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Arumbaya
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par Arumbaya Jeu 9 Aoû 2012 - 23:25
J'avais pensé à Lavoine, mais je voudrais justement faire le lien avec des chansons originales, qui ne reprennent pas un texte existant. Le passage du temps peut effectivement être une bonne piste. Merci !
John
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Médiateur

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par John Jeu 9 Aoû 2012 - 23:26
Les chansons sur la Lorelei sont originales aussi (ce n'est pas le texte d'Apollinaire), et on peut les écouter sur le net Wink

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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !


"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
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par Arumbaya Jeu 9 Aoû 2012 - 23:27
J'irai écouter tout ça !
Serge
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Médiateur

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par Serge Mer 15 Aoû 2012 - 14:40
Je galère sur ma séquence poésie et les textes non engagés ...

La plupart des manuels proposent des textes sur des immeubles ou des cageots, et j'ai envie de pleurer à l'idée de faire lire ça à des 3èmes. :|

C'est souvent d'un ennui, et je trouve ces thèmes tout sauf poétiques (goût personnel) En tout cas, indépendamment de ça, je ne vois rien susceptibles de les toucher, de les impliquer, de les interpeller ou de les intéresser dans la plupart des textes proposés.

Auriez vous d'autres pistes de textes modernes qui soit beaux et intéressants ?

Sinon je vais faire un GT Apollinaire :

J'ai eu le courage de regarder en arrière (il peut être intéressant celui-là)
Pardonnez mon ignorance (me semble assez indiqué)
LE pont Mirabeau
Les colchiques
Le brasier (je sens que ça va être simple à leur faire analyser ça)
L'adieu
Nuit Rhénane
La loreley (mon préféré d'Apollinaire, j'aime beaucoup, mais ce n'est pas dans celui-ci qu'on perçoit le mieux le renouvellement poétique -c'est peut-être pour ça d'ailleurs que je le préfère- sauf si vous avez des pistes Smile )
Mes amis m'ont enfin avoué leur mépris
Je n'ai même plus pitié de moi


Bon, il me faut quand même un calligramme, un acrostiche et ... un poème en prose qui soit sympa. On ne peut en prendre chez Baudelaire je crois ... 😢 Ponge ... franchement ... je trouve que mes élèves s'en sortent souvent mieux que lui en écrivant, Ponge est pour moi un mystère, mais bref. Si je ne trouve pas un poème en prose qui soit vraiment poétique et digne d'intérêt, je prendrais alors un de ses textes qui parle d'une radio je crois. C'est peut-être parce qu'il a failli me faire esquisser un sourire ...
Mais je suis preneur d'autres idées !


Dernière édition par Serge le Ven 7 Sep 2012 - 19:02, édité 2 fois

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[3°] Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine - Page 2 Empty Re: [3°] Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine

par malo21 Mer 15 Aoû 2012 - 18:51
pour ma part j'ai bien envie de m'engouffrer sur la piste chansons qui parlent du monde moderne. j'adore la chanson française et souvent les élèves ont une culture limitée en ce domaine
miss sophie
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Expert spécialisé

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par miss sophie Mer 15 Aoû 2012 - 19:23
Pour l'instant je m'oriente sur un chapitre en deux axes : d'une part, poésie de la ville moderne avec Apollinaire (le début de "Zone", la fin de "La chanson du mal-aimé") ; d'autre part, l'attention portée aux choses avec Ponge ("La bougie", le seul poème que j'aie trouvé intéressant dans ce que j'ai croisé de lui dans les manuels ; je suis assez d'accord avec Serge...) et Guillevic. Je pensais finir avec "La promenade de Picasso" de Prévert qui va me permettre de lancer une réflexion sur l'art (et d'enchaîner sur "Ceci n'est pas une pomme" de Magritte).
Alcyone
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par Alcyone Ven 7 Sep 2012 - 11:17
Pour Cioran :

L'âme de la ville


Les toits semblent perdus
Et les clochers et les pignons fondus,
Dans ces matins fuligineux et rouges,
Où, feu à feu, des signaux bougent.

Une courbe de viaduc énorme
Longe les quais mornes et uniformes ;
Un train s'ébranle immense et las.

Là-bas,
Un steamer rauque avec un bruit de corne.

Et par les quais uniformes et mornes,
Et par les ponts et par les rues,
Se bousculent, en leurs cohues,
Sur des écrans de brumes crues,
Des ombres et des ombres.

Un air de soufre et de naphte s'exhale ;
Un soleil trouble et monstrueux s'étale ;
L'esprit soudainement s'effare
Vers l'impossible et le bizarre ;
Crime ou vertu, voit-il encor
Ce qui se meut en ces décors,
Où, devant lui, sur les places s'exalte
Ailes grandes, dans le brouillard
Un aigle noir avec un étendard,
Entre ses serres de basalte.

O les siècles et les siècles sur cette ville,
Grande de son passé
Sans cesse ardent - et traversé,
Comme à cette heure, de fantômes!
O les siècles et les siècles sur elle,
Avec leur vie immense et criminelle
Battant - depuis quels temps ? -
Chaque demeure et chaque pierre
De désirs fous ou de colères carnassières!

Quelques huttes d'abord et quelques prêtres :
L'asile à tous, l'église et ses fenêtres
Laissant filtrer la lumière du dogme sûr
Et sa naïveté vers les cerveaux obscurs.
Donjons dentés, palais massifs, cloîtres barbares ;
Croix des papes dont le monde s'effare ;
Moines, abbés, barons, serfs et vilains ;
Mitres d'orfroi, casques d'argent, vestes de lin ;
Luttes d'instincts, loin des luttes de l'âme
Entre voisins, pour l'orgueil vain d'une oriflamme ;
Haines de sceptre à sceptre et monarques faillis
Sur leur fausse monnaie ouvrant leur fleurs de lys,
Taillant le bloc de leur justice à coup de glaive
Et la dressant et l'imposant, grossière et brève.

Puis, l'ébauche, lente à naître, de la cité :
Forces qu'on veut dans le droit seul planter ;
Ongles du peuple et mâchoires de rois ;
Mufles crispés dans l'ombre et souterrains abois
Vers on ne sait quel idéal au fond des nues ;
Tocsins brassant, le soir, des rages inconnues ;
Flambeaux de délivrance et de salut, debout
Dans l'atmosphère énorme où la révolte bout ;
Livres dont les pages, soudain intelligibles,
Brûlent de vérité, comme jadis les Bibles ;
Hommes divins et clairs, tels des monuments d'or
D'où les évènements sortent armés et forts ;
Vouloirs nets et nouveaux, consciences nouvelles
Et l'espoir fou, dans toutes les cervelles,
Malgré les échafauds, malgré les incendies
Et les têtes en sang au bout des poings brandies.

Elle a mille ans la ville,
La ville âpre et profonde ;
Et sans cesse, malgré l'assaut des jours
Et des peuples minant son orgueil lourd,
Elle résiste à l'usure du monde.
Quel océan, ses coeurs! quel orage, ses nerfs!
Quels noeuds de volontés serrés en son mystère!
Victorieuse, elle absorbe la terre,
Vaincue, elle est l'attrait de l'univers ;
Toujours, en son triomphe ou ses défaites,
Elle apparaît géante, et son cri sonne et son nom luit,
Et la clarté que font ses feux d'or dans la nuit
Rayonne au loin, jusqu'aux planètes!

O les siècles et les siècles sur elle!

Son âme, en ces matins hagards,
Circule en chaque atome
De vapeur lourde et de voiles épars,
Son âme énorme et vague, ainsi que ses grands dômes
Qui s'estompent dans le brouillard.
Son âme errante en chacune des ombres
Qui traversent ses quartiers sombres,
Avec une ardeur neuve au bout de leur pensée,
Son âme formidable et convulsée,
Son âme, où le passé ébauche
Avec le présent net l'avenir encor gauche.

O ce monde de fièvre et d'inlassable essor
Rué, à poumons lourds et haletants,
Vers on ne sait quels buts inquiétants ?
Monde promis pourtant à des lois d'or,
A des lois claires, qu'il ignore encor
Mais qu'il faut, un jour, qu'on exhume,
Une à une, au fond des brumes.
Monde aujourd'hui têtu, tragique et blême
Qui met sa vie et son âme dans l'effort même
Qu'il projette, le jour, la nuit,
A chaque heure, vers l'infini.

O les siècles et les siècles sur cette ville!

Le rêve ancien est mort et le nouveau se forge.
Il est fumant dans la pensée et la sueur
Des bras fiers de travail, des fronts fiers de lueurs,
Et la ville l'entend monter du fond des gorges
De ceux qui le portent en eux
Et le veulent crier et sangloter aux cieux.

Et de partout on vient vers elle,
Les uns des bourgs et les autres des champs,
Depuis toujours, du fond des loins ;
Et les routes éternelles sont les témoins
De ces marches, à travers temps,
Qui se rythment comme le sang
Et s'avivent, continuelles.

Le rêve! il est plus haut que les fumées
Qu'elle renvoie envenimées
Autour d'elle, vers l'horizon ;
Même dans la peur ou dans l'ennui,
Il est là-bas, qui domine, les nuits,
Pareil à ces buissons
D'étoiles d'or et de couronnes noires,
Qui s'allument, le soir, évocatoires.

Et qu'importent les maux et les heures démentes,
Et les cuves de vice où la cité fermente,
Si quelque jour, du fond des brouillards et des voiles,
Surgit un nouveau Christ, en lumière sculpté,
Qui soulève vers lui l'humanité
Et la baptise au feu de nouvelles étoiles.

Les Villes tentaculaires, Emile Verhaeren
Alcyone
Alcyone
Fidèle du forum

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par Alcyone Ven 7 Sep 2012 - 11:39
Les usines


Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
Et se mirant dans l'eau de poix et de salpêtre
D'un canal droit, marquant sa barre à l'infini,
Face à face, le long des quais d'ombre et de nuit,
Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Ronflent terriblement usines et fabriques.

Rectangles de granit et monuments de briques,
Et longs murs noirs durant des lieues,
Immensément, par les banlieues ;
Et sur les toits, dans le brouillard, aiguillonnées
De fers et de paratonnerres,
Les cheminées.

Se regardant de leurs yeux noirs et symétriques,
Par la banlieue, à l'infini,
Ronflent le jour, la nuit,
Les usines et les fabriques.

Oh les quartiers rouillés de pluie et leurs grand'rues!
Et les femmes et leurs guenilles apparues
Et les squares, où s'ouvre, en ces caries
De plâtras blanc et de scories,
Une flore pâle et pourrie.

Aux carrefours, porte ouverte, les bars :
Etains, cuivres, miroirs hagards,
Dressoirs d'ébène et flacons fols
D'où lui l'alcool
Et sa lueur vers les trottoirs.
Et des pintes qui tout à coup rayonnent,
Sur le comptoir, en pyramides de couronnes ;
Et des gens soûls, debout,
Dont les larges langues lapent, sans phrases,
Les ales d'or et le whisky, couleur topaze.

Par à travers les faubourgs lourds
Et la misère en pleurs de ces faubourgs,
Et les troubles et mornes voisinages,
Et les haines s'entrecroisant de gens à gens
Et de ménages à ménages,
Et le vol même entre indigents,
Grondent, au fond des cours, toujours,
Les haletants battements sourds
Des usines et des fabriques symétriques.

Ici, sous de grands toits où scintille le verre,
La vapeur se condense en force prisonnière :
Des mâchoires d'acier mordent et fument ;
De grands marteaux monumentaux
Broient des blocs d'or sur des enclumes,
Et, dans un coin, s'illuminent les fontes
En brasiers tors et effrénés qu'on dompte.

Là-bas, les doigts méticuleux des métiers prestes,
A bruits menus, à petits gestes,
Tissent des draps, avec des fils qui vibrent
Légers et fins comme des fibres.
Des bandes de cuir transversales
Courent de l'un à l'autre au bout des salles
Et les volants larges et violents
Tournent, pareils aux ailes dans le vent
Des moulins fous, sous les rafales.
Un jour de cour avare et ras
Frôle, par à travers les carreaux gras
Et humides d'un soupirail,
Chaque travail.
Automatiques et minutieux,
Des ouvriers silencieux
Règlent le mouvement
D'universel tictaquement
Qui fermente de fièvre et de folie
Et déchiquette, avec ses dents d'entêtement,
La parole humaine abolie.

Plus loin, un vacarme tonnant de chocs
Monte de l'ombre et s'érige par blocs ;
Et, tout à coup, cassant l'élan des violences,
Des murs de bruit semblent tomber
Et se taire, dans une mare de silence,
Tandis que les appels exacerbés
Des sifflets crus et des signaux
Hurlent soudain vers les fanaux,
Dressant leurs feux sauvages,
En buissons d'or, vers les nuages.

Et tout autour, ainsi qu'une ceinture,
Là-bas, de nocturnes architectures,
Voici les docks, les ports, les ponts, les phares
Et les gares folles de tintamarres ;
Et plus lointains encor des toits d'autres usines
Et des cuves et des forges et des cuisines
Formidables de naphte et de résines
Dont les meutes de feu et de leurs grandies
Mordent parfois le ciel, à coups d'abois et d'incendies.

Au long du vieux canal à l'infini,
Par à travers l'immensité de la misère
Des chemins noirs et des routes de pierre,
Les nuits, les jours, toujours,
Ronflent les continus battements sourds,
Dans les faubourgs,
Des fabriques et des usines symétriques.

L'aube s'essuie
A leurs carrés de suie ;
Midi et son soleil hagard
Comme un aveugle, errent par leurs brouillards ;
Seul, quand au bout de la semaine, au soir,
La nuit se laisse en ses ténèbres choir,
L'âpre effort s'interrompt, mais demeure en arrêt,
Comme un marteau sur une enclume,
Et l'ombre, au loin, parmi les carrefours, paraît
De la brume d'or qui s'allume.

Les Villes tentaculaires, Emile Verhaeren
Amaliah
Amaliah
Empereur

[3°] Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine - Page 2 Empty Re: [3°] Nouveaux regards sur le monde dans la poésie contemporaine

par Amaliah Lun 10 Sep 2012 - 18:18
Après réflexion, je ferai sûrement :
- le début de "Zone"
- "Nuit rhénane"
- "Le Pont Mirabeau" (mes élèves n'ont pas fait de poésie l'an dernier!)
- "La Colombe poignardée et le jet d'eau"
- "Si je mourais là-bas..."
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