Comment évaluer l'orthographe au collège ?

Question qui peut sembler idiote mais qui me hante depuis longtemps !!!
L'orthographe de nos chers élèves est effectivement évaluée lors de travaux écrits comme la rédaction, certains exposés, mais en fait j'aimerai connaître la place que vous réservez à la fameuse dictée, exercice difficile voire traumatisant pour certains mais qui demeure incontournable afin de cerner les difficultés de chacun et mettre au point certaines remédiations !
Votre avis et votre expérience me seront d'une grande utilité.

Deux solutions : utiliser les barèmes usuels, qui admettent presque une vingtaine de fautes avant de parvenir à zéro, ou faire comprendre que dans pas mal de situations de la vie réelle, deux fautes et le document part à la poubelle.

L'objectif est d'aider chacun à élaborer un document présentable et ce quel qu'il soit, et qui dit présentable dit orthographe impeccable... il est vrai que les consignes actuelles amènent à fermer les yeux sur bon nombre d'écarts, est-ce rendre service à nos élèves ??? Bref, comment les amener à être plus à l'aise avec l'orthographe sans les dégoûter. Outre la dictée auriez-vous des idées d'exercices ? J'ai testé la dictée inversée, où chacun traque les erreurs et tente d'expliquer les règles à respecter.

Tu peux associer systématiquement la dictée à une réécriture ou à un exercice que tout élève qui a appris son cours peut réussir. Tu évites ainsi de rendre 0 à des élèves toute l'année.

J'ai effectivement couplé quelques dictées avec une voire deux réécritures, car remettre une copie gratifiée d'un zéro reste difficile pour moi (pas toujours pour l'élève concerné !!!)
Sinon j'attribue un coef. 0,5 ce qui évite de plomber la moyenne de l'élève.
Merci pour vos avis  

Je ne vais pas répondre directement à ta question, mais pour motiver les élèves, ils sont certes notés, mais on calcule ensemble également leur pourcentage de réussite. Ils comprennent vite qu'avec une même note, selon la longueur de la dictée, leur pourcentage n'est pas forcément identique et lorsque leur pourcentage progresse, ils sont vraiment contents. Je leur accorde aussi des points bonus: après chaque dictée, on se met d'accord sur le pourcentage qui devra être atteint lors de la dictée suivante et s'il est atteint, le bonus est acquis! De plus, comme la fiche relève les points qui posent problème (accords/conjugaison, etc.) selon leur permet aussi de mieux cibler leurs efforts. Par contre, c'est vrai qu'il faut un certain temps pour mettre cette grille en place. Tu peux en trouver des modèles sur weblettres, sinon je peux aussi l'envoyer par mail.

Ta démarche me parait intéressante, je t'ai envoyé un message privé pour avoir un aperçu de la grille en question. Merci. 

Fichier envoyé! Tu me diras ce que tu en penses!
J'ai oublié de te préciser dans le mail: j'adapte ma correction à la grille, à savoir que je mets une abréviation pour chaque type d'erreur. Quand l'élève a l'abréviation "acc sjt vb" dans sa copie, il sait qu'il doit se rapporter à grille et sait que cela correspond à un "accord sujet verbe". Du coup, je devance ta question, oui, les corrections s'en trouvent rallongées, mais ça paye!

Si les résultats sont là je reste preneuse.
Merci beaucoup.  

Kirikiki a écrit:
L'orthographe de nos chers élèves est effectivement évaluée lors de travaux écrits comme la rédaction, certains exposés, mais en fait j'aimerai connaître la place que vous réservez à la fameuse dictée, exercice difficile voire traumatisant pour certains mais qui demeure incontournable afin de cerner les difficultés de chacun et mettre au point certaines remédiations !
Votre avis et votre expérience me seront d'une grande utilité.

Je fais faire une dictée, notée et non préparée, tous les quinze jours. Je constate que la plupart mes élèves progressent: à force de s'entraîner, ils parviennent à acquérir certains réflexes (plus ou moins bien selon les élèves, évidemment). Je ne crois pas que cet exercice soit plus difficile qu'un autre: la rédaction n'a rien de simple, par exemple... Quant au traumatisme supposé, il ne faut peut-être pas exagérer... J'ai parfois l'impression que ce sont les enseignants et non les élèves qui ont peur de la dictée.

et surtout pas de "dictées inversées où l'élève traque les erreurs": il ne fait que visualiser des formes incorrectes, il en voit suffisamment dans ses cahiers, pas besoin de lui en fournir en supplément.
Les exercices d'orthographe, c'est comme la lettre de Monsieur Jourdain: on peut inverser, compliquer ou tout mélanger, mais le plus simple c'est encore la dictée comme dit Provence.

