Cyril Delhay, Le Monde : "Savoir lire, écrire, compter et prendre la parole"

Cyril Delhay a publié une tribune dans Le Monde, intitulée Savoir lire, écrire, compter et prendre la parole.

Je vous en donne quelques extraits ci-dessous, et je vous invite à en lire l'intégralité sur le site du Monde : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/20/savoir-lire-ecrire-compter-et-prendre-la-parole_1590509_3232.html

Cyril Delhay était responsable du programme "égalité des chances" à Sciences Po, et il est co-auteur de de Tous Orateurs (Eyrolles, 2011)

Savoir lire, écrire, compter et prendre la parole
Point de vue | LEMONDE.FR | 20.10.11 | 09h22 • Mis à jour le 20.10.11 | 16h41

par Cyril Delhay, professeur d'art oratoire à Sciences Po

Souvent, à longueur de colonnes, les débats sur l'éducation opposent les "pédagogistes" et les "partisans des savoirs", schématisant des querelles qui font oublier la réalité de la classe, le concret de ce qui est enseigné et de ce qui ne l'est pas. Ainsi en est-il de la prise de parole en public, grande absente des débats sur le contenu des enseignements.

L'objectif de savoir lire, écrire, compter a eu ses vertus au XIXe siècle et a utilement accompagné l'apprentissage scolaire des 5 millions d'enfants de l'école primaire. Au début du XXIe, siècle se contenter de ce triptyque est devenu réactionnaire. Il faut bien sûr continuer à savoir lire, écrire et compter ; mais, dans les études et la vie professionnelle, c'est la maîtrise de l'oral qui fera la différence. Or, la prise de parole en public n'est enseignée en tant que telle à aucun moment scolaire, de la maternelle jusqu'au bac.

[...]

Les maths, le français, la physique, etc., toutes matières disciplinaires de l'université et sur lesquelles on a calqué les programmes de l'enseignement secondaire, on sait faire – ou à peu près. L'enseignement de la prise de parole, non. Il serait pourtant simple. Il se fonde sur un art qui pourrait être très ouvert socialement et, en demandant peu de pré-requis culturels, serait aisément partageable par le plus grand nombre.

Il s'agit, par des exercices précis, d'approfondir la conscience et la maîtrise de son corps qui est l'instrument oratoire, comme le stylo et les règles d'écriture, le clavier et les logiciels informatiques sont les outils de l'écrit. Il suppose de travailler la gestion de son stress, la capacité à dire et à être en relation avec son auditoire, à la croisée des arts de la scène, du savoir-être et des savoirs. Apprendre le plaisir de parler. Au fil du temps, nouer avec le cercle vertueux de la confiance en soi et de l'apprentissage de l'altérité qui écoute, conteste ou contribue. Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/10/20/savoir-lire-ecrire-compter-et-prendre-la-parole_1590509_3232.html

Excellent !!! Il le dit lui-même : peu de pré-requis culturels. Tout est donc dit.

"Docilité : on continue de préférer l'élève écoutant servilement la parole du maître et absorbant les savoirs plutôt que celui qui débat et affronte l'écoute et le regard des autres."
John, tu ne trouves pas que ce passage méritait aussi d' être mis en gras, dans le genre on enfile des perles?
Merci en tout cas de nous avoir présenté ce fossoyeur!

Il prêche pour sa paroisse.

pk a écrit:Il prêche pour sa paroisse.

Et il le fait par écrit. :lol:

John a écrit:

Savoir lire, écrire, compter et prendre la parole
Point de vue | LEMONDE.FR | 20.10.11 | 09h22 • Mis à jour le 20.10.11 | 16h41

par Cyril Delhay, professeur d'art oratoire à Sciences Po

Souvent, à longueur de colonnes, les débats sur l'éducation opposent les "pédagogistes" et les "partisans des savoirs", schématisant des querelles qui font oublier la réalité de la classe, le concret de ce qui est enseigné et de ce qui ne l'est pas. Ainsi en est-il de la prise de parole en public, grande absente des débats sur le contenu des enseignements.

...

