- OudemiaBon génie
Et tu peux avoir conscience d'avoir agi au mieux, qui sait ce qui se serait passé sinon ?V.Marchais a écrit:J'avais promis de vous tenir au courant, mais cette période, je ne l'ai pas vue passer. J'ai l'impression que, tout de suite après les vacances de Toussaint, ça a été le rush des dernières copies à boucler avant les conseils, les conseils, les réunions pp...
Enfin bref, les voilà enfin, les nouvelles.
A. a donc été pris en charge très vite après mon signalement. Avant même les vacances, il a été orienté vers un CMPEA où il a entrepris un suivi. Après les vacances, il est revenu au collège pendant trois jours avant d'être réorienté en ITEP. Il n'est donc plus au collège. Tout cela a été très soudain et j'ai été... comment dire ? ... assez stupéfaite de la manière dont nous avons été traités. On nous avait promis une réunion, une synthèse, et en fait, du moment qu'A. a été pris en charge au CMPEA, on nous a brandi le secret médical. Je ne demandais pas à entamer ce secret, moi, mais juste à savoir si A. allait à peu près bien, si c'était sérieux, voire à obtenir quelques réponses à nos questions : alors, il faisait le con exprès ou pas ?
Eh bien mes collègues et moi allons pouvoir nous chamailler encore longtemps à ce sujet, car aujourd'hui qu'A. est parti, nous n'en espérons plus, de réponse. Je trouve ça un peu moche, la façon dont tout ça se passe. C'est tout de même nous qui avons signalé le problème, j'aurais bien aimé qu'on nous dise si nous avons eu raison de nous inquiéter.
Bon, manifestement, oui.
Il ne me reste plus qu'à espérer que, mieux accompagné, A. s'en sortira bien.
Ne pas avoir de nouvelles, c'est dur à avaler...
- LédisséEsprit sacré
Au moins, grâce à toi, il est maintenant pris en charge.
Mais en effet, vous traiter comme cela est bien méprisant.
Mais en effet, vous traiter comme cela est bien méprisant.
_________________
Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- GrypheMédiateur
Mais d'habitude, il faut des mois pour avoir une place en ITEP ? :shock:
Je suis d'accord avec toi, ne pas savoir, quand on s'est occupé pendant des mois d'un élève, c'est insupportable. On n'a pas besoin de savoir les détails, mais juste un peu, s'il va bien, s'il est suivi, trois fois rien mais juste que le fil ne soit pas tout à fait rompu.
Pour Coraline dont je me demande encore toujours des années après pourquoi elle a quitté mon collège du jour au lendemain au motif "secret défense".
Je suis d'accord avec toi, ne pas savoir, quand on s'est occupé pendant des mois d'un élève, c'est insupportable. On n'a pas besoin de savoir les détails, mais juste un peu, s'il va bien, s'il est suivi, trois fois rien mais juste que le fil ne soit pas tout à fait rompu.
Pour Coraline dont je me demande encore toujours des années après pourquoi elle a quitté mon collège du jour au lendemain au motif "secret défense".
_________________
Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- LédisséEsprit sacré
Gryphe
_________________
Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- GrypheMédiateur
Ben en tout cas on n'a jamais su... "Secret défense", c'est une façon de parler, j'ai plutôt imaginé un retour au bled pour se marier, en l’occurrence.V.Marchais a écrit:secret défense ? :shock:
En tout cas V. Marchais, tu as fait tout ce que tu pouvais pour ton petit élève, et grâce à toi il a pu être pris en charge rapidement, c'est bien que tu aies pu alerter tout le monde.
_________________
Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- AjupouetFidèle du forum
C'est vrai que s'il a été admis si vite en ITEP, il devait y avoir un trouble sérieux.
N'as tu pas le téléphone des parents?
Quand j'ai été obligée de déscolariser ma fille en urgence et que la prof d'espagnol a téléphoné pour prendre des nouvelles car cela durait, j'ai sincèrement apprécié, et je l'en remercie chaleureusement.
Demande leur des nouvelles si tu peux, et ils te diront ce qu'ils ont envie de te dire. Ni plus ni moins.
Enfin, je crois que c'est ce que je ferais.
Aju
N'as tu pas le téléphone des parents?
Quand j'ai été obligée de déscolariser ma fille en urgence et que la prof d'espagnol a téléphoné pour prendre des nouvelles car cela durait, j'ai sincèrement apprécié, et je l'en remercie chaleureusement.
Demande leur des nouvelles si tu peux, et ils te diront ce qu'ils ont envie de te dire. Ni plus ni moins.
Enfin, je crois que c'est ce que je ferais.
Aju
_________________
Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
www.sos-ecriture.com - Facebook
- ZorglubHabitué du forum
Dans une classe de BTS, j'ai eu un schizo diagnostiqué et suivi.
En dépit des neuroleptiques il partait en bad régulièrement.
C'était pas tous les jours facile, mais parfois drôle.
Quelque anecdotes :
- il reste scotché devant son PC sans rien faire. Je lui conseille de lire avec attention le document de TP. Il me répond qu'il ne peut en aucun cas faire le travail : "On demande de créer un fichier or seul dieu est autorisé à créer toute chose ...". J'ai créé le fichier, il a pu poursuivre le TP.
- il me demande avec le plus grand sérieux : "M'sieur est-ce qu'on peut tuer sa mère ?". Je reste un peu (!) perplexes "M'enfin heu comment ?", "Ben avec un couteau ou bien en l'étranglant par exple". Après quelques hésitations, je répond "On peut le faire, techniquement c'est possible. mais ça ne se doit pas. C'est même totalement interdit"
- il sort de sa prostration et questionne "M'sieur est-il vrai que M. T (un collègue de physique) est pédophile ?". Surpris je le questionne "M'enfin, pourquoi dites-vous ça ?". Sa réponse "Pour rien, chais pas, je me demandais juste." j'ai conclus par un laconique "Ah bon ! En fait non, il ne l'est pas."
Parfois, on fait un drôle de métier.
En dépit des neuroleptiques il partait en bad régulièrement.
C'était pas tous les jours facile, mais parfois drôle.
Quelque anecdotes :
- il reste scotché devant son PC sans rien faire. Je lui conseille de lire avec attention le document de TP. Il me répond qu'il ne peut en aucun cas faire le travail : "On demande de créer un fichier or seul dieu est autorisé à créer toute chose ...". J'ai créé le fichier, il a pu poursuivre le TP.
- il me demande avec le plus grand sérieux : "M'sieur est-ce qu'on peut tuer sa mère ?". Je reste un peu (!) perplexes "M'enfin heu comment ?", "Ben avec un couteau ou bien en l'étranglant par exple". Après quelques hésitations, je répond "On peut le faire, techniquement c'est possible. mais ça ne se doit pas. C'est même totalement interdit"
- il sort de sa prostration et questionne "M'sieur est-il vrai que M. T (un collègue de physique) est pédophile ?". Surpris je le questionne "M'enfin, pourquoi dites-vous ça ?". Sa réponse "Pour rien, chais pas, je me demandais juste." j'ai conclus par un laconique "Ah bon ! En fait non, il ne l'est pas."
Parfois, on fait un drôle de métier.
- Reine MargotDemi-dieu
une chose est sûre, s'il a été admis dans cette structure spécialisée, et si on vous dit "secret médical" c'est que problème médical il y a, et qu'il ne faisait sans doute pas totalement exprès. après il aurait été plus normal de vous informer et de vous donner quelques nouvelles, même sans détails...
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- NielNiveau 5
j'ai prévenu l'infirmière. J'ai pris RV avec les parents en demandant à l'adjoint de m'assister (c'est quand même hyper space ce que j'ai à leur expliquer).
oui tu as bien fait; avertir aussi le CPE et pourquoi pas faire un rapport écrit à ta hiérarchie pour que tu puisse acter de ce que tu as entrepris; l'an passé j'ai eu à gérer un élève diagnostiqué schizophrène en cours d'année et qui se baladait avec un couteau dans son cartable...je pense qu'il est urgent de signaler ce qui nous apparaît comme anormal à un moment donné car les choses peuvent évoluer très vite!
- PiliGrand sage
Je n'avais pas lu ce fil Véro, je le découvre seulement après la bataille ...mais effectivement, on pouvait espérer une autre fin...tous ces points d'interrogation qui perdurent autour de ce jeune garçon sont déstabilisants ...
La seule chose certaine, c'est que tu as géré de façon très professionnelle et que tu avais vu juste , quand on voit la rapidité de la prise en charge..
Alors félicitations a toi !
Et je te souhaite de retrouver A plus tard en meilleure forme ,
La seule chose certaine, c'est que tu as géré de façon très professionnelle et que tu avais vu juste , quand on voit la rapidité de la prise en charge..
Alors félicitations a toi !
Et je te souhaite de retrouver A plus tard en meilleure forme ,
- teach_meNiveau 2
Y a un psychologue scolaire dans chaque établissement, je crois. Un petit tour chez lui pourra permettre d'aider cet élève un peu spécial... en effet.
_________________
Un blog sur des citations sur l'école pas mal fait. La gestion de classe pour un prof, c'est essentiel.
- IlianaGrand sage
Il n'y a déjà pas d'infirmière à temps plein dans tous les établissements, loin de là, alors un psychologue scolaire...
_________________
Minuit passé déjà. Le feu s'est éteint et je sens le sommeil qui gagne du terrain.
Je vais m'endormir contre vous, respirer doucement, parce que je sais où nous allons désormais.
Fauve - Révérence
- V.MarchaisEmpereur
Merci Teach_me.
Pour résumer la suite du fil, le cas de cet enfant ne dépend plus de moi.
Pour résumer la suite du fil, le cas de cet enfant ne dépend plus de moi.
- V.MarchaisEmpereur
Bon, je ne savais pas où poster, "je râle" ne me semblait pas tout à fait adapté, alors finalement, je le fais ici. Ce n'est que la longue suite des cas psy hyper-lourds dans mon établissement cette année.
Je crois que je n'en avais pas parlé à l'époque - mais les collègues du coin en ont peut-être entendu parler : en septembre, une de nos élèves s'est suicidée. C'était très dur, très triste. Évidemment, cela nous a beaucoup choqués. Et là, ça recommence. Enfin, voilà le détail. Je sais que personne n'a de solution à la situation, mais j'en parle, c'est toujours ça.
J'ai en 4e, depuis janvier, une jeune fille arrivée chez nous suite à un conseil de disc, C. Elle est bardée de problèmes, fermée, très agressive. Surtout, dès qu'elle est arrivée, on nous a prévenus qu'il fallait être très vigilants avec elle, car elle a des tendances suicidaires : déjà plusieurs tentatives à son actif, elle est suivie par un pédopsy.
Les premières semaines ne se sont pas trop mal passées. C. est une élève frondeuse, mais on gérait, tous. Et depuis quelques semaines, c'est monté en puissance. Elle est de plus en plus agressive, insolente, refusant de travailler, essayant d'entraîner le reste de la classe. Dans le même temps, il ne se passe pas un jour sans que des collègues ne la voient se mettre en danger physiquement : elle s'est allongée en travers d'un boulevard très passant près du collège, créant une panique sur les voies ; le lendemain, elle a traversé un carrefour dangereux les yuex fermés. Avant-hier, Gilles l'a vue se pencher dangereusement au-dessus du périph, sur le pont.
Bien sûr, nous avons alerté la hiérarchie, le médecin scolaire, le psy de C., ses parents. Pluisuers fois. Mais la machine administrative est longue à réagir. On ne sait pas ce qui se fait, désormais, mais en attendant, il faut continuer de gérer C. Et c'est pire de jour en jour. Elle pousse chaque jour le bouchon plus loin, et nous pensons que c'est une stratégie pour obtenir un nouveau conseil de disc et la preuve que nous la détestons et ne voulons pas d'elle (peut-être pour se donner un motif de passage à l'acte ?). Je n'ose pas la virer de cours, de peur de la mettre en danger, mais parfois, c'est chaud, parce qu'elle ne cherche que ça. J'en ai à nouveau parlé au chef et à la CPE qui me disent, à raison, qu'ils ont fait tous les signalements nécessaires et que, maintenant, ce n'est plus de notre ressort. Mais en attendant, nous, on fait quoi ? On attend le truc grave, irréparable ? C'est un peu l'impression qu'on a, au quotidien. J'ai des collègues déjà fortement affectés par le décès de F. (il se trouve que c'est presque la même équipe péda) qui craquent, qui n'en peuvent plus d'impuissance, qui s'effondrent parce qu'ils sont dans l'angoisse permanente et qu'en plus ça devient rudement usant en classe.
Ce matin, n'en pouvant plus du satu quo, j'ai rappelé la fameuse cellule psychologique qui avait débarqué en septembre : à l'époque, on nous avait proposé une formation sur la prise en charge des adolescents à risque. Ben voilà, je leur ai dit. C'est le moment, et c'est même urgent : on a un cas pratique. Et une équipe au bord de la crise de nerf.
Moi ça va à peu près, mon mari, qui a un peu l'habitude, m'épaule bien, et je trouve des ressources à la maison. N'empêche que c'est dur. Dur de faire face chaque jour à cette jeune fille hostile et de se dire qu'elle met à tout moment sa vie en danger. D'avoir la trouille que ça se reproduise, alors que nous savons tous. Et dur aussi de voir les collègues craquer les uns après les autres, hurler leur rage d'impuissance. Dur de pouvoir si mal se raccrocher au caractère rassurant du cours maîtrisé, parce que dans un contexte pareil, on ne maîtrise plus grand chose.
J'attends une réponse du médecin de la cellule.
Voilà voilà.
C'est pas jouasse, chez nous, cette année.
Je crois que je n'en avais pas parlé à l'époque - mais les collègues du coin en ont peut-être entendu parler : en septembre, une de nos élèves s'est suicidée. C'était très dur, très triste. Évidemment, cela nous a beaucoup choqués. Et là, ça recommence. Enfin, voilà le détail. Je sais que personne n'a de solution à la situation, mais j'en parle, c'est toujours ça.
J'ai en 4e, depuis janvier, une jeune fille arrivée chez nous suite à un conseil de disc, C. Elle est bardée de problèmes, fermée, très agressive. Surtout, dès qu'elle est arrivée, on nous a prévenus qu'il fallait être très vigilants avec elle, car elle a des tendances suicidaires : déjà plusieurs tentatives à son actif, elle est suivie par un pédopsy.
Les premières semaines ne se sont pas trop mal passées. C. est une élève frondeuse, mais on gérait, tous. Et depuis quelques semaines, c'est monté en puissance. Elle est de plus en plus agressive, insolente, refusant de travailler, essayant d'entraîner le reste de la classe. Dans le même temps, il ne se passe pas un jour sans que des collègues ne la voient se mettre en danger physiquement : elle s'est allongée en travers d'un boulevard très passant près du collège, créant une panique sur les voies ; le lendemain, elle a traversé un carrefour dangereux les yuex fermés. Avant-hier, Gilles l'a vue se pencher dangereusement au-dessus du périph, sur le pont.
Bien sûr, nous avons alerté la hiérarchie, le médecin scolaire, le psy de C., ses parents. Pluisuers fois. Mais la machine administrative est longue à réagir. On ne sait pas ce qui se fait, désormais, mais en attendant, il faut continuer de gérer C. Et c'est pire de jour en jour. Elle pousse chaque jour le bouchon plus loin, et nous pensons que c'est une stratégie pour obtenir un nouveau conseil de disc et la preuve que nous la détestons et ne voulons pas d'elle (peut-être pour se donner un motif de passage à l'acte ?). Je n'ose pas la virer de cours, de peur de la mettre en danger, mais parfois, c'est chaud, parce qu'elle ne cherche que ça. J'en ai à nouveau parlé au chef et à la CPE qui me disent, à raison, qu'ils ont fait tous les signalements nécessaires et que, maintenant, ce n'est plus de notre ressort. Mais en attendant, nous, on fait quoi ? On attend le truc grave, irréparable ? C'est un peu l'impression qu'on a, au quotidien. J'ai des collègues déjà fortement affectés par le décès de F. (il se trouve que c'est presque la même équipe péda) qui craquent, qui n'en peuvent plus d'impuissance, qui s'effondrent parce qu'ils sont dans l'angoisse permanente et qu'en plus ça devient rudement usant en classe.
Ce matin, n'en pouvant plus du satu quo, j'ai rappelé la fameuse cellule psychologique qui avait débarqué en septembre : à l'époque, on nous avait proposé une formation sur la prise en charge des adolescents à risque. Ben voilà, je leur ai dit. C'est le moment, et c'est même urgent : on a un cas pratique. Et une équipe au bord de la crise de nerf.
Moi ça va à peu près, mon mari, qui a un peu l'habitude, m'épaule bien, et je trouve des ressources à la maison. N'empêche que c'est dur. Dur de faire face chaque jour à cette jeune fille hostile et de se dire qu'elle met à tout moment sa vie en danger. D'avoir la trouille que ça se reproduise, alors que nous savons tous. Et dur aussi de voir les collègues craquer les uns après les autres, hurler leur rage d'impuissance. Dur de pouvoir si mal se raccrocher au caractère rassurant du cours maîtrisé, parce que dans un contexte pareil, on ne maîtrise plus grand chose.
J'attends une réponse du médecin de la cellule.
Voilà voilà.
C'est pas jouasse, chez nous, cette année.
- dandelionVénérable
Désolée Véronique . La maladie mentale nous laisse bien démunis. Malheureusement, la psychiatrie semble avoir beaucoup souffert des coupes budgétaires (là où je travaillais, on parlait d'un délai d'une année pour recevoir des enfants pourtant en grande souffrance et en danger à mon sens), et les lits doivent être rares dans les unités spécialisées. Espérons que cette enfant soit envoyée en hôpital psychiatrique avant qu'il ne soit trop tard, en tout cas elle est entourée d'adultes qui s'inquiètent de son sort, c'est déjà ça, et c'est tout à votre honneur (cela ne va pas de soi dans tous les établissements il me semble).V.Marchais a écrit:Bon, je ne savais pas où poster, "je râle" ne me semblait pas tout à fait adapté, alors finalement, je le fais ici. Ce n'est que la longue suite des cas psy hyper-lourds dans mon établissement cette année.
Je crois que je n'en avais pas parlé à l'époque - mais les collègues du coin en ont peut-être entendu parler : en septembre, une de nos élèves s'est suicidée. C'était très dur, très triste. Évidemment, cela nous a beaucoup choqués. Et là, ça recommence. Enfin, voilà le détail. Je sais que personne n'a de solution à la situation, mais j'en parle, c'est toujours ça.
J'ai en 4e, depuis janvier, une jeune fille arrivée chez nous suite à un conseil de disc, C. Elle est bardée de problèmes, fermée, très agressive. Surtout, dès qu'elle est arrivée, on nous a prévenus qu'il fallait être très vigilants avec elle, car elle a des tendances suicidaires : déjà plusieurs tentatives à son actif, elle est suivie par un pédopsy.
Les premières semaines ne se sont pas trop mal passées. C. est une élève frondeuse, mais on gérait, tous. Et depuis quelques semaines, c'est monté en puissance. Elle est de plus en plus agressive, insolente, refusant de travailler, essayant d'entraîner le reste de la classe. Dans le même temps, il ne se passe pas un jour sans que des collègues ne la voient se mettre en danger physiquement : elle s'est allongée en travers d'un boulevard très passant près du collège, créant une panique sur les voies ; le lendemain, elle a traversé un carrefour dangereux les yuex fermés. Avant-hier, Gilles l'a vue se pencher dangereusement au-dessus du périph, sur le pont.
Bien sûr, nous avons alerté la hiérarchie, le médecin scolaire, le psy de C., ses parents. Pluisuers fois. Mais la machine administrative est longue à réagir. On ne sait pas ce qui se fait, désormais, mais en attendant, il faut continuer de gérer C. Et c'est pire de jour en jour. Elle pousse chaque jour le bouchon plus loin, et nous pensons que c'est une stratégie pour obtenir un nouveau conseil de disc et la preuve que nous la détestons et ne voulons pas d'elle (peut-être pour se donner un motif de passage à l'acte ?). Je n'ose pas la virer de cours, de peur de la mettre en danger, mais parfois, c'est chaud, parce qu'elle ne cherche que ça. J'en ai à nouveau parlé au chef et à la CPE qui me disent, à raison, qu'ils ont fait tous les signalements nécessaires et que, maintenant, ce n'est plus de notre ressort. Mais en attendant, nous, on fait quoi ? On attend le truc grave, irréparable ? C'est un peu l'impression qu'on a, au quotidien. J'ai des collègues déjà fortement affectés par le décès de F. (il se trouve que c'est presque la même équipe péda) qui craquent, qui n'en peuvent plus d'impuissance, qui s'effondrent parce qu'ils sont dans l'angoisse permanente et qu'en plus ça devient rudement usant en classe.
Ce matin, n'en pouvant plus du satu quo, j'ai rappelé la fameuse cellule psychologique qui avait débarqué en septembre : à l'époque, on nous avait proposé une formation sur la prise en charge des adolescents à risque. Ben voilà, je leur ai dit. C'est le moment, et c'est même urgent : on a un cas pratique. Et une équipe au bord de la crise de nerf.
Moi ça va à peu près, mon mari, qui a un peu l'habitude, m'épaule bien, et je trouve des ressources à la maison. N'empêche que c'est dur. Dur de faire face chaque jour à cette jeune fille hostile et de se dire qu'elle met à tout moment sa vie en danger. D'avoir la trouille que ça se reproduise, alors que nous savons tous. Et dur aussi de voir les collègues craquer les uns après les autres, hurler leur rage d'impuissance. Dur de pouvoir si mal se raccrocher au caractère rassurant du cours maîtrisé, parce que dans un contexte pareil, on ne maîtrise plus grand chose.
J'attends une réponse du médecin de la cellule.
Voilà voilà.
C'est pas jouasse, chez nous, cette année.
- miss sophieExpert spécialisé
Véronique, Tenez bon !
- AjupouetFidèle du forum
_________________
Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
www.sos-ecriture.com - Facebook
- GrypheMédiateur
J'en ai eu un comme ça l'année dernière, c'était son 4ème collège en quelques mois, plusieurs TS à son actif aussi.
Un jour, il m'avait prévenu qu'il risquait de refaire une TS. Et il en a effectivement faite une le soir même.
Je ne vous explique pas le sentiment de culpabilité... Pourtant, pour en avoir parlé à des gens spécialisés... J’avais tout bien fait comme il fallait.
(Pour info, il est toujours en vie, du moins à ma connaissance. Mais sans solution d’orientation, bien sûr.)
Il a réussi à mettre en échec les gens de l'hôpital psy, qui n'arrivaient pas à le gérer.
Bref...
Dans votre cas, Véronique, et à mon humble avis,
- Ne jamais la laisser seule. Quand il y a besoin de l'exclure de cours, surtout ne pas la laisser sortir seule, mais faire chercher un autre adulte.
- Ne pas céder au chantage affectif (c'est très très difficile), ne pas vous laisser entraîner dans son histoire, ne pas sombrer avec elle, rester très professionnel.
- Tenter de dissocier (même si c'est quasi impossible) ce qui relève des apprentissages, ce qui relève des punitions et sanctions disciplinaires et ce qui relève du "médical".
Vous avez besoin de la sanctionner, vous la sanctionnez. Elle n'attend que ça. Elle a besoin de ça.
Ça n'empêche pas de lui dire que vous êtes soucieux d'elle, que ce n'est pas parce que vous "ne l'aimez pas" mais que la sanctionner est aussi, paradoxalement, une manière de vous occuper d'elle.
- Ce que tu décris relève quasiment d'une hospitalisation ou d'une prise en charge dans une autre structure, pour préserver sa propre vie (et non pas pour vous débarrasser d'elle).
J'imagine bien que vous avez déjà tout fait, on se sent tellement démuni dans ces cas-là.
Comment pouvez-vous faire pour qu'elle soit davantage prise en charge au niveau médico-psychologique ?
Je me pose vraiment la question d'une hospitalisation dans le cas que tu décris, mais je ne sais pas comment il faut faire pour orienter la personne/et son dossier vers ce type de prise en charge.
- C'est une bonne idée que tu proposes, l'intervention d'une équipe qui puisse vous épauler, surtout si vous avez déjà été confrontés à une situation aussi douloureuse en début d'année. Cela ne résoudra pas tout, mais cela pourra au moins vous aider à vous poser, à mettre des mots sur..., à vous mettre d'accord sur une conduite à tenir.
Un jour, il m'avait prévenu qu'il risquait de refaire une TS. Et il en a effectivement faite une le soir même.
Je ne vous explique pas le sentiment de culpabilité... Pourtant, pour en avoir parlé à des gens spécialisés... J’avais tout bien fait comme il fallait.
(Pour info, il est toujours en vie, du moins à ma connaissance. Mais sans solution d’orientation, bien sûr.)
Il a réussi à mettre en échec les gens de l'hôpital psy, qui n'arrivaient pas à le gérer.
Bref...
Dans votre cas, Véronique, et à mon humble avis,
- Ne jamais la laisser seule. Quand il y a besoin de l'exclure de cours, surtout ne pas la laisser sortir seule, mais faire chercher un autre adulte.
- Ne pas céder au chantage affectif (c'est très très difficile), ne pas vous laisser entraîner dans son histoire, ne pas sombrer avec elle, rester très professionnel.
- Tenter de dissocier (même si c'est quasi impossible) ce qui relève des apprentissages, ce qui relève des punitions et sanctions disciplinaires et ce qui relève du "médical".
Vous avez besoin de la sanctionner, vous la sanctionnez. Elle n'attend que ça. Elle a besoin de ça.
Ça n'empêche pas de lui dire que vous êtes soucieux d'elle, que ce n'est pas parce que vous "ne l'aimez pas" mais que la sanctionner est aussi, paradoxalement, une manière de vous occuper d'elle.
- Ce que tu décris relève quasiment d'une hospitalisation ou d'une prise en charge dans une autre structure, pour préserver sa propre vie (et non pas pour vous débarrasser d'elle).
J'imagine bien que vous avez déjà tout fait, on se sent tellement démuni dans ces cas-là.
Comment pouvez-vous faire pour qu'elle soit davantage prise en charge au niveau médico-psychologique ?
Je me pose vraiment la question d'une hospitalisation dans le cas que tu décris, mais je ne sais pas comment il faut faire pour orienter la personne/et son dossier vers ce type de prise en charge.
- C'est une bonne idée que tu proposes, l'intervention d'une équipe qui puisse vous épauler, surtout si vous avez déjà été confrontés à une situation aussi douloureuse en début d'année. Cela ne résoudra pas tout, mais cela pourra au moins vous aider à vous poser, à mettre des mots sur..., à vous mettre d'accord sur une conduite à tenir.
_________________
Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- V.MarchaisEmpereur
Merci les filles.
Dandelion, oui, tout le monde a fait ce qu'il fallait. Même le CDE, la CPE. Parfois, quand je vais les voir en leur disant : Il y a encore eu un incident avec C aujourd'hui, et qu'ils m'envoient presque bouler parce qu'eux non plus n'en peuvent plus, je suis en colère, et en même temps, je sais qu'ils ont raison : ils ne peuvent pas faire plus que ce qu'ils ont déjà fait. La suite n'est pas de leur ressort.
J'éprouve ce sentiment bizarre qu'on a parfois en entendant certains faits divers, quand on apprend par exemple qu'un enfant est mort sous les coups de ses parents : tout le monde savait, il y a eu plein de signalements, mais il faut des enquêtes, des machins, des bidules. Tout ça prend un temps fou. Et ce temps fait des morts.
C'est super-stressant, en fait, comme situation.
Dandelion, oui, tout le monde a fait ce qu'il fallait. Même le CDE, la CPE. Parfois, quand je vais les voir en leur disant : Il y a encore eu un incident avec C aujourd'hui, et qu'ils m'envoient presque bouler parce qu'eux non plus n'en peuvent plus, je suis en colère, et en même temps, je sais qu'ils ont raison : ils ne peuvent pas faire plus que ce qu'ils ont déjà fait. La suite n'est pas de leur ressort.
J'éprouve ce sentiment bizarre qu'on a parfois en entendant certains faits divers, quand on apprend par exemple qu'un enfant est mort sous les coups de ses parents : tout le monde savait, il y a eu plein de signalements, mais il faut des enquêtes, des machins, des bidules. Tout ça prend un temps fou. Et ce temps fait des morts.
C'est super-stressant, en fait, comme situation.
- V.MarchaisEmpereur
Merci pour ton message, Gryphe.
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis. Le seul truc qui ne marche plus, là, c'est sanctionner. On devrait, tu as raison. Mais on est pris dans un merdier, là, c'est assez difficile à décrire. C. a passé depuis longtemps le cap de ce qui relève des heures de colle ou autres petites punitions. En cours, que ce soit avec moi ou d'autres, elle refuse de travailler, nous tourne le dos, répond avec insolence quand on veut la mettre au travail. Elle a sorti une bordée d'injures particulièrement salées à une de mes collègues. Moi, hier, elle m'a traitée de "pomme de terre" (ben oui, c'était tellement... inattendu que ça a failli me faire rire, pour le coup). Il faudrait la virer de cours pour pouvoir travailler normalement, mais le collège est un peu sens dessus dessous, en ce moment, notre chef toujours aux abonnés absents (quand je parle du CDE, c'est en fait l'adjoint qui fait tout le boulot), et l'adjoint et la CPE sont au bord de l'explosion tant il y a à faire (cet aprèm, toute une bande de louloutes arrêtées dans la cour, nous y sommes allées à 6 profs + la CPE pour les empêcher de s'échapper et de cacher leur forfait : elles filment des tas de trucs avec leurs téléphones ; on aurait dit une descente de flic, rafle avec prise en étau). Enfin bref, ils nous ont prévenu : ils ne montent plus dans les classes, ils ne peuvent plus, là. Alors soit on accumule les rapports et on va au conseil de disc, soit on gère.
J'ai passé une semaine atroce, il y a quinze jours : C m'a bouzillé à peu près la totalité de mes cours avec cette classe. Mais heureusement, il y a là de nombreux élèves que je connais depuis la 6e, même parmi les petits caïds, j'ai discuté avec eux un par un, surtout les meneurs, et je suis parvenue à retourner la classe qui ne suit plus C. Je l'ignore quand elle donne dans la provoc, je rappelle aux autres : "Ne vous en occupez pas, on a mieux à faire, nous, on a du travail", et ça tourne tant bien que mal. Et finalement, la C, ça la calme : après quelques bordées pour l'honneur, faute de réaction de ma part et de la part des élèves, elle se résigne à assister au cours, voire à dire quelques trucs pertinents (parce qu'elle est intelligente), et on peut travailler - même elle, dans une certaine mesure que je manque jamais de lui signaler. C'est peut-être idiot, injuste, mais ça me conforte dans mon idée de ne pas répondre à ses provocs. En tout cas, il est hors de question que je l'envoie dans les couloirs, même avec plusieurs élèves qui ne peuvent pas assumer cette responsabilité. Alors n'importe comment, faut bien que je m'en débrouille.
Peut-être que j'ai tort. J'avoue que, par moments, je ne sais plus très bien où j'en suis. Tout se mélange.
Je suis d'accord avec tout ce que tu dis. Le seul truc qui ne marche plus, là, c'est sanctionner. On devrait, tu as raison. Mais on est pris dans un merdier, là, c'est assez difficile à décrire. C. a passé depuis longtemps le cap de ce qui relève des heures de colle ou autres petites punitions. En cours, que ce soit avec moi ou d'autres, elle refuse de travailler, nous tourne le dos, répond avec insolence quand on veut la mettre au travail. Elle a sorti une bordée d'injures particulièrement salées à une de mes collègues. Moi, hier, elle m'a traitée de "pomme de terre" (ben oui, c'était tellement... inattendu que ça a failli me faire rire, pour le coup). Il faudrait la virer de cours pour pouvoir travailler normalement, mais le collège est un peu sens dessus dessous, en ce moment, notre chef toujours aux abonnés absents (quand je parle du CDE, c'est en fait l'adjoint qui fait tout le boulot), et l'adjoint et la CPE sont au bord de l'explosion tant il y a à faire (cet aprèm, toute une bande de louloutes arrêtées dans la cour, nous y sommes allées à 6 profs + la CPE pour les empêcher de s'échapper et de cacher leur forfait : elles filment des tas de trucs avec leurs téléphones ; on aurait dit une descente de flic, rafle avec prise en étau). Enfin bref, ils nous ont prévenu : ils ne montent plus dans les classes, ils ne peuvent plus, là. Alors soit on accumule les rapports et on va au conseil de disc, soit on gère.
J'ai passé une semaine atroce, il y a quinze jours : C m'a bouzillé à peu près la totalité de mes cours avec cette classe. Mais heureusement, il y a là de nombreux élèves que je connais depuis la 6e, même parmi les petits caïds, j'ai discuté avec eux un par un, surtout les meneurs, et je suis parvenue à retourner la classe qui ne suit plus C. Je l'ignore quand elle donne dans la provoc, je rappelle aux autres : "Ne vous en occupez pas, on a mieux à faire, nous, on a du travail", et ça tourne tant bien que mal. Et finalement, la C, ça la calme : après quelques bordées pour l'honneur, faute de réaction de ma part et de la part des élèves, elle se résigne à assister au cours, voire à dire quelques trucs pertinents (parce qu'elle est intelligente), et on peut travailler - même elle, dans une certaine mesure que je manque jamais de lui signaler. C'est peut-être idiot, injuste, mais ça me conforte dans mon idée de ne pas répondre à ses provocs. En tout cas, il est hors de question que je l'envoie dans les couloirs, même avec plusieurs élèves qui ne peuvent pas assumer cette responsabilité. Alors n'importe comment, faut bien que je m'en débrouille.
Peut-être que j'ai tort. J'avoue que, par moments, je ne sais plus très bien où j'en suis. Tout se mélange.
- RoninMonarque
Veronique je suis navré pour toi. Juste pour info, chez moi en trente ans on est passé de 1000 lits à 340 lits et le diplôme d'infirmier psychiatrique a disparu, il s'agit maintenant de la même formation pour tous et juste d'un choix de carrière en sortant de l'école des soins infirmiers...quant à la formation des internes, il n'y a plus d'argent...délai d'attente pour une première consultation chez les enfants, 9 mois, chez les ados entre 3 et 6 mois.
_________________
- V.MarchaisEmpereur
Oh la la ! Ronin... On n'est pas rendus...
- NasopiBon génie
Véronique. J'avais moi aussi une élève suicidaire dans ma classe l'année dernière (elle n'avait cependant pas du tout le même comportement que la tienne, mais elle n'était qu'en 6e ) ; c'est vrai que c'est très déroutant.
_________________
"Donne-moi la sérénité nécessaire pour accepter telles qu’elles sont les choses qu’on ne peut pas changer, donne-moi le courage de changer celles qui doivent l’être ; donne-moi la sagesse qui permet de discerner les unes et les autres." (Marc-Aurèle)
- Reine MargotDemi-dieu
véronique
_________________
Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum