Le Dasein pour les nuls

Pseudo a écrit:

Robin a écrit:
Le Da-sein, dit sobrement l'apostille : "ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être."

A vrai dire, le mot Dasein me va bien. Je vois ça comme un mot nouveau, peu importe qu'il soit allemand ou pas. "Ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être", je prends. Ca me va toujours mieux que "existence", ou d'autres trucs que j'ai lu. Je trouve l'image parlante. Et puis "existence" ca donne l'impression d'être donné, et voilà. On est ou on est pas. Alors que là "'l'homme déploie", ca me semble dynamique, y a quelque chose à faire.
Mais, donc, on en est qu'au début de ce qu'est le Dasein. A quoi ça sert ? Comment ça marche ?

Des réponses dans la saison 2 :chat:

thrasybule a écrit:Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"

Mais Thrasy, sistere n'exprime pas de mouvement. "Exister", c'est être sorti et se tenir immobile, ce sont les racines du marronnier !

"Dasein" : on a jadis traduit bien inexactement le mot clé de la réflexion heideggerienne par l'expression "réalité humaine".

C'était interpréter en un sens anthropologique cet existential qui ne désigne nullement le sujet existant, pas plus d'ailleurs que l'être-là de l'existence contingente. Da-sein signifie que l'homme, dans le dévoilement de l'Aléthéia est le "da", le "là" de l'Etre, cet étant par qui l'Etre a pouvoir d'être-là, de se produire comme éclaircie.

Le "là", en quoi l'homme eksiste, est la zone d'éclaircie de l'Etre. Tel est le sens ultime de l'"existence" dont parle Sein un Zeit. "Cet être du là, et lui seul, comporte le trait fondamental de l'ek-sistence, c'est-à-dire de l'in-stance extatique dans la vérité de l'Etre."

(Roger Munier, Martin Heidegger, Lettre sur l'Humanisme, texte allemand traduit et présenté par Roger Munier, édition bilingue, Aubier Montaigne, coll. Philosophie de l'Esprit)

dont parle Sein und Zeit.

Ce fil me plonge plus de 20 ans en arrière à un moment où je hantais les rayons de philo d'une bibliothèque universitaire. Je me souviens avoir beaucoup aimé feuilleter le livre de Seidel, Heidegger and the Pre-Socratics, mais quant à ce qu'est da seine, je ne vois maintenant qu'un fleuve que je ne reconnais plus.

Je me souviens du livre de Jerzy Kosinski (Being there) lu il y a 30 ans qui a certainement un rapport avec un Heidegger, mais lequel je ne saurais pas vous dire. http://www.google.fr/search?q=kosinski+being+there

En tout cas, depuis l'invention de la radio, ça s'entend (et se voit) de plus en plus médiatement que la vie est ailleurs, autant qu'elle est ici.

J'ai assez peu pratiqué ses textes à part "The Origin of the Work of Art", ("Der Ursprung des Kunstwerkes"). (Avec le printemps pas si loin, faut dire que j'adore le mot "ursprung" )

Each time a new artwork is added to any culture, the meaning of what it is to exist is inherently changed. (wikipedia)

Chaque fois qu'une oeuvre d'art est ajoutée à une culture donnée, ce que c'est d'exister au sein de cette culture change sans faille. (surtout si on est auteur de cette oeuvre, car -- comme tout un chacun qui la voit tous les jours -- il faut apprendre à vivre avec)

Au plaisir de lire ceux qui s'y connaissent... merci pour la question Pseudo.

Mike92 a écrit:

dont parle Sein und Zeit.

Yawol !

J'ai lu (que dis-je j'ai dévoré) :



A la fois passionnant et accessible. Je recommande.

Ce livre m'a fait un bien fou. D'abord j'ai eu l'impression d'être intelligente, hu, hu. Et ensuite les notions expliquées sont parfaitement éclairantes, très fécondes (oui, bah, c'est Heidegger, alors forcément), et me réconcilient avec une présence au monde dont je doutais qu'elle ne soit autre chose qu'un délire personnel (ça aussi ça donne l'impression d'être intelligent en plus d'être rassurant).
J'espère que l'effort de vulgarisation ne trahi pas trop la pensée d'Heidegger. Là, je ne peux pas me prononcer.

noté. Merci encore pseudo.