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- Raoul VolfoniGrand sage
Je ne sais pas où poster... Pardon d'avance si ce n'est pas le bon endroit.
J'aime écrire, et il m'arrive de consigner par écrit des épisodes vécus en classe - pas forcément des événements majeurs, simplement des moments qui me semblent intéressants. Je me disais que si d'autres ici aiment le faire, nous pourrions partager ces textes, comme un "instantané" de ce qui se passe dans nos classes, un témoignage sur le quotidien des profs. Je ne sais pas si d'autres auront envie de partager leur quotidien de profs, mais je vous mets un petit souvenir de bac blanc en LP.
J'aime écrire, et il m'arrive de consigner par écrit des épisodes vécus en classe - pas forcément des événements majeurs, simplement des moments qui me semblent intéressants. Je me disais que si d'autres ici aiment le faire, nous pourrions partager ces textes, comme un "instantané" de ce qui se passe dans nos classes, un témoignage sur le quotidien des profs. Je ne sais pas si d'autres auront envie de partager leur quotidien de profs, mais je vous mets un petit souvenir de bac blanc en LP.
Silence relatif dans la salle, sans doute plus dû à la chaleur et à la digestion qu'au sérieux des élèves. Ils sont neuf, neuf garçons élèves de terminale bac pro électrotechnique. Avec le groupe 1, ce matin, on a bien travaillé sur ce sujet type bac. Mais le groupe 1, hasard ou pas, c'est celui des meilleurs, et puis c'est le matin. Le groupe 2, c'est celui des cossards, des "de toute façon je suis nul", de ceux qui ont accumulé tellement de lacunes que c'en est vertigineux. Dans l'ensemble, ils sont gentils – à part Sofiane, un emmerdeur patenté, mais pour le moment, il dort, la tête dans les bras, et je me garde bien de le réveiller. Il sèche les trois quarts des cours de matières générales, mais jamais le mien. Le lundi, il a maths-français-anglais, il sèche les maths et l'anglais. Je ne comprendrai jamais sa logique.
Les autres, ce sont des gamins sympas, charmeurs, mais pas des scolaires. Des sentimentaux, à l'image de Salah qui vient me voir parfois en fin d'heure pour avoir un compliment :
-Vous avez vu, madame, j'ai bien participé aujourd'hui, me dit-il avec son sourire de beau gosse.
Et de prendre la brosse avec laquelle je m'apprête à effacer le tableau. Cette classe est, de loin, ma préférée. Bien sûr, ce ne sont pas des foudres de guerre, mais allez donc en trouver assez, en lycée professionnel, pour faire une classe. Ils ont un gigantesque poil dans la main, des difficultés inimaginables, un baratin incroyable aussi, et une spontanéité qui me fait rire.
Pour l'heure, ils se tiennent à peu près à carreau. À peu près, car il leur est difficile de se concentrer plus de cinq minutes sur du français. Certains ne parlent pas français à la maison, mais tous ont effectué leur scolarité obligatoire en France. Pas de "primo-arrivant" comme j'en ai en CAP, tous sont francophones. Sauf qu'ils parlent leur langue à eux, une langue pauvre, déconstruite, et contre laquelle je me bats en classe. À force, c'est devenu un jeu :
-Madame, y a Jérémy qui fait chier...
-Tu es en cours de français, Anthony, trouve-moi donc un synonyme plus approprié.
-Jérémy est agaçant !
Inutile de sanctionner ce "fait chier" sorti spontanément et sans penser à mal. Mieux vaut, à mon sens, essayer de les faire réfléchir à leur manière de parler et leur faire chercher une façon acceptable de s'exprimer. Au cours de l'année, ils ont acquis du vocabulaire, passant de "il m'emmerde" à "il m'ennuie" puis à un "il m'importune" grandiloquent, qu'ils me servent avec le sourire .
Je circule entre les rangs pour répondre à leurs questions, et aussi pour m'assurer qu'ils travaillent. Le dénommé Jérémy, le menton dans la main, le regard vague, ne me voit même pas approcher.
-Alors, ça avance ?
-J'comprends pas le texte, répond-il.
-Ce mytho, tu l'as même pas lu ! s'exclame son voisin qui, sur mon conseil, surligne les mots qu'il ne comprend pas et a, de fait, une feuille à moitié jaune devant lui.
Je reste plantée devant Jérémy assez longtemps pour qu'il s'y mette, puis je continue ma ronde. Non loin de là, Ahmed. Il tire la langue sur son travail, à tous les sens du terme. Entre nous, on se dit qu'Ahmed illustre bien "la prime à la casse" du bac pro 3 ans. Au sortir de troisième, il est entré en BEP électrotechnique avec un très petit niveau. Il a raté son BEP, mais comme la réforme est passée par là et que le BEP a été supprimé, on l'a collé en bac pro. Il n'avait déjà pas le niveau pour un BEP, autant dire qu'en bac pro, il en bave. Cela fait cinq ans qu'il est en lycée professionnel, il a raté son bac l'an dernier, il fait parfois des fautes en écrivant son propre prénom, mais il est en terminale.
-Ça marche, Ahmed ?
Il soupire, comme d'habitude. Il s'accroche, mais c'est difficile.
-C'est super dur comme texte, madame... Vous êtes sûre qu'on peut avoir un truc comme ça au bac ?
Et comme je confirme, il ajoute, fataliste :
-Non mais ceux qui ont décidé ça, ils nous prennent trop pour des intellos... Si on avait le niveau pour faire des études, on serait pas là, hein !
Je ne peux qu'être d'accord avec lui : le programme de français de terminale bac pro est proprement délirant, sur le papier. Mais ça, je ne le dis pas, et je réponds qu'il ne faut pas se dévaloriser. Je prends la feuille d'Ahmed pour voir ce qu'il a écrit. Ça démarre mal : "les documents parles de la guerre d'Espagne".
-Pourquoi tu as mis un s à la fin de "parles", Ahmed ?
-Parce que c'est du pluriel. Les documents. Au pluriel, il faut un s, récite-t-il.
-C'est vrai pour les noms, mais pas pour les verbes.
-Les noms ? Y a pas de nom là, je l'ai pas encore mis. Le nom, c'est... André Malraux.
-Non, ça c'est le nom de l'auteur, moi je te parlais des noms communs comme "document". Ce sont eux qui prennent un s au pluriel. Mais "parles", ce n'est pas un nom commun, c'est quoi ?
-Heu... (il réfléchit intensément quelques secondes puis balance, sur un ton qui indique clairement que c'est du pif total) Un verbe ?
-Oui, un verbe, très bien. Et un verbe, ça s'accorde avec... ?
Ahmed me regarde comme si je lui parlais en sanskrit. Il ne sait pas, il ne pige même pas ce que je veux. Jérémy, qui a suivi notre échange avec intérêt au lieu de lire son texte, intervient :
-Avec le sujet ! Hein, madame, c'est ça ?
Jérémy est une énigme. Il connaît par coeur plein de règles grammaticales, mais il est incapable d'écrire une phrase correcte. Pourtant, la théorie n'a pas de secret pour lui.
-Oui, très bien, Jérémy ! Et le sujet, Ahmed, qu'est-ce que c'est ?
-La guerre d'Espagne.
-Mais non.
-Ben si, le sujet c'est les documents ils parlent de quoi.
-Mais non, le sujet en grammaire, c'est quoi ? Tu m'as dit que "parles" est un verbe, où est le sujet ?
-Mais j'sais pas c'est quoi le sujet moi, alors. C'est trop compliqué votre truc !
-Le sujet, dans une phrase, c'est celui qui fait l'action. Par exemple, là, c'est "les documents".
-Ouais mais c'est n'importe quoi aussi votre truc ! Les documents ils peuvent pas faire une action ! Ils ont pas de bras pas de jambes, ils font pas une action !
Indigné, le Ahmed. Rien de tout cela n'a la moindre cohérence à ses yeux. Il essaie de comprendre, mais on lui colle des sujets qui font des actions et des noms communs qui ne sont pas André Malraux... allez vous y retrouver, vous. Moi, j'en perds mon latin. Je ne sais plus comment lui expliquer, et je me demande pourquoi je ne l'ai pas bouclée devant le s de parles. Je reprends, en essayant de garder ma patience :
-Les documents, c'est la troisième personne du pluriel... Qu'est-ce que tu vas mettre à la fin ?
Il fait la moue. Je lui montre les affiches de la classe, avec les terminaisons en rouge. Il grimace, plisse les yeux – ses lunettes sont cassées depuis je ne sais combien de temps – et finit par déchiffrer : "ent".
-Très bien ! Corrige, je vais voir les autres et je reviens !
Je viens de passer cinq bonnes minutes sur deux mots, et j'ai même pas lu la suite de son travail. Pendant ce temps, Jérémy s'est remis à rêvasser, Sofiane s'est réveillé et chante en utilisant un stylo comme micro ; à mon passage, Salah m'arrête :
-Vous avez vu, Madame, j'ai bien avancé !
Il a noirci une bonne demi-feuille, mais il me faut du temps pour tout comprendre. Sur dix-huit élèves de cette classe, je dois en avoir une petite moitié qui écrit à peu près correctement. Les autres, ce sont des Ahmed, que la langue française laisse perplexe. Je frémis d'avance à l'idée de devoir corriger toutes ces copies indigestes. Heureusement que j'aime bien ces gamins, ça aide à faire passer la pilule. Et heureusement que Sofiane vient de me rendre une copie blanche, c'est toujours ça de moins à devoir déchiffrer.
- olive-in-oilSage
C'est très chouette !
Moi aussi j'aime écrire et relater des événements du quotidien (mais pas sur mes classes ! )
Moi aussi j'aime écrire et relater des événements du quotidien (mais pas sur mes classes ! )
- GrypheMédiateur
Belle tranche de vie...
Ça me rappelle mes 1è STL d'il y a une quinzaine d'années...
"Madame, dans votre cours, c'est trop dur, il n'y a que des mots."
Après un dialogue intense pour essayer de comprendre le pourquoi du comment... Il s'est avéré que je ne notais au tableau que les mots-clés du cours et quec'était méga trop dur ça ne faisait pas sens pour les élèves.
J'ai donc pris l'habitude de noter au tableau la totalité de la leçon, avec les sujets, les verbes, les compléments, les connecteurs logiques entourés, la grammaire et les étymologies analysées. Et du coup après, ça allait super bien.
Bon, régulièrement, je demandais quand même aux élèves de rédiger leurs propres phrases tout seuls comme des grands, parce que quand même, il fallait aussi qu'ils construisent tout seuls leur propre savoir, faut pas déc', quand même.
(Il y avait aussi beaucoup de schémas dans mes cours, mais ça c'est une autre histoire... )
Ça me rappelle mes 1è STL d'il y a une quinzaine d'années...
"Madame, dans votre cours, c'est trop dur, il n'y a que des mots."
Après un dialogue intense pour essayer de comprendre le pourquoi du comment... Il s'est avéré que je ne notais au tableau que les mots-clés du cours et que
J'ai donc pris l'habitude de noter au tableau la totalité de la leçon, avec les sujets, les verbes, les compléments, les connecteurs logiques entourés, la grammaire et les étymologies analysées. Et du coup après, ça allait super bien.
Bon, régulièrement, je demandais quand même aux élèves de rédiger leurs propres phrases tout seuls comme des grands, parce que quand même, il fallait aussi qu'ils construisent tout seuls leur propre savoir, faut pas déc', quand même.
(Il y avait aussi beaucoup de schémas dans mes cours, mais ça c'est une autre histoire... )
- ClarinetteGrand Maître
J'ai beaucoup aimé ton texte, Raoul, et ce qui s'en dégage.
- fabecbenNiveau 5
J'ai beaucoup aimé le texte aussi. C'est du vécu tout simplement dit ! Je pense que même quelqu'un qui ne s'imagine pas la détresse de certains élèves dans certaines classes peut être sensible à ce texte.
Je n'enseigne pas en lycée pro, mais avec certains secondes, j'ai parfois l'impression d'expliquer une phrase française comme une phrase latine...
Je n'enseigne pas en lycée pro, mais avec certains secondes, j'ai parfois l'impression d'expliquer une phrase française comme une phrase latine...
- DionysosFidèle du forum
J'aime beaucoup !
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"We're all in the gutter, but some of us are looking at the stars". O.Wilde.
- titeprofExpert
corrigé
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- Raoul VolfoniGrand sage
J'aime beaucoup, Titeprof. C'est un très beau texte
- AemiliaExpert
Raoul Volfoni a écrit:je vous mets un petit souvenir de bac blanc en LP.
J'aime beaucoup ce texte, il est tellement réaliste !
J'ai souvent du mal à expliquer à mon entourage combien il est difficile de travailler en classe alors que des notions aussi simples que sujet/verbe ne sont pas acquises... On me demande souvent si mes élèves de 6e savent lire. Oui, les miens savent tous lire. Mais beaucoup ne comprennent absolument rien de ce qu'il ont sous les yeux...
- AemiliaExpert
Titeprof, je suis quasiment certaine d'avoir déjà lu ton texte auparavant... sur le forum ? sur un blog dont tu nous aurais caché être l'auteur ?
_________________
Professeur de lettres classiques déclassée
Mon blog "culture et humeurs, humour et coups de coeur" : https://fortyfiveweeks.wordpress.com/
- ClarinetteGrand Maître
Très émouvant, Titeprof... mais désespérant aussi...
- LédisséEsprit sacré
C'est une très bonne et belle idée, Raoul, et des textes très touchants.
- Spoiler:
- Trop touchants ; vous me faites pleurer, c'est malin.
_________________
Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- Bobby-CowenFidèle du forum
De très beaux textes ! Raoul et Titeprof, bravo
- AemiliaExpert
LadyC a écrit:C'est une très bonne et belle idée, Raoul, et des textes très touchants.
- Spoiler:
Trop touchants ; vous me faites pleurer, c'est malin.
Dis donc, LC, tu as l'alarme facile (je me marre de mes propre blagues nulles, en référence à un autre topic )... entre ça et les copies de l'autre soir
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Professeur de lettres classiques déclassée
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- LédisséEsprit sacré
Oui, mais rapidement séchée, heureusement. Mais c'est vrai que (quand je suis seule) ça coule facilement.
Y a de quoi, aussi... :|
Y a de quoi, aussi... :|
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Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- titeprofExpert
Titeprof, je suis quasiment certaine d'avoir déjà lu ton texte auparavant... sur le forum ? sur un blog dont tu nous aurais caché être l'auteur
Non j'ai écrit d'une traite sans vraiment me relire (ouhhh!!! pas bien!!!). Mais je vais sans doute mettre ça sur mon blog, oui, pourquoi pas...
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- AemiliaExpert
titeprof a écrit:Titeprof, je suis quasiment certaine d'avoir déjà lu ton texte auparavant... sur le forum ? sur un blog dont tu nous aurais caché être l'auteur
Non j'ai écrit d'une traite sans vraiment me relire (ouhhh!!! pas bien!!!). Mais je vais sans doute mettre ça sur mon blog, oui, pourquoi pas...
Alors là, je suis sur le c**... vraiment, j'ai une impression de "déjà lu" très troublante !
Sinon.... DONC, tu as un blog ?
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- titeprofExpert
sur mon blog j'ai déjà parlé de certains de mes élèves donc c'est peut être ça...
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- JennyMédiateur
Deux très beaux textes, merci.
- Spoiler:
- Moi aussi, ça me donne envie de pleurer...
- titeprofExpert
Il ne faut pas pleurer! j'ai aussi de très bonnes classes et d'autres...on va dire dans le consensus mou, mais c'est celle là qui m'empêche de dormir la nuit alors...
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[center]Je suis comme le ciel, rien ne s'accroche à moi (mantra)
- dorémyExpert spécialisé
J'ai versé ma petite larme moi aussi, je ne supporte pas l'idée de cancer chez les enfants...
- *Kati*Habitué du forum
Mais comment vous faites pour tenir...???!!!
Titeprof, ce que tu écris est vraiment émouvant et se lit (comme toujours) avec gourmandise.
Mais c'est un constat tristement démoralisant, comme le texte de R.V.
Moi, avec mes petits problèmes de mes petits élèves, je devrais m'estimer très trèèèèèès chanceuse..... :acc:
Titeprof, ce que tu écris est vraiment émouvant et se lit (comme toujours) avec gourmandise.
Mais c'est un constat tristement démoralisant, comme le texte de R.V.
Moi, avec mes petits problèmes de mes petits élèves, je devrais m'estimer très trèèèèèès chanceuse..... :acc:
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Qui sème des fleurs,
récolte la tendresse...
- ShajarVénérable
La seconde 5. La classe-des-voleurs-et-des-abrutis, dixit la salle des profs. La classe qui vole les portables de ses profs. La classe où une élève s'est sentie suffisamment menacée pour ne pas venir en cours et contracter une appendicite en fait psychologique. La classe des élèves qui a vu disparaître les balances de physique. Plus pratique pour peser les doses. L'un des deux dealers est passé en conseil de dis' et a disparu en janvier. L'autre est toujours là, au fond de la classe.
Je suis l'une des rares profs auxquels Farid dit bonjour. Au début de l'année, comme avec tout le monde, il passait, raide comme la justice, et s'emballait contre moi à chaque mot. Je l'ai viré une fois ou deux. Et un jour, je lui ai dit qu'il n'était pas bête, entre deux portes, et il a souri. Maintenant, il m'aime un petit peu, et il travaille quand ça lui chante. Et il me dit "bonjour". Et même "bonnes vacances", la dernière fois. Farid est un petit caïd, qui se vante de ses exploits contre la BAC, qui estime que la société, c'est que des magouilles, et qui se voit en héros marginal au coeur pur. Sauf que Farid va aussi passer en conseil de dis pour menace de mort sur un autre enseignant, et qu'il va perdre son dernier appui. Farid n'a pas de père, Farid a une maman qui s'échine à faire des ménages de 6h du matin à 21h le soir, qui doit en élever trois, et qui ne sait plus comment faire. Et Farid finira en prison, parce qu'il n'est pas une génie du crime, et du statut de petit dealer, il finira petit délinquant sans avenir.
Ceci dit, s'il n'y avait que Farid en seconde 5, ce serait du gâteau. On pourrait l'encadrer, l'entourer, lui donner un peu de la tendresse et des repères qui lui manquent. Mais voilà, en seconde 5, il y a aussi Maëlysse, un visage d'ange, une mine souriante, et une vipère sournoise qui menace et qui frappe. Il y a Amina, enfermée plusieurs heures par jour par son père pour qu'elle travaille "afin de ressentir toute la joie qu'il y a à avoir son bac", qui ne fait aucune confiance aux adules et tente par tous les biais de les manipuler. Il y a Jenny, phobie scolaire, qui sèche une fois sur deux, et parle fort et toute l'heure quand elle est là, de tout et n'importe quoi. Il y a Sarah, famille stricte, qui ne sait pas ce qu'elle fait là. Elle mâche son chewing gum (le 4e de l'heure, d'tout manière, elle a tout un paquet) les yeux dans le vague, ou se retourne vers Marvin1 (il y a trois Marvin dans la classe) pour discuter de ce qu'il fallait faire pour le français, puisqu'il est trop tard pour savoir ce qu'il fallait faire en histoire. Sarah, maquillée comme une voiture volée, entre 2 et 4 de moyenne, ne comprend que trop rarement la phrase de consigne d'un exercice. Elle écrit en petit nègre, mais elle est en seconde générale. Il y a aussi Anouch, depuis 4 ans en France, réfugiée politique si j'ai bien compris, qui est déjà passée par la Grande-Bretagne et qui parle presque aussi bien que ses camarades, mais a du mal à comprendre son professeur et n'ose pas poser de question. Il y a Eva, qui n'attend que de repartir en Europe de l'Est où se trouve sa mère, qu'elle n'a pas vu depuis une dizaine d'année. Il y a Natsu, 1m40, 20 kilos tout mouillé, qui attend en silence que la classe se passe. Il y a Eva2 (il y a aussi 3 Eva dans cette classe), qui arrive le matin shootée une fois sur deux, et que son père tabasse probablement ; elle travaille quand même, aime bien l'histoire, veut passer en ES. Il y a Marvin2, petit gros qui empeste le graillon, mais qui s'accroche avec un sérieux qui fait mal. Il y a Eva3, intelligente, famille brillante, qui attend qu'on veuille bien faire quelque chose de son cerveau rapide et efficace, de sa bonne volonté et de son envie d'apprendre. J'en oublie. Ils sont 35. Tous avec leur histoire à faire verser des larmes. Tous rassemblés pour le pire dans la seconde 5.
Lorsqu'ils arrivent, le matin à 8h, les élèves de la seconde 5 ne se rangent pas près de la porte. Ils sont tout au fond du couloir, sur le palier, retardant le plus possible le moment d'entrer en cours. J'ouvre la porte, je les appelle, ils s'approchent, progressivement, sans enthousiasme. Je bloque la moitié de la porte de mon corps, les obligeant à défiler un par un pour entrer. J'ai la poubelle à la main pour les chewin gum, un bonjour souriant à la bouche, alors que je crains l'heure qui va se dérouler. "Bonjour Marvin, le chewing gum, merci ; bonjour Eva, les écouteurs, bonjour Farid, le casque, bonjour Natsu, le chewing gum". Ma poubelle se remplit, avec quelques protestations ("Mais madame, je viens de le prendre, il a encore du goût !") ou haussements d'épaules. Ils se dirigent mollement vers leurs places attribuées, se passent les devoirs à faire pour le français. C'est pas possible, il fallait une blouse pour la chimie dans le groupe 2. Personne n'a une blouse ? J'attends derrière le bureau qu'ils se calment. Ils se calment. S'assoient.
Parce que mine de rien, ce que la plupart des secondes 5 aiment, c'est le début du cours. Avant même que j'ai donné le signal, Eva2 lève la main, "on peut commencer madame ?" Eva2 a préparé ses questions, elle a envie de les poser. Je hoche la tête.
"Quels étaient les trois continents connus ?
- Comment ça Eva, connus par qui ?
- Euh, bah... connus quoi, sur les cartes...
- Des cartes faites par qui ? Eva3
- Les Européens ?
- Oui, bien Eva 3. Alors qui répond à la question d'Eva2, quels étaient les trois continents connus par les Européens au Moyen-Âge ?"
Les bras se lèvent. J'interroge. Bonne réponse, je note les points au tableau, d'autres bras jaillissent pour poser des questions.
Cinq à dix minutes au début de chaque cours, pour faire ce jeu de questions-réponses. J'ai emprunté l'idée à une collègue de collège, et depuis sa mise en place, je vois une différence impressionnante. A force de le répéter depuis trois cours, Les secondes 5 connaissent parfaitement le métier de Nicolas de Nicolaÿ, géographe d'Henri II dont on a étudié un texte, et ils ont même appris qui était Henri II pour l'occasion. Les seconde 5 ont compris ce qu'était un portulan et quelles sont les trois religions du Livre. Ils aiment ces petits quizz qui les dispensent d'apprendre fort juste avant le contrôle. Ils relisent leur cours, juste avant de rentrer, quand ils sont encore loin de moi sur le palier, pour trouver la question qui va coincer les autres. Les seconde 5 ne l'ont pas compris, mais ainsi, ils travaillent un peu plus régulièrement et peuvent avancer sur des bases correctes au cours suivant.
Certes, il y a longtemps que j'ai abandonné l'idée de finir le programme avec les secondes 5. Parce que ces dix minutes (qui se prolongent parfois au rythme des "encore une madame" gémissants), couplées aux cinq minutes d'installation, nous mangent près d'un tiers de l'heure à chaque fois. Parce qu'on ne peut pas demander de but en blanc aux secondes 5 de travailler chez eux pour avancer ; au dernier DM, moins de 15 élèves m'ont rendu une copie. Mais ce qu'ils ont appris leur restera un peu, j'espère.
Aujourd'hui, on entame l'étude des grandes découvertes par un petit film sur le livre des merveilles du monde de Marco Polo. Toujours passer par la vidéo et l'image pour accrocher à un sujet, afin qu'ils ne se rebiffent pas devant l'écrit par la suite. Les réactions sont bonnes, ils ont compris, ils sont morts de rire devant les peuplades décrites, bref, ils aiment. Ils sont dedans, ont oublié qu'ils allaient se faire virer pour l'oubli de la blouse de chimie. On résume ensemble. Ils font des phrases, qu'on accroche petit à petit pour faire un texte d'introduction sur le cahier. 5-6 phrases, avec des subordonnées. Compliqué, d'autant que je n'écris rien au tableau. Ils doivent prendre la phrase construite à l'oral, que je répète 4 ou 5 fois, et même un peu plus. Eva3 l'a prise en note du premier coup, elle s'ennuie en dessinant. Je ne peux rien faire pour elle, avec les 34 autres boulets de la classe, je la laisse faire en me demandant comment effacer la tristesse horrible qui marque son visage. Je n'ai jamais vu cette élève sourire une seule fois. Ses yeux sont cernés. Elle subit à la maison une forte pression, ses frères plus âgés ayant tous réussi des études brillantes dans des grandes écoles. C'est la seule élève de cette classe qui demande S de manière raisonnable. Je me sens démunie.
Maëlysse pose une question sur les Mongols. Elle veut que je lui dise que parce qu'ils sont jaunes et les yeux bridés, ils sont semblables aux Chinois. Mais elle sait que le formuler comme ça, c'est être raciste. Alors elle cherche une manière de le dire qui ne soit pas raciste. Je plonge dans mes archives (merci le vidéo-proj fonctionnel dans les salles d'histoire) pour lui montrer des cartes. J'explique qui sont les Mongols, je raconte Gengis Khan. Ils sentent que ce n'est pas au programme, relâchent leur attention. Je raconte les corps bouillis et les têtes coupées après les sièges. Ca y est, j'ai récupéré tout le monde. Je montre la carte. L'avancée en Iran, le siège de Baghdad, la terreur en Syrie. Ils n'écrivent rien, mais ils m'écoutent. Pas très longtemps, c'est la fin de l'heure. Ca va bientôt sonner. On n'a fait que l'introduction. Je m'en veux de m'être laissée aller, d'avoir perdu du temps au début, d'avoir trop digressé sur un sujet que j'aime bien. Je me sens nulle, incapable de les préparer à la suite, au bac, à l'université, à l'avenir. Ils rangent leurs affaires. Ca sonne. On n'a pas assez écrit, et il ne restera probablement rien de tout cela dans leurs cerveaux mous demain.
Mais c'était un bon cours avec les secondes 5.
Rare.
Je suis l'une des rares profs auxquels Farid dit bonjour. Au début de l'année, comme avec tout le monde, il passait, raide comme la justice, et s'emballait contre moi à chaque mot. Je l'ai viré une fois ou deux. Et un jour, je lui ai dit qu'il n'était pas bête, entre deux portes, et il a souri. Maintenant, il m'aime un petit peu, et il travaille quand ça lui chante. Et il me dit "bonjour". Et même "bonnes vacances", la dernière fois. Farid est un petit caïd, qui se vante de ses exploits contre la BAC, qui estime que la société, c'est que des magouilles, et qui se voit en héros marginal au coeur pur. Sauf que Farid va aussi passer en conseil de dis pour menace de mort sur un autre enseignant, et qu'il va perdre son dernier appui. Farid n'a pas de père, Farid a une maman qui s'échine à faire des ménages de 6h du matin à 21h le soir, qui doit en élever trois, et qui ne sait plus comment faire. Et Farid finira en prison, parce qu'il n'est pas une génie du crime, et du statut de petit dealer, il finira petit délinquant sans avenir.
Ceci dit, s'il n'y avait que Farid en seconde 5, ce serait du gâteau. On pourrait l'encadrer, l'entourer, lui donner un peu de la tendresse et des repères qui lui manquent. Mais voilà, en seconde 5, il y a aussi Maëlysse, un visage d'ange, une mine souriante, et une vipère sournoise qui menace et qui frappe. Il y a Amina, enfermée plusieurs heures par jour par son père pour qu'elle travaille "afin de ressentir toute la joie qu'il y a à avoir son bac", qui ne fait aucune confiance aux adules et tente par tous les biais de les manipuler. Il y a Jenny, phobie scolaire, qui sèche une fois sur deux, et parle fort et toute l'heure quand elle est là, de tout et n'importe quoi. Il y a Sarah, famille stricte, qui ne sait pas ce qu'elle fait là. Elle mâche son chewing gum (le 4e de l'heure, d'tout manière, elle a tout un paquet) les yeux dans le vague, ou se retourne vers Marvin1 (il y a trois Marvin dans la classe) pour discuter de ce qu'il fallait faire pour le français, puisqu'il est trop tard pour savoir ce qu'il fallait faire en histoire. Sarah, maquillée comme une voiture volée, entre 2 et 4 de moyenne, ne comprend que trop rarement la phrase de consigne d'un exercice. Elle écrit en petit nègre, mais elle est en seconde générale. Il y a aussi Anouch, depuis 4 ans en France, réfugiée politique si j'ai bien compris, qui est déjà passée par la Grande-Bretagne et qui parle presque aussi bien que ses camarades, mais a du mal à comprendre son professeur et n'ose pas poser de question. Il y a Eva, qui n'attend que de repartir en Europe de l'Est où se trouve sa mère, qu'elle n'a pas vu depuis une dizaine d'année. Il y a Natsu, 1m40, 20 kilos tout mouillé, qui attend en silence que la classe se passe. Il y a Eva2 (il y a aussi 3 Eva dans cette classe), qui arrive le matin shootée une fois sur deux, et que son père tabasse probablement ; elle travaille quand même, aime bien l'histoire, veut passer en ES. Il y a Marvin2, petit gros qui empeste le graillon, mais qui s'accroche avec un sérieux qui fait mal. Il y a Eva3, intelligente, famille brillante, qui attend qu'on veuille bien faire quelque chose de son cerveau rapide et efficace, de sa bonne volonté et de son envie d'apprendre. J'en oublie. Ils sont 35. Tous avec leur histoire à faire verser des larmes. Tous rassemblés pour le pire dans la seconde 5.
Lorsqu'ils arrivent, le matin à 8h, les élèves de la seconde 5 ne se rangent pas près de la porte. Ils sont tout au fond du couloir, sur le palier, retardant le plus possible le moment d'entrer en cours. J'ouvre la porte, je les appelle, ils s'approchent, progressivement, sans enthousiasme. Je bloque la moitié de la porte de mon corps, les obligeant à défiler un par un pour entrer. J'ai la poubelle à la main pour les chewin gum, un bonjour souriant à la bouche, alors que je crains l'heure qui va se dérouler. "Bonjour Marvin, le chewing gum, merci ; bonjour Eva, les écouteurs, bonjour Farid, le casque, bonjour Natsu, le chewing gum". Ma poubelle se remplit, avec quelques protestations ("Mais madame, je viens de le prendre, il a encore du goût !") ou haussements d'épaules. Ils se dirigent mollement vers leurs places attribuées, se passent les devoirs à faire pour le français. C'est pas possible, il fallait une blouse pour la chimie dans le groupe 2. Personne n'a une blouse ? J'attends derrière le bureau qu'ils se calment. Ils se calment. S'assoient.
Parce que mine de rien, ce que la plupart des secondes 5 aiment, c'est le début du cours. Avant même que j'ai donné le signal, Eva2 lève la main, "on peut commencer madame ?" Eva2 a préparé ses questions, elle a envie de les poser. Je hoche la tête.
"Quels étaient les trois continents connus ?
- Comment ça Eva, connus par qui ?
