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- User5899Demi-dieu
C'est le corps qui est écarté ? Ou l'amant ? Vu le contexte, c'est très ambigu, et Apollinaire me semble s'amuser.
Sinon, une règle : où l'on assume un texte dans sa totalité, soit on en prend un autre.On ne coupe pas. Un texte, c'est un tout. Surtout un texte court.
Sinon, une règle : où l'on assume un texte dans sa totalité, soit on en prend un autre.On ne coupe pas. Un texte, c'est un tout. Surtout un texte court.
- RobinFidèle du forum
"Pour mémoire, voici le poème :
Si je mourais là-bas..
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur"
"Un bel obus semblable aux mimosas en fleur" : Apollinaire compare l'éclatement de l'obus, le soulèvement de la terre et la gerbe de feu à des fleurs de mimosas ; il y a une métaphore "in absentia" (deuxième comparant implicite), les fleurs de mimosas (jaune poussin) étant implicitement comparés à des étoiles. Je pense aussi qu'il s'agit d'une esthétisation de la guerre ou plutôt de la mort.
Si je mourais là-bas..
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur"
"Un bel obus semblable aux mimosas en fleur" : Apollinaire compare l'éclatement de l'obus, le soulèvement de la terre et la gerbe de feu à des fleurs de mimosas ; il y a une métaphore "in absentia" (deuxième comparant implicite), les fleurs de mimosas (jaune poussin) étant implicitement comparés à des étoiles. Je pense aussi qu'il s'agit d'une esthétisation de la guerre ou plutôt de la mort.
- User5899Demi-dieu
Je repose ma questionCripure a écrit:C'est le corps qui est écarté ? Ou l'amant ? Vu le contexte, c'est très ambigu.
- dandelionVénérable
L'obus éclatant sur le front de l'armée, Lou le pleurant un jour, je trouve l'ensemble assez sarcastique. Me trompé-je?Robin a écrit:"Pour mémoire, voici le poème :
Si je mourais là-bas..
Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur"
"Un bel obus semblable aux mimosas en fleur" : Apollinaire compare l'éclatement de l'obus, le soulèvement de la terre et la gerbe de feu à des fleurs de mimosas ; il y a une métaphore "in absentia" (deuxième comparant implicite), les fleurs de mimosas (jaune poussin) étant implicitement comparés à des étoiles. Je pense aussi qu'il s'agit d'une esthétisation de la guerre ou plutôt de la mort.
- AmaliahEmpereur
Apollinaire a-t-il conscience que cet amour est voué à être éphémère?
- dandelionVénérable
J'avais lu une lettre de Lou sur un autre post, et cela ne correspondait guère à un éloge de la fidélité en tout cas. J'avoue que je comprends que grâce au souvenir d'Apollinaire les sensations de Lou seraient aiguisées (l'amant serait plus fort dans son corps écarté). Il lui souhaite de continuer à profiter de la vie après lui non?Amaliah a écrit:Apollinaire a-t-il conscience que cet amour est voué à être éphémère?
- IphigénieProphète
- User5899Demi-dieu
Mais c'est dingue, ça
Donc, tous, dans un texte non ponctué, vous lisez "corps écarté", et vous n'admettez pas qu'on puisse lire "l'amant plus fort dans ton corps, écarté", mis à l'écart, sans contact en un mot ? Il n'y a que la version potentiellement égrillarde qui vous semble valide ? Le corps de l'amant est pourtant évoqué éparpillé par l'obus, disparu suite à sa mort. Personne ne me répond, c'est quand même loin d'être évident, vos interprétations à base de "c'est peut-être"
Donc, tous, dans un texte non ponctué, vous lisez "corps écarté", et vous n'admettez pas qu'on puisse lire "l'amant plus fort dans ton corps, écarté", mis à l'écart, sans contact en un mot ? Il n'y a que la version potentiellement égrillarde qui vous semble valide ? Le corps de l'amant est pourtant évoqué éparpillé par l'obus, disparu suite à sa mort. Personne ne me répond, c'est quand même loin d'être évident, vos interprétations à base de "c'est peut-être"
- dandelionVénérable
En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
- IphigénieProphète
Mais si Cripure, vous avez absolument raison, surtout que ça s'inscrit bien dans la continuité de la strophe et le sens général du poème: il joue évidemment sur l'ambiguïté que cela crée, "dans ton corps/écarté.
cela reprend d'ailleurs le vers:
"Souvenir oublié vivant dans toutes choses"
cela reprend d'ailleurs le vers:
"Souvenir oublié vivant dans toutes choses"
- DinaaaExpert spécialisé
Eh bien, Cripure, en l'absence de ponctuation, je comprends "écarté" comme une épithète liée, Apollinaire imaginant un deuil fort bref (tu pleurerais un jour) et souhaitant à Lou de retrouver les joies de l'amour : son corps éclaté doit être source de vie régénérant le monde et redonnant l'amour de la vie à sa bien-aimée (je n'ai plus le texte sous les yeux, je me passe donc de citations !)
Je précise puisque ce post est un peu ancien que j'ai étudié ce texte avec mes 3e il y a peu (merci Terre des Lettres 3e !), première lecture de découverte faite à haute voix par moi-même, frémissement dans la salle, regards incrédules de mes gentilles cocottes un peu prudes, fards de leurs congénères masculins, et quelques gênes lorsque je leur demande leurs impressions... mais finalement, j'ai eu l'impression de partager avec eux un beau morceau de littérature, et je ne le regrette absolument pas.
Je dirais même que je suis contente (fière ?) de leur avoir parlé d'amour avec d'autres mots que ceux de la SVT ou de l'infirmière scolaire ("alors, aujourd'hui, on apprend à enfiler un préservatif sur une banane. Qui veut essayer ?")
Je précise puisque ce post est un peu ancien que j'ai étudié ce texte avec mes 3e il y a peu (merci Terre des Lettres 3e !), première lecture de découverte faite à haute voix par moi-même, frémissement dans la salle, regards incrédules de mes gentilles cocottes un peu prudes, fards de leurs congénères masculins, et quelques gênes lorsque je leur demande leurs impressions... mais finalement, j'ai eu l'impression de partager avec eux un beau morceau de littérature, et je ne le regrette absolument pas.
Je dirais même que je suis contente (fière ?) de leur avoir parlé d'amour avec d'autres mots que ceux de la SVT ou de l'infirmière scolaire ("alors, aujourd'hui, on apprend à enfiler un préservatif sur une banane. Qui veut essayer ?")
- AmaliahEmpereur
En effet Cripure, l'ambiguïté sur "écarté" rejoint l'idée de démembrement du corps de l'amant présente dans tout le texte.
Dinaaa, merci d'avoir précisé que le texte était dans le TDL! Quelle honte! C'est mon manuel et je ne l'avais pas, absorbée que j'étais dans mon GT Apollinaire... L'année prochaine, je m'éviterai une photocopie.
D'accord avec toi, impression moi aussi d'avoir partagé un beau moment sur un beau texte.
Dinaaa, merci d'avoir précisé que le texte était dans le TDL! Quelle honte! C'est mon manuel et je ne l'avais pas, absorbée que j'étais dans mon GT Apollinaire... L'année prochaine, je m'éviterai une photocopie.
D'accord avec toi, impression moi aussi d'avoir partagé un beau moment sur un beau texte.
- IphigénieProphète
Le définir strictement comme épithète liée, c'est enlever au vers un peu de sa force et de son étrangeté
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie...
Apollinaire a bien écrit "écarté":ce serait plutôt impropre comme épithète de corps et pas "écartelé"(sauf à comprendre "écarté" géographiquement ce qui est aussi possible, il l'a placé de telle sorte qu'il puisse être apposé à /ou attribut de /"amant", épithète de "corps" ou apposé à "je"
(mais avec ces termes grammaticaux, on va glisser vers une autre débat...)
Un amour inouï descendrait sur le monde
L'amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie...
Apollinaire a bien écrit "écarté":ce serait plutôt impropre comme épithète de corps et pas "écartelé"(sauf à comprendre "écarté" géographiquement ce qui est aussi possible, il l'a placé de telle sorte qu'il puisse être apposé à /ou attribut de /"amant", épithète de "corps" ou apposé à "je"
(mais avec ces termes grammaticaux, on va glisser vers une autre débat...)
- doubledeckerSage
je me permets une remarque comme ça en passant bien que n'étant pas prof de lettre.
Je suis entièrement d'accord avec Abraxas quant au fait de choisir un autre texte plutôt que d'en tronquer un mais ce n'est pas là mon propos.
Je suis en réalité bien plus abasourdie par le fait qu'une ou deux remarques sur le corps de l'être aimé fasse couler plus d'encre et interroge plus que par le fait de faire travailler des mômes sur la boucherie de 14-18. Qu'on ne se méprenne pas, je ne vis pas dans le monde des bisounours où il faudrait détourner le regard de toute violence mais c'est plus cet aspect qui moi me mettrait mal à l'aise plutôt que la référence aux seins rougis.
Je suis entièrement d'accord avec Abraxas quant au fait de choisir un autre texte plutôt que d'en tronquer un mais ce n'est pas là mon propos.
Je suis en réalité bien plus abasourdie par le fait qu'une ou deux remarques sur le corps de l'être aimé fasse couler plus d'encre et interroge plus que par le fait de faire travailler des mômes sur la boucherie de 14-18. Qu'on ne se méprenne pas, je ne vis pas dans le monde des bisounours où il faudrait détourner le regard de toute violence mais c'est plus cet aspect qui moi me mettrait mal à l'aise plutôt que la référence aux seins rougis.
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If you're not failing every now and again it's a sign you're not doing anything very innovative (Woody Allen)
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- IphigénieProphète
Sauf que ce n'est pas un poème engagé sur la guerre, c'est une explosion d'amour, mêlé à l'approche de la mort possible: eros et thanatos, tout ça....D'où , on est bien d'accord, un choix peut-être prématuré pour des collégiens ?...
Tiens ça me rappelle un truc: quand on nous a présenté solennellement (déplacement d'une IPR, réunion de tous les profs du district) les nouveaux programmes Viala, de digne mémoire...on nous avait présenté cette grande innovation: le sujet d'invention
L'exemple donné était: "A la manière des lettres à Lou d'Apollinaire, écrivez à votre tour une lettre d'Apollinaire racontant sa vie pendant la guerre de 14".
Mauvais esprit j'avais demandé: "et vous espérez que les élèves vont vraiment écrire comme Apollinaire?"
Devant l'embarras de l'IPR, un collègue avait ajouté: "Oui, il vaudrait mieux formuler ainsi: Vous êtes un copain de chambrée d'Apollinaire....." :lol: :lol: :lol: Rigolade générale....
Ces profs, quels conservateurs rétrogrades.....Pfffff
Tiens ça me rappelle un truc: quand on nous a présenté solennellement (déplacement d'une IPR, réunion de tous les profs du district) les nouveaux programmes Viala, de digne mémoire...on nous avait présenté cette grande innovation: le sujet d'invention
L'exemple donné était: "A la manière des lettres à Lou d'Apollinaire, écrivez à votre tour une lettre d'Apollinaire racontant sa vie pendant la guerre de 14".
Mauvais esprit j'avais demandé: "et vous espérez que les élèves vont vraiment écrire comme Apollinaire?"
Devant l'embarras de l'IPR, un collègue avait ajouté: "Oui, il vaudrait mieux formuler ainsi: Vous êtes un copain de chambrée d'Apollinaire....." :lol: :lol: :lol: Rigolade générale....
Ces profs, quels conservateurs rétrogrades.....Pfffff
- LefterisEsprit sacré
Oui, joueur il est ...dandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
Et il n'oublie jamais la bagatelle, de l'allusion voilée à la paillardise. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un jour que dans l'innocent bestiaire même il pouvait y du double sens , dans "Le lapin".
Non je n'étudierais pas ce poème avec mes boloss , ça serait irrécupérable, ne voulant ni couper, ni écarter
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- RobinFidèle du forum
@ cripure
"L'amant serait plus fort dans ton corps écarté"
On peut effectivement comprendre plusieurs choses :
1) Je serais (condtionnel) plus fort (en tant que soldat) en écartant le souvenir de ton corps, en ne pensant plus à ton corps. Idée d'une antinomie entre Mars (la guerre) et Vénus (l'amour) : l'amour "amollit", dévirilise !
