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- DhaiphiGrand sage
Je ne veux pas me faire l'avocat du diable mais les "pianos préparés" sont le fruit d'une démarche intellectuelle qui se veut expérimentale et artistique (on apprécie ou pas, je sais votre choix est fait ) pas le geste spontané de l'enfant de cinq ans.Ramoneur a écrit:Vite du Bach ...
Ça me rappelle une réflexion de mon vieux prof d'écriture qui parlait des pianos préparés : "Mettre des balles de ping-pong dans un piano, un gamin de cinq ans fait ça, on lui met un coup de pied au cul".
La voie royale de la musique "savante" est le solfège, l'harmonie, le contrepoint, accompagnée de l'étude appronfondie d'un instrument... mais à côté de cela il existe beaucoup d'autres formes de musique qui font du bien aux oreilles.
Ce qui ne veut pas dire que les conservatoires doivent renoncer à la mission de transmettre l'apprentissage exigeant de la musique savante (sinon qui le fera ?).
- RamoneurNiveau 8
Dhaiphi a écrit:
Je ne veux pas me faire l'avocat du diable mais les "pianos préparés" sont le fruit d'une démarche intellectuelle qui se veut expérimentale et artistique (on apprécie ou pas, je sais votre choix est fait ) pas le geste spontané de l'enfant de cinq ans.
Mais si je fais caca dans mon piano en affirmant qu'il s'agit d'une démarche intellectuelle, cela rend-il mon travail meilleur ?
Dhaiphi a écrit:
La voie royale de la musique "savante" est le solfège, l'harmonie, le contrepoint, accompagnée de l'étude appronfondie d'un instrument... mais à côté de cela il existe beaucoup d'autres formes de musique qui font du bien aux oreilles.
Tout à fait d'accord. Malgré tout, cela reste le fruit d'une construction musicale, sur des bases empiriques ou non. Je me refuse à penser que le hasard ait sa place en musique, du moins au niveau des macro-structures. Hors le piano préparé, c'est le règne du hasard : très intéressant en se posant comme spectateur, mais beaucoup moins (à mon sens) dans le rôle du créateur.
_________________
Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
- DhaiphiGrand sage
Je crois que le critère de qualité au sens esthétique et classique du terme est évacué de ce genre de démarche.Ramoneur a écrit:
Mais si je fais caca dans mon piano en affirmant qu'il s'agit d'une démarche intellectuelle, cela rend-il mon travail meilleur ?
Je me refuse à penser que le hasard ait sa place en musique, du moins au niveau des macro-structures. Hors le piano préparé, c'est le règne du hasard : très intéressant en se posant comme spectateur, mais beaucoup moins (à mon sens) dans le rôle du créateur.
Mais je ne veux pas m'ériger ici en défenseur de démarches "artistiques" très limites et auxquelles je ne suis pas très réceptif non plus.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- User5899Demi-dieu
Et cela donne-t-il une valeur ajoutée à votre caca, surtout ?Ramoneur a écrit:Dhaiphi a écrit:
Je ne veux pas me faire l'avocat du diable mais les "pianos préparés" sont le fruit d'une démarche intellectuelle qui se veut expérimentale et artistique (on apprécie ou pas, je sais votre choix est fait ) pas le geste spontané de l'enfant de cinq ans.
Mais si je fais caca dans mon piano en affirmant qu'il s'agit d'une démarche intellectuelle, cela rend-il mon travail meilleur ?
- AuroreEsprit éclairé
Histoire de se poiler un bon coup :
http://www.mediathequederoubaix.fr/rubriques/blog.html?cHash=78bafea74b&tx_inblog_pi1[showUid]=63
Un créneau comme un autre...
http://www.mediathequederoubaix.fr/rubriques/blog.html?cHash=78bafea74b&tx_inblog_pi1[showUid]=63
Un créneau comme un autre...
- CeladonDemi-dieu
"Et cela donne-t-il une valeur ajoutée à votre caca, surtout ?" Cripure
Ou au piano, qui de ce fait rejoindrait la noble famille du violonselle...
Ou au piano, qui de ce fait rejoindrait la noble famille du violonselle...
- MamaVénérable
Aurore a écrit: parents, Etat, enfants, réduits à formuler leur demande en termes "externes" que le musicien peut toujours récuser pour des raisons "internes" à la musique. En d'autres termes, elle sépare les usagers pour qui la musique est un moyen (de se cultiver, de se définir, de se divertir, de satisfaire les électeurs...) et les musiciens qui ont les moyens de faire de la musique sa propre fin : de se battre pour qu'elle soit reconnue d'utilité publique, enseignée, subventionnée, non de s'interroger sur son rôle ou son rapport à la demande
C'est ce passage qui me choque le plus. Car c'est bien du mépris : l'être humain lambda n'est apparemment pas capable d'apprécier l'art pour l'art, il faut que tout soit remâché et prédigéré pour lui, pour que ça lui "serve"... Surtout, ne pas essayer de faire partager le plaisir pur ... Vous ne vous rendez pas compte, mon bon monsieur, c'est très dangereux d'élever la plèbe, surtout, vite, regroupons-nous entre élites, et enfonçons bien dans le crâne du reste de l'humanité que tout doit lui être utile et rentable, et le satisfaire IMMEDIATEMENT. Quelle tristesse...
Pauvres musiciens, on ne vous a jamais dit que la beauté n'est pas une fin en soi, et qu'on peut très bien faire de la musique comme un commerçant vend des chaussettes ?
- AuroreEsprit éclairé
Ironie de l'histoire : ce processus de marchandisation ou de réification, avec le nivellement par le bas et le développement d'un élitisme ne disant pas son nom qu'il implique (l'accès à une culture de qualité par l'enseignement et la formation étant désormais restreint, réservé à une minorité), est activement soutenu et cautionné par le Ministère de la Culture depuis une bonne trentaine d'années. Et ce précisément au nom de la démocratisation de la culture et de la lutte contre l'élitisme, et grâce au subterfuge du relativisme culturel (tout est culture). On n'est pas loin de l'escroquerie intellectuelle...mamamanette a écrit:Aurore a écrit: parents, Etat, enfants, réduits à formuler leur demande en termes "externes" que le musicien peut toujours récuser pour des raisons "internes" à la musique. En d'autres termes, elle sépare les usagers pour qui la musique est un moyen (de se cultiver, de se définir, de se divertir, de satisfaire les électeurs...) et les musiciens qui ont les moyens de faire de la musique sa propre fin : de se battre pour qu'elle soit reconnue d'utilité publique, enseignée, subventionnée, non de s'interroger sur son rôle ou son rapport à la demande
C'est ce passage qui me choque le plus. Car c'est bien du mépris : l'être humain lambda n'est apparemment pas capable d'apprécier l'art pour l'art, il faut que tout soit remâché et prédigéré pour lui, pour que ça lui "serve"... Surtout, ne pas essayer de faire partager le plaisir pur ... Vous ne vous rendez pas compte, mon bon monsieur, c'est très dangereux d'élever la plèbe, surtout, vite, regroupons-nous entre élites, et enfonçons bien dans le crâne du reste de l'humanité que tout doit lui être utile et rentable, et le satisfaire IMMEDIATEMENT. Quelle tristesse...
Pauvres musiciens, on ne vous a jamais dit que la beauté n'est pas une fin en soi, et qu'on peut très bien faire de la musique comme un commerçant vend des chaussettes ?
- DuplayExpert
Cripure a écrit:
PS2 On a toujours intérêt à écouter Bach une heure par jour, comme ça, juste pour se rappeler que le monde est beau et qu'Apollon a existé.
Ou Beethoven et Tchaïkovsky, ce qui évite de zapper injustement Dionysos comme vous le faites !
- MamaVénérable
J'adore le tour culturel que prennent souvent les débats sur ce forum d'élite :lol:
- MamaVénérable
Mais, dites, pourquoi on est dans la partie jeux et concours ?????
- RamoneurNiveau 8
Aurore a écrit:Histoire de se poiler un bon coup :
http://www.mediathequederoubaix.fr/rubriques/blog.html?cHash=78bafea74b&tx_inblog_pi1[showUid]=63
Un créneau comme un autre...
Après une heure de guitare jazz et une journée de boulot, j'entends du lydien sur leur premier cluster... Bon je vais aller boire une bière et profiter de l'euro. Mes oreilles ont été affreusement déformées par toutes ces années de dictature tonale. Je pense faire un stage de soundpainting cet été pour redécouvrir la joie dans la liberté.
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Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
- UlrichNiveau 6
Celadon a écrit:"Et cela donne-t-il une valeur ajoutée à votre caca, surtout ?" Cripure
Ou au piano, qui de ce fait rejoindrait la noble famille du violonselle...
mamamanette a écrit:J'adore le tour culturel que prennent souvent les débats sur ce forum d'élite :lol:
Moi aussi
- PurpleBannerNiveau 7
Dans les années 80, j’étais en Classe CHAM, du CE1 au CM2 dans un conservatoire de province. Je faisais du piano et du solfège.
Aucun de mes 2 parents n’avait d’éducation musicale.
Je n’ai jamais rien compris au solfège et de mes cours de piano, je n’ai qu’un souvenir : ma prof qui s’énervait quand je ne comprenais pas ce qu’elle me demandait de faire.
(J’étais tellement nulle que pour l’examen, une année, elle m’a fait préparer un morceau ultra moderne, avec rien que des accords dans les hyper graves et les hyper aigus du clavier. L’examinateur s’est même levé pour loucher sur la partoche au dessus de mon épaule afin de s’assurer que je ne jouais pas n’importe quoi …)
A la maison, personne pour m’expliquer. Mes parents ont fini par me payer des cours particuliers de piano pour que j’assure un minimum.
En 6ème, j’avais le choix (vraiment), sans réelle sélection (je faisais partie de la première promo de cette classe CHAM), de continuer en CHAM pour toute la période du collège. J’ai refusé.
Aujourd’hui, mes 2 enfants (11 et 7 ans) suivent des cours au conservatoire de quartier depuis 5ans pour l’un et 2 ans pour l’autre. Les 2 sont instrumentistes. Tous les deux apprécient. Beaucoup.
Lorsque les premiers examens de solfège sont arrivés pour le plus grand, je le voyais perdu (gammes majeurs, mineures, nombres d’altérations, transpositions, etc. : un niveau que moi-même je n’avais jamais atteint). Je sentais, cependant, qu’il y avait sûrement quelque chose à comprendre et pas qu’à apprendre, plus de l’ordre des tables de multiplication que de celui des tables de conjugaison.
J’ai pris 2 jours pour surfer sur le net, relire ses cours, refaire ses exos (ratés) corrigés, apprendre par coeur ce qui me paraissait correspondre.
J’ai compris que c’était des maths. Des pures maths. Je lui ai dit, j’ai expliqué ce que je pouvais (je ne le pourrais certainement plus cette année, c'est + complexe), lui ai fait apprendre ce que le temps nous permettait (1 semaine avant l’exam). Ca a été.
Ceci pour illustrer l’élitisme réel et de longue date de l’enseignement de la musique.
Sans personne autour de soi pour savoir qu’il faut pratiquer l’instrument tous les jours (ou quasi), pas de salut. Sans personne autour de toi pour vérifier ce que tu joues, quasi impossible de progresser ( j'ai parfois "travaillé" mon piano avec un livre sur mes genoux, sous le clavier :lol: ). Sans personne autour de toi pour redigérer et t’entraîner au solfège, quasi impossible de réussir à moins d’être un passionné auto-didacte à 8, 7 ou 6 ans. C'est du moins, ce que je pense.
L’enseignement du solfège, tel que je l’ai rencontré, c’est toujours une part de « pensée magique ». Je n’ai jamais entendu un prof vraiment expliquer ce que sont les choses (pourquoi il y a plusieurs clés, l’intérêt musical du majeur, mineur, la similitude avec les maths,etc.). Les choses sont comme ça, pas autrement et c’est à apprendre par cœur !
J’imagine qu’il y a un autre type de prof mais je n’en ai pas rencontré beaucoup pour l’instant. C’est dommage car c’est effectivement très clivé socialement, les conservatoires (au niveau culturel s’entend). A force, il m’est même arrivé de penser que c’était fait exprès…
Aucun de mes 2 parents n’avait d’éducation musicale.
Je n’ai jamais rien compris au solfège et de mes cours de piano, je n’ai qu’un souvenir : ma prof qui s’énervait quand je ne comprenais pas ce qu’elle me demandait de faire.
(J’étais tellement nulle que pour l’examen, une année, elle m’a fait préparer un morceau ultra moderne, avec rien que des accords dans les hyper graves et les hyper aigus du clavier. L’examinateur s’est même levé pour loucher sur la partoche au dessus de mon épaule afin de s’assurer que je ne jouais pas n’importe quoi …)
A la maison, personne pour m’expliquer. Mes parents ont fini par me payer des cours particuliers de piano pour que j’assure un minimum.
En 6ème, j’avais le choix (vraiment), sans réelle sélection (je faisais partie de la première promo de cette classe CHAM), de continuer en CHAM pour toute la période du collège. J’ai refusé.
Aujourd’hui, mes 2 enfants (11 et 7 ans) suivent des cours au conservatoire de quartier depuis 5ans pour l’un et 2 ans pour l’autre. Les 2 sont instrumentistes. Tous les deux apprécient. Beaucoup.
Lorsque les premiers examens de solfège sont arrivés pour le plus grand, je le voyais perdu (gammes majeurs, mineures, nombres d’altérations, transpositions, etc. : un niveau que moi-même je n’avais jamais atteint). Je sentais, cependant, qu’il y avait sûrement quelque chose à comprendre et pas qu’à apprendre, plus de l’ordre des tables de multiplication que de celui des tables de conjugaison.
J’ai pris 2 jours pour surfer sur le net, relire ses cours, refaire ses exos (ratés) corrigés, apprendre par coeur ce qui me paraissait correspondre.
J’ai compris que c’était des maths. Des pures maths. Je lui ai dit, j’ai expliqué ce que je pouvais (je ne le pourrais certainement plus cette année, c'est + complexe), lui ai fait apprendre ce que le temps nous permettait (1 semaine avant l’exam). Ca a été.
Ceci pour illustrer l’élitisme réel et de longue date de l’enseignement de la musique.
Sans personne autour de soi pour savoir qu’il faut pratiquer l’instrument tous les jours (ou quasi), pas de salut. Sans personne autour de toi pour vérifier ce que tu joues, quasi impossible de progresser ( j'ai parfois "travaillé" mon piano avec un livre sur mes genoux, sous le clavier :lol: ). Sans personne autour de toi pour redigérer et t’entraîner au solfège, quasi impossible de réussir à moins d’être un passionné auto-didacte à 8, 7 ou 6 ans. C'est du moins, ce que je pense.
L’enseignement du solfège, tel que je l’ai rencontré, c’est toujours une part de « pensée magique ». Je n’ai jamais entendu un prof vraiment expliquer ce que sont les choses (pourquoi il y a plusieurs clés, l’intérêt musical du majeur, mineur, la similitude avec les maths,etc.). Les choses sont comme ça, pas autrement et c’est à apprendre par cœur !
J’imagine qu’il y a un autre type de prof mais je n’en ai pas rencontré beaucoup pour l’instant. C’est dommage car c’est effectivement très clivé socialement, les conservatoires (au niveau culturel s’entend). A force, il m’est même arrivé de penser que c’était fait exprès…
- AuroreEsprit éclairé
Ce que vous décrivez, PurpleBanner, ne correspond pas à mon sens à un "élitisme" de l'enseignement musical français, mais probablement à sa déconnexion trop fréquente de la réalité musicale. Je dirais même mieux : du sentiment musical, dont le développement est indissociablement lié à une dimension culturelle de l'enseignement qui manque trop souvent et qui est pourtant (en tout cas selon moi) irremplaçable. De même que le développement de l'imagination dans le domaine de l'écriture est inenvisageable sans lire soi-même régulièrement de la littérature de qualité.
Sans parler de l'insuffisance quantitative des conditions d'enseignement : on n'apprend pas correctement à jouer du piano à raison de 20 minutes par semaine, qui plus est en cours collectif comme cela se pratique de plus en plus suite aux économies budgétaires pratiquées par les mairies.
Quant à la reproduction des élites en musique comme ailleurs, elle ne s'est jamais aussi bien portée que de nos jours, malgré (ou plutôt, avec) les multiples "réformes" que l'enseignement musical ne cesse de subir.
Enfin, concernant la "pensée magique" ou à la similitude avec les maths, il y a franchement de quoi discuter...
Sans parler de l'insuffisance quantitative des conditions d'enseignement : on n'apprend pas correctement à jouer du piano à raison de 20 minutes par semaine, qui plus est en cours collectif comme cela se pratique de plus en plus suite aux économies budgétaires pratiquées par les mairies.
Quant à la reproduction des élites en musique comme ailleurs, elle ne s'est jamais aussi bien portée que de nos jours, malgré (ou plutôt, avec) les multiples "réformes" que l'enseignement musical ne cesse de subir.
Enfin, concernant la "pensée magique" ou à la similitude avec les maths, il y a franchement de quoi discuter...
- RamoneurNiveau 8
Il s'agit de toute façon d'une lente éclosion : tu apprends la gamme de do, les tons et demi-tons, tu la chantes, tu la joues. Puis tu découvres la modulation, d'abord simple, qui respecte ce qui est déjà dans le son (la quinte), puis les autres, celles qui te surprennent. Tu maîtrises ça puis arrivent les modes, avec leurs couleurs, leur caractère. C'est cette progression qui est merveilleuse, et qui ne peut se résumer à des maths (jusqu'au jour où tu découvres Bach qui glisse les maths derrière la beauté, mais jamais avant) et qui est censée faire des élèves des musiciens et des hommes bons.
Seulement il est beaucoup plus simple de leur faire croire qu'on apprend tout ça rapidement, et puis il faut bien rendre des comptes à la cité. Peut-elle admettre que tout enseignement (et je dirais
a fortiori musical) ne peut se résumer à un investissement avec un retour rapide sur ce dernier ? Organisons plutôt des ateliers bla-bla, après lesquels un formidable concert creux aura lieu, mais qui permettent au moins de donner satisfaction à tout le monde : les profs qui ont fini et l'administration qui est dans le rang. Que reste-t-il aux élèves ? Ne pas se poser la question.
J'aime beaucoup la phrase de Jody Fisher : "You never really "finish" studying jazz. There is always more to know, and really, this process and a sense of musical growth is what should bring most of the enjoyment. The important thing is to take your time and enjoy the journey" (flemme de traduire à cette heure ci).
Seulement il est beaucoup plus simple de leur faire croire qu'on apprend tout ça rapidement, et puis il faut bien rendre des comptes à la cité. Peut-elle admettre que tout enseignement (et je dirais
a fortiori musical) ne peut se résumer à un investissement avec un retour rapide sur ce dernier ? Organisons plutôt des ateliers bla-bla, après lesquels un formidable concert creux aura lieu, mais qui permettent au moins de donner satisfaction à tout le monde : les profs qui ont fini et l'administration qui est dans le rang. Que reste-t-il aux élèves ? Ne pas se poser la question.
J'aime beaucoup la phrase de Jody Fisher : "You never really "finish" studying jazz. There is always more to know, and really, this process and a sense of musical growth is what should bring most of the enjoyment. The important thing is to take your time and enjoy the journey" (flemme de traduire à cette heure ci).
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Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
- PurpleBannerNiveau 7
Aurore a écrit:Enfin, concernant la "pensée magique" ou à la similitude avec les maths, il y a franchement de quoi discuter...
Et bien discutons, nous sommes là pour cela non?
Je ne comprends pas bien.Aurore a écrit:Ce que vous décrivez, PurpleBanner, ne correspond pas à mon sens à un "élitisme" de l'enseignement musical français, mais probablement à sa déconnexion trop fréquente de la réalité musicale. Je dirais même mieux : du sentiment musical, dont le développement est indissociablement lié à une dimension culturelle de l'enseignement qui manque trop souvent et qui est pourtant (en tout cas selon moi) irremplaçable
Je comprends un jugement de valeur là.Aurore a écrit:De même que le développement de l'imagination dans le domaine de l'écriture est inenvisageable sans lire soi-même régulièrement de la littérature de qualité.
Mais est-ce de la valeur de la musique que les gens écoutent dont vous parlez?
OK sur ce point.Aurore a écrit:.
Sans parler de l'insuffisance quantitative des conditions d'enseignement : on n'apprend pas correctement à jouer du piano à raison de 20 minutes par semaine, qui plus est en cours collectif comme cela se pratique de plus en plus suite aux économies budgétaires pratiquées par les mairies.
Cela, sûrement. Mais c'était déjà le cas avant. Cela n'a fait qu'empirer.Aurore a écrit:.
Quant à la reproduction des élites en musique comme ailleurs, elle ne s'est jamais aussi bien portée que de nos jours, malgré (ou plutôt, avec) les multiples "réformes" que l'enseignement musical ne cesse de subir.
Je comprends tout à fait le problème auquel sont confrontés les conservatoires vis à vis de leur "public", et je le déplore, profondément... mais c'est un peu de leur faute.
Un jour j'ai lu (ou entendu je ne sais plus) quelqu'un expliquer qu'une des (sûrement) nombreuses raisons de la raréfaction des germanistes à l'école était l'élistisme pratiqué pendant des années par certains profs. Il m'a semblé comprendre que le succès, il y a quelques années du boy's band Allemand Tokyo Hotel a pu leur redonner le sourire (difficile les jeunes avec Goethe ou Rilke, tout de suite. Plus tard, sûrement...)
C'est, pour moi, la même chose avec l'enseignement "académique" de la musique aujourd'hui.
- PurpleBannerNiveau 7
Ramoneur a écrit:...C'est cette progression qui est merveilleuse, et qui ne peut se résumer à des maths (jusqu'au jour où tu découvres Bach qui glisse les maths derrière la beauté, mais jamais avant) et qui est censée faire des élèves des musiciens et des hommes bons.
Seulement il est beaucoup plus simple de leur faire croire qu'on apprend tout ça rapidement, et puis il faut bien rendre des comptes à la cité.
Bien sûr. Mais c'est parce qu'il y a maîtrise de la mécanique musicale qu'il peut y avoir du beau. Le beau vient après la maîtrise, pour l'instrumentiste, le musicien qui pratique. Et c'est le beau qu'entend l'auditeur, pas la mécanique. Je crois que nous sommes d'accord, non?
Ramoneur a écrit:Peut-elle admettre que tout enseignement (et je dirais
a fortiori musical) ne peut se résumer à un investissement avec un retour rapide sur ce dernier ? Organisons plutôt des ateliers bla-bla, après lesquels un formidable concert creux aura lieu, mais qui permettent au moins de donner satisfaction à tout le monde : les profs qui ont fini et l'administration qui est dans le rang. Que reste-t-il aux élèves ? Ne pas se poser la question.
J'aime beaucoup la phrase de Jody Fisher : "You never really "finish" studying jazz. There is always more to know, and really, this process and a sense of musical growth is what should bring most of the enjoyment. The important thing is to take your time and enjoy the journey" (flemme de traduire à cette heure ci).
Oui, bien la citation. Mais c'est qui "elle".
Dans les conservatoires que je connais et que j'ai connu, pas de sound painting ou d'ateliers comme vous les décrivez. Peut-être en centre de loisirs ou dans les associations...
- AuroreEsprit éclairé
Aurore a écrit:Enfin, concernant la "pensée magique" ou à la similitude avec les maths, il y a franchement de quoi discuter...
Ramoneur a très bien répondu. J'ajouterais pour ma part que la musique n'a pas le côté systématique des maths (en tout cas dans leur forme la plus élémentaire), et l'abus de systématisme est un grand défaut en musique. Par ailleurs, l'enseignement de la musique n'est en rien irrationnel, contrairement à votre affirmation précédente.PurpleBanner a écrit:Et bien discutons, nous sommes là pour cela non?
Aurore a écrit:Ce que vous décrivez, PurpleBanner, ne correspond pas à mon sens à un "élitisme" de l'enseignement musical français, mais probablement à sa déconnexion trop fréquente de la réalité musicale. Je dirais même mieux : du sentiment musical, dont le développement est indissociablement lié à une dimension culturelle de l'enseignement qui manque trop souvent et qui est pourtant (en tout cas selon moi) irremplaçable
Se contenter de faire mécaniquement les notes ne suffit pas, et n'a aucun intérêt artistique. Faire des nuances en soi, non plus, à un niveau plus élevé. Il faut développer l'intuition, le goût et le sens artistique, et ça vient notamment avec la culture, musicale et plus généralement artistique. Tout cela est capital pour la motivation de l'élève, bien entendu. Et ça s'apprend de manière progressive, y compris (et surtout !) durant les premières années de l'enseignement (quand on a assez de temps, d'où ma remarque ci-dessus sur l'insuffisance quantitative de l'enseignement musical en France).PurpleBanner a écrit:Je ne comprends pas bien.
Aurore a écrit:De même que le développement de l'imagination dans le domaine de l'écriture est inenvisageable sans lire soi-même régulièrement de la littérature de qualité.
Non, je ne parlais pas du rap ou de Johnny...PurpleBanner a écrit:Je comprends un jugement de valeur là.
Mais est-ce de la valeur de la musique que les gens écoutent dont vous parlez?
Cela, sûrement. Mais c'était déjà le cas avant. Cela n'a fait qu'empirer.Aurore a écrit:.
Quant à la reproduction des élites en musique comme ailleurs, elle ne s'est jamais aussi bien portée que de nos jours, malgré (ou plutôt, avec) les multiples "réformes" que l'enseignement musical ne cesse de subir.
Pareil, Ramoneur a parfaitement répondu sur le problème du court-termisme actuel. Et pour moi, l'étude des boys band ne remplacera jamais celle de Goethe et ne prépare en rien à celle-ci, contrairement à ce qu'affirme Lockwood dans son récent rapport - pour ne citer que lui...PurpleBanner a écrit:Je comprends tout à fait le problème auquel sont confrontés les conservatoires vis à vis de leur "public", et je le déplore, profondément... mais c'est un peu de leur faute.
Un jour j'ai lu (ou entendu je ne sais plus) quelqu'un expliquer qu'une des (sûrement) nombreuses raisons de la raréfaction des germanistes à l'école était l'élistisme pratiqué pendant des années par certains profs. Il m'a semblé comprendre que le succès, il y a quelques années du boy's band Allemand Tokyo Hotel a pu leur redonner le sourire (difficile les jeunes avec Goethe ou Rilke, tout de suite. Plus tard, sûrement...)
C'est, pour moi, la même chose avec l'enseignement "académique" de la musique aujourd'hui.
- AuroreEsprit éclairé
On ne peut séparer la technique de l'interprétation, car la première ne constitue qu'un moyen, certes indispensable, au service de la seconde.PurpleBanner a écrit:
Bien sûr. Mais c'est parce qu'il y a maîtrise de la mécanique musicale qu'il peut y avoir du beau. Le beau vient après la maîtrise, pour l'instrumentiste, le musicien qui pratique. Et c'est le beau qu'entend l'auditeur, pas la mécanique. Je crois que nous sommes d'accord, non?
les conservatoires sont de plus en plus envahis par ces foutaises. On appelle même cela la "démocratisation culturelle", au Ministère ou ailleurs.PurpleBanner a écrit:Dans les conservatoires que je connais et que j'ai connu, pas de sound painting ou d'ateliers comme vous les décrivez. Peut-être en centre de loisirs ou dans les associations...
- ClarinetteGrand Maître
Celadon a écrit:"Et cela donne-t-il une valeur ajoutée à votre caca, surtout ?" Cripure
Ou au piano, qui de ce fait rejoindrait la noble famille du violonselle...
- PurpleBannerNiveau 7
Possible mais difficile de faire apprécier l'andouillette, la truffe, le café noir à un enfant. Plus simple d'y aller par étape.
Pareil pour l'enseignement de la musique: on attrape difficilement les mouches avec du vinaigre (même s'il sent divinement bon)...
Enfin, pour moi, la seule culture musicale qui mérite d'être développée, c'est celle qui accepte de s'élargir, en tous sens, en tous genres... car la qualité est partout, comme la m...
Pareil pour l'enseignement de la musique: on attrape difficilement les mouches avec du vinaigre (même s'il sent divinement bon)...
Enfin, pour moi, la seule culture musicale qui mérite d'être développée, c'est celle qui accepte de s'élargir, en tous sens, en tous genres... car la qualité est partout, comme la m...
- DhaiphiGrand sage
PurpleBanner a écrit:Possible mais difficile de faire apprécier l'andouillette, la truffe, le café noir à un enfant. Plus simple d'y aller par étape.
Pareil pour l'enseignement de la musique: on attrape difficilement les mouches avec du vinaigre (même s'il sent divinement bon)...
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- User5899Demi-dieu
Je n'aurais pas associé Dionysos à Beethoven ou à Tchaikovski, du tout du tout Stravinsky, peut-être...Mowgli a écrit:Ou Beethoven et Tchaïkovsky, ce qui évite de zapper injustement Dionysos comme vous le faites !Cripure a écrit:PS2 On a toujours intérêt à écouter Bach une heure par jour, comme ça, juste pour se rappeler que le monde est beau et qu'Apollon a existé.
- AuroreEsprit éclairé
Pour autant, il est vain, voire contreproductif d'essayer de faire son éducation gustative avec les frites du McDo, pour reprendre votre comparaison... Mieux vaut commencer tout de suite avec de bons produits du terroir !PurpleBanner a écrit:Possible mais difficile de faire apprécier l'andouillette, la truffe, le café noir à un enfant. Plus simple d'y aller par étape.
Et pendant ce temps-là, dans les familles cultivées et averties, les parents n'auront pas vos scrupules et feront le boulot. Et ça, vous ne les empêcherez pas de le faire.PurpleBanner a écrit:Pareil pour l'enseignement de la musique: on attrape difficilement les mouches avec du vinaigre (même s'il sent divinement bon)...
C'est vous qui parliez tantôt d'élitisme...
Votre tactique par étapes n'est qu'une vue de l'esprit.
Et donc tout se vaut ?PurpleBanner a écrit:Enfin, pour moi, la seule culture musicale qui mérite d'être développée, c'est celle qui accepte de s'élargir, en tous sens, en tous genres... car la qualité est partout, comme la m...
Deux choses me semblent importantes :
- si la qualité est partout, comme vous dites, ce n'est pas le même type de qualité, et les genres ne se valent pas. Même s'il existe de la bonne variété, son propos n'est pas tout à fait le même que celui de la Messe en si de Bach. Il y a la musique de divertissement (qu'elle soit bonne ou mauvaise) et puis il y a ce que l'Histoire retient de chaque période.
- Spoiler:
- Le bon vin de table et le bon sauternes se valent-ils ?
- RamoneurNiveau 8
PurpleBanner a écrit:Ramoneur a écrit:Peut-elle admettre que tout enseignement (et je dirais
a fortiori musical) ne peut se résumer à un investissement avec un retour rapide sur ce dernier ?
Oui, bien la citation. Mais c'est qui "elle".
Dans les conservatoires que je connais et que j'ai connu, pas de sound painting ou d'ateliers comme vous les décrivez. Peut-être en centre de loisirs ou dans les associations...
Elle= la cité.
Pour ma part je n'aurais probablement pas ce rapport à la musique si mes parents ne m'avaient pas présenté Mozart quand j'avais 6-7 ans, à l'âge où j'étais sans a priori. Je les ai bien laissés tomber, mes classiques, à l'âge du collège. Mais c'était pour mieux les retrouver au lycée.
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Ah, dis-je.
Ernest Hemingway
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