Comment développer son "charisme" d'enseignant ?

Volubilys a écrit:Quand je suis en classe, j'endosse mon costume de maîtresse, j'ai un rôle à tenir. Mon rôle diffère selon le public : je ne suis pas la même maîtresse selon que je suis avec des petites-sections, des CP ou des CM2. Mon langage corporel, mes intonations, ma façon de parler... changent.
Je ne vois pas en quoi ça pose soucis.  :gratte: 

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Les dadets de 3e me disent parfois "z'étiez plus sympa quand on était en 6e", ce à quoi je réponds invariablement "toi aussi !".

Quand j'entre en classe, je joue le rôle que les élèves attendent de moi : je suis sévère mais juste, et je fais attention à chacun. Je me mets à la porte et aucun élève n'entre sans m'avoir dit bonjour (et m'avoir présenté son carnet de liaison, accessoirement).
Je pense qu'eux aussi jouent le rôle que j'attends d'eux, et je m'efforce donc de traiter chaque élève comme s'il était intéressant et comme si j'avais plaisir à le retrouver. Ce qui n'est évidemment pas le cas, puisque j'ai une bonne paire d'abrutis insupportables dans toutes mes classes, comme tout le monde, mais je suis vraiment persuadée que si on fait comprendre à un enfant qu'on le trouve débile, il se comportera en débile. Si on lui montre qu'on lui fait confiance, il y a une petite chance qu'il y croit et améliore son comportement. Bref, je crois plus à une relation de confiance qui s'instaure qu'à une relation basée sur la crainte de la punition. Bien sûr, ça ne marche pas à tous les coups, mais pour la majorité des élèves, c'est très efficace.

En y réfléchissant, je ne suis pas sûre que ça ait grand chose à voir avec le charisme.   

Ce qui semblait poser soucis, c'est le fait qu'on puisse endosser un rôle devant les élèves, pourtant, on endosse bien notre costume de prof quand on entre en classe, tout comme mon médecin endosse son costume de médecin, et mon banquier celui de banquier....

Juste un petit mot pour dire que je rejoins ceux qui n'apprécient pas le ton du document joint. Il y a des choses vraies et c'est assurément un document intéressant, mais instaurer la terreur au départ par l'injustice, non seulement je trouve cela très limite, mais en plus avec un public de ZEP, c'est dangereux.

En dehors de ça, je trouve que beaucoup de choses judicieuses ont déjà été dites ; pour ma part, j'insisterais sur le silence. C'est facile de clouer le bec à un adolescent de 14 ans qui fait le guignol. Mais le regarder (sans défiance, mais lui signifier qu'on l'a entendu), puis détourner le regard et reprendre le cours, c'est tout aussi efficace. Expliquer deux fois une consigne, oui. Plus, non, car après ça deviendra systématique et il y aura autant d'explications que d'élèves, et au final, jamais le calme nécessaire pour réaliser l'exercice.

Voilà pour moi. Je n'ai pas d'autorité inée, je ne suis pas charismatique, je suis petite et j'ai la voix qui porte peu, mais j'ai en général du silence dans mes cours.

Ah, une autre remarque. J'ai connu deux années noires, et en entrant en cours je me disais : L'essentiel est que je ne me mette pas en colère. C'était mon objectif principal, bien avant le contenu du cours. Ça m'a pris du temps, mais c'est la priorité. Car c'est la condition nécessaire pour tout le reste. Et c'est encore ma plus grande contrariété au travail, quand un élève réussit à m'énerver. Pour moi c'est un échec, je connais les adolescents, je sais comment ils peuvent tester les professeurs, si je me mets en colère, c'est que je me suis laissé avoir.

Tu soulèves un point important, Baba : la maîtrise de soi et de ses émotions est essentiel ; lorsqu'on se laisse facilement déborder par la colère, par exemple, les élèves s'en aperçoivent et tirent sur la corde . Surtout que sous l'emprise de la colère, on peut prendre des mesures disproportionnées et/ou avoir un comportement excessif qui fera le jeu de certains élèves pour monter la classe contre le prof .

C'est surtout que ça les fait bien rigoler, et que celui qui a réussi à énerver le prof devient le héros du jour.

Caspar Goodwood a écrit:C'est surtout que ça les fait bien rigoler, et que celui qui a réussi à énerver le prof devient le héros du jour.