- Euh, bah... connus quoi, sur les cartes...
- Des cartes faites par qui ? Eva3
- Les Européens ?
- Oui, bien Eva 3. Alors qui répond à la question d'Eva2, quels étaient les trois continents connus par les Européens au Moyen-Âge ?"
Les bras se lèvent. J'interroge. Bonne réponse, je note les points au tableau, d'autres bras jaillissent pour poser des questions.
Cinq à dix minutes au début de chaque cours, pour faire ce jeu de questions-réponses. J'ai emprunté l'idée à une collègue de collège, et depuis sa mise en place, je vois une différence impressionnante. A force de le répéter depuis trois cours, Les secondes 5 connaissent parfaitement le métier de Nicolas de Nicolaÿ, géographe d'Henri II dont on a étudié un texte, et ils ont même appris qui était Henri II pour l'occasion. Les seconde 5 ont compris ce qu'était un portulan et quelles sont les trois religions du Livre. Ils aiment ces petits quizz qui les dispensent d'apprendre fort juste avant le contrôle. Ils relisent leur cours, juste avant de rentrer, quand ils sont encore loin de moi sur le palier, pour trouver la question qui va coincer les autres. Les seconde 5 ne l'ont pas compris, mais ainsi, ils travaillent un peu plus régulièrement et peuvent avancer sur des bases correctes au cours suivant.
Certes, il y a longtemps que j'ai abandonné l'idée de finir le programme avec les secondes 5. Parce que ces dix minutes (qui se prolongent parfois au rythme des "encore une madame" gémissants), couplées aux cinq minutes d'installation, nous mangent près d'un tiers de l'heure à chaque fois. Parce qu'on ne peut pas demander de but en blanc aux secondes 5 de travailler chez eux pour avancer ; au dernier DM, moins de 15 élèves m'ont rendu une copie. Mais ce qu'ils ont appris leur restera un peu, j'espère.
Aujourd'hui, on entame l'étude des grandes découvertes par un petit film sur le livre des merveilles du monde de Marco Polo. Toujours passer par la vidéo et l'image pour accrocher à un sujet, afin qu'ils ne se rebiffent pas devant l'écrit par la suite. Les réactions sont bonnes, ils ont compris, ils sont morts de rire devant les peuplades décrites, bref, ils aiment. Ils sont dedans, ont oublié qu'ils allaient se faire virer pour l'oubli de la blouse de chimie. On résume ensemble. Ils font des phrases, qu'on accroche petit à petit pour faire un texte d'introduction sur le cahier. 5-6 phrases, avec des subordonnées. Compliqué, d'autant que je n'écris rien au tableau. Ils doivent prendre la phrase construite à l'oral, que je répète 4 ou 5 fois, et même un peu plus. Eva3 l'a prise en note du premier coup, elle s'ennuie en dessinant. Je ne peux rien faire pour elle, avec les 34 autres boulets de la classe, je la laisse faire en me demandant comment effacer la tristesse horrible qui marque son visage. Je n'ai jamais vu cette élève sourire une seule fois. Ses yeux sont cernés. Elle subit à la maison une forte pression, ses frères plus âgés ayant tous réussi des études brillantes dans des grandes écoles. C'est la seule élève de cette classe qui demande S de manière raisonnable. Je me sens démunie.
Maëlysse pose une question sur les Mongols. Elle veut que je lui dise que parce qu'ils sont jaunes et les yeux bridés, ils sont semblables aux Chinois. Mais elle sait que le formuler comme ça, c'est être raciste. Alors elle cherche une manière de le dire qui ne soit pas raciste. Je plonge dans mes archives (merci le vidéo-proj fonctionnel dans les salles d'histoire) pour lui montrer des cartes. J'explique qui sont les Mongols, je raconte Gengis Khan. Ils sentent que ce n'est pas au programme, relâchent leur attention. Je raconte les corps bouillis et les têtes coupées après les sièges. Ca y est, j'ai récupéré tout le monde. Je montre la carte. L'avancée en Iran, le siège de Baghdad, la terreur en Syrie. Ils n'écrivent rien, mais ils m'écoutent. Pas très longtemps, c'est la fin de l'heure. Ca va bientôt sonner. On n'a fait que l'introduction. Je m'en veux de m'être laissée aller, d'avoir perdu du temps au début, d'avoir trop digressé sur un sujet que j'aime bien. Je me sens nulle, incapable de les préparer à la suite, au bac, à l'université, à l'avenir. Ils rangent leurs affaires. Ca sonne. On n'a pas assez écrit, et il ne restera probablement rien de tout cela dans leurs cerveaux mous demain.
Mais c'était un bon cours avec les secondes 5.
Rare.
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