Trop de textes, trop d'écrit. "Ca sert à rien".

Bonjour,
J'avais déjà abordé une partie du sujet il y a quelques temps, du moins en ce qui concerne les textes.
Je commence ma 13ème année d'enseignement, j'ai travaillé dans des collèges classés ou non ZEP et régulièrement, reviennent les mêmes remarques ou critiques envers mon cours :

-Y a trop de textes. On va faire des textes toute l'année ? (Ce à quoi je réponds que je suis prof de français, dc logiquement, j'étudie des textes, au moins 6 par séquence).

-On écrit bcp avec vous (même si je synthétise, je fais écrire au moins un résumé de tt ce qui a été dit sur le texte étudié, sous forme d'un grand I, puis II et conclusion).

-Enfin, la fameuse critique : "ça sert à rien", formulée par ex par une 4ème alors que je leur rappelle les différents types de points de vue, ou les types de narrateurs (qd j'ai assez d'énergie, j'argumente sur le fait que le français est utile à toutes les matières et qu'il ouvre l'esprit, qd j'en ai moins, comme ce jour-là, je rétorque philosophiquement que "rien ne sert à rien").

Voilà, alors même si je sais qu'il est devenu difficile d'enseigner et que ces remarques sont aussi une manifestation du désintérêt croissant pour la lecture et du poil que ces chers élèves ont dans la main, je m'interroge quand même : j'essaie de varier les supports, je suis dynamique, je fais évidemment en plus des textes de la grammaire, de l'orthographe, du vocabulaire, de l'histoire des arts et de l'analyse de l'image, mais je m'interroge qd même.
Et si je pouvais écrire moins parfois, et si je pouvais encore varier ?

J'attends vos réactions, vos expériences, vos idées nouvelles. Et vous, comment procédez-vous ?
Merci.

Je fais malheureusement le mm constat que toi ...

Quand j'ai lu le titre de ton post, j'ai cru entendre mon IPR...pas pour les textes, mais pour l'écrit.
Il va dans ce sens, lui, donc dans celui des élèves : une séquence = 2/3 pages maxi!Tout à l'oral, parce que d'après lui, faire écrire des réponses à des questions sur un texte ne sert à rien, l'élève ne retient rien de toute façon.
Je ne suis pas d'accord avec ce principe : il faudrait ne pas les faire écrire en cours, tout faire à l'oral et leur demander une rédac toutes les 3 semaines ? Mais s'ils n'écrivent pas déjà en cours, s'ils ne prennent pas l'habitude de rédiger ne serait-ce que quelques réponses, comment veut-on leur faire acquérir un minimum d'aisance, de syntaxe correcte?
Varier les supports, les séances, je suis d'accord. Mais je maintiens qu'il faut les faire écrire : ils écrivent en histoire géo, en maths, alors en français...
Donc en français, ils écrivent l'essentiel, ils doivent me rédiger certaines réponses, d'autres sont faites à l'oral, mais je veux qu'il reste une trace de la réflexion sur les textes.
Et puis tu sais, quand il m'arrive de leur donner un poly où ils ne doivent que surligner, ils râlent aussi parce que "ça ne sert à rien"...
Voilà Emeraldia, continue à faire ce que tu penses être bien...

Emeraldia nous en sommes, je crois, tous au même point et qucune vraie solution à apporter et encore moins par nos ipr.
courage, patience et foi, voilà ce qu'il nous reste.

Ca ne sert à rien ? Encore heureux !

"Toi non plus, tu ne sers à rien. Et pourtant, si tu n'étais pas là, que de choses manqueraient à tant de gens..."

"Cela ne sert à rien, c'est pour ça que c'est le plus important." (Vous avez 4 heures, 3 pages minimum.)

Cripure a écrit:Ca ne sert à rien ? Encore heureux !

:lol:
Sauf qu'évidemment, je trouve que ça sert bcp. Je pars parfois dans une tirade où je démontre que lorsqu'on est bon en français, on comprend tout, on s'en sort dans toutes les matières, ensuite, ça ouvre l'esprit, ça enrichit la pensée, etc.

La Jabotte a écrit:"Toi non plus, tu ne sers à rien. Et pourtant, si tu n'étais pas là, que de choses manqueraient à tant de gens..."

Ca, c'est la version sympa.
A un élève je dirais plutôt : Toi non plus, tu ne sers à rien. Et si tu n'étais pas là, ça nous ferait des vacances.