 Carrément! Il suffit de regarder sur You tube des vidéos en tapant un truc du genre "prof pète un câble ", c'est très édifiant.

Caspar Goodwood a écrit:C'est surtout que ça les fait bien rigoler, et que celui qui a réussi à énerver le prof devient le héros du jour.

  

Marie56 a écrit:Merci nightowl pour ton document, il y a des choses intéressantes.
Oui, Simgajul, la voix est importante. Mais selon moi, le charisme est plus que ça ; c'est savoir dire la chose appropriée au bon moment. J'ai l'impression que c'est une intelligence de la situation et des circonstances.... Et je ne sais pas comment travailler cela...

Ca s'appelle l'intelligence émotionnelle. Et tu as raison, c'est extrêmement précieux dans les métiers relationnels (mais pas que).

La deuxième chose importante, à mon avis, c'est la fameuse confiance en soi (qui découle aussi du premier point, en partie). Qui peut être "remplacé" par la confiance que l'on a dans son rôle, certains en ont parlé.

Le but à atteindre est d'être centré (sur soi), pour se mettre en relation avec les élèves et la situation de façon juste. La première étape passe donc par une reconnaissance de ses émotions, sensations, sentiments, fonctionnements (certains en ont parlé. Il n'y pas de méthode, mais à se sentir bien dans la situation, sonner juste). Il y a pléthore de méthodes, du yoga au gi gong en passant par la méditation pour aider à développer cela. Car c'est avec une écoute fine de ce qui se passe en nous que nous pouvons capter ce qui se passe pour nous et autour de nous (et pour les autres). Ce qui accroît notre capacité à poser les bonnes actions.

Merci Pseudo... Tu penses que la méditation ou le yoga peut aider à être plus maître de ses émotions en classe ? Je pensais aussi à des arts martiaux comme le karaté....

(Je m'immisce dans la conversation puisqu'un de mes proches est prof de yoga), le yoga ne sert pas à maitriser ses émotions, mais au contraire de prendre conscience de ce qui se déroule à l'intérieur de nous (peur, tristesse, stress, tensions...) et de les relâcher. Alors oui, à force de (beaucoup)pratiquer, cela peut aider à ne pas s'emporter aveuglément dans ses émotions - même si je déconseillerais de méditer en classe   .

Marie56 a écrit:Merci Pseudo... Tu penses que la méditation ou le yoga peut aider à être plus maître de ses émotions en classe ? Je pensais aussi à des arts martiaux comme le karaté....

La méditation ou le yoga ont pour intérêt de connaître ses émotions, et ce qui se passe en nous. Le karaté pas du tout, à ma connaissance. Mais il doit avoir d'autres intérêts, comme la confiance en soi, une certaine fluidité et assurance physique (je dis ça de loin, je connais mal le karaté).
Le but n'est pas tant de maîtriser ses émotions(comme on le ferait de choses négatives à tenir en laisse) que, déjà, en prendre conscience, et prendre conscience des besoins qui sont sous-jacent. Je dirais que la maîtrise découle de cela, mais qu'elle n'est pas à chercher de prime abord, de façon frontale.

Cincinnata a écrit:(Je m'immisce dans la conversation puisqu'un de mes proches est prof de yoga), le yoga ne sert pas à maitriser ses émotions, mais au contraire de prendre conscience de ce qui se déroule à l'intérieur de nous (peur, tristesse, stress, tensions...) et de les relâcher. Alors oui, à force de (beaucoup)pratiquer, cela peut aider à ne pas s'emporter aveuglément dans ses émotions - même si je déconseillerais de méditer en classe   .

Oui, c'est bien ce que j'ai dit. Il faut d'abord savoir ce qui se déroule en nous, avant de compter gérer les autres. Sans méditer en classe, on peut apprendre à se recentrer (ce qui n'est aps si loin de la méditation). C'est toujours plus efficace que l'agitation émotionnelle.

Voui tout à fait   

Quant aux arts martiaux, je crois que le ki-aïkido vise cette maîtrise de ses émotions mais il faut des années de pratique avant d'y parvenir   

Cincinnata a écrit:Voui tout à fait   

Quant aux arts martiaux, je crois que le ki-aïkido vise cette maîtrise de ses émotions mais il faut des années de pratique avant d'y parvenir   

Ah oui, dans tous les cas, c'est un chemin !

Pendant longtemps j'ai essayé de me créer un "charisme" alors que ce n'est pas du tout ma nature. Ca sonnait tellement faux, les élèves le ressentaient et je n'étais pas plus respecté.

J'ai décidé de rester naturel et de faire de mon caractère posé un atout et ça marche beaucoup mieux. Les élèves sont très sensible à notre bienveillance. J'essaye de garder mon calme et mon sourire devant la classe, et finalement ça marche beaucoup mieux, même si ce n'est pas encore parfait, au moins, je ne gaspille pas mon énergie.

Les collègues dits "charismatiques" sont souvent des gens qui monopolisent les conversations et qui savent tout mieux que toi; j'avoue que ça me gonfle.

scot69 a écrit:Pendant longtemps j'ai essayé de me créer un "charisme" alors que ce n'est pas du tout ma nature. Ca sonnait tellement faux, les élèves le ressentaient et je n'étais pas plus respecté.

J'ai décidé de rester naturel et de faire de mon caractère posé un atout et ça marche beaucoup mieux. Les élèves sont très sensible à notre bienveillance. J'essaye de garder mon calme et mon sourire devant la classe, et finalement ça marche beaucoup mieux, même si ce n'est pas encore parfait, au moins, je ne gaspille pas mon énergie.
(...)

Je plussoie!

Et j'ajoute que pour être un bon prof, il faut être bien dans sa peau et/ou bien savoir mettre son masque/costume de prof qui fait que même si on est mal personnellement, on a l'énergie suffisante pour faire se boulot.

Dans mon cas, c'est un mélange des deux. Pour que mon costume de SuperMaitresse fonctionne, je dois avoir un minimum de paix intérieure. Pour certains pas besoin de costume, pour d'autre pas besoin de paix intérieure. Le tout est de trouver le mélange qui nous convient personnellement.  

Et puis méfiez-vous sincèrement des collègues qui se vantent de leur autorité naturelle

"ah bon? les secondes 3 sont chiants avec toi??? bah c'est que tu ne sais pas les tenir parce qu'avec moi y'a pas un mot dans la classe"

Marie56 a écrit:J'aimerais travailler sur moi pour avoir plus de charisme face aux élèves,  mais je ne sais pas trop comment m'y prendre. J'ai pensé à faire du théâtre d'impro... Avez-vous d'autres suggestions ?

Regarder les grands orateurs.



Mélenchon à l'ENS : une grande leçon de rhétorique !   

Avoir confiance en soi. Pour moi, c'est la clé.

Cela permet de gérer au mieux les situations auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement. Bien préparer ses cours. Être au clair avec ses objectifs.Et surtout, être absolument convaincu du bien fondé de sa présence et de son statut d'adulte, d'enseignant, de professionnel ( dixit quelqu'une qui a souffert longtemps du complexe de l'imposteur).

Caspar Goodwood a écrit:C'est surtout que ça les fait bien rigoler, et que celui qui a réussi à énerver le prof devient le héros du jour.

Ouais ben ça, ça dépend des lieux, hein :siffle:Selon la réceptivité des foules, ça peut être un levier sur lequel jouer.

Ulrich a écrit:

Marie56 a écrit:J'aimerais travailler sur moi pour avoir plus de charisme face aux élèves, mais je ne sais pas trop comment m'y prendre. J'ai pensé à faire du théâtre d'impro... Avez-vous d'autres suggestions ?

Regarder les grands orateurs.

Merci de l'avoir remis en avant, Ulrich. Quand je pense qu'on le met sur le même plan que MLP, ou qu'on dit parfois qu'il raconte n'importe quoi... Et ne parlons pas de ceux qui ne voient rien fors PS ou UMP...

La CPE m'a vu crier sur des élèves pour la première fois (je vous passe les détails, c'était dans le hall du collège et elle se trouvait là), elle m'a dit que je faisais très peur et que les élèves étaient encore tout tremblants après mon départ, ce que j'ai pris comme un compliment.   

Mais dans le commentaire cité je pensais surtout à l'élève provocateur qui essaie de faire sortir le professeur de ses gonds pour amuser la classe.