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- LaverdureEmpereur
En faisant du tri, je suis tombé sur une série d'articles du Monde publiés en 1981 : "Les enseignants au quotidien". Plusieurs parties : I - Le cocon se défait, II - Je vais craquer, III - Enseigner ou la vraie vie, IV - Le pire n'est jamais sûr.
Ce qui est intéressant, c'est que les problèmes étaient, à epsilon près, les mêmes il y a presque 42 ans (voire auparavant). Elèves difficiles, programmes trop lourds et ambitieux, problèmes extérieurs qui débordent à l'école, violences contre les enseignants et entre les élèves, problèmes de disciplines, relation avec les parents, etc.
Ce qui est intéressant, c'est que les problèmes étaient, à epsilon près, les mêmes il y a presque 42 ans (voire auparavant). Elèves difficiles, programmes trop lourds et ambitieux, problèmes extérieurs qui débordent à l'école, violences contre les enseignants et entre les élèves, problèmes de disciplines, relation avec les parents, etc.
Charles Vial, du Monde a écrit:Malaise, malaise. À force de parler de malaise aux enseignants ils vont y croire, avait proféré M. Raymond Barre, au printemps dernier. Pourtant, en 1971, déjà, M. Olivier Guichard, alors ministre de l'éducation nationale, avait mis en place une commission de sages, [...] pour redéfinir la fonction enseignante dans le second degré et répondre au... "malaise des enseignants". [...]
Tous s'accordent sur un point : les élèves, aujourd'hui, sont plus difficiles. Plus spontanés, moins distants peut-être. Mais plus exigeants et plus fatigants. Cela n'est pas affaire de géographie. Un professeur du lycée Marcel-Pagnol à Marseille avoue mal supporter le manque de surveillance et le bruit entre les cours : "Les élèves ne sont plus canalisés". Ce n'est pas non plus l'apanage des professeurs. Même plainte chez les instituteurs. Jean-Jacques, remplaçant à Puyricard (Bouches-du-Rhône) : "Il faut faire le flic avant de faire la classe".
[...] Remuants, bruyants, si encore ces élèves étaient d'un bon niveau. Impossible de dénicher un professeur de sixième qui ne déplore "qu'un tiers au moins de de ses élèves soit incapables de lire couramment", et parfois d'écrire.[...]
[...] Saisis par le découragement qui leur fait avouer - du professeur certifié d'allemand au directeur d'école normale - "si je pouvais prendre ma retraite demain, je le ferais", ces enseignants se retournent pour regarder les ruines des barrières qui ont cédé. Feu le respect, la distance marquée et acceptée entre celui qui sait et celui qui vient pour apprendre. [...] Aujourd'hui le professeur "ne peut plus compter que sur sa seule personnalité" [reconnaît M. René Jeandrot, professeur agrégé d'Anglais au lycée Jean-Perrin à Marseille]. [...]
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- BaldredSage
La lecture rétroactive est sans pitié, mais salutaire et pose la délicate question : c'était quand " avant" ? C'était quand le drame ?
A la fin de mon année de stage, en 1991, un prof partait à la retraite : son discours s'articulait en deux points : le métier n'était plus ce qu'il était, et il partait au bon moment vu que le système était sur le point de s'effondrer. J'ai ensuite plus ou moins entendu le même discours à chaque départ en retraite.
Cette tendance à la nostalgie est sans doute assez française, Fernand Reynaud s'en moquait déjà " ça eut payé..."
Il est sans doute possible de trouver des indicateurs objectifs, mais il est probable aussi que la mesure du désastre nous soit très personnelle.
Je vais bientôt préparer mon discours de départ à la retraite : je ne sais pas encore si je sacrifierai au rite...
A la fin de mon année de stage, en 1991, un prof partait à la retraite : son discours s'articulait en deux points : le métier n'était plus ce qu'il était, et il partait au bon moment vu que le système était sur le point de s'effondrer. J'ai ensuite plus ou moins entendu le même discours à chaque départ en retraite.
Cette tendance à la nostalgie est sans doute assez française, Fernand Reynaud s'en moquait déjà " ça eut payé..."
Il est sans doute possible de trouver des indicateurs objectifs, mais il est probable aussi que la mesure du désastre nous soit très personnelle.
Je vais bientôt préparer mon discours de départ à la retraite : je ne sais pas encore si je sacrifierai au rite...
- LaotziSage
Ces articles sont disponibles sur europresse et pour les abonnés au Monde en numérique (comme toutes leurs archives).
Le premier est ici : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/08/i-le-cocon-se-defait_2717918_1819218.html
Le deuxième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/09/ii-je-vais-craquer_2718225_1819218.html
Le troisième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/10/iii-enseigner-ou-la-vraie-vie_2718322_1819218.html
Le quatrième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/12/les-enseignants-au-quotidien-iv-le-pire-n-est-pas-toujours-sur_3041270_1819218.html
Le premier est ici : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/08/i-le-cocon-se-defait_2717918_1819218.html
Le deuxième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/09/ii-je-vais-craquer_2718225_1819218.html
Le troisième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/10/iii-enseigner-ou-la-vraie-vie_2718322_1819218.html
Le quatrième : https://www.lemonde.fr/archives/article/1981/01/12/les-enseignants-au-quotidien-iv-le-pire-n-est-pas-toujours-sur_3041270_1819218.html
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- pseudo-intelloSage
Peut-être que ce que nous appelons "lire couramment", ou "faire le flic", ou "bruit" ne recouvre pas la même réalité aujourd'hui ! En réalité, ces expressions ne recouvrent pas les mêmes réalités pour chacun d'entre nous sur ce forum, là maintenant, en juillet 2023, alors à 40 ans d'intervalle... ça me fait penser à une conversation que j'ai tenue avec un de mes anciens CDE, croisé par hasard ; lui considère que l'indiscipline en classe n'a pas augmenté, dans la mesure où le nombre de colles, d'élèves envoyés dans son bureau ou simplement sortis de cours est resté sensiblement le même depuis des années. En réalité, comme notre temps n'est pas extensible et que nous avons autre chose à faire que de nous punir nous-mêmes en remplissant feuilles de colles, mots dans le carnet, punitions pou ne pas avoir fait signer iceux par ces parents... Je sais que certains d'entre nous avons modifié notre seuil de tolérance. Personnellement, je me suis rendue compte que j'ai été moins réactives pendant mes 6 ou 7 ans de grossesse et enfants petits, ou qu'avec telle classe terrible, j'ai parfois un peu baissé les bras, même si bien sûr, ce n'était pas la bonne solution.
Ce que je sais de manière certaine, c'est que j'entends des collègues, surtout parmi ceux qui ont au moins 20 ans de métier derrière eux, se remémorer telle ou telle situation qui avait mené certains élèves tout droit chez le CDE qui les avait sermonnés velu (ou à écoper une ou plusieurs heurs de retenue), mais qui les ferait largement moins réagir aujourd'hui. Je sais que les lacunes que je constatais et qui compliquaient ma mission d'enseignante de langues anciennes il y a 15 ans me paraîtraient bien légères aujourd'hui, et que si je jugeais paresseux les élèves qui grognaient devant nu article long dans un dictionnaire de la mythologie, par exemple, j'aimerais aujourd'hui que la moyenne de mes élèves en restent à ce degré de paresse. Je ne donnerais plus, même en travaux de groupe, certains travaux que je donnais en contrôle à faire tout seul et sans document il y a moins de 20 ans en REP. Mes collègues de maths reprennent les DS d'année en année en enlevant des bouts... les élèves ne sont pas moins intelligents au demeurant qu'il y a 10, 20 ou 100 ans, mais plusieurs forces (à mon sens, le principal coupable est le capitalisme, mais peut-être suis-je biaisée) s'acharnent à éviter à tout prix de les faire cultiver toute capacité favorable à une scolarité réussie.
A ma retraite, si je devais faire part de mon propre baromètre, je dirais que c'était déjà pas trop trop la fête quand je suis arrivée, mais que la catastrophe a commencé à se déployer dans les quelques années qui ont suivi et que si j'avais su, j'aurais peut-être venu mais j'aurais pas resté.
Ce que je sais de manière certaine, c'est que j'entends des collègues, surtout parmi ceux qui ont au moins 20 ans de métier derrière eux, se remémorer telle ou telle situation qui avait mené certains élèves tout droit chez le CDE qui les avait sermonnés velu (ou à écoper une ou plusieurs heurs de retenue), mais qui les ferait largement moins réagir aujourd'hui. Je sais que les lacunes que je constatais et qui compliquaient ma mission d'enseignante de langues anciennes il y a 15 ans me paraîtraient bien légères aujourd'hui, et que si je jugeais paresseux les élèves qui grognaient devant nu article long dans un dictionnaire de la mythologie, par exemple, j'aimerais aujourd'hui que la moyenne de mes élèves en restent à ce degré de paresse. Je ne donnerais plus, même en travaux de groupe, certains travaux que je donnais en contrôle à faire tout seul et sans document il y a moins de 20 ans en REP. Mes collègues de maths reprennent les DS d'année en année en enlevant des bouts... les élèves ne sont pas moins intelligents au demeurant qu'il y a 10, 20 ou 100 ans, mais plusieurs forces (à mon sens, le principal coupable est le capitalisme, mais peut-être suis-je biaisée) s'acharnent à éviter à tout prix de les faire cultiver toute capacité favorable à une scolarité réussie.
A ma retraite, si je devais faire part de mon propre baromètre, je dirais que c'était déjà pas trop trop la fête quand je suis arrivée, mais que la catastrophe a commencé à se déployer dans les quelques années qui ont suivi et que si j'avais su, j'aurais peut-être venu mais j'aurais pas resté.
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- VerduretteModérateur
Baldred a écrit:La lecture rétroactive est sans pitié, mais salutaire et pose la délicate question : c'était quand " avant" ? C'était quand le drame ?
Avant 1968?
Avant le collège unique ?
Le monde évolue, il est inenvisageable de vivre encore comme en 1950.
Pour autant, je pense que les gouvernements ont fait une massification très démagogique de l'enseignement, pas une vraie démocratisation intelligente. Ils ont envoyé dans le mur des jeunes à qui ils avaient promis monts et merveilles grâce à des diplômes dévalués, et ces nombreuses promesses non tenues sont une des causes d'une colère tout à fait entendable de la jeunesse (même si je ne cautionne pas la façon de l'exprimer).
- IphigénieProphète
Éduquer des enfants n’a jamais été simple et il y a évidement toujours eu des cas difficiles.Baldred a écrit:La lecture rétroactive est sans pitié, mais salutaire et pose la délicate question : c'était quand " avant" ? C'était quand le drame ?
A la fin de mon année de stage, en 1991, un prof partait à la retraite : son discours s'articulait en deux points : le métier n'était plus ce qu'il était, et il partait au bon moment vu que le système était sur le point de s'effondrer. J'ai ensuite plus ou moins entendu le même discours à chaque départ en retraite.
Cette tendance à la nostalgie est sans doute assez française, Fernand Reynaud s'en moquait déjà " ça eut payé..."
Il est sans doute possible de trouver des indicateurs objectifs, mais il est probable aussi que la mesure du désastre nous soit très personnelle.
Je vais bientôt préparer mon discours de départ à la retraite : je ne sais pas encore si je sacrifierai au rite...
Ce qui a changé c’est le statut du « maître » et la suppression progressive de tous les moyens d’agir : je ne parle évidemment pas des punitions corporelles (!) . Il n’y a pas eu d’âge paradisiaque mais il y a eu à l’évidence succession de quantités de décisions erronées de « management » - et ne parlons pas des programmes soumis à des idéologies de groupes d’influence divers et bien en place: une sorte de manie de toujours empirer . Enfin objectivement la massification a créé un melting-pot que plus personne ne peut véritablement gérer même avec toute la pédagogie du monde …on peut se rassurer en disant que rien ne change mais non, déjà le salaire a fortement chuté ça c’est objectif et ça fait partie du truc
Ce qui ne change pas par contre c’est le réflexe politique qui consiste à agir sur ce qu’on peut changer à défaut d’agir sur ce qu’il serait nécessaire de modifier et qui demanderait de gros efforts à commencer par l’imagination:
« redéfinir la fonction enseignante dans le second degré et répondre au... "malaise des enseignants » qu’il disait déjà Guichard: voilà voilà….
De fait ce qui a le plus changé c’est le pouvoir des enseignants, dans tous les domaines .
- egometDoyen
Le premier article de 81 affirme: "Cela n'est pas affaire de géographie."
Peut-être bien que si, en fait. Mais s'il y a évolution, c'est toute la société française qui change. On perd donc les points de comparaison au fur et à mesure.
Pour retrouver des points de comparaison, c'est à l'étranger qu'il faut aller. Et effectivement, après avoir passé du temps en Asie et en Afrique, je n'ai pas peur de dire qu'il y a quelque chose de pourri dans la République Française, comme dans beaucoup de pays occidentaux.
Mais les racines du problème sont beaucoup plus profondes qu'on ne le croit. On s'est imaginé que c'était juste une question de discipline, ou de méthodes pédagogiques, ou de programmes.
Je crois que c'est plus grave. Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni. Il y a des pays où réussir à l'école ouvre de vraies perspectives. Aujourd'hui en France, obtenir des diplômes ne garantit plus rien. Mais tout le monde doit passer les examens. Tout le monde doit aller à l'école pendant au moins dix ans, quelles que soient les performances scolaires, même sans rien comprendre aux cours, même sans espoir. Et on s'étonne qu'il y ait des soucis. Je pense qu'on a demandé à l'école des choses impossibles, résoudre le chômage, être un ascenseur social pour tout le monde (réfléchissez bien), vider les prisons...
Peut-être bien que si, en fait. Mais s'il y a évolution, c'est toute la société française qui change. On perd donc les points de comparaison au fur et à mesure.
Pour retrouver des points de comparaison, c'est à l'étranger qu'il faut aller. Et effectivement, après avoir passé du temps en Asie et en Afrique, je n'ai pas peur de dire qu'il y a quelque chose de pourri dans la République Française, comme dans beaucoup de pays occidentaux.
Mais les racines du problème sont beaucoup plus profondes qu'on ne le croit. On s'est imaginé que c'était juste une question de discipline, ou de méthodes pédagogiques, ou de programmes.
Je crois que c'est plus grave. Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni. Il y a des pays où réussir à l'école ouvre de vraies perspectives. Aujourd'hui en France, obtenir des diplômes ne garantit plus rien. Mais tout le monde doit passer les examens. Tout le monde doit aller à l'école pendant au moins dix ans, quelles que soient les performances scolaires, même sans rien comprendre aux cours, même sans espoir. Et on s'étonne qu'il y ait des soucis. Je pense qu'on a demandé à l'école des choses impossibles, résoudre le chômage, être un ascenseur social pour tout le monde (réfléchissez bien), vider les prisons...
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- IphigénieProphète
Oui mais les deux mon général!
Mais les racines du problème sont beaucoup plus profondes qu'on ne le croit. On s'est imaginé que c'était juste une question de discipline, ou de méthodes pédagogiques, ou de programmes.
Je crois que c'est plus grave. Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni.
Car l’un a engendré l’autre et réciproquement ( comme la poule et l’œuf )
Ayant commencé en 78 et dans le sud comme l’enquête je peux témoigner qu’on protestait déjà pas mal mais ce n’était pas le même type de protestation ni le même type de problèmes: c’était qu’on voyait bien venir la vague par contre…le premier travail a été de casser la très puissante FEN, multiplier les statuts, lancer les grandes idées comme le fait qu’on travaille aussi bien à 35 qu’à 24 , juste une question de méthode , et puis en lettres qu’avec des techniques des grilles et des trous dans les dictées qui n’avaient plus de fautes mais des récompenses , on allait arranger tout ça : vous connaissez tous la suite.
On est passé d’une école sélective rigide et arbitraire à une école fourre tout sans savoir trouver le point d’équilibre raisonnable, et puis la politique etc..
- egometDoyen
Iphigénie a écrit:
De fait ce qui a le plus changé c’est le pouvoir des enseignants, dans tous les domaines .
C'est un des plus gros problèmes en effet. Nos gouvernants pensent pouvoir tout régler depuis leur tour d'ivoire. C'est pas qu'ils n'essaient pas. C'est qu'à force de vouloir tout réparer, y compris ce qui n'est pas cassé, on accumule des erreurs et on paralyse tous les acteurs du système. Le code de l'éducation compte maintenant 3540 pages. En 2015, c'était 2772. Je veux bien admettre que l'édition Dalloz ne soit pas une mesure très rigoureuse de l'inflation législative, mais tout de même. Je suis très inquiet quand je vois que l'on met en place toute une procédure et des institutions pour traiter le problème du harcèlement. Le harcèlement doit être traité promptement, au niveau de l'établissement, pas après de longs signalements quand la situation a bien dégénéré.
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- CasparProphète
Le film de Tavernier, Une semaine de vacances, doit dater de cette période (Nathalie Baye y joue une professeure en burnout, même si on n'utilisait sans doute pas ce terme à l'époque).
- IphigénieProphète
Et « pire » du même : ça commence aujourd’hui de 99, la faillite de l’école primaire.Caspar a écrit:Le film de Tavernier, Une semaine de vacances, doit dater de cette période (Nathalie Baye y joue une professeure en burnout, même si on n'utilisait sans doute pas ce terme à l'époque).
Synopsis de wiki:
- Spoiler:
- Daniel est directeur d'une école maternelle dans le nord de la France qui n'est pas en zone d'éducation prioritaire. Enseignant avec passion et convictions, il doit faire face à la petite délinquance, à des institutions publiques dépassées par l'ampleur de la détresse sociale des familles, qui sont frappées par la pauvreté (causée par la désindustrialisation et les pertes d'emplois : 35 % de chômage dans la population active de la commune), et à une hiérarchie quelque peu méprisante.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Caspar a écrit:Le film de Tavernier, Une semaine de vacances, doit dater de cette période (Nathalie Baye y joue une professeure en burnout, même si on n'utilisait sans doute pas ce terme à l'époque).
Sorti en 1980.
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Si tu vales valeo.
- BaldredSage
egomet a écrit:Le premier article de 81 affirme: "Cela n'est pas affaire de géographie."
Peut-être bien que si, en fait. Mais s'il y a évolution, c'est toute la société française qui change. On perd donc les points de comparaison au fur et à mesure.
Pour retrouver des points de comparaison, c'est à l'étranger qu'il faut aller. Et effectivement, après avoir passé du temps en Asie et en Afrique, je n'ai pas peur de dire qu'il y a quelque chose de pourri dans la République Française, comme dans beaucoup de pays occidentaux.
Mais les racines du problème sont beaucoup plus profondes qu'on ne le croit. On s'est imaginé que c'était juste une question de discipline, ou de méthodes pédagogiques, ou de programmes.
Je crois que c'est plus grave. Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni. Il y a des pays où réussir à l'école ouvre de vraies perspectives. Aujourd'hui en France, obtenir des diplômes ne garantit plus rien. Mais tout le monde doit passer les examens. Tout le monde doit aller à l'école pendant au moins dix ans, quelles que soient les performances scolaires, même sans rien comprendre aux cours, même sans espoir. Et on s'étonne qu'il y ait des soucis. Je pense qu'on a demandé à l'école des choses impossibles, résoudre le chômage, être un ascenseur social pour tout le monde (réfléchissez bien), vider les prisons...
Et qu'y aurait-il de pourri dans les démocratries occidentales ? Etrange expression que "République Française" associée à "pays occidentaux". Que veux-tu dire ?
- User20159Esprit éclairé
Le propos d'@egomet est pourtant simple à comprendre :
Asie et Afrique, où à de rares exceptions près l'éducation est de toute manière le privilège de l'élite. Le pourri de l'Occident, serait la parenthèse massificatrice et égalitaire consécutive au 30 glorieuses. Parenthèse qui est un échec car le capitalisme n'a aucunement l'intention d'assurer ce projet jusqu'au bout. Donc on détruit, on détricote.
Parler de fausse promesse est assez significatif. La massification n'est pas une fausse promesse, c'est un projet. Que les politiques néolibérales ont détruit. On aurait été en capacité de le faire, on pourrait encore le faire. Mais personne n'a envie de le faire (à part....les profs ? certains profs ??? ).
Déterrer le sujet du malaise enseignant de 1981 est assez amusant, c'est peu ou prou la fin des trente...vous savez lesquelles.... ...
La société de la connaissance... et celles du socialisme et du bonheur universel, c'est terminé...place au réalisme.
Et tant qu'il y aura 80% d'esclaves pour 20% (proportions évidemment révisables) de contremaîtres pour faire tourner la machine, la société industrielle néo-libérale pourra fonctionner.
Et l'éducation publique au rabais offerte dans 90% des nations du globe suffit largement.
Peut-être bien que si, en fait. Mais s'il y a évolution, c'est toute la société française qui change. On perd donc les points de comparaison au fur et à mesure.
Pour retrouver des points de comparaison, c'est à l'étranger qu'il faut aller. Et effectivement, après avoir passé du temps en Asie et en Afrique, je n'ai pas peur de dire qu'il y a quelque chose de pourri dans la République Française, comme dans beaucoup de pays occidentaux.
Asie et Afrique, où à de rares exceptions près l'éducation est de toute manière le privilège de l'élite. Le pourri de l'Occident, serait la parenthèse massificatrice et égalitaire consécutive au 30 glorieuses. Parenthèse qui est un échec car le capitalisme n'a aucunement l'intention d'assurer ce projet jusqu'au bout. Donc on détruit, on détricote.
Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni.
Parler de fausse promesse est assez significatif. La massification n'est pas une fausse promesse, c'est un projet. Que les politiques néolibérales ont détruit. On aurait été en capacité de le faire, on pourrait encore le faire. Mais personne n'a envie de le faire (à part....les profs ? certains profs ??? ).
Déterrer le sujet du malaise enseignant de 1981 est assez amusant, c'est peu ou prou la fin des trente...vous savez lesquelles.... ...
La société de la connaissance... et celles du socialisme et du bonheur universel, c'est terminé...place au réalisme.
Et tant qu'il y aura 80% d'esclaves pour 20% (proportions évidemment révisables) de contremaîtres pour faire tourner la machine, la société industrielle néo-libérale pourra fonctionner.
Et l'éducation publique au rabais offerte dans 90% des nations du globe suffit largement.
- BaldredSage
Ha@_x a écrit:Le propos d'@egomet est pourtant simple à comprendre :
Peut-être bien que si, en fait. Mais s'il y a évolution, c'est toute la société française qui change. On perd donc les points de comparaison au fur et à mesure.
Pour retrouver des points de comparaison, c'est à l'étranger qu'il faut aller. Et effectivement, après avoir passé du temps en Asie et en Afrique, je n'ai pas peur de dire qu'il y a quelque chose de pourri dans la République Française, comme dans beaucoup de pays occidentaux.
Asie et Afrique, où à de rares exceptions près l'éducation est de toute manière le privilège de l'élite. Le pourri de l'Occident, serait la parenthèse massificatrice et égalitaire consécutive au 30 glorieuses. Parenthèse qui est un échec car le capitalisme n'a aucunement l'intention d'assurer ce projet jusqu'au bout. Donc on détruit, on détricote.
Ce sont les fausses promesses de la massification, qui ont cassé le contrat fondamental: on est à l'école pour apprendre et on en retire des avantages proportionnés à l'effort fourni.
Parler de fausse promesse est assez significatif. La massification n'est pas une fausse promesse, c'est un projet. Que les politiques néolibérales ont détruit. On aurait été en capacité de le faire, on pourrait encore le faire. Mais personne n'a envie de le faire (à part....les profs ? certains profs ??? ).
Déterrer le sujet du malaise enseignant de 1981 est assez amusant, c'est peu ou prou la fin des trente...vous savez lesquelles.... ...
La société de la connaissance... et celles du socialisme et du bonheur universel, c'est terminé...place au réalisme.
Et tant qu'il y aura 80% d'esclaves pour 20% (proportions évidemment révisables) de contremaîtres pour faire tourner la machine, la société industrielle néo-libérale pourra fonctionner
Et l'éducation publique au rabais offerte dans 90% des nations du globe suffit largement.
Merci de cette traduction éclairante, vivement qu' @egomet la confirme et qu'on discute un peu plus loin sur ce " pourri"...
- Vieux_MongolFidèle du forum
Merci Ha@_x, ça fait plaisir à lire.Ha@_x a écrit: La massification n'est pas une fausse promesse, c'est un projet. Que les politiques néolibérales ont détruit. On aurait été en capacité de le faire, on pourrait encore le faire.
- SlaNiveau 6
Sur ce sujet, on peut lire L'enseignement en détresse de Jacqueline de Romilly, qui date de 1984...
- IphigénieProphète
Oui, un beau projet : mais que devient un beau projet quand il est ainsi exécuté ? Tout s’est mis en place dès le départ, et dans l’illusion la plus totale de certains, ravis même parfois de la démolition du « bastion » de l’élitisme, comme disons…les langues anciennes. Jusqu’à ce qu’on comprenne que ce beau projet créait un fait en arrière boutique un nouvel élitisme, mais bien plus féroce, bien plus tributaire de l’argent et des réseaux, un élitisme de la « réussite » et non de la connaissance: économie commerce et com ( le Grand Oral comme aboutissement plutôt que l’epreuve de philo: tout un symbole de grand projet) plutôt qu’histoire et archéologie quoi …
….
….
- kazamasogetsuNiveau 5
Baldred a écrit:La lecture rétroactive est sans pitié, mais salutaire et pose la délicate question : c'était quand " avant" ? C'était quand le drame ?
A la fin de mon année de stage, en 1991, un prof partait à la retraite : son discours s'articulait en deux points : le métier n'était plus ce qu'il était, et il partait au bon moment vu que le système était sur le point de s'effondrer. J'ai ensuite plus ou moins entendu le même discours à chaque départ en retraite.
Cette tendance à la nostalgie est sans doute assez française, Fernand Reynaud s'en moquait déjà " ça eut payé..."
Il est sans doute possible de trouver des indicateurs objectifs, mais il est probable aussi que la mesure du désastre nous soit très personnelle.
Je vais bientôt préparer mon discours de départ à la retraite : je ne sais pas encore si je sacrifierai au rite...
ALors oui mais....
Il y a eu entre temps une baisse drastique du niveau d'exigence à laquelle se conjuguent des allègements de programmes tels que j'ai par exemple un programme 2 fois moins volumineux à enseigner en spé terminale aujourd'hui que ce ce que j'ai passé au bac à l'époque.
Et pourtant le phénomène, ne s'atténue pas, c'est même le contraire.
- Pontorson50Fidèle du forum
Verdurette a écrit:Baldred a écrit:La lecture rétroactive est sans pitié, mais salutaire et pose la délicate question : c'était quand " avant" ? C'était quand le drame ?
Avant 1968?
Avant le collège unique ?
Le monde évolue, il est inenvisageable de vivre encore comme en 1950.
Pour autant, je pense que les gouvernements ont fait une massification très démagogique de l'enseignement, pas une vraie démocratisation intelligente. Ils ont envoyé dans le mur des jeunes à qui ils avaient promis monts et merveilles grâce à des diplômes dévalués, et ces nombreuses promesses non tenues sont une des causes d'une colère tout à fait entendable de la jeunesse (même si je ne cautionne pas la façon de l'exprimer).
Ce constat, dur mais pas inexact, est à mon sens valable pour ce que j'appelle la deuxième massification, celle d'après 1973 qui clôt définitivement les Trente glorieuses, la croissance facile pour tous.
Mais avant, la première massification n'est pas un projet, elle débute insidieusement à la fin des années cinquante, lorsque l'inflation accroît les inégalités de revenu, mais que les revenus des parents en hausse partout permettent de nourrir des ambitions sociales pour leurs nombreux enfants, d'avoir une meilleure situation qu'eux et de penser pouvoir la financer
En 68, le gouvernement qui n'a jusque là pas accordé une grande importance à l'école (et l'opposition pas davantage) découvre qu'un pays peut imploser sur la simple question de la mixité des internats étudiants, construits à la hâte pour suivre le flux d'inscription dans des facs jusque là déjà turbulentes (les étudiants royalistes des années trente par ex) mais marginales. En 68, on s'aperçoit que les étudiants sont déjà une masse suffisamment importante pour peser. L'école devient un sujet pas encore un programme.
Changement progressif en 73 : le gouvernement et la société civile ne comprennent pas que la déplétion pétrolière européenne n'est pas une parenthèse , et en 1976, devant le chômage de masse dû à une stagflation dont on voit mal la sortie quoi qu'en dise Barre ("la sortie du tunnel"), la question scolaire devient la solution innovante : Giscard est un crâne d'oeuf qui croit à la scolarité, à la formation en général, comme la solution moderne aux problèmes, et la simultanéité de la crise économique avec les lois Haby puis l'investissement scolaire cette fois revendiqué en 1982 par un Mitterrand en échec économique à son tour, interrogent. On ressort alors les figures tutélaires Langevin Wallon, les Condorcet, la citation de Hugo sur l'école plus que la prison et un récit rétroactif passablement démagogique fait de la massification scolaire un des aspects volontaristes du génie politique français, le fameux "pari sur l'intelligence" de Chevènement, qui a dû bien faire rire de notre modestie proverbiale à l'étranger...
C'est cette massification là qui a eu un aspect démagogique, l'école devenant un peu paresseusement la solution à tous nos problèmes. Maintenant, la massification est là, la gérer est devenue l'objectif plus que de la favoriser ou s'y opposer. La question scolaire pour les dirigeants concerne d'une part le rapport plus général des adultes à l'autorité : que veulent les parents et les profs comme rapport à l'autorité? c'est peu dire qu'il y a des divergences partout, elles traversent aussi l'école, qui ne voit que cette question demeurerait même sans massification? Elle concerne aussi d'autre part le contenu des formations : en gros le "tous cols blancs" est controversé, une société sobre étant pour certains amenée à former des adultes capables de moins concevoir et de davantage faire : réparer, entretenir, jardiner, cuisiner, etc, le projet scolaire français n'est pas vraiment celui là. D'où le "savoir + quelque chose" : savoir être pour l'autorité, savoir faire pour l'économie. L'avenir dira si c'est une nouvelle pente démagogique sans action financée derrière ou une piste légitime.
- quattroNiveau 5
Dans cette déliquescence du systàme scolaire Il y a aussi l' introduction de la participation des parents à la vie de l'école , par E.FAURE après Mai 68 et qui n'a cessé de croitre au fil des années.
- IphigénieProphète
En résumé moins savant, on a lancé un truc un peu en dépannage ( quand on n’a pas de pétrole hein) et ensuite, eh bien, on a géré politiquement selon le vent au doigt mouillé en répondant à telle ou telle sollicitation électoraliste avec une seule barre de gouvernance, au moindre coût possible.
- MitcindyNiveau 10
Je suis un peu étonnée. J'étais élève au collège en 1981 et on se tenait à carreau en classe ! Il y avait des collèges avec des problèmes mais ils étaient une minorité. Rien à voir avec ce qui se passe maintenant. Ou alors, j'ai, avec le recul, une vision déformée de ce qu'est une classe difficile.
Bien sûr, tout est relatif. En 1950, c'était la dictature en classe (quand j'entends certains témoignages, punitions collectives à gogo..., ça fait quand même froid dans le dos).
La perception profs/élèves n'est sans doute pas la même (heureusement).
Je me souviens avoir eu, la première année, une classe avec deux élèves odieux. Il y avait quelques bons élèves et j'avais vraiment pitié d'eux car je passais un temps fou à faire la discipline.
L'une des élèves, une jeune fille calme et timide (qui selon moi avait du en baver) est pourtant venue me voir chaque année aux portes ouvertes et n'a pas été dégoutée de l'allemand (ce que je pensais).
Bien sûr, tout est relatif. En 1950, c'était la dictature en classe (quand j'entends certains témoignages, punitions collectives à gogo..., ça fait quand même froid dans le dos).
La perception profs/élèves n'est sans doute pas la même (heureusement).
Je me souviens avoir eu, la première année, une classe avec deux élèves odieux. Il y avait quelques bons élèves et j'avais vraiment pitié d'eux car je passais un temps fou à faire la discipline.
L'une des élèves, une jeune fille calme et timide (qui selon moi avait du en baver) est pourtant venue me voir chaque année aux portes ouvertes et n'a pas été dégoutée de l'allemand (ce que je pensais).
- Pontorson50Fidèle du forum
Iphigénie a écrit:En résumé moins savant, on a lancé un truc un peu en dépannage ( quand on n’a pas de pétrole hein) et ensuite, eh bien, on a géré politiquement selon le vent au doigt mouillé en répondant à telle ou telle sollicitation électoraliste avec une seule barre de gouvernance, au moindre coût possible.
C'est effroyablement bien résumé, il va falloir que j'apprenne à synthétiser devant des collègues de lettres ....
- IphigénieProphète
Les détails précis, c’est bien aussi !
Mais y a encore plus court: la boîte de Pandore…
Mais y a encore plus court: la boîte de Pandore…
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