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- Presse-puréeGrand sage
Leclochard a écrit:Presse-purée a écrit:Ingeborg B. a écrit:
Bien sûr, mais je voulais dire qu'en France, il y a un cloisonnement qui n'existe pas ailleurs. Je connais des personnes qui ont fait des études littéraires et qui ont réussi à être embauchées dans des entreprises allemandes alors qu'elles étaient en concurrence avec des anciens étudiants de grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC). Elles ont été jugées sur leur maîtrise de plusieurs langues, leur capacité à s'adapter à des milieux différents (c'est essentiel dans des entreprises transnationales dans lesquels on dialogue avec des personnes qui n'ont pas la même culture) et non sur leurs diplômes.
Témoignage intéressant, qui ne m'étonne pas mais me conforte dans ma vision de l'intérêt d'une formation littéraire.
Donc, nous serons d'accord pour dire que le problème ne vient pas des formations littéraires mais de la vision du diplôme dans les entreprises. Donc, ce n'est pas à la fac de céder au MEDEF, mais au MEDEF de prendre en compte les qualités des étudiants qui leur arrivent. Bref, l'itw de Fioraso (désolé, c'est ma marotte) est juste un scandale sans nom qui va créer des dégâts.
C'est juste. Maintenant, ne faisons pas croire qu'un docteur ès lettres pourra exercer n'importe quel poste contrairement à un BTS formé pour un métier parce que sa formation est supérieure. On ne peut pas s'improviser comptable ou DRH. Une formation interne serait nécessaire.
Assurément. C'est de ce type de formations, qui coûte à une entreprise, que le MEDEF veut se débarrasser en demandant à ce que les étudiants qui arrivent sur le marché du travail soit immédiatement employables à un poste défini.
De même que la formation à la française (contrairement à ce qui se fait dans d'autres pays européens) ne s'occupe ni de passerelles (qui coûtent cher) ni d'écoles de la seconde chance (il existe des structures, le plus souvent associatives, si je ne me trompe pas, qui galèrent niveau financement). Que tout cela soit trop cloisonné et trop "autoroute", ça me semble évident.
Plutôt que de transformer les filières en fonction des desiderata changeants et orientés d'un seul décideur, fût-il économique, il vaudrait peut-être mieux mettre le paquet sur ces manques de la formation française.
- barègesÉrudit
iphigénie a écrit:
L'utilitarisme des études littéraires, c'est ce qui est en train de les faire crever: allez faire un tour du côté des facs et du temps que passent les P.U à des tâches administratives pour justifier les "compétences" de leurs diplômes.
Il ne s'agit pas de réserver les études littéraires aux rentiers.Il s'agit de ne pas transformer les études littéraires en foutoir de seconde zone pour ceux qui ont raté la voie royale pour des études économiques. Il s'agit de laisser étudier la princesse de CLèves par ceux qui sont capables d'en tirer quelque chose plutôt que de transformer un PU docteur dix-huitiémiste en formateur de rédacteurs de catalogues, ou des "métiers du livre" en doublon avec les IUT.
SI vous ne voyez pas les conséquences en aval et en amont, il n'y a plus aux "littéraires" qui n'en seront même plus qu'à chercher à se recaser comme hôtesse de caisse.
Exactement.
On en arrive à l'idée que les littéraires sont à la rigueur "acceptables" en dehors de leur domaine, mais toujours malgré leur formation et leur sensibilité littéraires. S'ils arrivent à les dépasser - à les renier ?- , s'ils ont la latitude (le temps et l'argent) qui leur permettra d'enfin se former réellement à quelque chose d'utile, on voudra bien leur pardonner l'accident de leur trois, quatre, cinq années d'études de lettres. On se contentera de les payer un peu moins que leurs collègues sortis de la voie professionnalisante, et de faire durer plus longtemps chez eux le statut de précaire : après tout, ils sont artistes, la vie de bohème ne les dérangera pas.
- barègesÉrudit
La désaffection se comprend. J'hésiterais à m'engager dans une filière qui mène soit à l'enseignement (qui n'attire plus) soit à d'autres métiers mais pour lesquels la filière en question est considérée comme insuffisante ou inadaptée.
L'entreprise, de plus en plus, veut des candidats pré-profilés. Il y a un merveilleux outil pour cela, les divers porte-folios de compétences (qui arrivent en fac).
Il faudra un nouveau nom peut-être, délesté de sous-entendus historiques, pour la merveilleuse société en train de naître. Parce que la filière littéraire est aux avants-postes, mais cette évolution ne peut que toucher toutes les filières "fondamentales", y compris les sciences "dures". A ce titre, c'est tout le système universitaire traditionnel qui est menacé de se transformer en millefeuille de formations courtes tubulaires, directement formatées par un débouché précis.
L'entreprise, de plus en plus, veut des candidats pré-profilés. Il y a un merveilleux outil pour cela, les divers porte-folios de compétences (qui arrivent en fac).
Il faudra un nouveau nom peut-être, délesté de sous-entendus historiques, pour la merveilleuse société en train de naître. Parce que la filière littéraire est aux avants-postes, mais cette évolution ne peut que toucher toutes les filières "fondamentales", y compris les sciences "dures". A ce titre, c'est tout le système universitaire traditionnel qui est menacé de se transformer en millefeuille de formations courtes tubulaires, directement formatées par un débouché précis.
- Luigi_BGrand Maître
La réécriture des programmes à la sauce de PISA irait bien dans ce sens dès le secondaire : des "compétences" immédiatement utilisables.
Sauf qu'ici il est question de faire entrer ceux qui pourraient faire des études littéraires dans ces grandes écoles de commerce, et non de les recruter à l'issue d'un vrai cursus littéraire. On ne peut pas dire que ce soit une façon de lutter contre ce "cloisonnement" : ce serait même plutôt le contraire.Ingeborg B. a écrit:Bien sûr, mais je voulais dire qu'en France, il y a un cloisonnement qui n'existe pas ailleurs. Je connais des personnes qui ont fait des études littéraires et qui ont réussi à être embauchées dans des entreprises allemandes alors qu'elles étaient en concurrence avec des anciens étudiants de grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC).
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- Ingeborg B.Esprit éclairé
Alors dans ce cas-là, vous souhaitez que les études littéraires soient réservées uniquement à des personnes qui s'orientent vers des carrières purement littéraires ? Les débouchés seront étroits. Par ailleurs, tous les étudiants en prépa littéraire choisissent-ils cette formation pour mener ensuite des études littéraires ? je ne le pense pas. Beaucoup sont attirés par une formation généraliste qui permet d'échapper aux deux premières années en université.Luigi_B a écrit:La réécriture des programmes à la sauce de PISA irait bien dans ce sens dès le secondaire : des compétences immédiatement utilisables. Voir ce qu'en dit le président du Conseil supérieur des programmes.Sauf qu'ici il est question de faire entrer ceux qui pourraient faire des études littéraires dans ces grandes écoles de commerce. On ne peut pas dire que ce soit une façon de lutter contre ce "cloisonnement" : c'est même plutôt le contraire.Ingeborg B. a écrit:Bien sûr, mais je voulais dire qu'en France, il y a un cloisonnement qui n'existe pas ailleurs. Je connais des personnes qui ont fait des études littéraires et qui ont réussi à être embauchées dans des entreprises allemandes alors qu'elles étaient en concurrence avec des anciens étudiants de grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC).
- Luigi_BGrand Maître
C'est vrai mais il y aussi tous les littéraires qui ne passent pas par une classe préparatoire.
A noter aussi que de toute façon, si les études peuvent être "purement littéraires", les carrières le sont rarement.
Il ne s'agit évidemment pas d'interdire tout autre cursus aux littéraires (les écoles de commerce ont ouvert leurs concours aux khâgneux depuis une vingtaine d'années) mais de s'inquiéter d'une dérive qui déboucherait sur la disparition progressive des cursus littéraires à l'université et de ses conséquences, notamment pour l'école. La disparition du Capes de lettres classiques n'est plus une inquiétude, c'est un fait.
Les chiffres des normaliens ne se présentant plus à l'agrégation (ils en ont toujours eu la possibilité) sont de ce point de vue symptomatiques et très préoccupants : c'est une tendance qui se dessine très nettement.
A noter aussi que de toute façon, si les études peuvent être "purement littéraires", les carrières le sont rarement.
Il ne s'agit évidemment pas d'interdire tout autre cursus aux littéraires (les écoles de commerce ont ouvert leurs concours aux khâgneux depuis une vingtaine d'années) mais de s'inquiéter d'une dérive qui déboucherait sur la disparition progressive des cursus littéraires à l'université et de ses conséquences, notamment pour l'école. La disparition du Capes de lettres classiques n'est plus une inquiétude, c'est un fait.
Les chiffres des normaliens ne se présentant plus à l'agrégation (ils en ont toujours eu la possibilité) sont de ce point de vue symptomatiques et très préoccupants : c'est une tendance qui se dessine très nettement.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- MarphiseNiveau 6
En même temps, c'est un cercle vicieux: tant qu'il y aura des gens (et en plus des normaliens) pour dire:
les littéraires seront perçus comme de doux dingues dans les nuages incapables de s'adapter à la "vraie vie" (sous-entendu en entreprise). Je caricature à peine un discours que j'entends fréquemment. Et tant que les littéraires véhiculeront cette image fausse et dévalorisante, les cursus qui en relèvent seront dévalorisés et désaffectés, avec toutes les dérives que l'on connaît aujourd'hui.
Loriane Lafont a écrit:C’est corrompre l’intégrité de la khâgne que de la faire servir à intégrer des écoles avec lesquelles son enseignement n’a strictement rien à voir
les littéraires seront perçus comme de doux dingues dans les nuages incapables de s'adapter à la "vraie vie" (sous-entendu en entreprise). Je caricature à peine un discours que j'entends fréquemment. Et tant que les littéraires véhiculeront cette image fausse et dévalorisante, les cursus qui en relèvent seront dévalorisés et désaffectés, avec toutes les dérives que l'on connaît aujourd'hui.
- Luigi_BGrand Maître
Le mépris condescendant n'est effectivement pas très productif.
Sur ce discours à propos de la "vraie vie", je réponds souvent que je l'ai mieux connue dans mes bonnes vieilles ZEP que dans le monde de l'entreprise...
Sur ce discours à propos de la "vraie vie", je réponds souvent que je l'ai mieux connue dans mes bonnes vieilles ZEP que dans le monde de l'entreprise...
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- OlympiasProphète
John a écrit:Voilà : tout est dit.Au-delà de cette réforme du concours d’Ulm, ce qui bouleverse Loriane Lafont, c’est qu’on ait créé une « BEL », qui veut dire « Banque d’épreuves littéraires », un concours permettant aux élèves de Khâgne de postuler les Instituts de sciences politiques et toute une série de grandes écoles de commerce. Précisons que 95,5 % des préparationnaires présentant les concours des Ecoles normales supérieures sont recalés. Il n’est pas indifférent de leur proposer des choix alternatifs à la reconversion à l’université.
Donc, en quoi peut-elle être gênée que certains de ses condisciples de khâgne puissent réussir un autre concours que l'ENS ? C'est facile de critiquer quand on a intégré l'ENS...mais il y a les autres, qui peuvent être heureux de réussir un autre concours grâce à cette BEL.
- ElyasEsprit sacré
Avant toute chose, j'aimerai savoir un truc : qu'est un littéraire ?
Je n'ai pas l'impression que vous parliez tous de la même chose. Curieusement, je sais que beaucoup de profils purement littéraires sont recherchés par des eeprises, non pour écrire le catalogue de la redoute, mais bien piur être cadre car l'approche du littéraire est souvent plus efficace que celle du techniciste commercial.
Je n'ai pas l'impression que vous parliez tous de la même chose. Curieusement, je sais que beaucoup de profils purement littéraires sont recherchés par des eeprises, non pour écrire le catalogue de la redoute, mais bien piur être cadre car l'approche du littéraire est souvent plus efficace que celle du techniciste commercial.
- Ingeborg B.Esprit éclairé
+ 1000Olympias a écrit:John a écrit:Voilà : tout est dit.Au-delà de cette réforme du concours d’Ulm, ce qui bouleverse Loriane Lafont, c’est qu’on ait créé une « BEL », qui veut dire « Banque d’épreuves littéraires », un concours permettant aux élèves de Khâgne de postuler les Instituts de sciences politiques et toute une série de grandes écoles de commerce. Précisons que 95,5 % des préparationnaires présentant les concours des Ecoles normales supérieures sont recalés. Il n’est pas indifférent de leur proposer des choix alternatifs à la reconversion à l’université.
Donc, en quoi peut-elle être gênée que certains de ses condisciples de khâgne puissent réussir un autre concours que l'ENS ? C'est facile de critiquer quand on a intégré l'ENS...mais il y a les autres, qui peuvent être heureux de réussir un autre concours grâce à cette BEL.
- Luigi_BGrand Maître
Sur la BEL voici ce que dit l'ENS : http://www.ens.fr/spip.php?rubrique94
Si les débouchés sont à l'évidence accrus pour les khâgneux, difficile de prétendre que c'est permettre "la création d’une véritable filière littéraire".
- Spoiler:
- Présentation
Une nouvelle page de l’histoire des concours des ENS
Jusqu’à présent, ces candidats devaient repasser d’autres concours distincts. L’idée de la réforme est de proposer à nos partenaires institutionnels une « banque d’épreuves-BEL », dont certaines sont communes avec l’ENS de Lyon et l’ENS Cachan.
C’est alors en fonction des bons résultats au concours écrit de l’ENS que certains khâgneux auront la possibilité de se présenter à l’oral d’autres concours : Écricome, les écoles de la BCE (HEC, ESSEC, ESCP-Europe…), 5 des 6 IEP de l’hexaconcours (Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Toulouse), l’ISIT, l’ESIT-Université Sorbonne Nouvelle, le CELSA Université Paris-Sorbonne, l’Ecole nationale des Chartes et l’Institut supérieur du management public et politique (ISMaPP).
Cette banque est d’ailleurs destinée à un élargissement progressif, auprès d’autres écoles ou formations.
La création d’une véritable filière littéraire
L’objectif est de permettre à un plus grand nombre de candidats issus de khâgne d’intégrer des écoles ou formations variées, à partir de l’ensemble des épreuves écrites d’une ENS.
Les Écoles normales supérieures restent organisatrices des deux concours (A/L Ulm et concours littéraires de l’ENS-Lyon) et conceptrices de sujets et des programmes.
L’ouverture de cette « banque d’épreuves littéraires » contribuera ainsi à renforcer le rayonnement de la formation littéraire dispensée en hypokhâgne et en khâgne.
Les débouchés des étudiants de CPGE
Actuellement, seuls 4,6% des candidats réussissent le concours d’une ENS, c’est trop peu et beaucoup d’excellents étudiants sont confrontés à un échec malgré la qualité de leur formation.
Si les masters universitaires restent les débouchés naturels, certains khâgneux sont intéressés par les IEP, d’autres par les écoles de management.
L’augmentation et l’élargissement des débouchés nous semblent un levier essentiel pour valoriser un parcours d’études littéraires qui commence au lycée et qui aboutit parfois aux classes préparatoires.
Si les débouchés sont à l'évidence accrus pour les khâgneux, difficile de prétendre que c'est permettre "la création d’une véritable filière littéraire".
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- e-WandererGrand sage
Là n'est pas le problème. Pendant mon service militaire, j'ai réalisé à quel point nous étions "adaptables" : j'y ai enseigné la synthèse de textes sur des sujets de géopolitique ou de sciences de l'ingénieur, devant un public qui avait parfois un niveau doctorat. Bon, ça prenait un peu de temps pour comprendre le fonctionnement d'un laser à CO2, d'un laser YAG et d'un laser à excimère, mais j'y parvenais à peu près. En tout cas, quitte à être dans l'imposture, former quelqu'un à être DRH ne me poserait pas plus de problèmes que cela. Il faudrait que je me forme moi-même un peu, mais on reste dans le domaine du langage, de la rhétorique, de l'humain : rien d'insurmontable.Leclochard a écrit:
C'est juste. Maintenant, ne faisons pas croire qu'un docteur ès lettres pourra exercer n'importe quel poste contrairement à un BTS formé pour un métier parce que sa formation est supérieure. On ne peut pas s'improviser comptable ou DRH. Une formation interne serait nécessaire.
Simplement, ce n'est pas mon métier. Sinon, je serais resté à l'armée : on m'a proposé de me garder après mon service, et j'arrive tout juste aujourd'hui à ce qu'on me proposait comme salaire d'embauche. C'est bête, mais moi, mon truc, c'est la littérature et la musique. Dans leurs aspects les plus académiques. Je suis un gardien du temple et un gardien du temps, contre les Sarkozy et les Fioraso (souvenez-vous des attaques du premier contre La Princesse de Clèves, ou de la seconde contre Proust).
Je n'ai rien contre les entreprises : elles nous font vivre, et la moitié de ma famille y travaille. Mais si on veut professionnaliser les études, il n'y a qu'à multiplier les BTS et les IUT, qui sont là pour ça. Ah ?... ça coûte de l'argent ?... et vous n'en avez pas ?... Donc vous demandez aux facs de prendre ça en charge, en plus du reste, sans renoncer aux formations académiques qui font leur identité et alors que vous avez déjà organisé leur faillite financière ? Et vous croyez vraiment que ça va marcher ?
- barègesÉrudit
e-Wanderer a écrit:
Je n'ai rien contre les entreprises : elles nous font vivre, et la moitié de ma famille y travaille. Mais si on veut professionnaliser les études, il n'y a qu'à multiplier les BTS et les IUT, qui sont là pour ça. Ah ?... ça coûte de l'argent ?... et vous n'en avez pas ?... Donc vous demandez aux facs de prendre ça en charge, en plus du reste, sans renoncer aux formations académiques qui font leur identité et alors que vous avez déjà organisé leur faillite financière ? Et vous croyez vraiment que ça va marcher ?
Il suffit d'organiser le marché du savoir avec une saine concurrence entre BTS/IUT (qui peuvent faire état de statistiques d'embauche mirobolantes, c'est de bonne guerre -et c'est normal, puisque ces formations s'alignent exactement sur un cahier des charges défini par l'employeur au sens large) et les filières fondamentales, plus longues et moins directement pourvoyeuses d'emploi en dehors du monde académique. Il n'y a pas à renoncer a priori aux formations académiques : elles se vident toutes seules. Et là, c'est au présent, point besoin de prospective, on est en plein dedans.
Tant que l'idée dominante est qu'une filière mène à un métier, et que là est sa justification, tant que la "crise" crispe tout le monde sur cette question, tant que le but de l'enseignement supérieur reste de modeler un profil pour le faire entrer dans les cases d'un métier, pas de changement à attendre. Est-ce un mal ? C'est une autre question.
On pourrait aussi penser, mais c'est un autre modèle d'éducation et de société, qu'un bon généraliste peut parfaitement se former rapidement et à peu de frais à un métier lors de son embauche, et ainsi rester apte à se reconvertir si le premier emploi disparaît.
- CondorcetOracle
barèges a écrit:iphigénie a écrit:
L'utilitarisme des études littéraires, c'est ce qui est en train de les faire crever: allez faire un tour du côté des facs et du temps que passent les P.U à des tâches administratives pour justifier les "compétences" de leurs diplômes.
Il ne s'agit pas de réserver les études littéraires aux rentiers.Il s'agit de ne pas transformer les études littéraires en foutoir de seconde zone pour ceux qui ont raté la voie royale pour des études économiques. Il s'agit de laisser étudier la princesse de Clèves par ceux qui sont capables d'en tirer quelque chose plutôt que de transformer un PU docteur dix-huitiémiste en formateur de rédacteurs de catalogues, ou des "métiers du livre" en doublon avec les IUT.
SI vous ne voyez pas les conséquences en aval et en amont, il n'y a plus aux "littéraires" qui n'en seront même plus qu'à chercher à se recaser comme hôtesse de caisse.
Exactement.
On en arrive à l'idée que les littéraires sont à la rigueur "acceptables" en dehors de leur domaine, mais toujours malgré leur formation et leur sensibilité littéraires. S'ils arrivent à les dépasser - à les renier ?- , s'ils ont la latitude (le temps et l'argent) qui leur permettra d'enfin se former réellement à quelque chose d'utile, on voudra bien leur pardonner l'accident de leur trois, quatre, cinq années d'études de lettres. On se contentera de les payer un peu moins que leurs collègues sortis de la voie professionnalisante, et de faire durer plus longtemps chez eux le statut de précaire : après tout, ils sont artistes, la vie de bohème ne les dérangera pas.
Démonter des formations ou progressivement les vider de leurs substances en prétendant améliorer "l'employabilité" des diplômés prêterait à sourire si l'enjeu n'était crucial. Il s'agit de sacrifier au discours entrepreneurial afin de ne pas surtout pas envisager des vérités qui dérangent : les métiers de la culture exposent à une précarité plus grande (voir à ce propos l'essai des soeurs Rambach et même l'essai de Françoise Benhamou consacré à l'économie de la culture) ; bien malin qui pourra aujourd'hui vous garantir des débouchés pour une carrière longue (hormis les fonctions publiques) ; à capacité égale, des études scientifiques offrent depuis longtemps (1968 ?) des débouchés supérieurs à leurs cousines littéraires ; l'emploi stable et rémunérateur se raréfie et accentue les surenchères démagogiques (promesses inconsidérées) de tous bords (les écoles de commerce n'en sont pas exemptes). Il y aurait à lire et à lire avec Nathalie Heinich le couronnement d'une nouvelle élite artistique en démocratie : un demi-siècle plus tôt, ex-zazous et yé-yé s'attiraient pourtant des regards condescendants. Je pense pour ma part qu'un double diplôme, l'un axé sur la spécialité disciplinaire, l'autre sur l'économie du secteur.... propose déjà d'autres perspectives : faute de trouver un employeur pérenne, il offrirait la possibilité de créer sa propre activité, avec tous les risques que cela comporte mais averti d'un environnement réglementaire et économique à la fois complexe et mouvant, des partenaires à contacter. C'est vers ces jeunes pousses les plus exposées que devraient être consenties l'essentiel des abaissements de charges ainsi que les aides publiques. Opposer de front l'approche littéraire et le regard économique participe d'une binarité de mauvais aloi : après tout, un spécialiste du XVIIIe siècle trouvera aussi son miel dans les travaux relatifs à l'édition et par là-même, aux métiers du livre à cette époque.
Quant au point Godwin, le beau numéro de la Documentation photographique consacré par Johann Chapoutot au Nazisme. Une idéologie en actes mérite une lecture attentive.
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/ouvrages/3303331280859-le-nazisme.-une-ideologie-en-actes
http://clio-cr.clionautes.org/le-nazisme-une-ideologie-en-actes.html#.UsmOqLTM3hQ
- ZorglubHabitué du forum
Pour les littéraire qui ont encore une orthographe corecte, ils peut aussi être employée pour corriger les fautes ou les barbarrismes dans les raports ou mémos des ingénieure ou proffesseur de maths.
C'est bien aussi à faire comme métier et aussi utile.
C'est bien aussi à faire comme métier et aussi utile.
- User17706Bon génie
:lol!:Zorglub a écrit:Pour les littéraire qui ont encore une orthographe corecte, ils peut aussi être employée pour corriger les fautes ou les barbarrismes dans les raports ou mémos des ingénieure ou proffesseur de maths.
C'est bien aussi à faire comme métier et aussi utile.
- Presse-puréeGrand sage
barèges a écrit:
On pourrait aussi penser, mais c'est un autre modèle d'éducation et de société, qu'un bon généraliste peut parfaitement se former rapidement et à peu de frais à un métier lors de son embauche, et ainsi rester apte à se reconvertir si le premier emploi disparaît.
Oui, mais les donneurs d'ordres ne veulent pas de cela.
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- JohnMédiateur
Il y a un problème dans le débat, aussi : on fait comme s'il n'y avait que de futur profs de lettres en khâgne !
Mais enfin il y a déjà beaucoup de disciplines et de spécialités en prépa qui destinent à d'autres métiers que prof, même si on réintègre la fac : langues, géo, arts, cinéma, histoire, prépa-IEP,...
Les seules disciplines qui se posent vraiment la question ci-dessus, ce sont les lettres et la philo. Les autres l'ont déjà réglée.
Mais enfin il y a déjà beaucoup de disciplines et de spécialités en prépa qui destinent à d'autres métiers que prof, même si on réintègre la fac : langues, géo, arts, cinéma, histoire, prépa-IEP,...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- LefterisEsprit sacré
Il se trouve que j'ai fait des lettres pour le plaisir, sans jamais avoir eu l'idée d'être enseignant : un imprévu de parcours, l'organe ayant créé la fonction .Parce que c'était différent de mon métier , parce que c'était gratuit, parce que ça m'aidait à bien vivre, préférant lire un bon livre ou traduire un texte que regarder la télé."Ce qui est utile est laid". Ca ne m'a jamais handicapé dans d'autres domaines, bien au contraire, notamment en vitesse de travail, de synthèse, et de rédaction.
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Le grincheuxSage
Au risque de te choquer, je viens de passer deux ans dans un labo de recherche dans lequel il y avait aussi des littéraires (pour des enquêtes de type sociologie et autres du même acabit). Le niveau culturel général n'était pas plus brillant, pour ceux qui n'avaient pas encore trente ans, chez les littéraires que chez les (pseudo-)scientifiques à poils durs.Lefteris a écrit:Il se trouve que j'ai fait des lettres pour le plaisir, sans jamais avoir eu l'idée d'être enseignant : un imprévu de parcours, l'organe ayant créé la fonction .Parce que c'était différent de mon métier , parce que c'était gratuit, parce que ça m'aidait à bien vivre, préférant lire un bon livre ou traduire un texte que regarder la télé."Ce qui est utile est laid". Ca ne m'a jamais handicapé dans d'autres domaines, bien au contraire, notamment en vitesse de travail, de synthèse, et de rédaction.
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
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Le carnet du Grincheux, Chroniques de misanthropie ordinaire
http://grincheux.de-charybde-en-scylla.fr/
Ma vie, mon œuvre
http://www.systella.fr/
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Le grincheux a écrit:Au risque de te choquer, je viens de passer deux ans dans un labo de recherche dans lequel il y avait aussi des littéraires (pour des enquêtes de type sociologie et autres du même acabit). Le niveau culturel général n'était pas plus brillant, pour ceux qui n'avaient pas encore trente ans, chez les littéraires que chez les (pseudo-)scientifiques à poils durs.Lefteris a écrit:Il se trouve que j'ai fait des lettres pour le plaisir, sans jamais avoir eu l'idée d'être enseignant : un imprévu de parcours, l'organe ayant créé la fonction .Parce que c'était différent de mon métier , parce que c'était gratuit, parce que ça m'aidait à bien vivre, préférant lire un bon livre ou traduire un texte que regarder la télé."Ce qui est utile est laid". Ca ne m'a jamais handicapé dans d'autres domaines, bien au contraire, notamment en vitesse de travail, de synthèse, et de rédaction.
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
Juger du niveau culturel général de "littéraires" en observant des doctorants ou de jeunes docteurs en sociologie, voilà qui est intéressant
- LefterisEsprit sacré
Mais justement, je parle de la FP, où le système du concours permet de trier , où le diplôme n'est qu'une condition d'inscription. Il y a évidemment des gens qui sortent de L parce qu'ils ne sont ni scientifiques, ni littéraires , qui font une fac ni scientifique, ni littéraire et ainsi de suite, et qui se ramassent aux concours , même basiques. Mais des bons littéraires, qui au lieu de faire la prépa enseignement, se dirigent vers les prépas aux concours d'administration par exemple, on sent encore la différence.Le grincheux a écrit:Au risque de te choquer, je viens de passer deux ans dans un labo de recherche dans lequel il y avait aussi des littéraires (pour des enquêtes de type sociologie et autres du même acabit). Le niveau culturel général n'était pas plus brillant, pour ceux qui n'avaient pas encore trente ans, chez les littéraires que chez les (pseudo-)scientifiques à poils durs.Lefteris a écrit:Il se trouve que j'ai fait des lettres pour le plaisir, sans jamais avoir eu l'idée d'être enseignant : un imprévu de parcours, l'organe ayant créé la fonction .Parce que c'était différent de mon métier , parce que c'était gratuit, parce que ça m'aidait à bien vivre, préférant lire un bon livre ou traduire un texte que regarder la télé."Ce qui est utile est laid". Ca ne m'a jamais handicapé dans d'autres domaines, bien au contraire, notamment en vitesse de travail, de synthèse, et de rédaction.
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Le grincheuxSage
Je ne suis pas d'accord. La boîte en question recrute en partie sur ce principe là et les littéraires en question avaient tous un bac+4 (au minimum) en lettres.Lefteris a écrit:Mais justement, je parle de la FP, où le système du concours permet de trier , où le diplôme n'est qu'une condition d'inscription. Il y a évidemment des gens qui sortent de L parce qu'ils ne sont ni scientifiques, ni littéraires , qui font une fac ni scientifique, ni littéraire et ainsi de suite, et qui se ramassent aux concours , même basiques. Mais des bons littéraires, qui au lieu de faire la prépa enseignement, se dirigent vers les prépas aux concours d'administration par exemple, on sent encore la différence.Le grincheux a écrit:Au risque de te choquer, je viens de passer deux ans dans un labo de recherche dans lequel il y avait aussi des littéraires (pour des enquêtes de type sociologie et autres du même acabit). Le niveau culturel général n'était pas plus brillant, pour ceux qui n'avaient pas encore trente ans, chez les littéraires que chez les (pseudo-)scientifiques à poils durs.Lefteris a écrit:Il se trouve que j'ai fait des lettres pour le plaisir, sans jamais avoir eu l'idée d'être enseignant : un imprévu de parcours, l'organe ayant créé la fonction .Parce que c'était différent de mon métier , parce que c'était gratuit, parce que ça m'aidait à bien vivre, préférant lire un bon livre ou traduire un texte que regarder la télé."Ce qui est utile est laid". Ca ne m'a jamais handicapé dans d'autres domaines, bien au contraire, notamment en vitesse de travail, de synthèse, et de rédaction.
Ceci dit, les littéraires ont encore une longueur d'avance dans beaucoup de concours de la fonction publique, à condition désormais de suivre une formation complémentaire, juridique entre autre, ou une préparation spécifique (IPAG par exemple). Il faut voir le niveau de culture générale et d'écrit de nombreux diplômés ...
Le concours permet de trier à partir du moment où il y a bien plus d'inscrits que de places à pourvoir. Si ce n'est pas le cas, le concours recrute n'importe qui. C'est pour cela que je suis un adepte des notes éliminatoires aux concours (comme dans le cas des grandes écoles lorsque je les ai passés).
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- JohnMédiateur
Mais si c'est pour faire de la socio, pourquoi ils ne recrutaient pas des bac+4 en socio ?
Ca aurait été plus logique, non ?
Ca aurait été plus logique, non ?
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- Le grincheuxSage
Ça, c'est parce que tu n'as encore pas vu le niveau d'un bac+4 en socio. Le labo en question est obligé de recruter des littéraires pur jus pour tenter d'avoir des rapports d'étude en français convenable (et en anglais parce qu'une partie des études se faisait en Angleterre). Les deux seules sociologues étaient des doctorantes, donc vraiment le haut du panier. Mais pour toutes les autres tâches, il valait mieux des littéraires sachant à peu près écrire que des sociologues bac+4.John a écrit:Mais si c'est pour faire de la socio, pourquoi ils ne recrutaient pas des bac+4 en socio ?
Ca aurait été plus logique, non ?
Enfin, je n'ai vu le problème que de loin lors des réunions de labo, j'avais déjà fort à faire avec mes stagiaires totalement illettrés (et en sciences dures).
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