Hermiony a écrit:Quand j'ai lu le titre de ton post, j'ai cru entendre mon IPR...pas pour les textes, mais pour l'écrit.
Il va dans ce sens, lui, donc dans celui des élèves : une séquence = 2/3 pages maxi!Tout à l'oral, parce que d'après lui, faire écrire des réponses à des questions sur un texte ne sert à rien, l'élève ne retient rien de toute façon.
Je ne suis pas d'accord avec ce principe : il faudrait ne pas les faire écrire en cours, tout faire à l'oral et leur demander une rédac toutes les 3 semaines ? Mais s'ils n'écrivent pas déjà en cours, s'ils ne prennent pas l'habitude de rédiger ne serait-ce que quelques réponses, comment veut-on leur faire acquérir un minimum d'aisance, de syntaxe correcte?
Varier les supports, les séances, je suis d'accord. Mais je maintiens qu'il faut les faire écrire : ils écrivent en histoire géo, en maths, alors en français...
Donc en français, ils écrivent l'essentiel, ils doivent me rédiger certaines réponses, d'autres sont faites à l'oral, mais je veux qu'il reste une trace de la réflexion sur les textes.
Et puis tu sais, quand il m'arrive de leur donner un poly où ils ne doivent que surligner, ils râlent aussi parce que "ça ne sert à rien"...
Voilà Emeraldia, continue à faire ce que tu penses être bien...

Je trouve que non seulement ils doivent écrire mais que l'oral dans l'absolu ne fonctionne pas tjs : certaines classes st trop agitées au collège pour qu'on ne calme pas l'ambiance en faisant rédiger, à l'inverse, qqes unes ne participent pas assez et je passe par l'écrit...
Une séquence en 3 pages ? C'est de la folie : rien qu'un point de grammaire et les exercices en prennent deux !!

Dhaiphi a écrit:

La Jabotte a écrit:"Toi non plus, tu ne sers à rien. Et pourtant, si tu n'étais pas là, que de choses manqueraient à tant de gens..."

Ca, c'est la version sympa.
A un élève je dirais plutôt : Toi non plus, tu ne sers à rien. Et si tu n'étais pas là, ça nous ferait des vacances.

Oui, mais ça, c'est ce qu'on pense sans le dire, sinon notre propos tombe à l'eau. Parce qu'il faut bien avouer que quand un cours de français saute, ça leur fait des vacances, à eux aussi. Il n'y a bien que mes élèves pour le regretter, parce qu'ils ont une prof géniale, bien sûr, mais pour tous les autres...

Bon, je m'en vais faire un tour voir ailleurs si j'y suis, hein...

Dhaiphi a écrit:

La Jabotte a écrit:"Toi non plus, tu ne sers à rien. Et pourtant, si tu n'étais pas là, que de choses manqueraient à tant de gens..."

Ca, c'est la version sympa.
A un élève je dirais plutôt : Toi non plus, tu ne sers à rien. Et si tu n'étais pas là, ça nous ferait des vacances.

Je pourrais disserter sur le fait que regarder Secret Story ou jouer à la play ne servent à rien non plus mais je ne veux pas lancer des débats inutiles.

La Jabotte a écrit: Il n'y a bien que mes élèves pour le regretter, parce qu'ils ont une prof géniale, bien sûr, mais pour tous les autres...

Hé, hé...

Ce ne serait qu'une perte de temps, certes.
Mais je pense vraiment qu'on doit rebondir sur ce genre d'affirmation pour leur faire prendre conscience qu'effectivement, ça ne sert à rien. On ne peut pas presser un citron avec, ni couper du pain, ni s'habiller, ni...
Mais c'est là la beauté de la chose, ça ne sert à rien d'utile - dans le sens utilitaire. Pour tout le reste, c'est primordial.

Comment voulez-vous leur faire appréhender, à leur âge, que connaître et comprendre un texte du XIIIe peut leur apporter beaucoup dans la compréhension des événements et discours actuels ? Et surtout peut leur apporter beaucoup tout court. Humainement parlant. C'est hors de portée. Ce sont des veaux (enfin, je ne le pense pas vraiment ; disons que c'est une hyperbole).
Nos cours servent à leur éviter de devenir des vaches.

Mon IPR nous a dit : ''faites les écrire!''
Je ne suis pas en lettres mais dans ma matière scientifique, on ne peut se passer des lettres.

La Jabotte a écrit:Ce ne serait qu'une perte de temps, certes.
Mais je pense vraiment qu'on doit rebondir sur ce genre d'affirmation pour leur faire prendre conscience qu'effectivement, ça ne sert à rien. On ne peut pas presser un citron avec, ni couper du pain, ni s'habiller, ni...
Mais c'est là la beauté de la chose, ça ne sert à rien d'utile - dans le sens utilitaire. Pour tout le reste, c'est primordial.

Comment voulez-vous leur faire appréhender, à leur âge, que connaître et comprendre un texte du XIIIe peut leur apporter beaucoup dans la compréhension des événements et discours actuels ? Et surtout peut leur apporter beaucoup tout court. Humainement parlant. C'est hors de portée. Ce sont des veaux (enfin, je ne le pense pas vraiment ; disons que c'est une hyperbole).
Nos cours servent à leur éviter de devenir des vaches.

Evidemment, tout cela est trop abstrait à leur âge mais qd je suis bien lunée, je me lance ds une démonstration pragmatique de l'intérêt de savoir utiliser la langue française. Je trouve dommage que la plupart ne prennent pas de plaisir à échanger ou à jouer avec le vocabulaire. Etre assis comme ça à attendre que ça passe, c'est dommage.

micaschiste a écrit:Mon IPR nous a dit : ''faites les écrire!''
Je ne suis pas en lettres mais dans ma matière scientifique, on ne peut se passer des lettres.

C'est ce que je leur dis : toutes les consignes sont en français, il ft rédiger et penser en français.

Mais à quoi qu'ça sert que les instits de Ce2 ils se décarcassent ?

1) J'ai la chance d'enseigner la préhistoire (et c'est peut-être la seule fois où ils en entendront parler de toute leur vie, si je ne m'abuse...).
Eh ben ils écrivaient pas. Demande à Lucie comment elle vivait en Ethiopie... Ou même à Pierrette en Charente Maritime. Chouette, non ? La nature, les prédateurs, les luttes à coups de silex... Ça fait envie.

2) Et aussi l'invention de l'écriture.
Alors j'ouvre mon Magellan Ce2 page 48, et je dis : tiens, on change de chapitre aujourd'hui. Mais comment se fait-ce ? Qu'est-ce qui s'est passé ? On n'est plus dans la préhistoire ? Une nouvelle ère ?

3) Alors à quoi ça sert d'écrire ?
"compter, garder en mémoire des renseignements importants ou des informations". (Magellan page 50)
Alors l'écriture cunéiforme, c'est drôlement joli, mais c'est pas méga pratique.
Super, voilà l'alphabet ! Sons et signes...

Conclusion : si certains pensent encore que ça ne sert à rien, alors écoutez bien (parce que je ne vais pas le répéter deux fois) : je vous donne les devoirs pour vendredi, à l'oral. Interdit de les écrire. Tout dans la tête.

Mufab a écrit:
Conclusion : si certains pensent encore que ça ne sert à rien, alors écoutez bien (parce que je ne vais pas le répéter deux fois) : je vous donne les devoirs pour vendredi, à l'oral. Interdit de les écrire. Tout dans la tête.

J'adore ! A faire en collège, ça doit être encore plus marrant, ça !

(au CP, ça sert à rien, hein, les devoirs, c'est relire la leçon du jour...)

Rikki a écrit:

Mufab a écrit:
Conclusion : si certains pensent encore que ça ne sert à rien, alors écoutez bien (parce que je ne vais pas le répéter deux fois) : je vous donne les devoirs pour vendredi, à l'oral. Interdit de les écrire. Tout dans la tête.

J'adore ! A faire en collège, ça doit être encore plus marrant, ça !

(au CP, ça sert à rien, hein, les devoirs, c'est relire la leçon du jour...)

Ah oui, argument suprême !!!

Face à la question de "l'utilitarisme", j'ai toujours une pensée pour Théophile Gautier et la Préface de Mademoiselle de Maupin (dont je conseille fortement la lecture)
" Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoutants, comme sa pauvre et infirme nature. L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines"
Avec mes collégiens, je me contente souvent de leur répéter la dernière phrase et de leur dire que s'il veulent faire quelque chose d'utile, ils n'ont qu'à aller nettoyer les WC.

Le français ça sert à draguer, non ? Par exemple, entre :
"P'tain, t'es trop bonne, j'te kiffe grave !" et
"Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire/ J'ai vu tous les soleils y venir se mirer", il n'y a pas photo, si ?

Beuhhhh... ça doit dépendre à qui on essaie de faire du gringue.
Parce que je me souviens d'une amie qui a juste demandé à un jeune homme qui était là de ne pas s'offusquer de sa remarque et qui s'est entendu répondre : "Quoi !? Tu m'offusques ? Moi, j't'offusque, moi j't'offusque !".
La gueule d'atmosphère de la fin du XXe, quoi.

Mon premier sujet de dissertation, au lycée, en seconde (et au mois d'octobre... Qui de nos jours oserait donner une dissert complète au mois d'octobre à ces secondes ? Et je ne suis pas un dinosaure) : "Un pays dans lequel il n'existe plus, le soir, une chambre dans laquelle un enfant apprend le grec ou le violon est un pays perdu". Ma prof de français voulait nous faire réfléchir sur la beauté de l'inutile.

J'imagine très bien la scène !
J'avais pris cette résolution : au prochain qui me fait le coup du "ça ne sert à rien", je lui sors du Aragon et je prends les filles à témoin. Mais effectivement, on peut douter de son efficacité...

C'était très chouette, comme sujet, Hermione. J'espère qu'il t'avait inspirée, et que votre prof s'est révélée passionnante tout au long de l'année...