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- barègesÉrudit
Presse-purée a écrit:Selon moi, tu confonds les moocs et les humanités numériques. Les humanités numériques, cela consiste à utiliser les ressources technologiques du numérique pour étudier les sciences humaines et diffuser les résultats. C'est une branche intéressante de la recherche actuelle. ça n'a rien à voir, selon moi, avec l'enseignement dans le secondaire.
Après, j'en conviens, c'est une expression à la mode, ce qui explique que tout le monde l'utilise à toutes les sauces. Qui plus est, le mot numérique est un mot magique qui fait apparaître les crédits... En tout cas, dans leur définition stricto sensu, les Humanités Numériques ne sont pas des trucs pour amuser la galerie.
Notons que les pionniers dans ce domaine sont précisément les LC, il y a plus de trente ans maintenant, avec les travaux de Greg Crane ou, en France, ceux de la fac de Besançon sur la fréquence lexicale (les vocs fréquentiels du latin et du grec).
Je travaille dans un domaine où les perspectives sont potentiellement vertigineuses.
Mais en lisant le message de Varia, je l'ai instinctivement approuvé.
C'est un intitulé qui fait une entrée fracassante dans les formations et les recrutements (les profils "recherche" et "enseignement" pour les postes d'enseignants-chercheurs).
Pour qui a vu venir les TICE dans le secondaire, il est difficile de ne pas frémir. L'aride fond théorique occulté par une mise en forme numérique et brillante... Dans un contexte, ceci a été dit, de MOOCS annoncés, de difficultés de survie de l'édition, de restrictions budgétaires tous azimuts, de difficultés à maintenir un tronc théorique dans les Licences (niveau des bacheliers, sentiment de décalage face aux exigences d'employabilité).
Pourquoi préciser (ou plutôt : mettre en avant) ces libellés ? Un spécialiste verra tout naturellement l'usage à faire des outils numériques pour la diffusion et la promotion de sa spécialité, et pour ses travaux. C'est en quelque sorte inscrit dans sa compétence de spécialiste. Alors que là, je suppose que certains sont désarçonnés par ces intitulés explicites : leurs compétences purement informatiques ne sont-elles pas défaillantes par rapport aux profils publiés ? La "matière" qui est la leur ne remplit-elle que la moitié du cahier des charges des emplois en question ?
De toute manière, c'est dire en filigrane que la spécialité universitaire ne se suffit plus à elle-même sans un bagage secondaire (pour les lettres : compétences en édition/métiers du livre, informatique en lien avec la spécialité, "échos modernes" de la période de spécialité, etc).
- yphrogEsprit éclairé
varia a écrit: avouez que "humanités numériques" c'est quand même bien pompeux...
C'est vous les français qui ne voulez pas parler des doigts. Digital humanities. Digits. Prestidigitation. Fingering users. Bref.
Ne rien savoir des écrans, des simulacres, du spin, des revolutions tweetées, du "x" et les enjeux de filtrage, en sortant du lycée; ce serait une vision étrange de l'éducation.
numen, noumen, numérique...
c'est bien trouvé le vocable, je trouve, comme son homologue plus visceral en anglais...
- e-WandererGrand sage
La mention "humanité numériques" peut effectivement signifier (hypothèse haute) qu'on attend quelqu'un qui, en plus de ses compétences disciplinaires, possède des compétences pointues de programmation informatique. C'est rare, rarissime même, mais je connais deux personnes qui ont ce profil. À l'heure actuelle, ces collègues-là sont les rois du pétrole !
Sans exiger des compétences de programmation, on peut aussi demander au futur recruté de maîtriser l'encodage html de base ou d'être un peu dégourdi pour créer un site Web sous Flash, Dreamweaver (qui sont plutôt des solutions d'informatique personnelle) ou mieux, sur plate-forme Wordpress. Et sans que cela soit forcément extraordinaire, ça suppose qu'on s'y soit un peu intéressé de près. En gros, le but est alors de se faire épauler par un ingénieur recherche vraiment compétent pour les choses pointues, mais d'être capable de faire les manipulations de base pour la gestion au quotidien d'un site internet, d'en maîtriser globalement l'architecture etc. Tout en étant à côté un vrai spécialiste de sa discipline. Ce n'est pas du tout gadget.
Enfin (hypothèse basse), cela peut signifier qu'on demande au futur recruté une sorte d'engagement moral pour se former et aller dans le sens des projets du département ou de l'équipe de recherche.
Sans exiger des compétences de programmation, on peut aussi demander au futur recruté de maîtriser l'encodage html de base ou d'être un peu dégourdi pour créer un site Web sous Flash, Dreamweaver (qui sont plutôt des solutions d'informatique personnelle) ou mieux, sur plate-forme Wordpress. Et sans que cela soit forcément extraordinaire, ça suppose qu'on s'y soit un peu intéressé de près. En gros, le but est alors de se faire épauler par un ingénieur recherche vraiment compétent pour les choses pointues, mais d'être capable de faire les manipulations de base pour la gestion au quotidien d'un site internet, d'en maîtriser globalement l'architecture etc. Tout en étant à côté un vrai spécialiste de sa discipline. Ce n'est pas du tout gadget.
Enfin (hypothèse basse), cela peut signifier qu'on demande au futur recruté une sorte d'engagement moral pour se former et aller dans le sens des projets du département ou de l'équipe de recherche.
- barègesÉrudit
C'est un rêve personnel, de me former à certains outils. Il faudrait même en développer...
Rêve qui ne deviendrait réalité que dans une autre vie, avec du TEMPS à y consacrer.
Rêve qui ne deviendrait réalité que dans une autre vie, avec du TEMPS à y consacrer.
- cliohistHabitué du forum
Mais avouez que "humanités numériques" c'est quand même bien pompeux... Pq pas simplement "littérature et informatique" ??? ça aurait au moins le mérite d'être clair !
Le débat gagnerait sans doute à ne pas mélanger les enjeux.
Les usages de l'ordi en classe dans le secondaire, c'est une chose,
l'ordi au service de la recherche dans le supérieur, c'en est une autre.
Pour le supérieur, les antiquisants sont très présents sur le web
cf le site http://www.perseus.tufts.edu/
ou Outre Manche, en 2004, un "Site of the month" sur un site web croisant histoire, archéo, études classiques - https://web.archive.org/web/20040319121328/http://hca.ltsn.ac.uk/resources/site_of_the_month/archive/index.php
Pour les médiévistes, voir (ou revoir) Ménestrel http://www.menestrel.fr/
L'expression humanités numériques (oui, les chercheurs US préfèrent Digital humanities), c'est la volonté d'une approche transdisciplinaire, l'utilisation de l'ordi servant de lieu de rencontre entre des mondes souvent trop cloisonnés. C'est aussi l'occasion de mesurer les usages possibles des médias sociaux dans le cadre de la recherche.
voir par exemple cette journée d'études en Sciences Humaines et Sociales en 2013 à l'EHESS :
http://culturevisuelle.org/icones/2643
Ou ce colloque qui met au centre l'avenir des jeunes chercheurs (quelles pistes de recherche, mais aussi quels postes disponibles ? quels financements ?)
http://dhiha.hypotheses.org/871
Le portail OpenEdition met des outils en ligne à la disposition de tous les chercheurs (cf http://fr.hypotheses.org
- des carnets de recherche
- des revues électroniques
- une édition numérique.
Voir le sommaire de 2 ouvrages disponibles en ligne
Read/Write Book, Le livre inscriptible (dir. Marin Dacos)
http://books.openedition.org/oep/128?lang=fr
Read/Write Book 2, une introduction aux humanités numériques (dir. Pierre Mounier)
http://books.openedition.org/oep/226?lang=fr
Une question (complexe ?) que d'autres aborderont peut-être : le transhumanisme et le pacs homme-machine
cf ce qu'en écrit Milad Doueihi
http://www.liberation.fr/economie/2013/10/20/pour-un-humanisme-numerique_940995
.
- CincinnataHabitué du forum
yphrog a écrit:
numen, noumen, numérique...
Sinon, je n'avais pas compris que l'expression "humanités numériques" désignait, entre autres, les outils utilisés en recherche dans le supérieur. Ils sont, je dois dire, bien utiles pour écrire un mémoire. Je pense que c'est surtout l'expression et le risque de confondre avec l'usage du numérique dans le secondaire qui m'effraient (et ce n'est pas une exagération).
Comme quoi j'ai bien fait de lire ce fil.
