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- AevinHabitué du forum
Dans son livre "Misère et décadence des grandes écoles", Loriane Lafont, se déclare "atterrée" que l’on propose à des littéraires de s’intéresser à des carrières en entreprise. Et dresse un portrait glaçant de la khâgne du lycée Henri-IV.
Le génie français de la distillation fractionnée a encore frappé. Loriane Lafont, qui a récemment intégré Normale Sup, est extrêmement irritée car on a décidé, via un nouveau concours, de mélanger des littéraires avec des futurs managers. C’est-à-dire d’ouvrir les écoles de commerce à des élèves issus de la section Lettres. "Ils seront comme des poissons d’eau douce égarés dans une eau saumâtre" se désespère-t-elle, dans un livre*.
L’affaire débute avec une réforme mise en place voici cinq ans par Valérie Pécresse. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, constatant que moins de 5 % des élèves de Khâgne (classe de préparation aux concours des Ecoles normales supérieures) parvenaient à se caser dans des grandes écoles littéraires, proposa qu’ils puissent également postuler l’entrée dans les Sciences-Po et les grandes écoles de management.
Au-delà de cette réforme du concours d’Ulm, ce qui bouleverse Loriane Lafont, c’est qu’on ait créé une « BEL », qui veut dire « Banque d’épreuves littéraires », un concours permettant aux élèves de Khâgne de postuler les Instituts de sciences politiques et toute une série de grandes écoles de commerce. Précisons que 95,5 % des préparationnaires présentant les concours des Ecoles normales supérieures sont recalés. Il n’est pas indifférent de leur proposer des choix alternatifs à la reconversion à l’université.
Mais pour Loriane Lafont, "l’idée est que les littéraires doivent servir à quelque chose. Or les services qu’ils peuvent rendre ne sont pas d’ordre économique". Voici donc bien pourquoi il faut faire de la distillation fractionnée : les littéraires ne peuvent pas être utiles à l’économie. On frémit devant une telle vision, typique de la mentalité de pré carré qui découle des séparations disciplinaires du système français.
Mais ce qui énerve encore plus la Normalienne, c’est de constater que les élèves qui filent en écoles de commerce ne sont pas mauvais : "Non seulement les écoles de commerce se sont incrustées, mais encore ne recrutent-elles pas les moins bons ou les mauvais, bien au contraire." Et de traiter les écoles de commerce de parasites : "N’est-ce pas ce qui s’appellerait être un parasite, le fait de venir puiser dans le fleuve voisin pour irriguer ses propres terres (…). C’est corrompre l’intégrité de la khâgne que de la faire servir à intégrer des écoles avec lesquelles son enseignement n’a strictement rien à voir."
http://tempsreel.nouvelobs.com/livres-education/20131206.OBS8683/des-litteraires-en-entreprise-une-heresie.html
bonne lecture
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Automate - et fier de l'être
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- Ingeborg B.Esprit éclairé
Cette demoiselle devrait consulter, ses chevilles gonflent :shock: Elle devrait pendant son année sabbatique aller faire un tour au-delà du périph, cela lui ferait le plus grand bien.
- User17706Bon génie
C'est une interrogation très française pour plein de raisons, bon. L'une de ces raisons, c'est que le recrutement semble s'orienter beaucoup sur les classifications scolaires du type littéraire/scientifique (qui en soi ne veulent pas dire grand'chose et qui, si elles ont pu empiriquement prendre un peu de réalité dans les dernières décennies, sont en train de la perdre à grande vitesse). Au Japon, pour prendre un exemple, les études littéraires ne constituent pas un aussi grand obstacle au recrutement dans quantité de secteurs, me semble-t-il.
- barègesÉrudit
J'ai entendu dire que les normaliens passaient de moins en moins l'agrégation et se destinaient de moins en moins à l'enseignement. Je me demande si IEP et écoles de commerce ou de management ne vont pas connaître un franc succès -tel que, peut-être, l'ENS deviendrait moins sélective, puisque des candidats potentiels s'en détourneraient ?
- Ingeborg B.Esprit éclairé
C'est le cas aussi en Angleterre et en Allemagne.PauvreYorick a écrit:C'est une interrogation très française pour plein de raisons, bon. L'une de ces raisons, c'est que le recrutement semble s'orienter beaucoup sur les classifications scolaires du type littéraire/scientifique (qui en soi ne veulent pas dire grand'chose et qui, si elles ont pu empiriquement prendre un peu de réalité dans les dernières décennies, sont en train de la perdre à grande vitesse). Au Japon, pour prendre un exemple, les études littéraires ne constituent pas un aussi grand obstacle au recrutement dans quantité de secteurs, me semble-t-il.
- Presse-puréeGrand sage
ça fait longtemps qu'on sait que les filières littéraires peuvent mener à autre chose que l'enseignement ou la recherche en littérature. Je ne vois pas bien où est la surprise là-dedans.
Après, si on transforme les filières littéraires dans l'unique but de les faire coller à un futur de RH, ce qui semble être le rêve de certains, même parmi les "progressistes", ça pose un autre genre de problèmes.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- OlympiasProphète
Effectivement, elle a la grosse tête !! Vivement qu'on l'aide à dégonfler son parachute !Ingeborg B. a écrit:Cette demoiselle devrait consulter, ses chevilles gonflent :shock: Elle devrait pendant son année sabbatique aller faire un tour au-delà du périph, cela lui ferait le plus grand bien.
- Presse-puréeGrand sage
à mettre en lien avec cette jolie itw, malheureusement passée inaperçue alors qu'elle est très intéressante:
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/interview/0203170722672-genevieve-fioraso-le-medef-et-le-gouvernement-prets-au-copilotage-des-formations-635594.php
http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/interview/0203170722672-genevieve-fioraso-le-medef-et-le-gouvernement-prets-au-copilotage-des-formations-635594.php
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- JohnMédiateur
Voilà : tout est dit.Au-delà de cette réforme du concours d’Ulm, ce qui bouleverse Loriane Lafont, c’est qu’on ait créé une « BEL », qui veut dire « Banque d’épreuves littéraires », un concours permettant aux élèves de Khâgne de postuler les Instituts de sciences politiques et toute une série de grandes écoles de commerce. Précisons que 95,5 % des préparationnaires présentant les concours des Ecoles normales supérieures sont recalés. Il n’est pas indifférent de leur proposer des choix alternatifs à la reconversion à l’université.
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- Presse-puréeGrand sage
Allez, pour le plaisir, un florilège de P.G.:
Miam miam, les diplômes, donc les parcours pour les obtenir, définis par le MEDEF. J'en rêve.
a côté de cela, il y a deux trois choses intéressantes, mais bon. Je me demande quelle a été la lecture de cette itw faite par les syndicats enseignants...
Où l'on parle de l'intérêt de l'enfant.P.G. a écrit:Aujourd'hui, l'Education nationale et l'enseignement supérieur poussent très souvent des formations qui ne correspondent pas aux besoins des entreprises et aux métiers futurs. Il faut inverser cette tendance et concevoir les formations à partir de nos besoins, dans les filières du futur.
Ces salauds de littéraires?G.F., ministre en exercice a écrit:Mais je constate que, sur le terrain, un certain nombre de barrières sont tombées. Beaucoup d'universités ont des partenariats avec les entreprises. Il faut maintenant faire tomber les derniers bastions.
Où l'on est tout à fait d'accord pour dire que gauche et droite marchent sur les mêmes pas.P.G. a écrit:On a progressé, c'est vrai, que ce soit avec la loi Pécresse [la loi sur l'autonomie des universités, NDLR] ou avec ce que vous avez pu apporter.
Miam miam, une fac à la botte des boîtes.P.G. a écrit:Il faut absolument que les entreprises ou les branches s'intègrent davantage dans les universités pour définir les métiers de demain. Or on sait que les régions - pour ce qui relève du champ de Vincent Peillon [ministre de l'Education, NDLR] - sont encore très réservées sur notre intervention pour définir des qualifications, des diplômes et des calendriers adéquats.
Miam miam, les diplômes, donc les parcours pour les obtenir, définis par le MEDEF. J'en rêve.
a côté de cela, il y a deux trois choses intéressantes, mais bon. Je me demande quelle a été la lecture de cette itw faite par les syndicats enseignants...
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"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- AnaxagoreGuide spirituel
Pour mémoire:
http://michel.delord.free.fr/guns/guns-fasc.pdf
(Je pensais à la préface pour Presse-Purée.)
http://michel.delord.free.fr/guns/guns-fasc.pdf
(Je pensais à la préface pour Presse-Purée.)
- AnaxagoreGuide spirituel
Ce n'est pas aux USA que l'on avait réalisé récemment que des personnes ayant étudié les lettres classiques avaient des capacités générales bien plus intéressantes que des gens étroitement formés et difficilement convertibles d'un poste à un autre?
J'ai oublié la référence.
J'ai oublié la référence.
- Presse-puréeGrand sage
Lettres classiques, pas forcément. Une formation générale, assurément. Mais il nous faudrait retrouver la ou les références pour appuyer cela. Je me mets en quête.
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- AnaxagoreGuide spirituel
Sur le forum c'est déjà venu dans la discussion il me semble.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- Luigi_BGrand Maître
Des éléments de réponse :
- « Les langues anciennes ne servent à rien en particulier, mais elles peuvent être utiles à tout », Le Nouvel Économiste" du 15/03/13.
- « Le latin et le grec, une force pour l’entreprise ! » dans "Les Échos" du 22/03/13.
- "Les « humanités », au cœur de l’excellence scolaire et professionnelle", une publication du Centre d’Analyse stratégique, N°2013-02, 02/13 par Jean-François Pradeau.
A lire aussi - mais moins attrayant... - dans "Le Monde" du 27/12/13 : "Le numérique, une nouvelle chance pour les littéraires".
- « Les langues anciennes ne servent à rien en particulier, mais elles peuvent être utiles à tout », Le Nouvel Économiste" du 15/03/13.
- « Le latin et le grec, une force pour l’entreprise ! » dans "Les Échos" du 22/03/13.
- "Les « humanités », au cœur de l’excellence scolaire et professionnelle", une publication du Centre d’Analyse stratégique, N°2013-02, 02/13 par Jean-François Pradeau.
A lire aussi - mais moins attrayant... - dans "Le Monde" du 27/12/13 : "Le numérique, une nouvelle chance pour les littéraires".
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Luigi_BGrand Maître
A vrai dire ce n'est pas une "reconversion" : le passage à l'université est la voie normale pour 95% des khâgneux, avec le système des équivalences. C'est simplement que la crise de recrutement aux concours de l'enseignement abolit en quelque sorte ce cursus classique. Même les normaliens sont de moins en moins nombreux à passer l'agrégation (les deux tiers seulement en 2010, si je me souviens bien). C'est là - à mon sens - le cœur du problème.John a écrit:Voilà : tout est dit.Au-delà de cette réforme du concours d’Ulm, ce qui bouleverse Loriane Lafont, c’est qu’on ait créé une « BEL », qui veut dire « Banque d’épreuves littéraires », un concours permettant aux élèves de Khâgne de postuler les Instituts de sciences politiques et toute une série de grandes écoles de commerce. Précisons que 95,5 % des préparationnaires présentant les concours des Ecoles normales supérieures sont recalés. Il n’est pas indifférent de leur proposer des choix alternatifs à la reconversion à l’université.
De ce point de vue il y a effectivement des inquiétudes à avoir au sujet de cette "banque d'épreuves littéraires" mais qui n'ouvre pas à des études littéraires et des questions à se poser si on veut que continuent d'exister des cursus littéraires à l'université (voir la disparition du Capes de lettres classiques) et que cesse la pénurie aux concours d'enseignement.
Je conseille la lecture de cet article récent du NYT : "As Interest Fades in the Humanities, Colleges Worry" (4/11/13).
Pour reprendre le titre du fil, ce n'est pas une hérésie qu'il y ait des littéraires en entreprise (voir mon message précédent)... pourvu qu'ils aient encore une formation littéraire. :|
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- IphigénieProphète
Voilà. Je ne connais pas l'auteur de cet article mais j'aurais eu tendance à ne pas le lire comme la majorité d'entre vous, mais plutôt comme une inquiétude à voir que les filières littéraires doivent chercher désormais des débouchés (et des justifications) autres que littéraires (qui vont de la rédaction des catalogues de La R. aux postes en entreprise. Il semble acquis désormais que la filière littéraire n'a de sens que si elle peut conduire à des emplois non littéraires. Et de ce point de vue, c'est effectivement très inquiétant (syndrome des langues anciennes qui doivent avoir une utilité autre qu'elles-mêmes : le précédent est très évocateur, non?)e ce point de vue il y a effectivement des inquiétudes à avoir au sujet de cette "banque d'épreuves littéraires" mais qui n'ouvre pas à des études littéraires et des questions à se poser si on veut que continuent d'exister des cursus littéraires à l'université (voir la disparition du Capes de lettres classiques) et que cesse la pénurie aux concours d'enseignement.
- AnaxagoreGuide spirituel
iphigénie a écrit:Voilà. Je ne connais pas l'auteur de cet article mais j'aurais eu tendance à ne pas le lire comme la majorité d'entre vous, mais plutôt comme une inquiétude à voir que les filières littéraires doivent chercher désormais des débouchés (et des justifications) autres que littéraires (qui vont de la rédaction des catalogues de La R. aux postes en entreprise. Il semble acquis désormais que la filière littéraire n'a de sens que si elle peut conduire à des emplois non littéraires. Et de ce point de vue, c'est effectivement très inquiétant (syndrome des langues anciennes qui doivent avoir une utilité autre qu'elles-mêmes : le précédent est très évocateur, non?)e ce point de vue il y a effectivement des inquiétudes à avoir au sujet de cette "banque d'épreuves littéraires" mais qui n'ouvre pas à des études littéraires et des questions à se poser si on veut que continuent d'exister des cursus littéraires à l'université (voir la disparition du Capes de lettres classiques) et que cesse la pénurie aux concours d'enseignement.
Il faut lutter contre l'utilitarisme, mais la connaissance est tout sauf inutile ne serait-ce que pour nous rendre meilleurs.
- IphigénieProphète
Anaxagore a écrit:iphigénie a écrit:Voilà. Je ne connais pas l'auteur de cet article mais j'aurais eu tendance à ne pas le lire comme la majorité d'entre vous, mais plutôt comme une inquiétude à voir que les filières littéraires doivent chercher désormais des débouchés (et des justifications) autres que littéraires (qui vont de la rédaction des catalogues de La R. aux postes en entreprise. Il semble acquis désormais que la filière littéraire n'a de sens que si elle peut conduire à des emplois non littéraires. Et de ce point de vue, c'est effectivement très inquiétant (syndrome des langues anciennes qui doivent avoir une utilité autre qu'elles-mêmes : le précédent est très évocateur, non?)e ce point de vue il y a effectivement des inquiétudes à avoir au sujet de cette "banque d'épreuves littéraires" mais qui n'ouvre pas à des études littéraires et des questions à se poser si on veut que continuent d'exister des cursus littéraires à l'université (voir la disparition du Capes de lettres classiques) et que cesse la pénurie aux concours d'enseignement.
Il faut lutter contre l'utilitarisme, mais la connaissance est tout sauf inutile ne serait-ce que pour nous rendre meilleurs.
Eugène Ionesco, Notes et contre-notes:
L'homme moderne, universel, c'est l'homme pressé, il n'a pas le temps, il est le prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu'une chose puisse ne pas être utile; il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c'est l'utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si l'on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art; et un pays où on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit; où il n'y a pas l'humour, où il n'y a pas le rire il y a la colère et la haine. Car ces gens affairés, anxieux, courant vers un but qui n'est pas un but humain ou qui n'est qu'un mirage, peuvent tout d'un coup, à l'appel de n'importe quel fou ou démon se laisser gagner par un fanatisme délirant, une rage collective, une hystérie populaire".
- JEMSGrand Maître
Il faut trouver une utilité professionnelle à toutes les études, là est le problème.
- AnaxagoreGuide spirituel
Les baccalauréats Mathématiques élémentaires, Philosophie et Sciences expérimentales, ça avait quand même une belle dégaine.
Pour ce qui est de la question de la classe de khâgne et de son ouverture à d'autre concours que Normale Sup., il faut que j'y réfléchisse davantage.
Pour ce qui est de la question de la classe de khâgne et de son ouverture à d'autre concours que Normale Sup., il faut que j'y réfléchisse davantage.
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"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- AnaxagoreGuide spirituel
iphigénie a écrit:Anaxagore a écrit:iphigénie a écrit:
Voilà. Je ne connais pas l'auteur de cet article mais j'aurais eu tendance à ne pas le lire comme la majorité d'entre vous, mais plutôt comme une inquiétude à voir que les filières littéraires doivent chercher désormais des débouchés (et des justifications) autres que littéraires (qui vont de la rédaction des catalogues de La R. aux postes en entreprise. Il semble acquis désormais que la filière littéraire n'a de sens que si elle peut conduire à des emplois non littéraires. Et de ce point de vue, c'est effectivement très inquiétant (syndrome des langues anciennes qui doivent avoir une utilité autre qu'elles-mêmes : le précédent est très évocateur, non?)
Il faut lutter contre l'utilitarisme, mais la connaissance est tout sauf inutile ne serait-ce que pour nous rendre meilleurs.
Eugène Ionesco, Notes et contre-notes:
L'homme moderne, universel, c'est l'homme pressé, il n'a pas le temps, il est le prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu'une chose puisse ne pas être utile; il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c'est l'utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si l'on ne comprend pas l'utilité de l'inutile, l'inutilité de l'utile, on ne comprend pas l'art; et un pays où on ne comprend pas l'art est un pays d'esclaves ou de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas ni ne sourient, un pays sans esprit; où il n'y a pas l'humour, où il n'y a pas le rire il y a la colère et la haine. Car ces gens affairés, anxieux, courant vers un but qui n'est pas un but humain ou qui n'est qu'un mirage, peuvent tout d'un coup, à l'appel de n'importe quel fou ou démon se laisser gagner par un fanatisme délirant, une rage collective, une hystérie populaire".
Merci.
- Blan6ineÉrudit
Il me semble que présenter les concours des IEP ou d"écoles de commerce relève tout de même d'un choix personnel. On ne peut pas reprocher aux khâgneux ou autres élèves de profil littéraire de tenter de s'orienter vers des carrières différentes de l'enseignement ou de la recherche, vu l'image de que l'on en donne, vu la réalité qu'ils recouvrent.
On peut espérer de la part de ces élèves qu'ils soient habités d'un esprit plein de sensibilité -littéraire- qui les distingue de leurs collègues...
On peut espérer de la part de ces élèves qu'ils soient habités d'un esprit plein de sensibilité -littéraire- qui les distingue de leurs collègues...
- IphigénieProphète
Sans aucun doute.Blan6ine a écrit:Il me semble que présenter les concours des IEP ou d"écoles de commerce relève tout de même d'un choix personnel. On ne peut pas reprocher aux khâgneux ou autres élèves de profil littéraire de tenter de s'orienter vers des carrières différentes de l'enseignement ou de la recherche, vu l'image de que l'on en donne, vu la réalité qu'ils recouvrent.
On peut espérer de la part de ces élèves qu'ils soient habités d'un esprit plein de sensibilité -littéraire- qui les distingue de leurs collègues...
Mais ce qu'on peut et à mon avis doit regretter, c'est que l'on ne conçoive plus la filière littéraire comme, d'abord, un lieu de recherche littéraire sans l'obsession de la "professionnalisation": on risque de perdre beaucoup de spécificité littéraire, justement et de créer une sous-filière économique, comme on le voit déjà pour la série L en lycée.
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