- profdoctoujoursNiveau 7
beaverforever a écrit:Moui, menfin, il existe des systèmes pédagogiques qui limitent fortement la comparaison entre les élèves, ils y sont moins incités; comme les ceintures ou la classe adaptive. Nous ne sommes pas condamnés, du fait de la nature humaine des élèves, à utiliser une méthode d'évaluation qui incite à la comparaison. Nous pouvons, au contraire, lutter contre, pour le bien des élèves et surtout de leur apprentissage.profdoctoujours a écrit:Il y a une grosse hypocrisie dans ce débat, assez représentative du travers de l'EN qui est de ne traiter les choses qu'en surface sans se demander d'où vient vraiment le problème.
L'EN se dit : nous avons un système de notes et nos élèves n'arrêtent pas de se comparer, d'autres pays sans système de notes ont des élèves qui se comparent moins, c'est donc la note le problème. Tout autre facteur retard ignoré. Et après quand ils passent à l'évaluation par compétence, ils s'étonnent que les élèves français continuent à se comparer tout le temps. Parce que, surprise, que l'on mette une note, un commentaire ou une gommette verte, il y a toujours une notion de "est- e que j'ai réussi ou non" et on peut comparer avec le voisin !
L'intérêt des élèves pour le classement et la compétition est beaucoup plus profond que "utiliser des notes ou pas". Et je trouve que c'est vraiment prendre les gens pour des idiots de leur dire le contraire. C'est aussu faire insulte aux professeurs qui utilisent les notes de faire comme s'ils mettaient juste une note dans la copie et n'expliquaient pas aux élèves ce qui n'allait pas.
La note est un outil qui n'est pas arrivé là par hasard, elle répond à un besoin social et institutionnel. La note sur 20 est inventée vers 1850 pour le concours de polytechnique pour permettre un classement (tiens, tiens...) réputé plus objectif des candidats, elle est diffusée dans le primaire (sous la forme d'une note sur 10) et dans le secondaire après 1880, juste au moment, comme par hasard, de la massification, dans un système qui tri fortement les élèves... Est-ce qu'il serait plus facile de trier beaucoup d'élèves quand on peut les ordonner selon un tableau statistique ?
Donc, je suis d'accord avec l'idée que la note sur vingt n'est qu'une partie du problème, que c'est le système éducatif et les systèmes pédagogiques qu'il faut améliorer, mais je ne suis pas d'accord avec l'idée que la méthode de la note sur 20 soit neutre : c'est un marteau qui enfonce des clous, alors que nous aurions plutôt besoin d'un tourne-vis.
La note facilite peut-être les choses mais la supprimer n'empêchera pas de trier ni de faire des statistiques. Si j'ai envie de trier les élèves, il me suffit de compter le nombre de compétences, avec ou non un coefficient selon l'importance des compétences selon la précision que je veux. Ça me prendra plus de temps que de reporter quelques notes c'est sûr, mais ça n'empêche pas le tri.
Et justement, dans les ceintures de compétences ou la classe adaptive, on ne fait pas que enlever la note, c'est la façon d'envisager les choses qui est revue. Si on voulait, on pourrait faire la ceinture de compétences avec des notes plutôt que des couleurs et ça rnne changerait pas le fonctionnement. Ce qui provoque un changement c'est la différenciation et toute la pédagogie que les profs font souvent autour de cette méthode. La note est le symptôme, pas la cause.
EDIT : en faisant des recherches sur ma classe adaptative je suis tombée sur des posts de l'année dernière où tu expliquais ton système de notation et qui explique un peu ce que je veux dire. Tout en utilisant les notes, tu as pu créer une façon différente de l'aborder. Pour moi c'est ce genre de choses qui donnent vraiment à réfléchir, plutôt que de savoir si on utilise les notes ou les compétences. Ce qui compte c'est comment on s'en sert. Et malheureusement, je nous trouve très peu formés pour ça.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Je suis à peu près convaincu qu'on ferait progresser les élèves de façon tout à fait satisfaisante en privilégiant dès le tout début de la scolarité la coopération, l'entraide, le fait de travailler à développer les intelligences ensemble, et en minimisant grandement le classement, la concurrence entre élèves. Mais ma position est très marginale, je le sais.
Si la comparaison est "humaine" (et encore faudrait-il se demander s'il est raisonnable de décider une bonne fois pour toute de ce qui est proprement "humain"...), l'est-elle nécessairement sur le mode de l'établissement d'un classement, d'une hiérarchie? Je crois qu'il y a derrière le système du classement (dont la note n'est que le totem le plus évident) certains présupposés idéologiques bien cachés. D'autant plus cachés qu'ils imprègnent largement notre société très au-delà de l'école, et que nous avons pour ainsi dire été conditionnés à les prendre pour des données naturelles.
Si la comparaison est "humaine" (et encore faudrait-il se demander s'il est raisonnable de décider une bonne fois pour toute de ce qui est proprement "humain"...), l'est-elle nécessairement sur le mode de l'établissement d'un classement, d'une hiérarchie? Je crois qu'il y a derrière le système du classement (dont la note n'est que le totem le plus évident) certains présupposés idéologiques bien cachés. D'autant plus cachés qu'ils imprègnent largement notre société très au-delà de l'école, et que nous avons pour ainsi dire été conditionnés à les prendre pour des données naturelles.
- IridianeFidèle du forum
Quand je dis que c’est humain, je ne souhaitais pas entrer dans un débat philosophique - au demeurant passionnant - sur ce qui est ou non de l’essence de l’espèce humaine, ni sur ce qui est inné ou acquis, naturel ou culturel etc. C’était ici une expression au sens de « c’est quelque chose de largement répandu que nous faisons tous ».
Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que la comparaison et le classement (par les notes ou par autre chose, cela revient effectivement au même) soient véritablement le problème. Le problème, c’est surtout que notre système scolaire valorise une seule forme d’intelligence / de compétence : il est pour moi proprement incompréhensible que les compétences manuelles, par exemple, soient hiérarchiquement considérées comme inférieures aux compétences intellectuelles, et que notre système scolaire valorise uniquement ces dernières (il n’y a qu’à voir comment sont considérées les filières pro, là où il n’y a aucune raison objective pour qu’elles soient « inférieures » aux filières générales).
Quoiqu’il en soit, je ne pense pas que la comparaison et le classement (par les notes ou par autre chose, cela revient effectivement au même) soient véritablement le problème. Le problème, c’est surtout que notre système scolaire valorise une seule forme d’intelligence / de compétence : il est pour moi proprement incompréhensible que les compétences manuelles, par exemple, soient hiérarchiquement considérées comme inférieures aux compétences intellectuelles, et que notre système scolaire valorise uniquement ces dernières (il n’y a qu’à voir comment sont considérées les filières pro, là où il n’y a aucune raison objective pour qu’elles soient « inférieures » aux filières générales).
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je suis obligé d'utiliser une formulation numérique pour nourrir Parcoursup... L'usage de la note dans ma pratique est essentiellement issu d'une contrainte extérieure. Je pourrais supprimer la note et le système fonctionnerait tout aussi bien pour les élèves.profdoctoujours a écrit:EDIT : en faisant des recherches sur ma classe adaptative je suis tombée sur des posts de l'année dernière où tu expliquais ton système de notation et qui explique un peu ce que je veux dire. Tout en utilisant les notes, tu as pu créer une façon différente de l'aborder. Pour moi c'est ce genre de choses qui donnent vraiment à réfléchir, plutôt que de savoir si on utilise les notes ou les compétences. Ce qui compte c'est comment on s'en sert. Et malheureusement, je nous trouve très peu formés pour ça.
Par contre, je suis bien d'accord qu'on est obligé de trouver un moyen de communiquer avec les autres acteurs du système éducatif (parents, direction ou organismes de formation post-bac). Le problème de la note chiffrée, c'est qu'elle donne une illusion de compréhension et d'objectivité alors qu'elle a de multiple défauts.
Je suis bien d'accord sur le fait que dire "supprimons la notation chiffrée, l'apprentissage s'améliorera" est naïf, car c'est évidemment l'usage de la note et surtout l'ensemble du système qui est important. Par contre dire "La note est un voile, c'est un outil neutre d'évaluation" est tout aussi naïf : la note chiffrée a été conçue dès le départ pour trier, les outils ont un sens, même, bien sûr, avec beaucoup d'effort et d'ingéniosité on doit pouvoir visser une vis avec un marteau.
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