- RobinFidèle du forum
"Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner". Ce slogan un peu oublié, en vigueur en Mai 68, faisait du travail un ennemi de la vie. Le mot travail vient du latin "tripalium" qui signifie "instrument de torture". Le travail est l'ensemble des activités humaines organisées, coordonnées en vue de produire ce qui est utile. "On" est un pronom indéfini représente tout le monde en général et personne en particulier. "Gagner" est un verbe polysémique : on peut gagner de l'argent (acquérir), gagner une course (l'emporter sur ses concurrents). Que gagne-t-on en travaillant ? Une telle question suppose que le travail n'est pas une activité "gratuite" : on travaille en échange de quelque chose (une rémunération), mais suggère que l'on pourrait peut-être travailler pour d'autres raisons que pour l'argent. Mais si l'étymologie du mot travail (tripalium) suggère l’idée de désagrément et de souffrance, on ne voit pas très bien ce que l'on peut "gagner" en travaillant. Nous ferons état des reproches que l'on peut adresser au travail, puis ce qu'apporte le travail et enfin à quelles conditions on peut gagner à travailler.
Dans l'Ancien Testament, le travail est une conséquence du péché originel ("Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.") Dans l'antiquité grecque (et romaine), le travail n'était guère à l'honneur ; il était réservé aux esclaves ; les hommes libres se consacraient à l'étude, à la discussion, s'adonnaient à la politique, à la guerre, aux arts (en particulier la musique) et au exercices physiques. L'homme libre ne s'occupait pas de subvenir à ses besoins matériels, il laissait ce soin à l'esclave. Pour Aristote, le but de la vie humaine est le bonheur et le bonheur réside dans la "contemplation".
Pour Marx, les hommes sont asservis à un travail qui leur est imposé de l'extérieur ; ils se retrouvent coupés de leur liberté et d'eux-mêmes. Le travailleur est aliéné, il est dépossédé de son essence au profit d'un autre qui l'asservit. Dans le mode de production capitaliste, le travailleur ne se reconnaît pas dans son travail et celui-ci n'est pas rémunéré à sa juste valeur car le propriétaire des moyens de production en soustrait la plus-value.
Le travail est nécessaire parce que la nature n'offre pas spontanément à l'homme ce dont il a besoin pour vivre. Cependant, dans le monde moderne, le travail n'est plus directement lié à la nature et l'homme travaille très souvent pour un patron. De plus, les techniques industrielles ne mènent-t-il pas vers une aliénation de l'homme à la machine ?
Nietzsche critique la glorification du travail : "Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel..."
Selon Emmanuel Kant, "L'homme est le seul animal qui soit voué au travail ." C'est dans la transformation de la nature que l'homme s'affirme. Pour Hegel, le travail arrache l'homme de l'animalité, à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps (l'intervalle entre la production et la consommation) et de l'outil. Le travail est alors non seulement le moyen de maîtriser la nature mais aussi celui de s'extérioriser. Le travail forme et éduque, il transforme le monde et le civilise. C'est donc par le travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et se définit. En façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté.
Pour Hegel, l'esclave a préféré la vie à la liberté, mais en transformant le monde par son travail, il devient en quelque sorte le maître du maître, car le maître dépend de l'esclave pour sa survie matérielle. Le maître se contente de consommer et de jouir du travail de l'esclave, alors que ce dernier conquiert sa liberté concrète et la conscience concrète de soi par le travail.
Un certain nombre de conditions sont nécessaires pour que le travail soit un bien : conditions de travail, horaires, rémunération, participation aux bénéfices de l'Entreprise, reconnaissance, participation au processus de production... Le travail peut contribuer au développement humain, à condition que le travailleur soit considéré comme un un sujet, et non comme un outil.
Le travail, cependant n'est pas une fin en soi. Les Anciens avaient peut-être tort de mépriser le travail, mais ils avaient raison de ne pas faire du travail le but suprême de la vie, le souverain bien. Le travail permet à l'homme de se libérer du besoin et d'assurer la vie matérielle, mais l'homme ne se réduit pas à ses fonctions biologiques ; il a aussi des désirs culturels et spirituels. Le travail (comme l'argent) est un moyen et non une fin ; il doit permettre le loisir (otium) et la "contemplation" : l'exercice de la pensée enracinée dans la vie bonne.
Le travail, comme la langue, peut être la meilleure et la pire des choses : instrument d'aliénation et d'exploitation, il ne mérite pas d'être glorifié. L'homme, cependant est un animal voué au travail qui l'arrache à l'animalité, lui permet de maîtriser la nature et de s'extérioriser. L'homme se définit en tant qu'homme par le travail ; en façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté. Un certains nombre de conditions sont pourtant nécessaires : juste rémunération, participation, reconnaissance... Pour que le travail nous libère, il faut libérer le travail. Le travail, cependant, n'est pas une fin en soi.
Dans l'Ancien Testament, le travail est une conséquence du péché originel ("Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.") Dans l'antiquité grecque (et romaine), le travail n'était guère à l'honneur ; il était réservé aux esclaves ; les hommes libres se consacraient à l'étude, à la discussion, s'adonnaient à la politique, à la guerre, aux arts (en particulier la musique) et au exercices physiques. L'homme libre ne s'occupait pas de subvenir à ses besoins matériels, il laissait ce soin à l'esclave. Pour Aristote, le but de la vie humaine est le bonheur et le bonheur réside dans la "contemplation".
Pour Marx, les hommes sont asservis à un travail qui leur est imposé de l'extérieur ; ils se retrouvent coupés de leur liberté et d'eux-mêmes. Le travailleur est aliéné, il est dépossédé de son essence au profit d'un autre qui l'asservit. Dans le mode de production capitaliste, le travailleur ne se reconnaît pas dans son travail et celui-ci n'est pas rémunéré à sa juste valeur car le propriétaire des moyens de production en soustrait la plus-value.
Le travail est nécessaire parce que la nature n'offre pas spontanément à l'homme ce dont il a besoin pour vivre. Cependant, dans le monde moderne, le travail n'est plus directement lié à la nature et l'homme travaille très souvent pour un patron. De plus, les techniques industrielles ne mènent-t-il pas vers une aliénation de l'homme à la machine ?
Nietzsche critique la glorification du travail : "Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel..."
Selon Emmanuel Kant, "L'homme est le seul animal qui soit voué au travail ." C'est dans la transformation de la nature que l'homme s'affirme. Pour Hegel, le travail arrache l'homme de l'animalité, à son existence immédiate, en lui imposant la médiation du temps (l'intervalle entre la production et la consommation) et de l'outil. Le travail est alors non seulement le moyen de maîtriser la nature mais aussi celui de s'extérioriser. Le travail forme et éduque, il transforme le monde et le civilise. C'est donc par le travail que l'homme se réalise en tant qu'homme et se définit. En façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté.
Pour Hegel, l'esclave a préféré la vie à la liberté, mais en transformant le monde par son travail, il devient en quelque sorte le maître du maître, car le maître dépend de l'esclave pour sa survie matérielle. Le maître se contente de consommer et de jouir du travail de l'esclave, alors que ce dernier conquiert sa liberté concrète et la conscience concrète de soi par le travail.
Un certain nombre de conditions sont nécessaires pour que le travail soit un bien : conditions de travail, horaires, rémunération, participation aux bénéfices de l'Entreprise, reconnaissance, participation au processus de production... Le travail peut contribuer au développement humain, à condition que le travailleur soit considéré comme un un sujet, et non comme un outil.
Le travail, cependant n'est pas une fin en soi. Les Anciens avaient peut-être tort de mépriser le travail, mais ils avaient raison de ne pas faire du travail le but suprême de la vie, le souverain bien. Le travail permet à l'homme de se libérer du besoin et d'assurer la vie matérielle, mais l'homme ne se réduit pas à ses fonctions biologiques ; il a aussi des désirs culturels et spirituels. Le travail (comme l'argent) est un moyen et non une fin ; il doit permettre le loisir (otium) et la "contemplation" : l'exercice de la pensée enracinée dans la vie bonne.
Le travail, comme la langue, peut être la meilleure et la pire des choses : instrument d'aliénation et d'exploitation, il ne mérite pas d'être glorifié. L'homme, cependant est un animal voué au travail qui l'arrache à l'animalité, lui permet de maîtriser la nature et de s'extérioriser. L'homme se définit en tant qu'homme par le travail ; en façonnant la nature à son image, il accède à la conscience et à la liberté. Un certains nombre de conditions sont pourtant nécessaires : juste rémunération, participation, reconnaissance... Pour que le travail nous libère, il faut libérer le travail. Le travail, cependant, n'est pas une fin en soi.
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