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Les personnels des collèges et lycées ZEP deux fois plus exposés à la violence Empty Les personnels des collèges et lycées ZEP deux fois plus exposés à la violence

par Docteur OX Mar 26 Fév 2013 - 13:04
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2013/02/26/les-personnels-des-colleges-et-lycees-zep-deux-fois-plus-exposes-a-la-violence_1838945_1473688.html




Près d'un personnel sur trois exerçant en collège et lycée songe souvent, ou très souvent, à quitter le métier. Autant estiment la violence présente dans leur établissement. Et plus d'un tiers encore ont une perception négative de leurs relations avec leur direction.

RIEN NE VIENT CORROBORER L'IMPRESSION DE "SÉRIE NOIRE"
Ces données sont tirées de l'enquête de "victimation" dans le second degré rendue publique par le ministère de l'éducation nationale, mardi 26 février. Portant sur un échantillon de 18 100 répondants – des enseignants mais aussi des chefs d'établissement, des conseillers principaux d'éducation, des surveillants... –, cette étude a voulu recueillir, au niveau national, la perception des personnels de collège et de lycée du climat scolaire et les atteintes dont ils peuvent souffrir. C'est aussi la première "copie" remise par Eric Debarbieux depuis qu'il a été nommé, à la mi-septembre 2012, délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire.

Une enquête choc ? "N'exagérons rien, elle ne dévoile pas des horreurs", nuance M. Debarbieux. "Certaines données sont plutôt rassurantes au vu de ce qu'a pu laisser penser, ces derniers mois, la surmédiatisation de faits divers en milieu scolaire", ajoute ce professeur d'université. Il est vrai que l'année scolaire 2012-2013 avait plutôt mal commencé, avec une série d'agressions d'enseignants – à Bordeaux, Poitiers et Amiens. Mais rien, dans l'enquête Debarbieux, ne vient corroborer cette impression d'une "série noire". Au contraire, on y apprend que 70 % des personnels du secondaire ont une perception positive du climat scolaire. Plus de 8 sur 10 se sentent respectés par leurs élèves, et 9 sur 10 s'estiment en sécurité dans leur établissement.

"Les violences physiques sont rares, ce qui n'enlève rien à leur gravité", explique M. Debarbieux : un peu plus de 5 % des répondants disent avoir été bousculés violemment depuis septembre, 0,9 % avoir été frappés, 0,3 % agressés avec une arme. "Les actes graves ne sont pas aussi répandus que l'on pourrait le croire."

Reste qu'une typologie des établissements se dessine clairement : la violence scolaire est présente pour 14,4 % des personnels des lycées d'enseignement général et technologique, contre 37,1 % dans les collèges, mais 37,9 % dans les lycées professionnels. Un même phénomène de concentration se retrouve dans les établissements implantés en zones urbaines sensibles (ZUS) ou appartenant à des dispositifs de l'éducation prioritaire.

Un des apports de cette enquête est de mettre en lumière, alors que le chantier de l'éducation prioritaire tarde à avancer au ministère de l'éducation nationale, un "effet ZEP" dans la victimation des personnels. Celle-ci passe du simple au double selon que les répondants exercent, ou non, dans des établissements dits sensibles. Autrement dit, ils y sont deux fois plus exposés à tous les types de risques – ou presque.

BANALISATION DES INSULTES

20,6 % des personnels qui exercent en éducation prioritaire se disent victimes de menaces, contre 11,3 % ailleurs ; 8,8 % sont exposés à des bousculades (contre 4 % ailleurs), 1,4 % ont été frappés (contre 0,7 %)... Une inégalité devant le risque présente dès l'école primaire, rappelle M. Debarbieux, comme l'a démontré l'enquête de victimation des personnels de maternelle et élémentaire qu'il a dévoilée en septembre, avant de prendre ses fonctions.

Pour les insultes, le ratio est un peu différent, mais les chiffres restent impressionnants : 56,6 % des personnels de l'éducation prioritaire ont été agressés verbalement, contre 40,5 % ailleurs. Des agressions verbales qui se banalisent ? Difficile de ne pas remarquer leur fréquence : 42,5 % des personnels sondés disent avoir été insultés depuis la rentrée, 13 % plusieurs fois.

"On ne dispose pas, pas encore, d'enquêtes comparatives, nuance l'auteur. Ce que l'on sait en revanche, c'est que cette violence est interne aux établissements, bien plus qu'intrusive." 98 % des agressions verbales sont commises soit par des élèves, soit par des adultes connus de la victime. Une violence au coeur de la relation pédagogique, contre laquelle la vidéosurveillance et les interventions policières ne peuvent pas grand-chose.

Deux types de victimation étonnent par leur importance : l'ostracisme entre collègues (18,2 % des répondants) et le harcèlement (11 %). Des phénomènes déjà mis en lumière dans une enquête en Seine-Saint-Denis, rendue publique par M. Debarbieux il y a un an.

"En guise de rempart, les personnels avancent, en premier lieu, le travail collectif, note l'universitaire, cela passe par un renforcement de la formation." Cette requête arrive en premier, quel que soit le corps de métier.

Mattea Battaglia

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