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- Spinoza1670Esprit éclairé
Voilà. Peu importe que cette référence soit importante ou non dans l'argumentation. Mais si la référence à cet ouvrage par Arendt est importante ou non, on ne pourra le trouver que si on le cherche.PauvreYorick a écrit:Le «rapport» qui a été demandé a été donné : Arendt fait précisément référence, dans La Crise de l'éducation, au livre Why Johnny can't read. Il n'y a pas à se contorsionner au-delà.
Il n'est pas impossible qu'elle ait abstrait les caractéristiques générales de la crise de l'éducation de la crise particulière de la lecture analysée par Flesch, si cela veut dire quelque chose.
- Spinoza1670Esprit éclairé
La traduction Vezin (Folio) est retranscrite ici : Hannah Arendt, La Crise de l'éducation.
Il faudrait mettre l'original en regard.
Il faudrait mettre l'original en regard.
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- InvitéP2Niveau 5
Progressive education est traduit pas "progrès dans l'éducation". Lesquels, pour Hannah Arendt, ne reposent pas sur le scepticisme mais sur l'utilitarisme (cf. le Concept d'Histoire) et sur le fonctionnalisme (cf. qu'est-ce que l'Autorité ?).Robin a écrit:Arendt [...] nous laisse le soin d'examiner ce qui en découle et d'en déduire que la "progressive education" (le pédagogisme) ne repose sur aucun fondement, si ce n'est celui d'un scepticisme radical.
"Précisément référence" ? Certainement pas. Arendt ne fait référence ni à Flesch, ni à la substance de ses travaux. Elle se contente d'une simple allusion au titre de l'un de ses ouvrages. Une allusion d'ailleurs tout à fait anecdotique puisqu'elle ne consiste qu'en une seule occurrence. En tout cas, je ne vois toujours pas le moindre rapport entre cette allusion anecdotique et le fond de la pensée arendtienne.PauvreYorick a écrit:Le «rapport» qui a été demandé a été donné: Arendt fait précisément référence, dans La Crise de l'éducation, au livre Why Johnny can't read. Il n'y a pas à se contorsionner au-delà.
Lisez. Comparez. Jugez.PauvreYorick a écrit:Pour revenir à l'article, je n'en connais pas la version anglaise, mais je crois me souvenir qu'on m'avait mis en garde contre la traduction. Quelqu'un en sait davantage à ce sujet?
Oh non ! Ce que dit Arendt dans ce texte est dans la veine pessimiste des Origines du Totalitarisme et de la Condition de l'Homme Moderne. Rien à voir avec Flesch (dont rien ne permet d'ailleurs de penser qu'elle l'ait seulement lu) ! En revanche, elle est manifestement influencée par la phénoménologie de Jaspers et la néophobie de Heidegger.Spinoza1670 a écrit:Il n'est pas impossible qu'elle ait abstrait les caractéristiques générales de la crise de l'éducation de la crise particulière de la lecture analysée par Flesch, si cela veut dire quelque chose.
- User17706Bon génie
J'avoue que je ne m'offusquerais pas si l'on disait, lorsque je cite même de manière libre un titre d'ouvrage, que, ce faisant, je fais référence à l'ouvrage en question. (Attention à la manière dont vous découpez vos citations: «précisément référence» ou «fait précisément»?)
Merci par ailleurs pour le lien vers le texte anglais.
Pour l'existence d'un éventuel rapport entre le livre de Flesch, que je n'ai pas lu (non plus), et l'article d'Arendt, voilà une occasion pour tous d'appliquer votre excellent conseil: lire, comparer, juger.
Merci par ailleurs pour le lien vers le texte anglais.
Pour l'existence d'un éventuel rapport entre le livre de Flesch, que je n'ai pas lu (non plus), et l'article d'Arendt, voilà une occasion pour tous d'appliquer votre excellent conseil: lire, comparer, juger.
- User17706Bon génie
En l'occurrence c'est suffisant pour convaincre de la nécessité de se reporter au texte original, d'ailleurs, s'agissant de la traduction de Chantal Vezin. Pour être justes, disons que la deuxième traduction proposée plus bas pour la même expression(càd. «méthodes modernes d'éducation») est meilleure.Philippe Jovi a écrit:Progressive education est traduit par "progrès dans l'éducation".Robin a écrit:Arendt [...] nous laisse le soin d'examiner ce qui en découle et d'en déduire que la "progressive education" (le pédagogisme) ne repose sur aucun fondement, si ce n'est celui d'un scepticisme radical.
- Spinoza1670Esprit éclairé
- Citation de Philippe Jovi:
- Philippe Jovi a écrit:Robin a écrit:Arendt [...] nous laisse le soin d'examiner ce qui en découle et d'en déduire que la "progressive education" (le pédagogisme) ne repose sur aucun fondement, si ce n'est celui d'un scepticisme radical.PauvreYorick a écrit:Le «rapport» qui a été demandé a été donné: Arendt fait précisément référence, dans La Crise de l'éducation, au livre Why Johnny can't read. Il n'y a pas à se contorsionner au-delà.PauvreYorick a écrit:Pour revenir à l'article, je n'en connais pas la version anglaise, mais je crois me souvenir qu'on m'avait mis en garde contre la traduction. Quelqu'un en sait davantage à ce sujet?Spinoza1670 a écrit:Il n'est pas impossible qu'elle ait abstrait les caractéristiques générales de la crise de l'éducation de la crise particulière de la lecture analysée par Flesch, si cela veut dire quelque chose.
Une remarque de détail : la coutume veut que les liens hypertextes soient soulignés et les titres des ouvrages mis en italiques.
Une autre remarque : j'ai cité deux occurrences, pas une seule.
Sinon, pour le reste, je suis plutôt d'accord : c'était une remarque anecdotique sur un point anecdotique. Mais ce que je voulais dire c'est qu'il est possible que cette anecdote soit moins triviale qu'il n'y paraît.
Je sens qu'il y a peut-être une piste à explorer.
Raapidement, pour montrer que ce n'est pas si dénué de fondement que cela, voir cette phrase de Flesch, 1955 : “The teaching of reading - all over the United States, in all the schools, and in all the textbooks - is totally wrong and flies in the face of all logic and common sense.” citée dans l'article dont j'ai donné le lien plus haut (journal ultraconservateur) : http://www.thenewamerican.com/reviews/opinion/item/10752-why-johnny-still-cant-read.
à rapprocher de : "Le fait significatif est que pour ne pas aller à l'encontre de certaines théories, bonnes ou mauvaises, on a résolument mis à l'écart toutes les règles du bon sens." (Arendt, trad. Vezin, p. 5 du fichier .doc)
C'est seulement un rapprochement, je ne prétends pas analyser ce rapprochement. Je n'ai lu ni Arendt, ni Flesch.
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- Spinoza1670Esprit éclairé
J'ai terminé le fichier word. Je vous donne le lien dans deux minutes.
En attendant, je signale ce lien : http://skhole.fr/s%C3%A9rie-hannah-arendt-et-l-%C3%A9ducation
En attendant, je signale ce lien : http://skhole.fr/s%C3%A9rie-hannah-arendt-et-l-%C3%A9ducation
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- Spinoza1670Esprit éclairé
texte d'Arendt en américain :
Télécharger « Arendt crisis in education.docx »
texte d'Arendt en américain + trad fr :
Télécharger « Crisis in education ang fr Vezin.doc »
ou
Télécharger « Crisis in education ang fr Vezin.odt »
Télécharger « Arendt crisis in education.docx »
texte d'Arendt en américain + trad fr :
Télécharger « Crisis in education ang fr Vezin.doc »
ou
Télécharger « Crisis in education ang fr Vezin.odt »
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- RobinFidèle du forum
La traduction de "progressive education" par "progrès dans l'éducation" est aberrante !
Je ne pense pas qu'Hannah Arendt subisse dans ce texte l'influence du "misonéisme" (haine des choses nouvelles) de Heidegger, pour autant que Heidegger puisse être qualifié de "misonéiste". Et si elle subit l'influence de la phénoménologie, je pense c'est plutôt celle de Husserl (l'intuition des essences, comme il le fait avec la concept "d'Europe" dans la conférence de Vienne, en 1935) que de Jaspers.
Ce qu'Hannah Arendt essaye de faire dans ce texte, c'est de mettre en évidence ce qui constitue l'essence de l'éducation (et donc ce qu'est et ce que n'est pas l'éducation).
Pour elle, l'essence de l'éducation ne réside ni dans le jeu, ni dans le fait d'apprendre en faisant soi-même (John Dewey)... Elle n'est pas dans le "pragmatisme", mais dans la transmission d'un savoir. Ce qui ne veut pas dire que l'on doive interdire aux enfants de jouer, de bricoler ou de "s'épanouir" (comme on dit), ni que la transmission ne puisse se faire dans la joie et dans la bonne humeur.
Ce n'est pas par "misonéisme" qu'Hannah Arendt se réfère au passé, mais parce que le savoir (et donc l'éducation) est ontologiquement lié au passé, dans la mesure où l'enfant est toujours plus jeune que le monde dans lequel il entre (et que le monde est toujours plus veux que l'enfant).
Le rôle de l'enseignant, selon Arendt est de dire à l'enfant : "Voici notre monde, voici le monde dans lequel tu entres." (sous-entendu, tu as le droit d'en être mécontent et de vouloir le changer).
Mais l'éduction, pour Hannah Arendt est dirigée vers le futur et non vers le présent ou le passé : l'éducation est la condition de la liberté, car, pour Hannah Arendt, héritière de la philosophie des Lumières (Condorcet, Kant et Hegel), la liberté est liée à l'usage de la pensée et la pensée repose sur le savoir.
C'est l'avenir de l'enfant qui est en jeu et sa liberté dans le fait de lui transmettre ou de ne pas lui transmettre des connaissances.
La manière de lui transmettre ces connaissances n'intéresse pas Hannah Arendt et elle se serait certainement désintéressée des arguties sur les méthodes de lecture (globale/alphabétique/mixte), du moment où l'enfant apprend à lire et à écrire correctement.
Elle ne vise dans la "progressive education" (les méthodes modernes d'éducation et non "les progrès dans l'éducation" !) que le refus de transmettre des connaissances et le fait de faire reposer l'éducation sur autre chose que le fait de transmettre un savoir.
L'idéologie "pédagogiste" (la progressive education") repose sur une forme de scepticisme : ses représentants ne croient pas à la valeur émancipatrice du savoir. Ce qu'Hannah Arendt reproche donc à la "progressive education", c'est de ne pas éduquer.
Je ne pense pas qu'Hannah Arendt subisse dans ce texte l'influence du "misonéisme" (haine des choses nouvelles) de Heidegger, pour autant que Heidegger puisse être qualifié de "misonéiste". Et si elle subit l'influence de la phénoménologie, je pense c'est plutôt celle de Husserl (l'intuition des essences, comme il le fait avec la concept "d'Europe" dans la conférence de Vienne, en 1935) que de Jaspers.
Ce qu'Hannah Arendt essaye de faire dans ce texte, c'est de mettre en évidence ce qui constitue l'essence de l'éducation (et donc ce qu'est et ce que n'est pas l'éducation).
