Nos cours en lycée pro, c'est de la "garderie"

Prof en lycée pro depuis 10 ans, je sais que je ne tiendrai pas longtemps dans ce métier...et je songe de plus en plus à " aller voir ailleurs".

J'aime ma fonction, j'ai un très bon contact avec mes élèves mais force est de constater que mes cours consistent à " animer" la classe, à occuper des élèves qui ne travaillent pas et qui n'ont pas leurs affaires ou qui sont là faute de mieux.. mes collègues ont le même sentiment d'inutilité.

Le pire c'est que je me rends compte que je prépare mes cours pour rien, j'ai tout essayé avec mes classes bruyantes et agitées, la seule chose qui marche, c'est de les faire écrire bêtement des phrases qui ne reliront jamais...

c'est désespérant et lassant.

macassa a écrit:Prof en lycée pro depuis 10 ans, je sais que je ne tiendrai pas longtemps dans ce métier...et je songe de plus en plus à " aller voir ailleurs".

J'aime ma fonction, j'ai un très bon contact avec mes élèves mais force est de constater que mes cours consistent à " animer" la classe, à occuper des élèves qui ne travaillent pas et qui n'ont pas leurs affaires ou qui sont là faute de mieux.. mes collègues ont le même sentiment d'inutilité.

Le pire c'est que je me rends compte que je prépare mes cours pour rien, j'ai tout essayé avec mes classes bruyantes et agitées, la seule chose qui marche, c'est de les faire écrire bêtement des phrases qui ne reliront jamais...

c'est désespérant et lassant.

Je ressens le même sentiment d'inutilité mais je suis en collège zep... Enfin je ne t'aide pas là.

macassa a écrit:Prof en lycée pro depuis 10 ans, je sais que je ne tiendrai pas longtemps dans ce métier...et je songe de plus en plus à " aller voir ailleurs".

J'aime ma fonction, j'ai un très bon contact avec mes élèves mais force est de constater que mes cours consistent à " animer" la classe, à occuper des élèves qui ne travaillent pas et qui n'ont pas leurs affaires ou qui sont là faute de mieux.. mes collègues ont le même sentiment d'inutilité.

Le pire c'est que je me rends compte que je prépare mes cours pour rien, j'ai tout essayé avec mes classes bruyantes et agitées, la seule chose qui marche, c'est de les faire écrire bêtement des phrases qui ne reliront jamais...

c'est désespérant et lassant.

oui, et c'est bien ce qui me fait rire quand des gens veulent faire passer la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans, un petit séjour en LP leur montrerait qu'obliger des élèves comme ceux-là (qui n'ont aucune feuille, jettent parfois tout ce qui ressemble à de l'écrit -vécu avec mes carrossiers-sont à 1000 lieues du cours...- ne sert absolument à RIEN.

je me rappelle qu'on en parlait avec la prof que je remplaçais en LP, elle disait faire de la "thérapie de groupe" et non cours en français...

Bonsoir,

Moi aussi en bac pro mais je constate de grosses différences d'investissement suivant les filières (même si fréquemment tu as de gros moments de solitude !). Quelles sont les filières dans lesquelles tu interviens ?

Reine Margot a écrit:
oui, et c'est bien ce qui me fait rire quand des gens veulent faire passer la scolarité obligatoire jusqu'à 18 ans, un petit séjour en LP leur montrerait qu'obliger des élèves comme ceux-là (qui n'ont aucune feuille, jettent parfois tout ce qui ressemble à de l'écrit -vécu avec mes carrossiers-sont à 1000 lieues du cours...- ne sert absolument à RIEN.

je me rappelle qu'on en parlait avec la prof que je remplaçais en LP, elle disait faire de la "thérapie de groupe" et non cours en français...

+1 - les décideurs n'ont pas dû voir d'élèves depuis bien longtemps....

il n'y a pas que les décideurs, certains profs aussi, mais qui n'ont jamais connu le LP...

Reine Margot a écrit:il n'y a pas que les décideurs, certains profs aussi, mais qui n'ont jamais connu le LP...

Parfaitement d'accord....

J'enseigne dans le général, mais en lycée polyvalent (donc moitié pro). Je ne vis pas directement les situations de mes collègues, mais j'entends leurs commentaires et vois les élèves dans les couloirs. Ce sentiment d'avoir à les garder et les occuper en les éduquant au passage me semble assez partagé, et le quotidien de ces collègues exige beaucoup d'énergie. J'ai parfois l'impression que certains élèves sont mollassons ou paumés dans les filières générales, mais cela semble bien plus répandu chez les élèves du pro. Ils sont durs et parfois intenables, mais qu'est-ce qu'ils ont l'air mal aussi !
On ne fait pas le même métier, chers collègues, et je suis admirative !

On a tous ce sentiment, pas uniquement en lycee pro: primaire, college, lycee general .....
Je suis dans un college, et j'ai plus l'impression d'etre animatrice ou employee de garderie qu'enseignante.C'est pourquoi depuis janvier je ne me casse pas la tete a faire de supers cours. Je prepare mes cours pendant mes heures creuses au bahut, je corrige mes copies au bahut, ainsi je ne fais presque rien chez moi, et je n'ai aucun scrupule, je ne fais pas de zele car les eleves ne font pas de zele pour moi. Heureusement qu'ils sont gentils car j'aurai demissione en cours d'annee. Une seule classe que j'ai parmi mes 5 classes , une 6eme, qui me donne le sentiment d'etre vraiment enseignante, en effet tous les eleves de cette classe travaillent serieusement alors que dans les autres classes, c'est la moitie des eleves qui bossent vraiment et encore.... Je me dis aussi que je ne pense pas faire 10 ans voire 5 ans dans ce metier car je suis profondement decue, en effet, tout ca d'etudes pour ce metier, pensant transmettre un savoir pour qu'a la fin on devienne animateur de garderie( sans mepriser la professesion des animateurs de garderie).

Bonsoir, ce soir je suis fatigué, mais je répondrais demain (?) à ce sujet.

Pour faire du collège, du lycée général, du BTS et du lycée pro actuellement, je peux témoigner du fait que ce que je vis en pro n'a rien à voir avec ce que je vis dans les autres sections. Ailleurs ils peuvent être agités, pénibles, revendicateurs et parfois paresseux, mais en pro c' est autre chose, c est l impression que rien n' a de prise sur eux.J ai pourtant un bon contact avec eux, j y ai cru à un moment, mais plus le bac approche, plus ils s en foutent, moins ils ont leurs affaires, plus ils sèchent.....C est assez étonnant...

J'enseigne en lycée pro depuis 20 ans.
Je ne vais pas vous dire que les élèves bossaient comme des fous avant. Ce serait faux. Mais ils travaillaient quand même davantage, c'est net: soit chaque élève individuellement travaillait plus, soit certains travaillaient bien plus et d'autres moins, mais globalement, le travail fourni était bien plus important.
Ce qui est certain, c'est que j'ai vu arriver en 2009 (c'est précis: ça correspond à la 1ère vague du bac pro 3 ans) une cohorte d'élève qui refusait ouvertement le travail. Des groupes sur lesquels rien n'avait d'influence, même pas méchants, mais qui disaient tout gentiment: "Mais Madame, pourquoi vous nous donnez du travail ? Vous savez bien qu'on ne va pas le faire..." sur le ton patient et désolé qu'on réserve à quelqu'un de bien gentil mais qui ne comprend rien.

Un condensé de ce que je ressens depuis que je suis en LP ... et la désagréable impression d'inutilité

fabecben a écrit:J'enseigne dans le général, mais en lycée polyvalent (donc moitié pro). Je ne vis pas directement les situations de mes collègues, mais j'entends leurs commentaires et vois les élèves dans les couloirs. Ce sentiment d'avoir à les garder et les occuper en les éduquant au passage me semble assez partagé, et le quotidien de ces collègues exige beaucoup d'énergie. J'ai parfois l'impression que certains élèves sont mollassons ou paumés dans les filières générales, mais cela semble bien plus répandu chez les élèves du pro. Ils sont durs et parfois intenables, mais qu'est-ce qu'ils ont l'air mal aussi !
On ne fait pas le même métier, chers collègues, et je suis admirative !

Au moins, quand tu passes le CAPLP, pas de désillusion : tu sais que tu auras des élèves durs, avec des situations familiales compliquées, ou des pb de santé, ou que sais-je.
Après le savoir n'empêche pas d'être surprise ... J'ai été choquée quand j'ai vu que des élèves ne savaient pas décalquer en 2nd Bac Pro, ou mesurer correctement.
Cela dit, j'ai eu le sentiment, à la fin de l'année, d'avoir été utile. Même si tout du long, ça a été dur, j'avais l'impression de ne servir à rien, j'ai eu plein de petites victoires (un élève retrouvant des verres chez lui avec des sérigraphies de Keith Haring, un autre me montrant ses tags ...) Mais effectivement, on fait plus dans le social.
Je pense que c'est usant, à la longue.

cath5660 a écrit:J'enseigne en lycée pro depuis 20 ans.
Je ne vais pas vous dire que les élèves bossaient comme des fous avant. Ce serait faux. Mais ils travaillaient quand même davantage, c'est net: soit chaque élève individuellement travaillait plus, soit certains travaillaient bien plus et d'autres moins, mais globalement, le travail fourni était bien plus important.
Ce qui est certain, c'est que j'ai vu arriver en 2009 (c'est précis: ça correspond à la 1ère vague du bac pro 3 ans) une cohorte d'élève qui refusait ouvertement le travail. Des groupes sur lesquels rien n'avait d'influence, même pas méchants, mais qui disaient tout gentiment: "Mais Madame, pourquoi vous nous donnez du travail ? Vous savez bien qu'on ne va pas le faire..." sur le ton patient et désolé qu'on réserve à quelqu'un de bien gentil mais qui ne comprend rien.

C'est inéressant ce que tu écris! A quoi imputes tu ce changement? Tu dis que cela correspond au Bac pro 3 ans, en quoi cela a-t-il changé quelque chose? Le fait de rallonger d'une année qui a découragé les élèves, pressés de sortir du système? C'est une vrai question, hein, je n'y connais strictement rien du tout

Mehitabel a écrit:

C'est inéressant ce que tu écris! A quoi imputes tu ce changement? Tu dis que cela correspond au Bac pro 3 ans, en quoi cela a-t-il changé quelque chose? Le fait de rallonger d'une année qui a découragé les élèves, pressés de sortir du système? C'est une vrai question, hein, je n'y connais strictement rien du tout

ce n'est peut être pas la bonne réponse mais depuis 2009 il est clair que les élèves qui avaient un petit niveau et qui auraient pu s'en sortir en bep (puis par la suite en bac pro) se sont vu arriver en bac pro : là où il fallait 4 ans pour obtenir le diplôme (bep => 2 ans puis bac pro =>2 ans) depuis 2009 c'est seulement 3 années. Et par conséquent des notions qu'il faut assimiler plus vite d'où peut être un certain découragement qui se solde par un manque voire un refus de travail (la rengaine bien connue : "ouais, de toute façon, je suis nul, j'y arriverai pas alors pourquoi j'le ferais ce boulot"!!)

Dinosaura a écrit:

macassa a écrit:Prof en lycée pro depuis 10 ans, je sais que je ne tiendrai pas longtemps dans ce métier...et je songe de plus en plus à " aller voir ailleurs".

J'aime ma fonction, j'ai un très bon contact avec mes élèves mais force est de constater que mes cours consistent à " animer" la classe, à occuper des élèves qui ne travaillent pas et qui n'ont pas leurs affaires ou qui sont là faute de mieux.. mes collègues ont le même sentiment d'inutilité.

Le pire c'est que je me rends compte que je prépare mes cours pour rien, j'ai tout essayé avec mes classes bruyantes et agitées, la seule chose qui marche, c'est de les faire écrire bêtement des phrases qui ne reliront jamais...

c'est désespérant et lassant.

Je ressens le même sentiment d'inutilité mais je suis en collège zep... Enfin je ne t'aide pas là.

Tout pareil!

ladyantilles a écrit:On a tous ce sentiment, pas uniquement en lycee pro: primaire, college, lycee general .....
Je suis dans un college, et j'ai plus l'impression d'etre animatrice ou employee de garderie qu'enseignante.C'est pourquoi depuis janvier je ne me casse pas la tete a faire de supers cours. Je prepare mes cours pendant mes heures creuses au bahut, je corrige mes copies au bahut, ainsi je ne fais presque rien chez moi, et je n'ai aucun scrupule, je ne fais pas de zele car les eleves ne font pas de zele pour moi. Heureusement qu'ils sont gentils car j'aurai demissione en cours d'annee. Une seule classe que j'ai parmi mes 5 classes , une 6eme, qui me donne le sentiment d'etre vraiment enseignante, en effet tous les eleves de cette classe travaillent serieusement alors que dans les autres classes, c'est la moitie des eleves qui bossent vraiment et encore.... Je me dis aussi que je ne pense pas faire 10 ans voire 5 ans dans ce metier car je suis profondement decue, en effet, tout ca d'etudes pour ce metier, pensant transmettre un savoir pour qu'a la fin on devienne animateur de garderie( sans mepriser la professesion des animateurs de garderie).

Voui voui.

Finalement, on s'aperçoit qu'à bosser à fond ou pas ,on arrive au même résultat: arriver proche du néant. J'arrive aussi à la conclusion que je vais faire le strict minimum ,toucher ma paie et profiter des vacances. Je suis en train de tenir le discours que je n'ai jamais voulu avoir! Je deviens Darwiniste, c'est eux ou c'est moi, question de survie.

J'enseigne une matière dite professionnelle, donc c'est un peu différent des matières dites générales. Je vais quand même apporter mon témoignage.

Je n'ai que deux classes, une de seconde avec 32 élèves très bosseurs et aucun problème. Et une classe de Tle avec que 16 élèves complètement perdus qui manquent de confiance avec des problèmes de comportement. C'est pourtant avec cette classe que j'apprécie travailler, je les vois 11h30 par semaine, soit à peu près 1/3 de leur EdT, ce qui n'est pas rien ! Mais voilà, comment arriver à travailler autant de temps avec des jeunes complètement en manque de repères ? La réponse a été une évidence quand j'ai corrigé le bac blanc : ARRÊTER de suivre le programme ! Je l'ai déjà dis, mais le programme de Tle je ne le suis plus. Je me suis adapté à leur faible niveau, on monte des projets, on passe plus de temps que prévu à l'atelier. Depuis que j'ai pris cette décision, on avance malgré tout. Ils apprennent des choses pour leur vie active.

heu... mais comment vont-ils avoir leur bac pro pour ensuite se lancer dans la vie active s'ils n'ont pas suivi le programme sur lequel ils vont être interrogés ?
Il me semble également que voir autant d'heures des élèves permet de nouer des relations différentes, pas facile quand on ne les voit que 2 à 4 heures par semaine...

je suis également enseignante en matière professionnelle en LP avec deux classes de 36 et 38 élèves et il est vrai que c'est un peu plus facile en matière professionnelle car c'est pour cela que ces élèves ont choisi le bac pro...ils sont usants fatiguants épuisants mais il y a des élèves en grande difficulté qui veulent réussir et c'est pour cela que je m'accroche et prépare mes cours.....J'ai aussi enseigné en lycée général et il est vrai que c'est plus facile mais paradoxalement c'est en LP que je me sent plus utile et le relationnel est très différent....les élèves de LP fonctionnent beaucoup plus à l'affectif sûrement car pour une bonne partie d'entre eux à la maison c'est plutôt chaotique. bon courage et non tu n'es pas inutile.

Une passante a écrit:heu... mais comment vont-ils avoir leur bac pro pour ensuite se lancer dans la vie active s'ils n'ont pas suivi le programme sur lequel ils vont être interrogés ?
Il me semble également que voir autant d'heures des élèves permet de nouer des relations différentes, pas facile quand on ne les voit que 2 à 4 heures par semaine...

Quand vous essayez de suivre le programme et arrivez à rien. Mais quand je dis rien, c'est vraiment rien ! Sur les deux classes de première de l'an dernier, ils ont mis les 32 meilleurs élèves dans une classe et les 16 pires dans une autre. Il n'y a donc aucun bon élément dans ma classe de Tle. Aucun élève n'a plus de 6 de moyenne générale !
C'est triste à dire mais si il y en a ne serait-ce que 2 ou 3 qui décrochent le bac ce sera un miracle.

Mehitabel a écrit:

cath5660 a écrit:J'enseigne en lycée pro depuis 20 ans.
Je ne vais pas vous dire que les élèves bossaient comme des fous avant. Ce serait faux. Mais ils travaillaient quand même davantage, c'est net: soit chaque élève individuellement travaillait plus, soit certains travaillaient bien plus et d'autres moins, mais globalement, le travail fourni était bien plus important.
Ce qui est certain, c'est que j'ai vu arriver en 2009 (c'est précis: ça correspond à la 1ère vague du bac pro 3 ans) une cohorte d'élève qui refusait ouvertement le travail. Des groupes sur lesquels rien n'avait d'influence, même pas méchants, mais qui disaient tout gentiment: "Mais Madame, pourquoi vous nous donnez du travail ? Vous savez bien qu'on ne va pas le faire..." sur le ton patient et désolé qu'on réserve à quelqu'un de bien gentil mais qui ne comprend rien.

C'est inéressant ce que tu écris! A quoi imputes tu ce changement? Tu dis que cela correspond au Bac pro 3 ans, en quoi cela a-t-il changé quelque chose? Le fait de rallonger d'une année qui a découragé les élèves, pressés de sortir du système? C'est une vrai question, hein, je n'y connais strictement rien du tout

Le passage au bac pro 3 ans (qui a raccourci d'un an le parcours) est une coïncidence de date: les élèves faibles et non travailleurs sont arrivés en même temps que les nouveaux programmes. Il faudrait plus voir du côté du primaire ou du collège à quelle réforme cela a correspondu.
Mais il est vrai qu'en 4 ans, on avait plus de temps (et un horaire hebdo supérieur) pour faire des choses, même avec les élèves faibles.
Et la différence de sujets au bac... Je l'ai déjà raconté: au début des années 90, le sujet était un extrait de Madame Bovary, il fallait faire un commentaire du texte.
Et petit à petit, le niveau s'est effrité...

J'ajoute toutefois que j'adore ce que je fais, et que je ne changerais pour rien au monde.