2) Celui qui me remplacera auprès de toi (qui me remplace peut-être déjà !) après ma mort serait plus fort (plus puissant sexuellement), avec une idée très étrange de sacrifice régénérateur où on retrouve quelque chose du culte de Mithra et quelque chose du christianisme (syncrétisme d'Apollinaire) avec le symbolisme du sang.
Assez "décodé" ?
"L'amant serait plus fort dans ton corps écarté"
On peut effectivement comprendre plusieurs choses :
1) Je serais (condtionnel) plus fort (en tant que soldat) en écartant le souvenir de ton corps, en ne pensant plus à ton corps. Idée d'une antinomie entre Mars (la guerre) et Vénus (l'amour) : l'amour "amollit", dévirilise !
2) Celui qui me remplacera auprès de toi (qui me remplace peut-être déjà !) après ma mort serait plus fort (plus puissant sexuellement), avec une idée très étrange de sacrifice régénérateur où on retrouve quelque chose du culte de Mithra et quelque chose du christianisme (syncrétisme d'Apollinaire) avec le symbolisme du sang.
Assez "décodé" ?
- dandelionVénérable
Peut-être un peu trop décodé Robin ? Sang/sperme, eros/thanatos, j'y avais pensé aussi mais je n'avais pas osé sachant combien les membres du forum sont prudes Quand même, ça me semble davantage un texte de lycée à moins d'avoir des élèves particulièrement calmes... Sinon, l'absence de ponctuation aménerait de toute façon à discuter des pauses respiratoires, et donc des changements de sens induits non? En tout cas merci pour ce beau texte (et le teasing réussi ).
- *Lady of Shalott*Fidèle du forum
Lefteris a écrit:Oui, joueur il est ...dandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
Et il n'oublie jamais la bagatelle, de l'allusion voilée à la paillardise. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un jour que dans l'innocent bestiaire même il pouvait y du double sens , dans "Le lapin".
Non je n'étudierais pas ce poème avec mes boloss , ça serait irrécupérable, ne voulant ni couper, ni écarter
Il faut dire que le mot connin se prête admirablement bien, et traditionnellement de surcroît, au double sens :lol:
Je suis d'accord avec Lefteris : je n'étudierais pas un si beau poème avec des élèves, à moins d'en avoir de très bons et très sensibles. Sinon, c'est du gâchis. Il ne faut pas trop étudier en classe les poèmes qu'on aime vraiment, d'ailleurs !
_________________
"Est-ce que les professeurs vont dans un au-delà spécial quand ils meurent ? fit Cohen. - Je ne crois pas", répondit tristement monsieur Cervelas. Il se demanda un instant s'il existait réellement dans les cieux une grande Heure de Libre. Ça paraissait peu probable. Il y aurait sûrement des corrections à se taper. (T. Pratchett, Les Tribulations d'un mage en Aurient)
- LefterisEsprit sacré
Ouais .. et si l'on joue sur le sens de ce mot , tous les autres suivent . Bon, c'est pas pour se lancer dans une explication de texte en ligne, qui pourrait inspirer des élèves malicieux rôdant sur ce site. Simple exemple pour dire qu'avec Apollinaire , il faut s'y attendre , que la manière soit explicite ou non .*Lady of Shalott* a écrit:Lefteris a écrit:Oui, joueur il est ...dandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
Et il n'oublie jamais la bagatelle, de l'allusion voilée à la paillardise. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir un jour que dans l'innocent bestiaire même il pouvait y du double sens , dans "Le lapin".
Non je n'étudierais pas ce poème avec mes boloss , ça serait irrécupérable, ne voulant ni couper, ni écarter
Il faut dire que le mot connin se prête admirablement bien, et traditionnellement de surcroît, au double sens :lol:
Je suis d'accord avec Lefteris : je n'étudierais pas un si beau poème avec des élèves, à moins d'en avoir de très bons et très sensibles. Sinon, c'est du gâchis. Il ne faut pas trop étudier en classe les poèmes qu'on aime vraiment, d'ailleurs !
Quant au choix des poèmes , je ne l'établis pas en fonction de leur beauté réelle ou supposée, mais du calme dans la classe ! Un sous-entendu , et c'est fichu ... Il y a des mots qu'il ne faut même pas prononcer.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- User5899Demi-dieu
Mais Apollinaire ne ponctue pas ses vers, bien souvent, donc l'argument ne peut tenir, puisqu'il n'y a de virgules nulle part.Dinaaa a écrit:Eh bien, Cripure, en l'absence de ponctuation, je comprends "écarté" comme une épithète liée
- User5899Demi-dieu
Un texte littéraire n'est pas un prétexte à parler de, c'est un objet en lui-même, à lire en lui-même. Dans un texte littéraire sur 14/18, la boucherie n'est pas extérieure, au texte : si ce dernier la met en scène, elle est dans les mots, dans les tournures. Les seins sont rougis tout autant sinon plus de sang que d'excitation cette dernière les gonflant et les durcissant plutôt, l'amant est écarté du corps de son amante, plus que ce dernier s'écarte sous le fouet du plaisir (quelle image grotesque, d'ailleurs ! dans un contexte érotique). Un texte n'est pas prétexte. La boucherie, c'est le réel, un texte n'est jamais le réel.doubledecker a écrit:je me permets une remarque comme ça en passant bien que n'étant pas prof de lettre.
Je suis entièrement d'accord avec Abraxas quant au fait de choisir un autre texte plutôt que d'en tronquer un mais ce n'est pas là mon propos.
Je suis en réalité bien plus abasourdie par le fait qu'une ou deux remarques sur le corps de l'être aimé fasse couler plus d'encre et interroge plus que par le fait de faire travailler des mômes sur la boucherie de 14-18. Qu'on ne se méprenne pas, je ne vis pas dans le monde des bisounours où il faudrait détourner le regard de toute violence mais c'est plus cet aspect qui moi me mettrait mal à l'aise plutôt que la référence aux seins rougis.
- User5899Demi-dieu
M'enfin, il n'y a jamais de virgules chez Apollinaire ! C'est un des premiers poètes à ne pas ponctuer !dandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
- dandelionVénérable
Lisez plus loin (mais je sais qu'il n'y a pas de virgules! C'est là tout le sel.)Cripure a écrit:M'enfin, il n'y a jamais de virgules chez Apollinaire ! C'est un des premiers poètes à ne pas ponctuer !dandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non? Cela dit, pour avoir lu plus haut que l'interprétation du texte pouvait 'écarter' le sexuel, je dois avoir l'esprit mal tourné, mais ça me semble sportif
Tout ça me fait penser que j'ai appris une version expurgée de la lune de Musset à l'école primaire.
- User5899Demi-dieu
Le but du jeu d'une étude de texte n'est pas de répondre à la question "Qu'a envisagé Apollinaire ?", mais "Qu'est-ce que les mots d'Apollinaire, qui sont notre seule certitude, peuvent me faire comprendre ?". Nous sommes des littéraires, pas des psysdandelion a écrit:En même temps y'a pas de virgule. Mais Apollinaire étant joueur, il a sans doute envisagé les deux non?
- User5899Demi-dieu
Pardon, mais je n'ai pas une très très grande estime pour Pommier, pas tant à cause de ses travaux que pour sa guéguerre lamentable avec quelqu'un qui comprenait les textes mieux que lui selon moi. Et ici, je ne vois aucun décodage. La disjonction poétique n'est pas propre aux Latins et c'est un travail de lecture dont je parle ici.Robin a écrit:@ cripure
"L'amant serait plus fort dans ton corps écarté"
On peut effectivement comprendre plusieurs choses :
1) Je serais plus fort (en tant que soldat) à écartant le souvenir de ton corps, en ne pensant plus à ton corps. Idée d'une antinomie entre Mars (la guerre) et Vénus (l'amour) : l'amour "amollit", dévirilise !
2) Celui qui me remplacera auprès de toi (qui me remplace peut-être déjà !) après ma mort sera plus fort (plus puissant sexuellement), avec une idée très étrange de sacrifice régénérateur où on retrouve quelque chose du culte de Mithra et quelque chose du christianisme (syncrétisme d'Apollinaire) avec le symbolisme du sang.
Assez "décodé" ?
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