Il est vrai que j'y suis sans doute allée un peu fort en parlant de traumatisme :|  
Pour ce qui est de la dictée inversée je ne l'ai utilisée que ponctuellement pour revoir un point précis (sans jamais la noter) mais il est vrai qu'il vaut mieux rester simple.
Je retiens donc: simplicité et entrainement régulier !!!
Merci encore pour vos avis.

Cette année j'ai fait tous les vendredis de courtes dictées avec un code de couleur (erreurs soulignées de couleurs différentes lexique/grammaire/ponctuation-accents). La correction rapportait la moitié des points perdus si elle était bien faite :
- explication de l'erreur (pour celles de grammaire) en une phrase cohérente ou rappel de l'astuce pour l'éviter (ex : remplacer par un verbe du 3ème groupe pour différencier l'infinitif du participe passé)
- copie du mot en cas d'erreur de lexique.

Je pense en avoir aidé certains à progresser. Un ami à moi choisit d'étudier un point d'orthographe ou grammaire précis par semaine en étudiant un cas chaque jour et évaluant en fin de semaine.

Intéressant le code couleur, surtout pour mes élèves dys.
Pour ce qui est d'un point de grammaire ou d'orthographe par semaine, ton ami fait une leçon ou s'attarde-t-il sur une difficulté rencontrée lors de l'étude d'un texte par exemple ???

J'ai institué cette année la dictée tous les 15j et je le referai cette année. A chaque dictée, je donne des mots invariables d'une liste donnée en début d'année à revoir et un ou plusieurs points de grammaire selon les leçons faites, j'annonce aussi le ou les temps verbaux de la dictée. J'adapte donc forcément la dictée aux élèves, à ce qu'ils ont besoin de travailler et à ce qu'on a travaillé ensemble. De même pour la longueur, j'allonge progressivement (je tourne autour de moins de 100 mots au début). Les élèves n'ont pas été du tout traumatisés (au contraire une fois en 6e où j'ai dû la sauter car ils avaient beaucoup d'évaluation en français à ce moment-là, ils me l'ont réclamée, pareil pour les 4e quand je ne l'ai plus faite après l'arrêt des notes) et j'ai trouvé nettement qu'ils progressaient... petit bémol : qu'ils progressaient dans l'exercice de la dictée, pas forcément lorsqu'ils écrivaient en rédaction... Mais je n'avais pas de 0 en 6e par exemple.

J'insiste beaucoup sur la relecture : je les oblige à se relire, car ils ne le font pas ou mal : je leur demande une relecture pour les accords du nom et de l'adjectif, une autre pour les accords sujet-verbe en se demandant bien quel temps est utilisé, une autre pour les mots invariables que j'avais donnés ou les homonymes etc. Je les autorise au souligner au crayon à papier les verbes, entourer les "les" pour vérifier ceux qui ont un nom derrière à accorder, ceux qui ont un verbe derrière à ne pas accorder etc. A ceux qui retournent vite leur feuille, j'insiste "tu as bien vérifié ça ? et ça ? et ça ?". Ca ne porte pas toujours, mais de dictée en dictée, je pense que ça donne des réflexes.

Ajoutés à cette dictée :
- la correction de la dictée, soit au tableau (texte video-projeté avec des trous, ils doivent me donner à l'oral l'orthographe, la justifier, je leur demande "qu'est-ce que je mets ? é ou er ? s ou pas s ? s ou ent ?"), soit avec des exercices, d'analyse par exemple. Et à la maison : ceux qui ont eu moins de 10 doivent recopier le texte en entier sans faute, ceux qui ont eu plus de 10 doivent recopier 5 fois leurs fautes (seul problème : il me fallait le ramasser pour vérifier, je mettais une note sur 5 (au bout de 4, cela faisait une note sur 20), cela me prenait beaucoup de temps, système à revoir).
- des fiches d'orthographe à faire à la maison sur des points précis (écriture du son s etc), ramassées, notées, avec éventuellement un contrôle si je ne pouvais pas le réutiliser en dictée.
- travail sur l'orthographe à partir de leurs exercices d'écriture (l'idéal étant donc les faire écrire souvent, un peu après chaque étude de texte par exemple en plus des rédactions) : correction des fautes marquées d'un code couleur, ou recopiage du texte à partir de mes corrections, ou travail sur les fautes lexicales (recopier le mot avec la bonne orthographe et l'utiliser dans une phrase) etc.

J'ai arrêté tout ce qui était dictée préparée (avec le texte donné en avance), fautive (ils voient mal les fautes ou en voient partout et je n'aime pas le principe de leur donner un texte avec des fautes), correction du travail d'un autre élève (ils se moquent, ou alors se vantent d'en être l'auteur, mais ne voient pas plus leurs fautes quand ils les font), car finalement j'ai le sentiment de faire tout autant travailler avec la dictée classique, tout en arrivant à valoriser sans souci, et en préparant les 4-3e au brevet. Je garde la dictée à trous ou à QCM pour les PPRE ou les dyslexiques en début d'année de 6e notamment, le but étant qu'ils fassent progressivement le même travail que les autres (parfois avec un barème discrètement aménagé, par ex je ne note que les points à revoir). J'utilise parfois la dictée dialoguée (pas tout à fait : il n'y a que moi qui ai le droit de parler !) pour leur donner des indices à certaines difficultés (analyse grammaticale ou formation du mot).

Cripure a écrit:Deux solutions : utiliser les barèmes usuels, qui admettent presque une vingtaine de fautes avant de parvenir à zéro, ou faire comprendre que dans pas mal de situations de la vie réelle, deux fautes et le document part à la poubelle.

 Moui... Ils sont en collègue hein.
dans pas mal de situation de la vie réelle une erreur de calcul coûte plus cher que 20 erreurs d'orthographe. Mais aucun prof de math, je suppose ne met la copie à la poubelle à la moindre erreur.

Merci beaucoup pour cette réponse très étoffée et qui m'éclaire un peu plus sur les pistes à explorer.
Annoncer les notions à réviser avant chaque dictée peut effectivement les rassurer, je le faisais pour les temps...
L'idée de noter sur 5 la correction est pas mal vue, du fait que l'élève s'applique et ne corrige pas son travail à l'arrachée.
Très intéressant. Merci encore.

Ma réponse ci-dessus était à l'intention de Melaniguiz.

melaniguiz a écrit:J'ai institué cette année la dictée tous les 15j et je le referai cette année. A chaque dictée, je donne des mots invariables d'une liste donnée en début d'année à revoir et un ou plusieurs points de grammaire selon les leçons faites, j'annonce aussi le ou les temps verbaux de la dictée. J'adapte donc forcément la dictée aux élèves, à ce qu'ils ont besoin de travailler et à ce qu'on a travaillé ensemble. De même pour la longueur, j'allonge progressivement (je tourne autour de moins de 100 mots au début). Les élèves n'ont pas été du tout traumatisés (au contraire une fois en 6e où j'ai dû la sauter car ils avaient beaucoup d'évaluation en français à ce moment-là, ils me l'ont réclamée, pareil pour les 4e quand je ne l'ai plus faite après l'arrêt des notes) et j'ai trouvé nettement qu'ils progressaient... petit bémol : qu'ils progressaient dans l'exercice de la dictée, pas forcément lorsqu'ils écrivaient en rédaction... Mais je n'avais pas de 0 en 6e par exemple.

J'insiste beaucoup sur la relecture : je les oblige à se relire, car ils ne le font pas ou mal : je leur demande une relecture pour les accords du nom et de l'adjectif, une autre pour les accords sujet-verbe en se demandant bien quel temps est utilisé, une autre pour les mots invariables que j'avais donnés ou les homonymes etc. Je les autorise au souligner au crayon à papier les verbes, entourer les "les" pour vérifier ceux qui ont un nom derrière à accorder, ceux qui ont un verbe derrière à ne pas accorder etc. A ceux qui retournent vite leur feuille, j'insiste "tu as bien vérifié ça ? et ça ? et ça ?". Ca ne porte pas toujours, mais de dictée en dictée, je pense que ça donne des réflexes.

