- Collier de BarbeNeoprof expérimenté
J'aime enseigner même si je trouve souvent cela épuisant, frustrant et difficile. Pour moi, c'est l'attachement à ma matière, le plaisir de la transmettre, d'en expliquer certaines difficultés qui est au fondement.
J'ai toujours l'espoir de pouvoir me métamorphoser un jour en (enseignant) chercheur à la fac, mais pour le moment, travailler au lycée m'apporte assez souvent des satisfactions.
Mais j'avoue que je serais incapable de fonctionner efficacement au collège avec des élèves beaucoup plus agités pour lesquels il faut trouver des chemins très différents pour avancer.
Pour répondre à ta question initiale Fesseur Pro, je crois pas qu'on puisse faire ce boulot de manière "alimentaire" car on s'enfonce dans une spirale négative. Nos élèves (quelqu'un l'a dit plus haut avec beaucoup de perspicacité) perçoivent très bien qui est content d'être là et qui ne l'est pas...
J'ai toujours l'espoir de pouvoir me métamorphoser un jour en (enseignant) chercheur à la fac, mais pour le moment, travailler au lycée m'apporte assez souvent des satisfactions.
Mais j'avoue que je serais incapable de fonctionner efficacement au collège avec des élèves beaucoup plus agités pour lesquels il faut trouver des chemins très différents pour avancer.
Pour répondre à ta question initiale Fesseur Pro, je crois pas qu'on puisse faire ce boulot de manière "alimentaire" car on s'enfonce dans une spirale négative. Nos élèves (quelqu'un l'a dit plus haut avec beaucoup de perspicacité) perçoivent très bien qui est content d'être là et qui ne l'est pas...
- breakingbadNiveau 10
Beaucoup se plaignent du salaire, qui n'est pas mirobolant certes, pour vous quel serait un salaire acceptable voir un bon salaire pour ce qu'on fait, merci de préciser l'ancienneté.
- littlemaryDoyen
roxanne a écrit: On a justement 18 (ou 15) heures de cours pour pouvoir oragniser notre temps de travail. Alors c'est vrai, il y a des périodes de pointe où on bosse plus , d'autres où c'est plus cool. Mais il me semble quand même qu'enseigner c'est aussi un mètier avec des ponits positifs, des satisfactions que n'ont pas certains boulots.Il faut aussi arrêter de se considèrer comme les plus malheureux . Et des gens qui ramènent du boulot le soir chez eux, j'en connais plein et qui ne sont pas profs.
+1
- MalviduploNiveau 9
roxanne a écrit:c'est là aussi que se fait la différence, on a tous la même profession, on ne fait pas tous le même mètier :90% de mes élèves me disent normalement "bonjour madame" et aurevoi et ceux qui veulent participer peuvent le faire sans que ça pose problème et être potes avec les autres .C'est pas les Bisounours , non plus, bien-sûr mais pas la guerre civile.
Voilà ! Je n'imagine que mal les difficultés ou la lassitude de certains ici vu que ne travaille qu'avec des groupes de 12 maximum, la majorité de mon service se fait sur des blocs horaires de 5,5 h, soit sur 3 jours cette année avec 2,5 heures sup. (l'an passé 2,5 jours)... Bref la comparaison est difficile pour moi avec les boulots pénibles physiquement et payés.... au lance-pierre (ce que j'ai connu aussi... longtemps !). Mais je suis lucide : tu as raison Roxanne, on ne fait pas tous le même métier !
- NLM76Grand Maître
J'adore ce métier... Mais j'ai beaucoup de chance ; j'ai commencé par être un professeur calamiteux (par ma faute, en grande partie), je n'ai cessé de progresser depuis le début. Beaucoup souffert au début, puis de moins en moins, grâce à diverses rencontres, grâce au passage de Lettres modernes à lettres classiques, puis de certifié à agrégé, du collège au lycée, de plus en plus près de chez moi.
J'adore torturer les élèves, martyriser mes collègues, terrifier mes chefs... parler de langue et de littérature à longueur de journée, croiser des gens intelligents, bons, sensibles, drôles, pas d'accord avec moi — qu'ils soient élèves ou collègues.
Et quand ça ne va pas, J'ADORE me plaindre et hurler sur les crétins , qui, évidemment, sont LES AUTRES, et surtout... me payer leur tête.
Il n'empêche que si ce métier n'était pas alimentaire (et je pense qu'il ne l'est pas suffisamment, relativement à la société française), je ne le ferais pas : je déteste qu'on me prenne pour un branquignol. Et le salaire que je reçois est indispensable pour éviter ce sentiment.
J'adore torturer les élèves, martyriser mes collègues, terrifier mes chefs... parler de langue et de littérature à longueur de journée, croiser des gens intelligents, bons, sensibles, drôles, pas d'accord avec moi — qu'ils soient élèves ou collègues.
Et quand ça ne va pas, J'ADORE me plaindre et hurler sur les crétins , qui, évidemment, sont LES AUTRES, et surtout... me payer leur tête.
Il n'empêche que si ce métier n'était pas alimentaire (et je pense qu'il ne l'est pas suffisamment, relativement à la société française), je ne le ferais pas : je déteste qu'on me prenne pour un branquignol. Et le salaire que je reçois est indispensable pour éviter ce sentiment.
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Sites du grip :
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- philannDoyen
Ce que tu dis est vrai Dinaaa. Mais les conditions sont très différentes d'un bahut à un autre. Dans l'un de mes collèges actuels, pourtant dur et dans une ville pas top...certains élèves (que je n'ai pas!! :shock: ) me disent bonjour!! Ils sont très bruts de décoffrages mais certains sont vraiment chouettes!! (bon par ailleurs, l'an dernier: jets de pierre, il y a deux jours collègue coincée dans une bagarre, c'est de l'huile sur le feu... mais de bons moments qui demeurent)
Je crois que deux problèmes sont l'institution et la formation.
Quand on voit une prépa agreg' et la réalité du métier c'est juste surréaliste à quel point les étudiants ne sont pas préparés à leur futur métier. Notamment le décallage culturel et intellectuel est hallucinant.
L'institution: j'ai eu beaucoup de mal l'an dernier avec les programmes, attentes délirantes pédagol et IPR etc...J'avais l'impression de nager à contre-courant, que l'institution loin de me soutenir jouait contre-moi. Et surtout cette affreuse impression d'être malhonnête et de tromper parfois mes élèves ... (par absence de transmission).
Mais dès qu'un cours se passe bien ou qu'un élève rentre en cours avec un grand sourire (alors que je suis plutôt autoritaire) j'avoue que mon moral remonte en flèche!!
Je crois que deux problèmes sont l'institution et la formation.
Quand on voit une prépa agreg' et la réalité du métier c'est juste surréaliste à quel point les étudiants ne sont pas préparés à leur futur métier. Notamment le décallage culturel et intellectuel est hallucinant.
L'institution: j'ai eu beaucoup de mal l'an dernier avec les programmes, attentes délirantes pédagol et IPR etc...J'avais l'impression de nager à contre-courant, que l'institution loin de me soutenir jouait contre-moi. Et surtout cette affreuse impression d'être malhonnête et de tromper parfois mes élèves ... (par absence de transmission).
Mais dès qu'un cours se passe bien ou qu'un élève rentre en cours avec un grand sourire (alors que je suis plutôt autoritaire) j'avoue que mon moral remonte en flèche!!
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2014-2015: poste fixe dans les Hauts de Seine
2013-2014: certifiée stagiaire dans les Hauts de Seine
2011-2013: prof. contractuelle dans l'Essonne
- Karine B.Guide spirituel
Patissot a écrit:Vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main les "difficultés" auxquelles un enseignant peut être confronté,
Mais tu ne peux pas commencer un métier en le détestant déjà, y compris dans la préparation des cours
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Le SNES, what else ?
Stagiaire agrégée à la rentrée 2015
Blog Maison Avant / Après Mise à jour en août 2013
- lalilalaEmpereur
Cripure a écrit:Mais si vous étiez avec votre compagnon et que vous puissiez vivre votre vie privée exactement comme vous l'entendez, vous ressentiriez le même dégoût ? Ou ce sont les emmerdes privées qui déteignent sur votre sentiment à son propos ? C'est rare, quand même, de pousser jusqu'à réussir l'agreg avec une telle haine du boulot, je trouve. Et ce n'est bien sûr pas une critique.lalilala a écrit:Tous les matins je pars la boule au ventre, et pourtant je ne travaille pas sur 4 établissements pourris, j'ai des élèves "normaux", je suis dans un coin tranquille et je ne fais que 15h en ce moment.
Je HAIS ce boulot qui représente une source d'emmerdes, de déprime et d'angoisse depuis 4 ans, mais il faut bien payer tout ce qu'il y a à payer. En attendant de trouver mieux, je continue même si ça me rend malade...pas le choix.
Ce serait déjà plus supportable. Mais je me sentirais toujours aussi nulle et dépassée. Il y a deux ans j'ai vécu une super année (deuxième année de stage), toutes les conditions étaient réunies pour que ça aille bien, mais j'allais quand même en cours en traînant les pieds...
Pour ce qui est de l'agreg, comme dit Reine, je l'ai passée parce que j'aimais bien ce que je faisais à la fac en espagnol (littérature, civi, linguistique, latin, traduction littéraire), c'était mon truc. Je l'ai passée parce que les programmes et les épreuves me plaisaient...
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- DinaaaExpert spécialisé
pticuicui a écrit:Beaucoup se plaignent du salaire, qui n'est pas mirobolant certes, pour vous quel serait un salaire acceptable voir un bon salaire pour ce qu'on fait, merci de préciser l'ancienneté.
J'ai 10 ans d'ancienneté, j'aimerais juste avoir les moyens de payer mon loyer là où mon employeur me force à résider et de vivre avec mes deux enfants sans avoir besoin du salaire de mon conjoint.
Merde, bac + 5 et 10 ans de bons et loyaux services, ça vaut bien 2500 à 2800€ mensuels, non ?
Actuellement, c'est 1800€ : comment on fait pour payer le loyer d'un T3 et vivre normalement avec ça en région parisienne ?
- Karine B.Guide spirituel
John a écrit:Alors pourquoi t'étonnes-tu de voir des gens y être confrontés ?on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.
C'est comme si un boucher disait : "Je ne comprends pas que des bouchers se plaignent ; moi je suis boucher et je suis heureux. Comment peut-on être boucher sans passion ?"
Parce qu'il est à mon avis plus difficile d'être un prof non passionné qu'un boucher non passionné, et pas seulement parce que les élèves sont encore vivants et qu'ils bougent
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- Karine B.Guide spirituel
Reine Margot a écrit:pour répondre à la question du sujet, je ne pense pas. Etant donné la dimension éducative du métier il y a forcément une implication "affective" auprès des élèves, au sens où on est obligé de s'intéresser à eux, de s'impliquer pour les rendre "moins bêtes", contrairement aux adultes que l'on peut relativement ignorer, ou du moins dont on n'est pas responsable.
+ 1
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- JohnMédiateur
J'ai pris l'exemple du boucher : j'aurais pu prendre l'exemple de l'infirmière, du pompier, du pilote, du chauffeur de bus, du coiffeur, du serveur, du patron de PME, du fleuriste, du DRH... Eux aussi travaillent au contact permanent de gens qui vivent et qui bougent.Karine B. a écrit:Parce qu'il est à mon avis plus difficile d'être un prof non passionné qu'un boucher non passionné, et pas seulement parce que les élèves sont encore vivants et qu'ils bougentJohn a écrit:Alors pourquoi t'étonnes-tu de voir des gens y être confrontés ?on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.
C'est comme si un boucher disait : "Je ne comprends pas que des bouchers se plaignent ; moi je suis boucher et je suis heureux. Comment peut-on être boucher sans passion ?"
Dubet a raison lorsqu'il dit que l'école et l'hôpital se rapprochent encore beaucoup de l'Eglise : on attend des profs qu'ils aient la passion et la vocation comme les prêtres et les soeurs. Avoir la vocation, c'est très bien, mais je ne comprends pas qu'on en fasse l'alpha et l'oméga du métier.
Un métier, à la base, c'est fait pour gagner sa vie, et je comprends les gens qui disent : "je suis enseignant pour gagner ma vie". Qu'on ait la passion en plus, c'est formidable, mais il n'y a rien d'étonnant ni de honteux à dire : "je travaille pour gagner ma vie, je veux des conditions décentes pour bosser, et je n'ai pas l'impression de suivre une quelconque flamme sacrée lorsque j'entre dans une classe".
D'ailleurs, quel que soit le métier, mais surtout chez les enseignants, j'ai l'impression que ce sont les plus "passionnés" qui sont souvent les plus caractériels et les plus fanatiques, prêts à tuer père et mère pour défendre un détail ou imposer leur point de vue, qu'ils considèrent comme le seul valable, à tel point que le sort du monde a l'air de dépendre des peccadilles auxquelles ils ont décidé d'accorder une importance folle.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- Reine MargotDemi-dieu
lalilala a écrit:Cripure a écrit:Mais si vous étiez avec votre compagnon et que vous puissiez vivre votre vie privée exactement comme vous l'entendez, vous ressentiriez le même dégoût ? Ou ce sont les emmerdes privées qui déteignent sur votre sentiment à son propos ? C'est rare, quand même, de pousser jusqu'à réussir l'agreg avec une telle haine du boulot, je trouve. Et ce n'est bien sûr pas une critique.lalilala a écrit:Tous les matins je pars la boule au ventre, et pourtant je ne travaille pas sur 4 établissements pourris, j'ai des élèves "normaux", je suis dans un coin tranquille et je ne fais que 15h en ce moment.
Je HAIS ce boulot qui représente une source d'emmerdes, de déprime et d'angoisse depuis 4 ans, mais il faut bien payer tout ce qu'il y a à payer. En attendant de trouver mieux, je continue même si ça me rend malade...pas le choix.
Ce serait déjà plus supportable. Mais je me sentirais toujours aussi nulle et dépassée. Il y a deux ans j'ai vécu une super année (deuxième année de stage), toutes les conditions étaient réunies pour que ça aille bien, mais j'allais quand même en cours en traînant les pieds...
Pour ce qui est de l'agreg, comme dit Reine, je l'ai passée parce que j'aimais bien ce que je faisais à la fac en espagnol (littérature, civi, linguistique, latin, traduction littéraire), c'était mon truc. Je l'ai passée parce que les programmes et les épreuves me plaisaient...
comme je te disais, n'attends pas trop pour chercher activement une autre voie: quand je parlais comme toi, j'ai dû m'arrêter quelques mois après, et chercher une reconversion dans l'urgence...
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Reine MargotDemi-dieu
John a écrit:J'ai pris l'exemple du boucher : j'aurais pu prendre l'exemple de l'infirmière, du pompier, du pilote, du chauffeur de bus, du coiffeur, du serveur, du patron de PME, du fleuriste, du DRH... Eux aussi travaillent au contact permanent de gens qui vivent et qui bougent.Karine B. a écrit:Parce qu'il est à mon avis plus difficile d'être un prof non passionné qu'un boucher non passionné, et pas seulement parce que les élèves sont encore vivants et qu'ils bougentJohn a écrit:Alors pourquoi t'étonnes-tu de voir des gens y être confrontés ?on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.
C'est comme si un boucher disait : "Je ne comprends pas que des bouchers se plaignent ; moi je suis boucher et je suis heureux. Comment peut-on être boucher sans passion ?"
Dubet a raison lorsqu'il dit que l'école et l'hôpital se rapprochent encore beaucoup de l'Eglise : on attend des profs qu'ils aient la passion et la vocation comme les prêtres et les soeurs. C'est très bien, mais je ne comprends pas qu'on en fasse l'alpha et l'oméga du métier.
Un métier, à la base, c'est fait pour gagner sa vie, et je comprends les gens qui disent : "je suis enseignant pour gagner ma vie". Qu'on ait la passion en plus, c'est formidable, mais il n'y a rien d'étonnant ni de honteux à dire : "je travaille pour gagner ma vie, je veux des conditions décentes pour bosser, et je n'ai pas l'impression de suivre une quelconque flamme sacrée lorsque j'entre dans une classe".
non, ce n'est pas seulement la relation humaine mais le côté éducatif. je travaille avec des adultes et en équipe, donc je travaille avec de l'humain aussi. Mais ce sont des adultes, je ne suis pas là pour leur apprendre à se comporter ou à leur dire de se taire, je ne suis pas là pour les éduquer même si je suis chef et que j'ai un rôle d'encadrement. Il y a une certaine distance qui fait qu'on ne peut pas faire ça à reculons -mais sans passion énorme non plus j'en conviens, juste un minimum d'intérêt-
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- Invité14Expert
Fesseur Pro a écrit:Je ne les balaie pas d'un revers de main mais on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.Patissot a écrit:Vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main les "difficultés" auxquelles un enseignant peut être confronté, cela revient à considérer la profession sous un aspect idéal tout en évinçant l'aspect structurel des "difficultés".
Et no soucy, je suis très loin de vivre chez les Bisounours.
Entre le savoir et le vivre, il y a un gouffre énorme.
On a beau dire que c'est comme ça, tant qu'on ne l'a pas vécu , on ne sait pas.
Ce métier est extrémement éprouvant moralement. Si j'avais su , jamais je n'aurai été prof. Maintenant cela va mieux ,mais au prix de combien d'années de souffrances?
- NLM76Grand Maître
+1John a écrit:
J'ai pris l'exemple du boucher : j'aurais pu prendre l'exemple de l'infirmière, du pompier, du pilote, du chauffeur de bus, du coiffeur, du serveur, du patron de PME, du fleuriste, du DRH... Eux aussi travaillent au contact permanent de gens qui vivent et qui bougent.
Dubet a raison lorsqu'il dit que l'école et l'hôpital se rapprochent encore beaucoup de l'Eglise : on attend des profs qu'ils aient la passion et la vocation comme les prêtres et les soeurs. C'est très bien, mais je ne comprends pas qu'on en fasse l'alpha et l'oméga du métier.
Un métier, à la base, c'est fait pour gagner sa vie, et je comprends les gens qui disent : "je suis enseignant pour gagner ma vie". Qu'on ait la passion en plus, c'est formidable, mais il n'y a rien d'étonnant ni de honteux à dire : "je travaille pour gagner ma vie, je veux des conditions décentes pour bosser, et je n'ai pas l'impression de suivre une quelconque flamme sacrée lorsque j'entre dans une classe".
Ce qui serait honteux, ce serait de le faire sans conscience professionnelle. "Je n'aime pas trop ce métier, mais j'aime le travail bien fait, et donc je m'efforce de le faire le mieux possible" : c'est tout ce qu'il y a de plus respectable... et normal.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Oui, c'est vrai, on le paye souvent cher, trop cher. En particulier à cause des injonctions contradictoires, absurdes et néfastes que nous recevons continuellement du ministère.chanig a écrit:Fesseur Pro a écrit:Je ne les balaie pas d'un revers de main mais on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.Patissot a écrit:Vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main les "difficultés" auxquelles un enseignant peut être confronté, cela revient à considérer la profession sous un aspect idéal tout en évinçant l'aspect structurel des "difficultés".
Et no soucy, je suis très loin de vivre chez les Bisounours.
Entre le savoir et le vivre, il y a un gouffre énorme.
On a beau dire que c'est comme ça, tant qu'on ne l'a pas vécu , on ne sait pas.
Ce métier est extrémement éprouvant moralement. Si j'avais su , jamais je n'aurai été prof. Maintenant cela va mieux ,mais au prix de combien d'années de souffrances?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- InstructeurpublicFidèle du forum
Je fais partie de ceux qui apprécient le temps passé avec les élèves et que les élèves apprécient. Je leur donne beaucoup à chaque heure de cours et ils me le rendent au centuple. Je plains les collègues pour qui ça se passe mal, je ne sais pas si je supporterais. A côté de ça, des métiers vraiment alimentaires j'en ai fait quelques uns et croyez moi que c'est pas une sinécure. Vous savez, le genre de boulot où on se demande ce qu'on fout là. Non pas que ce soit spécialement fatiguant physiquement mais mon dieu que c'est long les heures qui comptent triple... l'ennui ça vous tue à petit feu. Bref, j'échange pas ma place... pour l'instant.
- cariboucGuide spirituel
Janne a écrit:Tu n'es pas seul, j'aime bien ce métier aussi et j'ai plaisir à enseigner, même si ce n'est pas une vocation.
Au départ, ce n'était pas une vocation, loin de là. Mais je me suis découverte le jour où j'ai enfin osé "passer le cap" et devenir prof. Je me suis révélée à moi-même. Et dans l'ensemble, je m'éclate avec les élèves. Même si certains jours sont durs, oui, pour préparer les cours, corriger les copies et gérer les élèves.
Mais dans quel boulot n'est-ce pas parfois difficile de se motiver ? Difficile de se lever et d'y aller ?
Alors, peut-être qu'avoir fait tout un parcours professionnel chaotique dans le privé et d'arriver seulement à 34 ans dans l'enseignement me donne cette vision plus positive du job, mais pour moi clairement c'est bien plus qu'alimentaire... J'aime ça (pourvu que ça dure longtemps )
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"J'adore parler de rien : c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances" (O. Wilde)
- Invité14Expert
:lol!:Karine B. a écrit:John a écrit:Alors pourquoi t'étonnes-tu de voir des gens y être confrontés ?on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.
C'est comme si un boucher disait : "Je ne comprends pas que des bouchers se plaignent ; moi je suis boucher et je suis heureux. Comment peut-on être boucher sans passion ?"
Parce qu'il est à mon avis plus difficile d'être un prof non passionné qu'un boucher non passionné, et pas seulement parce que les élèves sont encore vivants et qu'ils bougent
trop,ils bougent beaucoup trop !
- cariboucGuide spirituel
Tu dis mieux que moi ce que je cherchais à exprimer... les boulots de m**** où le cerveau ne sert pas, j'en ai souffert et je n'en voudrais plusInstructeurpublic a écrit:Je fais partie de ceux qui apprécient le temps passé avec les élèves et que les élèves apprécient. Je leur donne beaucoup à chaque heure de cours et ils me le rendent au centuple. Je plains les collègues pour qui ça se passe mal, je ne sais pas si je supporterais. A côté de ça, des métiers alimentaires j'en ai fait quelques uns et croyez moi que c'est pas une sinécure. Vous savez, le genre de boulot où on se demande ce qu'on fout là. Non pas que ce soit spécialement fatiguant physiquement mais mon dieu que c'est long les heures qui comptent triple... l'ennui ça vous tue à petit feu. Bref, j'échange pas ma place... pour l'instant.
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"J'adore parler de rien : c'est le seul domaine où j'ai de vagues connaissances" (O. Wilde)
- Karine B.Guide spirituel
John a écrit:J'ai pris l'exemple du boucher : j'aurais pu prendre l'exemple de l'infirmière, du pompier, du pilote, du chauffeur de bus, du coiffeur, du serveur, du patron de PME, du fleuriste, du DRH... Eux aussi travaillent au contact permanent de gens qui vivent et qui bougent.Karine B. a écrit:Parce qu'il est à mon avis plus difficile d'être un prof non passionné qu'un boucher non passionné, et pas seulement parce que les élèves sont encore vivants et qu'ils bougentJohn a écrit:Alors pourquoi t'étonnes-tu de voir des gens y être confrontés ?on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.
C'est comme si un boucher disait : "Je ne comprends pas que des bouchers se plaignent ; moi je suis boucher et je suis heureux. Comment peut-on être boucher sans passion ?"
Dubet a raison lorsqu'il dit que l'école et l'hôpital se rapprochent encore beaucoup de l'Eglise : on attend des profs qu'ils aient la passion et la vocation comme les prêtres et les soeurs. C'est très bien, mais je ne comprends pas qu'on en fasse l'alpha et l'oméga du métier.
Un métier, à la base, c'est fait pour gagner sa vie, et je comprends les gens qui disent : "je suis enseignant pour gagner ma vie". Qu'on ait la passion en plus, c'est formidable, mais il n'y a rien d'étonnant ni de honteux à dire : "je travaille pour gagner ma vie, je veux des conditions décentes pour bosser, et je n'ai pas l'impression de suivre une quelconque flamme sacrée lorsque j'entre dans une classe".
Je ne parle pas de vocation, je dis simplement que quand tu n'aimes pas ce que tu fais et que tu es prof, tu as 35 élèves devant toi susceptibles de comprendre qu'ils sont 35 et toi tout seul, et tu vis un enfer pendant 55 mn (je ne dis pas que l'amour du métier ne suffit pas à établir une autorité, je ne suis pas quelqu'un d'autoritaire, mais j'aime ce que je fais et ça me permet d'avoir une approche de mes cours qui fait que ce n'est pas le bordel. Si je n'aimais pas ça, je n'ose imaginer ce qui se passerait. En tout cas, je ne resterais pas, car l'implication affective dans ce métier est telle que l'estime de soi en prend un coup et on peut être complétement démoli. J'ai vécu ça une année, je ne l'aurais pas fait une 2ème).
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- lalilalaEmpereur
Instructeurpublic a écrit:Je fais partie de ceux qui apprécient le temps passé avec les élèves et que les élèves apprécient. Je leur donne beaucoup à chaque heure de cours et ils me le rendent au centuple. Je plains les collègues pour qui ça se passe mal, je ne sais pas si je supporterais. A côté de ça, des métiers vraiment alimentaires j'en ai fait quelques uns et croyez moi que c'est pas une sinécure. Vous savez, le genre de boulot où on se demande ce qu'on fout là. Non pas que ce soit spécialement fatiguant physiquement mais mon dieu que c'est long les heures qui comptent triple... l'ennui ça vous tue à petit feu. Bref, j'échange pas ma place... pour l'instant.
ouais ouais, je vois bien!
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- Invité19Esprit sacré
chanig a écrit:Fesseur Pro a écrit:Je ne les balaie pas d'un revers de main mais on sait à quoi on s'attend quand on fait ce métier, les difficultés y sont inhérentes.Patissot a écrit:Vous ne pouvez pas balayer d'un revers de main les "difficultés" auxquelles un enseignant peut être confronté, cela revient à considérer la profession sous un aspect idéal tout en évinçant l'aspect structurel des "difficultés".
Et no soucy, je suis très loin de vivre chez les Bisounours.
Entre le savoir et le vivre, il y a un gouffre énorme.
On a beau dire que c'est comme ça, tant qu'on ne l'a pas vécu , on ne sait pas.
Ce métier est extrémement éprouvant moralement. Si j'avais su , jamais je n'aurai été prof. Maintenant cela va mieux ,mais au prix de combien d'années de souffrances?
je ne suis pas d'accord. Je le savais, et je pense que c'est pour ça que je n'ai eu aucun choc en découvrant les réalités au sortir de l'agrég ; après c'est vrai que je n'ai jamais enseigné qu'en lycée, mais je savais aussi que le collège ne me plairait sans doute pas.
Donc je pense que ceux qui atterrissent violemment ne "savaient" pas vraiment.
je lis des tas de stagiaires (pas qu'ici) dire qu'elles pensaient être profs de lettres et qu'elles se trouvent profs de français et de politesse avant tout, pour ce qui est du collège. Bah, oui... alors même si j'ai été estomaquée de voir certaines lacunes immondes en histoire l'an dernier, et de me rendre compte que ce que je disais (pas en géo heureusement) était du charabia pour 90% des élèves en seconde (dieu merci cette année ça n'est pas le cas), je crois que je m'y attendais.
parce que j'ai fréquenté beaucoup de profs, ainsi que néo, avant de le devenir. Et parce que ma "vocation" (j'aime pas trop ce mot) s'est murie lentement, avec beaucoup de doutes.
- JohnMédiateur
+1"Je n'aime pas trop ce métier, mais j'aime le travail bien fait, et donc je m'efforce de le faire le mieux possible" : c'est tout ce qu'il y a de plus respectable... et normal
Et c'est la vie des géomètres, des secrétaires, des comptables, des plombiers, des gardiens de zoo, des couvreurs, des ingénieurs en télécom, des employés du gaz, des papetiers, etc.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- JohnMédiateur
Mais entre "aimer" et "ne pas aimer", il y a une margeJe ne parle pas de vocation, je dis simplement que quand tu n'aimes pas ce que tu fais et que tu es prof, tu as 35 élèves devant toi susceptibles de comprendre qu'ils sont 35 et toi tout seul, et tu vis un enfer pendant 55 mn (je ne dis pas que l'amour du métier ne suffit pas à établir une autorité, je ne suis pas quelqu'un d'autoritaire, mais j'aime ce que je fais et ça me permet d'avoir une approche de mes cours qui fait que ce n'est pas le bordel. Si je n'aimais pas ça, je n'ose imaginer ce qui se passerait.
Je pense qu'il y a des gens qui vont en classe comme un journaliste de la presse locale va faire des reportages sur le championnat de pétanque du quartier : est-ce qu'on demande au journaliste d'aimer la pétanque ?
Il va faire son reportage, il rend compte de ce qu'il a vu, et voilà.
Il faut qu'il s'intéresse aux gens, bien sûr, comme le prof doit s'intéresser aux élèves, mais il ne fait pas ça par amour pour la pétanque ou pour les clubs sportifs du quartier.
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