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- Milady de WinterNiveau 5
Et histoire d'apaiser les esprits…
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-abcd-et-b-a-ba-l-egalite-ne-se-decrete-pas-mme-vallaud-belkacem-03-02-2014-1787343_1886.php
"J'ai hésité avant d'apporter ma contribution à la polémique artificielle lancée par Farida Belghoul et relayée par tout ce que la France compte d'ignorants, d'obscurantistes et de polémistes intéressés. Comme le signalait tout récemment Le Point, on n'enseigne dans les écoles ni la masturbation, ni l'homosexualité, ni cette fumeuse théorie du genre inventée il y a quelques années par des extrémistes imbéciles sur quelques campus américains, pour avoir mal lu Simone de Beauvoir. Des universitaires ont pris les devants pour nier ces dérives imaginaires.
Cependant, la rumeur enfle, portée par les médias, qui, comme dans l'affaire Dieudonné, cherchent du sensationnel là où il n'y avait à l'origine que des spéculations sans fondement limitées à leurs proférateurs. Comme disait le regretté Reiser, nous vivons une époque formidable, et la société du spectacle parvient, d'une semaine sur l'autre, à nous faire oublier le chômage qui grimpe et le pouvoir d'achat qui chute avec les fantaisies d'un humoriste, la goujaterie d'un conducteur de Vespa, et aujourd'hui l'angoisse de parents turcs ou maghrébins mal informés.
Il serait pourtant un peu court de rejeter sur le dur désir de délire un phénomène qui prend feu avec cette rapidité. Il y a chaque jour sur la Toile des milliers de rumeurs qui ne "prennent" pas : pourquoi celle-là a-t-elle couru si vite ?
Charabia et moraline
Partons des faits : peu avant les élections présidentielles, en 2011, Najat Vallaud-Belkacem a installé elle-même les bases de la future rumeur, sans être bien prise au sérieux à l'époque - on ignorait encore qu'elle serait la voix du gouvernement et l'arbitre des droits des femmes, qui en général ne lui demandaient rien : "La théorie du genre, qui explique l'identité sexuelle des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie, a pour vertu d'aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l'homosexualité, et de faire oeuvre de pédagogie sur ces sujets."
En dehors du fait que c'est un charabia inaudible pour quiconque n'est pas sociologue de gauche (pléonasme ?), il s'agissait alors de contrer un quarteron de députés qui pensaient de leur devoir de légiférer sur le contenu des manuels scolaires. Prétention délicate : si chaque élu avait un pouvoir d'intervention sur ce qui s'enseigne en classe en fonction des desiderata de son électorat, chacun supprimant ce qui choque tel ou tel, on en arriverait vite à censurer les axiomes d'Euclide. C'est ainsi que, pour complaire aux élus républicains, une majorité d'enseignants américains n'enseigne pas les théories de Darwin. God bless America.
La future ministre aurait-elle pu être moins maladroite ? À l'aune de ses performances ultérieures, qui n'en douterait ?
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas sur sa politique économique que le gouvernement se fait houspiller : c'est sur les questions "sociétales", comme on dit quand on a décidé de ne pas parler français. Sur le mariage gay, la PMA, la prostitution interdite et toute cette épidémie de "moraline", comme disait Nietzsche, qui s'abat sur l'Hexagone hollandiste. La France des bobos parisiano-parisiens impose son idéologie molle, qui produit, par contrecoup, des réactions dures tout aussi peu pensées.
Privilégier l'instruction sur l'éducation
Ce qu'il faut voir, derrière cette polémique stérile mais qui fait des enfants, ce sont les forces actives.
Que quelques enseignants (sur 850 000) aient pu, un jour, avoir une réflexion un peu provocatrice au détour d'un cours, j'en conviens ; que des cohortes d'éducateurs aient emmené leurs classes voir Tomboy, c'est également vrai - mais ça ne témoigne de rien d'autre que de cette idéologie de la "sortie scolaire", nirvana de la pédagogie moderne, que je dénonçais déjà dans La fabrique du crétin . Que le ministère ait cru bon d'inscrire ce film gentillet dans son dispositif "école et cinéma" n'a fait que relancer une polémique dont nous voyons aujourd'hui l'extension. Non : les raisons des rumeurs actuelles sont bien plus profondes. Elles sont, à proprement parler, pédagogiques.
J'ai appris récemment, par un article d'un survivant du défunt Monde de l'éducation, que j'étais partiellement responsable des dérives extrémistes actuelles : prêcher le retour d'un enseignement cohérent, privilégier l'instruction sur l'éducation (qui est, répétons-le, du strict ressort des familles, comme l'avait signalé Condorcet il y a plus de deux siècles), bref, vouloir le retour de la République à l'école, voilà, paraît-il, le terreau sur lequel prospèrent les affirmations les plus folles. Très honoré. Amalgamez, il en restera toujours quelque chose.
Alors, puisque je suis perdu de réputation dans le clan de ceux qui ont tant contribué à faire de l'école ce qu'elle est aujourd'hui, autant expliquer les choses posément.
Éliminer les on-dit familiaux
On n'apprend pas la citoyenneté en la prêchant - pas plus que l'on n'apprend l'égalité des sexes sous la contrainte, ou en l'inscrivant dans les programmes, comme le font les ABCD de l'égalité prêchés par le ministère. On apprend qu'une femme vaut bien un homme, et souvent mieux, en lisant les oeuvres de Marguerite de Navarre ou de Louise Labé, de Mme de Staël ou de Simone de Beauvoir (qui n'a pas eu besoin de cours citoyens sur l'égalité des sexes pour réussir l'agrégation de philosophie à 21 ans) et en sachant ce qu'a réalisé Marie Curie. Plutôt que des ABCD, on ferait mieux de commencer par le b.a.-ba. On manipule déjà moins bien des gens qui savent lire - vraiment lire.
L'égalité ne se décrète pas, elle ne s'enseigne pas in abstracto en dehors des exemples qui la prônent. On sait que l'enseignement de la Shoah, parce qu'il ne s'inscrit pas dans une vraie continuité historique, finit par générer le contraire de ce que l'on croyait pouvoir raisonnablement en attendre. Un génocide rabâché attise les haines plus qu'il ne promeut l'anti-racisme. Sans parler de tous ces génocides plus ou moins ignorés des programmes dont se nourrit le communautarisme moderne, attisé par l'idée toute pédagogiste qu'il faut désormais "respecter" chaque particularisme, et que chaque opinion a la même valeur. Les petits Turcs installés en France ont le droit de savoir ce que leurs arrière-grands-parents ont fait aux Arméniens en 1915-1916. Et leur "parole", émanation directe des "on-dit" familiaux, n'a aucune valeur ! Obtenir le silence, en classe, au lieu de cette rumeur qui sert de bruit de fond à trop de cours, c'est l'obtenir deux fois : dans l'espace-classe et dans les esprits. Si l'instruction a un objet central, c'est l'élimination des clichés, quand bien même c'est en famille qu'ils seraient nés, et la transmission des vrais savoirs.
Le Café pédagogique, cette émanation directe du pédagogisme qui a si bien démantelé l'école de la République, et qui bénéficie de toute l'attention et des crédits généreux du ministre, en conclut que les enseignants discriminent les enfants d'origine étrangère. Alors que l'enseignement que ces idéologues ont mis en place perpétue, de toute évidence, la misère culturelle de tous les enfants arrivés sans bagages. Alors que le "respect" des particularismes et des fanatismes, l'abandon de toute discipline stricte au profit d'une "compréhension" délétère, produit la violence que l'on croyait éradiquer avec de la "compréhension" : c'est si vrai que le lycée de Firminy, dans la Loire, a fini par réagir aux "incivilités" des sauvageons - et que lesdits sauvageons sont carrément devenus sauvages, assurés qu'ils sont de l'impunité.
Le retour du Y'a bon Banania
Ce n'est pas en passant la main dans le dos des barbares qu'on les civilise : c'est en leur enseignant la civilisation, et en pratiquant la tolérance zéro envers ceux qui refusent l'école. Gaston Kelman, en son temps, s'indignait de ces institutrices tout juste issues de l'IUFM voisin, qui reléguaient ses enfants, parce qu'ils étaient métis, dans la case "Africain", "tam-tam" et "palabres". À grands coups de bons sentiments, qui ont remplacé les coups de fouet du Code noir.
Le racisme consiste à voir l'autre a priori comme différent, à l'encourager à s'enfoncer lui-même dans cette différence. À ce titre, le pédagogisme béat qui sévit aujourd'hui dans l'école, c'est le retour hypocrite du "Y'a bon Banania". On en voit les effets tous les jours, et la croyance idiote à la dénaturation des sexes à l'école n'en est qu'une preuve de plus. À force de donner la parole à ceux qui n'ont rien à dire, à force de ménager chaque lobby qui se croit autorisé à proférer des énormités, on finit par entendre des slogans que l'on croyait enterrés, la coalition de tous les fondamentalismes bat le pavé et on ressort les vieilles lunes racistes. Carton plein.
Ce n'est pas en martelant des slogans creux dans les Zep que nous parviendrons à intégrer les enfants perdus de la République française. Et pourtant nous avons besoin d'eux, comme nous avons besoin de tous, et nous enseignons pour eux comme nous enseignons pour tous : c'est en faisant du français, des maths, de l'histoire (de France !) et de la géographie, des sciences et des langues étrangères. Pas en s'auto-flagellant. L'idéologie du repentir alimente les haines. Un élève est un élève, il n'est pas maghrébin ou africain avant d'être élève. Et il n'a pas plus d'excuses que le petit Normand ou le petit Alsacien. D'ailleurs, il peut être africain et alsacien à la fois. Mais, pour un prof compétent, il n'est ni l'un ni l'autre : il est un élève.
Qui sont les vrais réactionnaires ?
Lui trouver des excuses, l'encourager à cultiver ses pseudo-racines, alors même qu'il est né à La Courneuve ou à Marseille 13e, "comprendre" qu'il bafoue le drapeau français, pratiquer la permissivité à grande échelle et le noter différemment sous prétexte de ses origines, voilà le vrai racisme. Et c'est ce que les gourous de l'école moderne prêchent sans discontinuer. La pédagogie vraie est un humanisme, le pédagogisme est un totalitarisme. À force de "compréhension" et de pédagogie molle, nous glissons tout doucement vers le fascisme.
Alors, qui sont les vrais réactionnaires ? Je veux le retour de la République à l'école - pas son délitement dans je ne sais quelle démocratie qui donnerait le droit de dire des bêtises à n'importe quel illuminé. C'est à l'École de dispenser les Lumières - sinon la nuit va se faire très vite."
JP Brighelli
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-abcd-et-b-a-ba-l-egalite-ne-se-decrete-pas-mme-vallaud-belkacem-03-02-2014-1787343_1886.php
"J'ai hésité avant d'apporter ma contribution à la polémique artificielle lancée par Farida Belghoul et relayée par tout ce que la France compte d'ignorants, d'obscurantistes et de polémistes intéressés. Comme le signalait tout récemment Le Point, on n'enseigne dans les écoles ni la masturbation, ni l'homosexualité, ni cette fumeuse théorie du genre inventée il y a quelques années par des extrémistes imbéciles sur quelques campus américains, pour avoir mal lu Simone de Beauvoir. Des universitaires ont pris les devants pour nier ces dérives imaginaires.
Cependant, la rumeur enfle, portée par les médias, qui, comme dans l'affaire Dieudonné, cherchent du sensationnel là où il n'y avait à l'origine que des spéculations sans fondement limitées à leurs proférateurs. Comme disait le regretté Reiser, nous vivons une époque formidable, et la société du spectacle parvient, d'une semaine sur l'autre, à nous faire oublier le chômage qui grimpe et le pouvoir d'achat qui chute avec les fantaisies d'un humoriste, la goujaterie d'un conducteur de Vespa, et aujourd'hui l'angoisse de parents turcs ou maghrébins mal informés.
Il serait pourtant un peu court de rejeter sur le dur désir de délire un phénomène qui prend feu avec cette rapidité. Il y a chaque jour sur la Toile des milliers de rumeurs qui ne "prennent" pas : pourquoi celle-là a-t-elle couru si vite ?
Charabia et moraline
Partons des faits : peu avant les élections présidentielles, en 2011, Najat Vallaud-Belkacem a installé elle-même les bases de la future rumeur, sans être bien prise au sérieux à l'époque - on ignorait encore qu'elle serait la voix du gouvernement et l'arbitre des droits des femmes, qui en général ne lui demandaient rien : "La théorie du genre, qui explique l'identité sexuelle des individus autant par le contexte socioculturel que par la biologie, a pour vertu d'aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l'homosexualité, et de faire oeuvre de pédagogie sur ces sujets."
En dehors du fait que c'est un charabia inaudible pour quiconque n'est pas sociologue de gauche (pléonasme ?), il s'agissait alors de contrer un quarteron de députés qui pensaient de leur devoir de légiférer sur le contenu des manuels scolaires. Prétention délicate : si chaque élu avait un pouvoir d'intervention sur ce qui s'enseigne en classe en fonction des desiderata de son électorat, chacun supprimant ce qui choque tel ou tel, on en arriverait vite à censurer les axiomes d'Euclide. C'est ainsi que, pour complaire aux élus républicains, une majorité d'enseignants américains n'enseigne pas les théories de Darwin. God bless America.
La future ministre aurait-elle pu être moins maladroite ? À l'aune de ses performances ultérieures, qui n'en douterait ?
Quoi qu'il en soit, ce n'est pas sur sa politique économique que le gouvernement se fait houspiller : c'est sur les questions "sociétales", comme on dit quand on a décidé de ne pas parler français. Sur le mariage gay, la PMA, la prostitution interdite et toute cette épidémie de "moraline", comme disait Nietzsche, qui s'abat sur l'Hexagone hollandiste. La France des bobos parisiano-parisiens impose son idéologie molle, qui produit, par contrecoup, des réactions dures tout aussi peu pensées.
Privilégier l'instruction sur l'éducation
Ce qu'il faut voir, derrière cette polémique stérile mais qui fait des enfants, ce sont les forces actives.
Que quelques enseignants (sur 850 000) aient pu, un jour, avoir une réflexion un peu provocatrice au détour d'un cours, j'en conviens ; que des cohortes d'éducateurs aient emmené leurs classes voir Tomboy, c'est également vrai - mais ça ne témoigne de rien d'autre que de cette idéologie de la "sortie scolaire", nirvana de la pédagogie moderne, que je dénonçais déjà dans La fabrique du crétin . Que le ministère ait cru bon d'inscrire ce film gentillet dans son dispositif "école et cinéma" n'a fait que relancer une polémique dont nous voyons aujourd'hui l'extension. Non : les raisons des rumeurs actuelles sont bien plus profondes. Elles sont, à proprement parler, pédagogiques.
J'ai appris récemment, par un article d'un survivant du défunt Monde de l'éducation, que j'étais partiellement responsable des dérives extrémistes actuelles : prêcher le retour d'un enseignement cohérent, privilégier l'instruction sur l'éducation (qui est, répétons-le, du strict ressort des familles, comme l'avait signalé Condorcet il y a plus de deux siècles), bref, vouloir le retour de la République à l'école, voilà, paraît-il, le terreau sur lequel prospèrent les affirmations les plus folles. Très honoré. Amalgamez, il en restera toujours quelque chose.
Alors, puisque je suis perdu de réputation dans le clan de ceux qui ont tant contribué à faire de l'école ce qu'elle est aujourd'hui, autant expliquer les choses posément.
Éliminer les on-dit familiaux
On n'apprend pas la citoyenneté en la prêchant - pas plus que l'on n'apprend l'égalité des sexes sous la contrainte, ou en l'inscrivant dans les programmes, comme le font les ABCD de l'égalité prêchés par le ministère. On apprend qu'une femme vaut bien un homme, et souvent mieux, en lisant les oeuvres de Marguerite de Navarre ou de Louise Labé, de Mme de Staël ou de Simone de Beauvoir (qui n'a pas eu besoin de cours citoyens sur l'égalité des sexes pour réussir l'agrégation de philosophie à 21 ans) et en sachant ce qu'a réalisé Marie Curie. Plutôt que des ABCD, on ferait mieux de commencer par le b.a.-ba. On manipule déjà moins bien des gens qui savent lire - vraiment lire.
L'égalité ne se décrète pas, elle ne s'enseigne pas in abstracto en dehors des exemples qui la prônent. On sait que l'enseignement de la Shoah, parce qu'il ne s'inscrit pas dans une vraie continuité historique, finit par générer le contraire de ce que l'on croyait pouvoir raisonnablement en attendre. Un génocide rabâché attise les haines plus qu'il ne promeut l'anti-racisme. Sans parler de tous ces génocides plus ou moins ignorés des programmes dont se nourrit le communautarisme moderne, attisé par l'idée toute pédagogiste qu'il faut désormais "respecter" chaque particularisme, et que chaque opinion a la même valeur. Les petits Turcs installés en France ont le droit de savoir ce que leurs arrière-grands-parents ont fait aux Arméniens en 1915-1916. Et leur "parole", émanation directe des "on-dit" familiaux, n'a aucune valeur ! Obtenir le silence, en classe, au lieu de cette rumeur qui sert de bruit de fond à trop de cours, c'est l'obtenir deux fois : dans l'espace-classe et dans les esprits. Si l'instruction a un objet central, c'est l'élimination des clichés, quand bien même c'est en famille qu'ils seraient nés, et la transmission des vrais savoirs.
Le Café pédagogique, cette émanation directe du pédagogisme qui a si bien démantelé l'école de la République, et qui bénéficie de toute l'attention et des crédits généreux du ministre, en conclut que les enseignants discriminent les enfants d'origine étrangère. Alors que l'enseignement que ces idéologues ont mis en place perpétue, de toute évidence, la misère culturelle de tous les enfants arrivés sans bagages. Alors que le "respect" des particularismes et des fanatismes, l'abandon de toute discipline stricte au profit d'une "compréhension" délétère, produit la violence que l'on croyait éradiquer avec de la "compréhension" : c'est si vrai que le lycée de Firminy, dans la Loire, a fini par réagir aux "incivilités" des sauvageons - et que lesdits sauvageons sont carrément devenus sauvages, assurés qu'ils sont de l'impunité.
Le retour du Y'a bon Banania
Ce n'est pas en passant la main dans le dos des barbares qu'on les civilise : c'est en leur enseignant la civilisation, et en pratiquant la tolérance zéro envers ceux qui refusent l'école. Gaston Kelman, en son temps, s'indignait de ces institutrices tout juste issues de l'IUFM voisin, qui reléguaient ses enfants, parce qu'ils étaient métis, dans la case "Africain", "tam-tam" et "palabres". À grands coups de bons sentiments, qui ont remplacé les coups de fouet du Code noir.
Le racisme consiste à voir l'autre a priori comme différent, à l'encourager à s'enfoncer lui-même dans cette différence. À ce titre, le pédagogisme béat qui sévit aujourd'hui dans l'école, c'est le retour hypocrite du "Y'a bon Banania". On en voit les effets tous les jours, et la croyance idiote à la dénaturation des sexes à l'école n'en est qu'une preuve de plus. À force de donner la parole à ceux qui n'ont rien à dire, à force de ménager chaque lobby qui se croit autorisé à proférer des énormités, on finit par entendre des slogans que l'on croyait enterrés, la coalition de tous les fondamentalismes bat le pavé et on ressort les vieilles lunes racistes. Carton plein.
Ce n'est pas en martelant des slogans creux dans les Zep que nous parviendrons à intégrer les enfants perdus de la République française. Et pourtant nous avons besoin d'eux, comme nous avons besoin de tous, et nous enseignons pour eux comme nous enseignons pour tous : c'est en faisant du français, des maths, de l'histoire (de France !) et de la géographie, des sciences et des langues étrangères. Pas en s'auto-flagellant. L'idéologie du repentir alimente les haines. Un élève est un élève, il n'est pas maghrébin ou africain avant d'être élève. Et il n'a pas plus d'excuses que le petit Normand ou le petit Alsacien. D'ailleurs, il peut être africain et alsacien à la fois. Mais, pour un prof compétent, il n'est ni l'un ni l'autre : il est un élève.
Qui sont les vrais réactionnaires ?
Lui trouver des excuses, l'encourager à cultiver ses pseudo-racines, alors même qu'il est né à La Courneuve ou à Marseille 13e, "comprendre" qu'il bafoue le drapeau français, pratiquer la permissivité à grande échelle et le noter différemment sous prétexte de ses origines, voilà le vrai racisme. Et c'est ce que les gourous de l'école moderne prêchent sans discontinuer. La pédagogie vraie est un humanisme, le pédagogisme est un totalitarisme. À force de "compréhension" et de pédagogie molle, nous glissons tout doucement vers le fascisme.
Alors, qui sont les vrais réactionnaires ? Je veux le retour de la République à l'école - pas son délitement dans je ne sais quelle démocratie qui donnerait le droit de dire des bêtises à n'importe quel illuminé. C'est à l'École de dispenser les Lumières - sinon la nuit va se faire très vite."
JP Brighelli
- IgniatiusGuide spirituel
Bravo. Je suis d'accord avec tout, cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps.
Il faudra que Brighelli discute de tout cela avec son pote Zemmour, qui délire de plus en plus.
Il faudra que Brighelli discute de tout cela avec son pote Zemmour, qui délire de plus en plus.
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"Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion."
St Augustin
"God only knows what I'd be without you"
Brian Wilson
- Reine MargotDemi-dieu
Pareil. Et idem pour les rythmes et autres bêtises, quand est-ce qu'on refait cours à l'école?
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- retraitéeDoyen
Bravo.
- RoninMonarque
Entièrement d'accord. Malheureusement ce sont ces gens là qui tiennent toujours tous les postes à pouvoir...
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- ddavNiveau 4
BOnjour,
on ne peut qu'être d'accord avec JPB mais sur le sujet des ABCD on voit bien que non seulement le pédagisme mou n'est pas éradiqué mais qu'en plus la politique fait son entrée en force dans les classes, avant de le faire dans les esprits.
J'ai plutot l'impression que nous sommes passé à la vitesse supérieure, au dela de tout avis sur le fond sur ces ABCD.
Si cette mesure est réellement mise en oeuvre (et non comme les cours "d'éducation sexuelle" qui faisaient tant hurler dans les années 70 ) alors que restera il de la liberté pédagogique ? Que font les syndicats pour défendre cet acquis fondamental .. ?
on ne peut qu'être d'accord avec JPB mais sur le sujet des ABCD on voit bien que non seulement le pédagisme mou n'est pas éradiqué mais qu'en plus la politique fait son entrée en force dans les classes, avant de le faire dans les esprits.
J'ai plutot l'impression que nous sommes passé à la vitesse supérieure, au dela de tout avis sur le fond sur ces ABCD.
Si cette mesure est réellement mise en oeuvre (et non comme les cours "d'éducation sexuelle" qui faisaient tant hurler dans les années 70 ) alors que restera il de la liberté pédagogique ? Que font les syndicats pour défendre cet acquis fondamental .. ?
- JEMSGrand Maître
Bonjour, il est d'usage de se présenter avant de poster.
Voir la rubrique le forum et ses membres.
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- ddavNiveau 4
ah, c'est vrai, je n'avais pas vu la rubrique qui est tout en bas
- ArediusNiveau 9
http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-n-106-mar-2014/
Olala....
P.S.
On ne trouve l'expression "théorie du genre" que j'ai les opposants à la dite "théorie du genre". Mais on trouve "théorie de l'identité" et "théorie féministe". Mais est-ce si important que ça de discuter sur les expressions "théorie du genre" vs "études de genre" ??
Olala....
P.S.
On ne trouve l'expression "théorie du genre" que j'ai les opposants à la dite "théorie du genre". Mais on trouve "théorie de l'identité" et "théorie féministe". Mais est-ce si important que ça de discuter sur les expressions "théorie du genre" vs "études de genre" ??
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Aredius, Nantes,http://lefenetrou.blogspot.com
"Homo sum et nihil humani a me alienum puto" (Terence)
"Quis custodiet ipsos custodes? " (Juvenal)
- Pedro CordobaNiveau 7
Aredius a écrit:http://mo.michelonfray.fr/chroniques/la-chronique-mensuelle-de-michel-onfray-n-106-mar-2014/
Olala....
P.S.
On ne trouve l'expression "théorie du genre" que j'ai les opposants à la dite "théorie du genre". Mais on trouve "théorie de l'identité" et "théorie féministe". Mais est-ce si important que ça de discuter sur les expressions "théorie du genre" vs "études de genre" ??
On trouve un peu partout "théorie du genre", en particulier chez les théoriciens du genre bien sûr, dont la plus connue est Judith Butler (cherchez son nom su Google et vous verrez apparaître des milliers de références). La distinction "théorie du genre" vs "études de genre" est importante parce que les universitaires qui ont fait leur trou dans le fromage des « études de genre » entendent se désolidariser aujourd’hui de la « théorie du genre » qui leur a cependant permis de se faire une place au soleil. Il n’y aurait pas d’études de genre s’il n’y avait pas eu d’abord une théorie du genre. Bien sûr. Où auraient-ils trouvé le concept de « genre » s’il n’avait été construit dans les années 1970-1980 par les féministes américaines ? Les concepts ne poussent pas sous les cailloux au bord des routes. Et le concept de genre a été élaboré par les « théoriciens du genre ». Mais comme la théorie du genre est devenue sulfureuse dans le contexte actuel, les studieux du genre la renient parce qu’ils ont peur de perdre leurs sources de financement. Je suis intervenu à ce propos dans un fil qui est resté en rade. C’est pourquoi je redonne l’adresse de mon blog où j’explique les tenants et aboutissants de la théorie du genre.
http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2014/02/19/trouble-dans-le-genre-la-quenelle-leau-benite-et-le-loukoum-1/
Rectification : je COMMENCE à expliquer parce que tout ça est terriblement complexe et enchevêtré. Dans un prochain billet j’aborderai la dichotomie sexe /genre sur laquelle reposent TOUTES les études de genre et que la « théorie du genre » a justement abandonnée depuis plus de 20 ans. Car c’est aussi ça qui joue et pas seulement le fric et le pouvoir universitaire dont disposent aujourd’hui les « études de genre ». Les studieux du genre ont tellement aseptisé la notion de « genre » pour donner une image respectable et bourgeoise de leurs « études » qu’ils refusent de prendre en compte les avancées de la « théorie » parce qu’elles remettraient en cause la légitimité de leurs pseudo-recherches.
- User17706Bon génie
@PedroCordoba: le fil n'est resté en rade que parce que vous laissiez attendre une suite à votre dernier post.
@Aredius: bon, Michel Onfray n'est, comme d'habitude, pas très sérieux. À mon sens, pour la question que vous vous posez (cette querelle de mots est-elle importante?), la réponse est standard: la question terminologique n'a d'importance que dans la mesure où elle est utilisée pour soutenir des thèses, ou au contraire pour passer sous silence des questions de choses. Le sens de l'expression «théorie du genre» qui est refusé comme dirimant par les sciences sociales (en général) est le sens où le terme de théorie, c'est presque un anglicisme (cf. “that's just a theory”), est pris comme impliquant postulation d'une entité inobservable résultant d'une construction théorique contestable dans l'ensemble (et non quant à ses seuls contours, par exemple). On trouve ce sens en français, par exemple, dans l'expression «théorie de l'éther», c'est-à-dire «théorie qui postule l'existence de l'éther». En revanche, dans une expression telle que «théorie de l'évolution», il est absent: la «théorie de l'évolution» (des espèces, s'entend) ne postule pas l'évolution mais la prend comme un fait et en étudie les mécanismes.
Il est tout à fait exact que des constructions théoriques farfelues s'agitent dans ce champ; exact aussi qu'il y a des intérêts universitaires (au sens le moins glorieux de ce terme) qui sont en jeu. On est cependant, en évoquant cela, assez loin des programmes de l'école primaire, du collège et du lycée, à ce qu'il me semble du moins.
@Aredius: bon, Michel Onfray n'est, comme d'habitude, pas très sérieux. À mon sens, pour la question que vous vous posez (cette querelle de mots est-elle importante?), la réponse est standard: la question terminologique n'a d'importance que dans la mesure où elle est utilisée pour soutenir des thèses, ou au contraire pour passer sous silence des questions de choses. Le sens de l'expression «théorie du genre» qui est refusé comme dirimant par les sciences sociales (en général) est le sens où le terme de théorie, c'est presque un anglicisme (cf. “that's just a theory”), est pris comme impliquant postulation d'une entité inobservable résultant d'une construction théorique contestable dans l'ensemble (et non quant à ses seuls contours, par exemple). On trouve ce sens en français, par exemple, dans l'expression «théorie de l'éther», c'est-à-dire «théorie qui postule l'existence de l'éther». En revanche, dans une expression telle que «théorie de l'évolution», il est absent: la «théorie de l'évolution» (des espèces, s'entend) ne postule pas l'évolution mais la prend comme un fait et en étudie les mécanismes.
Il est tout à fait exact que des constructions théoriques farfelues s'agitent dans ce champ; exact aussi qu'il y a des intérêts universitaires (au sens le moins glorieux de ce terme) qui sont en jeu. On est cependant, en évoquant cela, assez loin des programmes de l'école primaire, du collège et du lycée, à ce qu'il me semble du moins.
- ArediusNiveau 9
En quoi M. Onfray n'est pas sérieux dans ce qu'il écrit. Est-ce faux ?
J'ai lu plusieurs fois répété sur ce forum que la "théorie du genre" n'existe pas. Alors je suis allé voir les textes "officiels", les discours auxquels ont fait référence actuellement. Et je n'ai pas trouvé "théorie du genre". Même une vidéo d'Alain de Benoist qui affiche des textes, ne montre jamais l'expression "théorie du genre".
Maintenant je sais que l'on doit dire selon Judith Butler "théories du genre" et non "théorie du genre". Et d'autres me disent que theory ne doit pas être traduit par "théorie" en français mais par "études". Ce terme théorie, à part en logique formelle - où les mots "theory" et "théorie" sont synonymes, me semble particulièrement flou. Mais je comprends bien que l'on ne va pas afficher sur le fronton des futurs départements de nos campus "Théorie du genre" !
Je viens de lire
http://cafaitgenre.org/2013/01/02/la-theorie-du-genre-nexiste-pas/
Quant au fromage que des universitaires tentent de se construire c'est clair. Mais ils vont être dépassés par les "porn-studies". La science est en marche !
J'ai lu plusieurs fois répété sur ce forum que la "théorie du genre" n'existe pas. Alors je suis allé voir les textes "officiels", les discours auxquels ont fait référence actuellement. Et je n'ai pas trouvé "théorie du genre". Même une vidéo d'Alain de Benoist qui affiche des textes, ne montre jamais l'expression "théorie du genre".
Maintenant je sais que l'on doit dire selon Judith Butler "théories du genre" et non "théorie du genre". Et d'autres me disent que theory ne doit pas être traduit par "théorie" en français mais par "études". Ce terme théorie, à part en logique formelle - où les mots "theory" et "théorie" sont synonymes, me semble particulièrement flou. Mais je comprends bien que l'on ne va pas afficher sur le fronton des futurs départements de nos campus "Théorie du genre" !
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Aredius, Nantes,http://lefenetrou.blogspot.com
"Homo sum et nihil humani a me alienum puto" (Terence)
"Quis custodiet ipsos custodes? " (Juvenal)
- User17706Bon génie
«Études de genre» est plutôt un décalque de gender studies.
Pour Onfray, je fais référence au «lien logique» entre son dernier alinéa et tout ce qui précède. Ou plutôt à l'absence de toute chose qui puisse faire penser, même de loin, à un lien logique.
Pour Onfray, je fais référence au «lien logique» entre son dernier alinéa et tout ce qui précède. Ou plutôt à l'absence de toute chose qui puisse faire penser, même de loin, à un lien logique.
- ArediusNiveau 9
Ah !
La logique !
C'est que je suis un vieux ! j'ai entendu pendant toutes mes études, des profs de philo, d'histoire, d'économie me dire scientifiquement que la DDR c'était définitif, que ...
Je suis devenu celtique comme la fosse.
Et en matière de logique, je me suis limité à la logique formelle appliquée à l'informatique.
La logique !
C'est que je suis un vieux ! j'ai entendu pendant toutes mes études, des profs de philo, d'histoire, d'économie me dire scientifiquement que la DDR c'était définitif, que ...
Je suis devenu celtique comme la fosse.
Et en matière de logique, je me suis limité à la logique formelle appliquée à l'informatique.
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Aredius, Nantes,http://lefenetrou.blogspot.com
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- Pedro CordobaNiveau 7
Cher (et néanmoins pauvre) Yorik,
Confiteor : c’est bien moi qui ai laissé tomber en rade l’autre fil sur le genre. Mais c’est que tout va très vite sur Néoprofs et que les sujets sont rapidement périmés, alors que la réflexion sur un problème aussi complexe exige du temps. Vos questions m’avaient amené à vouloir préciser le rapport sexe / genre et j’ai finalement décidé d’en faire un nouveau billet sur mon blog.
En attendant, je reviens sur le problème de la traduction de Theory par Théorie. Votre insistance me turlupine car je ne maîtrise pas du tout l’anglais comme le français et l’espagnol et je finis par me demander si ce n’est pas moi qui me goure. Cela fait 30 ans que j’entends parler de Gender Theory et je l’ai toujours implicitement traduit par Théorie du genre sans me poser la moindre question. C’est pourquoi j’ai été sidéré par le point de vue de A.C Husson dans le lien donné par aredius : http://cafaitgenre.org/2013/01/02/la-theorie-du-genre-nexiste-pas/
Je me demande finalement si ce n’est pas une question de génération. La mienne mettait le mot « théorie » à toutes les sauces et je n’avais donc pas éprouvé la moindre surprise en trouvant la même chose à Yale ou à Stanford, les deux universités que j’ai le plus fréquentées à l’époque. L’usage de ce mot s’est raréfié en France mais pas aux Etats-Unis de telle sorte que les plus jeunes se demandent comment il faut comprendre – et donc traduire – « theory ».
Les exemples que vous donnez ne me satisfont guère. Je ne vois pas pourquoi une expression comme « tout ça, c’est de la théorie » serait un anglicisme (comme dans “that's just a theory”). A un certain niveau les Français sont tout aussi empiristes que les anglo-saxons et le mot « théorie » peut être pris en mauvaise part ici comme aux Etats-Unis. Théorie = « paroles verbales » par opposition aux faits. Mais ceux qui parlent de « Gender Theory » n’emploient pas du tout ce mot en un sens péjoratif bien sûr ! Je ne vois vraiment pas de différence avec « théorie de la valeur », dont les marxistes font une grande découverte puisqu’elle débouche sur la « théorie de la plus-value » alors que les néo-classiques en rigolent et la mettent au même niveau que les « théories de l’éther » - au pluriel parce qu’il y en a plusieurs (en anglais : « aether theories », of course). Mais les théoriciens de l’éther, eux, y croyaient dur comme fer à l’éther. « Théorie de l’éther » était une expression positive jusqu’au moment où la science a démontré que l’éther n’existait pas. Il en va de même, à mon sens, pour la « théorie du genre ». Pour y croire il faut croire à l’existence du « genre », le « postuler », comme Tristana qui écrivait « le genre est une réalité ». Pour ma part je crois que la théorie du genre existe mais que c’est une théorie fausse, comme la théorie de l’éther pour la bonne raison que le genre n’existe pas plus que l’éther. Ce qui existe, c’est le sexe, ou plus exactement la sexuation, qui ne saurait se réduire à la biologie comme le prétendaient les premières « théoriciennes du genre ». Le sexe est à la fois anatomique, physiologique, hormonal, historique, social, culturel, psychique, affectif, etc. Si on réduit le sexe à la biologie on a évidemment besoin du concept de « genre » pour dire tout le reste. Mais la biologie toute seule ne peut pas définir l’être humain dans son humanité. Même pas dans son animalité car l’être humain est un animal culturel, un animal dont la nature est culturelle. L’évolution (station debout et, parallèlement, augmentation du volume de la boite crânienne) a provoqué la néoténie humaine, c'est-à-dire le fait que les petits d’homme naissent prématurés (faute de qui l’accouchement serait impossible). Il s’ensuit que la culture s’imprime dans les gènes eux-mêmes au niveau de l’individu (phénomène de l’épigenèse). La conclusion, c’est que la biologie elle-même indique son insuffisance en matière de définition du sexe et laisse une place considérable à tout ce qui relève de l’éducation (transmission de la culture).
Finalement je me demande si l’apparition de la notion de genre aux Etats-Unis n’est pas tout simplement due à la méfiance envers le sexe (il y a tout un pan puritain dans le féminisme américain comme on l’a bien vu lors de l’épisode des « Sex Wars »). Or le « genre » au sens grammatical en anglais, c’est pour 99,99% des mots, le neutre, c’est-à-dire le non-sexué. Bref, je propose la généalogie suivante pour l’expression « Gender Theory » : le premier mot vient du puritanisme anglo-saxon et le deuxième des excès « théoricistes » de la philosophie française des années 1960-1970. Il est significatif que les « studieux du genre » en France refusent aujourd’hui le mot « théorie » d’origine française et promeuvent le « genre », venu des Etats-Unis.
Dans son dernier livre, Marie Josèphe Bonnet, co-fondatrice des Gouines rouges, a une explication que je trouve intéressante. Elle pense que l’épidémie du Sida qui a anéanti la génération des gays 1970 (mais pas celle des lesbiennes of course) a laissé le pouvoir de représentation du mouvement gay à une génération plus jeune et plus soucieuse de s’intégrer dans l’establishment. Pour elle le « mariage gay » (il est significatif qu’on utilise massivement cet adjectif) marginalise les lesbiennes, surtout celles qui avaient justement lutté contre le « mariage bourgeois ». Il en va de même des « études de genre ». L’immense majorité des travaux réalisés dans ce cadre universitaire concerne les rapports sociaux entre hommes et femmes. Le modèle est très clairement « hétérosexuel ». Viennent ensuite quelques travaux sur l’homosexualité masculine. Et pratiquement rien sur les lesbiennes. C’est pour cela que la « théorie du genre », malgré son côté chaotique et à moitié fou, est quand même plus intéressante que les « études de genre ». Du moins a-t-elle gardé le côté subversif qui était initialement celui du MLF et du FHAR. Le « genre » n’existe pas. Mais il est beaucoup plus marrant dans la théorie que dans les études.
Confiteor : c’est bien moi qui ai laissé tomber en rade l’autre fil sur le genre. Mais c’est que tout va très vite sur Néoprofs et que les sujets sont rapidement périmés, alors que la réflexion sur un problème aussi complexe exige du temps. Vos questions m’avaient amené à vouloir préciser le rapport sexe / genre et j’ai finalement décidé d’en faire un nouveau billet sur mon blog.
En attendant, je reviens sur le problème de la traduction de Theory par Théorie. Votre insistance me turlupine car je ne maîtrise pas du tout l’anglais comme le français et l’espagnol et je finis par me demander si ce n’est pas moi qui me goure. Cela fait 30 ans que j’entends parler de Gender Theory et je l’ai toujours implicitement traduit par Théorie du genre sans me poser la moindre question. C’est pourquoi j’ai été sidéré par le point de vue de A.C Husson dans le lien donné par aredius : http://cafaitgenre.org/2013/01/02/la-theorie-du-genre-nexiste-pas/
Je me demande finalement si ce n’est pas une question de génération. La mienne mettait le mot « théorie » à toutes les sauces et je n’avais donc pas éprouvé la moindre surprise en trouvant la même chose à Yale ou à Stanford, les deux universités que j’ai le plus fréquentées à l’époque. L’usage de ce mot s’est raréfié en France mais pas aux Etats-Unis de telle sorte que les plus jeunes se demandent comment il faut comprendre – et donc traduire – « theory ».
Les exemples que vous donnez ne me satisfont guère. Je ne vois pas pourquoi une expression comme « tout ça, c’est de la théorie » serait un anglicisme (comme dans “that's just a theory”). A un certain niveau les Français sont tout aussi empiristes que les anglo-saxons et le mot « théorie » peut être pris en mauvaise part ici comme aux Etats-Unis. Théorie = « paroles verbales » par opposition aux faits. Mais ceux qui parlent de « Gender Theory » n’emploient pas du tout ce mot en un sens péjoratif bien sûr ! Je ne vois vraiment pas de différence avec « théorie de la valeur », dont les marxistes font une grande découverte puisqu’elle débouche sur la « théorie de la plus-value » alors que les néo-classiques en rigolent et la mettent au même niveau que les « théories de l’éther » - au pluriel parce qu’il y en a plusieurs (en anglais : « aether theories », of course). Mais les théoriciens de l’éther, eux, y croyaient dur comme fer à l’éther. « Théorie de l’éther » était une expression positive jusqu’au moment où la science a démontré que l’éther n’existait pas. Il en va de même, à mon sens, pour la « théorie du genre ». Pour y croire il faut croire à l’existence du « genre », le « postuler », comme Tristana qui écrivait « le genre est une réalité ». Pour ma part je crois que la théorie du genre existe mais que c’est une théorie fausse, comme la théorie de l’éther pour la bonne raison que le genre n’existe pas plus que l’éther. Ce qui existe, c’est le sexe, ou plus exactement la sexuation, qui ne saurait se réduire à la biologie comme le prétendaient les premières « théoriciennes du genre ». Le sexe est à la fois anatomique, physiologique, hormonal, historique, social, culturel, psychique, affectif, etc. Si on réduit le sexe à la biologie on a évidemment besoin du concept de « genre » pour dire tout le reste. Mais la biologie toute seule ne peut pas définir l’être humain dans son humanité. Même pas dans son animalité car l’être humain est un animal culturel, un animal dont la nature est culturelle. L’évolution (station debout et, parallèlement, augmentation du volume de la boite crânienne) a provoqué la néoténie humaine, c'est-à-dire le fait que les petits d’homme naissent prématurés (faute de qui l’accouchement serait impossible). Il s’ensuit que la culture s’imprime dans les gènes eux-mêmes au niveau de l’individu (phénomène de l’épigenèse). La conclusion, c’est que la biologie elle-même indique son insuffisance en matière de définition du sexe et laisse une place considérable à tout ce qui relève de l’éducation (transmission de la culture).
Finalement je me demande si l’apparition de la notion de genre aux Etats-Unis n’est pas tout simplement due à la méfiance envers le sexe (il y a tout un pan puritain dans le féminisme américain comme on l’a bien vu lors de l’épisode des « Sex Wars »). Or le « genre » au sens grammatical en anglais, c’est pour 99,99% des mots, le neutre, c’est-à-dire le non-sexué. Bref, je propose la généalogie suivante pour l’expression « Gender Theory » : le premier mot vient du puritanisme anglo-saxon et le deuxième des excès « théoricistes » de la philosophie française des années 1960-1970. Il est significatif que les « studieux du genre » en France refusent aujourd’hui le mot « théorie » d’origine française et promeuvent le « genre », venu des Etats-Unis.
Dans son dernier livre, Marie Josèphe Bonnet, co-fondatrice des Gouines rouges, a une explication que je trouve intéressante. Elle pense que l’épidémie du Sida qui a anéanti la génération des gays 1970 (mais pas celle des lesbiennes of course) a laissé le pouvoir de représentation du mouvement gay à une génération plus jeune et plus soucieuse de s’intégrer dans l’establishment. Pour elle le « mariage gay » (il est significatif qu’on utilise massivement cet adjectif) marginalise les lesbiennes, surtout celles qui avaient justement lutté contre le « mariage bourgeois ». Il en va de même des « études de genre ». L’immense majorité des travaux réalisés dans ce cadre universitaire concerne les rapports sociaux entre hommes et femmes. Le modèle est très clairement « hétérosexuel ». Viennent ensuite quelques travaux sur l’homosexualité masculine. Et pratiquement rien sur les lesbiennes. C’est pour cela que la « théorie du genre », malgré son côté chaotique et à moitié fou, est quand même plus intéressante que les « études de genre ». Du moins a-t-elle gardé le côté subversif qui était initialement celui du MLF et du FHAR. Le « genre » n’existe pas. Mais il est beaucoup plus marrant dans la théorie que dans les études.
- TristanaVénérable
Aredius a écrit:En quoi M. Onfray n'est pas sérieux dans ce qu'il écrit. Est-ce faux ?
Ce qu'il écrit n'est peut-être pas faux, mais l'exemple qu'il utilise (et que d'autres "anti-genre" ont utilisé avant lui) est tout à fait absurde. Cet exemple prouve d'ailleurs l'exact contraire de ce que Michel Onfray tend à démontrer : que le genre et le sexe sont bien deux choses distinctes, et qu'il faut cesser de catégoriser les gens en fonction de leurs organes sexuels.
La vérité, c'est que l'expérience tragique dont parle Onfray est bien la preuve qu'on pose des comportements sociaux en fonction du sexe des individus : un enfant avec des organes sexuels pas suffisamment masculins ne peut qu'être une fille, et être élevé comme tel. Sauf que la réalité n'est pas aussi caricaturale que ça, et qu'on peut ne plus avoir un organe sexuel mâle fonctionnel et pour autant, se sentir homme, se penser homme.
Il n'est pas inutile d'aller lire cet article afin de comprendre que non, le Dr Money n'a jamais été le "gourou de la théorie du genre", comme il est faussement présenté par quelques activistes malhonnêtes : http://rue89.nouvelobs.com/rue69/2014/02/06/savant-fou-john-money-monstre-utile-opposants-genre-249701
Judith Butler elle-même a critiqué les méthodes et le parti pris de Money. Que Michel Onfray adhère aux fadaises semées ici ou là par des gens aussi nuisibles que Farida Belghoul, voilà qui est bien triste — et qui me conforte dans mon idée que non, cet homme n'est ni un philosophe, encore moins un libertaire.
- User17706Bon génie
Merci pour votre réponse détaillée, Pedro Cordoba, à laquelle je vais essayer moi-même de répondre dans la mesure où je le peux. Je ne suis pas un angliciste de formation non plus, tout au plus ai-je un peu l'usage de cette langue. Je ne suis pas forcément capable de spéculer sur le degré auquel le terme de theory évoque plus facilement un discours faux (ou «déconnecté du réel», comme on dirait plaisamment) que le terme français de «théorie». Il n'est pas impossible qu'il y ait une question de génération, je n'y avais pas pensé. J'ai tendance à être assez économe du terme de théorie. Cependant, lorsque vous écrivez:
... vous me semblez décrire très bien vous-même les conditions auxquelles un concept de «genre» acceptable et, disons, œcuménique, peut être formulé. (J'ai souligné le passage particulier qui me paraît revenir à ce que je suggérerais pour ma part.) Si vous voulez, le concept de genre, dont les limites certes sont floues et sujettes à discussion, c'est ce qui résulterait de la spécialisation biologique du terme «sexe». Je n'ai donc pas le sentiment qu'il y ait un désaccord réel, sur cette question-là en tout cas.
Pedro Cordoba a écrit: «Théorie de l’éther» était une expression positive jusqu’au moment où la science a démontré que l’éther n’existait pas. Il en va de même, à mon sens, pour la «théorie du genre». Pour y croire il faut croire à l’existence du «genre», le «postuler», comme Tristana qui écrivait «le genre est une réalité». Pour ma part je crois que la théorie du genre existe mais que c’est une théorie fausse, comme la théorie de l’éther pour la bonne raison que le genre n’existe pas plus que l’éther. Ce qui existe, c’est le sexe, ou plus exactement la sexuation, qui ne saurait se réduire à la biologie comme le prétendaient les premières «théoriciennes du genre». Le sexe est à la fois anatomique, physiologique, hormonal, historique, social, culturel, psychique, affectif, etc. Si on réduit le sexe à la biologie on a évidemment besoin du concept de «genre» pour dire tout le reste.
... vous me semblez décrire très bien vous-même les conditions auxquelles un concept de «genre» acceptable et, disons, œcuménique, peut être formulé. (J'ai souligné le passage particulier qui me paraît revenir à ce que je suggérerais pour ma part.) Si vous voulez, le concept de genre, dont les limites certes sont floues et sujettes à discussion, c'est ce qui résulterait de la spécialisation biologique du terme «sexe». Je n'ai donc pas le sentiment qu'il y ait un désaccord réel, sur cette question-là en tout cas.
- User17706Bon génie
Tristana a écrit:Que Michel Onfray adhère aux fadaises semées ici ou là par des gens aussi nuisibles que Farida Belghoul, voilà qui est bien triste — et qui me conforte dans mon idée que non, cet homme n'est ni un philosophe, encore moins un libertaire.
Je ne connais pas bien le bonhomme. Toutefois, il m'a semblé que, chez lui, il y a une constante absolue: rejeter à tout prix tout ce qui pourrait risquer de remettre en cause l'ordre établi. Il faut noter qu'il s'y sent visiblement comme un poisson dans l'eau, puisqu'il a réussi à se tailler une réputation de rebelle à coups de paroles, et que ça, ça paie un max, symboliquement du moins, et sans doute un peu matériellement aussi.
- User17706Bon génie
Sandra Laugier revient là-dessus (là-dessus, càd sur cet emploi du terme «théorie») dans Libé:
La suite ici: http://www.liberation.fr/debats/2014/02/28/la-theorie-selon-les-simpson_983631
Sandra Laugier a écrit:Un épisode culte (classé parmi les dix meilleurs) de la série animée les Simpson affronte très directement la question de ce que c’est qu’une théorie. Dans The Monkey Suit (le Vrai Descendant du singe en VF), on voit le voisin dévot des Simpson, Ned Flanders, outré par une exposition sur Darwin et l’évolution, faire pression, aidé du révérend Lovejoy, sur le principal Skinner pour obtenir l’enseignement du créationnisme dans les écoles de Springfield, puis l’interdiction de la théorie de l’évolution. La jeune Lisa Simpson, qui a déjà manifesté son scepticisme envers la religion (voir Lisa The Skeptic) se rebelle et fonde un club clandestin d’étude de De l’origine des espèces. Elle est arrêtée immédiatement et se retrouve en difficulté, lors de son procès, face à l’avocat du lobby créationniste, redoutablement efficace. Elle ne sera sauvée que par l’intervention de sa mère, Marge, qui a l’idée de refiler à Homer, durant l’audience, une canette de bière qu’il ne parvient pas à décapsuler, dans des gesticulations simiesques qui ôtent tout doute à l’assistance quant à la parenté du singe et de l’homme.
La suite ici: http://www.liberation.fr/debats/2014/02/28/la-theorie-selon-les-simpson_983631
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- Tribune pour la réforme du baccalauréat (Sgen-CFDT, Crap, UNEF, FCPE, SE-Unsa etc.)
- Lettre ouverte de terra nova, fcpe, sgen, se-unsa...
- Le socle commun, "promesse démocratique" : lettre ouverte Sgen-Unsa-FCPE à Vincent Peillon.
- Crap FCPE Cfdt Unsa : " Les ateliers de la Refondation de l’École ont mis en évidence une adhésion très majoritaire aux principes du socle commun".
- Le SGEN-CFDT rejoint l'APRIL
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