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" Je ne promettrai donc pas le plaisir, mais je donnerai comme fin la difficulté vaincue." Alain
" Ce n'est pas le mur que je trouerai avec mon front, si, réellement, je n'ai pas assez de force pour le trouer, mais le seul fait qu'il soit un mur de pierre et que je sois trop faible n'est pas une raison pour que je me soumette !" Les Carnets du sous-sol, Dostoïevski
Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient.
- Presse-puréeGrand sage
barèges a écrit:Presse-purée a écrit:Selon moi, tu confonds les moocs et les humanités numériques. Les humanités numériques, cela consiste à utiliser les ressources technologiques du numérique pour étudier les sciences humaines et diffuser les résultats. C'est une branche intéressante de la recherche actuelle. ça n'a rien à voir, selon moi, avec l'enseignement dans le secondaire.
Après, j'en conviens, c'est une expression à la mode, ce qui explique que tout le monde l'utilise à toutes les sauces. Qui plus est, le mot numérique est un mot magique qui fait apparaître les crédits... En tout cas, dans leur définition stricto sensu, les Humanités Numériques ne sont pas des trucs pour amuser la galerie.
Notons que les pionniers dans ce domaine sont précisément les LC, il y a plus de trente ans maintenant, avec les travaux de Greg Crane ou, en France, ceux de la fac de Besançon sur la fréquence lexicale (les vocs fréquentiels du latin et du grec).
Je travaille dans un domaine où les perspectives sont potentiellement vertigineuses.
Mais en lisant le message de Varia, je l'ai instinctivement approuvé.
C'est un intitulé qui fait une entrée fracassante dans les formations et les recrutements (les profils "recherche" et "enseignement" pour les postes d'enseignants-chercheurs).
Pour qui a vu venir les TICE dans le secondaire, il est difficile de ne pas frémir. L'aride fond théorique occulté par une mise en forme numérique et brillante... Dans un contexte, ceci a été dit, de MOOCS annoncés, de difficultés de survie de l'édition, de restrictions budgétaires tous azimuts, de difficultés à maintenir un tronc théorique dans les Licences (niveau des bacheliers, sentiment de décalage face aux exigences d'employabilité).
Pourquoi préciser (ou plutôt : mettre en avant) ces libellés ? Un spécialiste verra tout naturellement l'usage à faire des outils numériques pour la diffusion et la promotion de sa spécialité, et pour ses travaux. C'est en quelque sorte inscrit dans sa compétence de spécialiste. Alors que là, je suppose que certains sont désarçonnés par ces intitulés explicites : leurs compétences purement informatiques ne sont-elles pas défaillantes par rapport aux profils publiés ? La "matière" qui est la leur ne remplit-elle que la moitié du cahier des charges des emplois en question ?
De toute manière, c'est dire en filigrane que la spécialité universitaire ne se suffit plus à elle-même sans un bagage secondaire (pour les lettres : compétences en édition/métiers du livre, informatique en lien avec la spécialité, "échos modernes" de la période de spécialité, etc).
Vu comme cela, je souscris à ton propos.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- variaHabitué du forum
Bon, je vois que j'ai déchaîné les foules ! Tant mieux, rien ne vaut un débat constructif et j'ai appris des choses (que je pressentais ou connaissais vaguement quand même).
En fait je crois que Cincinnata a mieux formulé les choses que moi :
En fait c'est ce qui me choque le plus : qualifier une discipline d' "humanités numériques", cela impliquerait que l'on considèrerait les humanités dans l'une de leurs caractéristiques, le fait de pouvoir être "numériques" au sens actuel, ce qu'elles ne sont pas. On redécouvrirait, on mettrait en lumière un aspect jusque là occulté.... C'est ce que j'essayais de montrer dans mes exemples imaginaires: non, Socrate n'a pas écrit de blog, non, la Comédie humaine n'a pas été faite pour être lue en 3D, et non, Proust n'a jamais participé à un chat. Je ne suis pas assez calée en anglais/américain pour savoir si "digital humanities" a la même valeur dans cet idiome (l'expression serait-elle d'ailleurs directement calquée de l'anglais, ce qui en ferait alors un anglicisme ?)
C'est peut-être là pinailler, en effet, mais j'aurais préféré une autre formulation quitte à être plus long et donc moins accrocheur. Il y a quand même un aspect putassier là-dedans (comme dans toutes les formules "raccourcies" qui fleurissent aussi en ce moment et appauvrissent la langue et la pensée).
Mais je n'ai rien contre les emplois possibles du numérique que vous mentionnez.
En fait je crois que Cincinnata a mieux formulé les choses que moi :
Cincinnata a écrit: Quand même, moi je vois une grosse différence entre des humanités qui sont qualifiées de numériques et des humanités sur support numérique.
En fait c'est ce qui me choque le plus : qualifier une discipline d' "humanités numériques", cela impliquerait que l'on considèrerait les humanités dans l'une de leurs caractéristiques, le fait de pouvoir être "numériques" au sens actuel, ce qu'elles ne sont pas. On redécouvrirait, on mettrait en lumière un aspect jusque là occulté.... C'est ce que j'essayais de montrer dans mes exemples imaginaires: non, Socrate n'a pas écrit de blog, non, la Comédie humaine n'a pas été faite pour être lue en 3D, et non, Proust n'a jamais participé à un chat. Je ne suis pas assez calée en anglais/américain pour savoir si "digital humanities" a la même valeur dans cet idiome (l'expression serait-elle d'ailleurs directement calquée de l'anglais, ce qui en ferait alors un anglicisme ?)
C'est peut-être là pinailler, en effet, mais j'aurais préféré une autre formulation quitte à être plus long et donc moins accrocheur. Il y a quand même un aspect putassier là-dedans (comme dans toutes les formules "raccourcies" qui fleurissent aussi en ce moment et appauvrissent la langue et la pensée).
Mais je n'ai rien contre les emplois possibles du numérique que vous mentionnez.
- JohnMédiateur
Je suis ébahi par ces phrases Je pense qu'il te faudrait rencontrer quelques spécialistes qui ne cadrent pas tout à fait avec ta définitionPourquoi préciser (ou plutôt : mettre en avant) ces libellés ? Un spécialiste verra tout naturellement l'usage à faire des outils numériques pour la diffusion et la promotion de sa spécialité, et pour ses travaux. C'est en quelque sorte inscrit dans sa compétence de spécialiste.
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- ArtscèneNiveau 1
e-Wanderer a écrit:Je crois que c'est précisément le rôle des professeurs de faire sortir le numérique du domaine du pur ludique et de le relier à des contenus (n'en déplaise à certains pédagogues-démagogues et à certains "décideurs" politiques pour qui "numérique" est un mot magique, mais qui ne mettent rien derrière). Il faut éduquer les jeunes à croiser les sources, à lire vraiment, à recouper les informations etc. Ça aussi, c'est un aspect très neuf du métier d'enseignant. Je ne suis pas du tout convaincu, précisément, que les jeunes "maîtrisent le numérique" : ils savent naviguer, manier une souris, manipuler une tablette. Certes. Mais "maîtriser le numérique", c'est savoir appréhender des contenus. Un bon cuisinier n'est pas seulement celui qui sait tailler ses légumes à toute vitesse : c'est celui qui sait dans quel ordre il procède, comment il va associer les ingrédients etc.
+ 1
- IphigénieProphète
quand j'étais étudiante dans le début des années 70 il y avait un prof de latin de ma fac qui n'était pas Besançon qui s'était lancé là-dedans: ça fait donc déjà au moins autour de 45 ans et pas qu'à Besançon: il y a une histoire du numérique qui est donc déjà fausse, comme si chacun s'inventait la sienne , en somme....C'est fou ce que le numérique apporte comme informations fausses en fait, et c'est normal, vu la quantité totalement ingérable d'informations qui circulent: alors apprendre aux élèves à gérer les infos et recouper les infos, ça me paraît bien présomptueux...Et ça va tellement absorber de temps qu'il ne restera plus grand chose pour, simplement, apprendre à raisonner. Voire à parler.Notons que les pionniers dans ce domaine sont précisément les LC, il y a plus de trente ans maintenant, avec les travaux de Greg Crane ou, en France, ceux de la fac de Besançon sur la fréquence lexicale (les vocs fréquentiels du latin et du grec).
Et comme j'ai des archives, je vois que dans une publication ce professeur ( Michel Dubrocard), il indique lui-même que les travaux sur les fréquences de vocabulaire ont commencé dans les années soixante avec le Père Busa à Gasarate et les travaux de l'équipe de Louis Delatte à Liège (le LASLA): si quelqu'un veut vraiment recouper les infos....
- Spoiler:
- 1976
- yphrogEsprit éclairé
un projet qui était déjà presque bouclé en interne en 2005 que je suppose que tu connais, Pauvre Yorick: http://129.177.5.31/ (Wittgenstein source). Bergen avait à cette époque déjà un digital humanities department et diplome, je crois bien, depuis un moment.
http://www.uib.no/en/rg/digifi
je me rends compte en relisant le post digital humanities que je l'ai un peu tué. :shock: Pardon, presse-purée
https://www.neoprofs.org/t56515-le-fil-relatif-aux-digital-humanities
http://www.uib.no/en/rg/digifi
je me rends compte en relisant le post digital humanities que je l'ai un peu tué. :shock: Pardon, presse-purée
https://www.neoprofs.org/t56515-le-fil-relatif-aux-digital-humanities
- cliohistHabitué du forum
C'est peut-être là pinailler, en effet, mais j'aurais préféré une autre formulation quitte à être plus long et donc moins accrocheur. Il y a quand même un aspect putassier là-dedans (comme dans toutes les formules "raccourcies" qui fleurissent aussi en ce moment et appauvrissent la langue et la pensée).
Cela fait souvent du bien de cogner contre un mot-valise. Mais ce sont rarement les profs qui imposent les usages dans le vocabulaire marchand.
Autre exemple : les réseaux sociaux. Ils ont fait la fortune de qq américains, et servent de vitrine à beaucoup d'institutions. On pourrait tout aussi bien parler de médias sociaux.
[il serait possible de cogner ailleurs : Zuckerberg vient de prétendre que le gouvernement américain est une menace pour Internet. Facebook et ses compères publicitaires ne sont-ils pas eux aussi une catastrophe ambulante pour l'internet libre et gratuit des pionniers ? http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/03/13/selon-zuckerberg-le-gouvernement-americain-est-une-menace-pour-internet_986979
L'informatique appliquée a de nombreux avantages : elle fournit des outils qui peuvent aider les chercheurs (mais elle sait parfois enfoncer des portes ouvertes). Elle incite les chercheurs à regarder chez leurs voisins, à penser le rôle de la technique au service des Sciences Humaines et Sociales, et parfois à déplacer les bornes héritées de la fin du XIXe.
Lire par exemple la présentation du séminaire Digital Humanities. Les transformations numériques du rapport aux savoirs. http://www.ehess.fr/fr/enseignement/enseignements/2013/ue/620/
Sur tous ces enjeux,
lire aussi Frédéric Clavert : http://www.clavert.net/
ou les carnets publiés par Hypothèses.org,
dont Espaces Réflexifs : http://reflexivites.hypotheses.org/
et La question du latin (Philippe Cibois) : http://enseignement-latin.hypotheses.org/
En anglais, il existe un Journal of Digital Humanities
publié par le Roy Rosenzweig Center for History and New Media.
http://journalofdigitalhumanities.org/
.
- Presse-puréeGrand sage
@iphigénie: ce que tu décris existe pour Cicéron depuis la fin du XIXème (ah, ces Allemands...): je l'avais utilisé en maîtrise. La "nouveauté" de Besançon vient de l'utilisation des ordinateurs et de la programmation informatique qu'il a fallu mettre en place, pas de l'idée. Dans ce cas précis, à mon sens, ns sommes clairement dans un travail d'humanités numériques, puisque l'utilisation du programme a permis de rentrer ts les textes de latin classique pour les besoins des stats.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- IphigénieProphète
Presse-purée a écrit:@iphigénie: ce que tu décris existe pour Cicéron depuis la fin du XIXème (ah, ces Allemands...): je l'avais utilisé en maîtrise. La "nouveauté" de Besançon vient de l'utilisation des ordinateurs et de la programmation informatique qu'il a fallu mettre en place, pas de l'idée. Dans ce cas précis, à mon sens, ns sommes clairement dans un travail d'humanités numériques, puisque l'utilisation du programme a permis de rentrer ts les textes de latin classique pour les besoins des stats.
du tout:ce dont je te parle c'est de l'utilisation de l'ordinateur pour déterminer des fréquences verbales:il s'agit de travaux (pas d'idées d'index!)sur et avec la programmation informatique:le livre n'en est qu'un compte rendu:et ça a a commencé bien avant que tu sembles le croire:on travaillait alors avec des cartes perforées sur des ordinateurs monstrueux!
Tu peux trouver des renseignements là, par exemple: les chercheurs de Besançon ont travaillé eux aussi avec ce centre premier (pionnier):
http://ancientworldonline.blogspot.fr/2012/05/laboratoire-danalyse-statistique-des.html
- yphrogEsprit éclairé
les concordances existent depuis longtemps, les dictionnaires axés sur la fréquence sans doute aussi (16e, déjà). Mais en effet pour la compta exacte, j'espère bien que l'humanité a attendu les ordinateurs pour tout compter. 1....2....3....994...996.... :shock: , on recommence?
http://books.google.com/ngrams
http://books.google.com/ngrams
- yphrogEsprit éclairé
expérience sympa pour les écrivisses et d'autres obsédés linguistiques: étudier les fréquences de son corpus
(à ne pas essayer si ce n'est pas propre, ton corpus de textes! o.)
(à ne pas essayer si ce n'est pas propre, ton corpus de textes! o.)
- CincinnataHabitué du forum
un petit HS, même si je continue à m'instruire sur ce fil
- Spoiler:
- hihi xphrog vous avez changé de sexe ! votre image est mignonne
- cliohistHabitué du forum
j'espère bien que l'humanité a attendu les ordinateurs pour tout compter
En démographie historique, le travail a été fait longtemps avant l'ordi. Aujourd'hui, l'informatique permettrait de compléter ce travail, mais l'histoire quantitative a été submergée par l'histoire culturo-cultuelle.
Pour NGram Viewer, les prouesses de la technique n'ont jamais interdit une réflexion de fond sur le questionnement, sur les sources existantes et sur leur version numérisée.
3 exemples :
- L'histoire de la Révolution et les Archives parlementaires
http://ihrf.univ-paris1.fr/les-archives-parlementaires-1787-1799/
La numérisation a été faite par Gallica, mais « le logiciel utilisé par la BNF ne permet pas le repérage de mots ou de phrases individuelles ».
La version numérisée par Google est incomplète (8 des 73 tomes manquent, sans doute parce qu’elle a été numérisée à partir de la collection incomplète de l’Université d’Oxford), et l'OCR a laissé beaucoup de scories. De plus, la mise en ligne par Google a varié dans le temps.
cf. Timothy Tackett et Nicolas Déplanche, L’idée du « complot » dans l’œuvre de Georges Lefebvre : une remise en cause à partir d’une nouvelle source - http://lrf.revues.org/171
Journée de l'IHRF en hommage à Georges Lefebvre
http://lrf.revues.org/146
- « Ngram Viewer doit en fait être considéré comme un outil heuristique qui permet plus de poser de nouvelles questions que d’apporter des réponses ». Patrick Peccatte évoque des erreurs d'OCR et des datations erronées.
Patrick Peccatte, L’interprétation des graphiques produits par Ngram Viewer
blog Déjà Vu 11 janvier 2011 - http://culturevisuelle.org/dejavu/469
- Apocalypse. La technique permet de coloriser et de sonoriser les archives d'hier et d'avant-hier. L'histoire s'efface alors devant la mise en fiction. Pas de souci pour les réalisateurs : le critère essentiel, c'est l'audience, pas la vérité historique.
http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/03/17/apocalypse-ca-va-tranchees-cherie_987890
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- cliohistHabitué du forum
Qu'est-ce que les humanités numériques ?
« Critiques littéraires, sociologues ou philosophes inventent avec des informaticiens de nouvelles manières d’explorer leurs domaines : tableau d’une mutation en cours dans les sciences humaines ».
Au salon du livre 2014, un débat archivé sur France-Culture,
animé par Xavier de La Porte, avec Alexandre Gefen (fabula.org), Pierre Mounier, Cleo, Michel Wieviorka, FMSH
http://plus.franceculture.fr/partenaires/institut-francais/qu-est-ce-que-les-humanites-numeriques
.
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- Vers un baccalauréat «humanités numériques» ?
- [résolu] Où sont les humanités numériques et scientifiques
- Humanités numériques et digital natives / lettres
- Quelques notions juridiques liées à l’utilisation pédagogique de ressources numériques (manuels numériques hors ENT, Google Docs, Wiki, Clouds…)
- Avenir latin grec : dernières nouvelles !
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