Pour elle, l'essence de l'éducation ne réside ni dans le jeu, ni dans le fait d'apprendre en faisant soi-même (John Dewey)... Elle n'est pas dans le "pragmatisme", mais dans la transmission d'un savoir. Ce qui ne veut pas dire que l'on doive interdire aux enfants de jouer, de bricoler ou de "s'épanouir" (comme on dit), ni que la transmission ne puisse se faire dans la joie et dans la bonne humeur.
Ce n'est pas par "misonéisme" qu'Hannah Arendt se réfère au passé, mais parce que le savoir (et donc l'éducation) est ontologiquement lié au passé, dans la mesure où l'enfant est toujours plus jeune que le monde dans lequel il entre (et que le monde est toujours plus veux que l'enfant).
Le rôle de l'enseignant, selon Arendt est de dire à l'enfant : "Voici notre monde, voici le monde dans lequel tu entres." (sous-entendu, tu as le droit d'en être mécontent et de vouloir le changer).
Mais l'éduction, pour Hannah Arendt est dirigée vers le futur et non vers le présent ou le passé : l'éducation est la condition de la liberté, car, pour Hannah Arendt, héritière de la philosophie des Lumières (Condorcet, Kant et Hegel), la liberté est liée à l'usage de la pensée et la pensée repose sur le savoir.
C'est l'avenir de l'enfant qui est en jeu et sa liberté dans le fait de lui transmettre ou de ne pas lui transmettre des connaissances.
La manière de lui transmettre ces connaissances n'intéresse pas Hannah Arendt et elle se serait certainement désintéressée des arguties sur les méthodes de lecture (globale/alphabétique/mixte), du moment où l'enfant apprend à lire et à écrire correctement.
Elle ne vise dans la "progressive education" (les méthodes modernes d'éducation et non "les progrès dans l'éducation" !) que le refus de transmettre des connaissances et le fait de faire reposer l'éducation sur autre chose que le fait de transmettre un savoir.
L'idéologie "pédagogiste" (la progressive education") repose sur une forme de scepticisme : ses représentants ne croient pas à la valeur émancipatrice du savoir. Ce qu'Hannah Arendt reproche donc à la "progressive education", c'est de ne pas éduquer.
- User17706Bon génie
Certes. Pour mieux comprendre le choix de traduction, notons que «sous la bannière du progrès dans l'éducation» est un peu moins aberrant, déjà.Robin a écrit:La traduction de "progressive education" par "progrès dans l'éducation" est aberrante !
- InvitéP2Niveau 5
Désolé. La coutume à laquelle je suis rompu date d'avant l'existence des liens hypertextes. De l'époque où, l'outil scripteur étant, le plus fréquemment, le stylo, les titres d'ouvrages étaient, effectivement, soulignés. Coutume qui, comme le souligne Pascal, est, depuis longtemps, devenue chez moi une seconde nature.Spinoza1670 a écrit:Une remarque de détail : la coutume veut que les liens hypertextes soient soulignés et les titres des ouvrages mis en italiques.
Tout à fait exact. Au temps pour moi !Spinoza1670 a écrit:Une autre remarque : j'ai cité deux occurrences, pas une seule
C'est justement ce type de "rapprochement" que je dénonce comme étant une simple allusion (du latin adludo, "je plaisante", "je badine") et non une référence (de refero, "je reviens en arrière"). Cela relève, typiquement, de la méthode popularisée par Flesch sous le nom d'"analyse syntaxique de surface". Or la philosophie, justement, ne se satisfait point d'analyse syntaxique de surface.Spinoza1670 a écrit:Mais ce que je voulais dire c'est qu'il est possible que cette anecdote soit moins triviale qu'il n'y paraît.
Je sens qu'il y a peut-être une piste à explorer.
Raapidement, pour montrer que ce n'est pas si dénué de fondement que cela, voir cette phrase de Flesch, 1955 : “The teaching of reading - all over the United States, in all the schools, and in all the textbooks - is totally wrong and flies in the face of all logic and common sense.” citée dans l'article dont j'ai donné le lien plus haut (journal ultraconservateur) : http://www.thenewamerican.com/reviews/opinion/item/10752-why-johnny-still-cant-read.
à rapprocher de : "Le fait significatif est que pour ne pas aller à l'encontre de certaines théories, bonnes ou mauvaises, on a résolument mis à l'écart toutes les règles du bon sens." (Arendt, trad. Vezin, p. 5 du fichier .doc)
C'est seulement un rapprochement, je ne prétends pas analyser ce rapprochement. Je n'ai lu ni Arendt, ni Flesch.
Je ne vois pas ce que cela a d'"aberrant" dans la mesure où, précisément, le propos de l'auteur est polémique. Il ne s'agit pas, pour Arendt, d'assumer cette qualification, mais, tout au contraire d'en montrer la sottise. Progressive education est une expression laudative, tout autant que "progrès de l'éducation". Ce que n'est évidemment pas le néologisme "pédagogisme".Robin a écrit:La traduction de "progressive education" par "progrès dans l'éducation" est aberrante !
Non. Hannah Arendt est, manifestement, beaucoup plus influencée par la version jaspersienne de la phénoménologie que par la version husserlienne. Il y a, par exemple, dans la philosophie arendtienne, une empreinte considérable de l'ouvrage de Karl Jaspers die Schuldfrage (curieusement, et, pour le coup, ridiculement traduit en français par la Culpabilité Allemande) avec, notamment, son analyse des quatre formes de culpabilité/responsabilité (difficile de traduire die Schuld qui veut dire à la fois "culpabilité", "responsabilité" et "dette") sur certains de ses travaux (Eichmann à Jérusalem, Ontologie et Politique, etc.). Tout cela n'a pas grand chose à voir avec la structure transcendantale du cogito chez Husserl. En revanche l'héritage heideggerien est incontestable : la néophobie de Heidegger (terme préférable à "misonéisme" qui a un caractère beaucoup plus technique, synonyme, par exemple de "résistance" chez Jung), présente dans le problème de l'arraisonnement de l'être par l'étant de la technique, mais aussi son ochlophobie (détestation de la foule) visible dans son analyse du "on", du bavardage ou de la bêtise, se retrouvent de façon plus ou moins diffuse dans la totalité de l'oeuvre d'Arendt, et ce, depuis le Concept d'Amour chez Augustin.Robin a écrit:Je ne pense pas qu'Hannah Arendt subisse dans ce texte l'influence du "misonéisme" (haine des choses nouvelles) de Heidegger, pour autant que Heidegger puisse être qualifié de "misonéiste". Et si elle subit l'influence de la phénoménologie, je pense c'est plutôt celle de Husserl (l'intuition des essences, comme il le fait avec la concept "d'Europe" dans la conférence de Vienne, en 1935) que de Jaspers.
Oui. Sauf que le passé n'est pas une simple modalité temporelle. Le passé, c'est le monde commun fait des travaux, des oeuvres, des actions et des discours des autres individus que le "nouveau venu" est invité à assumer afin, le cas échéant, d'y apporter sa touche personnelle. Du coup, le rôle de l'enseignant ne se borne pas à "dire". Mais il s'agit plutôt de "faire", de créer, ou, en tout cas, de favoriser ou de maintenir, les conditions de possibilité d'une insertion harmonieuse de l'enfant dans ce monde commun, insertion à laquelle tous ont à gagner. L'enseignant, c'est la mémoire du monde.Robin a écrit:Ce n'est pas par "misonéisme" qu'Hannah Arendt se réfère au passé, mais parce que le savoir (et donc l'éducation) est ontologiquement lié au passé, dans la mesure où l'enfant est toujours plus jeune que le monde dans lequel il entre (et que le monde est toujours plus veux que l'enfant). Le rôle de l'enseignant, selon Arendt est de dire à l'enfant : "Voici notre monde, voici le monde dans lequel tu entres." (sous-entendu, tu as le droit d'en être mécontent et de vouloir le changer).
La filiation des Lumières chez Arendt est beaucoup plus problématique que vous avez l'air de le supposer. A preuve ce passage admirable, que j'ai souvent fait étudier à mes élèves : "la liberté [...] est réellement la condition qui fait que les hommes vivent ensemble dans une organisation politique. Sans elle, la vie politique comme telle serait dépourvue de sens. La raison d'être de la politique est la liberté, et son champ d'expérience est l'action. Cette liberté, que nous prenons pour allant de soi dans toute théorie politique [...] est l'opposé même de la "liberté intérieure", cet espace intérieur dans lequel les hommes peuvent échapper à la contrainte extérieure et se sentir libres [...]. La liberté, envisagée dans ses rapports avec la politique, n'est pas un phénomène de la volonté. Nous ne traitons pas ici du liberum arbitrium, liberté de choix qui décide entre deux données, l'une bonne, l'autre mauvaise, et dont le choix est prédéterminé par un motif qui n'a pas besoin d'être exprimé pour commencer d'opérer [...]. La liberté comme inhérente à l'action est peut-être illustrée le mieux par le concept machiavélien de virtù, l'excellence avec laquelle un homme répond aux occasions que le monde lui révèle sous la forme de la fortuna. Son sens est rendu de la meilleure façon par "virtuosité", c'est-à-dire la perfection que nous attribuons aux arts d'exécution (différents des arts créateurs de fabrication) où l'accomplissement consiste dans l'exécution-même et non dans un produit fini qui survit à l'activité qu'elle a amené à l'existence [...]. Comme toute action comprend un élément de virtuosité, et puisque la virtuosité est la perfection que nous attribuons aux arts d'exécution, la politique a souvent été définie comme un art"(Arendt, qu'est-ce que la Liberté ?).Robin a écrit:Mais l'éduction, pour Hannah Arendt est dirigée vers le futur et non vers le présent ou le passé : l'éducation est la condition de la liberté, car, pour Hannah Arendt, héritière de la philosophie des Lumières (Condorcet, Kant et Hegel), la liberté est liée à l'usage de la pensée et la pensée repose sur le savoir.
Non. Arendt est un peu plus fine que cela. Rousseau n'est pas un sceptique. Il croit fermement à la valeur émancipatrice du savoir. En revanche, c'est, au sens d'Arendt, un "utilitariste" ou un "fonctionnaliste". L'éducation n'est pas, pour Rousseau, un but en soi. Il s'agit, à travers une pédagogie adaptée aux besoins de l'enfant d'aujourd'hui, de préparer le citoyen de demain apte à contracter socialement. Tandis que, pour Arendt, tout comme pour Aristote dont elle se réclame souvent, l'éducation est un but en soi. On est éduqué afin de aeï aristeueïn, "être le meilleur possible". Un point, c'est tout.Robin a écrit:L'idéologie "pédagogiste" (la progressive education") repose sur une forme de scepticisme : ses représentants ne croient pas à la valeur émancipatrice du savoir. Ce qu'Hannah Arendt reproche donc à la "progressive education", c'est de ne pas éduquer.
- User17706Bon génie
L'ennui n'est pas là; l'ennui est que progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.Philippe Jovi a écrit:Je ne vois pas ce que cela a d'"aberrant" dans la mesure où, précisément, le propos de l'auteur est polémique. Il ne s'agit pas, pour Arendt, d'assumer cette qualification, mais, tout au contraire d'en montrer la sottise. Progressive education est une expression laudative, tout autant que "progrès de l'éducation". Ce que n'est évidemment pas le néologisme "pédagogisme".Robin a écrit:La traduction de "progressive education" par "progrès dans l'éducation" est aberrante !
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Mais on jugera ce défaut moins grave, comme j'ai indiqué ci-dessus, si l'on remarque que le contexte de la première occurrence de l'expression ne laisse pas beaucoup de doute, et que ce n'est pas tant progressive education qui est traduit par «progrès dans l'éducation», que under the banner of progressive education qui est traduit par «sous la bannière du progrès dans l'éducation».
En fait, Chantal Vezin aurait très bien pu utiliser dès la première occurrence la locution qu'elle utilise dans la seconde occurrence (et écrire «sous la bannière des méthodes modernes d'éducation»), modernité pour progrès, le sens n'en aurait pas été dramatiquement altéré.
Sinon (c'est-à-dire sur des choses tout de même plus importantes): effectivement, s'agissant de l'ascendance intellectuelle d'Arendt, il faut aller chercher plutôt côté Jaspers et Heidegger, c'est une certitude. Et l'idée que les représentants de la progressive education ne croiraient pas à la valeur émancipatrice du savoir est, au mieux, très problématique (à mon avis elle est insoutenable). Il est possible qu'ils se trompent sur cette valeur émancipatrice, qu'ils ne la placent pas où il faut; que, ici ou là, le concept du «savoir» ou de l'«émancipation» soit inadéquat; voire, peut-être, qu'ils la subordonnent à d'autres buts (sur Rousseau, attention tout de même: le contrat social n'est pas une fin en soi non plus...). Mais on ne peut que difficilement formuler un reproche aussi vague et aussi général.
- RobinFidèle du forum
Hannah Arendt ne dit pas que les méthodes modernes d'éducation sont un tissus d'absurdités, mais qu'elles sont un mélange d'absurdités et de choses vraies.
Pour donner des exemples précis, elle aurait sans doute accepté que les élèves écrivent un Journal où ils parlent de leur vie quotidienne (la méthode Freinet), mais certainement pas le fait de réduire la grammaire française à un opuscule de trois pages et de n'en faire qu'un "instrument", comme le fait Célestin Freinet et de borner l'éducation à l'environnement proche.
Elle aurait admis que l'apprentissage puisse être un plaisir, mais certainement pas de fonder l'apprentissage sur le jeu.
Elle aurait sans doute admis le bien fondé de certaines idées de Philippe Meirieu (faire commencer les rédactions en classe), mais certainement pas l'idée que "l'élève est au centre du système éducatif",
Elle aurait admis l'idée que les élèves doivent s'exercer au travail manuel, mais certainement pas l'idée qu'ils ne peuvent apprendre qu'en faisant et en construisant eux-mêmes leurs propre savoir comme le préconise John Dewey.
Elle aurait sans doute admis le bien-fondé de la pédagogie (Montaigne aussi), mais elle n'admet pas l'idée que "la pédagogie est une science de l'enseignement en général, au point de pouvoir s'affranchir complètement de la matière à enseigner".
Pour donner des exemples précis, elle aurait sans doute accepté que les élèves écrivent un Journal où ils parlent de leur vie quotidienne (la méthode Freinet), mais certainement pas le fait de réduire la grammaire française à un opuscule de trois pages et de n'en faire qu'un "instrument", comme le fait Célestin Freinet et de borner l'éducation à l'environnement proche.
Elle aurait admis que l'apprentissage puisse être un plaisir, mais certainement pas de fonder l'apprentissage sur le jeu.
Elle aurait sans doute admis le bien fondé de certaines idées de Philippe Meirieu (faire commencer les rédactions en classe), mais certainement pas l'idée que "l'élève est au centre du système éducatif",
Elle aurait admis l'idée que les élèves doivent s'exercer au travail manuel, mais certainement pas l'idée qu'ils ne peuvent apprendre qu'en faisant et en construisant eux-mêmes leurs propre savoir comme le préconise John Dewey.
Elle aurait sans doute admis le bien-fondé de la pédagogie (Montaigne aussi), mais elle n'admet pas l'idée que "la pédagogie est une science de l'enseignement en général, au point de pouvoir s'affranchir complètement de la matière à enseigner".
- ParatgeNeoprof expérimenté
Arendt qui a écrit sur le totalitarisme, n'aurait pas non plus admis la devise de nos pédagogistes de « changer l'école pour changer la société, changer l'école pour changer la société. »
- Spinoza1670Esprit éclairé
Ce n'est pas une coutume, c'est une norme, je pense, quand on écrit sur machine, d'écrire les titres en italiques. A vérifier.Philippe Jovi a écrit:Désolé. La coutume à laquelle je suis rompu date d'avant l'existence des liens hypertextes. De l'époque où, l'outil scripteur étant, le plus fréquemment, le stylo, les titres d'ouvrages étaient, effectivement, soulignés. Coutume qui, comme le souligne Pascal, est, depuis longtemps, devenue chez moi une seconde nature.Spinoza1670 a écrit:Une remarque de détail : la coutume veut que les liens hypertextes soient soulignés et les titres des ouvrages mis en italiques.
C'est devenu également plus qu'une coutume mais une norme de souligner les liens hypertextes ou de les signaler par une police de couleur différente. A vérifier aussi.
C'était seulement pour corriger ma remarque initiale.
Voilà justement pourquoi je me montre très très prudent ("peut-être une piste à explorer", "je ne prétends pas analyser ce rapprochement"). Il n'y a pas peut-être même pas d'allusion et Arendt emploie peut-être une simple expression.Philippe Jovi a écrit:C'est justement ce type de "rapprochement" que je dénonce comme étant une simple allusion (du latin adludo, "je plaisante", "je badine") et non une référence (de refero, "je reviens en arrière"). Cela relève, typiquement, de la méthode popularisée par Flesch sous le nom d'"analyse syntaxique de surface". Or la philosophie, justement, ne se satisfait point d'analyse syntaxique de surface.Spinoza1670 a écrit:Mais ce que je voulais dire c'est qu'il est possible que cette anecdote soit moins triviale qu'il n'y paraît.
Je sens qu'il y a peut-être une piste à explorer.
Rapidement, pour montrer que ce n'est pas si dénué de fondement que cela, voir cette phrase de Flesch, 1955 : “The teaching of reading - all over the United States, in all the schools, and in all the textbooks - is totally wrong and flies in the face of all logic and common sense.” citée dans l'article dont j'ai donné le lien plus haut (journal ultraconservateur) : http://www.thenewamerican.com/reviews/opinion/item/10752-why-johnny-still-cant-read.
à rapprocher de : "Le fait significatif est que pour ne pas aller à l'encontre de certaines théories, bonnes ou mauvaises, on a résolument mis à l'écart toutes les règles du bon sens." (Arendt, trad. Vezin, p. 5 du fichier .doc)C'est seulement un rapprochement, je ne prétends pas analyser ce rapprochement. Je n'ai lu ni Arendt, ni Flesch.
Pour commencer, il faudrait déjà montrer qu'Arendt a lu le livre de Flesch avant d'écrire son essai. Je n'ai pas de preuve. Il n'est même pas sûr qu'il s'agisse d'une allusion si l'article d'Arendt a été publié avant 1955, date de sortie du livre de Flesch.
Pour cela, il faudrait déjà que son article soit postérieur à 1955, date de sortie du livre de Flesch, condition sine qua non pour qu'il s'agisse d'une allusion (à moins de montrer que les deux auteurs se connaissaient et avaient des échanges). Or, on trouve sur certains sites la date de 1954 pour la date d'édition de l'article, et d'un autre côté la date de 1961 pour la parution du recueil Crise de la culture. Donc l'article Crisis in education est-il paru seulement en même temps que les autres articles du recueil Crise de la culture ou a-t-il fait l'objet d'une édition antérieure ? N'ayant pas la possibilité matérielle de consulter une source digne de confiance, je ne trouve aucune référence sérieuse à ce sujet. Qui pourrait me donner avec certitude la date d'édition de l'article Crisis in education ?
Il faudrait ensuite si possible exhiber une ou plusieurs citations d'Arendt extraites de ses livres ou de ses correspondances où elle affirme avoir lu le livre de Flesch ou avoir eu des échanges avec Flesch avant la parution de son article Crisis in education.
Je connais déjà votre réponse Robin et Ph. Jovi : à quoi cela sert-il de se poser toutes ces questions si l'analyse des positions et arguments d'Arendt montre que ce n'est au mieux qu'une simple anecdote ?
Disons que je demande juste humblement que l'on vérifie la date de parution de l'article The Crisis in Education.
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- User17706Bon génie
Arendt, Between Past and Future, 1961 (New York: The Viking Press). © 1954, 1956, 1957, 1958, 1960, 1961 by Hannah Arendt. Ces dates correspondent aux chapitres de l'édition de 1961, qui est la première édition (dans la seconde édition de 1968, d'autres chapitres ont été ajoutés).
La livraison de décembre 1958 de la Partisan Review contient un article d'Arendt intitulé The Crisis in Education (pp. 493-513).
L'édition de 1961 (1re édition) précise: “The Crisis in Education” was translated from the German by Denver Lindsey.
http://de.wikipedia.org/wiki/Die_Krise_in_der_Erziehung prétend que l'original allemand a été lu en conférence le 13 mai 1958 à Brême. Enfin, on peut l'écouter:
La livraison de décembre 1958 de la Partisan Review contient un article d'Arendt intitulé The Crisis in Education (pp. 493-513).
L'édition de 1961 (1re édition) précise: “The Crisis in Education” was translated from the German by Denver Lindsey.
http://de.wikipedia.org/wiki/Die_Krise_in_der_Erziehung prétend que l'original allemand a été lu en conférence le 13 mai 1958 à Brême. Enfin, on peut l'écouter:
- ParatgeNeoprof expérimenté
Arendt et Flesch sont des réfugiés de langue allemande. On peut raisonnablement penser que des gens de cette dimension devaient se connaître au moins de nom.
- Spinoza1670Esprit éclairé
Merci PauvreYorick.PauvreYorick a écrit:Arendt, Between Past and Future, 1961 (New York: The Viking Press). © 1954, 1956, 1957, 1958, 1960, 1961 by Hannah Arendt. Ces dates correspondent aux chapitres de l'édition de 1961, qui est la première édition (dans la seconde édition de 1968, d'autres chapitres ont été ajoutés).
La livraison de décembre 1958 de la Partisan Review contient un article d'Arendt intitulé The Crisis in Education (pp. 493-513).
L'édition de 1961 (1re édition) précise: “The Crisis in Education” was translated from the German by Denver Lindsey.
http://de.wikipedia.org/wiki/Die_Krise_in_der_Erziehung prétend que l'original allemand a été lu en conférence le 13 mai 1958 à Brême. Enfin, on peut l'écouter:
L'index des noms de Between Past and Future ne contient pas celui de Flesch.
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- RobinFidèle du forum
@Spinoza et Pauvre Yorick
Il y a un rapport entre La crise de l’Éducation (l'analyse d'Hannah Arendt) et la question de savoir pourquoi le petit Johnny ou le petit Kevin ne sait (toujours) pas lire. La question de savoir qui a lu qui est secondaire. Ce n'est pas pour rien qu'on demande aux élèves de dégager les ENJEUX d'une problématique. Vous avez donc raison de vous poser ces questions. Sinon, la philosophie ne vaudrait pas une minute de peine. Arendt aimait à citer l'aphorisme de René Char : "Notre héritage n'est précédé d'aucun testament." et ceci est valable pour notre dette envers Hannah Arendt.
@ Philippe Jovy
1) A propos de l'influence de la phénoménologie sur Hannah Arendt. Je suis bien d'accord sur l'influence de Jaspers dans Eichmann à Jérusalem, mais pas dans ce texte. Il n'est effectivement pas question d'époché et de moi transcendantal, mais Arendt se livre ici à une réduction eidétique, à une intuition des essences comme le fait Husserl dans la conférence de Vienne et dans la Crisis à propos de l'Europe.
2) Je ne suis pas sûr qu'Arendt vise seulement le pragmatisme de Dewey et pas l’Émile de JJ Rousseau, dans la mesure où Rousseau privilégie lui aussi le faire et préconise de ne pas "encombrer le cerveau de l'enfant avec des connaissances inutiles" (mais quand on lit l'Emile, on s'aperçoit qu'il y en a beaucoup !)
Dewey, qu'on le veuille ou non est un émule de Rousseau. Vous expliquez d'ailleurs très bien que Rousseau ne vise pas l'émancipation par le savoir, comme Condorcet dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, mais la formation du citoyen (on appelle ça aujourd'hui "l'éducation à la citoyenneté") et qu'il y a un rapport politique entre l’Émile et le Contrat social.
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3) "L'ennui n'est pas là; l'ennui est que progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Mais on jugera ce défaut moins grave, comme j'ai indiqué ci-dessus, si l'on remarque que le contexte de la première occurrence de l'expression ne laisse pas beaucoup de doute, et que ce n'est pas tant progressive education qui est traduit par «progrès dans l'éducation», que under the banner of progressive education qui est traduit par «sous la bannière du progrès dans l'éducation».
En fait, Chantel Vezin aurait très bien pu utiliser dès la première occurrence la locution qu'elle utilise dans la seconde occurrence (et écrire «sous la bannière des méthodes modernes d'éducation»), modernité pour progrès, le sens n'en aurait pas été dramatiquement altéré."
Oui, d'accord !
Il y a un rapport entre La crise de l’Éducation (l'analyse d'Hannah Arendt) et la question de savoir pourquoi le petit Johnny ou le petit Kevin ne sait (toujours) pas lire. La question de savoir qui a lu qui est secondaire. Ce n'est pas pour rien qu'on demande aux élèves de dégager les ENJEUX d'une problématique. Vous avez donc raison de vous poser ces questions. Sinon, la philosophie ne vaudrait pas une minute de peine. Arendt aimait à citer l'aphorisme de René Char : "Notre héritage n'est précédé d'aucun testament." et ceci est valable pour notre dette envers Hannah Arendt.
@ Philippe Jovy
1) A propos de l'influence de la phénoménologie sur Hannah Arendt. Je suis bien d'accord sur l'influence de Jaspers dans Eichmann à Jérusalem, mais pas dans ce texte. Il n'est effectivement pas question d'époché et de moi transcendantal, mais Arendt se livre ici à une réduction eidétique, à une intuition des essences comme le fait Husserl dans la conférence de Vienne et dans la Crisis à propos de l'Europe.
2) Je ne suis pas sûr qu'Arendt vise seulement le pragmatisme de Dewey et pas l’Émile de JJ Rousseau, dans la mesure où Rousseau privilégie lui aussi le faire et préconise de ne pas "encombrer le cerveau de l'enfant avec des connaissances inutiles" (mais quand on lit l'Emile, on s'aperçoit qu'il y en a beaucoup !)
Dewey, qu'on le veuille ou non est un émule de Rousseau. Vous expliquez d'ailleurs très bien que Rousseau ne vise pas l'émancipation par le savoir, comme Condorcet dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, mais la formation du citoyen (on appelle ça aujourd'hui "l'éducation à la citoyenneté") et qu'il y a un rapport politique entre l’Émile et le Contrat social.
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3) "L'ennui n'est pas là; l'ennui est que progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Mais on jugera ce défaut moins grave, comme j'ai indiqué ci-dessus, si l'on remarque que le contexte de la première occurrence de l'expression ne laisse pas beaucoup de doute, et que ce n'est pas tant progressive education qui est traduit par «progrès dans l'éducation», que under the banner of progressive education qui est traduit par «sous la bannière du progrès dans l'éducation».
En fait, Chantel Vezin aurait très bien pu utiliser dès la première occurrence la locution qu'elle utilise dans la seconde occurrence (et écrire «sous la bannière des méthodes modernes d'éducation»), modernité pour progrès, le sens n'en aurait pas été dramatiquement altéré."
Oui, d'accord !
- User17706Bon génie
Remarque perfide que je n'aurai ni le temps ni l'envie de développer, sur la filiation Heidegger-Arendt: quoique je ne pense pas du tout qu'il soit absurde de parler de «néophobie», il me semble que ce qu'il y a de plus caractéristique, c'est le mouvement de noyade du particulier dans l'hypergénéral. «Vous pensez avoir un problème de méthode localisé? je m'en vais vous montrer que ce n'est qu'une manifestation de surface d'un mouvement tellurique qui remonte à Parménide.»
- Spinoza1670Esprit éclairé
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- LouisBarthasExpert
Je suis incapable de suivre votre discussion mais peut-être peut-on traduire le terme de progressive éducation par éducation nouvelle.Robin a écrit:
progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Éducation nouvelle
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- User17706Bon génie
C'est moi qui ai en fait écrit ce que tu attribues à Robin (Robin n'avait pas utilisé les balises de citation). Sinon, oui, tu as entièrement raison: l'«éducation nouvelle» présentée par ton lien correspond largement assez à la progressive education d'Arendt pour que ce soit la meilleure traduction proposée jusqu'ici. (Je ne sais pas, en revanche, si c'est aussi reconnaissable en français qu'en anglais: je n'étais pas familier de cette expression.)
- Spinoza1670Esprit éclairé
Nathalie Bulle emploie le substantif "progressisme" et l'adjectif "progressiste" ("éducateur progressiste") dans son livre L'Ecole et son double.
Bernard Appy propose les néologismes "progressivisme" et "progressiviste" :
Bernard Appy propose les néologismes "progressivisme" et "progressiviste" :
B. Appy a écrit:La seule réserve que je ferais porte sur le mot “progressistes” dont l’auteur (= Nathalie Bulle) se sert pour désigner les partisans du constructivisme. Il est la traduction du mot américain “progressivist” qui ne comporte pas l’idée de progrès contenue dans le mot français “progressiste”. Est “progressivist” le partisan de la “progressive education”, celle centrée sur l’élève. Il vaudrait donc mieux le traduire par le néologisme “progressiviste” qui convient davantage aux responsables de la régression majeure qu'a connue le système d'enseignement français ces quarante dernières années. En conclusion, je recommande la lecture de ce livre important pour la mise en place d’une école de qualité en France. Le vent tourne aussi en sociologie, et c’est tant mieux…
http://bernardappy.blogspot.com/2009_04_01_archive.html
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- Spinoza1670Esprit éclairé
LouisBarthas a écrit:Je suis incapable de suivre votre discussion mais peut-être peut-on traduire le terme de progressive éducation par éducation nouvelle.
- citation complète de PauvreYorick:
PauvreYorick a écrit:L'ennui n'est pas là; l'ennui est que progressive education fait référence clairement, en anglais, à un courant de pensée (auquel on attache notamment le nom de Dewey, mais, Arendt le rappelle elle-même, qui a ses origines in Middle Europe, possible qu'elle remonte implicitement jusqu'à Comenius). Cette référence-là se perd dans le français, l'expression française «progrès dans l'éducation» ne se laissant pas interpréter comme le nom d'un courant d'idées.Philippe Jovi a écrit:Je ne vois pas ce que cela a d'"aberrant" dans la mesure où, précisément, le propos de l'auteur est polémique. Il ne s'agit pas, pour Arendt, d'assumer cette qualification, mais, tout au contraire d'en montrer la sottise. Progressive education est une expression laudative, tout autant que "progrès de l'éducation". Ce que n'est évidemment pas le néologisme "pédagogisme".
En revanche, effectivement, «pédagogisme» est (peut-être!) plus correct quant à la référence, mais il ne pourrait pas convenir, précisément à cause du fait que le terme de «pédagogisme», intrinsèquement péjoratif, n'a jamais constitué et n'aurait jamais pu constituer une bannière, contrairement à progressive education.
Mais on jugera ce défaut moins grave, comme j'ai indiqué ci-dessus, si l'on remarque que le contexte de la première occurrence de l'expression ne laisse pas beaucoup de doute, et que ce n'est pas tant progressive education qui est traduit par «progrès dans l'éducation», que under the banner of progressive education qui est traduit par «sous la bannière du progrès dans l'éducation».
En fait, Chantal Vezin aurait très bien pu utiliser dès la première occurrence la locution qu'elle utilise dans la seconde occurrence (et écrire «sous la bannière des méthodes modernes d'éducation»), modernité pour progrès, le sens n'en aurait pas été dramatiquement altéré.
Sinon (c'est-à-dire sur des choses tout de même plus importantes): effectivement, s'agissant de l'ascendance intellectuelle d'Arendt, il faut aller chercher plutôt côté Jaspers et Heidegger, c'est une certitude. Et l'idée que les représentants de la progressive education ne croiraient pas à la valeur émancipatrice du savoir est, au mieux, très problématique (à mon avis elle est insoutenable). Il est possible qu'ils se trompent sur cette valeur émancipatrice, qu'ils ne la placent pas où il faut; que, ici ou là, le concept du «savoir» ou de l'«émancipation» soit inadéquat; voire, peut-être, qu'ils la subordonnent à d'autres buts (sur Rousseau, attention tout de même: le contrat social n'est pas une fin en soi non plus...). Mais on ne peut que difficilement formuler un reproche aussi vague et aussi général.
Éducation nouvelle
L'expression "éducation nouvelle" convoie avec elle dans l'esprit du lecteur francophone des représentations européano-centrées (Freinet, Piaget, etc.) qui ne conviennent peut-être pas pour aborder objectivement (sans préjugés) les doctrines américaines.PauvreYorick a écrit:C'est moi qui ai en fait écrit ce que tu attribues à Robin (Robin n'avait pas utilisé les balises de citation). Sinon, oui, tu as entièrement raison: l'«éducation nouvelle» présentée par ton lien correspond largement assez à la progressive education d'Arendt pour que ce soit la meilleure traduction proposée jusqu'ici. (Je ne sais pas, en revanche, si c'est aussi reconnaissable en français qu'en anglais: je n'étais pas familier de cette expression.)
En soi, "éducation nouvelle" me semble convenir pour traduire "progressive education", mais pour le lecteur francophone, elle risque de masquer les spécificités américaines et d'y apporter des éléments nouveaux qui n'y sont pas forcément.
Je préfère donc le terme neutre de "progressiste" qui ne présume en rien de l'identité des doctrines progressistes américaines avec celles connues en Europe sous le nom d'éducation nouvelle.
Ce n'est pas très clair. Si un "démêleur" passe par là...
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