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- PseudoDemi-dieu
Robin a écrit:
Le Da-sein, dit sobrement l'apostille : "ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être."
A vrai dire, le mot Dasein me va bien. Je vois ça comme un mot nouveau, peu importe qu'il soit allemand ou pas. "Ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être", je prends. Ca me va toujours mieux que "existence", ou d'autres trucs que j'ai lu. Je trouve l'image parlante. Et puis "existence" ca donne l'impression d'être donné, et voilà. On est ou on est pas. Alors que là "'l'homme déploie", ca me semble dynamique, y a quelque chose à faire.
Mais, donc, on en est qu'au début de ce qu'est le Dasein. A quoi ça sert ? Comment ça marche ?
- PseudoDemi-dieu
Hum.... Plus je lis sur le Dasein moins je pige.
Quelqu'un pour me donner des exemples illustrant ce qui suit ?
"Le Dasein, c’est l’individu avant qu’il ne soit soumis au choix d’une attitude ou d’un comportement. Le Dasein n’a pas de substance mais se trouve irrémédiablement poussé par ce qui est réalisable dans le contexte expérimenté. Dès que l’individu cherche à anticiper, à éviter, qu’il redoute ou qu’il cède, il quitte l’être-là(Dasein) pour devenir un étant, un existant"
Quelqu'un pour me donner des exemples illustrant ce qui suit ?
"Le Dasein, c’est l’individu avant qu’il ne soit soumis au choix d’une attitude ou d’un comportement. Le Dasein n’a pas de substance mais se trouve irrémédiablement poussé par ce qui est réalisable dans le contexte expérimenté. Dès que l’individu cherche à anticiper, à éviter, qu’il redoute ou qu’il cède, il quitte l’être-là(Dasein) pour devenir un étant, un existant"
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- thrasybuleDevin
Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
- PseudoDemi-dieu
thrasybule a écrit:Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
Je vois bien. Cependant, le Dasein c'est pas l'équivalent d'existence, si je comprends bien (ca reste à voir lol).
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- Reine MargotDemi-dieu
thrasybule a écrit:Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
notre prof de philo en hypokhagne nous disait qu'avec l'existentialisme, Sartre avait beaucoup pris à Heidegger.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- thrasybuleDevin
Excellent!Reine Margot a écrit:thrasybule a écrit:Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
notre prof de philo en hypokhagne nous disait qu'avec l'existentialisme, Sartre avait beaucoup pris à Heidegger.
- RuthvenGuide spirituel
Le Dasein, c'est l'étant pour qui la question de l'Etre se pose.
- RuthvenGuide spirituel
Pour les rapports entre Dasein et existence, je cite le livre récent de l'excellente Marlène Zarader, Lire Etre et Temps de M. Heidegger (elle en a fait un aussi sur Blanchot qui est une pure merveille de clarté et de rigueur) :"Pour Heidegger, le Dasein ne peut être défini dans ce qu'il est, dans sa nature (son quid) que par sa manière d'être. Il a une manière d'être spécifique, qui sera nommée existence."
Et plus précisément :"Quelles acceptions nouvelles et totalement différentes ces termes reçoivent-ils dans le vocabulaire heideggérien ? Dasein ne désigne plus tout étant, maus un étant spécifique : l'homme. L'homme saisi selon une certaine perspective qui est censée le définir. Pour Heidegger (...) l'essence de l'homme, ce qui fait qu'il est homme, ce qui le distingue des autres étants, ce n'est pas la raison (l'homme comme animal raisonnable chez les Grecs), ce n'est pas non plus la subjectivité (l'homme comme ego cogito chez Descartes): ce qui fait la spécificité de l'homme, c'est qu'il a rapport à l'être, qu'il comprend ce que veut dire être, que par lui quelque chose comme être prend sens. C'est parce que l'homme se définit en son essence (ou en son être) par ce rapport à l'être, que Heidegger le nomme Dasein : littéralement être-là. Il choisit ce terme parce qu'il se tient à l'écoute de la langue. Puisque le terme allemand courant de Dasein est un composé de Da (là) et de sein (être) - être-là - Heidegger saisit l'occasion et affirme : je choisis pour l'homme le tirez Dasein, entendu littéralement. Que l'homme soit nommé Dasein indique donc deux choses : 1)l'homme se définit par l'être, c'est de l'être qu'il tient sa spécificité, c'est par l'être qu'il est, lui homme, ce qu'il est ; 2) l'être "passe" par lui, l'homme est le là de l'être, son site, le lieu où l'être se donne (fût-ce de manière indéployée et non explicite) - et donc, d'un point de vue méthodologique, il est l'étant auquel le sens de l'être peut être "demandé"."
Et plus précisément :"Quelles acceptions nouvelles et totalement différentes ces termes reçoivent-ils dans le vocabulaire heideggérien ? Dasein ne désigne plus tout étant, maus un étant spécifique : l'homme. L'homme saisi selon une certaine perspective qui est censée le définir. Pour Heidegger (...) l'essence de l'homme, ce qui fait qu'il est homme, ce qui le distingue des autres étants, ce n'est pas la raison (l'homme comme animal raisonnable chez les Grecs), ce n'est pas non plus la subjectivité (l'homme comme ego cogito chez Descartes): ce qui fait la spécificité de l'homme, c'est qu'il a rapport à l'être, qu'il comprend ce que veut dire être, que par lui quelque chose comme être prend sens. C'est parce que l'homme se définit en son essence (ou en son être) par ce rapport à l'être, que Heidegger le nomme Dasein : littéralement être-là. Il choisit ce terme parce qu'il se tient à l'écoute de la langue. Puisque le terme allemand courant de Dasein est un composé de Da (là) et de sein (être) - être-là - Heidegger saisit l'occasion et affirme : je choisis pour l'homme le tirez Dasein, entendu littéralement. Que l'homme soit nommé Dasein indique donc deux choses : 1)l'homme se définit par l'être, c'est de l'être qu'il tient sa spécificité, c'est par l'être qu'il est, lui homme, ce qu'il est ; 2) l'être "passe" par lui, l'homme est le là de l'être, son site, le lieu où l'être se donne (fût-ce de manière indéployée et non explicite) - et donc, d'un point de vue méthodologique, il est l'étant auquel le sens de l'être peut être "demandé"."
- Reine MargotDemi-dieu
thrasybule a écrit:Excellent!Reine Margot a écrit:thrasybule a écrit:Pseudo, il me semble que précisément, le terme "existence"( en tant q'il s'oppose à l'essence, comme l'idée d'une nature humaine dans une vision fixiste qui permettrait de décliner les attributs ou prédicats universels de l'être), est précisément dynamique, au sens d"ek-sister", sortir hors de soi ( lié peut-être à ce que Heidegger appelle l'"Entwurf", le fait d'être "jeté" dans le monde, à vérifier) : contingence, projection ( cf. le "projet")
D'où l"essence de l'homme c'est l'existence"
notre prof de philo en hypokhagne nous disait qu'avec l'existentialisme, Sartre avait beaucoup pris à Heidegger.
vi, et qu'avec "l'être et le néant" sartre ne s'était pas foulé pour trouver un titre.
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La famille Bélier
- thrasybuleDevin
Un copain, prof de philo, m'avait dit que c'était Husserl qu'il avait pompé( )
Des spécialistes pour corroborer ou infirmer?
Merci Jason pour tous ces éclaircissements.
Des spécialistes pour corroborer ou infirmer?
Merci Jason pour tous ces éclaircissements.
- PseudoDemi-dieu
Ruthven a écrit:Le Dasein, c'est l'étant pour qui la question de l'Etre se pose.
C'est pas mal ça...
Et donc, alors, ca se passe comment tout ça ?
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- RuthvenGuide spirituel
Sartre pioche tant chez Husserl (notamment le concept d'intentionnalité (toute conscience est conscience de quelque chose)) que chez Heidegger (notamment sur l'existence et l'angoisse). Il y a cependant des différences notables, notamment dans le rapport à la mort, essentiel pour Heidegger pour qui l'homme est un être-pour-la-mort alors que pour Sartre elle demeure un fait contingent, toujours extérieur à ma subjectivité).
- Mike92Niveau 10
Il est quand même assez frustrant de ne pas comprendre si, ne comprenant pas, je peux parvenir à l'état de comprenant par une fulgurance de l'être qui me jette devant mon propre projet pour finir par être-là...
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Fais bon accueil aux étrangers, car toi aussi, tu seras un étranger. (Roger Ikor)
site : http://allemand-postbac.npage.de
manuels publiés : http://www.decitre.fr/auteur/141431/Michel+Luciani/
- RuthvenGuide spirituel
Pseudo a écrit:Ruthven a écrit:Le Dasein, c'est l'étant pour qui la question de l'Etre se pose.
C'est pas mal ça...
Et donc, alors, ca se passe comment tout ça ?
Tu te mets à côté d'une loutre ; la loutre, elle ne se dit pas :"Tiens, il y a quelque chose de commun entre le poisson que je vais manger, le caillou du fond de la rivière ..." alors que toi, tu te dis qu'il y a quelque chose de commun, l'être, mais qui n'est aucune de ces choses. Cet être, tu sens bien qu'il est différents des étants (le caillou, le poisson); bref, cela te travaille, cela fait question ...
- RuthvenGuide spirituel
Mike92 a écrit:Il est quand même assez frustrant de ne pas comprendre si, ne comprenant pas, je peux parvenir à l'état de comprenant par une fulgurance de l'être qui me jette devant mon propre projet pour finir par être-là...
Il ne faut pas être aussi sévère avec le Heidegger d'avant la Kehre (bon, pour les écrits postérieurs, on a le droit ...).
- PseudoDemi-dieu
Ruthven a écrit:Pseudo a écrit:Ruthven a écrit:Le Dasein, c'est l'étant pour qui la question de l'Etre se pose.
C'est pas mal ça...
Et donc, alors, ca se passe comment tout ça ?
Tu te mets à côté d'une loutre ; la loutre, elle ne se dit pas :"Tiens, il y a quelque chose de commun entre le poisson que je vais manger, le caillou du fond de la rivière ..." alors que toi, tu te dis qu'il y a quelque chose de commun, l'être, mais qui n'est aucune de ces choses. Cet être, tu sens bien qu'il est différents des étants (le caillou, le poisson); bref, cela te travaille, cela fait question ...
Oui, je comprends l'histoire de la loutre.
Mais Heidegger n'est pas le premier ni le dernier à dire que l'homme n'est pas la loutre.
Si je comprends le sens de ce que tu as dit juste au dessus, la spécificité d'Heidegger c'est le rôle qu'il donne à l'angoisse et à la mort ?
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- thrasybuleDevin
Toujours le même copain m'avait-je caricature sans doute-dit, que ce qui le gênait che Heidegger c'était une sorte de mysticisme qui relevait presque d'un acte de foi. Je retranscris sans doute très mal ses propos
De mon côté, je n'ai lu que la Lettre sur l'humanisme( écrit à Jean Beauffret ou un truc comme ça? Pas envie de vérifier), l'ouvrage le plus lisible, paraît-il, et le Principe de Raison, lu en hypo( celui-là, rien compris)
De mon côté, je n'ai lu que la Lettre sur l'humanisme( écrit à Jean Beauffret ou un truc comme ça? Pas envie de vérifier), l'ouvrage le plus lisible, paraît-il, et le Principe de Raison, lu en hypo( celui-là, rien compris)
- RuthvenGuide spirituel
Ce n'est pas le premier, mais il s'oppose par exemple à toute la tradition qui veut faire de l'homme un "animal rationnel" ou un "animal politique", car selon lui, on ne cerne pas là ce qui fait l'homme en le prenant dans le genre "animal" ou être vivant. L'homme se définit par un rapport particulier à l'Etre, et à lui-même ; ce rapport peut prendre la forme de l'angoisse. Je sens que je vais me faire taper sur les doigts si un heideggérien passe par là, car je suis sûr que je transforme sa pensée en la simplifiant.
- Mike92Niveau 10
Ah, s'il existait un heideggerien capable d'expliquer (en très gros) ce que veut dire Heidegger à de simples profs français... !
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- thrasybuleDevin
L'Etre est ce qu'il est et l'homme est son berger
J'ai toujours été fasciné par cette phrase, même si bon, je n'avais rien compris au début à ce qu'elle signifiait
J'ai toujours été fasciné par cette phrase, même si bon, je n'avais rien compris au début à ce qu'elle signifiait
- RuthvenGuide spirituel
Mike92 a écrit:Ah, s'il existait un heideggerien capable d'expliquer (en très gros) ce que veut dire Heidegger à de simples profs français... !
M. Zarader le fait très bien sans jargonner ! Ses livres sont à l'image de son enseignement, un modèle de clarté (je le dis d'autant plus franchement que je n'ai jamais été totalement convaincu par Heidegger). En lisant Etre et Temps en parallèle avec son commentaire, tout s'éclaire (mais il faut avoir du temps) (celui de Greisch aussi n'est pas mal, mais moins pédagogique).
- PseudoDemi-dieu
Ruthven a écrit:Ce n'est pas le premier, mais il s'oppose par exemple à toute la tradition qui veut faire de l'homme un "animal rationnel" ou un "animal politique", car selon lui, on ne cerne pas là ce qui fait l'homme en le prenant dans le genre "animal" ou être vivant. L'homme se définit par un rapport particulier à l'Etre, et à lui-même ; ce rapport peut prendre la forme de l'angoisse. Je sens que je vais me faire taper sur les doigts si un heideggérien passe par là, car je suis sûr que je transforme sa pensée en la simplifiant.
Mais j'ai besoin de simplification
Quitte à compliquer ensuite, au fur et à mesure.
Et ce que tu me dis là m'éclaire
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"Il faut encore avoir du chaos en soi pour pouvoir enfanter une étoile qui danse" Nietzsche
- moonGrand sage
Je suis avec attention le fil, et je dois dire que côté maïeutique ça se pose là comme dialogue...surtout avec Jason et Pseudo dans le rôle du maître et de l'élève. Bref, merci pour les neurones, et surtout pour la loutre,qui me parle bien à moi aussi!
- RobinFidèle du forum
Pseudo a écrit:Robin a écrit:
Le Da-sein, dit sobrement l'apostille : "ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être."
A vrai dire, le mot Dasein me va bien. Je vois ça comme un mot nouveau, peu importe qu'il soit allemand ou pas. "Ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être", je prends. Ca me va toujours mieux que "existence", ou d'autres trucs que j'ai lu. Je trouve l'image parlante. Et puis "existence" ca donne l'impression d'être donné, et voilà. On est ou on est pas. Alors que là "'l'homme déploie", ca me semble dynamique, y a quelque chose à faire.
Mais, donc, on en est qu'au début de ce qu'est le Dasein. A quoi ça sert ? Comment ça marche ?
Il faut distinguer deux périodes dans la pensée de Heidegger : la première période correspond à la parution de "Zein und Zeit" (1927) et porte sur l'analytique existentiale du Dasein. Heidegger analyse les différents modes "d'être au monde" de l'homme dans son rapport à la temporalité : le souvenir, l'anticipation, l'angoisse, l'être pour la mort, etc.
La deuxième période, à partir des années 30, constitue un "tournant" dans sa pensée (die Kehre) : la problématique du Dasein devient alors inséparable de la question de l'Etre.
Heidegger montre que les définitions successives de l'Etre correspondent à autant de mutations dans le devenir historial de la métaphysique occidentale (et dans le destin de l'occident). Il s'agit pour Heidegger de "déconstruire" cette histoire en opérant, comme dit René Char un "retour amont" vers la source (l'origine) de la pensée occidentale, c'est-à-dire les Présocratiques.
Heidegger montre que cette histoire est l'histoire de "l'oubli de l'Etre", successivement défini ("omnis determinatio est negatio" dit Spinoza) comme "Eidos" (Platon), "Upokaimenon" (Aristote), "Res cogitans" (Descartes"), "Esprit absolu" (Hegel), "Volonté de puissance (Nietzsche).
Il s'agit pour le "Dasein" d'établir une relation authentique avec l'Etre en refusant de la réduire à l'une quelconque de ces définitions, en le laissant en quelque sorte nous parler, en nous "tenant au service du langage", du Logos, au lieu de l'emprisonner dans les filets "pensée calculante" et de l'arraisonner (Gestellen) dans la technique planétaire en tant que "réservoir d'énergie".
Il me semble que l'enjeu commun (avant et après la "Kehre") est de définir les conditions de possibilité d'une relation authentique au monde et à soi-même.
Quelqu'un plus haut a parlé de "dimension mystique" (thrasybule, je crois). Je suis d'accord et on peut constater dans les derniers écrits un rapprochement avec le bouddhisme zen, mais je ne vois pas comment un principe aussi impersonnel et abstrait que l'Etre la catégorie la plus générale et la plus abstraite, puisse "répondre" à la question du sens, au-delà de la "déconstruction".
Je n'ai personnellement jamais réussi à envisager l'Etre autrement qu'à la manière de Maurice Blanchot et d'Emmanuel Lévinas comme une sorte de bruissement silencieux : le malaise communiqué par le "il" dans l'expression "il pleut" ou la conversation incompréhensible des parents que l'enfant perçoit, éveillé, dans sa chambre, dit Lévinas et pas du tout comme une dimension mystique d'où les dieux feraient signe.
Vous avez raison de poser la question "à quoi ça sert" ? "comment ça marche ?". Heidegger aurait peut-être tiqué sur la notion d'utilité , liée à la technique, mais il aurait sans doute répondu que nous sommes tenus de répondre de manière authentique à 1) à question de la finitude en tant "qu'être pour la mort" 2) à la question (et à l'appel) de l'Etre. Il ne s'agit pas pour Heidegger d'un pur problème de métaphysique ; il y a un enjeu qui est celui de la technique planétaire.
La manière dont les politiciens japonais, par exemple, gèrent la question de la contamination dans la région de Fukushima en sacrifiant sciemment une génération entière et le fait que le risque de catastrophe naturelle a été considéré comme un paramètre négligeable malgré tous les avertissements (on a préféré prendre le risque que de construire des digues) montre bien l'hégémonie de la "pensée calculante".
- User5899Demi-dieu
Des réponses dans la saison 2 :chat:Pseudo a écrit:Robin a écrit:
Le Da-sein, dit sobrement l'apostille : "ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être."
A vrai dire, le mot Dasein me va bien. Je vois ça comme un mot nouveau, peu importe qu'il soit allemand ou pas. "Ce au sein de quoi l'homme déploie tout son être", je prends. Ca me va toujours mieux que "existence", ou d'autres trucs que j'ai lu. Je trouve l'image parlante. Et puis "existence" ca donne l'impression d'être donné, et voilà. On est ou on est pas. Alors que là "'l'homme déploie", ca me semble dynamique, y a quelque chose à faire.
Mais, donc, on en est qu'au début de ce qu'est le Dasein. A quoi ça sert ? Comment ça marche ?
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