C'est le niveau qui baisse ou bien c'est moi qui saque?

Oui, je suis d'accord et ne me gêne pas pour leur dire. Quand j'en entend me dire dès maintenant "De toutes façons, je n'aurais pas mon bac" (ou BTS, au choix),je lui réponds qu'en partant comme ça, bien sûr, il ne l'aura pas. Et comment avoir envie de se décarcasser pour obtenir un diplome qu'on sait déjà perdu d'avance? Il faut y croire un minimum. Mais même si eux n'y croient pas... Bref, ça m'affole de les voir si défaitiste, baissant les bras si facilement.

Assez d'accord avec vous. Je leur dis la même chose que toi, Dark.

Et ça marche pour toi? Tu arrives à les convaincre?

Non, j'ai un de mes élèves qui me dit que ça serve à rien que je lui explique puisque de toute façon, il est trop nul / il n'aime pas la matière / ça ne sert à rien (au choix ou les 3 selon les jours ). Je n'arrive pas à le faire progresser. Il ne cherche même pas les réponses, il attend que je l'aide.
Je pense qu'il n'y a pas de solution miracle malheureusement. Je peux aider un élève qui n'a pas confiance en lui mais qui essaie de faire de choses, mais là je suis un peu désemparée... Je ne peux pas bosser à leur place non plus.
(Ceci dit, le père qui promet une école de théâtre pour devenir acteur si ça ne marche pas à l'école, ne m'aide pas franchement. )

(Ceci dit, le père qui promet une école de théâtre pour devenir acteur si ça ne marche pas à l'école, ne m'aide pas franchement. )

Non mais je rêve!!!!!!!

Spinoza1670 a écrit:

albertine02 a écrit:

cath5660 a écrit:Trêve de plaisanterie, c'est catastrophique...

Tant qu'on ne m'aura pas démontré que génétiquement, les jeunes d'aujourd'hui sont moins capables que ceux d'hier, j'affirmerai que cette baisse constante de niveau est due à la politique pédagogique mise en place ces dernières années.
La baisse des exigences des uns entraine la baisse des efforts des autres.

Je suis d'accord.

Cela dit, j'ai appris qu'à taux constant d'illettrés dans notre pays (on stagne autour de 10% en moyenne depuis des années), le niveau des plus faibles est bien plus faible qu'il ne l'était il y a 50 ans ou 30 ans par exemple.
Et ces plus faibles fréquentent tous le collège unique, voire pour certains parviennent à décrocher le passeport pour le lycée.Avec leur LPC et leur DNB.

Albertine, si tu pouvais mettre un lien vers l'article en question,

aie, zut....je ne le peux pas, car cette donnée sur la baisse du niveau, je la tiens d'un collègue qui animait un stage passionnant sur la didactique de l'orthographe....et évidemment, savoir ce que j'ai fait de mes notes....vaste problème;

pour l'illettrisme en revanche, les chiffres sont un peu partout....notamment les ouvrages de Bentolila et les parutions diverses sur la remédiation à l'illettrisme.

Dommage !

Qq articles de Michel Delord présentés dans ce lien sur cette question :
il a étudié le rapport sur la comparaison entre 9000 copies du certif 1920 retrouvées dans la somme et leur équivalent en 1995. Cette comparaison avait justement pour but de montrer que le niveau ne baissait pas. MD critique les conclusions du rapport.
http://ecolereferences.blogspot.com/2011/11/alors-le-niveau-il-baisse-ou-il-monte.html
Ces 9000 copies existent sûrement toujours. Il doit être possible de proposer, en faisant un petit effort de méthodologie et de proposer aujourd'hui un nouvel examen pour faire la comparaison par rapport à 1920 et 1995.

Discussion sur Neoprofs :
https://www.neoprofs.org/t44577-le-niveau-baisse-t-il? (50 pages)
https://www.neoprofs.org/t44737-le-niveau-baisse-t-il? (suite 12 pages)

cath5660 a écrit:Exactement.
Rien n'est important parce que depuis des années tout leur est donné.

Quand je dis à mes élèves que maintenant, il va falloir bosser, ils me ricanent gentiment aux nez en me disant "Celle-là, ça fait des années qu'on nous la sort, or je ne fais rien et regardez, je suis là! Et j'ai eu mon brevet, mon bep, et j'aurai mon bac!".

Le vrai problème est là. Les gamins sont comme nous, les belles paroles ne leur font aucun effet. Ce qui compte ce sont les actes. Et ce qu'ils voient tous les jours c'est :
1) Des plus grands qui n'ont strictement rien foutu de toute leur scolarité et qui sont pourtant passés chaque année à l'ancienneté et qui ont même eu le bac à la fin.
2) Des plus grand toujours qui, après des années d'un labeur acharné, ont décroché un Bac+5 et qui végètent dans des petits boulots précaires et sous-payés.
Alors nos beaux discours d'enseignants sur l'effort et sa récompense ...

neomath a écrit:
Le vrai problème est là. Les gamins sont comme nous, les belles paroles ne leur font aucun effet. Ce qui compte ce sont les actes. Et ce qu'ils voient tous les jours c'est :
1) Des plus grands qui n'ont strictement rien foutu de toute leur scolarité et qui sont pourtant passés chaque année à l'ancienneté et qui ont même eu le bac à la fin.
2) Des plus grand toujours qui, après des années d'un labeur acharné, ont décroché un Bac+5 et qui végètent dans des petits boulots précaires et sous-payés.
Alors nos beaux discours d'enseignants sur l'effort et sa récompense ...

Oui !
Et quant à des cours de morale laïque, ce serait une fumisterie de plus !
Encore une idée de dames patronnesses...
La morale ça se montre par des actes alors que l"école actuelle n'arrête pas de mentir aux élèves.

« Devons-nous en conclure qu’une école digne de ce nom ne peut rien faire pour favoriser le comportement moral ? Bien sûr qu’elle le peut : en étant une école bien dirigée au plein sens du terme. On doit voir qu’on y croit à la morale et la vie scolaire est pleine de situations dans lesquelles des actions décentes, généreuses et même nobles peuvent avoir lieu et être connues de tous de façon qu’on sente que ce sont les bonnes choses à faire. La morale ce ne sont pas des parlotes mais des actions.
Une des grandes sources de non-sens est alors d’essayer d’enseigner les vertus verbalement. »

La notion d'effort, pour mes élèves en tout cas, je me la représente comme le geste d'ouvrir un robinet: ça doit couler tout seul. Tout de suite. Sans forcer.

Sinon, c'est, après un bref coup d’œil sur la feuille: "J'sais pas faire."

cath5660 a écrit:La notion d'effort, pour mes élèves en tout cas, je me la représente comme le geste d'ouvrir un robinet: ça doit couler tout seul. Tout de suite. Sans forcer.

Sinon, c'est, après un bref coup d’œil sur la feuille: "J'sais pas faire."

+1, pour les miens aussi.
Ce n'est pas qu'ils sont plus bêtes, c'est juste qu'ils ne savent plus ce que signifie "faire des efforts" et surtout, qu'ils n'en voient plus l’intérêt puisqu'on leur donne tout. Passer du temps sur quelque chose ne veut rien dire pour eux. Et on ne les y encourage plus. Ils se réfugient derrière un "l'an dernier, j'ai rien compris, ce n'est pas cette année que je vais comprendre", "de toute façon, c'est dur, je n'y arriverai pas", "le français, c'est compliqué, c'est normal de ne rien y comprendre".

C'est tout à fait vrai tout ça. Face à tous ces constats (les ainés y arrivent sans avoir du faire trop d'efforts etc.." nous sommes démunis. Et effectivement, l'image du robinet qui permet à l'eau de s'écouler toute seule sans effort est tellement vraie!!!

darkcoffee a écrit:C'est tout à fait vrai tout ça. Face à tous ces constats (les ainés y arrivent sans avoir du faire trop d'efforts etc.." nous sommes démunis. Et effectivement, l'image du robinet qui permet à l'eau de s'écouler toute seule sans effort est tellement vraie!!!

et quand un, ou deux, voire trois élèves diffèrent, font des efforts, cherchent, questionnent, etc, on leur baiserait presque les pieds....alors que somme toute, leur attitude est normale.

Oui. Effectivement. L'autre jour, j'ai félicité les premières sur le fait qu'aucune question de leur premier DS n'était restée sans réponse et que, même s'ils ne savaient pas ou plus, au moins, ils avaient essayé. On en est là.

voire on surnote ces élèves-là......

Oui. Ou bien on s'extasie sur un 9,6 de moyenne à ce premier DS alors qu'il y a quelques années, on aurait eu un 12 de moyenne. Même eux m'ont dit "Oui mais madame, 9,6 c'est pas fantastique". Ben non, ils ont raison, ça n'est pas fantastique mais bon, vu ce que j'ai mis ces derniers jours aux terminales et BTS c'était déjà pas mal voire bien.

darkcoffee a écrit:Oui. Effectivement. L'autre jour, j'ai félicité les premières sur le fait qu'aucune question de leur premier DS n'était restée sans réponse et que, même s'ils ne savaient pas ou plus, au moins, ils avaient essayé. On en est là.

cette année, une élève en LP était outrée de son 7 car, je cite, "j'ai répondu à toutes les questions"

Du même tonneau, un élève s'indignait bruyamment de sa mauvaise note , car contrairement à beaucoup de ses camarades, il n'était pas hors sujet: j'avais mis cette note "uniquement à cause des fautes!" (!!!)

"
-Msieur, chcomprends pa pourkwa jé zéro à la kestion, cé écri dan le cours ske j'ai mis.

-Oui, mais ça n'a rien à voir avec la question.

-Bah, mé c'est juste kan même, c'est pas normal ke j'ai zhéro

"

Pffffffffffffffffffff...... Gros moment de solitude, je corrige des tâches finales depuis deux heures, et je vais de déception en déception... y'a pas une copie potable pour rattraper toutes les autres catastrophiques, ils n'en fichent pas une, je suis sûre qu'ils ont ouvert leur cahier pour "relire le cours" pendant vingt minutes, au mieux, quand la séquence a duré quatre semaines !!! Même des filles sérieuses, qui en cours, participent, ont les réponses, me rendent un travail soigné, propre, agréable à lire... ben quand je lis leur travail, justement, j'ai envie de me pendre... !!!! Je compte les notes au dessus le la moyenne, c'est juste déprimant, j'ai envie de tout brûler...! ou de tout jeter par la fenêtre et de leur dire que vraiment, c'était le mieux pour eux...

caperucita a écrit:Pffffffffffffffffffff...... Gros moment de solitude, je corrige des tâches finales depuis deux heures, et je vais de déception en déception...

Courage
C’est la tâââche finale
Groupons-nous et demain
L’Internationaaaale
Sera le genre humain

caperucita a écrit:Pffffffffffffffffffff...... Gros moment de solitude, je corrige des tâches finales depuis deux heures, et je vais de déception en déception...

Ce sont donc des taches finales

Ecoutez, en 1re L, j'en suis à n'avoir toujours pas commencé les travaux type bac. Je leur ai donné trois devoirs avec pour seul travail de rédiger complètement ce que nous avons vu de façon forcément "éclatée" en classe, et qu'ils ont pris en notes. J'ai toujours un 14-16 selon les devoirs, un élève qui a manifestement des bases, et puis ça tombe à 6, en étant gentil. J'ai toujours noté sec, mais là, je laisse de côté toute exigence, sinon, je passe du 16 à 1/20 pour tous les autres. Je ne vois pas comment, à part rendre copie blanche, on pourrait encore faire plus N U L

C'est vraiment déprimant, et puis c'est un cercle vicieux, parce que quand on donne un devoir, et qu'on le ramasse, on se demande ce que vont contenir les copies, on en tremble d'avance, bref, pas envie de se mettre à les corriger, on traîne, on traîne, et quand finalement on s'y met, c'est pour avoir le résultat que l'on sait...

caperucita a écrit:C'est vraiment déprimant, et puis c'est un cercle vicieux, parce que quand on donne un devoir, et qu'on le ramasse, on se demande ce que vont contenir les copies, on en tremble d'avance, bref, pas envie de se mettre à les corriger, on traîne, on traîne, et quand finalement on s'y met, c'est pour avoir le résultat que l'on sait...

Je compatis.
Ils ne savent plus travailler, ce n'est plus possible autrement.
Mes 6e, je dois leur donner une liste précise de ce qu'ils doivent apprendre dans leurs cours de grammaire ou de conjugaison, parce que sinon, ils ne savent pas quoi retenir (c'est pas comme si c'était en rouge ou en fluo ou que c'était évident, surtout pour la conjugaison). Et depuis cette année, je leur fais répéter le cours précédent en début d'heure, parce que sinon, ils ne retiennent rien...
Et bien sûr, c'est encore à nous de trouver LA solution, puisqu'on est des gros méchants qui mettons des notes sanctions (et en plus, on donne du boulot...).

Hermiony a écrit:

caperucita a écrit:C'est vraiment déprimant, et puis c'est un cercle vicieux, parce que quand on donne un devoir, et qu'on le ramasse, on se demande ce que vont contenir les copies, on en tremble d'avance, bref, pas envie de se mettre à les corriger, on traîne, on traîne, et quand finalement on s'y met, c'est pour avoir le résultat que l'on sait...

Je compatis.
Ils ne savent plus travailler, ce n'est plus possible autrement.
Mes 6e, je dois leur donner une liste précise de ce qu'ils doivent apprendre dans leurs cours de grammaire ou de conjugaison, parce que sinon, ils ne savent pas quoi retenir (c'est pas comme si c'était en rouge ou en fluo ou que c'était évident, surtout pour la conjugaison). Et depuis cette année, je leur fais répéter le cours précédent en début d'heure, parce que sinon, ils ne retiennent rien...
Et bien sûr, c'est encore à nous de trouver LA solution, puisqu'on est des gros méchants qui mettons des notes sanctions (et en plus, on donne du boulot...).

C'est pareil pour mes secondes.

Vous m'inquiétez sérieusement... Mon fils est en 6e, il a fait un CM2 tout à fait correct, mais là il a pour le moment un 13 de moyenne générale, avec un 11 en math, 9 en hist-géo et en SVT...
Ca voudrait dire qu'il est archi-nul puisque d'après vous il est surnoté?
Perso, je trouve qu'on lui en demande pas mal en 6e et qu'on ne lui donne pas forcément les clés pour mieux s'en sortir. Je trouve certaines attentes peu claires. Je suis très occupée et ne peux le suivre d'aussi près que je le souhaiterais, mais il n'est pas lâché dans la nature pour autant.
A part m'inquiéter et le harceler pour qu'il travaille plus, que puis-je faire?
Moi qui imaginais un 16 de moyenne générale facilement acquis en 6e avec tous ces discours sur le niveau qui baisse... je me prends une claque dans la figure! J'avais justement le souvenir qu'il y a 25 ans la 6e c'était super simple, un approfondissement du CM2!