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- UlrichNiveau 6
Par Sandrine Blanchard
Chers enseignants,
Dans les boîtes aux lettres, les parents ont tout de suite reconnu votre courrier. (...) Et on se promet de rester zen, au moins cinq minutes (...)
C'est à la fois long et court de lire le bulletin d'un collégien ou d'un lycéen. Long, si on se met à étudier les colonnes de chiffres indiquant, pour chaque matière, la moyenne de l'élève, celle de la classe, la pire, la meilleure ; court, si on se rue instinctivement, en bas de la page, sur l'"appréciation globale". Et là, vous avez une farouche tendance à toujours pointer ce qui ne va pas, à appuyer sur les lacunes, les échecs. A force, les parents deviennent comme vous et ne voient que le négatif. Il faut être bon partout ; surtout en maths et en français. Et encore. Un 12 sur 20 est juste "convenable", "mitigé", voire "décevant". Une moyenne qui stagne et c'est un "manque de concentration", un "investissement insuffisant". Pourriez-vous, parfois, inverser vos commentaires et débuter par les points forts, même s'il ne s'agit "que" des langues, de la géo, des arts plastiques ou du sport ? Tous les élèves ne peuvent pas être en tête de classe.
A entendre l'éternelle complainte des parents, à relire tous ces bulletins conservés (par masochisme ?), il semble que Claudia Senik, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, a eu raison de souligner le rôle de notre système scolaire dans son étude sur la difficile aptitude des Français à être heureux. Pointant un système élitiste et unidimensionnel, elle décrit une école produisant bien souvent une mésestime de soi que l'on trimballerait toute la vie comme un frein au bonheur.
Certains d'entre vous vont hurler (...) D'autres feront valoir qu'ils ne sont pas responsables d'un système où seules les maths et les mentions mènent aux diplômes rêvés des parents. Mais comme le jeune garçon qui demandait à Cadbury, dans la publicité pour les biscuits Finger, "tu pourrais pas les faire un petit peu plus longs ?", on a parfois envie de vous dire : "Vous ne pourriez pas être un peu plus positifs ?"
blanchard@lemonde.fr
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/10/lettre-aux-enseignants_3157260_3232.html
Chers enseignants,
Dans les boîtes aux lettres, les parents ont tout de suite reconnu votre courrier. (...) Et on se promet de rester zen, au moins cinq minutes (...)
C'est à la fois long et court de lire le bulletin d'un collégien ou d'un lycéen. Long, si on se met à étudier les colonnes de chiffres indiquant, pour chaque matière, la moyenne de l'élève, celle de la classe, la pire, la meilleure ; court, si on se rue instinctivement, en bas de la page, sur l'"appréciation globale". Et là, vous avez une farouche tendance à toujours pointer ce qui ne va pas, à appuyer sur les lacunes, les échecs. A force, les parents deviennent comme vous et ne voient que le négatif. Il faut être bon partout ; surtout en maths et en français. Et encore. Un 12 sur 20 est juste "convenable", "mitigé", voire "décevant". Une moyenne qui stagne et c'est un "manque de concentration", un "investissement insuffisant". Pourriez-vous, parfois, inverser vos commentaires et débuter par les points forts, même s'il ne s'agit "que" des langues, de la géo, des arts plastiques ou du sport ? Tous les élèves ne peuvent pas être en tête de classe.
A entendre l'éternelle complainte des parents, à relire tous ces bulletins conservés (par masochisme ?), il semble que Claudia Senik, professeur à l'Ecole d'économie de Paris, a eu raison de souligner le rôle de notre système scolaire dans son étude sur la difficile aptitude des Français à être heureux. Pointant un système élitiste et unidimensionnel, elle décrit une école produisant bien souvent une mésestime de soi que l'on trimballerait toute la vie comme un frein au bonheur.
Certains d'entre vous vont hurler (...) D'autres feront valoir qu'ils ne sont pas responsables d'un système où seules les maths et les mentions mènent aux diplômes rêvés des parents. Mais comme le jeune garçon qui demandait à Cadbury, dans la publicité pour les biscuits Finger, "tu pourrais pas les faire un petit peu plus longs ?", on a parfois envie de vous dire : "Vous ne pourriez pas être un peu plus positifs ?"
blanchard@lemonde.fr
http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/10/lettre-aux-enseignants_3157260_3232.html
- yogiSage
Et encore une fois, tous les malheurs du monde sont la fautes des profs, au secours!
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- Marcel KhrouchtchevEnchanteur
Si on commence par le positif dans les commentaires, on reprochera de rester sur une note négative.
- yogiSage
Hehe c'est pas faux, je n'en peux plus des discours de fion autour de notre métier. Envie de tout claquer.Marcel Khrouchtchev a écrit:Si on commence par le positif dans les commentaires, on reprochera de rester sur une note négative.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- kensingtonEsprit éclairé
Y'avait longtemps! Quel manque d'originalité!
- lilith888Grand sage
blablablablablablablablablablablabla.
Voilà.
Voilà.
- Reine MargotDemi-dieu
oui, corrigeons en rose, avec des petits coeurs et des smileys souriants, c'est pas grave s'ils n'acquièrent pas de connaissances, on peut apprendre toute sa vie, et mettons très bien à tout le monde. là on nous fichera la paix.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- dandelionVénérable
Et sinon toute leur vie il faudra d'abord présenter le positif? Il va falloir éviter d'être cancérologue: "La bonne nouvelle, c'est que vous n'avez plus à vous inquiéter pour votre retraite". Peut-être que cette dame manque de vrais problèmes pour s'en trouver de si minuscules?
- EU1Fidèle du forum
Ulrich a écrit:
C'est à la fois long et court de lire le bulletin d'un collégien ou d'un lycéen. Long, si on se met à étudier les colonnes de chiffres indiquant, pour chaque matière, la moyenne de l'élève, celle de la classe, la pire, la meilleure ; court, si on se rue instinctivement, en bas de la page, sur l'"appréciation globale". Et là, vous avez une farouche tendance à toujours pointer ce qui ne va pas, à appuyer sur les lacunes, les échecs. A force, les parents deviennent comme vous et ne voient que le négatif. Il faut être bon partout ; surtout en maths et en français. Et encore. Un 12 sur 20 est juste "convenable", "mitigé", voire "décevant". Une moyenne qui stagne et c'est un "manque de concentration", un "investissement insuffisant". Pourriez-vous, parfois, inverser vos commentaires et débuter par les points forts, même s'il ne s'agit "que" des langues, de la géo, des arts plastiques ou du sport ? Tous les élèves ne peuvent pas être en tête de classe.[/url]
Non pas blablabla justement, c'est une très bonne question qui posée... je n'ai pas le temps de débattre mais la remarque est pertinente je trouve..
- yogiSage
C'est exactement ce qu'on appliquait en Angleterre et résultats: les bons et les riches se retrouvent dans le privé et picétou!Reine Margot a écrit:oui, corrigeons en rose, avec des petits coeurs et des smileys souriants, c'est pas grave s'ils n'acquièrent pas de connaissances, on peut apprendre toute sa vie, et mettons très bien à tout le monde. là on nous fichera la paix.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- lilith888Grand sage
ou peut-être qu'elle est bête, tout simplement.
- lilith888Grand sage
sinon moi je veux qu'on m'explique en quoi ce n'est pas du blablabla. (sans que ça ressemble à un discours de formateur estampillé IUFM)
- dandelionVénérable
Si seulement elle avait eu des enseignants plus directs, elle aurait peut-être pu progresserlilith888 a écrit:ou peut-être qu'elle est bête, tout simplement.
D'accord avec toi pour le blabla, ça n'amène rien, ça ne change rien, à part peut-être que ça lui permet de se faire mousser et de s'illusionner sur sa propre intelligence (typique de certains formateurs IUFM, de fait).
- lilith888Grand sage
sinon, elle parle de quels gosses exactement ? Pourquoi elle ne parle pas de ceux qui ont d'excellents bulletins ? Pourquoi elle ne parle pas des élèves en difficulté mais qui s'accrochent au quotidien et qu'on ne cesse d'encourager, MEME dans le commentaire final ?
J'ai l'impression soit qu'elle parle d'elle (séquelles ?) soit de ses propres enfants que je devine un peu moyens, un peu fainéants, un peu geignards.
(comment ça j'extrapole ? je fais comme la dame, epicétou)
J'ai l'impression soit qu'elle parle d'elle (séquelles ?) soit de ses propres enfants que je devine un peu moyens, un peu fainéants, un peu geignards.
(comment ça j'extrapole ? je fais comme la dame, epicétou)
- JohnMédiateur
La positive attitude, ça date deja un peu...
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- FrisouilleEnchanteur
EU1 a écrit:Ulrich a écrit:
C'est à la fois long et court de lire le bulletin d'un collégien ou d'un lycéen. Long, si on se met à étudier les colonnes de chiffres indiquant, pour chaque matière, la moyenne de l'élève, celle de la classe, la pire, la meilleure ; court, si on se rue instinctivement, en bas de la page, sur l'"appréciation globale". Et là, vous avez une farouche tendance à toujours pointer ce qui ne va pas, à appuyer sur les lacunes, les échecs. A force, les parents deviennent comme vous et ne voient que le négatif. Il faut être bon partout ; surtout en maths et en français. Et encore. Un 12 sur 20 est juste "convenable", "mitigé", voire "décevant". Une moyenne qui stagne et c'est un "manque de concentration", un "investissement insuffisant". Pourriez-vous, parfois, inverser vos commentaires et débuter par les points forts, même s'il ne s'agit "que" des langues, de la géo, des arts plastiques ou du sport ? Tous les élèves ne peuvent pas être en tête de classe.[/url]
Non pas blablabla justement, c'est une très bonne question qui posée... je n'ai pas le temps de débattre mais la remarque est pertinente je trouve..
Point de vue intéressant. :lol:
Je trouve usante la tendance actuelle de donner la parole à tout un chacun à propos du système éducatif en perdition.
- FrisouilleEnchanteur
John a écrit:La positive attitude, ça date deja un peu...
Cela ne nous rajeunit pas, en effet. :lol:
- LisaZenideExpert spécialisé
J'étais pourtant persuadée que le formateur IUFM qui nous a tenu sensiblement le même discours que cette brave dame dans sa lettre était un homme... ... ... on m'aurait menti ?
- UlrichNiveau 6
Dans un conservatoire de la banlieue parisienne, le nouveau directeur vient de remplacer les vieux bulletins classiques par des grilles de compétences (avec "acquis", "non acquis" etc.). Pour chaque compétence, il y a trois colonnes : une pour le prof, une pour l'élève, et une... pour la moyenne des deux autres !!! Et c'est cette moyenne qui compte, of course... :gratte:
- JPhMMDemi-dieu
C'est quoi la moyenne d' "acquis" et "non acquis" ?
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- UlrichNiveau 6
JPhMM a écrit:C'est quoi la moyenne d' "acquis" et "non acquis" ?
"En cours d'acquisition", non ?
Par contre, quelle est la moyenne entre "En cours d'acquisition" et "Acquis" ?
- Presse-puréeGrand sage
PA? Presque Acquis? VTPdEA? Vraiment Tout Proche d'Etre Acquis?
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- AbraxasDoyen
Mais je les trouve très positifs, moi, les bulletins…
Celui de l'une de mes filles, élève de Seconde d'un tout petit lycée de province, plein d'enfants de harkis : elle est à peine passable en français et en maths, nulle (mais alors, nulle !) en langues, pas terrible ailleurs, et elle décroche les Encouragements.
Perso, hidstoire de sonner l'alerte, j'aurais prévenu qu'un redoublement devait être envisagé par la famille — je vais d'ailleurs écrire au lycée en demandant pourquoi avec un tel bulletin de merde, ma fille ne redouble pas.
À quelques kilomètres de là, dans un collège plein de gitans, mon fils a des notes encore plus catastrophiques que sa sœur — sauf que si l'on n'entend pas l'une, on entend beaucoup l'autre — signalé comme arrogant, à la limite de l'agressif, par plusieurs profs.
Eh bien, en conclusion générale, le Principal l'encourage à persister dans cette voie — sic.
Je vais aussi écrire en demandant la démission du Principal de merde de ce collège merdique. Ou sa flagellation en public, qui serait plus drôle.
Pauvres mômes — on les pousse au bac, et après ? On en fera quoi ?
Hé, les mecs qui enseignez dans des collèges aléatoires et des lycées à l'unisson, vous foutez quoi ?
Celui de l'une de mes filles, élève de Seconde d'un tout petit lycée de province, plein d'enfants de harkis : elle est à peine passable en français et en maths, nulle (mais alors, nulle !) en langues, pas terrible ailleurs, et elle décroche les Encouragements.
Perso, hidstoire de sonner l'alerte, j'aurais prévenu qu'un redoublement devait être envisagé par la famille — je vais d'ailleurs écrire au lycée en demandant pourquoi avec un tel bulletin de merde, ma fille ne redouble pas.
À quelques kilomètres de là, dans un collège plein de gitans, mon fils a des notes encore plus catastrophiques que sa sœur — sauf que si l'on n'entend pas l'une, on entend beaucoup l'autre — signalé comme arrogant, à la limite de l'agressif, par plusieurs profs.
Eh bien, en conclusion générale, le Principal l'encourage à persister dans cette voie — sic.
Je vais aussi écrire en demandant la démission du Principal de merde de ce collège merdique. Ou sa flagellation en public, qui serait plus drôle.
Pauvres mômes — on les pousse au bac, et après ? On en fera quoi ?
Hé, les mecs qui enseignez dans des collèges aléatoires et des lycées à l'unisson, vous foutez quoi ?
- CathEnchanteur
Ah, mais faire redoubler, pas question, au prix que ça coûte!
On leur trouvera une place en 1STMG.
On leur trouvera une place en 1STMG.
- CondorcetOracle
Quelquefois, je me dis que j'ai bien fait de quitter l'EN. Ton fils m'aurait bien énervé et j'aurais passé une soufflante à ta fille, Abraxas.
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