Cyril Delhay a auparavant enseigné en Zone d'éducation prioritaire puis a été pendant dix ans responsable des programmes "égalité des chances" à Sciences Po. Il, avec Hervé Biju-Duval, Cyril Delhay et Michel Hulinest (illustration), coauteur de Tous Orateurs (Eyrolles, 2011).

la prise de parole par les élèves comme pratique, oui, comme contenu, non.
La rhétorique vient après le travail du grammairien. Leur apprendre comment capter son auditoire en 5 étapes, ce n'est peut-être pas fondamental, on n'en fera pas tous des orateurs.
En revanche si l'on avait l'occasion d'augmenter leur temps de pratique, ce serait un plus. C'est vrai que les rares fois où l'on a la possibilité de les faire s'exprimer ( récitation, exposé, réponse argumentée), c'est souvent extrêmement formateur pour eux, mais comme ils sont plus de trente par classe, on n'en a quasiment jamais le temps...

J'ai découvert hier que dans un bouquin de Tle bac pro, il y avait l'activité: "Prononcer un discours de remerciements".
Indispensable, vraiment.

Mais par tous les dieux, comment c'est possible d'être aussi consternant ?

Y vont les chercher où ces types-là ?

cath5660 a écrit:J'ai découvert hier que dans un bouquin de Tle bac pro, il y avait l'activité: "Prononcer un discours de remerciements".
Indispensable, vraiment.

Pour remercier ses enseignants en fin d'année

Cyril Delhay, je l'ai bcp vu sur i-télé dans l'émission de Samuel Étienne dont j'ai oublié le nom : il était un débatteur régulier.
Eh ben il devrait d'abord balayer devant sa porte et apprendre à s'exprimer à l'oral, parce qu'il était vraiment en-deçà des autres protagonistes réguliers.

Ben déjà, si les élèves savaient lire, écrire et compter, nous serions heureux hein!
Ce monsieur n'a pas dû voir un élève depuis un moment (des étudiants de Sciences Po peut-être, mais un élève de collège lambda...)!

John a écrit:

cath5660 a écrit:J'ai découvert hier que dans un bouquin de Tle bac pro, il y avait l'activité: "Prononcer un discours de remerciements".
Indispensable, vraiment.

Pour remercier ses enseignants en fin d'année

:lol!:

John a écrit:

cath5660 a écrit:J'ai découvert hier que dans un bouquin de Tle bac pro, il y avait l'activité: "Prononcer un discours de remerciements".
Indispensable, vraiment.

Pour remercier ses enseignants en fin d'année

Si seulement!

leyade a écrit:

la prise de parole par les élèves comme pratique, oui, comme contenu, non.
La rhétorique vient après le travail du grammairien. Leur apprendre comment capter son auditoire en 5 étapes, ce n'est peut-être pas fondamental, on n'en fera pas tous des orateurs.
En revanche si l'on avait l'occasion d'augmenter leur temps de pratique, ce serait un plus. C'est vrai que les rares fois où l'on a la possibilité de les faire s'exprimer ( récitation, exposé, réponse argumentée), c'est souvent extrêmement formateur pour eux, mais comme ils sont plus de trente par classe, on n'en a quasiment jamais le temps...

Très chronophage en effet.

En même temps, ce n'est pas le pire que l'on a pu voir dans la pédagogie...Puis on peut lui répondre qu'il y a des ateliers théâtre, chorale ou autre qui peuvent remplir cette fonction...Après, il ne faudrait pas confondre l'enseignement pour une classe avec un enseignement individuel ou une thérapie... :lol:

Non mais il est dans son trip, loin, très loin, très très loin de la réalité.

Associer "lire écrire compter" à de l'immobilisme intellectuel, il a tout dit là aussi.

Soyons modernes, cessons de lire, d'écrire et de compter, c'est ringard !

Reste à lui rappeler que cette soit-disante modernité n'est qu'un retour en arrière plus grand encore que ceux qu'il veut dénoncer. Les hommes préhistoriques ont en effet essayé avant nous...

Finrod a écrit:Non mais il est dans son trip, loin, très loin, très très loin de la réalité.

Associer "lire écrire compter" à de l'immobilisme intellectuel, il a tout dit là aussi.

Soyons modernes, cessons de lire, d'écrire et de compter, c'est ringard !

Reste à lui rappeler que cette soit-disante modernité n'est qu'un retour en arrière plus grand encore que ceux qu'il veut dénoncer. Les hommes préhistoriques ont en effet essayé avant nous...

Oui , vu comme ça...Par contre je n'ai pas d'infos de l'enseignement avec Cro Magnon ! :lol:

:lol!: :lol!: :lol!:

Celadon a écrit:Excellent !!! Il le dit lui-même : peu de pré-requis culturels. Tout est donc dit.

