Les « nouveaux » 2des

Mes collègues et moi sommes catastrophés par les notes des 2des dans plusieurs matières depuis 3-4 ans environ.
Cette année, après quelques devoirs, nous rencontrons de plus en plus des notes qu'on ne voyait pas auparavant : de nombreuses notes inférieures à 3, il y a même des zéros !
C'était plus rare surtout en début d'année. Bref, le niveau monte mais on ne précise pas de quoi.  

Des élèves qui ne font strictement rien, refusent de prendre le cours, qui ne comprennent pas des mots simples : favorable, limite ou rural, etc.  

Constatez-vous cette évolution ?

Oui dans les extrêmes on atteint des nouveaux inouis.
Ici le CDE a une explication possible: au lieu de partir en pro, les élèves les plus faibles et pas sûrs d'être acceptés passent par la seconde générale, glandouillent un an, font un stage passerelle qui leur assure une place en 1ère pro sans passer par la 2de pro.

En tant qu'EAP je viens de faire ma première rentrée cette année et j'ai été choqué par les secondes et les premières. J'ai eu le même problème avec favorable (pourtant, j'imagine qu'ils ont reçu un avis favorable pour le passage en seconde, donc ils ont entendu le mot au moins une fois...) et un autre mot vraiment simple mais dont je me souviens plus.
Et ne parlons pas du mot intrinsèque...
Heureusement mon tuteur ne m'a pas encore donné de copie à voir/corriger, parce que j'imagine que non seulement je passerai par tous les stades :shock:        et que la moyenne risque fortement baisser si je les note comme j'estime qu'ils devraient l'être... (même si je ne sais pas comment mon tuteur note, mais j'imagine qu'il essaie d'avoir une moyenne entre 8 et 12, moyenne irréaliste à la vue des heures que j'ai passé avec les premières)

[quote][quote]j'ai le même problème avec "favorable "(pourtant, j'imagine qu'ils ont reçu un avis favorable pour le passage en seconde, donc ils ont entendu le mot au moins une fois...)

c'est peut-être ça le problème, le sens n'était pas clair, vu le niveau...

A tous les niveaux, le système incite à la glandouille.
Quant à la prise de notes, j'ajouterai qu'on ne fait pas assez de copie en élémentaire, et pas assez de dictées au collège, pour que les lycéens aient la dextérité nécessaire. Je ne parle même pas de l'orthographe.  

Et puis préparez à ce que ça ne s'arrange pas... dans mon collège, ce seront les parents qui décideront de l'orientation de leur enfant à l'issue de la 3è. Nous ne serons là que pour conseiller, et non décider... youpi.

Cette année, j'ai une moyenne en seconde de presque 9,5, ce qui est bien, mais il y a deux ans, c'était plus proche de 6 et les T L de cette année ont pour l’instant 3,9 en histoire, 5,1 en littérature et 5,15 en philo. En français, l'an dernier, ils avaient entre 4,9 et 5,5. Mais je vous rassure : ils ont eu presque 11 à l'épreuve du Bac. Chuis bon prof, hein ?

En effet les collèges nous envoient des gens de 3e qu'il ne faut surtout pas faire redoubler ou orienter vers autre chose que la 2de générale.
Celle-ci devient une 3e bis...

Oh, pour le dernier devoir des secondes, j'ai des notes tellement extrêmes....
Un quart de la classe en dessous de 2 et une petite poignée au dessus de 10.
5 pour être précis.

angelxxx a écrit:En tant qu'EAP je viens de faire ma première rentrée cette année et j'ai été choqué par les secondes et les premières. J'ai eu le même problème avec favorable (pourtant, j'imagine qu'ils ont reçu un avis favorable pour le passage en seconde, donc ils ont entendu le mot au moins une fois...) et un autre mot vraiment simple mais dont je me souviens plus.
Et ne parlons pas du mot intrinsèque...
Heureusement mon tuteur ne m'a pas encore donné de copie à voir/corriger, parce que j'imagine que non seulement je passerai par tous les stades :shock:        et que la moyenne risque fortement baisser si je les note comme j'estime qu'ils devraient l'être... (même si je ne sais pas comment mon tuteur note, mais j'imagine qu'il essaie d'avoir une moyenne entre 8 et 12, moyenne irréaliste à la vue des heures que j'ai passé avec les premières)

Je ne suis pas choqué qu'ils ignorent "intrinsèque". "Favorable" en revanche...  

Ce qui est consternant aussi, c'est le nombre d'élèves qui écrivent très peu sur une copie de bac. Ils pensent s'en sortir en dissertation avec une ou deux pages aérées. En fait, ils n'essaient même pas de se coller au travail. Je constate que d'un prof à l'autre, les paquets de copies n'ont pas la même épaisseur. Je sais bien que la quantité ne garantit pas la qualité, mais quand il y a de la matière, on peut au moins proposer des pistes pour progresser.

Cripure a écrit:Cette année, j'ai une moyenne en seconde de presque 9,5, ce qui est bien, mais il y a deux ans, c'était plus proche de 6 et les T L de cette année ont pour l’instant 3,9 en histoire, 5,1 en littérature et 5,15 en philo. En français, l'an dernier, ils avaient entre 4,9 et 5,5. Mais je vous rassure : ils ont eu presque 11 à l'épreuve du Bac. Chuis bon prof, hein ?

Pas mal... :Lool: 

Mais les prépas du coin savent-elles que vous notez comme des rats, dans votre bahut?

egomet a écrit:

Cripure a écrit:Cette année, j'ai une moyenne en seconde de presque 9,5, ce qui est bien, mais il y a deux ans, c'était plus proche de 6 et les T L de cette année ont pour l’instant 3,9 en histoire, 5,1 en littérature et 5,15 en philo. En français, l'an dernier, ils avaient entre 4,9 et 5,5. Mais je vous rassure : ils ont eu presque 11 à l'épreuve du Bac. Chuis bon prof, hein ?

Pas mal... :Lool: 

Mais les prépas du coin savent-elles que vous notez comme des rats, dans votre bahut?

Le dernier de chez moi qui est allé en khâgne a été admissible à Ulm la première année
Bon, le pauvre a collé à l'oral. Mais non, nous notons normalement. Mais dans les deux sens. Je plaisante avec les notes d'EAF de juin, mais l'EAF, c'est souvent noté n'importe comment. Une autre très mauvaise T L, en 2010-11, n'a eu le Bac qu'à 47%. C'est dire, quand même, quand on voit tous les cadeaux qu'on leur fait.

La semaine dernière, je me suis rendu que mes secondes ne savaient pas ce que voulaient dire les mots : exceller, sortir de ses gonds, familiarité et un secteur... (ça faisait beaucoup en deux cours)

Alors c'est sûr que quand on veut pratiquer une LV2 alors qu'ils ne connaissent pas cela dans leur langue... idem pour les conjugaisons et les points de langue... j'ai parfois l'impression d'exiger des choses d'un point de vue de la langue qu'ils maîtrisent même pas en français...

PS : en début d'année je leur donne mon mail professionnel à l'oral pour qu'ils le notent sur leur agenda et m'envoient un mail dans le week-end. Lundi matin, je vais regarder mes mails et je m'aperçois que je n'en ai que 2 sur 24. Le lendemain, je leur demande : et le travail qui était à m'envoyer par mail ?
Les élèves me répondent TOUS qu'ils l'ont fait et envoyé.. en effet, entre ceux qui avaient écrit MESSIEUR au lieu de MONSIEUR et ESPAGNOLE au lieu de ESPAGNOL ou les deux... je n'étais pas prêt de recevoir quoi que ce soit !!  

Une fois, j'ai essayé d'expliquer «ineffable» (je prenais les devants, naturellement; ils n'ont habituellement pas rencontré «ineffable» en Terminale) par «indicible». Immense soupir d'une élève, qui a observé que c'est comme si j'avais expliqué 中國 par 中国 . :·/

Audrey a écrit:Et puis préparez à ce que ça ne s'arrange pas... dans mon collège, ce seront les parents qui décideront de l'orientation de leur enfant à l'issue de la 3è. Nous ne serons là que pour conseiller, et non décider... youpi.

Il paraît qu'au lycée aussi !!! (Kévin avec 2 de moyenne en maths pourra aller en 1ère S) 

Chiffres de juin 2008 : cela a dû changer !

A l'issue de la classe de troisième et après décision des conseils de classe, le redoublement concerne 3,71% des élèves. Il s'agit du taux le plus faible si l'on considère la scolarité depuis la sixième jusqu'à la seconde générale et technologique. L'écart est faible, cependant les filles sont à la fois moins nombreuses à solliciter un redoublement et à redoubler après décision du conseil de classe.

Passage en seconde générale et technologique

Au total, un peu plus de 57 % des élèves de troisième obtiennent un passage en seconde générale et technologique. Une forte disparité apparait entre les filles et les garçons : l'écart entre les demandes des familles comme celui des décisions des conseils de classe avoisine les 10 %.

http://eduscol.education.fr/cid47381/classe-de-troisieme-generale.html

Iphigénie a écrit: Oui dans les extrêmes on atteint des nouveaux inouis.
Ici le CDE a une explication possible: au lieu de partir en pro, les élèves les plus faibles et pas sûrs d'être acceptés passent par la seconde générale, glandouillent un an, font un stage passerelle qui leur assure une place en 1ère pro sans passer par la 2de pro.

C'est ce que m' ont expliqué des profs de maths qui n' en reviennent pas du niveau très faible de certains élèves de secondes.
Pas assez bon pour une seconde pro ou techno alors passage en touriste  en seconde générale faute d’être pris ailleurs et  avant une première pro ou techno .
Moi je suis surpris du manque de culture générale et de l'orthographe , je lis "mAInage; revenuE; 

Paratge a écrit:Mes collègues et moi sommes catastrophés par les notes des 2des dans plusieurs matières depuis 3-4 ans environ.
Cette année, après quelques devoirs, nous rencontrons de plus en plus des notes qu'on ne voyait pas auparavant : de nombreuses notes inférieures à 3, il y a même des zéros !
C'était plus rare surtout en début d'année. Bref, le niveau monte mais on ne précise pas de quoi.  

Des élèves qui ne font strictement rien, refusent de prendre le cours, qui ne comprennent pas des mots simples : favorable, limite ou rural, etc.  

Constatez-vous cette évolution ?

De plus en plus de nos élèves passent "en force", parce qu'on ne sait pas quoi en faire, avec 6 de moyenne dans les matières de base (mais ils ont presque 10 sur la sacrosainte moyenne générale , avec la vie scolaire, l'EPS et tout). Ils vont ensuite pourrir des classes de seconde (on le voit par la suite sur les bulletins : "bavardages" "aucun travail" ) en étant pire qu'en 3ème, parce que le sentiment d'invincibilité s'est renforcé, et parce qu'ils sont tous dans les mêmes classes (l'attribution des lycées se fait aux notes, d'une rue à l'autre, j'exagère à peine, le paysage scolaire n'est pas le même). Certains qui veulent faire L refusent de lire les oeuvres , etc.

EU1 a écrit:La semaine dernière, je me suis rendu que mes secondes ne savaient pas ce que voulaient dire les mots : exceller, sortir de ses gonds, familiarité et un secteur... (ça faisait beaucoup en deux cours)

Alors c'est sûr que quand on veut pratiquer une LV2 alors qu'ils ne connaissent pas cela dans leur langue... idem pour les conjugaisons et les points de langue... j'ai parfois l'impression d'exiger des choses d'un point de vue de la langue qu'ils maîtrisent même pas en français... 

PS : en début d'année je leur donne mon mail professionnel à l'oral pour qu'ils le notent sur leur agenda et m'envoient un mail dans le week-end. Lundi matin, je vais regarder mes mails et je m'aperçois que je n'en ai que 2 sur 24. Le lendemain, je leur demande : et le travail qui était à m'envoyer par mail ?
Les élèves me répondent TOUS qu'ils l'ont fait et envoyé.. en effet, entre ceux qui avaient écrit MESSIEUR au lieu de MONSIEUR et ESPAGNOLE au lieu de ESPAGNOL ou les deux... je n'étais pas prêt de recevoir quoi que ce soit !!  

  Dans mes bras, camarade! Ce n'est pas une impression, c'est la triste vérité. 

L'année dernière on a eu une classe de 2nde qui a rédigé un courrier de protestation au CDE parce que nous (l'équipe pédagogique au complet) ne les respections pas car on leur "demandait de travailler".
Oui, oui, je vous assure.

piesco a écrit:
L'année dernière on a eu une classe de 2nde qui a rédigé un courrier de protestation au CDE parce que nous (l'équipe pédagogique au complet) ne les respections pas car on leur "demandait de travailler".
Oui, oui, je vous assure.

Ah ouais, c'est dégueulasse, faut dire!

+1. Mais c'est horrible  Pauvres petits !  

Cela fait en effet plusieurs années que nous accueillons en LGT des élèves parmi les plus faibles du collège : ils perdaient en général une année et étaient réorientés, mais je constate que, grâce à la réforme Châtel, les CDE ont tendance à les pousser à passer en 1ère, envers et contre tout (il faut dire que les places en lycée pro sont chères pour des redoublants de seconde).
Ce qui induit de vrais problèmes en 1ère puis en Terminale.

Les ravages de la réforme Châtel n'ont pas fini de se révéler : le supérieur les met au jour, et la situation en prépa est réellement catastrophique, les collègues ne s'attendaient pas à une telle chute.

mamieprof a écrit:

Iphigénie a écrit: Oui dans les extrêmes on atteint des nouveaux inouis.
Ici le CDE a une explication possible: au lieu de partir en pro, les élèves les plus faibles et pas sûrs d'être acceptés passent par la seconde générale, glandouillent un an, font un stage passerelle qui leur assure une place en 1ère pro sans passer par la 2de pro.

C'est ce que m' ont expliqué des profs de maths qui n' en reviennent pas du niveau très faible de certains élèves de secondes.
Pas assez bon pour une seconde pro ou techno alors passage en touriste  en seconde générale faute d’être pris ailleurs et  avant une première pro ou techno .
Moi je suis surpris du manque de culture générale et de l'orthographe , je lis "mAInage; revenuE; 

Heu... La seconde techno, ça n'existe pas.

Paratge a écrit:
Constatez-vous cette évolution ?

Notre CDE n collège a "félicité" l'équipe par rapport au fort taux d’admission de nos élèves en lycée général.
Nous avons souligné que ce n’est pas l’avis de la plupart de nos collègues de lycée qui se plaignent d’une baisse édifiante de niveau et des difficultés qu’ils rencontres avec leurs élèves dans des classes de 35!!!.

Après les ravages du collège unique, la machine est en marche pour le lycée unique. Ce n’est pas parce-que nos élèves passent en seconde avec des résultats catastrophiques qu’il nous faut faire du triomphalisme. C’est que la destruction de l’école est bien en marche.

Nous ne sommes pas cautionnaires de cette décrépitude ne nous en réjouissons pas.

ceux qui avaient écrit MESSIEUR au lieu de MONSIEUR et ESPAGNOLE au lieu de ESPAGNOL

C'est ce qu'on lit aussi sur des sites destinés à les aider à choisir une prépa. Un grand classique : "je suis en terminal". "j'ai fais des efforts". Et dans la foulée, ils veulent aller à Hoche ou à Janson...