Comment vous présentez vous auprès des gens qui ne travaillent pas dans l' E.N. ?

"- Je suis prof.
- De quoi ?
- Professeur documentaliste."

Ensuite variante 1 :

"- Ah ben t'es pas prof alors !
- Ben si, j'ai un CAPES
- Faut un CAPES pour ranger les livres maintenant ?! (arf arf arf)"

Variante 2 :

"- C'est-à-dire ?
- Au CDI quoi...
- Ah, ben ça va, c'est tranquille ! / c'est la planque !
- ..."

Aujourd'hui, dans la mesure du possible, je n'en parle même plus, j'évite. Ca me fatigue d'avoir à me justifier tout le temps et d'expliquer mon métier à des imbéciles, y compris à d'autres profs, ce qui est un comble.

Moi prof d'espagnol, ça n'en jette jamais! Eventuellement, je me prends "on a étudié le Guernica de Picasso, c'est tout ce dont je me rappelle" ou "c'était vachement intello ce que l'on nous faisait faire" ou encore "tous mes profs d'espagnol étaient communistes". Allez une petite dernière: "j'ai eu 2 en espagnol au bac, je n'ai jamais rien foutu dans cette matière et ça ne m'a pas empêché de réussir!".

J'évite également de mentionner mon métier, davantage par honte que par crainte des préjugés qui collent à la profession.

Dionysos a écrit:Prof .
- de quoi ?
- Histoire-Géo.
- Aaaah... J'aimais bien l'Histoire... Vercingétorix, Marignan 1515, La Révolution française...
ou bien :
- Aaaah... mais ca sert à quoi d'apprendre l'Histoire ?
Ce a quoi je réponds invariablement:
- A rien.

moi j'ai plutôt la version "ce n'est pas contre toi, mais moi l'histoire, j'ai jamais pu, j'arrivais pas avec les dates". A quoi je réponds qu'il fallait prendre des abricots secs.

(et là, la personne en face met toujours un certain temps à percuter. Je fais la même blague depuis des années, ça fait toujours rigoler mon mari, c'est toujours ça de pris).

Daphné a écrit:il y a deux ans environ, à la veille du brevet, grand barbecue chez des collègues de mon mari et l'un d'entre eux justifie l'absence de son épouse par le fait qu'elle faisait bosser le fils pour qu'il révise un peu son brevet vu qu'il n'avait absolument rien glandé de l'année. Bon.

Je me retrouve à table à côté de lui et quand il apprend ce que je fais il me sort que "dans l'enseignement on ne fait rien."
".. c'est bien vrai ça, lui dis-je avec un grand :lol: et si vous saviez comme c'est épuisant d'essayer de faire bosser des gamins qui ne veulent rien faire et qui entendent dire toute la journée qu'on n'a rien à faire

Il a changé de sujet

:lol!: Tiens sympa. Il a dû ressentir un grand moment de solitude en pensant à sa merveille.

-prof
-de quoi?
-économie gestion
-c'est quoi ça?
-éco droit management marketing. entre autres.
-ça existe? mais dans quelle classe?
-STG principalement.
-haaa mais pourquoi t'as choisis les STG, t'as raté tes études? (véridique!!)
- ... (trop aimable) non c'est un choix.
- ...


ou alors:
-je m'amuse avec des lapins crétins!

non je ne l'ai jamais faite celle là!!! je préfère de loin mes élèves (même de STG!!! mais si c'est parce que vous ne les connaissez pas bien! et que la mercatique est coef 12... peut être aussi) à "l'adulte" lambda pétri de préjugés stupides!

Je suis prof
(regard de surprise ... on me donne habituellement 15 ans, je fais 1m50)
- Ah ouais ? prof de quoi ?
- Philo.



option 1:
- Waaaaah j'en ai jamais fait de la philo, jsuis jamais allé jusque là moi... j'aurais adoré donner mon avis en classe, faire des débats sur plein de trucs... mais de la philo on peut tous en faire chacun chez soi dans sa tête, non ? tout le monde est philosophe. Moi j'aurais fait un super bon philosophe!
- (exaspération): ah oui, c'est bien. (pas le courage d'expliquer que le cours de philo n'est pas un café où chacun déballe son avis non réfléchi sur "plein de trucs")

option 2:
- ah ouais ? au collège c'est ça ?
- heu... non Suspect , en terminale... (il croit quoi, lui ? )


option 3:
- ah ouais moi mon prof de philo il était barge, on jouait aux échecs en cours personne l'écoutait jamais c'était vraiment un cas-soc, on mettait trop le bordel. Mais on l'aimait bien hein !
- ah, moi ça va, c'est juste que mes élèves font deux têtes de plus que moi.

option 4: Very Happy
- ah ouais ? c'est bien ça. (ne sait pas en quoi consiste la philo)
- ouais. c'est pas facile tous les jours. (air de grand sage)

chanig a écrit:

Hermione0908 a écrit:"Feignasse de fonctionnaire surpayée à rien foutre grâce aux impôts de l'honnête contribuable qui bosse, lui".
Ça marche pas mal auprès d'une partie de la population. Et ça a l'avantage de faire taire les mauvaises langues, tu as sorti tous leurs arguments en une seule locution.

je retiens ça pour mes hommes de Meetic.

Ah d'accord !

En vous lisant je commençais sérieusement à me demander dans quels contextes on venait à vous sortir toutes les inepties et poncifs que vous avez mentionnés. En gros la plupart du temps c'est quand vous draguez pour rencontrer quelqu'un, et vous tombez sur des lourds pas très futés ?
Parce que dans la vie au quotidien, quand on dit le métier qu'on fait - enfin dans mon cas du moins - les gens ne répondent pas ce genre de chose du tout franchement. Le plus souvent je tombe sur des gens qui plaignent les professeurs parce qu'ils connaissent les systèmes de mutations, la rigidité du milieu dans lequel on doit travailler, et la pénibilité des élèves qui ne veulent pas travailler comme il faut. Et qui finissent par dire que c'est compliqué aujourd'hui, et qu'il faut de la patience pour faire un tel métier.

Une seule fois je suis tombée sur une grosse vieille abrutie apparemment au RMI, et qui m'avait insultée alors que je m'étais garée sur une place de parking public en ville (qui avait apparemment le malheur d'être située juste devant sa maison) : à l'époque c'était à côté du lycée où je travaillais comme vacataire pour payer mes études, et je n'avais pas eu de pass pour pouvoir entrer me garer dans l'établissement, donc j'étais bien obligée de me mettre quelque part. Et donc cette dame avait commencé à m'invectiver comme quoi j'étais une prof, que les profs étaient des c***, que d'abord je n'avais pas à me garer devant chez elle parce qu'elle voulait utiliser cette place publique pour mettre sa voiture au lieu de la rentrer dans son garage Qu'elle allait aller se plaindre à mon chef d'établissement.

Je te l'ai mouchée, comme je lui ai dit : pas de soucis, on y va de suite et je vous accompagne. Je suis étudiante et je bosse dans cet établissement pour payer mes études, maintenant si vous n'êtes pas contente vous n'avez qu'à aller voir la ville et vous plaindre pour faire passer cette place en place "privative" ce qui n'est absolument pas indiqué. Et si cela ne vous va pas c'est pareil, parce qu'en attendant vu que je suis obligée de travailler dans différents endroits pour réussir à vivre et payer mes études, ma fois je contribue à payer vos aides sociales. Allons-y ! Heu, après elle est rentrée chez elle en me regardant de travers, et m'a fichu la paix les fois suivantes. Mais honnêtement, c'est la seule fois de ma vie où j'ai eu affaire à quelqu'un de ce genre, et à l'époque je n'étais même pas légitime dans mon poste

A Tuin,

non, pas besoin d'aller sur Meetic pour trouver des gros lourds ou des gens juste maladroits/indélicats.
De mon côté, le plus beau, c'était quand j'ai rencontré ma belle-famille :
"- et vous faites quoi ?
- j'enseigne la paléographie à l'Ecole des chartes.
- la quoi ? les dinosaures ? où ça ?
- non, les techniques de déchiffrages des manuscrits anciens dans une grande école qui forme les conservateurs du patrimoine (j'explique aussi que je fais une thèse dont je donne l'intitulé).
- oh ***, le truc qui sert à rien quoi."

(je vous jure que la dernière phrase est bien celle-ci, mot pour mot, et que le mot censuré avait un rapport avec les péripatéticiennes).

JPhMM a écrit:

doublecasquette a écrit:Mon père disait à ses étudiants : "Quand j'étais petit, je voulais être gardien de zoo. Et puis me voilà, ici, avec vous. Vous voyez, je n'ai pas tellement changé !"

:lol:

Artémise a écrit:

Dionysos a écrit:Prof .
- de quoi ?
- Histoire-Géo.
- Aaaah... J'aimais bien l'Histoire... Vercingétorix, Marignan 1515, La Révolution française...
ou bien :
- Aaaah... mais ca sert à quoi d'apprendre l'Histoire ?
Ce a quoi je réponds invariablement:
- A rien.

moi j'ai plutôt la version "ce n'est pas contre toi, mais moi l'histoire, j'ai jamais pu, j'arrivais pas avec les dates". A quoi je réponds qu'il fallait prendre des abricots secs.

(et là, la personne en face met toujours un certain temps à percuter. Je fais la même blague depuis des années, ça fait toujours rigoler mon mari, c'est toujours ça de pris).

Moi aussi, ça me fait rire ! :lol:

preguntas a écrit:

Artémise a écrit:

Dionysos a écrit:Prof .
- de quoi ?
- Histoire-Géo.
- Aaaah... J'aimais bien l'Histoire... Vercingétorix, Marignan 1515, La Révolution française...
ou bien :
- Aaaah... mais ca sert à quoi d'apprendre l'Histoire ?
Ce a quoi je réponds invariablement:
- A rien.

moi j'ai plutôt la version "ce n'est pas contre toi, mais moi l'histoire, j'ai jamais pu, j'arrivais pas avec les dates". A quoi je réponds qu'il fallait prendre des abricots secs.

(et là, la personne en face met toujours un certain temps à percuter. Je fais la même blague depuis des années, ça fait toujours rigoler mon mari, c'est toujours ça de pris).

Moi aussi, ça me fait rire ! :lol:

Moi aussi ! Je vais essayer de la retenir :lol:

A ce propos, je vous transcris ma conversation ce même matin avec mon médecin :

Moi- Bonjour Docteur.
Lui- Bonjour Alberto. Mais ne m´appelez pas « Docteur ». Appelez-moi « Maurice ». Je ne vous appelle pas « Professeur ».
Moi- En fait vous ne pouvez pas m´appeler « Professeur » car ce titre est réservé aux Professeurs des Universités. Je suis un rang en dessous car je suis Maître de conférences des Universités.
Lui- Je devrais vous appeler comment alors ?
Moi- Dans d´autres pays on appellerait les MCF « Docteur » mais en France je ne crois pas.
Lui- Mais alors, on ne va pas s´appeler « Docteur », « Docteur ». Appellez-moi Maurice.
Moi- D´accord Maurice…

Magnifique, alberto !

Je réponds en général "prof", puis ajoute "de français" qd on me le demande, je rembarre celui qui sous entend q je ne fous rien...Mais souvent, on résume mon métier à la correction de fautes d'orthographe et on me sort : "Ouh là ! Je vais faire attention à mes fautes ou à ma façon de parler !"

Effectivement, même si pas mal de gens nous plaignent, régulièrement, on me sort l'argument des vacances ou "Ah t'es fatiguée ?" (ds les assoc' que je fréquente), ce à quoi je réponds un "Oui" avec un regard assassin (mater des ados toute la journée, ça donne de l'autorité sur un adulte qui te sort des poncifs !).

Artémise a écrit:A Tuin,

non, pas besoin d'aller sur Meetic pour trouver des gros lourds ou des gens juste maladroits/indélicats.

Pour ma part je ne drague pas ni sur Meetic ni ailleurs !!!

- Je suis prof ...
- Ah, et de quoi ?
- d'informatique.
- Ah, c'est vrai que les enfants en savent beaucoup maintenant. Certains doivent en connaitre plus que toi non ?
- Oui, sur Facebook, certainement, mais pour le reste, j'ai encore beaucoup de chose à leur apprendre !!!!

Selon les interlocuteurs je dis également volontiers que je suis feignasse, toujours en vacances, et qu'en plus je me plains tout le temps d'être mal payée.

- Je réponds que je suis "prof". Souvent je rajoute, avant qu'on ne me fasse une réflexion, que j'ai choisi ce métier pour être tout le temps en vacances et pour pouvoir exercer mes penchants sadiques sur les nenfants qui sont des proies faciles.

- Il m'est déjà arrivé de répondre "rien, je reste à la maison toute la journée". Bizarrement, personne ne m'a fait remarquer que j'étais une grosse feignasse.

Doublon, désolée...

Les professions qui ont droit à des diminutifs rabaissants sont peu nombreuses, finalement ("flics", "toubibs" etc.).

Mais il est à noter que seule la nôtre a le privilège de voir ce diminutif employé dans les médias, même réputés les plus "sérieux", de manière quasi institutionnelle.

Quelques exemples récents :





En prolongement de ce sujet, je recommande la lecture de cet article de Robert Wainer très beau sur le site de Sauver les Lettres : "Sauvez les mères !" (merci Loucath).

Très bien, cet article ! :abj:

Luigi_B a écrit:Les professions qui ont droit à des diminutifs rabaissants sont peu nombreuses, finalement ("flics", "toubibs" etc.).

Mais il est à noter que seule la nôtre a le privilège de voir ce diminutif employé dans les médias, même réputés les plus "sérieux", de manière quasi institutionnelle.

Quelques exemples récents :





En prolongement de ce sujet, je recommande la lecture de cet article de Robert Wainer très beau sur le site de Sauver les Lettres : "Sauvez les mères !" (merci Loucath).

Nous-mêmes (moi la première...), on a tendance à avoir intériorisé et à utiliser ce terme (par crainte de paraître pédants). Pourtant, il est effectivement symptomatique et vecteur d'une dévalorisation symbolique du métier.
On devrait tous militer pour le 'teacher pride' en fait !

"Prof", la consonne finale me fait souvent penser à un soupir...

Proffff pfff pfff....

Soupir qui traduirait une certaine lassitude, un essoufflement, un besoin de respirer...

Je dis: prof et à la première remarque du genre"alors sympa toujours vacances?" je rétorque: "avis aux amateurs, la porte est grande ouverte, l'éducation nationale recrute, même sur pôle emploi".
En général, ça calme direct.

Je n'irais quand même pas jusqu'à mettre "prof" (qui est bien un diminutif) sur le même plan que "flic" et "toubib" (ou alors, je suis le seul à ne pas voir la relation etymologique avec "policier" ou "médecin.")

Mais soit, teacher's pride, la prochaine fois qu'on me demande ce que je fais je réponds "professeur agrégé d'anglais en classe préparatoire aux grandes écoles" (je rajoute ma classe et mon échelon ou pas dans le descriptif? :lol: ) Si je suis "choqué" par l'apparition du terme dans les médias, c'est surtout par rapport au niveau de langue toujours à la baisse des productions journalistiques.

Bref, pour les gens je suis "prof", "professeur", "enseignant" ou "j'enseigne l'anglais."

"What's in a name? That which we call a rose
By any other name would smell as sweet."

Thou art quite right...