Page 2 sur 2 • 1, 2
- NLM76Grand Maître
Oui, oui, la motivation des autres, on s'en tamponne. En cours, je parle de ce qui m'intéresse, ce que je dis m'intéresse ; si ça ne leur plaît pas, tant pis, si ça leur plaît, tant pis aussi. Je suis payé à leur parler de littérature, de langue, françaises, latines ou grecque, alors que je serais prêt à payer pour le faire... même avec mes amis, c'est rare que je puisse le faire.
P..., ce métier, du plaisir à l'état pur.
P..., ce métier, du plaisir à l'état pur.
- AlExpert spécialisé
oui enfin faut qu'ils écoutent aussi, parce que déclamer du Racine dans le brouhaha le plus complet, même en étant payé, c'est un peu pénible... moi idem, du latin à chaque cours, et je suis prof de français. Des mots techniques, des citations, bref. Même un peu de grec quand je sais ^^ Impossible d'enseigner le français sans un recours fréquent aux langues anciennes.
_________________
"C’est le grand nuage des ambitions moroses qui étouffe la voix d’Éros."
- Marie LaetitiaBon génie
hé que voulez-vous, la désaffection des croyants, c'est le prix quand on est un dieu...Cripure a écrit:Eh bien c'est superProvence a écrit:Cripure a écrit:Ben oui. Avec les langues anciennes, on se sent inutile, puisque les établissements reproduisent le discours de la société, "ça sert à rien". Il faut arriver à se désengager. Ou faire ce que font ceux qui ont des clients qui restent : autre chose que du latin.
J'ai deux groupes en 4e et un gros groupe en 5e, et je fais du latin...
Dans mon coin, ça ne marche pas.
_________________
Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- WonderWomanBon génie
j'aime cette façon de penser.Pseudo a écrit:Quand je me sens inutile, je repense à ce que m'a répondu ma psy quand je lui expliquais mes impressions là dessus, l'impression de faire des projets, de les mettre en place pour.... rien, ou presque, tout le monde qui s'en fout, les profs qui viennent pas plus, la chefferie qui ne se déplace pas pour les évènements, etc...
Elle m'a dit : faites vous plaisir. Par exemple, vous faite une expo et personne ne vient ? Mais vous, elle vous plaît l'expo, vous la regardez, ca vous a demandé du travail, vous avez fait ce qu'il fallait. Soyez satisfaite de vous, et faites-vous plaisir avec votre expo. Vous attendez trop des autres, faites les choses pour vous.
Et ça marche...
_________________
Vide dressing petite fille https://www.vinted.fr/membres/15210542-wiwiagathe
Vide dressing sur néo : https://www.neoprofs.org/t128716-vd-fille-wonderwoman-du-3-mois-au-4-ans-sergent-major-jacadi-zara-dpam-kiabi-verbaudet#4954294
- NLM76Grand Maître
Euh... je dois reconnaître que je suis en lycée.Aletheia a écrit:oui enfin faut qu'ils écoutent aussi, parce que déclamer du Racine dans le brouhaha le plus complet, même en étant payé, c'est un peu pénible...
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- LefterisEsprit sacré
Toi qui n'es pas loin de la côte , essaye comme Démosthène, face aux flots retentissants de la mer couleur de vin :lol: Encore plus agréable sans doute que devant des regards glauques.nlm76 a écrit:Oui, oui, la motivation des autres, on s'en tamponne. En cours, je parle de ce qui m'intéresse, ce que je dis m'intéresse ; si ça ne leur plaît pas, tant pis, si ça leur plaît, tant pis aussi. Je suis payé à leur parler de littérature, de langue, françaises, latines ou grecque, alors que je serais prêt à payer pour le faire... même avec mes amis, c'est rare que je puisse le faire.
P..., ce métier, du plaisir à l'état pur.
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- Presse-puréeGrand sage
Vudici a écrit:
Mon fils est arrivé curieux et motivé à son premier cours de latin en 5e ... et est revenu en disant qu'il n'avait pas fait de latin (les mots latin dans la pub... pendant un mois). Après un trimestre, il était désabusé et démotivé. Il essaie encore cette année, mais la prof leur a déjà dit qu'ils parleraient beaucoup mythologie (il sort de deux mois sur les mythologies gréco-latine l'année dernière). Il est plus que déçu...
Bon, les miens, je les ai vus une fois, il ont sum à apprendre par coeur pour la fois d'après. Je vais donc les garder pendant trois ans ^^.
_________________
Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- JohnMédiateur
Tu n'as que du latin, ou tu as aussi d'autres matières ?marjolie.june a écrit:Je n'écris pas nécessairement pour me faire plaindre, mais j'ai un sentiment d'inutilité un peu désagréable en ce début d'année. Je suis dans un collège ZEP pas craignos mais un peu pourri depuis 3 ans, je n'ai pas réussi à obtenir ma mutation en lycée en juin dernier (je suis agrégée). Dans de telles conditions, j'ai déjà le sentiment d'être inutile : enseigner le latin en ZEP aux gosses de la cité tout en ne faisant que 15 heures... Mes collègues m'aiment bien et sont gentils, mais me font parfois comprendre que je n'ai pas à me plaindre (ce qui est en partie vrai). J'ai découvert mes effectifs de latin la semaine dernière et ça m'a un peu achevée : toujours 9 élèves en 3e (même chose depuis 3 ans), j'en ai perdu 6 en 4e (3 arrêts concédés + 3 déménagements) et sur les 8 inscrits en 5e, seulement 6 se sont présentés en cours vendredi. Je présume que les deux autres se sont auto-désinscrits. Certains seraient ravis d'avoir des groupes aussi réduits en insistant sur le côté confortable des conditions de travail, mais moi ça renforce mon sentiment de ne servr à rien. En plus de ça, dans mon collège, la direction fait pas mal jouer la concurrence entre collègues en valorisant l'investissement (ou le surinvestissement) de certains. Forcément, moi je ne fais pas de projet interdisciplinaire, je ne suis pas en charge du projet "violence entre pairs" ou de la liaison collège-lycée. Bref, j'ai vraiment un sentiment d'inutilité qui me rend un peu morose. Bosser en collège alors je rêve d'un lycée (et que théoriquement je devrais y être affectée !), enseigner une option facultative appelée à mourir bientôt, supporter le comportement consumériste de certains élèves sans les tarter, ça devient de plus en plus difficile pour moi.
_________________
En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !
"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- NLM76Grand Maître
Tu imagines bien que j'ai déjà essayé, avec le plus grand plaisir.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AncalimëNiveau 5
Pourquoi ne pas t'investir dans des projets autres que le latin et le grec de ton établissement ? Du théâtre ? Un voyage ? Un magazine sur l'Antiquité ? Ou un magazine tout court ? Ou un projet interdisciplinaire pour l'HdA ? Cela te dynamiserait et dynamiserait tes classes.
Je pense comprendre ce que tu dis parce que je trouve moi aussi qu'il est parfois difficile d'enseigner à des tout petits groupes, on a l'impression de les porter à bras le corps, pas parce qu'ils sont nuls mais parce qu'ils sont peu nombreux, et c'est vrai c'est épuisant, et on a parfois du mal à savoir si toute cette énergie a servi à quelque chose.
J'aime moi aussi varier au maximum mes cours, quitte à faire un peu de sciences ou d'histoire en cours de latin, c'est tout à fait possible, et pour moi, entre dans le cadre de cette matière "pluridisciplinaire". J'essaye aussi de les dynamiser à travers des petits dialogues à apprendre en latin, des petits jeux pour leur faire manipuler la langue, ...
Je pense comprendre ce que tu dis parce que je trouve moi aussi qu'il est parfois difficile d'enseigner à des tout petits groupes, on a l'impression de les porter à bras le corps, pas parce qu'ils sont nuls mais parce qu'ils sont peu nombreux, et c'est vrai c'est épuisant, et on a parfois du mal à savoir si toute cette énergie a servi à quelque chose.
J'aime moi aussi varier au maximum mes cours, quitte à faire un peu de sciences ou d'histoire en cours de latin, c'est tout à fait possible, et pour moi, entre dans le cadre de cette matière "pluridisciplinaire". J'essaye aussi de les dynamiser à travers des petits dialogues à apprendre en latin, des petits jeux pour leur faire manipuler la langue, ...
- LefterisEsprit sacré
marjolie.june a écrit:Je n'écris pas nécessairement pour me faire plaindre, mais j'ai un sentiment d'inutilité un peu désagréable en ce début d'année. Je suis dans un collège ZEP pas craignos mais un peu pourri depuis 3 ans, je n'ai pas réussi à obtenir ma mutation en lycée en juin dernier (je suis agrégée). Dans de telles conditions, j'ai déjà le sentiment d'être inutile : enseigner le latin en ZEP aux gosses de la cité tout en ne faisant que 15 heures... Mes collègues m'aiment bien et sont gentils, mais me font parfois comprendre que je n'ai pas à me plaindre (ce qui est en partie vrai). J'ai découvert mes effectifs de latin la semaine dernière et ça m'a un peu achevée : toujours 9 élèves en 3e (même chose depuis 3 ans), j'en ai perdu 6 en 4e (3 arrêts concédés + 3 déménagements) et sur les 8 inscrits en 5e, seulement 6 se sont présentés en cours vendredi. Je présume que les deux autres se sont auto-désinscrits. Certains seraient ravis d'avoir des groupes aussi réduits en insistant sur le côté confortable des conditions de travail, mais moi ça renforce mon sentiment de ne servr à rien. En plus de ça, dans mon collège, la direction fait pas mal jouer la concurrence entre collègues en valorisant l'investissement (ou le surinvestissement) de certains. Forcément, moi je ne fais pas de projet interdisciplinaire, je ne suis pas en charge du projet "violence entre pairs" ou de la liaison collège-lycée. Bref, j'ai vraiment un sentiment d'inutilité qui me rend un peu morose. Bosser en collège alors je rêve d'un lycée (et que théoriquement je devrais y être affectée !), enseigner une option facultative appelée à mourir bientôt, supporter le comportement consumériste de certains élèves sans les tarter, ça devient de plus en plus difficile pour moi.
Déjà un conseil : ne pas tout investir dans le travail, se ménager la vie la meilleure possible en dehors. Professeur n'est pas mon premier métier, et je ne tomberai plus jamais dans le travers que j'ai eu, source tôt ou tard de désillusion, à savoir se vivre à travers son boulot.
Il faut faire son travail du mieux possible : si ça va , tant mieux, sinon, tant pis. On ne peut pas placer son bonheur dans l'opinion des autres.
Moi aussi je végète dans un collège, pas toujours très facile, je souhaite partir, et je ne peux bouger (postes en bon établissement très très chers à Paris...) mais je ne me roule pas par terre de désespoir : je suis à côté de chez moi, je fais autre chose, je quitte l'établissement entre les cours. C'est intellectuellement peu ? Qu'à cela ne tienne, je bouquine ce qui me plaît. Je manque de temps ? Je prépare moins sur telle ou telle semaine, je vais pédaler le soir quand il fait encore jour. Le latin et le grec sont en mauvaise posture ? Je le sais, je le déplore, je suis sans aucune illusion, mais je fais le maximum même si un seul élève par-ci par là est passionné.
Tactique de l'esquive : le proverbe populaire dit que "là où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute" et Bossuet dit dans un style plus élevé qu'"à trop vouloir, on s'empêche d'être heureux". Donc n'en demande pas trop à ton job...
_________________
"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- MarcassinHabitué du forum
La tournée des sixièmes, avec les yeux qui brillent quand tu parles du latin, c'est facile et ça marche vraiment bien. Et des troisièmes en grec aussi : cette année en seconde, trois fois plus d'hellénistes que la moyenne depuis plusieurs années. La direction n'en est toujours pas revenue.
Les voyages aussi, ça crée un esprit latiniste, même si ça demande beaucoup d'efforts. Peut-être que tu as le nombre idéal d'élèves pour les emmener tous cette année.
En tout cas, tiens bon.
Les voyages aussi, ça crée un esprit latiniste, même si ça demande beaucoup d'efforts. Peut-être que tu as le nombre idéal d'élèves pour les emmener tous cette année.
En tout cas, tiens bon.
_________________
"Je regarde la grammaire comme la première partie de l'art de penser." (Condillac)
- sisinaNiveau 3
Cette année je teste les projets en latin pour chaque séquence.... et pour l'instant (^^) ça marche : mise en scène de Catilina, publicité en rapport avec les dieux, journal, mise en scène d'un passage de théâtre quand je suis sur le théâtre en 4e, épigraphie... Du ludique, du ludique, du ludique, ils en veulent ? maintenant j'en donne. Et finalement ça demande pas mal de choses " plus intellectuelles" en amont et des recherches.
Page 2 sur 2 • 1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum