Question aux profs de prépa : le niveau de la classe indiqué sur APB a-t-il une influence sur le recrutement ?

Ma question porte essentiellement sur les prépas scientifiques très sélectives (les parisiennes, Le Parc, Fermat). Le niveau de la classe indiqué sur APB est-il pris en compte dans la sélection des élèves ? Peut-il desservir un excellent élève qui serait dans une classe moyenne ?

J'imagine que le niveau de la classe ne veut pas dire grand chose: une "bonne" classe d'un établissement lambda serait considérée comme médiocre dans les grands lycées parisiens...
M'est avis qu'ils regardent surtout le rang de l'élève et ses moyennes. J'ai fait une prépa parisienne très sélective (mais en hypokhâgne), je venais d'un lycée qui n'est honnêtement pas (très) bon, mais j'avais 17 de moyenne générale et j'étais classée première partout. Donc je pense que le niveau de la classe et même celui du lycée n'est pas déterminant.
En cas d'"erreur de casting" (même si l'expression n'est pas très heureuse), ce genre de prépa fait le tri entre la première et la deuxième année de toute façon...

Je parle de ce que je connais : CPGE ECS-ECE Ile de France (ex prépa HEC).
La fiche spéciale prépa, qui figure dans le dossier en plus des 3 bulletins de 1ère, des 2 de terminale et de l'EAF, indique : 1) une moyenne de l'élève pour chaque matière de la future prépa, ainsi que son classement ; 2) la moyenne de la classe ; 3) une appréciation en vue de la prépa.

Figurent aussi : a) le niveau de la classe (3 degrés possibles) ; b) l'appréciation du conseil de classe de 2d trimestre de terminale ; c) l'indication dudit conseil en vue de la prépa (de "très favorable" à "défavorable" en passant par "favorable" et "réservé".

Entre aussi en compte le niveau du lycée, qui est globalement le pourcentage de réussite au bacc de la section concernée (S pour ECS, ES pour ECE).. et ce qu'on peut savoir par ailleurs dudit lycée et éventuellement des collègues de lycée. Il va de soi que l'on regarde à la loupe les notes des collègues et leurs appréciations, avec leur (in)cohérence relative. Dernière info : des absences injustifiés (à partir de 5) et des bavardages signalés chez au moins 2 collègues sont souvent cause de refus.

Voilà donc bien des paramètres qu'il faut prendre en compte pour apprécier un dossier. Nous ne faisons pas de distinction entre public/privé, mais entre le niveau des établissements. Pour une prépa de Paris de niveau moyen-bon, on prend entre 7 et 10% des dossiers présentés.

Merci, Mike92, pour cette réponse détaillée.
La remarque sur les mentions de bavardage est particulièrement intéressante.

Pour les bavardages : 2 mention à 2 trimestres de 1ère : on hésite à jeter, on regarde, mais c'est chaud ;
2 mentions à 2 trimestres de 1ère et une en terminale : on jette le dossier. Pourquoi s'embarrasser d'un bavard en prépa, quand on ne prendra au mieux que 10% ?

La qualité du français écrit mériterait aussi bien des explications. Avec un EAF à moins de 10 à l'écrit, on se demande si la qualité du français est en cause ou s'il y a eu hors sujet quand les notes de l'année sont bonnes. Les remarques du collègue de philo seront alors déterminantes — et bien sûr des remarques négatives si elles existent dans d'autres matières. Quand le/la collègue de français met des notes élevées et a des appréciations moins brillantes, on a des inquiétudes. Ainsi : 16/20 : "satisfaisant", ce n'est pas clair, ça sent la surnotation.
P.S.: Les TPE sont entre 16 et 20/20 pour 85% des candidats.

Ruthven a écrit:Ma question porte essentiellement sur les prépas scientifiques très sélectives (les parisiennes, Le Parc, Fermat). Le niveau de la classe indiqué sur APB est-il pris en compte dans la sélection des élèves ? Peut-il desservir un excellent élève qui serait dans une classe moyenne ?

OUI, le niveau de la classe est pris en compte.

En fait TOUT est pris en compte, mais pondéré : en 1er les bulletins, en 2e le reste : établissement, classe, avis du proviseur.

Pour une prépa scientifique on tient surtout compte du niveau en : Maths, LV1, Français.
Un peu moins les Sciences Physiques, car celles du supérieur sont différentes de celles du Secondaire.

On examine attentivement les commentaires des collègues, de TOUTES les matières : "bavardage", "mauvais esprit", absentéisme ou retards sans justification, etc. On classe parfois mieux un élève laborieux mais appliqué, qu'un soit-disant petit génie mais fumiste.

Un laborieux nous fera un bon CCP ou Petites Mines en 3/2, voire un Centrale de province en 5/2.

Un élève "à potentiel" mais touriste c'est trop aléatoire, beaucoup ne travaillent que ce qu'ils aiment et ratent les Mines pour cause de 3/20 en Français (=philo) ou en LV1. C'est contraire à l'esprit des prépas où nous tentons de former des généralistes. Si on n'aime que telle matière, mieux vaut suivre une formation à la fac (ce fut mon cas).

Précision : j'ai enseigné 3 ans en Sup dans une prépa parisienne du top 5 et maintenant pour ma 4e année en Spé dans une prépa parisienne du top 20.

Merci pour le retour. C'est intéressant d'avoir les critères de recrutement du point de vue interne.

De rien ! Si cela peut être répercuté sur les élèves afin de les motiver, c'est tout bénef pour tout le monde.

Quel que soit l'objectif de poursuite d'études, il faut dire aux élèves que leur avenir se forge depuis... le début. Les mauvaises habitudes (retards...) sont très dures à extirper, les bonnes (garder son attention plus d'une heure) très longues à prendre.

Non, ne prenons pas non plus les élèves pour des bêtes à concours dès la 6e, mais commençons à les préparer au Grand Bain (= la vraie vie) le plus tôt possible : être ponctuel, saluer, tenir ses objectifs, c'est ce qu'on demande à chaque employé, et cela peut s'apprendre en douceur dès le plus jeune âge !

Ceci me permet de rebondir : merci et bravo à tous les collègues qui s'investissent tant, avec une mention particulière pour Maternelle/Primaire (cri du coeur d'un papa d'enfants en bas âge).

Je me permets de rebondir sur le sujet : J'ai souvent lu que pour accéder en prépa, la participation orale de l'élève était déterminante (presque plus important que les résultats à l'écrit)  Pouvez-vous me le confirmer ?  Merci !

Korémuse a écrit:Je me permets de rebondir sur le sujet : J'ai souvent lu que pour accéder en prépa, la participation orale de l'élève était déterminante (presque plus important que les résultats à l'écrit)  Pouvez-vous me le confirmer ?  Merci !

Bof. Une excellente participation à l'oral ne compensera pas un écrit calamiteux, et réciproquement (bon écrit et mauvais oral).
C'est un tout. C'est ce qui fait qu'on y passe du temps, à trier ces dossiers... Chez nous 120 places, 700 dossiers... On sait lire entre les lignes des commentaires.

Ce qu'on recherche c'est de la bonne volonté, pas de commentaire négatif sur le comportement, et si possible que les bases d'avant la réforme soient acquises !

En tout cas merci aux collègues pré-bac pour les efforts qu'ils font pour emmener leurs élèves aussi haut qu'ils peuvent, tout en leur donnant le goût d'apprendre. Pour le niveau, on les prend comme ils sont.

Ne les préparez pas au bac, mais à l'après-bac.

Merci beaucoup pour votre réponse.

C'est rassurant qu'il y ait au moins un domaine où la reformite enragée ne sévit pas.

Ruthven a écrit:Merci pour le retour. C'est intéressant d'avoir les critères de recrutement du point de vue interne.

+1

Discu présentée à Fifilles 1 et 2
(excellentes sans effort en 1ère S ; une bavarde et l'autre dessine une fois le boulot fait ... autant les prévenir: ce serait trop bête!).