J'en tomberais sur le cul si je ne le connaissais pas — lui et Descoings. Comme si l'oral ne supposait pas — bien davantage que l'écrit, parce qu'on est en prise directe et sans filet, sans le filet d'un consensus — une connivence culturelle avec l'interlocuteur, sans cesse renouvelée — celle qui me séduira n'est pas celle qui séduira Kévin, etc. Et que maîtriser l'oral suppose d'avoir tous les échelons culturels qu'il sera nécessaire d'utiliser — ou de ne pas utiliser. Mais quelle bande de connards pontifiants !

Dans le même esprit :


"Peter Gumbel est nommé Directeur de la Communication de Sciences Po

Peter Gumbel est nommé Directeur de la Communication et devient membre du comité exécutif de Sciences Po. Il était depuis novembre 2010 Directeur du Centre des Amériques de Sciences Po. Il enseigne à l'Ecole de Journalisme de Sciences Po depuis 2004.

Peter Gumbel, de nationalité britannique, a une longue carrière professionnelle dans le journalisme : il a été grand reporter pour la presse américaine pendant 25 ans. Peter Gumbel a notamment travaillé pendant seize ans pour le Wall Street Journal comme correspondant à Bonn, New York, Moscou, Paris, Berlin et Los Angeles. En 2002, il a rejoint les magazines Time et Fortune pour couvrir de Paris l'économie européenne.

Il a remporté plusieurs prix de journalisme pour ses articles sur l'ancienne URSS. La Work Foundation de Londres l'a nommé en 2006 "journaliste de l'année".

Peter Gumbel est également l'auteur de deux ouvrages publiés chez Grasset : French Vertigo (2006) et On achève bien les écoliers (2010)."


Et pour avoir fait quelques débats avec ce triste sire, je peux vous dire que question communication, il ne maîtrise que la langue de bois — rien qui vous fasse envie, les filles…

Une manifestation de plus du grand Empire euro-américain transatlantique...

Moi j'adoooore ça :

Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?

Le complot ! Le complot ! Le complot ! Encore un sale coup des bourgeois pour priver les petits de la puissance de la parole !

Dire que moi, quand je demande à un étudiant de se lever pour faire son exposé devant les autres, j'ai à chaque fois l'impression de le condamner à la flagellation, vu le regard suppliant auquel j'ai immanquablement droit.

Cherchez l'erreur.

Marie Laetitia a écrit:Moi j'adoooore ça :

Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?

Le complot ! Le complot ! Le complot ! Encore un sale coup des bourgeois pour priver les petits de la puissance de la parole !

Dire que moi, quand je demande à un étudiant de se lever pour faire son exposé devant les autres, j'ai à chaque fois l'impression de le condamner à la flagellation, vu le regard suppliant auquel j'ai immanquablement droit.

Cherchez l'erreur.

Oui, mais c'est parce qu'il n'a pas été for-mé, on vous dit !

toutafé...

[quote="Cripure"][quote="Marie Laetitia"]Moi j'adoooore ça :

Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?[/quote

Ça, c'est sûr, toute béance donne envie de la combler…
Je ne vous dis pas à quoi je pense, parfois, quand certaines de mes étudiantes restent bouche bée…

Je pense qu'elles vont finir par attraper des mouches, à quoi diable vouliez-vous donc que je pensasse ?

[quote="Abraxas"][quote="Cripure"]

Marie Laetitia a écrit:Moi j'adoooore ça :

Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?[/quote

Ça, c'est sûr, toute béance donne envie de la combler…
Je ne vous dis pas à quoi je pense, parfois, quand certaines de mes étudiantes restent bouche bée…

Je pense qu'elles vont finir par attraper des mouches, à quoi diable vouliez-vous donc que je pensasse ?

:Lool:

Cripure a écrit:

Marie Laetitia a écrit:Moi j'adoooore ça :

Le débat, l'exposé, la prise de risque d'être soi devant les autres, on persiste à ne pas vouloir les enseigner. A qui profite la béance ?

Le complot ! Le complot ! Le complot ! Encore un sale coup des bourgeois pour priver les petits de la puissance de la parole !

Dire que moi, quand je demande à un étudiant de se lever pour faire son exposé devant les autres, j'ai à chaque fois l'impression de le condamner à la flagellation, vu le regard suppliant auquel j'ai immanquablement droit.

Cherchez l'erreur.

Oui, mais c'est parce qu'il n'a pas été for-mé, on vous dit !

ah c'est vrai. Tiens, au lieu de marquer "chargée de TD" sur mon CV, je vais marquer éleveuse de bovins.




(quoiqu'il y a des jours où je me demande si... enfin bref)