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- SeiGrand Maître
Patti Smith, Glaneurs de rêves
- Spoiler:
- Un vœu
J'ai toujours imaginé que j'écrirais un livre, ne serait-ce qu'un petit livre, qui emmènerait le lecteur dans un royaume qui ne pouvait être mesuré ni même évoqué par le souvenir.
J'imaginais beaucoup de choses. Que je resplendirais. Que je serais bonne. Tête nue je m'installerais sur un sommet pour tourner une roue qui ferait tourner la terre et, invisible parmi les nuages, j'aurais une influence ; une utilité.
Des aspirations singulières venaient donner à l'atmosphère des ailes, allégeant les membres d'une enfant sombre aux jambes chétives, tout juste capable d'empêcher ses chevilles de disparaître dans ses grosses godasses.
Toutes mes chaussettes étaient déformées. Peut-être parce que je les remplissais souvent de billes. Je les chargeais d'agates et de billes d'acier, puis je sortais. Les billes étaient la seule activité dans laquelle j'excellais, et je pouvais battre n'importe qui.
Le soir, je déversais mon butin sur mon lit et je les lustrais avec une peau de chamois. Je les rangeais par couleur, par ordre de mérite, et elles se réarrangeaient d'elles-mêmes - petites planètes luisantes, avec chacune son histoire, sa soif d'or propre.
Je n'avais jamais l'impression que la capacité de vaincre venait de moi. Il me semblait toujours qu'elle se trouvait dans l'objet lui-même. Un éclat de magie animé par mon toucher. De cette façon, je trouvais de la magie en toute choses, comme si toutes choses, tous les fragments de la nature, portaient l'empreinte d'un djinn.
Il fallait se montrer prudent, il fallait se montrer malin. Car par le discernement, on pouvait attraper une chose lointaine et l'attirer à soi.
Et le vent agitait les bords du tissu qui recouvrait ma fenêtre. Là je montais la garde, attentive à l'infime, qui devenait sans peine, à travers mon œil ouvert, monstrueux et splendide.
Je contemplais, j'évaluais, et sans davantage de procès, je disparaissais - tel un avion instable, voletant de terre en terre, sans plus me soucier de mes bras malhabiles ou de mes chaussettes de travers.
J'étais partie, et nul n'en avait conscience. Car aux yeux de tous, j'étais toujours parmi eux, sur mon petit lit, absorbée par mon jeu d'enfant.
- JaneBNeoprof expérimenté
carodanslemétro a écrit:Merci pour vos références!!
J'ai également pensé à [i]La cicatrice[i] de Lowery (certes très simple, mais ce texte ne serait qu'un texto-écho dans une séance pour montrer la méchanceté du groupe face à la différence), il faut que je retrouve mon livre pour trouver un extrait!
Ce livre m'avait vraiment touchée quand je l'avais lu plus jeune. Je l'ai relu récemment et je le trouve toujours vraiment poignant.
- NitaEmpereur
Sei a écrit:J'ai reçu La classe de neige en spécimen, je l'ai commencé hier. Je ne fais pas ça d'habitude, mais là, il y a quelque chose qui me dérange, et… je veux savoir si cela se termine "bien" ou pas. Une bonne âme pour le donner la réponse en spoiler ?
Je ne supporte plus d'être manipulée par le suspens dans ce genre d'histoire.
MP
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