- coindeparadisGuide spirituel
Un entretien sur l'Expresso. Gageons que ce monsieur, qui a des réflexions pertinentes, ne sera pas écouté !
7 minutes pour apprendre à lire : 7 questions à Bruno Suchaut
L'affirmation, dans un article publié le 20 mars dans le Café, que les élèves français ne disposaient que de 7 minutes par jour de classe pour apprendre à lire a fait bondir plus d'un lecteur. Bruno Suchaut accepte de se plier à des questions directes appelant les réponses directes qui turent les conclusions de son étude scientifique. " Je ne vois pas bien ce que la réforme (des rythmes) apporte réellement pour réduire les inégalités de compétences à l’école primaire... Rien n’indique pour l’instant que le dispositif « plus de maîtres que de classes » parviendra à augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles sur les compétences essentielles". Il appelle à d'autres choix pour lutter contre les inégalités scolaires.
Vous affirmez que les élèves français ne disposent finalement que de 7 minutes par jour de classe pour apprendre à lire. Cela parait incroyable ! Comment arrivez-vous à ce résultat ?
Au-delà du caractère symbolique du chiffre 7, il correspond pourtant bien à une réalité dans notre article, à savoir environ 2% du temps scolaire effectif ! Mais il faut bien voir que l’on parle ici du temps d’engagement de l’élève sur la tâche, c'est-à-dire du temps où l’élève est sollicité directement et individuellement par l’enseignant sur une activité précise, en l’occurrence l’apprentissage du code alphabétique. En outre, on parle bien principalement des élèves les plus fragiles sur le plan des acquisitions en début de CP. En fait, le temps disponible à l’école primaire pour l’enseignement des matières fondamentales a fortement diminué ces dernières décennies pour diverses raisons, dont l’introduction de nouvelles disciplines (numérique, langues vivantes, éducation à la santé, éducation au développement durable, etc.) et la multiplication des interventions extérieures au sein de l’école. Si la majorité des élèves dispose de suffisamment de temps, les élèves faibles ne peuvent combler leurs besoins dans ce domaine et, au final, le temps vraiment fécond pour les apprentissages est extrêmement réduit.
(...)
Aurait-on fait fausse route dans la réforme des rythmes scolaires ?
Tout dépend de la destination finale… Si c’est la réduction des inégalités de compétences entre élèves qui est visée, la route choisie n’est sans doute pas la plus directe et paraît bien longue et sinueuse. Avec cette réforme, l’accent a été mis essentiellement sur la seule question des rythmes scolaires et les changements apportés sont par ailleurs assez minimes puisque la répartition annuelle n’est pas remise en question. A part les activités pédagogiques complémentaires quidégagent un certain volume de temps où l’aide individuelle aux élèves en difficulté est possible, je ne vois pas bien ce que la réforme apporte réellement pour réduire ces inégalités de compétences à l’école primaire. La littérature, basée sur des recherches empiriques, insiste beaucoup sur la dimension qualitative du temps d’enseignement et l’usage qui en est réellement fait par les élèves. La réforme des rythmes scolaires aurait pourtant pu être envisagée comme un levier pour améliorer la dimension qualitative du temps d’enseignement. Je ne pense pas que cela soit le cas pour le moment.
(...)
Est ce possible pour le système éducatif de faire cela dans ses contraintes budgétaires actuelles ?
Par nature, un Ministère est forcément sous contrainte budgétaire et l’Éducation nationale n’échappe pas à cela, même si ce Ministère a été particulièrement bien traité depuis le changement de gouvernement. En revanche, à l’intérieur de ces contraintes, des choix sont nécessairement réalisés qui donnent lieu à des visions politiques différentes et à des résultats également différents. L’arbitrage des moyens est sans doute difficile à réaliser mais la recherche internationale en éducation fournit des pistes pertinentes pour l’action politique qui devraient être suivies. Par exemple, rien n’indique pour l’instant que le dispositif « plus de maîtres que de classes » parviendra à augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles sur les compétences essentielles. Plus largement, et pour illustrer le panorama des choix politiques, la réforme des rythmes scolaires coûtera au moins un milliard d’euros à l’État. On peut facilement imaginer ce qu’il serait possible de faire avec ce financement : dédoublement des classes de CP dans les zones défavorisées, généralisation de l’enseignement en petits groupes, augmentations salariales pour les enseignants, stages d’été pour les élèves en difficulté, etc.
7 minutes pour apprendre à lire : 7 questions à Bruno Suchaut
L'affirmation, dans un article publié le 20 mars dans le Café, que les élèves français ne disposaient que de 7 minutes par jour de classe pour apprendre à lire a fait bondir plus d'un lecteur. Bruno Suchaut accepte de se plier à des questions directes appelant les réponses directes qui turent les conclusions de son étude scientifique. " Je ne vois pas bien ce que la réforme (des rythmes) apporte réellement pour réduire les inégalités de compétences à l’école primaire... Rien n’indique pour l’instant que le dispositif « plus de maîtres que de classes » parviendra à augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles sur les compétences essentielles". Il appelle à d'autres choix pour lutter contre les inégalités scolaires.
Vous affirmez que les élèves français ne disposent finalement que de 7 minutes par jour de classe pour apprendre à lire. Cela parait incroyable ! Comment arrivez-vous à ce résultat ?
Au-delà du caractère symbolique du chiffre 7, il correspond pourtant bien à une réalité dans notre article, à savoir environ 2% du temps scolaire effectif ! Mais il faut bien voir que l’on parle ici du temps d’engagement de l’élève sur la tâche, c'est-à-dire du temps où l’élève est sollicité directement et individuellement par l’enseignant sur une activité précise, en l’occurrence l’apprentissage du code alphabétique. En outre, on parle bien principalement des élèves les plus fragiles sur le plan des acquisitions en début de CP. En fait, le temps disponible à l’école primaire pour l’enseignement des matières fondamentales a fortement diminué ces dernières décennies pour diverses raisons, dont l’introduction de nouvelles disciplines (numérique, langues vivantes, éducation à la santé, éducation au développement durable, etc.) et la multiplication des interventions extérieures au sein de l’école. Si la majorité des élèves dispose de suffisamment de temps, les élèves faibles ne peuvent combler leurs besoins dans ce domaine et, au final, le temps vraiment fécond pour les apprentissages est extrêmement réduit.
(...)
Aurait-on fait fausse route dans la réforme des rythmes scolaires ?
Tout dépend de la destination finale… Si c’est la réduction des inégalités de compétences entre élèves qui est visée, la route choisie n’est sans doute pas la plus directe et paraît bien longue et sinueuse. Avec cette réforme, l’accent a été mis essentiellement sur la seule question des rythmes scolaires et les changements apportés sont par ailleurs assez minimes puisque la répartition annuelle n’est pas remise en question. A part les activités pédagogiques complémentaires quidégagent un certain volume de temps où l’aide individuelle aux élèves en difficulté est possible, je ne vois pas bien ce que la réforme apporte réellement pour réduire ces inégalités de compétences à l’école primaire. La littérature, basée sur des recherches empiriques, insiste beaucoup sur la dimension qualitative du temps d’enseignement et l’usage qui en est réellement fait par les élèves. La réforme des rythmes scolaires aurait pourtant pu être envisagée comme un levier pour améliorer la dimension qualitative du temps d’enseignement. Je ne pense pas que cela soit le cas pour le moment.
(...)
Est ce possible pour le système éducatif de faire cela dans ses contraintes budgétaires actuelles ?
Par nature, un Ministère est forcément sous contrainte budgétaire et l’Éducation nationale n’échappe pas à cela, même si ce Ministère a été particulièrement bien traité depuis le changement de gouvernement. En revanche, à l’intérieur de ces contraintes, des choix sont nécessairement réalisés qui donnent lieu à des visions politiques différentes et à des résultats également différents. L’arbitrage des moyens est sans doute difficile à réaliser mais la recherche internationale en éducation fournit des pistes pertinentes pour l’action politique qui devraient être suivies. Par exemple, rien n’indique pour l’instant que le dispositif « plus de maîtres que de classes » parviendra à augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles sur les compétences essentielles. Plus largement, et pour illustrer le panorama des choix politiques, la réforme des rythmes scolaires coûtera au moins un milliard d’euros à l’État. On peut facilement imaginer ce qu’il serait possible de faire avec ce financement : dédoublement des classes de CP dans les zones défavorisées, généralisation de l’enseignement en petits groupes, augmentations salariales pour les enseignants, stages d’été pour les élèves en difficulté, etc.
- AmaliahEmpereur
Dans l'école RRS juste à côté de mon collège, véritable ghetto, a été mis en place le dispositif "plus de maîtres que de classes". Rien de plus facile en fait, ils ont supprimé une classe, rendant ainsi disponible un maître qui peut prendre en charge un petit groupe d'élèves tandis que les classes sont surchargées !
- coindeparadisGuide spirituel
Encore une exemple de grande hypocrisie !
_________________
Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- RoninMonarque
Le snuipp l'a voulu, le snuipp l'a eu.
_________________
- atriumNeoprof expérimenté
Ronin a écrit:Le snuipp l'a voulu, le snuipp l'a eu.
Comme la réforme des rythmes "pour la réussite éducative". Suchaut n'a pas l'air convaincu non plus.
- Collège qui n'évalue que par compétences
- ...et si on n'évalue pas par compétences, il nous arrive quoi ?
- Peut-on mettre des notes dans un établissement où on évalue par compétences ?
- Le Monde du 16 décembre : Ne le dites surtout pas, mais à Aix, on évalue déjà les profs
- JM Blanquer « L'ensemble de notre système doit être mieux évalué »
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum