"Les valeurs des enseignants, ce n'est pas l'argent roi...", V. Peillon.

Extrait d'un entretien accordé à la Dépêche du Midi :
"Mais la revalorisation, ce n'est pas que cela, parce que les valeurs des enseignants, ce n'est pas l'argent roi...
Leur engagement professionnel repose sur le dévouement, la justice et la transmission du savoir. Donner la priorité à l'école, c'est précisément choisir ces valeurs... Cessons de projeter sur les enseignants l'avilissement d'une société gagnée par le mercantilisme. Essayons, à l'inverse, d'être à la hauteur de leurs attentes, de leurs exigences, de leur vocation. Cela tirera toute la société vers le haut."
Article in extenso ici

Sans pour autant être l'argent roi, je désire tout simplement que mon salaire après plus de dix années de service me permette de finir le mois décemment, ce n'est plus le cas...
Tirer la société vers le haut et la sauver du mercantilisme ambiant signifie-t-il qu'une baisse générale des salaires est à l'étude pour les aligner sur ceux des enseignants français?
En attendant, Peillon ce serait plutôt le cynisme roi.

Mouai, sortez les violons, pleurez donc braves gens !
Tout comme toi, je veux après 10 ans d'ancienneté dépasser enfin les 2 000 euros sans pour autant me gaver d'heures supplémentaires et accessoirement avoir un poste fixe qui me permette de m'épanouir et de faire rejaillir tout cela sur les élèves.

J'ai entendu ça aussi de mon recteur: "Vous êtes une des rares professions pour laquelle l'argent ne compte pas." C'est leur credo. Peut-être que certains d'entre nous en sont persuadés?

Alors là, j'adore.

Je suis tellement d'accord avec cette idée des valeurs des enseignants que je joue à l'euromillions dans chaque ville où je passe, dans l'espoir de ne pas avoir à faire ma rentrée.

Qu'un ministre, qui se fit au service des français alors qu'il doit toucher dans les 10.000 euros parle de désintéressement...

Sibérie a écrit:J'ai entendu ça aussi de mon recteur: "Vous êtes une des rares professions pour laquelle l'argent ne compte pas." C'est leur credo. Peut-être que certains d'entre nous en sont persuadés?

C'est bien connu, nous vivons d'amour et d'eau fraîche, tout entiers remplis de dévouement et d'abnégation...

Une ARS pour les enseignants, qu'ils arrêtent de dépenser leur argent personnel pour s'offrir les moyens de travailler comme ils le souhaitent (sur justificatifs d'achats de livres et matériel pédagogique, ou sous forme de bons d'achats en librairie), ça serait renvoyer au mercantilisme ambiant?
J'imagine les cris d'orfraie des cons-sots-mateurs si une telle chose (aussi scandaleuse!) était mise en place.
On nous prend tellement pour des cons qu'on paye de notre poche de quoi imprimer, etc...

piesco a écrit:Alors là, j'adore.

Je suis tellement d'accord avec cette idée des valeurs des enseignants que je joue à l'euromillions dans chaque ville où je passe, dans l'espoir de ne pas avoir à faire ma rentrée.

Qu'un ministre, qui se fit au service des français alors qu'il doit toucher dans les 10.000 euros parle de désintéressement...

Pareil!!
J'avoue que ça me rend furieuse comme discours!
Je ne vois pas en quoi être payée décemment, serait le règne de l'argent roi! Je veux être payé correctement pour mon travail, parce que 1) j'en ai besoin et que 2) cela fait parti de la reconnaissance de mont travail et de mon dévouement!

Certains élèves ont tout compris, même si on ne travaille pas pour l'argent, la façon dont nous sommes payés dit tout le mépris que la société (une partie) nous renvoie.

Ce dont nous souffrons le plus, je pense, c'est bien le manque de reconnaissance.

Rappelons toujours qu'en vingt ans le point d'indice de la fonction publique a augmenté de 17% et l'inflation de 40%. Soit - si je calcule bien - une perte de pouvoir d'achat de 17% en vingt ans.

Notons que cette position de M. Peillon n'est pas nouvelle car il tenait le même discours avant les élections : https://www.neoprofs.org/t46929p60-2012-debats-entre-luc-chatel-et-vincent-peillon-25-04-15h-france-culture-26-04-22h-i-tele-02-05-8h20-france-inter#1422512

Quand j'y songe, quel cynisme...Et on doit être trop bons en réalité, pour qu'il ose seulement se permettre de le déclarer.

N'est-ce pas ce bon Guizot qui souhaitait les enseignants pauvres, pour qu'ils restassent vertueux?

:shock:

L'étape suivante, ça va être de nous dire qu'on est tellement désintéressés et nobles d'âme et tout et tout qu'on gagne encore trop, et poum, prends une taxe supplémentaire dans ton revenu, tu vas voir comme elle aime ça, ta grande âme.

(Peillon, c'est encore un de ceux qui osent tout, nan ? )

Il est en trains de faire passer l'absence d'augmentation pour pouvoir "financer" l'augmentation du nombre de profs.

En même temps de mémoire pour le peu que je connaisse les tractations syndicales de ces dernières années, il me semble ont presque toujours fait passer les augmentations de postes avant les augmentations salariales et autres primes. Si l'on envoie aux leaders politiques le message répété que la priorité de la profession ce sont les créations de postes et pas les conditions salariales et ben ça vous donne un Vincent Peillon qui peut déclarer ça sereinement.

Attention, je ne dis bien sûr pas que je l'approuve ou qu'il ne faut pas de syndicats hein ! je me pose simplement la question des priorités. Les syndicats ont ils toujours porté les revendications de leurs adhérents ou n'ont-ils pas parfois joué leur propre jeu ? ( je pose la question c'est tout, vous êtes pas obligés de tirer à vue ) du coup nos politiques, cyniques cela va de soi, avec des caisses vides, ont beau jeu de dire que l'argent ne nous intéresse pas, j'ai quand même entendu beaucoup de collègues le proclamer, et de syndicats les relayer.

Sibérie a écrit:J'ai entendu ça aussi de mon recteur: "Vous êtes une des rares professions pour laquelle l'argent ne compte pas." C'est leur credo. Peut-être que certains d'entre nous en sont persuadés?

Et les recteurs?

Ronin: pas besoin de tirer à vue! tu as en partie raison, les syndicats ont fait plus passer l'augmentation du nombre de postes que la revalorisation salariale.

MAis c'est peut-être aussi parce que le système est au bord de l'implosion faute de profs. Dans ma discipline, l'allemand, on a dépassé depuis longtemps le stade de situation dramatique. Au point, que faute de collègues stables, en poste et en nombre suffisant, le travail (de plus en plus collectif ) devient très difficile y compris pour les enseignants actuels. Réclamer des postes supplémentaires c'est pouvoir faire son propre boulot correctement. Demander une augmentation c'est alors perçu comme "un mieux appréciable" et c'est là la grosse erreur!!

JEMS a écrit:Mouai, sortez les violons, pleurez donc braves gens !
Tout comme toi, je veux après 10 ans d'ancienneté dépasser enfin les 2 000 euros sans pour autant me gaver d'heures supplémentaires et accessoirement avoir un poste fixe qui me permette de m'épanouir et de faire rejaillir tout cela sur les élèves.

+ 1000!

Mirobolande a écrit:Une ARS pour les enseignants, qu'ils arrêtent de dépenser leur argent personnel pour s'offrir les moyens de travailler comme ils le souhaitent (sur justificatifs d'achats de livres et matériel pédagogique, ou sous forme de bons d'achats en librairie), ça serait renvoyer au mercantilisme ambiant?
J'imagine les cris d'orfraie des cons-sots-mateurs si une telle chose (aussi scandaleuse!) était mise en place.
On nous prend tellement pour des cons qu'on paye de notre poche de quoi imprimer, etc...

Je découvre et aime beaucoup l'expression que j'ai mise en gras...

Mirobolande a écrit:Une ARS pour les enseignants, qu'ils arrêtent de dépenser leur argent personnel pour s'offrir les moyens de travailler comme ils le souhaitent (sur justificatifs d'achats de livres et matériel pédagogique, ou sous forme de bons d'achats en librairie), ça serait renvoyer au mercantilisme ambiant?
J'imagine les cris d'orfraie des cons-sots-mateurs si une telle chose (aussi scandaleuse!) était mise en place.
On nous prend tellement pour des cons qu'on paye de notre poche de quoi imprimer, etc...

Mirobo, au pouvoir, Mirobo, au pouvoir! :acc:

(j'étais justement en train de calculer ce que me coûterait l'achat d'une série complète sur mes propres deniers, pour être sûre de l'avoir... )

Et moi qui me demandait pourquoi certains profs étaient mal fringués quand j'étais dans le secondaire... Ben je comprends mieux maintenant .
Trêve de plaisanterie, quand on est stagiaire comme moi et qu'il faut emménager à 400km de son domicile d'origine sans aucune aide qu'il faut tout acheter ou presque et faire je ne sais combien d'aller-retour, pour être payé à 90% (seulement) de son salaire net fin septembre, on fait comment?
En tout, j'ai bien dépensé 3000 euros pour m'installer sans compter le loyer à avancer et les trajets... Et en plus de cela j'ai une formation, qui se trouve à environ 100km de mon nouveau chez moi et bien sur c'est débrouillez vous!
Où va-t'on?

Si si, dans mes valeurs à moi, il y a l'argent roi à mort.
Pas de raison que ce ne soit que pour les autres.

Ce fil est à mettre en relation avec celui-ci : "Languedoc-Roussillon : Lordi, ordinateur en prêt en Lycée, se vend sur des sites de petites annonces...

Je vous laisse méditer...

cath5660 a écrit:Si si, dans mes valeurs à moi, il y a l'argent roi à mort.
Pas de raison que ce ne soit que pour les autres.

+ 1 Quand je suis entré dans l'enseignement, c'était payé convenablement. Je gagnais plus que dans mon emploi précédent dans le privé sinon pourquoi serais-je monté sur cette galère. Après à partir des années 80 la situation n'a pas cessé de se dégrader.

Et bien, c'est ce que je pense.
Mais on verra en combien de temps je perdrai ce caractère idéaliste, quand j'aurai plus de deux ans de métier derrière moi. Quand j'essaierai d'acheter une maison, par exemple, ou quand j'aurai des enfants. Le réveil risque d'être abrupt.

Pour l'instant, néanmoins, je tiens en haute-estime les valeurs des profs, etc. L'optimisme de la débutante, probablement !

Ce discours s'inscrit dans le manque général de considération pour la fonction, tout le monde se sentant autorisé à donner son avis sur programmes, pédagogie, rythmes et fonctionnement de l'école, on ne voit pas pourquoi on serait payé convenablement !!!

et à lui, c'est quoi sa valeur ?