE, très bien au demeurant, était effarée.

Cripure a écrit:

anthinéa a écrit:Quand une partie est catastrophique, je change mon barème et modifie mon controle sur 20 en deux contrôles sur 10 avec des coeffs différents.

:shock:

Ah mais on apprend des trucs, quand même...

Je pense que dans certains cas - et dès lors que ça ne devient pas un moyen grossier de cacher la poussière sous le tapis - ça peut se justifier. Lorsqu'on a une moyenne catastrophique, s'il est vrai que ça peut venir du fait qu'ils n'ont rien glandé, on ne peut pas exclure, parfois, que ça vienne d'un travail mal ficelé/trop dur.

Ça m'est arrivé cette année sur un contrôle à propos de la Révolution française. C'est la première fois que je faisais cette séquence. La moyenne de mes deux 4èmes était plus catastrophique que d'habitude. Même ceux (très rares) qui bossaient (il y en a) et parvenaient en général à faire des notes entre 17 et 19, parvenaient péniblement à 11/12. La moyenne du contrôle était autour de 4/20 alors qu'en général, elle était autour de 8. 90% des élèves n'avaient pas la moyenne.

J'ai voulu un peu creuser et après réflexion, il m'est apparu que dans ce chapitre, je les avais littéralement noyés sous les informations (risque classique sur un chapitre comme la Révolution française), que je n'avais pas suffisamment travaillé la compréhension de ce qu'on avait vu, et que les questions étaient trop complexes. Il m'a fallu me rendre à l'évidence: le tout était mal construit et il n'y avait pas de raison qu'ils soient pénalisés pour cela. Cette fois-là, et cette fois-là uniquement, j'ai décidé de modifier complètement le barème.

maelia a écrit:

- Mais pourquoi leur mettre "0" alors que vous n'avez rien, donc aucune preuve d'une non-maîtrise des compétences ? Il faudrait ne pas les noter.

Hormis l'utilisation du mot "compétences", c'est exactement ce que disait (et faisait) mon conseiller pédagogique en... 1986.

Cripure a écrit:

maelia a écrit:Pour faire bref, voici la teneur de l'échange:
- Je vois que vous avez beaucoup de "0" pour certains élèves, comment l'expliquez-vous?
- Je l'explique par des copies blanches.
- Donc vous mettez "0" à ce que vous ne pouvez pas évaluer?

Celle-là, elle est vraiment grandiose. Elle doit être dans mon top 5 au bout de 26 ans.
Bravo

C'est effectivement grandiose. Cela dit, ça suscite aussi de la curiosité sur les autres grandiosetés du top 5 ... un p'tit échantillon ?

maelia a écrit:Un IPR. Ma CDE, très bien au demeurant, était effarée.

Bon, c'est déjà ça...

PauvreYorick a écrit:

Cripure a écrit:

maelia a écrit:Pour faire bref, voici la teneur de l'échange:
- Je vois que vous avez beaucoup de "0" pour certains élèves, comment l'expliquez-vous?
- Je l'explique par des copies blanches.
- Donc vous mettez "0" à ce que vous ne pouvez pas évaluer?

Celle-là, elle est vraiment grandiose. Elle doit être dans mon top 5 au bout de 26 ans.
Bravo

C'est effectivement grandiose. Cela dit, ça suscite aussi de la curiosité sur les autres grandiosetés du top 5 ... un p'tit échantillon ?

Gourmand

"Monsieur Cripure, je suis à la fois impressionné et surpris. Impressionné de vous avoir vu faire cours deux heures sur une scène de Beckett sans notes ni livre, puisque vous ne l'avez pratiquement pas consulté sans pour autant faire d'erreurs sur le texte : c'est assez rare de voir des professeurs fonctionner ainsi. Mais surpris et pour tout dire assez réprobateur, je ne vous le cache pas : vous semblez donc croire que votre métier consiste à parler aux élèves ?"

Ah, oui, elle est plutôt bonne celle-là aussi!
En aurais-tu d'autres dans le même genre?

Je n'y pense même plus tant cela est devenu coutumier en grammaire dans mes classes. Au début, cela m'a permis de revoir ma façon de faire cours : je consacre beaucoup plus de temps qu'avant à une leçon de grammaire et, ayant pris acte du fait qu'ils ne travaillent pas à la maison, je les fais travailler en cours : toi, redis-moi ce qu'il ne faut surtout pas oublier ; toi, récite-moi les terminaisons du pas-vraiment-parfait du roboratif ; toi, les pronoms relatifs, etc. Beaucoup de travail au tableau, avec explication systématique, répétée ad nauseam, des règles à respecter.

Sauf une fois, on n'a pas dépassé le 8 de moyenne de classe. J'en ai conclu que ce n'était plus mon problème.

S'ils ne travaillent pas assez, ils ont la note qu'ils méritent.
Si moyenne très mauvaise, je rentre les notes dans pro notes, et je les pourris en rendant les copies.

anthinéa a écrit:Quand une partie est catastrophique, je change mon barème et modifie mon controle sur 20 en deux contrôles sur 10 avec des coeffs différents.

Et c'est comme ça qu'une de mes collègues a fait passé élèves et parents de "pfff le contrôle était dur" à "vous voyez bien que le contrôle était infaisable, il ne faut pas le compter du tout". (Je rassure les foules tout de suite : dans un bel ensemble nous les avons envoyés apprendre leur cours).

Anaxagore a écrit:Tu multiplies tout par Pi et tu obtiens des notes transcendantes.

 :lol!: quand je pense que j'ai raté ça à la première lecture !

JEMS a écrit:Euhhh, perso, mes élèves de terminale finissent l'année avec un bon 6.9 de moyenne, si les élèves ne bossent pas, tu ne vas pas te mettre la rate au court bouillon.

Je vous prête ma maxime personnelle :   ne pas mettre plus d'énergie à essayer de les faire bosser qu'ils n'en mettent à essayer de ne pas bosser   

maelia a écrit:J'avoue que c'était dangereux mais que je ne me suis pas brossée pour lui dire ce que j'en pensais. Quand j'y repense, je me dis que j'ai été bien trop téméraire mais tant pis. Je suis aussi devenue prof pour pouvoir défendre mes convictions et le jour où je ne saurai plus le faire, j'arrêterai.

peut-être pas si dangereux que ça. Ne pas oublier qu'ils sont chargés de faire redescendre la bonne parole au petit peuple, mais qu'ils ne sont pas toujours d'accord avec la dite bonne parole. Et qu'ils sont plusieurs (j'en ai rencontré) à préférer quelqu'un qui défend ses positions que quelqu'un qui flotte au gré du vent.
(ça n'empêche qu'il faut du cran pour se défendre et que j'admire, surtout pour une inspection de titularisation).

Cripure a écrit: "Monsieur Cripure, je suis à la fois impressionné et surpris. Impressionné de vous avoir vu faire cours deux heures sur une scène de Beckett sans notes ni livre, puisque vous ne l'avez pratiquement pas consulté sans pour autant faire d'erreurs sur le texte : c'est assez rare de voir des professeurs fonctionner ainsi. Mais surpris et pour tout dire assez réprobateur, je ne vous le cache pas : vous semblez donc croire que votre métier consiste à parler aux élèves ?"

Ah ouais quand même. J'ai bien fait de demander

spoiler n°1:

spoiler n°2:

Anaxagore a écrit:Tu multiplies tout par Pi et tu obtiens des notes transcendantes.

:lol!: quand je pense que j'ai raté ça à la première lecture !

spoiler, troisième du nom:

Oui, c'était ma dernière inspection il y a dix-huit mois à peu près.

Cripure a écrit:"Mais surpris et pour tout dire assez réprobateur, je ne vous le cache pas : vous semblez donc croire que votre métier consiste à parler aux élèves ?"

Il y a quelques semaines, un collègue, à 5 ans de la quille mais à qui l'EN n'en finit plus de sortir par tous les trous, me faisait cette réflexion: "Autrefois, un inspecteur venait t'écouter parler. Aujourd'hui, il vient t'écouter te taire." Je l'avais trouvée assez juste, sans penser pour autant qu'il était à ce point en plein dedans!  :shock:

L'élève doit "construire son savoir" voyons (dixit le jargon IUFM   )
Avec les classes molles, si tout le monde (y compris le prof) se tait pendant 1h, le temps doit être long!
Ceci dit avec mes 4ème qui n'en fichent pas une et n'en ont rien à faire de ce que je dis, ça marche beaucoup mieux depuis que je me tais et les laisse se débrouiller! Là ils se rendent compte qu'ils ont besoin ce moi et de mon "savoir"!  :lol: 

Pour en revenir au sujet initial, cette même classe a eu 2.2 sur 10 de moyenne à un devoir. Je trouve d'ailleurs la moyenne de classe trop élevée par rapport à leurs capacités! Bizarre!

Oui, oh, pas d'inquiétude
Je n'écoute un IPR que quand il me dit ce que je dirais moi-même, j'ai passé l'âge d'écouter des gens me dire ce que je dois faire.
Ma logorrhée n'a point faibli depuis (de toutes façons, si je mets mes zapprenants en nactivités, je m'endors ).

Cripure a écrit:
"Mais surpris et pour tout dire assez réprobateur, je ne vous le cache pas : vous semblez donc croire que votre métier consiste à parler aux élèves ?"

Le mien a écrit : « Les élèves écoutent poliment M. Paratge ».
Ce qui, en pédagol, est bien sûr un reproche, œuf corse !  

Une autre manière de dire est: "Le topos des élèves est nul."

J'oubliais: le même inspecteur m'a déclaré, parce que j'ai demandé le silence à plusieurs reprises et n'ai pas hésité à reprendre les élèves perturbateurs, qu'il avait aperçu chez moi le défaut classique du débutant, à savoir une volonté de passer en force. Je lui réponds que j'ai essayé, déjà, de me taire (longuement, même) et ainsi de les alerter de ce qu'ils dépassaient les bornes. Sa conclusion: vous serez une prof chevronnée quand vous serez capable de vous taire une heure durant lorsqu'une classe ne veut pas se mettre au travail. J'ai adoré

Ah, la voilà la solution! Que j'ai été bête à m'embêter cette année avec mes 4ème, j'aurais mieux fait de me taire toute l'année!

Ataraxie mes frères.  :lol: 

vivi1982 a écrit:Ah, la voilà la solution! Que j'ai été bête à m'embêter cette année avec mes 4ème, j'aurais mieux fait de me taire toute l'année!

Fatigué de donner de la voix avec mes 4èmes, c'est une solution que je pratique de plus en plus souvent maintenant en ces dernières semaines de l'année.

Je parle, certes: lorsque j'ai le silence.

Je fais peu de cours, mais le cours que je fais, j'ai l'assurance que tout le monde l'écoute.

PauvreYorick a écrit:

spoiler n°2:

Trois mois après mon arrivée à ***, ville de mon premier poste (où je suis toujours, quoique dans d'autres locaux).
Proviseur : "Monsieur Cripure, vous avez dû noter assez sec le dernier devoir de 1re S2 parce que je viens de recevoir une pétition initiée (sic ) par l'épouse de Monsieur le Maire qui demande que je vous retire cette classe parce que les enfants pleurent le soir. Je suis embêté : que puis-je faire devant l'épouse du maire ?"

Spoiler:

kero a écrit:

vivi1982 a écrit:Ah, la voilà la solution! Que j'ai été bête à m'embêter cette année avec mes 4ème, j'aurais mieux fait de me taire toute l'année!

Fatigué de donner de la voix avec mes 4èmes, c'est une solution que je pratique de plus en plus souvent maintenant en ces dernières semaines de l'année.

Je parle, certes: lorsque j'ai le silence.

Je fais peu de cours, mais le cours que je fais, j'ai l'assurance que tout le monde l'écoute.

Il est vrai qu'une année j'ai fini en ne faisant que des gestes en dehors de ce que j'avais à dire pour le cours.   

J'avais même eu droit à un "C'est le patron lui, il parle même pas."

De là à dire que cela marche à tous les coups...

Une formatrice nous a affirmé dernièrement: vous faites le meilleur cours de l'année le jour où vous êtes aphones.

Je suis un fervent du silence. Quand il est CHOISI.

Ceci dit lorsque une fois tu viens faire cours aphone et que tu as une bande de pestes sans aucun scrupule qui grimpe aux rideaux tu te dis que la prochaine fois tu restes chez toi.

maelia a écrit:J'oubliais: le même inspecteur m'a déclaré, parce que j'ai demandé le silence à plusieurs reprises et n'ai pas hésité à reprendre les élèves perturbateurs, qu'il avait aperçu chez moi le défaut classique du débutant, à savoir une volonté de passer en force. Je lui réponds que j'ai essayé, déjà, de me taire (longuement, même) et ainsi de les alerter de ce qu'ils dépassaient les bornes. Sa conclusion: vous serez une prof chevronnée quand vous serez capable de vous taire une heure durant lorsqu'une classe ne veut pas se mettre au travail. J'ai adoré

Une fois j'en ai vu un qui lisait le journal. Ataraxie parfaite non?  :lol:  "Très chevronné"?   En tout cas il n'a pas fait long feu le pauvre.

Mais concrètement, quel arsenal un inspecteur peut-il déployer pour obliger un professeur à voir dans les copies indigentes rendues par certains élèves - pour ne pas dire certaines classes - matière à positiver et encourager en ne leur mettant pas des notes jugées traumatisantes et vexatoires par icelui ? En somme, que risque-t-on à ne pas s'exécuter et à user de notre liberté pédagogique fort de notre connaissance du terrain et des élèves ? Si je comprends bien ce qu'a dit l'inspecteur de Maelia, les zéros mis aux élèves sont le reflet de son incapacité à évaluer et si les élèves sont bavards, c'est qu'elle ne sait pas elle-même se taire... Avec ces beaux raisonnements, ne peut-on, sans autre forme de procès, être condamné ? Quels sont nos garde-fous face à de tels individus ?