- BeeNiveau 5
J'ai donné une rédaction à la fin de mon chapitre sur la poésie lyrique. Trois sujets étaient proposés. Le dernier était plus libre, la seule contrainte était formelle (alternance de vers longs et brefs comme l'un des poèmes étudiés en classe).
Dans mon paquet de copies, un devoir se distingue. En effet, beaucoup de textes parlent d'amour, de souvenirs (c'était le thème du sujet 2). La copie dont je parle est bien différente, l'imaginaire en est très macabre (le poète s'exprimant donc à la première personne est emmené en enfer, voit la Mort, et se fait torturer puis tuer). J'étais d'abord contente de lire enfin autre chose, Au premier abord, je me disais qu'il avait compris qu'une distance pouvait exister entre l'auteur et le "je" du poète. Puis, mon mari qui m'a entendue le lire me fait remarquer que c'est tout de même très macabre pour un élève de 4°. Craignant de passer à côté d'une détresse, j'envisage de lui parler demain, lui demander si ça va tout simplement.
Qu'en pensez-vous? Est-ce que je m'inquiète pour rien? Dois-je au contraire signaler cela à l'infirmière?
Dans mon paquet de copies, un devoir se distingue. En effet, beaucoup de textes parlent d'amour, de souvenirs (c'était le thème du sujet 2). La copie dont je parle est bien différente, l'imaginaire en est très macabre (le poète s'exprimant donc à la première personne est emmené en enfer, voit la Mort, et se fait torturer puis tuer). J'étais d'abord contente de lire enfin autre chose, Au premier abord, je me disais qu'il avait compris qu'une distance pouvait exister entre l'auteur et le "je" du poète. Puis, mon mari qui m'a entendue le lire me fait remarquer que c'est tout de même très macabre pour un élève de 4°. Craignant de passer à côté d'une détresse, j'envisage de lui parler demain, lui demander si ça va tout simplement.
Qu'en pensez-vous? Est-ce que je m'inquiète pour rien? Dois-je au contraire signaler cela à l'infirmière?
- SergeMédiateur
C'est très délicat.
Car il y a sans doute une vraie distanciation, et la fascination pour le morbide et la mélancolie font aussi partie du charme de l'adolescence (même si j'ai l'impression que ça se perd un peu, le côté adolescent baudelairien ou torturé façon René de Chateaubriand)
Mais il y a aussi une possibilité que ça révèle quelque chose. Tu peux lui poser la question de façon informelle et l'évoquer pour info à l'infirmière, mais ne déclenche pas le plan ORSEC pour autant.
Car il y a sans doute une vraie distanciation, et la fascination pour le morbide et la mélancolie font aussi partie du charme de l'adolescence (même si j'ai l'impression que ça se perd un peu, le côté adolescent baudelairien ou torturé façon René de Chateaubriand)
Mais il y a aussi une possibilité que ça révèle quelque chose. Tu peux lui poser la question de façon informelle et l'évoquer pour info à l'infirmière, mais ne déclenche pas le plan ORSEC pour autant.
- Syria ForelNiveau 7
Bee, nous avons eu le cas dans le cadre d'un club d'écriture. Les élèves choisissaient une carte postale d'un tableau de maître, et devaient s'inspirer de la couleur dominante pour 'colorer' leur production personnelle.
Sur un tableau de Jean de la Tour, une gamine (4ème) nous avait fait un texte d'une morbidité effrayante, parlant de maltraitance et de douleur.
La CPE a mené une enquête discrète, conjointement avec l'infirmière, et en fait, il s'agissait bien d'une oeuvre ... d'interprétation Ouf !
Une psychologue, lors d'une de ces réunions organisées pour emplir le créneau 'demi-journée à rattraper', nous avait expliqué qu'à cet âge, la mort existe un véritable attrait.
Paradoxalement, elle regrettait le fait que les jeunes ne soient plus mis en contact avec la mort : on naît et on meurt à l'hôpital. Dans le temps, le mort était veillé en famille, il y avait tout un cérémonial, depuis la toilette mortuaire jusqu'à la mise en bière.
Enfin, elle expliquait la recrudescence des conduites à risque par le fait que la plupart de nos élèves sont conditionnés par les jeux vidéo, où tu peux collectionner des vies, en perdre, ressusciter, ...
Ta demande est délicate, dans la mesure où ce que cette élève a produit, t'est destiné à toi en priorité.
Elle risque de peut-être prendre mal le fait que d'autres que toi, avec laquelle elle a tissé une relation de confiance depuis la rentrée, puissent lire ce qu'elle a écrit.
Cela étant, mieux vaut ne pas passer à côté d'une véritable souffrance. Avant d'en parler avec l'infirmière, n'hésite pas à en parler aux autres professeurs de la classe et en priorité avec son PP. Parfois, on se rend compte qu'en recoupant les infos, on comprend certaines choses à côté desquelles on était passé.
Si tu as un bon contact avec ton élève, tu peux aussi la garder après une heure de cours et l'interroger de manière subtile.
Les confidences sont parfois très violentes. Dans ce cas là, passe à la vitesse supérieure.
Sur un tableau de Jean de la Tour, une gamine (4ème) nous avait fait un texte d'une morbidité effrayante, parlant de maltraitance et de douleur.
La CPE a mené une enquête discrète, conjointement avec l'infirmière, et en fait, il s'agissait bien d'une oeuvre ... d'interprétation Ouf !
Une psychologue, lors d'une de ces réunions organisées pour emplir le créneau 'demi-journée à rattraper', nous avait expliqué qu'à cet âge, la mort existe un véritable attrait.
Paradoxalement, elle regrettait le fait que les jeunes ne soient plus mis en contact avec la mort : on naît et on meurt à l'hôpital. Dans le temps, le mort était veillé en famille, il y avait tout un cérémonial, depuis la toilette mortuaire jusqu'à la mise en bière.
Enfin, elle expliquait la recrudescence des conduites à risque par le fait que la plupart de nos élèves sont conditionnés par les jeux vidéo, où tu peux collectionner des vies, en perdre, ressusciter, ...
Ta demande est délicate, dans la mesure où ce que cette élève a produit, t'est destiné à toi en priorité.
Elle risque de peut-être prendre mal le fait que d'autres que toi, avec laquelle elle a tissé une relation de confiance depuis la rentrée, puissent lire ce qu'elle a écrit.
Cela étant, mieux vaut ne pas passer à côté d'une véritable souffrance. Avant d'en parler avec l'infirmière, n'hésite pas à en parler aux autres professeurs de la classe et en priorité avec son PP. Parfois, on se rend compte qu'en recoupant les infos, on comprend certaines choses à côté desquelles on était passé.
Si tu as un bon contact avec ton élève, tu peux aussi la garder après une heure de cours et l'interroger de manière subtile.
Les confidences sont parfois très violentes. Dans ce cas là, passe à la vitesse supérieure.
- bikkhouHabitué du forum
Aie confiance en ton ressenti. Pose-lui la question.
C'est important qu'il comprenne que tu es troublée par ce qu'il écrit.
Puis parles-en avec tes collègues.
Ne sois pas trop inquiète non plus : l'an dernier j'avais un élève comme le tien qui m'avait fort angoissée. Lorsque j'ai rencontré la maman, elle m'a rapidement rassurée : il était dans une période où il ne lisait que des récits fantastiques et ne voulait regarder que des films d'épouvante. Le père était au courant et ils faisaient tous les deux attention quand même.
C'est important qu'il comprenne que tu es troublée par ce qu'il écrit.
Puis parles-en avec tes collègues.
Ne sois pas trop inquiète non plus : l'an dernier j'avais un élève comme le tien qui m'avait fort angoissée. Lorsque j'ai rencontré la maman, elle m'a rapidement rassurée : il était dans une période où il ne lisait que des récits fantastiques et ne voulait regarder que des films d'épouvante. Le père était au courant et ils faisaient tous les deux attention quand même.
_________________
Le rhinocéros courait / Le lion s'accrochait / mordait / le sang giclait le cou se tordait / Le rhinocéros regardait le ciel / Ciel bleu, calme et tranquille : / on y voyait la lune /
Tableau / Incident dans la jungle lointaine / Le paysage se taisait / Les deux bêtes se figeaient / Et dans le silence / Le lion tuait à chaque instant / Le rhinocéros mourait éternellement
KAORU MARUYAMA
- Singing in The RainHabitué du forum
J'ai fait rédigé des poèmes "paysages états d'âmes" en 4ème... et j'ai eu d'excellents poèmes sur des cimetières... rédigés par des élèves sans souci.
- KakHabitué du forum
Cette année, j'en ai eu plein de textes macabres. Je ne me suis pas inquiétée pour autant étant donné le profil des élèves, très bons élèves, peu isolés, lecteurs de fantaisy et amateurs de jeux de rôle... sans compter l'influence des textes étudiés dans l'année (les nouvelles fantastiques et les poèmes lyriques notamment ).
Le goût pour le macabre me semble normal , non à 14 ans?
Le goût pour le macabre me semble normal , non à 14 ans?
- miss sophieExpert spécialisé
J'ai eu une fois un poème très sombre, exprimant bien le mal-être de l'adolescence. J'avais indiqué sur la copie "Tu devrais aimer Baudelaire" et cette élève plutôt en échec s'était empressée d'aller emprunter Les fleurs du mal, qu'elle avait dévoré!
Une autre fois une élève "gothique" m'avait écrit quelque chose d'assez morbide où elle évoquait le suicide avec une certaine fascination. Là, j'avais photocopié son texte et j'en avais parlé en cellule de veille. J'avais prévenu l'élève que son texte me chiffonnait et que j'en avais fait part à l'infirmière, qui l'avait reçue ensuite.
Une autre fois une élève "gothique" m'avait écrit quelque chose d'assez morbide où elle évoquait le suicide avec une certaine fascination. Là, j'avais photocopié son texte et j'en avais parlé en cellule de veille. J'avais prévenu l'élève que son texte me chiffonnait et que j'en avais fait part à l'infirmière, qui l'avait reçue ensuite.
- BeeNiveau 5
Je vous remercie pour vos réponses.
J'ai donc parlé à l'élève le lendemain. Je lui ai indiqué avoir apprécié l'inspiration de ce poème tout en lui indiquant avoir été troublée par le fait qu'un texte à la première personne soit si morbide. Il m'a répondu ainsi: il était très souriant et m'a expliqué simplement que quand il était plus jeune, il avait eu peur de la mort (au point d'avoir consulté un psy). Ainsi, c'est le seul thème qui l'avait inspiré pour ce poème lyrique.
Je vais néanmoins en parler au professeur principal, par précaution.
@ Miss Sophie, j'ai d'ailleurs relu quelques textes de Baudelaire juste après avoir lu sa copie. J'avais hésité à lui conseiller, préférant être sure que tout allait bien.
J'ai donc parlé à l'élève le lendemain. Je lui ai indiqué avoir apprécié l'inspiration de ce poème tout en lui indiquant avoir été troublée par le fait qu'un texte à la première personne soit si morbide. Il m'a répondu ainsi: il était très souriant et m'a expliqué simplement que quand il était plus jeune, il avait eu peur de la mort (au point d'avoir consulté un psy). Ainsi, c'est le seul thème qui l'avait inspiré pour ce poème lyrique.
Je vais néanmoins en parler au professeur principal, par précaution.
@ Miss Sophie, j'ai d'ailleurs relu quelques textes de Baudelaire juste après avoir lu sa copie. J'avais hésité à lui conseiller, préférant être sure que tout allait bien.
- miss sophieExpert spécialisé
Bee a écrit:@ Miss Sophie, j'ai d'ailleurs relu quelques textes de Baudelaire juste après avoir lu sa copie. J'avais hésité à lui conseiller, préférant être sure que tout allait bien.
L'élève dont je parlais plus haut n'allait pas spécialement bien ; elle n'était pas suicidaire ni dépressive mais avait vraiment une image négative d'elle-même et du regard que les autres pouvaient lui porter et elle exprimait cela avec un détachement fataliste. Je crois que la lecture de Baudelaire lui a fait du bien justement parce qu'elle y a trouvé l'écho de son propre "spleen" ; parce que c'est rassurant de se rendre compte qu'on n'est pas seul à avoir parfois des idées noires, que ce n'est pas "anormal" d'en avoir ; et parce que Baudelaire l'exprime tellement mieux que nous ne saurions le faire... Je suis en train de relire Les fleurs du mal, justement !
- BeeNiveau 5
@Miss Sophie, bon je suis convaincue! Je le vois jeudi, je lui emmènerai Les Fleurs du Mal.
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