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philann a écrit:Nom d Utlisateur
Je suis d'accord sur les problèmes du CNU, les affres de la section socio ne sont qu'un des nombreux exemples du caractère biaisé du système. Mais dans la situation actuelle, je ne vois pas quoi attendre de mieux!
La réaction de la CPU suffira pour retirer cet amendement. Le pathos pétitionnaire s'émousse de lui-même.
- barègesÉrudit
Une réponse d'une députée Vert (extrait) :
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Isabelle Attard a écrit:2 – NOTRE POINT DE VUE SUR LES PROCÉDURES DE RECRUTEMENT
Le mode de recrutement des enseignants-chercheurs est perfectible, voire franchement insatisfaisant, aux yeux de la quasi-totalité de la communauté universitaire. Après avoir fait passer de très nombreuses auditions et lu de multiples témoignages complémentaires, les écologistes ont proposé un ensemble de mesures visant à améliorer la sélection, la formation et la carrière des enseignants-chercheurs. Il s’agissait par exemple de réformer en profondeur les comités de sélection pour y réintroduire une part de membres pérennes qui complète les membres extérieurs ainsi que pour demander la présence d’un doctorant (sans droit de vote), ce qui permettrait d’en augmenter la transparence. Nous nous sommes aussi battus pour la création d’un véritable statut du doctorant afin de valoriser le doctorat et éviter le monumental gâchis des abandons en cours de thèse. Dans le cadre d’une réforme ambitieuse comme celle que nous portions, la suppression de la qualification trouvait sa place : j’ai donc décidé, en tant que cheffe de file du groupe écologiste à l’assemblée, de la proposer, eut égard également au fait qu’elle constituait la proposition 126 du rapport de Vincent Berger qui concluait les Assises de l’ESR. A chaque audition, j’ai mentionné que le groupe écologiste allait déposer un amendement demandant la suppression de cette procédure : les réactions furent parfois critiques, mais aussi parfois admiratives, et le plus souvent inexistantes.
Il est toutefois clair que la suppression de la qualification, seule, sans les autres réformes l’accompagnant, perd son sens. C’est bien d’un autre modèle de sélection, pouvant d’ailleurs s’inspirer du fonctionnement des universités à l’étranger, dont notre pays a besoin, et sur lequel je souhaite continuer à travailler dans les prochains mois.
3 – POURQUOI LA QUALIFICATION MÉRITE D’ÊTRE MISE EN DÉBAT
Affirmons tout d’abord notre attachement au CNU, comme à toutes les instances démocratiques du monde universitaire, qui mènent avec abnégation un travail souvent ingrat. Le CNU est, et doit rester, l’instance légitime de gestion des carrières des enseignants-chercheurs. Notre questionnement porte donc, non sur le CNU en tant que tel, mais sur la procédure actuelle de qualification ; et affirmons avant toute chose notre conviction que la très grande majorité des personnes impliquées remplissent leur mission avec sincérité et efficacité.
Ceci posé, un certain nombre de constat peuvent être faits. La qualification est chronophage (pour les postulants comme pour les enseignants-chercheurs en charge d’évaluer les dossiers) et coûteuse (une note transmise aux Assises l’évaluait d’ailleurs à 10 millions d’euros par an). Elle est souvent perçue comme opaque par celles et ceux qui en font l’objet. Les critères de sélection, très variables entre sections, ne sont pas toujours pleinement publics ; de même, le taux de sélection varie de manière radicale (de moins de 50% d’admission à près de 98%). Cette procédure n’est pas contradictoire (les postulants ne sont jamais reçus et ne peuvent donc pas se défendre face aux éventuelles critiques, contrairement aux jurys de thèses ou aux comités de recrutement), n’est motivée que sur demande explicite (et les comités prennent garde à ne fournir qu’un motif lapidaire), et n’est susceptible d’appel qu’au bout de deux refus.
Face à ces constats, on peut identifier 4 intérêts à la qualification :
Le gain de temps pour les universités qui, sans qualification, seraient submergées de dossiers pour chaque poste. Cet argument ne résiste pas à l’analyse de Baptiste Coulmont sur « l’évaporation académique » qui montre que 43,5 % des qualifiés ne postulent jamais à un poste. Les postes sont tellement fléchés que beaucoup de docteurs (qualifiés ou non) ne perdent pas leur temps à y répondre s’ils ne correspondent pas exactement au profil.
La qualification comme garant du statut national des EC. Le symbole est fort, mais d’un point de vue de droit, si un gouvernement décidait de faire des EC des employés en CDI des universités, la qualification pourrait parfaitement subsister en l’état. Et rappelons que c’est la sélection par les universités qui vaut concours d’entrée dans la fonction publique et non la procédure de qualification.
Un filtre quant à la qualité des travaux. Le taux de non-qualification, qui n’a rien de marginal (30% en moyenne) et est loin d’être toujours justifié par l’absence d’expérience d’enseignement, pose en filigrane la question de la valeur à accorder au diplôme de docteur. Il est paradoxal d’affirmer (avec raison !) que les entreprises et les administrations peuvent recruter en toute confiance nos docteurs, et de prévoir dans le même temps une procédure visant à écarter par avance une importante fraction d’entre eux. Peut-être faut-il mettre la qualité des thèses en cause : mais c’est alors une question qu’il faudrait poser avec clarté, pour s’atteler sans attendre à chercher les voies d’une amélioration, notamment par la création d’un véritable statut du doctorant.
Reste l’argument de l’indispensable lutte contre les dérives locales. Mais, sauf à passer à un système de véritable concours national, on ne peut réellement lutter contre le localisme qu’en revoyant les modes de recrutement dans les universités. Il s’agirait alors d’améliorer les comités de sélection, dont la réforme Pécresse a d’ailleurs exacerbé les défauts avec le système des comités ad-hoc. Il faut ainsi revoir en profondeur les procédures de recrutement, soit précisément ce que nous proposions dans des amendements liés qui, eux, n’ont malheureusement pas été adoptés.
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
- barègesÉrudit
Cheffe de file, peut-être professeure, docteure et auteure ?
C'est laid, mais nous sommes cernées.
C'est laid, mais nous sommes cernées.
- User5899Demi-dieu
Jamais.philann a écrit:Mais rien ne vous échappe donc jamais ???Cripure a écrit:Rarement lu aussi beau lapsus calami :lol:philann a écrit:
Difficile car certaines disciplines universitaires n'ont pas d'agrégation ou une agrégation du supérieur qui n'a rien à voir. Et un concours national porterait sur quoi??? lorsqu'il s'agit de recruter non pas de grands généralistes (intérêt de l'agreg') mais des spécialistes de telle ou telle question qui peut être pointue...
La CNU a l'avantage d'imposer des critères nationaux...sans toucher au contenu de trop près. Certes, de bons chercheurs ne sont pas qualifiés et de mauvais le sont...mais c'est encore un filtre très utile en l'absence de vraies cessions de recrutement (plusieurs jours, aux frais de la fac, avec échanges, séminaires, etc...)
C'est parce que je ne suis pas humain
Et là, en plus, c'est tellement pertinent au niveau du sens...
- Marie LaetitiaBon génie
Cripure a écrit:Jamais.philann a écrit:Mais rien ne vous échappe donc jamais ???Cripure a écrit:
Rarement lu aussi beau lapsus calami :lol:
C'est parce que je ne suis pas humain
Et là, en plus, c'est tellement pertinent au niveau du sens...
Rhhhaaaa. Ouais, il vous reste un bout d'humanité, là, donc de perfectibilité ! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- NadejdaGrand sage
- Palombella RossaNeoprof expérimenté
L'amendement n°6 supprimant les qualifications par évaluation des travaux scientifiques et pédagogiques au Conseil National des Universités a été retiré, grâce à la mobilisation immédiate de la communauté universitaire pour défendre cette forme d'évaluation intelligente ainsi que la centaine de disciplines scientifiques et pédagogiques représentées au Conseil National des Universités : 16 000 signatures de la pétition nationale en 48 heures, des dizaines de communiqués d'organisations syndicales et d'instances scientifiques. Victoire ! ...est-ce une victoire ?
Amère victoire pour les étudiant-e-s et leurs familles pour qui, par ailleurs, cette loi LRU-2 maintient les orientations délétères fixées par le gouvernement précédent de démantèlement du service public national d'enseignement supérieur. Les promesses électorales de préservation budgétaire du secteur de l'éducation nationale ne sont pas tenues dans le supérieur : sous le subterfuge de "l'autonomie" des dizaines d'universités sont mises en faillites par sous-dotation budgétaire. Ce sont deux millions d'étudiant-e-s et les familles les plus dépendantes du service public, qui sont victimes de ces politiques : victimes des coupes dans l'offre de formation et volumes horaires enseignés ; victimes pour leur accueil des restructurations de services administratifs et documentaires ; victimes pour leur encadrement pédagogique des gels de postes d'enseignants.
Amère victoire pour les enseignants-chercheurs : il restera de cet épisode la trace d'une nouvelle attaque contre les statuts nationaux et contre une forme d'évaluation intelligente basée sur la compétence scientifique et pédagogique de celles et ceux qui l'exercent ainsi que sur le pluralisme que permet leur élection au scrutin proportionnel par l'ensemble des enseignants-chercheurs, dans chaque discipline scientifique et pédagogique, sur listes librement constituées. Après des années de propagande politique pour faire croire à la population que les enseignants-chercheurs ne sont pas évalués... quelle étonnante attaque politique contre le seul système d'évaluation qui vaille, des biologistes par des biologistes, des sociologues par des sociologues, des pharmaciens par des pharmaciens... et cela pour des centaines de disciplines qui ne peuvent être ainsi représentées qu'au niveau national.
Amère victoire pour tous les français de plus en plus nombreux à comprendre ce que "autonomie" & "régionalisation" des universités signifie : démantèlement du service public universitaire national par désengagement financier de l’État ; dilution des responsabilités politiques de ces mises en faillites entre de multiples décideurs qui pourront se renvoyer la balle ; subordination politique croissante du fonctionnement des universités aux acteurs locaux, politiciens et entreprises ; renforcement des inégalités territoriales et sociales, pour la plus large partie de la population qui ne trouvera plus à proximité les possibilités souhaitées de formation supérieure et devra renoncer à ce niveau de formation (les baisses d'inscriptions sont déjà perceptibles) ou assumer des coûts exorbitants pour faire des études au loin.
Nous sommes arrivés aujourd'hui à défendre le statut national d'enseignant-chercheur mais nous sommes loin de parvenir à défendre un service public national gratuit, laïque et indépendant d'enseignement supérieur et de recherche... toujours en cours de démantèlement sous les poids conjugués des idéologies néo-libérales internationales et des replis égocentriques ou clientélistes régionalistes.
Un véritable changement progressiste de politique publique nécessite l’élaboration d’un schéma national d’enseignement supérieur et de recherche pour assurer une offre de formation diversifiée, hors de toute spécialisation des territoires, afin de favoriser l’égal accès de tous à l’enseignement supérieur, lutter contre la désertification des territoires et l’accroissement des inégalités sociales. La ré-étatisation de la masse salariale et la gestion nationale des personnels s'imposent pour maintenir au plus haut niveau la qualité du service public d’ESR ouvert à tous les citoyens, dans toutes les régions. L’indépendance des universités vis à vis des acteurs politiques et économiques est vitale : la pédagogie et la science doivent être libres et la loi doit renforcer ces libertés académiques essentielles.
Pour tout cela... tout reste à faire et il faut se battre.
Bien cordialement,
Jérôme Valluy - 26 juin 2013
Amère victoire pour les étudiant-e-s et leurs familles pour qui, par ailleurs, cette loi LRU-2 maintient les orientations délétères fixées par le gouvernement précédent de démantèlement du service public national d'enseignement supérieur. Les promesses électorales de préservation budgétaire du secteur de l'éducation nationale ne sont pas tenues dans le supérieur : sous le subterfuge de "l'autonomie" des dizaines d'universités sont mises en faillites par sous-dotation budgétaire. Ce sont deux millions d'étudiant-e-s et les familles les plus dépendantes du service public, qui sont victimes de ces politiques : victimes des coupes dans l'offre de formation et volumes horaires enseignés ; victimes pour leur accueil des restructurations de services administratifs et documentaires ; victimes pour leur encadrement pédagogique des gels de postes d'enseignants.