Ajoutés à cette dictée :
- la correction de la dictée, soit au tableau (texte video-projeté avec des trous, ils doivent me donner à l'oral l'orthographe, la justifier, je leur demande "qu'est-ce que je mets ? é ou er ? s ou pas s ? s ou ent ?"), soit avec des exercices, d'analyse par exemple. Et à la maison : ceux qui ont eu moins de 10 doivent recopier le texte en entier sans faute, ceux qui ont eu plus de 10 doivent recopier 5 fois leurs fautes (seul problème : il me fallait le ramasser pour vérifier, je mettais une note sur 5 (au bout de 4, cela faisait une note sur 20), cela me prenait beaucoup de temps, système à revoir). comme je l'ai déjà dit, j'ajoute la moitié des points perdus quand la correction est bien faite. Comme ils gardent la même feuille d'une fois sur l'autre, je corrige la correction en même temps que la nouvelle dictée.
- des fiches d'orthographe à faire à la maison sur des points précis (écriture du son s etc), ramassées, notées, avec éventuellement un contrôle si je ne pouvais pas le réutiliser en dictée.
- travail sur l'orthographe à partir de leurs exercices d'écriture (l'idéal étant donc les faire écrire souvent, un peu après chaque étude de texte par exemple en plus des rédactions) : correction des fautes marquées d'un code couleur, ou recopiage du texte à partir de mes corrections, ou travail sur les fautes lexicales (recopier le mot avec la bonne orthographe et l'utiliser dans une phrase) etc.

J'ai arrêté tout ce qui était dictée préparée (avec le texte donné en avance), fautive (ils voient mal les fautes ou en voient partout et je n'aime pas le principe de leur donner un texte avec des fautes), correction du travail d'un autre élève (ils se moquent, ou alors se vantent d'en être l'auteur, mais ne voient pas plus leurs fautes quand ils les font), car finalement j'ai le sentiment de faire tout autant travailler avec la dictée classique, tout en arrivant à valoriser sans souci, et en préparant les 4-3e au brevet. Je garde la dictée à trous ou à QCM pour les PPRE ou les dyslexiques en début d'année de 6e notamment, le but étant qu'ils fassent progressivement le même travail que les autres (parfois avec un barème discrètement aménagé, par ex je ne note que les points à revoir). J'utilise parfois la dictée dialoguée (pas tout à fait : il n'y a que moi qui ai le droit de parler !) pour leur donner des indices à certaines difficultés (analyse grammaticale ou formation du mot).

+1 pour les points en gras, les autres m'intéressent beaucoup !

Kirikiki : Mon ami, je ne sais pas exactement comment il procède, je suppose qu'il y a un peu des deux !

Magpie si j'ai bien suivi tu dis: "Comme ils gardent la même feuille d'une fois sur l'autre, je corrige la correction en même temps que la nouvelle dictée." Cela me semble génial mais pour tout t'avouer je crains que certains de mes élèves aient une certaine propension à perdre ladite feuille... comment fais-tu dans ce cas là ? Je sais, je titille un peu  

Je relève la note provisoire au crayon gris dans mes fiches de notes, avec la date ou le titre de la dictée.
Je ne l'ai pas fait mais il est envisageable de ne pas donner tous les points de correction à ceux qui perdent leurs feuilles...
L'an prochain j'aurai une classe spéciale d'élève en grandes difficulté. Je vais peut-être leur donner des feuilles de couleur A3 sur lesquelles j'aurai photocopié des lignes (suis-je claire ?) afin qu'elles soient facilement repérables dans leur classeur.

Voilà !

OK, merci pour les précisions.
Je vais tester tout ça à la rentrée.  

Prépare-toi à passer tes week-ends à corriger :p
(je dis ça mais je vais quand même recommencer !! )

Euh, tous mes week-ends sans doute pas, j'aime aussi privilégier l'écriture courte ou non;
L'exercice de la dictée un peu plus soutenu les amènera peut-être à soigner l'orthographe de leurs rédactions... j'espère toujours !  

Je les faisais à toutes mes classes le vendredi, c'est pour ça :lol: