- RosanetteEsprit éclairé
Je ne niais pas l'existence de ce profil, ni même sa surreprésentation dans les classes/filières/établissements difficiles.
Je plaidais pour une reconnaissance du juste milieu, ces gamins pas forcément brillants mais qui ne tireront pas nécessairement vos gosses vers le bas ou qui n'entacheront pas leur réussite scolaire.
Et je doute que ta fille avancée, curieuse et avec une mémoire béton finisse en STG, mais c'est une autre histoire.
Je plaidais pour une reconnaissance du juste milieu, ces gamins pas forcément brillants mais qui ne tireront pas nécessairement vos gosses vers le bas ou qui n'entacheront pas leur réussite scolaire.
Et je doute que ta fille avancée, curieuse et avec une mémoire béton finisse en STG, mais c'est une autre histoire.
- fraisedesboisNiveau 9
Rosanette a écrit:Je plaidais pour une reconnaissance du juste milieu, ces gamins pas forcément brillants mais qui ne tireront pas nécessairement vos gosses vers le bas ou qui n'entacheront pas leur réussite scolaire.
:shock: quelqu'un a dit penser à l'IEF pour une raison pareille ?
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Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
- RosanetteEsprit éclairé
Bah à force de lire le tableau élèves brillants et avides de connaissances vs. les nuls de chez nuls de chez nuls, on en vient à se dire que c'est une curieuse vision de l'école, qui effectivement n'accorderait aucun espoir à ses éléments les plus prometteurs.
Ce qui est encore faux, et heureusement. Le problème est davantage pour les élèves au niveau fragile que pour les gamins de profs qui disent/pensent s'ennuyer en classe.
Ce qui est encore faux, et heureusement. Le problème est davantage pour les élèves au niveau fragile que pour les gamins de profs qui disent/pensent s'ennuyer en classe.
- archebocEsprit éclairé
Rosanette a écrit:Bah à force de lire le tableau élèves brillants et avides de connaissances vs. les nuls de chez nuls de chez nuls, on en vient à se dire que c'est une curieuse vision de l'école, qui effectivement n'accorderait aucun espoir à ses éléments les plus prometteurs.
Ce qui est encore faux, et heureusement. Le problème est davantage pour les élèves au niveau fragile que pour les gamins de profs qui disent/pensent s'ennuyer en classe.
C'est une réalité que l'attention des décideurs publics depuis des décennies est tournée vers les élèves les plus faibles, et que si on écoute le discours de l'institution, les élèves les plus forts n'ont qu'une seule utilité pour notre pays : c'est d'être mélangés aux plus faibles pour fabriquer de la mixité scolaire. Quand vous êtes parent d'un élève un peu au dessus de la moyenne, vous pouvez souhaiter ne pas l'abandonner à ce destin de chair à canon d'une idéologie à laquelle vous ne croyez pas.
Par ailleurs, en opposant les "brillants" aux "nuls de chez nuls de chez nuls", on passe sous silence que ce que vise les parents, c'est, plus que le niveau scolaire, une ambiance de travail. Lorsque dans certains cours une partie notable du temps est occupé à "tenir" la classe, c'est-à-dire à se faire insulter, les bons élèves peuvent légitimement penser perdre leur temps : sur cette partie au moins de la journée, les bons élèves seraient mieux ailleurs.
Que ferait un CDE face à un élève qui refuserait d'aller en cours et passerait sa journée en CDI à faire des exercices donnés par ses parents ?
- AncolieExpert spécialisé
Ajupouet a écrit:Rosanette a écrit:
Alors qu'il est assez communément admis qu'un enfant brillant n'aura aucun problème, même avec des gamins à la scolarité médiocre dans sa classe...Surtout si les parents sont derrière en filet de sécurité.
Encore faut-il que les enfants conservent la valeur travail (qui ne s'acquiert pas qu'à l'école), et qu'ils puissent regarder l'institution Ecole sans y voir ce que leurs parents stressés et flippés y voient (qui n'est pas forcément une réalité absolue, même quand lesdits parents sont à l'EN).
Là, je ne suis pas d'accord. Les enfants brillants s'écroulent plus souvent qu'on ne croit justement à cause du fait qu'on ne les " nourrit " pas assez. 1/3 des hauts potentiels n'auront pas le bac.
Assister au décrochage total d'un gamin à haut potentiel au collège pour diverses raisons ( manque de contenu, rabâchage, etc...) c'est Quand derrière il n'y a pas de possibilité d'aide (financière ou autre parce que bon c'est quand même pas aux parents de faire l'école si?) , il n'y a vraiment aucun problème?
Et même sans être haut potentiel, de très bons élèves décrocheurs, ça existe!
Je comprends la tentation l'école à la maison, je l'ai eue, je regrette parfois de n'avoir pas pu le faire.
- AjupouetFidèle du forum
Je viens d'entendre ma fille (5eme) râler. " il se moque de nous le prof, non mais c'est pas possible! J'ai cinq exercices à faire. Tu sais ce que c'est ? Mettre > ou <. Mais bon sang, je fais ça depuis le primaire! Mais quand est-ce qu'on va avancer?"
Voilà, ça résume bien.
Voilà, ça résume bien.
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Enfants, adolescents, adultes : il n'est jamais trop tard pour restaurer son geste d'écriture.
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- RosanetteEsprit éclairé
archeboc a écrit:
Que ferait un CDE face à un élève qui refuserait d'aller en cours et passerait sa journée en CDI à faire des exercices donnés par ses parents ?
C'est une blague ? (et puis quoi encore !)
On ne sera pas d'accord je pense, pas sur le diagnostic général d'une école qui doit être redressée sur bien des points, mais sur ce qu'un bon élève est capable d'y accomplir. Or un bon élève ne fera pas toute sa scolarité, dans toutes les matières, avec des profs mauvais, des classes non tenues etc. Ca lui arrivera, tout comme ça lui arrivera en tant que jeune adulte de côtoyer la médiocrité intellectuelle, y compris de la part de supérieurs hiérarchiques.
Bien sûr qu'avec des parents qui assurent sur le fond et qui peuvent se le permettre, l'enfant aura droit à du sur-mesure, et s'il est bon, à du sur-mesure exigeant.
Mais au fond, à quoi cela sert-il quand le même gamin peut décrocher un bac mention TB dans n'importe quel bahut et accéder à des filières sélectives ?
EDIT Cinq exercices pour juste mettre < ou > ? C'est plus un problème de prof peu créatif :lol: (quant à ce que ça résume bien, je ne sais pas trop...).
Quand je le plaignais de mes profs, on me demandait gentiment de fermer ma bouche, et c'était sans appel. C'est une leçon que j'ai vite comprise.
- fraisedesboisNiveau 9
je suis convaincue que les nuls de chez nuls de chez nuls souffrent encore plus que les autres que l'on nivelle par le bas et que l'on propose du simili centre aéré.Rosanette a écrit:Bah à force de lire le tableau élèves brillants et avides de connaissances vs. les nuls de chez nuls de chez nuls, on en vient à se dire que c'est une curieuse vision de l'école, qui effectivement n'accorderait aucun espoir à ses éléments les plus prometteurs.
ils sont tous avides de connaissances, peut être même encore plus les fragiles que les autres.
Ajupouet relevait simplement que la "dégringolade" d'un enfant brillant est bien plus rapide et profonde qu'on ne se le figure a priori.
je ne l'ai pas lue opposer les uns aux autres.
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- fraisedesboisNiveau 9
Rosanette a écrit:
Bien sûr qu'avec des parents qui assurent sur le fond et qui peuvent se le permettre, l'enfant aura droit à du sur-mesure, et s'il est bon, à du sur-mesure exigeant.
Mais au fond, à quoi cela sert-il quand le même gamin peut décrocher un bac mention TB dans n'importe quel bahut et accéder à des filières sélectives ?
je ne suis pas sûre de comprendre quelle est votre question
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- InvitéInvité
archeboc a écrit:
C'est une réalité que l'attention des décideurs publics depuis des décennies est tournée vers les élèves les plus faibles, et que si on écoute le discours de l'institution, les élèves les plus forts n'ont qu'une seule utilité pour notre pays : c'est d'être mélangés aux plus faibles pour fabriquer de la mixité scolaire. Quand vous êtes parent d'un élève un peu au dessus de la moyenne, vous pouvez souhaiter ne pas l'abandonner à ce destin de chair à canon d'une idéologie à laquelle vous ne croyez pas.
Dans le collège où j'enseigne, les bons élèves vont généralement en section euro (14 élèves de classe euro mélangés à 5-6 autres bons élèves non euro et 2-3 gros perturbateurs, et 3-4 moyens pour compléter). Pour les autres classes, dans un souci d'hétérogénéité, on prend les bons élèves qui restent. Logiquement, ils devraient servir de locomotive.
Au mieux, ça fait 4-5 bons élèves dans leur coin, qui travaillent, sans se soucier du bazar ambiant. Il y a des élèves qui ont 18 de moyenne de la 6e à la 3e même quand le niveau de leur classe est très bas.
Mais j'ai eu deux ans deux élèves, une fille, un garçon, qui avaient eu les félicitations, dans une 5e, puis une 4e (composition différente mais même profil) où les élèves étaient globalement sages mais avec un niveau très faible. Ces deux élèves ont paressé pendant deux ans et leur niveau a baissé. Ils étaient influençables même si leurs parents suivaient derrière, venaient à toutes les réunions, s'inquiétaient de voir que leurs résultats baissaient. On avait des améliorations ponctuelles puis on était à nouveau déçu.
Il n'y a pas de règle générale.
fraisedesbois a écrit:Rosanette a écrit:
Bien sûr qu'avec des parents qui assurent sur le fond et qui peuvent se le permettre, l'enfant aura droit à du sur-mesure, et s'il est bon, à du sur-mesure exigeant.
Mais au fond, à quoi cela sert-il quand le même gamin peut décrocher un bac mention TB dans n'importe quel bahut et accéder à des filières sélectives ?
je ne suis pas sûre de comprendre quelle est votre question
Je cite parce que ça rejoint ce que je viens d'écrire. J'ai vu des élèves dont le niveau était immuable quelle que soit la classe où ils étaient. Ils demandaient des exposés, en faisaient plus que ce qu'on demandait. J'en ai vu d'autres dont le niveau dépend de la classe où ils sont.
- Longyearbyen's loverNiveau 5
Le plus dur, quand on est prof, c'est d'avoir de l'estime pour les gosses aux prénoms américains qui se la jouent néo-nazis sur facebook et qui ne lisent jamais un livre, hein ?
On sait statistiquement que les enfants de profs sont très largement représentés dans les grandes écoles, ça devrait vous suffire, non ? Etes-vous obligés d'être dégoulinants de condescendance vis à vis de personnes qui ne sont pas comme vous ?
On sait statistiquement que les enfants de profs sont très largement représentés dans les grandes écoles, ça devrait vous suffire, non ? Etes-vous obligés d'être dégoulinants de condescendance vis à vis de personnes qui ne sont pas comme vous ?
- Reine MargotDemi-dieu
Longyearbyen's lover a écrit: Le plus dur, quand on est prof, c'est d'avoir de l'estime pour les gosses aux prénoms américains qui se la jouent néo-nazis sur facebook et qui ne lisent jamais un livre, hein ?
On sait statistiquement que les enfants de profs sont très largement représentés dans les grandes écoles, ça devrait vous suffire, non ? Etes-vous obligés d'être dégoulinants de condescendance vis à vis de personnes qui ne sont pas comme vous ?
Quand on est prof on n'a pas à "estimer" qui que ce soit, mais à faire travailler tous les élèves. Ce qui est agaçant c'est justement quand les réformes successives nous empêchent d'apporter aux élèves que tu décris les connaissances dont ils ontr cruellement besoin
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- RosanetteEsprit éclairé
Lornet a écrit:archeboc a écrit:
C'est une réalité que l'attention des décideurs publics depuis des décennies est tournée vers les élèves les plus faibles, et que si on écoute le discours de l'institution, les élèves les plus forts n'ont qu'une seule utilité pour notre pays : c'est d'être mélangés aux plus faibles pour fabriquer de la mixité scolaire. Quand vous êtes parent d'un élève un peu au dessus de la moyenne, vous pouvez souhaiter ne pas l'abandonner à ce destin de chair à canon d'une idéologie à laquelle vous ne croyez pas.
Dans le collège où j'enseigne, les bons élèves vont généralement en section euro (14 élèves de classe euro mélangés à 5-6 autres bons élèves non euro et 2-3 gros perturbateurs, et 3-4 moyens pour compléter). Pour les autres classes, dans un souci d'hétérogénéité, on prend les bons élèves qui restent. Logiquement, ils devraient servir de locomotive.
Au mieux, ça fait 4-5 bons élèves dans leur coin, qui travaillent, sans se soucier du bazar ambiant. Il y a des élèves qui ont 18 de moyenne de la 6e à la 3e même quand le niveau de leur classe est très bas.
Mais j'ai eu deux ans deux élèves, une fille, un garçon, qui avaient eu les félicitations, dans une 5e, puis une 4e (composition différente mais même profil) où les élèves étaient globalement sages mais avec un niveau très faible. Ces deux élèves ont paressé pendant deux ans et leur niveau a baissé. Ils étaient influençables même si leurs parents suivaient derrière, venaient à toutes les réunions, s'inquiétaient de voir que leurs résultats baissaient. On avait des améliorations ponctuelles puis on était à nouveau déçu.
Il n'y a pas de règle générale.fraisedesbois a écrit:Rosanette a écrit:
Bien sûr qu'avec des parents qui assurent sur le fond et qui peuvent se le permettre, l'enfant aura droit à du sur-mesure, et s'il est bon, à du sur-mesure exigeant.
Mais au fond, à quoi cela sert-il quand le même gamin peut décrocher un bac mention TB dans n'importe quel bahut et accéder à des filières sélectives ?
je ne suis pas sûre de comprendre quelle est votre question
Je cite parce que ça rejoint ce que je viens d'écrire. J'ai vu des élèves dont le niveau était immuable quelle que soit la classe où ils étaient. Ils demandaient des exposés, en faisaient plus que ce qu'on demandait. J'en ai vu d'autres dont le niveau dépend de la classe où ils sont.
Ca montre aussi peut-être qu'avoir des facilités a ses limites, surtout quand on entame une transition 5e / 4e (je passe sur le fait que cette période probablement l'acmé de l'âge con au collège, où se mettre en échec scolaire peut être une stratégie de rébellion - qui n'est pas grave si c'est une phase très courte, mais qui peut coûter très cher si elle se prolonge).
Fraisedesbois, ma question est fort simple et fait écho à un post après le mien : les enfants qui reçoivent l'IEF sont de bons élèves (en tout cas c'est le profil présenté ici, que ce soit par ceux qui ont sauté le pas ou ceux qui y réfléchissent), dont on peut penser qu'ils n'auraient pas peiné à décrocher un bac avec mention dans le circuit normal, pourvu qu'ils bossent régulièrement, en s'appuyant sur leurs facilités et en développant leur curiosité en dehors des heures de cours.
Dès lors, pourquoi ce modèle ? Qu'apportera-t-il dans le cursus des enfants ?
- Longyearbyen's loverNiveau 5
Reine Margot a écrit:Longyearbyen's lover a écrit: Le plus dur, quand on est prof, c'est d'avoir de l'estime pour les gosses aux prénoms américains qui se la jouent néo-nazis sur facebook et qui ne lisent jamais un livre, hein ?
On sait statistiquement que les enfants de profs sont très largement représentés dans les grandes écoles, ça devrait vous suffire, non ? Etes-vous obligés d'être dégoulinants de condescendance vis à vis de personnes qui ne sont pas comme vous ?
Quand on est prof on n'a pas à "estimer" qui que ce soit, mais à faire travailler tous les élèves. Ce qui est agaçant c'est justement quand les réformes successives nous empêchent d'apporter aux élèves que tu décris les connaissances dont ils ontr cruellement besoin
Je suis d'accord. Enfin, je voulais dire qu'un peu de respect mutuel, c'est la condition sine qua non d' une bonne relation prof / élève.
- Reine MargotDemi-dieu
Je suis d'accord. Cependant, je n'ai lu aucun mépris des élèves dans les propos de Lornet ou des autres.
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La famille Bélier
- InvitéInvité
Longyearbyen's lover a écrit: Le plus dur, quand on est prof, c'est d'avoir de l'estime pour les gosses aux prénoms américains qui se la jouent néo-nazis sur facebook et qui ne lisent jamais un livre, hein ?
Je n'ai aucune estime pour ceux qui se la jouent néo-nazis, et pas seulement sur Facebook.
Au mieux, on peut espérer que c'est un délire passager.
Pour les prénoms américains, ils n'y peuvent rien et ce n'est pas forcément significatif, heureusement.
Mais dans l'autre fil, j'ai écrit que j'ai conseillé aux parents d'un élève au prénom américain de vérifier s'il n'était pas précoce. Il l'est. Il est maintenant en classe européenne.
Donc ce n'est pas une question d'estime.
Après, c'est sûr qu'étant fille d'ouvriers et étant issue d'une famille où il n'y avait aucun livre quand j'étais enfant, je n'ai aucune estime pour moi-même !
Normal : je ne suis pas fille de prof et à la base, je n'aurais pas dû faire d'études.
- InvitéInvité
Longyearbyen's lover a écrit:
On sait statistiquement que les enfants de profs sont très largement représentés dans les grandes écoles, ça devrait vous suffire, non ? Etes-vous obligés d'être dégoulinants de condescendance vis à vis de personnes qui ne sont pas comme vous ?
Je suis née là, avant que ça soit rasé :
Alors si : je suis comme mes élèves.
Mais en fait non, parce que j'aimais les livres.
Je ne sais pas pourquoi.
Mais je ne suis pas fille de prof. Je suis fille d'ouvriers même si j'ai été dans les grandes écoles (la prépa locale, parce que Paris, c'était trop cher, mais grandes écoles quand même si on considère que je suis allée jusqu'au CAPES. "Youpi !" ).
Et la condescendance ? Non, ça me révolte, justement, de voir que l'ascenseur social est en panne, que les jeunes que j'ai devant moi n'aiment ni les livres, ni la culture, ni la musique classique qui n'est pas swag. Ce n'est pas de la condescendance. C'est que justement, je ne suis pas fille de profs !
J'ai du respect pour mes élèves. Je n'ai aucun respect pour les trucs dont on abreuve leurs cerveaux, de Miley Cyrus à Secret Story en passant par les Chtis et autres trucs fumeux, qui les passionnent bien plus que l'oeuvre de Victor Hugo. C'est de la condescendance de ne pas vouloir être démagogue ?
- fraisedesboisNiveau 9
Rosanette a écrit:Fraisedesbois, ma question est fort simple et fait écho à un post après le mien : les enfants qui reçoivent l'IEF sont de bons élèves (en tout cas c'est le profil présenté ici, que ce soit par ceux qui ont sauté le pas ou ceux qui y réfléchissent), dont on peut penser qu'ils n'auraient pas peiné à décrocher un bac avec mention dans le circuit normal, pourvu qu'ils bossent régulièrement, en s'appuyant sur leurs facilités et en développant leur curiosité en dehors des heures de cours.
Dès lors, pourquoi ce modèle ? Qu'apportera-t-il dans le cursus des enfants ?
je ne peux pas répondre dans l'absolu.
en ce me concerne : si les programmes effectivement enseignés au collège deviennent ce qui est pour l'instant annoncé, c'est à dire une sorte de redite de leur primaire, mes enfants vont exploser : ils ont besoin de nourriture, sans laquelle ils vont se replier sur eux-mêmes, se renfermer et décrocher, sans réussir à y faire quelque chose.
et à moins de repasser derrière et de refaire chacun des cours qu'ils auront subi mais pas reçu...
donc je le répète, ma limite est exactement là, au moment où un de mes enfants pourrait se retrouver avec une double peine. si je dois refaire les cours le soir (oui, sûrement en moins bien pour plein de choses) parce que tout est passé mais que rien n'a été attrapé, ... il me semble que l'IEF serait une option, sinon la seule.
(je ne fantasme pas, accordez-moi que je connais mes enfants et leurs particularités, et que j'ai quelque expérience avec eux déjà)
quelques précisions :
je ne souhaite pas que mes enfants travaillent à l'école pour décrocher un bac avec mention ou une filière prestigieuse.
bien sûr, je souhaite que cela leur soit possible si c'est ce qu'ils désirent, mais je n'ai pas de plan de carrière pour eux. ils iront là où ça leur plaira (dans la limite, réelle, des moyens financiers de leurs parents). pour l'instant, ok, l'ainée veut être véto ou prof de grec , mais après l'un se voit photographe animalier, l'autre minéralogiste-marmottologue et la dernière maitre de karaté.
ils feront leur choix, c'est eux qui se lèveront le matin pour y aller, ce sera leurs vies, je ne vois pas au nom de quoi j'aurai un quelconque pouvoir de décision là dedans. que leur choix soit éclairé, et pour le reste....
mes enfants s'instruisent pour eux, pas pour moi (que je leur demande, à l'occasion, de faire des efforts sur un point ou sur un autre n'y change rien).
je souhaite qu'ils apprennent à réfléchir, qu'ils acquièrent une culture minimale pour idéalement avoir le goût de la compléter par eux-mêmes... qu'ils s'instruisent quoi.
ils ont parfois d'excellentes notes, souvent des bonnes oui, et parfois des tôles... ils connaissent mon refrain : je ne demande pas de réussir, mais d'essayer honnêtement.
si mon aînée est bilangue, latiniste et helléniste, je n'y suis pour rien (j'ai même été assez bête pour trainer des pieds au départ), et il n'y a, même de sa part, aucun calcul derrière pour être dans telle classe ou dans tel lycée ou que sais-je. pas de section bilangue ni euro au lycée de secteur (guère moyen d'aller ailleurs), reste à espérer que le grec soit encore jouable quand elle arrivera sinon ça va être rude. rude parce qu'elle aime ces matières (et que refaire un an d'espagnol avec des LV2 quand on a un niveau LV1 c'est longuet), pas parce qu'il s'agirait d'option d'élite.
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- InvitéInvité
Personnellement, ce soir, je me demande si je n'aurais pas été plus heureuse en ne sautant aucune classe, en ayant des amis, en ayant un métier autre que prof, en ne me posant pas tant de questions, continuellement. Je n'en ai rien à faire que ma fille suive une filière prestigieuse tant qu'elle soit heureuse plus tard. Et ce n'est pas en étant précoce, EIP ou zèbre, comme ils disent, qu'on devient heureux. On regarde le grec ancien disparaître, les conservatoires disparaître, la culture disparaître, on ne sait pas trop ce que ça va devenir mais la culture, c'est has been, dépassé. Le Capes de lettres classiques, c'est fini et les langues anciennes, plus en phase avec le monde d'aujourd'hui.
C'est de la condescendance ?
VDM.
C'est de la condescendance ?
VDM.
- archebocEsprit éclairé
Rosanette a écrit:Fraisedesbois, ma question est fort simple et fait écho à un post après le mien : les enfants qui reçoivent l'IEF sont de bons élèves (en tout cas c'est le profil présenté ici, que ce soit par ceux qui ont sauté le pas ou ceux qui y réfléchissent), dont on peut penser qu'ils n'auraient pas peiné à décrocher un bac avec mention dans le circuit normal, pourvu qu'ils bossent régulièrement, en s'appuyant sur leurs facilités et en développant leur curiosité en dehors des heures de cours.
Dès lors, pourquoi ce modèle ? Qu'apportera-t-il dans le cursus des enfants ?
J'en remets une couche après Fraisedesbois : avant d'avoir le bac, et sans polémiquer sur le niveau qui permet de décrocher une mention très bien, sans polémiquer non plus sur l'intérêt de décrocher cette mention, le futur bachelier doit passer quatre ans au collège. A partir du moment où le collège promet de devenir pour certains enfants plus pénible que le service national, de quel droit leur impose-t-on cette purge de quatre ans ? A noter que si on pose la même question au sujet des élèves perturbateurs et des élèves largués, certains vous répondront : "il faut développer l'apprentissage". D'autres vous diront qu'il faut niveler par le bas (ils le diront avec d'autres mots, bien-sûr), ou adopterons les solutions de Mme la ministre (voir ce qu'elle dit sur l'ennui). L'ennui des mauvais élèves semble ainsi un enjeu qui mobilise. L'ennui des bons élèves, en revanche, cela ne semble pas trop grave, c'est un non sujet, silence radio. Les bons élèves sont là pour générer de la mixité, c'est à cette condition qu'on leur pardonne leur avenir brillant et leur plus forte probabilité d'ascension sociale. Est-ce juste ? non. Est-ce efficace ? Non plus.
Cela, c'était dans le cas où le rendement de l'enseignement approche de zéro : situation que nous craignons tous au vu des récentes décisions ministérielles, mais dont on pourrait penser qu'elle n'est pas encore pour aujourd'hui. Voire, toutefois ! Voire, si on entend les témoignages donnés sur le présent fil : je pense en particulier à cette jeune fille qui se plaint de faire toujours les mêmes exercices d'encadrement de nombres depuis le primaire. Et ce qui manque à ton programme, Rosanette, ("pourvu qu'ils bossent régulièrement, en s'appuyant sur leurs facilités et en développant leur curiosité") c'est l'entraînement à la maîtrise des compétences. L'élève qui enchaîne des encadrements de nombre en 4e, elle perd certes, dans un premier temps, sur les contenus théoriques. Mais surtout, elle perd l'occasion de pratiquer des exercices plus difficiles, par exemple de l'addition de fraction. Elle perd l'occasion d'en faire une activité réflexe, base des progressions théoriques futures.
Et sinon, à partir du moment où la classe est un endroit où règne le chahut, pourquoi le bon élève n'irait-il pas chercher le calme et l'étude au CDI ? Et si un élève tentait de fuir la chienlit par cette méthode, comment réagirait l'institution ? C'est une question sérieuse.
PS : quand je dis "bons élèves", je ne parle pas des petits génies qui lisent à 3 ans, ni des serial sauteurs de classe ; ces derniers sont les révélateurs d'une situation aberrante, mais ils n'en sont pas les seuls victimes. Je pense aussi au premier tiers ou à la première moitié d'une bonne classe, qui vit aujourd'hui le même gâchis.
- InvitéInvité
archeboc a écrit:
Et sinon, à partir du moment où la classe est un endroit où règne le chahut, pourquoi le bon élève n'irait-il pas chercher le calme et l'étude au CDI ? Et si un élève tentait de fuir la chienlit par cette méthode, comment réagirait l'institution ? C'est une question sérieuse.
J'en ai parlé plus haut. Une collègue, l'an dernier, a été convoquée, ainsi que son mari, pour leur fils qui cherche le calme et l'étude au CDI. Il ne faut pas qu'il fuie. Il doit rejoindre les autres élèves (là, ce n'était pas pendant les cours, mais pendant les récréations, ou entre midi et 14 h).
L'institution a donc réagi.
Je ne vois pas en quoi ma collègue a exagéré ce qu'elle a vécu.
N'avez-vous jamais vu/eu des élèves qui restent devant les bureaux de la vie scolaire ou du CPE, ou dans les couloirs, ou retardent le moment de sortir de la salle de classe, parce qu'ils ont peur d'aller en récré ?
- archebocEsprit éclairé
Lornet a écrit:archeboc a écrit:
Et sinon, à partir du moment où la classe est un endroit où règne le chahut, pourquoi le bon élève n'irait-il pas chercher le calme et l'étude au CDI ? Et si un élève tentait de fuir la chienlit par cette méthode, comment réagirait l'institution ? C'est une question sérieuse.
J'en ai parlé plus haut. Une collègue, l'an dernier, a été convoquée, ainsi que son mari, pour leur fils qui cherche le calme et l'étude au CDI. Il ne faut pas qu'il fuie. Il doit rejoindre les autres élèves (là, ce n'était pas pendant les cours, mais pendant les récréations, ou entre midi et 14 h).
L'institution a donc réagi.
Je ne vois pas en quoi ma collègue a exagéré ce qu'elle a vécu.
Et si l'élève refuse d'obtempérer : que peut faire l'administration ?
- RosanetteEsprit éclairé
archeboc : perso je me fous bien de l'ennui des mauvais élèves, toutes proportions gardées.
L'école est le lieu d'apprentissage de la contrainte, pour tous (du moins telle que j'aimerais qu'elle soit).
Je pense aux aux enfants qui reçoivent l'IEF jusqu'au bac, qui bien sûr n'est pas une fin en soi... Et après ? Les parents ne vont pas faire de l'IEF pour les études supérieures.
Or, des nullités de profs en prépa, en fac de médecine/droit, en IUT, en fac etc. un étudiant en aura toujours. Sera-t-il à même de combler les lacunes de ses cours quand toute sa vie il aura eu du sur-mesure ?
L'apprentissage à l'école, c'est aussi faire avec ce qu'on a, et pour le coup ce n'est effectivement pas une question de moyens financiers.
L'école est le lieu d'apprentissage de la contrainte, pour tous (du moins telle que j'aimerais qu'elle soit).
Je pense aux aux enfants qui reçoivent l'IEF jusqu'au bac, qui bien sûr n'est pas une fin en soi... Et après ? Les parents ne vont pas faire de l'IEF pour les études supérieures.
Or, des nullités de profs en prépa, en fac de médecine/droit, en IUT, en fac etc. un étudiant en aura toujours. Sera-t-il à même de combler les lacunes de ses cours quand toute sa vie il aura eu du sur-mesure ?
L'apprentissage à l'école, c'est aussi faire avec ce qu'on a, et pour le coup ce n'est effectivement pas une question de moyens financiers.
- AjupouetFidèle du forum
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- fraisedesboisNiveau 9
je dirai qu'un refus d'obéissance peut valoir observation, exclusion du collège et j'en passe.archeboc a écrit: Et sinon, à partir du moment où la classe est un endroit où règne le chahut, pourquoi le bon élève n'irait-il pas chercher le calme et l'étude au CDI ? Et si un élève tentait de fuir la chienlit par cette méthode, comment réagirait l'institution ? C'est une question sérieuse.
Et si l'élève refuse d'obtempérer : que peut faire l'administration ?
que peut faire d'autre un CDE devant un, puis deux, puis dix élèves qui refusent d'aller en cours ?
j'ai déjà vu des adaptations de fréquentation dans des cas extrêmes (phobie scolaire), mais impossible que les élèves sortent de classe "comme ça".
ça a le mérite d'être clair.Rosanette a écrit:archeboc : perso je me fous bien de l'ennui des mauvais élèves, toutes proportions gardées.
qu'est-ce qui vous dérange dans le fait que leurs parents ne s'en fichent pas, eux ?
ne sommes nous pas tous d'accord aussi là dessus ?Rosanette a écrit:L'école est le lieu d'apprentissage de la contrainte, pour tous (du moins telle que j'aimerais qu'elle soit).
le problème est bien ce qu'elle devient et non pas ce que nous aimerions qu'elle soit.
je ne comprends pas vos questionnements.Rosanette a écrit:Je pense aux aux enfants qui reçoivent l'IEF jusqu'au bac, qui bien sûr n'est pas une fin en soi... Et après ? Les parents ne vont pas faire de l'IEF pour les études supérieures.
Or, des nullités de profs en prépa, en fac de médecine/droit, en IUT, en fac etc. un étudiant en aura toujours. Sera-t-il à même de combler les lacunes de ses cours quand toute sa vie il aura eu du sur-mesure ?
le souci est ce que deviennent les programmes, pas le niveau de chacun des profs qui se retrouveraient obligés de les enseigner.
les (rares) problèmes d'enseignants s'arrangent quand même dès lors qu'on en a plusieurs (des enseignants, pas des problèmes).
oh que si...Rosanette a écrit:L'apprentissage à l'école, c'est aussi faire avec ce qu'on a, et pour le coup ce n'est effectivement pas une question de moyens financiers.
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:lecteur: Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
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