Amère victoire pour les enseignants-chercheurs : il restera de cet épisode la trace d'une nouvelle attaque contre les statuts nationaux et contre une forme d'évaluation intelligente basée sur la compétence scientifique et pédagogique de celles et ceux qui l'exercent ainsi que sur le pluralisme que permet leur élection au scrutin proportionnel par l'ensemble des enseignants-chercheurs, dans chaque discipline scientifique et pédagogique, sur listes librement constituées. Après des années de propagande politique pour faire croire à la population que les enseignants-chercheurs ne sont pas évalués... quelle étonnante attaque politique contre le seul système d'évaluation qui vaille, des biologistes par des biologistes, des sociologues par des sociologues, des pharmaciens par des pharmaciens... et cela pour des centaines de disciplines qui ne peuvent être ainsi représentées qu'au niveau national.
Amère victoire pour tous les français de plus en plus nombreux à comprendre ce que "autonomie" & "régionalisation" des universités signifie : démantèlement du service public universitaire national par désengagement financier de l’État ; dilution des responsabilités politiques de ces mises en faillites entre de multiples décideurs qui pourront se renvoyer la balle ; subordination politique croissante du fonctionnement des universités aux acteurs locaux, politiciens et entreprises ; renforcement des inégalités territoriales et sociales, pour la plus large partie de la population qui ne trouvera plus à proximité les possibilités souhaitées de formation supérieure et devra renoncer à ce niveau de formation (les baisses d'inscriptions sont déjà perceptibles) ou assumer des coûts exorbitants pour faire des études au loin.
Nous sommes arrivés aujourd'hui à défendre le statut national d'enseignant-chercheur mais nous sommes loin de parvenir à défendre un service public national gratuit, laïque et indépendant d'enseignement supérieur et de recherche... toujours en cours de démantèlement sous les poids conjugués des idéologies néo-libérales internationales et des replis égocentriques ou clientélistes régionalistes.
Un véritable changement progressiste de politique publique nécessite l’élaboration d’un schéma national d’enseignement supérieur et de recherche pour assurer une offre de formation diversifiée, hors de toute spécialisation des territoires, afin de favoriser l’égal accès de tous à l’enseignement supérieur, lutter contre la désertification des territoires et l’accroissement des inégalités sociales. La ré-étatisation de la masse salariale et la gestion nationale des personnels s'imposent pour maintenir au plus haut niveau la qualité du service public d’ESR ouvert à tous les citoyens, dans toutes les régions. L’indépendance des universités vis à vis des acteurs politiques et économiques est vitale : la pédagogie et la science doivent être libres et la loi doit renforcer ces libertés académiques essentielles.
Pour tout cela... tout reste à faire et il faut se battre.
Bien cordialement,
Jérôme Valluy - 26 juin 2013
- OlympiasProphète
Vive la gauche...Le changement, c'est pour quand ???????? :shock:
- JohnMédiateur
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- CondorcetOracle
Cela ne résout pas, hélas, les "incertitudes" qui entourent les conditions de recrutement des enseignants-chercheurs. L'université française (en partie par sa faute) se trouve au bord de l'implosion budgétaire et humaine.
- philannDoyen
PaoloSarpi a écrit:Cela ne résout pas, hélas, les "incertitudes" qui entourent les conditions de recrutement des enseignants-chercheurs. L'université française (en partie par sa faute) se trouve au bord de l'implosion budgétaire et humaine.
Quelles incertitudes??? Tout devient parfaitement certain au contraire: les portes sont fermées, le rideau tombe...passez votre chemin!!
- Spoiler:
- il me prend parfois des envies de repartir à l'étranger...Je n'idéalise en rien les autres pays...mais là franchement la moutarde me monte au nez!!
Dernière en date de ma fac, non renouvellement du contrat de notre secrétaire d'Ecole doctorale...parce qu'elle atteindrait les 6 ans qui lui permettrait de demander la CDIsation A part ça, elle est HYPER-compétente, tout le monde est content d'elle (rare) ...et bah non!!
- barègesÉrudit
Amère victoire pour tous ceux qui paient aujourd'hui et qui paieront plus demain les bêtises de la LRU, les actuelles mesures pour la réforme de la formation des enseignants, les nouveaux CAPES, le tout passé dans l'indifférence ou presque alors qu'un amendement dont tout le monde savait qu'il serait retoqué rassemble contre lui 16000 signatures en trois jours.Palombella Rossa a écrit:L'amendement n°6 supprimant les qualifications par évaluation des travaux scientifiques et pédagogiques au Conseil National des Universités a été retiré, grâce à la mobilisation immédiate de la communauté universitaire pour défendre cette forme d'évaluation intelligente ainsi que la centaine de disciplines scientifiques et pédagogiques représentées au Conseil National des Universités : 16 000 signatures de la pétition nationale en 48 heures, des dizaines de communiqués d'organisations syndicales et d'instances scientifiques. Victoire ! ...est-ce une victoire ?
Amère victoire pour les étudiant-e-s et leurs familles pour qui, par ailleurs, cette loi LRU-2 maintient les orientations délétères fixées par le gouvernement précédent de démantèlement du service public national d'enseignement supérieur. Les promesses électorales de préservation budgétaire du secteur de l'éducation nationale ne sont pas tenues dans le supérieur : sous le subterfuge de "l'autonomie" des dizaines d'universités sont mises en faillites par sous-dotation budgétaire. Ce sont deux millions d'étudiant-e-s et les familles les plus dépendantes du service public, qui sont victimes de ces politiques : victimes des coupes dans l'offre de formation et volumes horaires enseignés ; victimes pour leur accueil des restructurations de services administratifs et documentaires ; victimes pour leur encadrement pédagogique des gels de postes d'enseignants.
Amère victoire pour les enseignants-chercheurs : il restera de cet épisode la trace d'une nouvelle attaque contre les statuts nationaux et contre une forme d'évaluation intelligente basée sur la compétence scientifique et pédagogique de celles et ceux qui l'exercent ainsi que sur le pluralisme que permet leur élection au scrutin proportionnel par l'ensemble des enseignants-chercheurs, dans chaque discipline scientifique et pédagogique, sur listes librement constituées. Après des années de propagande politique pour faire croire à la population que les enseignants-chercheurs ne sont pas évalués... quelle étonnante attaque politique contre le seul système d'évaluation qui vaille, des biologistes par des biologistes, des sociologues par des sociologues, des pharmaciens par des pharmaciens... et cela pour des centaines de disciplines qui ne peuvent être ainsi représentées qu'au niveau national.
Amère victoire pour tous les français de plus en plus nombreux à comprendre ce que "autonomie" & "régionalisation" des universités signifie : démantèlement du service public universitaire national par désengagement financier de l’État ; dilution des responsabilités politiques de ces mises en faillites entre de multiples décideurs qui pourront se renvoyer la balle ; subordination politique croissante du fonctionnement des universités aux acteurs locaux, politiciens et entreprises ; renforcement des inégalités territoriales et sociales, pour la plus large partie de la population qui ne trouvera plus à proximité les possibilités souhaitées de formation supérieure et devra renoncer à ce niveau de formation (les baisses d'inscriptions sont déjà perceptibles) ou assumer des coûts exorbitants pour faire des études au loin.
Nous sommes arrivés aujourd'hui à défendre le statut national d'enseignant-chercheur mais nous sommes loin de parvenir à défendre un service public national gratuit, laïque et indépendant d'enseignement supérieur et de recherche... toujours en cours de démantèlement sous les poids conjugués des idéologies néo-libérales internationales et des replis égocentriques ou clientélistes régionalistes.
Un véritable changement progressiste de politique publique nécessite l’élaboration d’un schéma national d’enseignement supérieur et de recherche pour assurer une offre de formation diversifiée, hors de toute spécialisation des territoires, afin de favoriser l’égal accès de tous à l’enseignement supérieur, lutter contre la désertification des territoires et l’accroissement des inégalités sociales. La ré-étatisation de la masse salariale et la gestion nationale des personnels s'imposent pour maintenir au plus haut niveau la qualité du service public d’ESR ouvert à tous les citoyens, dans toutes les régions. L’indépendance des universités vis à vis des acteurs politiques et économiques est vitale : la pédagogie et la science doivent être libres et la loi doit renforcer ces libertés académiques essentielles.
Pour tout cela... tout reste à faire et il faut se battre.
Bien cordialement,
Jérôme Valluy - 26 juin 2013
Amère victoire pour ceux qui se sentaient bien seuls à battre le pavé en 2009.
Et si les mobilisations se faisaient aussi vigoureusement pour les sujets de fond ?
- CondorcetOracle
Oui, si je songe à tous ces communiqués, courriers aux élus, courriels rédigés et reçus, ces manifestations, ces nuits fiévreuses de réflexion, tout cela en vain, c'est atterrant. Les finances de certaines universités déjà exsangues, des procédures de recrutement sidérantes d'enseignants-chercheurs, la rédaction dans l'improvisation la plus complète des maquettes des MEEF traduisent un climat délétère digne d'une gérontocratie à l'agonie.
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
philann a écrit:PaoloSarpi a écrit:Cela ne résout pas, hélas, les "incertitudes" qui entourent les conditions de recrutement des enseignants-chercheurs. L'université française (en partie par sa faute) se trouve au bord de l'implosion budgétaire et humaine.
Quelles incertitudes??? Tout devient parfaitement certain au contraire: les portes sont fermées, le rideau tombe...passez votre chemin!!
- Spoiler:
il me prend parfois des envies de repartir à l'étranger...Je n'idéalise en rien les autres pays...mais là franchement la moutarde me monte au nez!!
Dernière en date de ma fac, non renouvellement du contrat de notre secrétaire d'Ecole doctorale...parce qu'elle atteindrait les 6 ans qui lui permettrait de demander la CDIsation :furieux:A part ça, elle est HYPER-compétente, tout le monde est content d'elle (rare) ...et bah non!!
Dans ma discipline, des Italiens, des Espagnols, des Britanniques et même des Allemands font acte de candidature sur les postes de MCF, car leurs propres systèmes sont également en crise...
- CondorcetOracle
philann a écrit:PaoloSarpi a écrit:Cela ne résout pas, hélas, les "incertitudes" qui entourent les conditions de recrutement des enseignants-chercheurs. L'université française (en partie par sa faute) se trouve au bord de l'implosion budgétaire et humaine.
Quelles incertitudes??? Tout devient parfaitement certain au contraire: les portes sont fermées, le rideau tombe...passez votre chemin!!
- Spoiler:
il me prend parfois des envies de repartir à l'étranger...Je n'idéalise en rien les autres pays...mais là franchement la moutarde me monte au nez!!
Dernière en date de ma fac, non renouvellement du contrat de notre secrétaire d'Ecole doctorale...parce qu'elle atteindrait les 6 ans qui lui permettrait de demander la CDIsation :furieux:A part ça, elle est HYPER-compétente, tout le monde est content d'elle (rare) ...et bah non!!
Je pensais à certaines motivations de recrutement moins académiques qu'endémiques, lesquelles s'ajoutent à l'austérité.
L'exemple que tu évoques découle directement d'une application comptable (et contre l'esprit et la lettre) de la loi Sauvadet.
- philannDoyen
Marcel Khrouchtchev a écrit:philann a écrit:PaoloSarpi a écrit:Cela ne résout pas, hélas, les "incertitudes" qui entourent les conditions de recrutement des enseignants-chercheurs. L'université française (en partie par sa faute) se trouve au bord de l'implosion budgétaire et humaine.
Quelles incertitudes??? Tout devient parfaitement certain au contraire: les portes sont fermées, le rideau tombe...passez votre chemin!!
- Spoiler:
il me prend parfois des envies de repartir à l'étranger...Je n'idéalise en rien les autres pays...mais là franchement la moutarde me monte au nez!!
Dernière en date de ma fac, non renouvellement du contrat de notre secrétaire d'Ecole doctorale...parce qu'elle atteindrait les 6 ans qui lui permettrait de demander la CDIsation :furieux:A part ça, elle est HYPER-compétente, tout le monde est content d'elle (rare) ...et bah non!!
Dans ma discipline, des Italiens, des Espagnols, des Britanniques et même des Allemands font acte de candidature sur les postes de MCF, car leurs propres systèmes sont également en crise...
L'Allemagne en est à un stade pire que nous! Tu peux faire les 2/3 de ta carrière avec des contrats de 3 ans d'un bout à l'autre de l'Allemagne.
Je visais plutôt le Canada en parlant de l'étranger!!
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