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- namilhaNiveau 9
Bonjour,
Suite à une séquence ayant pour thème la guerre 14/18 (avec des lettres de poilus et la nouvelle Initiales de Paule du Bouchet), je voulais faire une très courte séquence s'appuyant sur un seul poème : "Si je mourais là-bas" d'Apollinaire pour étudier le lyrisme et enchaîner sur le poésie engagée.
J'aime beaucoup ce texte et déformation professionnelle oblige, j'y vois aussi la possibilité d'étudier l'hypothèse (interessant surtout de comparer "Si je mourais un jour" avec "Si je meurs un jour" à la fin du poème).
Bref, j'étais emballée, sauf que je m'interroge sur le vers mis en titre de mon topic : "L'amant serait plus fort dans ton corps écarté"... Oseriez-vous avec vos élèves ???
J'ai regardé dans les manuels comment ce poème était traité et par exemple le "Fleur d'encre" fait carrément le choix de passer à la trappe 2 strophes (mais ce manuel fait du tronquage sa spécialité...).
Et vous, qu'en pensez-vous?
Pour mémoire, voici le poème:
Si je mourais là-bas..
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
a nuit descend
n y pressent
n long destin de sang
Guillaume APOLLINAIRE, Poèmes à Lou (1947)
poème composé en janvier 1915
Suite à une séquence ayant pour thème la guerre 14/18 (avec des lettres de poilus et la nouvelle Initiales de Paule du Bouchet), je voulais faire une très courte séquence s'appuyant sur un seul poème : "Si je mourais là-bas" d'Apollinaire pour étudier le lyrisme et enchaîner sur le poésie engagée.
J'aime beaucoup ce texte et déformation professionnelle oblige, j'y vois aussi la possibilité d'étudier l'hypothèse (interessant surtout de comparer "Si je mourais un jour" avec "Si je meurs un jour" à la fin du poème).
Bref, j'étais emballée, sauf que je m'interroge sur le vers mis en titre de mon topic : "L'amant serait plus fort dans ton corps écarté"... Oseriez-vous avec vos élèves ???
J'ai regardé dans les manuels comment ce poème était traité et par exemple le "Fleur d'encre" fait carrément le choix de passer à la trappe 2 strophes (mais ce manuel fait du tronquage sa spécialité...).
Et vous, qu'en pensez-vous?
Pour mémoire, voici le poème:
Si je mourais là-bas..
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l'espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l'étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l'espace
Comme font les fruits d'or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l'onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
- Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur -
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
a nuit descend
n y pressent
n long destin de sang
Guillaume APOLLINAIRE, Poèmes à Lou (1947)
poème composé en janvier 1915
- sandGuide spirituel
Ca dépend du public. Avec mes 3°, je donnerais la version tronquée je crois.
- namilhaNiveau 9
T'as peut-être raison... Mais du coup, je vais peut-être utiliser aussi d'autres poèmes pour bâtir cette cette séquence...
- namilhaNiveau 9
Mouais, cette forme de censure me gène quand même un peu... Je vais y réfléhir.
- AbraxasDoyen
On ne tronque pas : on en prend un autre — ça se trouve, non, dans Calligrammes ou ailleurs…
C'est bien dommage, parce que c'est superbe. Mais je crois qu'il vaut mieux s'auto-censurer que censurer Apollinaire — ou le couper, si vous préférez…
C'est bien dommage, parce que c'est superbe. Mais je crois qu'il vaut mieux s'auto-censurer que censurer Apollinaire — ou le couper, si vous préférez…
- sandGuide spirituel
C'est sûr mais les imaginer ricanant comme des ânes au lieu de réfléchir à la portée du poème, bof bof ! en plus, en version allégée, la "fontaine" n'est plus tout à fait la même...
- minnieExpert
Je choisirais un autre poème.
Je n'en reviens pas que des manuels récents pratiquent les mêmes méthodes que le Lagarde et Michard.
C'est avouer publiquement que les textes ne sont plus que des prétextes à enseignement de telle ou telle notion. Pitoyable!
Je n'en reviens pas que des manuels récents pratiquent les mêmes méthodes que le Lagarde et Michard.
C'est avouer publiquement que les textes ne sont plus que des prétextes à enseignement de telle ou telle notion. Pitoyable!
- Libé-RationGuide spirituel
Je choisirais un autre texte. Appolinaire, c'est magnifique... mais ce texte en 3e ne me paraît pas adapté.
- CarabasVénérable
A partir du moment où l'on considère qu'un texte est un support et que l'objectif du cours est l'étude de la métaphore, le COD, ou écrire une lettre, c'est bien voir dans le texte rien de plus qu'un prétexte. A partir de là, les textes sont interchangeables et se valent tous.minnie a écrit:C'est avouer publiquement que les textes ne sont plus que des prétextes à enseignement de telle ou telle notion. Pitoyable!
- Pierre_au_carréGuide spirituel
je craindrais surtout les parents...
Certains demanderaient le bucher pour sorcellerie/pornographie.
Dans l'esprit, on ne doit pas tronquer une oeuvre, mais un [...] est il possible ? ( naïvement...)
Certains demanderaient le bucher pour sorcellerie/pornographie.
Dans l'esprit, on ne doit pas tronquer une oeuvre, mais un [...] est il possible ? ( naïvement...)
- KakHabitué du forum
Je changerais de texte sans hésitation!
- LeelouNiveau 6
moi aussi je changerrais de texte
- AmaliahEmpereur
Moi je l'ai fait l'an dernier et donné à apprendre, qqs sourires pour les seins roses et rien pour l'autre vers! (Ont-ils bien compris?? En tout cas je suis passée rapidement!)
- namilhaNiveau 9
Merci pour vos réponse! C'est vrai que ça me gène de "couper Apollinaire" Abraxas (et c'est le cas de le dire!!!)... Je vais voir si je peux en choisir un autre... Dommage quand même...
Des suggestions pour un autre poème sur cette période?
Des suggestions pour un autre poème sur cette période?
- namilhaNiveau 9
J'imagine les élèves, apprenant péniblement leur poème :livre: et se le faisant réciter par les parents!!!
- Reine MargotDemi-dieu
ben "la courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur", des poèmes d'éluard, ou alors aragon "les yeux d'elsa"
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- igsNiveau 5
Je garderais le poème ...
Pourquoi rendre tabou un sujet déjà trop tabou ? En parler simplement, c'est valorisant pour les élèves (on peut même rire avec eux, je crois !), ça leur montre qu'on les considère comme des "grands".
Pour ma part, je n'ai aucun complexe à ce sujet.
Pourquoi rendre tabou un sujet déjà trop tabou ? En parler simplement, c'est valorisant pour les élèves (on peut même rire avec eux, je crois !), ça leur montre qu'on les considère comme des "grands".
Pour ma part, je n'ai aucun complexe à ce sujet.
- AmaliahEmpereur
J'avais en fait donné le choix entre ce poème et un autre qui personnellement me plaisait beaucoup moins, un dédié aussi à Lou.
- InvitéInvité
J'ai travaillé sur ce poème tel que je l'ai trouvé dans un manuel, avec les deux premières strophes, plus la dernière et l'acrostiche. Je ne disposais pas d'un exemplaire personnel des Poèmes à Lou, je n'ai donc pu rétablir l'intégralité du poème (cela, si je l'avais voulu). J'en arrive au problème : si vous travaillez sur un extrait de La Légende des siècles, allez-vous le faire lire "intégralement" ? Du fait même que ce soit un extrait, c'est forcément raccourci, tronqué. Pourquoi crier au scandale parce que cela enlève le sens sexuel au poème ? C'est tout aussi scandaleux dès lors qu'on enlève une partie à un texte, pas seulement parce que c'est sexuel ! Personnellement, je n'aime pas non plus qu'une description ou un passage d'explication soit enlevé. Mais c'est le problème des extraits... Et dans un GT, on ne travaille pas sur des textes intégraux. Autant le faire soi-même et garder ce qui nous paraît essentiel à nous, lorsqu'il s'agit d'un texte dont on ne peut conserver l'intégralité.
Dès lors que nous enseignons à partir d'un texte, tout texte n'est-il pas prétexte ? A part en Fac, je me demande bien comment faire autrement.
Dès lors que nous enseignons à partir d'un texte, tout texte n'est-il pas prétexte ? A part en Fac, je me demande bien comment faire autrement.
- CarabasVénérable
En effet, si on fait un groupement de textes sur les Lumières (ou autre chose), on va choisir des extraits que l'on trouve représentatifs de ce mouvement. C'est vrai qu'il y a un côté "prétexte". Toutefois, j'ai quand même l'impression que les profs que j'ai eus nous montraient l'intérêt du texte en lui-même, et ne se contentaient pas de dire que tel texte était caractéristique des Lumières.lulamae a écrit:Dès lors que nous enseignons à partir d'un texte, tout texte n'est-il pas prétexte ?
Je parle surtout pour la grammaire. Choisir un texte pour sa richesse en subordonnées, ça me semble bien pauvre...
- InvitéInvité
Je sais bien carabas : cela dégoûte tout bon littéraire de procéder ainsi, mais je t'assure qu'au collège, en une heure de cours, tu es à cent lieues d'épuiser l'intérêt d'un texte ! Il faut avoir une ligne directrice bien claire sur une séance, quelques points d'approfondissement, mais ça passe très vite, et ce n'est pas souvent souhaitable de s'appesantir plusieurs heures sur un même texte. Pour la grammaire, je biaise : je pars d'un extrait du texte en dictée préparée, on travaille dessus, puis j'amène le point de leçon. C'est plus "décroché" qu'une approche directe du texte. Une fois qu'il a été lu et étudié en lecture, on peut s'en détacher et "travailler dessus" comme matériau, ça permet un certain détachement. Enfin, c'est le truc que j'ai trouvé pour amener plus facilement les points de langue, sinon ça me paraît trop téléphoné.
