- InvitéPasNiveau 9
Et n'oublions pas que la méchanceté n'est pas l'apanage des "mâles" ni des "petits caïds". J'ai appris qu'une élève assez bonne et toute mignonne avec les profs menait campagne contre une de ses camarades, et qu'elle lui avait même envoyé des menaces de mort sur son téléphone.
- OlympiasProphète
Je viens de regarder, John, et c'est affligeant. Et pendant ce temps, pendant qu'on fait de sites avec des petits ronds de couleurs, des enfants se suicidentJohn a écrit:C'est horrible.
Et la réponse du ministère, c'est la réforme des rythmes qui décale les horaires de 30mn, parfois dans un sens, parfois dans l'autre sens, et un site avec des papillons
https://www.neoprofs.org/t67932-climat-scolaire-un-site-du-cndp-contre-la-violence-a-l-ecole
- JohnMédiateur
Par Francetv info
Mis à jour le 15/11/2013 | 00:33 , publié le 14/11/2013 | 20:56
L'Education nationale prépare une campagne officielle pour alerter les parents, les enfants et les responsables scolaires contre le harcèlement à l'école. Voici le témoignage bouleversant d'une mère dont la fille a mis fin à ses jours. Marion avait 13 ans, elle était en classe de quatrième dans un collège de l'Essonne et était devenue la souffre-douleur de sa classe et de son établissement. Elle était moquée, harcelée, insultée, menacée de mort plusieurs fois. Un jour, il y a neuf mois, elle n'est pas allée à l'école et s'est pendue dans la maison familiale.
C'est une mère bouleversée qui s'adresse à France 2 après avoir découvert les lettres de sa fille. Nora Fraisse raconte que Marion ne supportait plus ce qu'elle vivait, qu'elle a raconté les insultes, les menaces subies de la part des élèves de sa classe. Marion a expliqué son geste dans ses lettres tout en remerciant les "personnes qui l'aimaient pour ce qu'elle était". "Marion cachait derrière son sourire une grande souffrance", explique la mère. Voici l'entretien que Nora Fraisse a accordé à France 2
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Docteur OXGrand sage
A la une du Nouvel Obs.com !
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20131114.OBS5469/traitee-de-***-de-boloss-marion-13-ans-s-est-suicidee.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20131114.OBS5469/traitee-de-***-de-boloss-marion-13-ans-s-est-suicidee.html
Traitée de "***", de "boloss" : Marion, 13 ans, s'est suicidée
Menacée, insultée au collège et sur Facebook, l'adolescente s'est pendue. Ses parents portent plainte contre l'école et les cinq élèves qui s'étaient pendant des mois transformés en bourreaux.
Ce mercredi matin, Marion voulait rester au lit. Après le petit déjeuner, elle est remontée dans sa chambre. La veille, déjà, elle se disait " fatiguée " afin d'échapper aux dernières heures de cours. Au retour de son travail, sa mère l'avait trouvée " pâlotte " sans s'inquiéter davantage. Les petits maux, de ventre, de tête, de coeur... éclosent bien souvent à l'adolescence. Nora Fraisse a simplement suggéré à sa fille de ne pas rester dans le noir, puis elle a déposé le téléphone de la maison près de l'oreiller, pour pouvoir la joindre. Elle partait juste déjeuner, avec ses deux autres enfants, 9 ans et 18 mois, chez une amie du village, Vaugrigneuse dans l'Esssone. Dans une heure ou deux, elle serait de retour. Sans doute, tout irait mieux. Mère et fille pourraient faire un peu de shopping ensemble. Marion, toujours douce et souriante, avait acquiescé. Une heure plus tard, elle ne répondait plus au téléphone.
Silence encore quand Nora Fraisse, soudain prise de panique, est rentrée précipitamment chez elle vers 13h30, laissant la voiture en marche avec ses petits à l'intérieur. Elle hurlait. "Marion,Marion !" La porte de sa chambre était bloquée. Nora Fraisse l'a poussée violemment et découvert son enfant pendue par un foulard au porte-manteau. Une fois détaché, le corps frêle est tombé. La mère, en ligne avec les médecins du Samu, a tenté de ranimer sa fille. En vain. Marion, 13 ans, est morte, le 13 février 2013.
"Ma vie a basculé. Et personne ne l'a compris."
Le lendemain, en première page, "le Parisien" relate le drame. Le quotidien régional évoque l'existence d'une lettre laissée par Marion. Les parents, pétrifiés, appellent alors le journal qui refuse de leur en dire plus. Mais les gendarmes leur remettent rapidement deux enveloppes saisies sur le bureau de Marion. La première est adressée à son établissement scolaire, Jean-Monnet à Briis-sous-Forges. L'élève de 4e C y a inscrit son numéro de collégienne, 320, avant de détailler ses souffrances, les humiliations, les insultes parfois subies en plein cours, et désigne ses bourreaux. "Ma vie a basculé, conclut-elle. Et personne ne l'a compris." Sur une seconde enveloppe, elle a écrit : "Mes meilleurs souvenirs avec vous", mais celle-ci est vide.
Le même jour, les parents Fraisse entendent sur France 3 une femme, directrice adjointe de l'académie de Versailles, indiquer que : "Marion était devenue le souffre-douleur de quelques-uns... Il y avait des enfants qui n'étaient pas très gentils vis-à-vis d'elle, qui pouvaient avoir des mots blessants." Ainsi, même l'Education nationale semble avoir eu vent des malheurs de leur fille... Les lettres de condoléances du président de la République et de son ministre Vincent Peillon paraissent bien dérisoires. Ils n'ont que faire de la compassion, ils veulent des explications. Depuis ce jour, les parents de Marion ont décidé de remuer ciel et terre pour faire "émerger la vérité".
Après avoir déposé plainte à la gendarmerie, ils ont contacté un jeune pénaliste réputé, Me David Père, qui vient de se constituer partie civile, auprès du tribunal de Paris, pour violences, menaces de mort, provocation au suicide, homicide involontaire et omission de porter secours. "Nous souhaitons que toute la lumière soit faite, que les responsables administratifs et les enseignants soient interrogés, que le dossier scolaire de Marion, les carnets de l'infirmerie soient saisis..." Outre le collège, sont visés les cinq élèves nommés dans la lettre. Les parents vont jusqu'à mettre en cause des enfants qui, au moment des faits, n'avaient pas 14 ans.
"Pour nous, c'est désormais évident. Ces gamins souhaitaient éliminer Marion, martèle Nora Fraisse. Ce n'est pas parce qu'ils sont mineurs que l'on doit les excuser. Nous attendons qu'ils soient punis, sévèrement, et que notre affaire fasse jurisprudence."
Sa douleur l'emporte et la porte. Celle de son mari, cadre dans l'industrie médicale, est muette. " Nous avons pris perpète, souffle-t-elle. Nous sommes à jamais des zombies, sans bras ni têtes. Des survivants." A Vaugrigneuse, dans ce paisible village de l'Essonne où réside depuis plus de dix ans la famille Fraisse, les regards ont changé. La bienveillance s'est muée en méfiance. Quand ils croisent la fine silhouette de Nora, certains baissent la tête. D'autres disent, à voix basse, que "le chagrin l'a rendue folle". Rien, ni son travail de chef de produit marketing ni ses deux autres enfants ne l'arrête.
"Laissez-les tranquilles. Faites votre deuil"
Depuis neuf mois, elle cherche tous azimuts des pistes, des indices auprès des amis de Marion, et des autres, qu'elle connaît parfois depuis l'école primaire. "Laissez-les tranquilles, disent leurs parents. Faites votre deuil." La mère cache ses larmes. Il lui est arrivé de s'approcher du collège et de voir des élèves soudain s'éloigner, comme si elle avait la peste. Parfois, quelques-uns l'arrêtent : "Madame, dites-nous, qui est dans la liste ?" Les enseignants, eux, n'ont jamais donné signe de vie.
"La direction nous avait interdit de communiquer avec vous, lui confiera un professeur croisé dans le bus, par hasard. Certains d'entre nous vous ont quand même écrit après l'enterrement. Vous n'avez rien reçu ?" Le principal du collège Jean-Monnet n'a jamais voulu dialoguer avec les parents de Marion, sans doute parce qu'au lendemain du drame, sous le choc, ces derniers l'avaient mis en cause. S'il a accepté de les recevoir dans son bureau, un mois plus tard, c'est grâce à la médiation d'Eric Debarbieux. Le spécialiste de la violence à l'école, envoyé sur tous les cas de harcèlement grave, s'est rendu à Briis-sous-Forges. Il a accompagné les parents endeuillés au collège afin qu'ils puissent récupérer les affaires de leur fille et consulter son dossier scolaire.
"Rien ne permettait de penser que Marion allait mal", a sèchement répété le principal, arrivé en septembre 2012 dans ce collège de 600 élèves. Il n'a eu cesse de s'abriter derrière sa hiérarchie. "Nous ne communiquons pas sur cette affaire, fait-il savoir aujourd'hui encore au "Nouvel Observateur", adressez-vous au rectorat." Les explications n'ont jamais eu lieu. Dommage, il eût peut-être suffit d'un mot, d'un geste pour que les parents de Marion cessent de croire que ce silence était forcément coupable.
"Demain, à l'arrêt de bus, t'es morte"
Un si long silence... "Allez, ça va se tasser", éluda le principal quand Nora Fraisse l'avait contacté, en décembre dernier, pour que Marion change de classe. Trois fois, elle avait insisté, sans même obtenir un rendez-vous. Cette mère est particulièrement vigilante. Elle sait que son aînée est sensible, artiste, drôle à faire hurler de rire son père et ses camarades, mais aussi parfois dans son monde, en quête d'affection, touchée par le malheur des autres. Une cible idéale. Petite déjà, elle subissait les mesquineries des copines. En sixième, Marion s'était fait traiter de "mongole" et d'"autiste". En cinquième, un garçon lui avait adressé un SMS : "Demain, à l'arrêt de bus, t'es morte." A la demande de Nora Fraisse, le professeur principal avait aussitôt convoqué l'auteur des menaces qui, aux côtés de sa mère, avait balbutié : "Mais c'était juste pour rigoler !"
Cette année de quatrième, Marion se plaint de ne pas pouvoir travailler. Elle revient du collège un peu triste à force d'être vue comme une "balance" ou une "intello", quand elle ose demander le silence dans sa classe. Au collège, c'est la foire, bavardages, insultes et provocs imposés par quelques fortes têtes. Un garçon dit à une enseignante : "Toi, je te baise !" Un autre jette son carnet de correspondance au visage de la prof d'histoire-géo. A la récré, ça castagne ; il paraît aussi que, parfois, ça picole et ça fume dans les toilettes. Les élèves le racontent, tout fiers.
A Briis-sous-Forges aussi, entre les champs de colza et les pavillons bien léchés, la jeunesse se cherche. La première réunion de rentrée, le 12 octobre 2012, a été plutôt rock and roll. Trois heures durant lesquelles les parents, inquiets des problèmes de discipline, ont interpellé les profs qui, eux-mêmes, ont admis être un peu dépassés, sous l'oeil agacé du nouveau directeur. "On se demandait sur quelle planète nous étions", se souvient un père. Pendant la réunion, Nora Fraisse a envoyé un SMS à Marion pour lui dire qu'elle comprenait ses difficultés à travailler dans de telles conditions. Le principal refuse le changement de classe mais avant Noël, deux des perturbateurs sont renvoyés.
"***", "boloss", grosse, pas de seins…
Le climat s'apaise, Marion tombe amoureuse d'un garçon du collège. Les parents la voient grandir, de plus en plus jolie et coquette, accro aux SMS - "3.000 par mois c'est beaucoup", disent-ils, mais elle a l'air si heureuse...
L'adolescente ne se plaint plus de rien, elle est pourtant la cible d'une petite bande de filles et d'un garçon qu'elle a embrassé un jour, puis éconduit. Alban - appelons-le ainsi (*) - lui a toujours dit : "Ta première fois, ce sera avec moi", avant de réaliser qu'elle en aimait un autre. Alors, avec des copines, il s'amuse à la traiter de "***", lui dit qu'elle est grosse, pas de seins, trop sérieuse... A leurs yeux, elle n'est qu'une nulle, une "boloss", suprême insulte en 2013. Et le bal des gentillesses continue sur internet, au retour du collège et jusque tard, le soir, sous la couette.
Les parents de Marion n'en savent rien. Ils découvriront, avec l'enquête des gendarmes, que leur fille avait, malgré leur interdit, créé un compte Facebook. Ils apprendront aussi qu'elle a prétexté avoir perdu son carnet de correspondance pour en obtenir un autre, dans lequel elle s'octroie des notes toujours aussi bonnes et un comportement exemplaire. Celui-ci est pour la maison. Dans l'autre, le vrai qu'elle signe à la place des parents, on voit clairement la bonne élève se transformer, cumuler les insolences, les propos grossiers, les tricheries. Sans doute, Marion "tente la déconne" pour trouver grâce aux yeux de ceux qui la tiennent.
"Le comportement de Marion se dégrade depuis quelque temps", écrit l'enseignante d'histoire le 1er février. Mais ni cette métamorphose soudaine ni les nombreux retards injustifiés ne donnent lieu à un coup de fil aux parents. Le professeur principal, celui qui, en début d'année, avait dit à Nora Fraisse combien sa fille était douée, attachante, résistante dans cette classe turbulente, ne réagit pas. "Faites-moi signe au moindre problème", avait-il proposé. Lorsque la mère endeuillée composera son numéro, il répondra : "Pourquoi m'appeler ? Marion est décédée. La vie continue." Au "Nouvel Obs", il confie d'une voix blanche : "J'ai trop souffert de cette histoire, je ne veux plus en parler."
"On va t'arracher les yeux, te faire la peau..."
La veille du drame, lors d'un exercice incendie pendant le cours de cet enseignant, Marion est prise à partie. La quasi-totalité de la classe se regroupe autour d'elle pour une broutille, l'adolescente a écrit sur le mur Facebook d'une camarade un de ces commentaires stupides qu'elle a si souvent lus sur le sien : "Lila, t'es une boloss, on t'aime pas." Huées générales. Alban, une fois encore, mène la danse, avec les pestes : "Tu fais moins la fière, hein ?" Ils continuent dans les couloirs : "On va t'arracher les yeux, te faire la peau..." Des toilettes du collège, Marion appelle sa mère : "Je ne me sens pas bien, je voudrais rentrer." Ses grands-parents passent la chercher.
Toute l'après-midi et la soirée, l'adolescente, paniquée par des appels anonymes, des menaces, multiplie les coups de fil, les SMS et les messages sur Facebook. Elle contacte celle qui lui a dit "Si tu reviens au collège, je te buterai", pour savoir si elle compte réellement la frapper. "Non", la rassure l'intéressée qui tapote sur son clavier : "Bon, on t'aime bien mai en ce moment tu nous soule à faire les manières genre tu te la pète, tu te crois populaire, t'essaye de nous clasher et tu crois tous les mecs y te kiffe grave" (sic).
Marion remercie aussi une de ses anciennes copines "de ne pas m'avoir humilié kom tous les autres tout à l'heure". Puis, elle appelle son petit ami : "Il faut mieux rompre pour que les autres ne te fassent pas d'histoire". "Comme tu veux", répond-il, avant d'ignorer ses messages. Le soir, Marion fond en larmes dans les bras de sa mère. Elle ne lui parle pas de l'épreuve qu'elle doit subir le lendemain : des excuses devant toute la classe, pour demander pardon à Lila. "Elle ne va pas avoir les couilles de venir, a balancé une fille de la bande. Si elle se pointe, je vais la tuer !"
Sur Google : "Comment se suicider"
Marion préfère évoquer sa rupture amoureuse. Sa mère la rassure, lui parle des garçons "qui se comportent comme des Cro-Magnon, entre eux, même quand ils tiennent à vous. Allez, dit-elle, vous allez recoller les morceaux." Marion sourit : "Ca fait du bien de pleurer." Avant de s'endormir, elle écrit à un copain : "La chui preske tout en bat... je ne suis kune merde." Le garçon répond : "***, ne dis pas ça..." Avant de s'endormir, l'adolescente tape sur Google : "Comment se suicider".
Quand Alban, celui qui n'a cessé d'importuner Marion, apprend sa mort, il dit : "C'est pas vrai, ***, faites pas chier je suis en train de jouer à la Play." Le lendemain, il reçoit des menaces de mort sur internet et des sifflements à son arrivée au collège. "On a vécu l'enfer", se souvient son père qui, depuis, l'a scolarisé ailleurs. Sur la page Facebook intitulée "Rip [pour "Rest in peace", repose en paix] Marion Fraisse", ouverte par ses camarades, les causes du suicide ne font apparemment aucun doute : "Une pote à mon frère s'est pendue suite à du harcèlement." "Tout le monde la traiter de ***" (sic). "Ouai pire, ils font ça pour rigoler, et aujourd'hui, il pleure." "Quand tu recois des infures du style tu revien on te creve les yeux ça fait mal." Une adolescente s'indigne : "Etes-vous heureux d'avoir poussé quelqu'un à mourir par vos conneries ? Etes-vous heureux d'avoir détruit la vie d'une personne et de sa famille ?"
Au collège, une cellule psychologique est mise en place. Les élèves pleurent, puis les fleurs fanent. Le principal, solennellement, dit qu'il faut tourner la page. Mais la mort brutale de Marion délie les langues. Quelques profs, des parents surtout, veulent parler. Certains apportent leur témoignage aux gendarmes, d'autres appellent les parents Fraisse. Ces derniers soudain se sentent moins seuls. La mère d'une collégienne de Briis, qui, il y a quelques années, a subi l'enfer, crachats et menaces, en raison de sa "gueule d'intello", confie : "Si je ne l'avais pas mise dans le privé, ma fille non plus n'aurait pas survécu." Une autre, désolée de voir son enfant, si bonne élève, se tordre de douleur à l'idée d'aller en classe à force d'être traitée "de grosse, de moche" a exilé sa famille dans le Loir-et-Cher.
"Nous avons 600 élèves, impossible de surveiller votre enfant"
Un père tremble pour sa cadette, 11 ans, surnommée au collège "Poil de carotte", qui ne vient plus dans la cour de récré, de peur de se faire racketter ou taper. Un autre raconte que son fils, 12 ans, est moqué en raison de sa petite taille et de ses bonnes notes. Tout le monde l'appelle "Napoléon". Et puis il y a cette élève de cinquième, coincée dans les vestiaires, à qui des camarades ont dit, en brandissant un déodorant en spray : "Je vais te transformer en chalumeau vivant." Tous ces parents l'affirment : le collège n'a jamais pris la mesure de cette souffrance. Pas d'entretiens sérieux avec le principal malgré de nombreuses demandes, parfois même par lettres recommandées. Juste des propos vaguement rassurants, des aveux d'impuissance, une CPE qui hausse les épaules : "Nous avons 600 élèves, impossible de surveiller votre enfant. Débrouillez-vous pour qu'elle ne soit jamais seule."
Au cimetière, Nora Fraisse a rencontré l'ancien petit ami de Marion et son père. Ce dernier lui a raconté qu'après le drame, des photos de son garçon, traîné à terre par les cheveux, avaient été publiées sur Facebook, qu'il avait alors demandé et obtenu de le changer d'établissement. Depuis, le collège Jean-Monnet est sous surveillance. "La mort de Marion nous a profondément choqués, et nous a amenés à réformer les choses", reconnaît un professeur. Depuis la rentrée, les parents sont systématiquement appelés au bout de trois retards injustifiés. Une campagne de sensibilisation au harcèlement va être lancée. Et les gendarmes continuent d'exhumer sur la Toile des messages destinés à l'Absente de 4e C : "Marion, sache que tu vas nous manquer. Je suis désolé pour toi, pour ce qu'on a pu te faire, j'ai même pas de mot pour nous qualifier tellement on a été durs et idiots."
(*) Les prénoms des enfants ont été modifiés.
La lettre de Marion
Nous publions ici quelques mots laissés par l'adolescente avant de se donner la mort. Le reste ne peut être reproduit, car elle y désigne nommément des élèves de sa classe. A une fille, elle écrit : "Arrête je t'en supplie de crier 'quelle ***' en plein cours." A une autre : "Tu as été odieuse avec moi. Si je suis morte, c'est en partie de ta faute." A un garçon : "Tu n'as fait qu'aggraver les choses." Marion, connue de toutes les quatrièmes, pour son "grand sourire" et sa créativité folle qui lui permettait de customiser des objets, des vêtements et lui donnait l'envie de devenir architecte, se dit lasse d'être traitée de "sale ***", "boloss", "***". Elle écrit : "Vous êtes allez beaucoup trop loin dans cette histoire."
- JohnMédiateur
Pourtant, Eric Debarbieux fait des réunions deux fois par an avec sa femme pour résoudre la violence scolaire !
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/11/12/vincent-peillon-presente-son-dispositif-de-lutte-contre-les-violences-scolaires_1789226_1473685.html
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/11/12/vincent-peillon-presente-son-dispositif-de-lutte-contre-les-violences-scolaires_1789226_1473685.html
Coordonnés par M. Debarbieux, trois hommes et six femmes s'installent, de façon permanente, dans les locaux du 110, rue de Grenelle (Paris 7e), à proximité des bureaux de Monique Sassier, la médiatrice de l'éducation nationale. Neuf noms pour la plupart inconnus du grand public, certains ayant déjà l'expérience du terrain, d'autres, plus jeunes, de la recherche.
Dominique Berteloot, inspecteur départemental, créateur du centre académique d'aide aux écoles et aux établissements dans l'académie de Versailles, est notamment chargé des questions de prévention des risques psychosociaux encourus par les personnels. Une mission d'"actualité", après plusieurs agressions surmédiatisées d'enseignants en septembre – à Bordeaux, Amiens et Angers. Après, aussi, la remise d'une enquête de "victimation" le 20 septembre, dirigée par le même Eric Debarbieux, ayant révélé que, même dans le primaire, les agressions de personnels sont durement ressenties – les violences verbales (injures pour 35,8 % des victimes, menaces pour 17,1 %), l'emportant de loin sur les violences physiques (5,6 % des répondants bousculés, 3,6 % frappés).
Kamel Hamchaoui, titulaire d'un master 2 recherche, est chargé du traitement des signalements de "faits graves" remontant quotidiennement au ministère – autrement dit, de produire les synthèses hebdomadaires et mensuelles. A leurs côtés siégeront également l'universitaire Benjamin Moignard, auteur, entre autres livres, de L'Ecole et la rue, fabriques de délinquance (2008) – lauréat du prix Le Monde de la recherche universitaire –, ainsi que Luc Pham, membre associé de la délégation, qui interviendra en particulier sur les plans d'action d'urgence. Voilà pour les hommes.
Côté femmes, Caroline Veltcheff, inspectrice "établissements et vie scolaire" dans l'académie de Versailles, doit établir le lien entre les disciplines d'enseignement, la prévention de la violence à l'école, accompagner la création de supports et d'outils de prévention. Alice Giralte, professeure certifiée, fera le lien avec les collectivités locales et les associations. Ida Naprous, également enseignante certifiée, se chargera des questions de formation et d'implantation de programmes spécialisés de prévention et de remédiation. Johanna Dagorn de Goïtisolo, coordinatrice des centres d'information des droits des femmes et de la famille et auteure d'une thèse sur les violences dans les collèges favorisés, traitera de la lutte contre la violence de genre, le harcèlement et les violences homophobes. Enfin, Myriam Ouafki, jeune chercheure travaillant sur les dispositifs de prise en charge des décrocheurs, se chargera des contacts avec les organisations et mouvements de lycéens et de jeunes, en suivant notamment le dossier des "exclus" de l'école – temporairement ou définitivement.
Un comité scientifique et d'orientation doit "aider au pilotage de la délégation", explique le ministère. Deux réunions par an sont prévues – outre les réunions dites "d'urgence" –, réunissant, entre autres membres, Egide Royer, professeur à l'université Laval (Québec), Rami Benbenishty, professeur à l'université de Tel Aviv, Catherine Blaya, professeure à l'université de Nice, spécialiste du cyber-harcèlement – qui partage par ailleurs la vie de M. Debarbieux –, la pédopsychiatre Nicole Catheline, la médiatrice Monique Sassier, etc.
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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- Docteur OXGrand sage
John a écrit:Pourtant, Eric Debarbieux fait des réunions deux fois par an avec sa femme pour résoudre la violence scolaire !
http://www.lemonde.fr/education/article/2012/11/12/vincent-peillon-presente-son-dispositif-de-lutte-contre-les-violences-scolaires_1789226_1473685.html
Coordonnés par M. Debarbieux, trois hommes et six femmes s'installent, de façon permanente, dans les locaux du 110, rue de Grenelle (Paris 7e), à proximité des bureaux de Monique Sassier, la médiatrice de l'éducation nationale. Neuf noms pour la plupart inconnus du grand public, certains ayant déjà l'expérience du terrain, d'autres, plus jeunes, de la recherche.
Dominique Berteloot, inspecteur départemental, créateur du centre académique d'aide aux écoles et aux établissements dans l'académie de Versailles, est notamment chargé des questions de prévention des risques psychosociaux encourus par les personnels. Une mission d'"actualité", après plusieurs agressions surmédiatisées d'enseignants en septembre – à Bordeaux, Amiens et Angers. Après, aussi, la remise d'une enquête de "victimation" le 20 septembre, dirigée par le même Eric Debarbieux, ayant révélé que, même dans le primaire, les agressions de personnels sont durement ressenties – les violences verbales (injures pour 35,8 % des victimes, menaces pour 17,1 %), l'emportant de loin sur les violences physiques (5,6 % des répondants bousculés, 3,6 % frappés).
Kamel Hamchaoui, titulaire d'un master 2 recherche, est chargé du traitement des signalements de "faits graves" remontant quotidiennement au ministère – autrement dit, de produire les synthèses hebdomadaires et mensuelles. A leurs côtés siégeront également l'universitaire Benjamin Moignard, auteur, entre autres livres, de L'Ecole et la rue, fabriques de délinquance (2008) – lauréat du prix Le Monde de la recherche universitaire –, ainsi que Luc Pham, membre associé de la délégation, qui interviendra en particulier sur les plans d'action d'urgence. Voilà pour les hommes.
Côté femmes, Caroline Veltcheff, inspectrice "établissements et vie scolaire" dans l'académie de Versailles, doit établir le lien entre les disciplines d'enseignement, la prévention de la violence à l'école, accompagner la création de supports et d'outils de prévention. Alice Giralte, professeure certifiée, fera le lien avec les collectivités locales et les associations. Ida Naprous, également enseignante certifiée, se chargera des questions de formation et d'implantation de programmes spécialisés de prévention et de remédiation. Johanna Dagorn de Goïtisolo, coordinatrice des centres d'information des droits des femmes et de la famille et auteure d'une thèse sur les violences dans les collèges favorisés, traitera de la lutte contre la violence de genre, le harcèlement et les violences homophobes. Enfin, Myriam Ouafki, jeune chercheure travaillant sur les dispositifs de prise en charge des décrocheurs, se chargera des contacts avec les organisations et mouvements de lycéens et de jeunes, en suivant notamment le dossier des "exclus" de l'école – temporairement ou définitivement.
Un comité scientifique et d'orientation doit "aider au pilotage de la délégation", explique le ministère. Deux réunions par an sont prévues – outre les réunions dites "d'urgence" –, réunissant, entre autres membres, Egide Royer, professeur à l'université Laval (Québec), Rami Benbenishty, professeur à l'université de Tel Aviv, Catherine Blaya, professeure à l'université de Nice, spécialiste du cyber-harcèlement – qui partage par ailleurs la vie de M. Debarbieux –, la pédopsychiatre Nicole Catheline, la médiatrice Monique Sassier, etc.
Pffffff..... Quelle bouffonnerie.
Dire qu'il faudrait simplement le retour d'un peu de courage (en commençant par l’administration) et de beaucoup d'autorité (avec la répression qui va avec) à tous les étages pour ne plus voir de drames pareils dans nos écoles.
- DinaaaExpert spécialisé
C'est terrible mais... j'ai l'impression que c'est la première fois que je lis dans un article de journal une description exacte de ce qui se passe dans certaines classes (insultes entre élèves, menaces, mépris total de l'autorité des adultes, gestion à la dérive - pas d'appel aux parents en cas de retard ! - bons élèves marginalisés, agressés, impossibilité de travailler...).
Pauvre petite Marion
Pauvre petite Marion
- CeladonDemi-dieu
L'inspectrice Etablissements et vie scolaire était conseiller culturel ici voici quelques années.
- SpartacusNiveau 8
Il y a trop de non dits dans ces affaires. Des analyses qu'on n'a pas le droit de faire. Ces choses-là n'arrivent pas par hasard et pas à n'importe qui. C'est un fait, mais peut-on le dire? Le mérite de cet article est de révéler cela. Mais il doit être lu en creux.
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
- philannDoyen
Je suis assez d'accord!Spartacus a écrit:Il y a trop de non dits dans ces affaires. Des analyses qu'on n'a pas le droit de faire. Ces choses-là n'arrivent pas par hasard et pas à n'importe qui. C'est un fait, mais peut-on le dire? Le mérite de cet article est de révéler cela. Mais il doit être lu en creux.
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
D'ailleurs, les plus pervers dans cette histoire me semblent beaucoup plus les adultes... leur absence de réaction, leur silence, leur renvoi à la hiérarchie...etc...
Je n'arrive pas à croire que cette barbarie serait possible si elle n'était pas déjà conditionnée par les adultes...:|
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- dandelionVénérable
Je ne crois pas que ce soit ce que tu veux dire à lire la suite du message, mais tes paroles pourraient être mal interprétées: elle l'a bien cherché. Je suis d'accord avec ton analyse: les enfants savent qu'ils ne prennent guère de risque en harcelant leurs camarades ou même leurs professeurs. L'administration préfèrera souvent courir le risque d'un suicide plutôt que de réagir.Spartacus a écrit:Il y a trop de non dits dans ces affaires. Des analyses qu'on n'a pas le droit de faire. Ces choses-là n'arrivent pas par hasard et pas à n'importe qui. C'est un fait, mais peut-on le dire? Le mérite de cet article est de révéler cela. Mais il doit être lu en creux.
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
Dans cette affaire, il est effarant de voir que ni les enseignants ni l'administration n'ont ne serait-ce que présenté leurs condoléances. Il fut un temps où les chefs d'établissement avaient, si ce n'est de la compassion, au moins quelques manières. Ça ne me surprend pas plus que ça hélas: un de mes élèves a été victime d'une agression au collège et hospitalisé dans un état préoccupant. Je suis la seule à avoir contacté la famille. Commentaire de la vie scolaire: "j'ai zappé". Tout était dit.
- KirikikiNiveau 7
Les réseaux sociaux sont à double tranchant, en voici encore la preuve... bon nombre d'élèves et de profs se font insulter via ces fameuses pages et parfois c'est le drame; on vous expliquera qu'il n'y a pas de mal, que ce sont des jeux d'enfants, ah bon ?! Si, nous adultes, pouvons encore répliquer que nous allons déposer plainte, les plus jeunes préfèrent se taire, encaisser et quand la coupe est pleine (souvent à l'insu de leurs proches) c'est la bascule, fatale, sans retour possible.
Je suis consternée, Marion n'est pas la première ne sera hélas pas la dernière mais voilà à quand une véritable action, un verrouillage de ces langues de vipères "so in" car sur internet, portées par cet élan que confère l'écran, les "j'aime" / "j'aime pas".
Je suis consternée, Marion n'est pas la première ne sera hélas pas la dernière mais voilà à quand une véritable action, un verrouillage de ces langues de vipères "so in" car sur internet, portées par cet élan que confère l'écran, les "j'aime" / "j'aime pas".
- SpartacusNiveau 8
C'est la faute à Rousseau. L'homme ne nait pas bon. Il le devient. Ça s'appelle la civilisation. Certains refusent la civilisation. D'autre se refusent à la leur imposer. Moralité : sortez vos mouchoirs.Philann a écrit:D'ailleurs, les plus pervers dans cette histoire me semblent beaucoup plus les adultes... leur absence de réaction, leur silence, leur renvoi à la hiérarchie...etc...
Je n'arrive pas à croire que cette barbarie serait possible si elle n'était pas déjà conditionnée par les adultes...Neutral
Les adultes semblent effectivement jouer un jeu assez pervers dans tout ça, qui dépasse la simple passivité. Il ne faut pas oublier qu'il y a dans la société environ 5% de pervers narcissiques. Et ils aiment être à un poste où ils peuvent dominer, briller, être en vue. Je ne serais pas étonné outre mesure que l'EN ne soit, surtout dans la hiérarchie, un nid de ces sinistres personnages. C'est une explication qui en vaut une autre et je ne demande à personne d'être d'accord. Mais j'ai connu beaucoup de ces profils, totalement dénués d'empathie, capables de jouer avec la vie (scolaire ou pro) des autres sans état d'âme. Après tout, 5%, ça fait une personne sur 20...
Je me souviens d'un fait divers il y a quelques années : une gamine s'était fait charcuter l'entrejambe avec une bouteille de soda, bien connu, aux formes galbées. Cela s'était passé en cours de récré et les adultes présents ont assisté à la scène sans broncher. La séance a pu être menée à son terme, tranquillou...
Je veux même dire exactement le contraire!Dandelion a écrit:Je ne crois pas que ce soit ce que tu veux dire à lire la suite du message, mais tes paroles pourraient être mal interprétées: elle l'a bien cherché.
Il semblerait que pour les bourreaux les petites victimes soient comme des espèces de proies par nature... Un peu comme ils (certains) ont parfois tendance à penser des femmes qu'elle sont toutes des p-tes, et qu'ils n'ont qu'à se servir (sauf leurs mères et leur sœurs (s'entend!). Et à ne rien dire, on encourage cette lecture sociale, et les actes qui en découlent.
- RoninMonarque
Malheureusement de nouveau entièrement d'accord avec toi.Spartacus a écrit:Il y a trop de non dits dans ces affaires. Des analyses qu'on n'a pas le droit de faire. Ces choses-là n'arrivent pas par hasard et pas à n'importe qui. C'est un fait, mais peut-on le dire? Le mérite de cet article est de révéler cela. Mais il doit être lu en creux.
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
- Docteur OXGrand sage
Moi aussi. Et qu'on ne dise que ça a toujours existé... ce qui est nouveau, c'est cette lâcheté institutionnalisée par le haut. Les questions de Marion : qui m'a défendu au collège ? qui a assuré ma sécurité ? qui a puni (véritablement et non pas symboliquement) mes agresseurs ? PERSONNE. Et on est en France avec un budget dément pour l'EN., des réformes à la c..., des "spécialistes" par dizaines.... mais on a PERSONNE pour arrêter des bourreaux dans une enceinte scolaire. Bravo. Chapeau l'artiste.Ronin a écrit:Malheureusement de nouveau entièrement d'accord avec toi.Spartacus a écrit:Il y a trop de non dits dans ces affaires. Des analyses qu'on n'a pas le droit de faire. Ces choses-là n'arrivent pas par hasard et pas à n'importe qui. C'est un fait, mais peut-on le dire? Le mérite de cet article est de révéler cela. Mais il doit être lu en creux.
Il faudrait vraiment renouer avec le réel et employer les mots qui désignent cette réalité. Quand on a commencé à accepté d'employer pour des actes gravement anti-sociaux, voire de pure barbarie, le terme d'"incivilités" qui jusque-là s'appliquait par exemple au fait de ne pas tenir la porte d'une vieille dame, on s'est engagés sur une pente fatale. Le mot harcèlement lui-même est actuellement trop employé pour désigner ce qui se passe dans le climat feutré des entreprises. On perd de vue son sens premier qui est guerrier.
D'ailleurs, toute cette histoire pourrai se résumer au sens véritable du mot "boloss". Le boloss c'est celui qu'on peut "bolosser" impunément. Le boloss est une victime née. Qu'est-ce qui caractérise cette victime née pour servir de souffre douleur? Le fait qu'on sait qu'en tant que telle, elle ne pourra compter sur personne pour prendre sa défense.
Comme quoi, on peut être sans cœurs mais pas sans finesse. Nos jeunes harceleurs savent apprécier les forces en présence. Ils savent quand l'administration est prête à tout pour faire croire que la mer est d'un calme plat... Ils nous connaissent bien, finalement, ces charmants bambins...
- RoninMonarque
Ben fo pas stigmatiser les jeunes quoi.
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- SpartacusNiveau 8
Du temps où les classes étaient remplies de boloss, ça n'existait pas.Docteur OX a écrit:Moi aussi. Et qu'on ne dise que ça a toujours existé... ce qui est nouveau, c'est cette lâcheté institutionnalisée par le haut.
- Spoiler:
- La lâcheté institutionnelle c'est la renonciation de l'état à traiter tous les élèves avec la même exigence et qui s'est traduite sur le terrain par une complaisance coupable pour ceux qui monopolisent l'attention défavorablement, au détriment de ceux qui ne font pas de bruit.
C'est toute l'institution qui est en plein déni du réel. Les enseignants qui sont conscients de cela souffrent parce que les injonctions paradoxales qu'on leur impose les obligent à un dédoublement schizophrénique. Les mots, eux sont truqués et ne désignent plus rien. Ceux qui tentent péniblement de sortir du carcan idéologique se font rabrouer par les collègues qui restent assis sur la boite de Pandore de la vérité, pour ne pas... pour ne pas quoi au fait? Peut-être parce qu'ils ont compris ce qu'on attendait d'eux et où était leur intérêt, selon la formule consacrée. Ce sont de bons petits soldats.
Il est d'ailleurs assez révélateur que ce fil suscite aussi peu de commentaires. Bah, c'est quand même un sujet "sensible" (synonyme : explosif)
Là où les adultes sont indéfendables et impardonnables, c'est que nous sommes dans une culture de la médiation où il est interdit de se défendre soi-même (mais où il est possible de tomber lâchement à plusieurs sur un gamin ou une gamine au sol, voir le cas récent de la petite Lehna). On habitue les enfants depuis tout petits à faire appel à l'adulte pour régler les difficultés. Confronté à la culture de l'omerta (pas être une balance), du caïdat (on ne respecte que celui qui se fait respecter par la force ou par la frime), du mauvais élève (seul l'élève en difficulté mérite la compassion, même quand c'est un bourreau ), du mépris de l'excellence (le bon élève c'est toujours un peu le fayot, même pour les profs, qui du coup, rechignent à prendre leur défense)... dans cette culture-là, l'élève sage et travailleur, souvent modeste (et parfois détesté pour ça ; on pardonne plus facilement aux enfants des dits "bourgeois", d'être bons en classe) ne trouve plus personne pour le protéger. Pire, au moindre signal d'alerte, on s'en détourne en pinçant le nez. Après tout, trop calme, trop appliqué, trop poli... c'est un peu comme la fille qui porte un mini-jupe ou la vioque qui ose encore mettre sa bague de fiançailles pour prendre les transports en commun... "Quand même, ils provoquent. Ils savent pourtant bien qu'en face, on est sur du pavlovien tendance quart de tour... Qui sème le vent récolte des humiliation, des brimades et des coups. Z'avaient qu'à pas chercher les problèmes, quoi! Euh, pardon... Les zembrouilles et le bolossage... (termes techniques)"
C'est parce genre de dérive qu'on en vient à la légitimation de la force.
Et voilà pourquoi votre fille est muette...
Malheureusement, oui... Moi aussi je préfèrerais ne pas être d'accord avec moi...Ronin a écrit:Malheureusement de nouveau entièrement d'accord avec toi.
- LefterisEsprit sacré
Eh oui, de manière toute naturelle, sans organisation , instinctivement, c'est la culture mafieuse qui se met en place dans les établissements : loi du plus fort, loi du groupe valorisation du plus cynique (violent, sournois ..). La société, représentée par les adultes, fait le dos rond, capitule, adapte le système à cet état de fait au lieu d'essayer d'y remédier. Avec nun peu de honte quand même, car le déni permanent est la marque de cette honte...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- ThalieGrand sage
Evidemment je ne peux que partager les dernières analyses. Il y a quelques années, nous avions un élève modèle, premier de classe, famille bcbg petites lunettes d'intellos et beaucoup plus 'petits garçons' encore en 3e que ses camarades. Il était en classe bilangue. Lors d'une sortie à Arles, un des élèves de la classe (gamin déstructuré) l'a frappé. Commentaire du médecin scolaire en parlant de l'élève modèle : 'c'est une caricature d'élève !'
J'étais écoeurée.
L'an dernier, nouveau cas de harcèlement dans ma classe de 5e sur la fille d'une collègue prof de Maths dont le mari est prof d'EPS. La petite était excellente partout et même en Sport. Elle avait également l'outrecuidance d'arriver de Tahiti où ses parents avaient été mutés 4 ans et les élèves avaient appris lors de la journée de pré-rentrée qu'elle était née à Paris. Elle a dû subir un déchaînement de violences. En EPS, lors de la lutte, elle a été malmenée alors qu'elle était apparemment plus douée que certains garçons. Mais ma principale l'a trouvée hautaine donc elle n'a rien fait quand la maman a demandé à la changer de classe.
Deux petits exemples parmi de très nombreux autres dans un collège lambda sans gros problèmes. Le pire, en effet, est d'entendre les collègues dirent : 'mouais mais il l'a cherché !"
J'étais écoeurée.
L'an dernier, nouveau cas de harcèlement dans ma classe de 5e sur la fille d'une collègue prof de Maths dont le mari est prof d'EPS. La petite était excellente partout et même en Sport. Elle avait également l'outrecuidance d'arriver de Tahiti où ses parents avaient été mutés 4 ans et les élèves avaient appris lors de la journée de pré-rentrée qu'elle était née à Paris. Elle a dû subir un déchaînement de violences. En EPS, lors de la lutte, elle a été malmenée alors qu'elle était apparemment plus douée que certains garçons. Mais ma principale l'a trouvée hautaine donc elle n'a rien fait quand la maman a demandé à la changer de classe.
Deux petits exemples parmi de très nombreux autres dans un collège lambda sans gros problèmes. Le pire, en effet, est d'entendre les collègues dirent : 'mouais mais il l'a cherché !"
- RoninMonarque
Y a quand même beaucoup de sombres cons dans notre métier.
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- SpartacusNiveau 8
Il y a en effet quelque chose d’extrêmement troublant dans ces attitudes d'adultes dépositaires du pouvoir et qui s'en servent pour régler leur propres comptes avec la société.
Pff...
- Spoiler:
- Il y a peu, un collègue m'a dit : "Après tout, c'est quoi un prof ? C'est quelqu'un qui n'est jamais sorti de l'école." Ça n'a pas cessé de me trotter dans la tête. Tous les profs n'étaient pas forcément de bons élèves en classe. Certains doivent régler leurs comptes avec les têtes d'ampoules. C'est d'un minable.
Malgré tout, cela n'explique pas totalement la part de sadisme que révèle les deux anecdotes de Thalie :
Commentaire du médecin scolaire en parlant de l'élève modèle : 'c'est une caricature d'élève !'
Mais ma principale l'a trouvée hautaine donc elle n'a rien fait quand la maman a demandé à la changer de classe.
Pff...
- SpartacusNiveau 8
Ronin a écrit:Y a quand même beaucoup de sombres cons dans notre métier.
- Spoiler:
- Baff! S'ils se contentaient d'être cons... Mais ils sont méchants en plus!
La charge de ressentiment dans ce métier est considérable.
- Docteur OXGrand sage
http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/brighelli-pour-marion-21-11-2013-1759329_1886.php
Pour Marion
Par Jean-Paul Brighelli
Pour Marion
Par Jean-Paul Brighelli
Elle s'appelait Marion Fraisse, elle avait 13 ans, elle brillait en classe de quatrième, dans un collège ordinaire de l'Essonne, celui de vos enfants peut-être, et le 13 février dernier, elle a mis fin à ses jours. Elle s'est pendue en laissant une lettre à ses proches où elle explique le pourquoi de son geste et de son désespoir.
Sa mère Nora a expliqué tout cela à Thomas Sotto sur Europe 1 cette semaine. Elle a résumé la dernière rédaction de sa fille, si je puis dire : "Elle disait que sa vie a dérapé, a basculé. Personne ne l'a compris. Elle décrit les principales insultes, les principales menaces. Elle donne les noms des principaux harceleurs. Elle garde cette douceur et cette sensibilité qui la caractérisaient. Elle trouve les mots justes, les mots doux, malgré sa souffrance. Et elle nous dit adieu. Et elle remercie, elle dit : Merci pour ceux qui m'aimaient pour ce que je suis, et non pas ce que je ne suis pas." Elle a rappelé les événements antérieurs, le début de la traque, en sixième et en cinquième - une traque opérée par des gosses de 12 ans sur une fillette de leur âge. Une "***", une "boloss" et autres aménités diffusées via les réseaux asociaux, comme on devrait dire : Facebook est aussi l'école de la haine.
Nora Fraisse a annoncé qu'elle portait plainte, nommément, contre les petits salauds qui ont harcelé sa fille et l'ont poussée à l'irréparable. Des gosses peut-être, mais dans un système judiciaire cohérent, on appellerait ça des assassins.
Une direction qui a fermé les yeux
Elle a aussi porté plainte contre un système scolaire qui n'a pas fait son travail, qui n'a pas protégé une enfant qu'il savait persécutée, parce que cela durait depuis deux ans, que l'ancienne direction du collège y avait mis bon ordre, mais qu'il a suffi qu'elle change (oui, la personnalité d'un chef d'établissement et de ses adjoints a une importance décisive) pour que la surveillance s'effrite et que les voyous se faufilent dans les brèches. "En quatrième, nouveau principal adjoint, et là, tout a basculé. Dès les premiers jours, Marion, quand on a vu la liste des élèves, on a eu très peur." Sans doute aurait-il suffi que l'administration prévienne les parents, leur dise que leur fille se faisait insulter, menacer, tabasser. Mais il y a tant de choses à régler, dans un collège...
Elle n'était pas la seule. D'autres élèves - d'autres "bons" élèves - étaient aussi la cible des mêmes massacreurs, qui les menaçaient de faire d'eux "un chalumeau".
Retour au récit de Nora Fraisse. La veille, "elle m'a appelée - elle s'était réfugiée aux toilettes - en me disant : Je ne vais pas bien, il faut que je rentre." Elle a eu de vraies menaces de mort. Elle était attendue le lendemain au collège. Elle était attendue au collège par les harceleurs. Pour lui faire la peau."
La rage contre ceux qui ont de bonnes notes
Et pourquoi harcelait-on cette gamine ? Parce qu'elle était bonne élève, et que la rage à la mode depuis quelques années s'exerce à l'encontre de ceux qui ont de bonnes notes. Sans doute la raison pour laquelle tant de pédagogues fous et mous veulent désormais s'en passer et évaluer les élèves au doigt mouillé et à l'évaluation des compétences - toujours "acquises" ou "en cours d'acquisition", ce qui évite de fâcher les familles et la FCPE. "Marion était embêtée à la fois par des élèves de cinquième, de quatrième, et principalement des élèves de sa classe de quatrième, qui s'en sont pris à d'autres. Une jeune fille, qui a été prise à partie à plusieurs reprises, a été bloquée dans les vestiaires également, avec un briquet et un déodorant en lui disant : "On va faire de toi un chalumeau." Son ex-petit ami a été battu, mis à terre avec une photo sur Facebook. Alors, ce sont les témoignages que j'ai recueillis, mais sur 600 élèves, bien d'autres doivent subir la même chose, puisque 15 % des élèves se disent harcelés et ne le disent pas."
Comme l'a remarqué sobrement Thomas Sotto, "ce sont là les chiffres de l'Éducation nationale". Mais "40 % des bons élèves s'en plaignent. Marion faisait partie des très bons élèves, elle était brillante. Aujourd'hui, les bons élèves sont stigmatisés."
L'instruction des vivants
Cela, Nora Fraisse l'a écrit en février, en mars, en juin, une dernière fois en septembre. Silence radio, si l'on excepte un mot de condoléances (au passage, pas un mot, dit-elle, des "équipes pédagogiques" - toutes mes félicitations sincères aux chers collègues). Aucune réponse. Une enquête a été diligentée, des conclusions remises au rectorat, dont personne n'a eu communication, malgré les réclamations de l'avocat des Fraisse. Circulez, il n'y a rien à voir.
Porter plainte, oui, pour atténuer une douleur qui ne peut être atténuée ("on a pris perpète", dit très expressivement Nora Fraisse) ; pour que des assassins soient mis en face de leurs responsabilités - et leurs parents aussi. Et pour que cela serve à l'instruction des vivants.
Je voudrais cependant aller un peu plus loin - pour que cela serve aussi à notre réflexion sur le système scolaire tel qu'il existe.
Jadis, le bon élève était couvert de lauriers
Voilà des années que nous sommes nombreux à demander le rétablissement des classes de niveau au collège - pour le plus grand bien des meilleurs élèves, que la lie de la terre tire en arrière, et afin que les enseignants puissent construire avec cohérence leurs cours pour les élèves en difficulté, au lieu de jongler avec des carpes et des lapins, passant du programme tel qu'il doit se faire à des séquences de ré-alphabétisation laborieuse. Mais la diversité, paraît-il, est bonne pour les uns et les autres...
Ce n'est tout simplement pas vrai. Ceux qui ne comprennent pas, et qui parfois ne veulent pas comprendre, tirent en arrière ceux qui ont déjà compris - mais qui se soucie de ces derniers ? Jadis, le bon élève était révéré dans ce pays, on le couvrait de lauriers, on organisait pour lui des remises de prix (et ce serait une bonne idée d'y revenir). Aujourd'hui, il est vilipendé, méprisé parfois, puisqu'il sort du lot, et qu'"élite" est un gros mot. On tente d'anéantir les classes prépas en les noyant dans des facs souvent peu fonctionnelles, on va diminuer le salaire des profs qui y enseignent pour verser des primes aux enseignants de Zep (n'appelle-t-on pas ça "déshabiller Pierre pour habiller Paul" ? Augmentons les salaires de tous les enseignants travaillant en zones difficiles, au lieu de décourager ceux qui travaillent encore à dégager une excellence).
L'espoir de ce pays
Le bon élève sort du lot - quelle inconvenance ! Pour pallier cette déficience, on a trouvé deux solutions : on surnote tout le monde, on brade le bac, on les envoie droit dans le mur, parce qu'à un moment ou à un autre la vie et l'enseignement supérieur présentent l'addition. Puis on dévalue les meilleurs - surtout, qu'aucune tête ne dépasse. On les laisse en butte aux risées des cancres et, parfois, à leurs instincts de mort.
Les parents informés tentent de contourner cette fatalité en inscrivant leurs enfants dans les "classes européennes" des collèges - qui sont de fait des classes de niveau -, en leur faisant choisir des options réputées d'excellence - l'allemand en sixième, et le latin plus tard. Manoeuvres dérisoires. Pendant ce temps, la fine fleur d'une génération est en butte aux vexations des demeurés.
Non que je ne respecte pas le demeuré. Il a droit, lui aussi, d'aller au plus haut de ses capacités - mais pas de ses bas instincts.
Le bon élève est l'espoir de ce pays. Il est - il devrait être - le modèle, au lieu d'être l'épouvantail. Il est de toute première urgence de le protéger, de l'encourager, d'en faire le modèle. C'en est assez de couvrir la violence des ânes. Il faut les instruire, leur dire et leur redire qu'il n'y a d'espoir qu'en l'école, et, s'ils ne comprennent pas, s'ils choisissent encore de détruire au lieu de se construire, oui, il faut les châtier.
P.-S.. Je viens tout juste de recevoir une lettre indignée (et vaguement menaçante) de Denis Paget, membre désigné du tout nouveau Conseil supérieur des programmes. Il s'est reconnu, sans être nommé, dans quelques lignes que je consacrais à ce nouveau machin il y a un mois (http://www.lepoint.fr/invites-du-point/jean-paul-brighelli/programmes-scolaires-le-nouveau-machin-de-la-rue-de-grenelle-11-10-2013-1742657_1886.php). Et tient à me faire savoir qu'il a toujours gardé quelques heures d'exercice, pendant qu'il était parmi les membres dirigeants de la FSU, conformément à une politique constante de ce syndicat qui ne pratique pas les décharges totales. Dont acte, ce qui souligne encore une fois que ce ne sont pas les enseignants qui peuplent ce conseil, mais des politiques, forcément compétents.
Ce qu'il m'écrit par ailleurs de nos dissensions entre ce qui serait mon parti pris de l'école de papa et sa défense d'une pédagogie moderne ("l'école du passé produisait de l'échec et de l'exclusion" - oui-da, mais bien moins que l'école d'aujourd'hui) ne me laisse rien augurer de bon de sa participation active à cette instance. Ce sont des praticiens de terrain qu'il aurait fallu. Rien de nouveau sous le soleil. Beaumarchais, dans Le mariage de Figaro, déplorait déjà les mécanismes de l'incompétence : "Il fallait un calculateur ; ce fut un danseur qui l'obtint."
- RoninMonarque
+1 comme souvent avec JPB.
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- SpartacusNiveau 8
Encore une fois merci Docteur OX.
Trouverait-on que Brighelli exagère? Il n'y a qu'à constater le silence assourdissant de ce fil, alors que nous avons tous la même expérience du terrain. Par acquis de conscience, j'exclue quand même ceux qui ont la chance d'enseigner à Notre-Dame des Oiseaux ou à la Légion d'Honneur...
Trouverait-on que Brighelli exagère? Il n'y a qu'à constater le silence assourdissant de ce fil, alors que nous avons tous la même expérience du terrain. Par acquis de conscience, j'exclue quand même ceux qui ont la chance d'enseigner à Notre-Dame des Oiseaux ou à la Légion d'Honneur...
- Petit commentaire qui n'engage que moi...:
- Petite remarque : l'école ne fabrique même plus du crétin, mais du facho. Car il est naïf de croire que ces gamins normaux (oui, j'ose le mot) harcelés depuis l'enfance et obligés de raser les murs, ne vont pas à l'âge adulte, tirer les conclusions que les adultes auxquels ils sont confiés aujourd'hui refusent de tirer, mais couvrent au contraire de leur autorité, au mépris de la vie des plus faibles (moins brutaux) mais des meilleurs (scolairement s'entend).
Selon BVA, le potentiel de vote du Front national est particulièrement fort chez les jeunes (33 %). Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, ni ne pense : le clivage n'est pas entre "de souche" et ceux dont la souche est ailleurs. Mais entre l'aspiration légitime à un ordre comme rejet de l'expérience d'un désordre qui dans ses interstices, engendre ou favorise ou nourrit la violence et l'excuse, parfois d'avance.
J'ajoute qu'à mon sens le risque est d'autant plus fort que ces mêmes jeunes, mêmes "bons élèves" (ce qui ne veut plus dire grand chose) n'ont plus les moyens intellectuels pour faire des nuances. On ne fait que leur appliquer des méthodes d'apprentissages procédurales (comme les rats, si, si...) et des valeurs tellement manichéennes que si demain leur (mauvaise) expérience les amène à modifier leur point de vue, c'est vers "l'autre son de cloche" qu'il iront, par un mouvement de balancier mécanique. Et ce avec d'autant plus d'enthousiasme que leur expérience ils l'auront payé de leurs larmes et parfois de leur sang, dans l'indifférence générale. Les adultes qui n'ont jamais été là pour les défendre seront bien mal placés pour leur faire la morale. Et les leçons de la dernière guerre risquent de leur paraître bien éloignées, fades et déconnectées, en face des violences actuelles dont ils sont témoins et victimes aujourd'hui.
Si certains doutent de ce qui je dis, qu'ils aillent faire un tour sur les forum d'ados. Les digues sont en train de sauter... Quel gâchis!
- Un père porte plainte contre un enseignant après le suicide de sa fille
- Lycée professionnel Corot (Beauvais, Oise) : l'établissement porte plainte contre un élève, qui porte lui-même plainte contre un enseignant.
- Harcèlement à Albert (80) : Des parents déposent plainte contre des adolescents et contre le lycée Lamarck suite à la tentative de suicide de leur fils.
- Wikipedia porte plainte contre la NSA.
- Connecticut : une jeune fille de 7 ans refusée à l'école par crainte d'Ebola - la famille porte plainte.
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