Laurent Lafforgue : « L’Education nationale est devenue un vaste mensonge »

Comment caractériseriez-vous la situation actuelle de l'Education nationale ?
Il y a déstructuration complète de tous les enseignements.
Dans le primaire, les enseignements fondamentaux sont sinistrés : horaires
insuffisants, mépris des choses simples, refus des enseignements explicites comme les
leçons, refus de la structuration et de la progressivité des enseignements, refus des
exercices scolaires. La grande majorité des élèves sort du primaire sans posséder
aucune base solide, y compris dans ce qui est le plus essentiel, la maîtrise de la langue
et du calcul. Ces dégâts ne sont pas réparés au collège et au lycée, on en constate les
effets jusque dans l'enseignement supérieur où désormais la majorité des étudiants
perçoit la langue des livres comme une langue étrangère et ne possède pas les réflexes
les plus élémentaires du raisonnement et de la logique.
Les enseignements des collèges et lycées sont eux-mêmes très déstructurés :
français sans grammaire ; rédactions où l'on n'exige plus ni langue correcte ni culture
générale ; littérature réduite à des exercices de rhétorique, privée de sens, de
chronologie et d'inscription dans l'histoire ; mathématiques floues, sans rigueur,
précision ni raisonnement et réduites à l'apprentissage de procédures automatiques ;
physique détachée de toute formalisation mathématique ; histoire atomisée, sans ordre
ni continuité. Le pire est que ces méthodes et contenus aberrants ont pour effet
cumulatif de léser jusqu'à la capacité de compréhension et d'apprentissage des élèves.

Un regard lucide sur l'état de l'éducation nationale de nos jours...

Donc si je pige bien, tout le monde est d'accord sur le constat, mais comme le bonhomme est de droite et catho, il ne faut pas en tenir compte ?

Non : tout le monde est d'accord sur le constat, mais comme il n'est pas le seul à le formuler, on préfère s'abstenir d'en tenir compte parce que ça risque de nous mener à tenir compte aussi des solutions proposées par le bonhomme et là, pas grand monde n'est d'accord.

Presse-purée a écrit:Il y a des gens avec lesquels il vaut mieux ne pas frayer. Voir quelqu'un (dont je ne sais rien par ailleurs) vanter Coffinier est suffisamment suspect pour ne pas s'approcher, même si la petite musique peut paraître séduisante.

Petite musique ou pas, catho ou pas, croyant ou pas, ce qu'il écrit sur l'effondrement de notre système éducatif ne me semble pas souffrir beaucoup de contradiction (de bonne foi, bien sûr).
Edit Malcom et Ronin, +1

Ronin a écrit:Donc si je pige bien, tout le monde est d'accord sur le constat, mais comme le bonhomme est de droite et catho, il ne faut pas en tenir compte ?

Heureusement qu'il n'a pas affirmé que 2 + 2 = 4, sinon le champ des vérités mathématiques des gens de gauche en aurait été profondément bouleversé.

Padre P. Lucas a écrit:Quand même, vous ne trouvez pas que notre Lolo national a la mémoire un peu sélective quand il écrit

Parmi les initiatives de résistance menées ces 10 dernières années, on peut signaler le travail remarquable mené par l’éditeur Jean Nemo, fondateur de La librairie des écoles qui propose des manuels de grande qualité.
Je trouve que c’est l’une des initiatives les meilleures de ces dernières années, avec la Fondation pour l’école d’Anne Coffinier qui soutient la création et le développement d’écoles indépendantes.

Non ?

Quelle horreur...
Je vous préviens : je ne cautionne pas ce genre de conneries, moi, hein.
Vous en parlez autant que vous voulez, et avec toute la liberté dont vous aurez besoin pour en faire l'éloge, mais moi, un illuminé catho intégriste, si brillant mathématicien soit-il, qui défend Némo et Coffinier, ça me révulse au plus profond de moi-même.

Ronin a écrit:Donc si je pige bien, tout le monde est d'accord sur le constat, mais comme le bonhomme est de droite et catho, il ne faut pas en tenir compte ?

Nous sommes dans l'idéologie, pas dans les vérités scientifiques.
Cela fait des années que je me bats pour l'Ecole, et j'ai appris, à force, à ne pas m'appuyer inconsidérément sur tel ou tel, qui peut tenir le même discours en surface, mais dont les intentions sont tout à fait secondes, si je puis dire. Sinon, vous vous retrouvez, comme je l'ai été malgré moi, cité jusqu'à la nausée sur des sites nauséabonds — vraiment nauséabonds. Et accusé — comme je l'ai été — de "penser brun". Lafforgue peut tenir sur l'école le langage du constat que nous partageons, mais sous ses mots, les implications ne sont vraiment pas les miennes. Renseignez-vous mieux sur SOS-Education, ses réseaux, ses soutiens, etc. Ou sur la coloration des écoles patronnées par Coffinier — autre personne de grande intelligence et aux solutions mortelles pour l'école de la république (dont au passage elle se contrefiche).

John a écrit:

Padre P. Lucas a écrit:Quand même, vous ne trouvez pas que notre Lolo national a la mémoire un peu sélective quand il écrit

Parmi les initiatives de résistance menées ces 10 dernières années, on peut signaler le travail remarquable mené par l’éditeur Jean Nemo, fondateur de La librairie des écoles qui propose des manuels de grande qualité.
Je trouve que c’est l’une des initiatives les meilleures de ces dernières années, avec la Fondation pour l’école d’Anne Coffinier qui soutient la création et le développement d’écoles indépendantes.

Non ?

Quelle horreur...
Je vous préviens : je ne cautionne pas ce genre de conneries, moi, hein.
Vous en parlez autant que vous voulez, et avec toute la liberté dont vous aurez besoin pour en faire l'éloge, mais moi, un illuminé catho intégriste, si brillant mathématicien soit-il, qui défend Némo et Coffinier, ça me révulse au plus profond de moi-même.

Tout le monde est prévenu, Padre Lucas a alerté, Abraxas a mis les points sur les i, il est difficile de faire plus. Il faut juste savoir qui est ce monsieur, mais il n'y a pas une ligne à retirer de son constat sur l'école publique. Hélas.

J'ai édité mon premier post.  

Ça me fait penser à la vidéo virale de SOS-Education qui cachait bien son jeu : https://www.neoprofs.org/t38435-sos-education-lance-une-video-de-13-minutes-intitulee-information-a-la-population

Petit rappel des opinions respectives de Brighelli et de Coffinier:
https://www.neoprofs.org/t45915-debat-anne-coffinier-jean-paul-brighelli-sur-l-education-dans-famille-chretienne
Même constat, solutions proposées radicalement différentes et incompatibles.

Presse-purée a écrit:Il y a des gens avec lesquels il vaut mieux ne pas frayer. Voir quelqu'un (dont je ne sais rien par ailleurs) vanter Coffinier est suffisamment suspect pour ne pas s'approcher, même si la petite musique peut paraître séduisante.

Et le plus inquiétant, c'est qu'après des mois de silence où le nom même de Coffinier n'était plus évoqué nulle part, l'article sorte là, maintenant, à tout juste moins d'un an des municipales...

J'ai posté un nouveau commentaire à la suite de l'article.

Et je bats ma coulpe : je ne connaissais pas Anne Coffinier.  

Luigi_B a écrit:J'ai posté un nouveau commentaire à la suite de l'article.

Et je bats ma coulpe : je ne connaissais pas Anne Coffinier.  

Très bien le commentaire !
C'est comme la pub Canada dry, cette histoire :
Attention, ça ressemble à de la défense de l'instruction publique, ça a l'odeur de la défense de l'instruction publique, ça a le goût de la défense de l'instruction publique, mais ce n'est pas de la défense de l'instruction publique !

Pour en savoir plus sur les projets d'Anne Coffinier:
http://www.valeursactuelles.com/politique/anne-coffinier-%E2%80%9Cdes-%C3%A9coles-vraiment-libres%E2%80%9D20121026.html.
Son discours est parfois bien curieux: elle dit que l'école publique est actuellement un désastre, même si elle fut autrefois efficace, mais que si "la nostalgie [de l'école républicaine] peut être une source d'inspiration poétique", "elle ne constitue en rien une solution politique", assertion aussi catégorique que sujette à caution.  Comme si le choix de favoriser le hors contrat pouvait être étranger à la politique. Comme si l'existence du "cadre idéologique et bureaucratisé" qu'elle dénonce en parlant du ministère était lui aussi étranger aux choix politiques.
Elle dit constater la faillite de l'école publique,  désespérer d'un redressement de l'école, et par conséquent favoriser les hors contrat, où on appliquerait les programmes cohérents que les "républicains" échoueraient à mettre en oeuvre dans le public. Or, le réseau d'école qu'elle soutient comporte des établissements très variés, où la qualité de l''instruction n'est sans doute pas toujours aussi garantie qu'elle semble le penser.
Voir le site "créer son école":
-rubrique pédagogie
http://www.creer-son-ecole.com/index.php?page=7
-rubrique embaucher une équipe:
http://www.creer-son-ecole.com/index.php?page=8

Il serait d'ailleurs temps de poser la question dans d'autres termes : si l'on refuse de frayer avec cette nébuleuse dont on ne peut ignorer le travail de sape, d'où peut-on mener le plus efficacement le combat pour l'instruction ? du dedans ou du dehors de l'institution ?
En voilà un bon sujet de dissertation pour les candidats aux ESPE

Padre P. Lucas a écrit:Il serait d'ailleurs temps de poser la question dans d'autres termes : si l'on refuse de frayer avec cette nébuleuse dont on ne peut ignorer le travail de sape, d'où peut-on mener le plus efficacement le combat pour l'instruction ? du dedans ou du dehors de l'institution ?
En voilà un bon sujet de dissertation pour les candidats aux ESPE

Au GRIP ? (J'ai bon ? J'ai bon ?)

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doctor who a écrit:

Padre P. Lucas a écrit:Il serait d'ailleurs temps de poser la question dans d'autres termes : si l'on refuse de frayer avec cette nébuleuse dont on ne peut ignorer le travail de sape, d'où peut-on mener le plus efficacement le combat pour l'instruction ? du dedans ou du dehors de l'institution ?
En voilà un bon sujet de dissertation pour les candidats aux ESPE

Au GRIP ? (J'ai bon ? J'ai bon ?)

[Ceci était une publicité éhontée.]

Oui, tu as bon... Mais pour un candidat aux ESPE, c'est peut-être un peu court, non ? Remarque, pas sûr, après tout... Tu valides la compétence "Formuler un point de vue brièvement".  

Bah, la réponse est un peu courte  
alors je corse* la question : comment financer le GRIP (ou d'autres ayant les mêmes objectifs) ?

Sans aucune allusion à JPB bien sûr !