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- Spinoza1670Esprit éclairé
LouisBarthas a écrit:Je suis incapable de suivre votre discussion mais peut-être peut-on traduire le terme de progressive éducation par éducation nouvelle.
- citation complète de PauvreYorick:
PauvreYorick a écrit:L'ennui n'est pas là; l'ennui est que progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.Philippe Jovi a écrit:Je ne vois pas ce que cela a d'"aberrant" dans la mesure où, précisément, le propos de l'auteur est polémique. Il ne s'agit pas, pour Arendt, d'assumer cette qualification, mais, tout au contraire d'en montrer la sottise. Progressive education est une expression laudative, tout autant que "progrès de l'éducation". Ce que n'est évidemment pas le néologisme "pédagogisme".
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Mais on jugera ce défaut moins grave, comme j'ai indiqué ci-dessus, si l'on remarque que le contexte de la première occurrence de l'expression ne laisse pas beaucoup de doute, et que ce n'est pas tant progressive education qui est traduit par «progrès dans l'éducation», que under the banner of progressive education qui est traduit par «sous la bannière du progrès dans l'éducation».
En fait, Chantal Vezin aurait très bien pu utiliser dès la première occurrence la locution qu'elle utilise dans la seconde occurrence (et écrire «sous la bannière des méthodes modernes d'éducation»), modernité pour progrès, le sens n'en aurait pas été dramatiquement altéré.
Sinon (c'est-à-dire sur des choses tout de même plus importantes): effectivement, s'agissant de l'ascendance intellectuelle d'Arendt, il faut aller chercher plutôt côté Jaspers et Heidegger, c'est une certitude. Et l'idée que les représentants de la progressive education ne croiraient pas à la valeur émancipatrice du savoir est, au mieux, très problématique (à mon avis elle est insoutenable). Il est possible qu'ils se trompent sur cette valeur émancipatrice, qu'ils ne la placent pas où il faut; que, ici ou là, le concept du «savoir» ou de l'«émancipation» soit inadéquat; voire, peut-être, qu'ils la subordonnent à d'autres buts (sur Rousseau, attention tout de même: le contrat social n'est pas une fin en soi non plus...). Mais on ne peut que difficilement formuler un reproche aussi vague et aussi général.
Éducation nouvelle
L'expression "éducation nouvelle" convoie avec elle dans l'esprit du lecteur francophone des représentations européano-centrées (Freinet, Piaget, etc.) qui ne conviennent peut-être pas pour aborder objectivement (sans préjugés) les doctrines américaines.PauvreYorick a écrit:C'est moi qui ai en fait écrit ce que tu attribues à Robin (Robin n'avait pas utilisé les balises de citation). Sinon, oui, tu as entièrement raison: l'«éducation nouvelle» présentée par ton lien correspond largement assez à la progressive education d'Arendt pour que ce soit la meilleure traduction proposée jusqu'ici. (Je ne sais pas, en revanche, si c'est aussi reconnaissable en français qu'en anglais: je n'étais pas familier de cette expression.)
En soi, "éducation nouvelle" me semble convenir pour traduire "progressive education", mais pour le lecteur francophone, elle risque de masquer les spécificités américaines et d'y apporter des éléments nouveaux qui n'y sont pas forcément.
Je préfère donc le terme neutre de "progressiste" qui ne présume en rien de l'identité des doctrines progressistes américaines avec celles connues en Europe sous le nom d'éducation nouvelle.
Ce n'est pas très clair. Si un "démêleur" passe par là...
- RobinFidèle du forum
Bien entendu. Pour Arendt, l'Ecole n'a pas pour fonction de créer un "homme nouveau", mais de donner aux enfants les moyens d'exercer leur liberté de pensée et d'action dans le monde, sachant qu'ils sont toujours plus jeunes qu le monde, en leur transmettant des savoirs (Voici notre monde.)Paratge a écrit:Arendt qui a écrit sur le totalitarisme, n'aurait pas non plus admis la devise de nos pédagogistes de « changer l'école pour changer la société, changer l'école pour changer la société. »
Pour elle, l’École est nécessairement "conservatrice" (par essence et par nécessité), mais ce qui est valable pour l’École ne doit pas être étendu, à l'ensemble de la société. Des changements peuvent et doivent s'accomplir. Simplement l’École ne peut pas et ne doit pas être, au risque d'en dénaturer la fonction, le lieu de départ (l’origine) de ces changements.
- ParatgeNeoprof expérimenté
La progressive education est définie en 1918 par les Principes cardinaux qui furent à la source du pédagogisme aux États-Unis :
1. Santé. (Health)
3. Conception élevée de la vie familiale. (Worthy home membership)
4. Orientation professionnelle. (Vocation)
5. Éducation civique. (Civic education)
6. Conception élevée des loisirs. (Worthy use of leisure)
7. Caractère éthique. (Ethical character)
Et oui, il n’y avait pas ce qui fut le point n° 2 dans cette version initiale du texte de W.H. Kilkpatrick ; la référence à la nécessaire maîtrise de savoirs académiques en était absente et la version finale ne les mentionne qu’en en diminuant l’importance :
2. Maîtrise des fondamentaux (Command of fundamental processes) : les fondamentaux sont l’écriture, la lecture, l’expression orale et écrite et les mathématiques. Il a été décidé que ces connaissances de base devaient être appliquées à de nouveaux domaines au lieu d’être enseignées en suivant les méthodes traditionnelles.
« Il manquait même dans la première version des Principes cardinaux la mention de la phrase “maîtrise des processus fondamentaux” (c’est-à-dire la lecture, l’écriture et l’arithmétique) qui dans la version finale était la seule allusion aux buts scolaires ».
E. D. Hirsch Jr, The schools we need and why we don’t have them, 1996, p. 48.
Richard Hofstader, historien et Prix Pulitzer, notait en 1963 que « la Commission a dressé un ensemble d’objectifs scolaires dans lesquels ni le développement de la capacité intellectuelle ni la maîtrise d’une discipline scolaire n’étaient même pas mentionnés. »
1. Santé. (Health)
3. Conception élevée de la vie familiale. (Worthy home membership)
4. Orientation professionnelle. (Vocation)
5. Éducation civique. (Civic education)
6. Conception élevée des loisirs. (Worthy use of leisure)
7. Caractère éthique. (Ethical character)
Et oui, il n’y avait pas ce qui fut le point n° 2 dans cette version initiale du texte de W.H. Kilkpatrick ; la référence à la nécessaire maîtrise de savoirs académiques en était absente et la version finale ne les mentionne qu’en en diminuant l’importance :
2. Maîtrise des fondamentaux (Command of fundamental processes) : les fondamentaux sont l’écriture, la lecture, l’expression orale et écrite et les mathématiques. Il a été décidé que ces connaissances de base devaient être appliquées à de nouveaux domaines au lieu d’être enseignées en suivant les méthodes traditionnelles.
« Il manquait même dans la première version des Principes cardinaux la mention de la phrase “maîtrise des processus fondamentaux” (c’est-à-dire la lecture, l’écriture et l’arithmétique) qui dans la version finale était la seule allusion aux buts scolaires ».
E. D. Hirsch Jr, The schools we need and why we don’t have them, 1996, p. 48.
Richard Hofstader, historien et Prix Pulitzer, notait en 1963 que « la Commission a dressé un ensemble d’objectifs scolaires dans lesquels ni le développement de la capacité intellectuelle ni la maîtrise d’une discipline scolaire n’étaient même pas mentionnés. »
- RobinFidèle du forum
Merci pour cette référence capitale. Nous avançons !Paratge a écrit:La progressive education est définie en 1918 par les Principes cardinaux qui furent à la source du pédagogisme aux États-Unis :
1. Santé. (Health)
3. Conception élevée de la vie familiale. (Worthy home membership)
4. Orientation professionnelle. (Vocation)
5. Éducation civique. (Civic education)
6. Conception élevée des loisirs. (Worthy use of leisure)
7. Caractère éthique. (Ethical character)
Et oui, il n’y avait pas ce qui fut le point n° 2 dans cette version initiale du texte de W.H. Kilkpatrick ; la référence à la nécessaire maîtrise de savoirs académiques en était absente et la version finale ne les mentionne qu’en en diminuant l’importance :
2. Maîtrise des fondamentaux (Command of fundamental processes) : les fondamentaux sont l’écriture, la lecture, l’expression orale et écrite et les mathématiques. Il a été décidé que ces connaissances de base devaient être appliquées à de nouveaux domaines au lieu d’être enseignées en suivant les méthodes traditionnelles.
« Il manquait même dans la première version des Principes cardinaux la mention de la phrase “maîtrise des processus fondamentaux” (c’est-à-dire la lecture, l’écriture et l’arithmétique) qui dans la version finale était la seule allusion aux buts scolaires ».
E. D. Hirsch Jr, The schools we need and why we don’t have them, 1996, p. 48.
Richard Hofstader, historien et Prix Pulitzer, notait en 1963 que « la Commission a dressé un ensemble d’objectifs scolaires dans lesquels ni le développement de la capacité intellectuelle ni la maîtrise d’une discipline scolaire n’étaient même pas mentionnés. »
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