- DinaaaExpert spécialisé
Franchement, je ne vois pas de quoi crier au loup dans ce poème et il faut montrer cette réalité là aussi : durant la 1ière GM, c'était des gamins à peine plus âgés qu'eux qui partaient au front, et ils avaient les mêmes préoccupations, ils avaient une amie dans leur coeur et son souvenir les accompagnait pour leur donner du courage. Alors oui, Apollinaire parle de seins, oh mon dieu, les hommes de 1914 étaient donc des hommes comme nous ?
Pourquoi tronquer ou changer ? Oui, les 3e vont ricaner. Mais avec quelques explications, ils vont peut-être aussi réfléchir, se sentir concernés, interpelés par cette réalité d'un autre siècle (quel gamin de 15 ans se sent aujourd'hui concerné par les Poilus ? franchement ?)
Inutile de s'apesantir sur "ton corps écarté", comprendront ceux qui voudront.
Je doute sincèrement qu'un parent fasse une remarque Cachent-ils les yeux de leurs chérubins dans la rue lorsqu'ils croisent une pub Aubade ? Vont-ils éteindre la télé tout le we en ces temps de Sidaction où le mot "préservatif" va être prononcé 10 000 fois ? N'est-il pas plus beau d'aborder le thème de la sexualité avec son ado à travers un peu de poésie ?
Je commence l'étude des textes fondateurs en 6e ce matin sur le thème de la création du monde. Je commence par un texte documentaire sur le Big Bang. Là un élève, choqué, m'affirme que c'est Dieu qui a créé le monde. Dois-je me censurer pour ne pas heurter ses convictions ? Ca relève du même principe.
Pourquoi tronquer ou changer ? Oui, les 3e vont ricaner. Mais avec quelques explications, ils vont peut-être aussi réfléchir, se sentir concernés, interpelés par cette réalité d'un autre siècle (quel gamin de 15 ans se sent aujourd'hui concerné par les Poilus ? franchement ?)
Inutile de s'apesantir sur "ton corps écarté", comprendront ceux qui voudront.
Je doute sincèrement qu'un parent fasse une remarque Cachent-ils les yeux de leurs chérubins dans la rue lorsqu'ils croisent une pub Aubade ? Vont-ils éteindre la télé tout le we en ces temps de Sidaction où le mot "préservatif" va être prononcé 10 000 fois ? N'est-il pas plus beau d'aborder le thème de la sexualité avec son ado à travers un peu de poésie ?
Je commence l'étude des textes fondateurs en 6e ce matin sur le thème de la création du monde. Je commence par un texte documentaire sur le Big Bang. Là un élève, choqué, m'affirme que c'est Dieu qui a créé le monde. Dois-je me censurer pour ne pas heurter ses convictions ? Ca relève du même principe.
- InvitéInvité
En ce qui me concerne, par rapport à ce que je disais plus haut, il n'y a lieu de crier au loup ne dans un cas ni dans l'autre... Maintenant, peut-être qu'effectivement mes 3e auraient été plus intéressés sous cette forme ! Le problème, c'est que (j'irai vérifier quand même dans le-dit manuel), le manuel où j'ai trouvé le texte ne laissait pas apparaître une coupure. Alors, manque de culture peut-être, je ne me suis pas "méfiée" au sujet de l'existence d'une version intégrale. Faudrait-il ne prendre ses textes dans les oeuvres complètes en les extrayant soi-même, ou vérifier à chaque fois le texte intégral. Je l'avoue, je n'ai pas chez moi un bibliothèque idéale !
Par contre, Dinaaa, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur le manque d'intérêt pour les Poilus : curieusement, ça les intéresse beaucoup la 1ère GM.
Par contre, Dinaaa, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi sur le manque d'intérêt pour les Poilus : curieusement, ça les intéresse beaucoup la 1ère GM.
- AmaliahEmpereur
Je retombe par hasard sur cette discussion alors que je viens de faire pour la deuxième fois ce poème en 3° sans aucun problème Je m'étonne toujours d'ailleurs que certains s'auto-censurent pour une allusion sexuelle. L'étude en classe de ce poème a été très intéressante. J'ai une question sur le vers ci-dessous:
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Comment expliqueriez-vous la comparaison?
Volonté d'esthétiser la guerre?
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Comment expliqueriez-vous la comparaison?
Volonté d'esthétiser la guerre?
- User5899Demi-dieu
C'est le corps qui est écarté ? Ou l'amant ? Vu le contexte, c'est très ambigu, et Apollinaire me semble s'amuser.
Sinon, une règle : où l'on assume un texte dans sa totalité, soit on en prend un autre.On ne coupe pas. Un texte, c'est un tout. Surtout un texte court.
Sinon, une règle : où l'on assume un texte dans sa totalité, soit on en prend un autre.On ne coupe pas. Un texte, c'est un tout. Surtout un texte court.
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