- AlcyoneFidèle du forum
...comment réagir ?
Voilà, je ne pense pas que ce fil existe déjà sur le forum.
Il me semble intéressant de venir partager nos expériences sur le sujet. Ce peut-être des élèves qui dévoilent une forme de malaise à travers un travail d'écriture, qui racontent un épisode pénible de leur vie ou, comme c'est mon cas, des élèves qui s'amusent, écrivent des bêtises sur leur copie. Comment réagit-on dans ces cas-là ? qu'écrit-on sur la copie ? comment note-t-on ?
Pour ma part, j'ai deux cas différents à traiter :
1-J'ai un élève qui a respecté le sujet et écrit convenablement le dialogue que je lui avais demandé de réaliser. Cependant, sur une autre feuille, il a continué l'histoire et m'a écrit des horreurs (personnages qui se suicident, se tuent...). Je lui en ai parlé ainsi qu'à l'infirmière du collège et à ses parents. Il a écrit ça "comme ça", souvenir des séries policières qu'il regarde avec son père. Est-ce que je le pénalise quand même un peu ?
2-J'ai un élève qui a respecté le sujet également, seulement, à la fin de son dialogue, il me laisse son numéro de portable et écrit dans la marge "appelez et vous verrez". Je ne sais pas quoi écrire ni quoi faire.
Je précise que ces deux élèves ont 12 ans.
Merci, j'attends vos conseils et vos témoignages.
Voilà, je ne pense pas que ce fil existe déjà sur le forum.
Il me semble intéressant de venir partager nos expériences sur le sujet. Ce peut-être des élèves qui dévoilent une forme de malaise à travers un travail d'écriture, qui racontent un épisode pénible de leur vie ou, comme c'est mon cas, des élèves qui s'amusent, écrivent des bêtises sur leur copie. Comment réagit-on dans ces cas-là ? qu'écrit-on sur la copie ? comment note-t-on ?
Pour ma part, j'ai deux cas différents à traiter :
1-J'ai un élève qui a respecté le sujet et écrit convenablement le dialogue que je lui avais demandé de réaliser. Cependant, sur une autre feuille, il a continué l'histoire et m'a écrit des horreurs (personnages qui se suicident, se tuent...). Je lui en ai parlé ainsi qu'à l'infirmière du collège et à ses parents. Il a écrit ça "comme ça", souvenir des séries policières qu'il regarde avec son père. Est-ce que je le pénalise quand même un peu ?
2-J'ai un élève qui a respecté le sujet également, seulement, à la fin de son dialogue, il me laisse son numéro de portable et écrit dans la marge "appelez et vous verrez". Je ne sais pas quoi écrire ni quoi faire.
Je précise que ces deux élèves ont 12 ans.
Merci, j'attends vos conseils et vos témoignages.
- AlcyoneFidèle du forum
Bon, comme personne ne répond, j'ai pris les devants concernant mes deux problèmes.
Pour le 1er, j'ai mis un point en moins à l'élève + "hors-sujet".
Pour le 2nd, j'ai écrit ceci sur la copie : "hors-sujet, vous n'êtes pas là pour amuser votre correcteur, cessez ces enfantillages!" J'espère que ça ira et surtout qu'ils ne recommenceront pas.
En fait, je souhaitais vraiment pouvoir lire des témoignages concernant les travaux d'écriture de soi. Cela ne m'est jamais arrivé de demander à mes élèves de raconter une expérience personnelle, mais je sais que certains collègues le font et lisent chaque année des choses plus ou moins intimes et embarrassantes.
J'aurai voulu savoir si cela vous est arrivé et comment vous avez réagi face à ce type d'épanchement de la part des élèves. Doit-on sanctionner ?
Pour le 1er, j'ai mis un point en moins à l'élève + "hors-sujet".
Pour le 2nd, j'ai écrit ceci sur la copie : "hors-sujet, vous n'êtes pas là pour amuser votre correcteur, cessez ces enfantillages!" J'espère que ça ira et surtout qu'ils ne recommenceront pas.
En fait, je souhaitais vraiment pouvoir lire des témoignages concernant les travaux d'écriture de soi. Cela ne m'est jamais arrivé de demander à mes élèves de raconter une expérience personnelle, mais je sais que certains collègues le font et lisent chaque année des choses plus ou moins intimes et embarrassantes.
J'aurai voulu savoir si cela vous est arrivé et comment vous avez réagi face à ce type d'épanchement de la part des élèves. Doit-on sanctionner ?
- SergeMédiateur
C'est un cas de figure fréquent en effet.
Pour ma part, que le malaise soit réel ou feint de manière romancée, peu importe. Je juge la qualité de ce qui est écrit et le respect des consignes. La véracité des faits importe peu quand on juge une production. On ne va pas les soumettre au détecteur de mensonge. En plus, sur les sujets un peu autobiographiques, ils ont tendance à trouver que leur vie est banale et qu'il n'y a rien à en dire de particulier. D'où le réflexe fréquent d'inventer un malheur pour avoir des choses à exprimer. Je ne vais pas en enlever si c'est faux ni en ajouter si c'est vrai.
Une élève qui s'est confiée en rédaction en me disant qu'elle allait avorter (personne n'était au courant) ... l'a fait en l'exprimant dans un français très médiocre. Elle n'a pas eu la moyenne. Un autre, je sais pertinnement que c'est faux, il me l'a même dit, mais c'est superbement exprimé, avec vraiment l'illusion autobiographique. Parfait.
Donc que le "malaise" exprimé soit réel ou pas, ça ne me mettra pas de la buée sur les lunettes au moment de noter (en plus, je n'ai pas de lunettes, ça tombe bien).
Ce qui ne m'empêche pas d'aider l'élève qui souffre par d'autres moyens bien sûr, mais dans le cadre professionnel je reste neutre et objectif, dans la mesure où on peut l'être, avec parfois dans certains cas une forme de pédagogie différenciée ponctuelle si vraiment je l'estime nécessaire.
Pour ma part, que le malaise soit réel ou feint de manière romancée, peu importe. Je juge la qualité de ce qui est écrit et le respect des consignes. La véracité des faits importe peu quand on juge une production. On ne va pas les soumettre au détecteur de mensonge. En plus, sur les sujets un peu autobiographiques, ils ont tendance à trouver que leur vie est banale et qu'il n'y a rien à en dire de particulier. D'où le réflexe fréquent d'inventer un malheur pour avoir des choses à exprimer. Je ne vais pas en enlever si c'est faux ni en ajouter si c'est vrai.
Une élève qui s'est confiée en rédaction en me disant qu'elle allait avorter (personne n'était au courant) ... l'a fait en l'exprimant dans un français très médiocre. Elle n'a pas eu la moyenne. Un autre, je sais pertinnement que c'est faux, il me l'a même dit, mais c'est superbement exprimé, avec vraiment l'illusion autobiographique. Parfait.
Donc que le "malaise" exprimé soit réel ou pas, ça ne me mettra pas de la buée sur les lunettes au moment de noter (en plus, je n'ai pas de lunettes, ça tombe bien).
Ce qui ne m'empêche pas d'aider l'élève qui souffre par d'autres moyens bien sûr, mais dans le cadre professionnel je reste neutre et objectif, dans la mesure où on peut l'être, avec parfois dans certains cas une forme de pédagogie différenciée ponctuelle si vraiment je l'estime nécessaire.
- User5899Demi-dieu
Il y a deux aspects. Pour le premier, il faut lui faire comprendre qu'écrire dans un devoir, c'est se plier à une consigne. Il faut donc sanctionner d'une façon ou d'une autre (vous êtes la mieux placée pour savoir comment), tout en lui disant qu'écrire est aussi un plaisir en dehors du cadre scolaire. Pour le second, il faut communiquer cette amorce de problème potentiel à la vie scolaire et à la direction. Ne restez jamais seule dans ce genre de situation.
- AlcyoneFidèle du forum
Merci pour vos éclaircissements.
Je pense qu'on peut également prévenir la classe que tout écrit qui ne respecte pas le sujet sera sanctionné sévèremment.
Chacun considère les choses à sa manière. J'ai des collègues qui trouvent tout à fait normal qu'un enfant révèle ses souffrance à travers un travail d'écriture.
Personnellement, cela me met mal à l'aise voire m'exaspère et j'aurai tendance à punir froidement ce genre de débordements.
Je pense qu'on peut également prévenir la classe que tout écrit qui ne respecte pas le sujet sera sanctionné sévèremment.
Chacun considère les choses à sa manière. J'ai des collègues qui trouvent tout à fait normal qu'un enfant révèle ses souffrance à travers un travail d'écriture.
Personnellement, cela me met mal à l'aise voire m'exaspère et j'aurai tendance à punir froidement ce genre de débordements.
- XanaNiveau 7
Je pense aussi qu'il faut rappeler le cadre du travail d'écriture: un devoir scolaire, noté selon des critères stricts et le hors-sujet est pénalisé, un point c'est tout.
Voilà la conclusion à laquelle je suis arrivée après deux expériences troublantes (quoique très différentes l'une de l'autre). La première a l'air drôle mais en fait elle m'a mise hors de moi. Dans une 1ère STI l'année de ma titularisation, pour un travail facultatif, un seul élève m'a rendu son devoir, une fable. En fait, un récit pornographique dont j'étais l'héroïne... et je finissais assassinée, rien de moins! J'ai noté comme un hors-sujet au bac et ai écrit, en toute sobriété: "ne correspond pas aux exigences du baccalauréat" mais j'avais à mon tour des envies de meurtre! (A la fin de l'année, un de ses camarades m'a raconté que ce cirque avait été l'objet d'une espèce de pari, largement médiatisé par un blog et que l'effet avait été nul à cause de ce commentaire très décevant pour l'auteur de ce "texte"... )
La deuxième expérience, l'année suivante(!), dans le cadre de l'autobiographique, m'a confrontée au récit d'un inceste. C'était horrible. J'ai voulu que l'élève rencontre l'infirmière, ce qu'elle n'a jamais fait. Quant au devoir, je n'ai pas pu le noter. Je lui ai demandé un autre travail d'écriture avec un sujet plus banal, disons. Je ne sais pas si j'ai bien fait, mais le malaise était trop grand.
Voilà la conclusion à laquelle je suis arrivée après deux expériences troublantes (quoique très différentes l'une de l'autre). La première a l'air drôle mais en fait elle m'a mise hors de moi. Dans une 1ère STI l'année de ma titularisation, pour un travail facultatif, un seul élève m'a rendu son devoir, une fable. En fait, un récit pornographique dont j'étais l'héroïne... et je finissais assassinée, rien de moins! J'ai noté comme un hors-sujet au bac et ai écrit, en toute sobriété: "ne correspond pas aux exigences du baccalauréat" mais j'avais à mon tour des envies de meurtre! (A la fin de l'année, un de ses camarades m'a raconté que ce cirque avait été l'objet d'une espèce de pari, largement médiatisé par un blog et que l'effet avait été nul à cause de ce commentaire très décevant pour l'auteur de ce "texte"... )
La deuxième expérience, l'année suivante(!), dans le cadre de l'autobiographique, m'a confrontée au récit d'un inceste. C'était horrible. J'ai voulu que l'élève rencontre l'infirmière, ce qu'elle n'a jamais fait. Quant au devoir, je n'ai pas pu le noter. Je lui ai demandé un autre travail d'écriture avec un sujet plus banal, disons. Je ne sais pas si j'ai bien fait, mais le malaise était trop grand.
- liliepingouinÉrudit
Pour le deuxième cas je crois que j'appellerais... le numéro des parents.
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- SergeMédiateur
Délicat s'il y a vraiment inceste. Les représailles pour avoir parlé ...
En revanche, il faut alerter des personnes dont c'est le métier, comme l'infirmière scolaire justement.
Faut pas donner de sujet autobiographique dans ce cas. Sinon ce n'est en rien un débordement. Et il faudrait jeter Rouseau aux orties aussi.
En revanche, il faut alerter des personnes dont c'est le métier, comme l'infirmière scolaire justement.
J'ai des collègues qui trouvent tout à fait normal qu'un enfant révèle ses souffrance à travers un travail d'écriture.
Personnellement, cela me met mal à l'aise voire m'exaspère et j'aurai tendance à punir froidement ce genre de débordements.
Faut pas donner de sujet autobiographique dans ce cas. Sinon ce n'est en rien un débordement. Et il faudrait jeter Rouseau aux orties aussi.
- AlcyoneFidèle du forum
Serge a écrit:
J'ai des collègues qui trouvent tout à fait normal qu'un enfant révèle ses souffrance à travers un travail d'écriture.
Personnellement, cela me met mal à l'aise voire m'exaspère et j'aurai tendance à punir froidement ce genre de débordements.
Faut pas donner de sujet autobiographique dans ce cas. Sinon ce n'est en rien un débordement. Et il faudrait jeter Rouseau aux orties aussi.
Je parle de travaux d'écriture en général, de rédactions dont le sujet n'a rien d'autobiographique justement. Pour l'écriture personnelle, je suis entièrement d'accord avec ton point de vue.
- AlcyoneFidèle du forum
Xana a écrit:Je pense aussi qu'il faut rappeler le cadre du travail d'écriture: un devoir scolaire, noté selon des critères stricts et le hors-sujet est pénalisé, un point c'est tout.
Je pense que c'est ce qu'il faut faire en effet. En ce qui concerne tes deux cas de figure, je pense que tu as très bien agi, surtout pour le second : redonner un sujet mais plus cadré.
- MarieLNeoprof expérimenté
Alcyone a écrit:Merci pour vos éclaircissements.
Je pense qu'on peut également prévenir la classe que tout écrit qui ne respecte pas le sujet sera sanctionné sévèremment.
Chacun considère les choses à sa manière. J'ai des collègues qui trouvent tout à fait normal qu'un enfant révèle ses souffrance à travers un travail d'écriture.
Personnellement, cela me met mal à l'aise voire m'exaspère et j'aurai tendance à punir froidement ce genre de débordements.
C'est exactement mon cas. Et je remercie encore mes professeurs de collège d'avoir su porter des appréciations discrètes et compatissantes...
"punir froidement ces débordements" je crois que cela m'aurait fâché pour longtemps avec l'écriture, un formidable exutoire pourtant.
- AlcyoneFidèle du forum
Axel a écrit:
C'est exactement mon cas. Et je remercie encore mes professeurs de collège d'avoir su porter des appréciations discrètes et compatissantes...
"punir froidement ces débordements" je crois que cela m'aurait fâché pour longtemps avec l'écriture, un formidable exutoire pourtant.
C'est bien que tu sois venu exprimer ton point de vue. Si je comprends bien, lorsque tu écrivais des hors-sujet, tes professeurs ne le sanctionnaient pas dans la note mais ajoutaient également des marques de "sympathie" sur tes copies.
Comment réagirais-tu face à mes deux expériences ?
Par rapport à mon 1er cas de figure, mes collègues trouvent bien que cet élève se soit exprimé ainsi dans sa copie de français, preuve qu'il y a une certaine forme de confiance installée "entre nous", que l'écriture lui permet d'extérioriser des émotions par rapport à ce qu'il a pu voir à la télévision, qu'ainsi, il a pu ensuite en parler avec l'infirmière, bref, que c'est positif.
Lorsque j'ai parlé avec cet élève (à la pause entre deux heures de cours) en lui demandant plus d'informations "sur ce qu'il avait fait" et en lui expliquant que je ne voulais plus que cela se reproduise, il a pleuré et est retourné s'asseoir. Je me suis sentie un peu bête, je lui ai demandé pourquoi il pleurait, etc., il s'est fermé comme une souche, s'est plongé dans son roman et n'a plus rien dit.
- InvitéInvité
Je viens t'apporter un second témoignage d'ancienne élève. Chaque sujet de rédaction au collège était pour moi l'occasion de raconter des choses que je n'avais jamais vécues, mais qui avaient le don d'inquiéter mes profs de français. C'était devenu un jeu, un défi: même si le sujet n'était pas autobiographique, je m'arrangeais toujours pour mettre mes profs mal à l'aise. Je n'étais jamais hors-sujet, je m'adaptais aux exigences de chaque travail, mais presque à chaque devoir, j'avais des remarques sur ma copie qui laissaient deviner le malaise de certains de mes enseignants. Jusqu'au jour où mon prof de 4e a appelé mes parents... Jusque-là, je n'avais pas eu à affronter leur regard interrogateur, mais d'un coup, j'ai eu honte de ce petit jeu, je voulais le garder secret, loin de la sphère familiale, et là, c'était raté...
Ils ont lu toutes mes rédactions et m'ont demandé si je désirais parler à quelqu'un (un psy, ou autre) de ces "problèmes" que je soulevais dans mes devoirs de français. J'ai eu beau leur expliquer que ce n'était qu'un jeu, que tout était fictif, rien n'y a fait. J'ai échappé au psy (de justesse) mais pas au regard d'un coup beaucoup plus intrusif de mes parents sur tout ce que j'écrivais (et ma mère a un jour débarqué dans ma chambre en larmes parce qu'elle était tombée sur un de mes poèmes... assez glauque, en effet), et je l'ai beaucoup regretté...
J'ai décidé d'être plus soft dans mes rédactions le jour où le prof (toujours en 4e) a lu l'un de mes devoirs devant toute la classe et que j'ai vu que mes copains étaient eux aussi mal à l'aise. Je n'ai pas supporté que certains viennent me parler à la récré, tentant de savoir ce qui "clochait" chez moi. J'ai compris que j'étais en train de donner une image de moi complètement faussée, que je n'avais pas envie que les autres s'imaginent des choses sur mon compte, alors j'en suis dès lors restée à des choses plus douces, moins troubles surtout. Et mes notes ont dégringolé: je ne savais pas ne pas inventer des histoires...
Ils ont lu toutes mes rédactions et m'ont demandé si je désirais parler à quelqu'un (un psy, ou autre) de ces "problèmes" que je soulevais dans mes devoirs de français. J'ai eu beau leur expliquer que ce n'était qu'un jeu, que tout était fictif, rien n'y a fait. J'ai échappé au psy (de justesse) mais pas au regard d'un coup beaucoup plus intrusif de mes parents sur tout ce que j'écrivais (et ma mère a un jour débarqué dans ma chambre en larmes parce qu'elle était tombée sur un de mes poèmes... assez glauque, en effet), et je l'ai beaucoup regretté...
J'ai décidé d'être plus soft dans mes rédactions le jour où le prof (toujours en 4e) a lu l'un de mes devoirs devant toute la classe et que j'ai vu que mes copains étaient eux aussi mal à l'aise. Je n'ai pas supporté que certains viennent me parler à la récré, tentant de savoir ce qui "clochait" chez moi. J'ai compris que j'étais en train de donner une image de moi complètement faussée, que je n'avais pas envie que les autres s'imaginent des choses sur mon compte, alors j'en suis dès lors restée à des choses plus douces, moins troubles surtout. Et mes notes ont dégringolé: je ne savais pas ne pas inventer des histoires...
- blancheExpert
liliepingouin a écrit:Pour le deuxième cas je crois que j'appellerais... le numéro des parents.
+1
- AëmielExpert
Ca m'arrive très souvent. Et même si je n'en suis pas ravie (1. je ne suis pas psy, et n'ai aucune compétences pour gérer ce type de pb 2. je suis une éponge, et j'ai vraiment mal pour eux), quelque part, pour certains de ces gamins, c'est la seule façon d'exprimer un mal être, quel qu'il soit (et j'ai déjà eu de tout, quel que soit le sujet, pas forcément autobiographique. Quand un gosse a besoin de s'épancher, l'illusion de la distance de la copie lui permet d'y aller franchement).
Alors qu'ils expriment.
Evidemment, je note en fonction des contraintes données, donc c'est souvent hors sujet, et des notes affreuses.
Je rends les copies sans autre commentaire (ni écrit, ni oral) que la conformité au sujet. Je ne suis pas habilitée/capable de dire/faire autre chose, mon boulot, c'est prof.
Maintenant, quand je sens que c'est bizarre, je refile systématiquement le bébé à mon CDE, charge à lui d'évaluer si cela nécessite un suivi, un RV, un coup de tel aux parents, ou rien du tout. Je me mets à l'abri, un des mes proches ayant été jusqu'au tribunal pour avoir mis du temps -deux semaines- à prévenir l'institution, alors qu'il y avait véritable crise).
Je me souviens avoir discuté avec une gamine, pour lui expliquer la note catastrophique : elle s'en moquait. Elle voulait juste être secourue, entendue, et la note, hein, à côté de ce qu'elle vivait...
Et je sais que C. va bp mieux maintenant qu'il a raconté la mort de sa soeur, que M. m'a confié dans sa copie de brevet blanc (pensant bêtement que les profs ne reconnaissaient pas les écritures) les raisons de sa TS, et que c'était manifestement cathartique, que J., Y. et M. ont accepté un suivi psy, qu'à la suite d'un texte certains vident leur sac par écrit, ...
La littérature, ça remue. Tant mieux.
Inceste, scarifications, anorexie, viol, et souffrances diverses et variées : franchement, la vie des ados, ça me tue.
Alors qu'ils expriment.
Evidemment, je note en fonction des contraintes données, donc c'est souvent hors sujet, et des notes affreuses.
Je rends les copies sans autre commentaire (ni écrit, ni oral) que la conformité au sujet. Je ne suis pas habilitée/capable de dire/faire autre chose, mon boulot, c'est prof.
Maintenant, quand je sens que c'est bizarre, je refile systématiquement le bébé à mon CDE, charge à lui d'évaluer si cela nécessite un suivi, un RV, un coup de tel aux parents, ou rien du tout. Je me mets à l'abri, un des mes proches ayant été jusqu'au tribunal pour avoir mis du temps -deux semaines- à prévenir l'institution, alors qu'il y avait véritable crise).
Je me souviens avoir discuté avec une gamine, pour lui expliquer la note catastrophique : elle s'en moquait. Elle voulait juste être secourue, entendue, et la note, hein, à côté de ce qu'elle vivait...
Et je sais que C. va bp mieux maintenant qu'il a raconté la mort de sa soeur, que M. m'a confié dans sa copie de brevet blanc (pensant bêtement que les profs ne reconnaissaient pas les écritures) les raisons de sa TS, et que c'était manifestement cathartique, que J., Y. et M. ont accepté un suivi psy, qu'à la suite d'un texte certains vident leur sac par écrit, ...
La littérature, ça remue. Tant mieux.
Inceste, scarifications, anorexie, viol, et souffrances diverses et variées : franchement, la vie des ados, ça me tue.
_________________
Auteur
- AlcyoneFidèle du forum
sérafina a écrit:
Je rends les copies sans autre commentaire (ni écrit, ni oral) que la conformité au sujet.
Maintenant, quand je sens que c'est bizarre, je refile systématiquement le bébé à mon CDE, charge à lui d'évaluer si cela nécessite un suivi, un RV, un coup de tel aux parents, ou rien du tout.
Très bien, je trouve que c'est très clair.
Le fait pour moi d'avoir pris l'élève à part pour le faire parler pendant 5 minutes de ce qu'il avait fait alors que, visiblement, il ne souhaitait pas être entendu de cette manière aura peut-être été une erreur. Je pense que ce n'était pas du tout mon rôle. Prévenir, oui, mais guérir les maux de l'âme, peut-être ou certainement pas.
- MarieLNeoprof expérimenté
Alcyone a écrit:Axel a écrit:
C'est exactement mon cas. Et je remercie encore mes professeurs de collège d'avoir su porter des appréciations discrètes et compatissantes...
"punir froidement ces débordements" je crois que cela m'aurait fâché pour longtemps avec l'écriture, un formidable exutoire pourtant.
C'est bien que tu sois venu exprimer ton point de vue. Si je comprends bien, lorsque tu écrivais des hors-sujet, tes professeurs ne le sanctionnaient pas dans la note mais ajoutaient également des marques de "sympathie" sur tes copies.
Comment réagirais-tu face à mes deux expériences ?
Par rapport à mon 1er cas de figure, mes collègues trouvent bien que cet élève se soit exprimé ainsi dans sa copie de français, preuve qu'il y a une certaine forme de confiance installée "entre nous", que l'écriture lui permet d'extérioriser des émotions par rapport à ce qu'il a pu voir à la télévision, qu'ainsi, il a pu ensuite en parler avec l'infirmière, bref, que c'est positif.
Lorsque j'ai parlé avec cet élève (à la pause entre deux heures de cours) en lui demandant plus d'informations "sur ce qu'il avait fait" et en lui expliquant que je ne voulais plus que cela se reproduise, il a pleuré et est retourné s'asseoir. Je me suis sentie un peu bête, je lui ai demandé pourquoi il pleurait, etc., il s'est fermé comme une souche, s'est plongé dans son roman et n'a plus rien dit.
Je ne sais pas si j'étais vraiment hors-sujet en fait. Je crois seulement qu'il est plus facile pour certains de passer par l'écriture que de dire. Alors lorsque cela arrive il ne me vient pas à l'esprit de sanctionner, si c'est vraiment un HS à la limite je ne note pas - en précisant que je ne sanctionne pas parce que le travail a été fait mais que ce n'est pas celui qui était attendu.
Pour le problème qui te préoccupe :
1 - J'ai un élève qui a respecté le sujet et écrit convenablement le dialogue que je lui avais demandé de réaliser. Cependant, sur une autre feuille, il a continué l'histoire et m'a écrit des horreurs...
Je note sans tenir compte de la suite, et j'essaie de savoir s'il va réellement mal (et comme c'est plus que difficile à vérifier, l'infirmière est une bonne piste, oui)
2 - J'ai un élève qui a respecté le sujet également, seulement, à la fin de son dialogue, il me laisse son numéro de portable et écrit dans la marge "appelez et vous verrez". Je ne sais pas quoi écrire ni quoi faire.
Je note le travail, et j'ajoute un mot dans la marge tout en précisant qu'il n'est pas question pour moi d'appeler un élève en privé...
Tu précises qu'ils ont 12 ans, à cet âge-là il n'est pas si rare que les garçons aient une imagination assez morbide ou jouent la provocation sans même s'en rendre compte, sans autres signes je crois que je ne m'inquiéterais pas vraiment.
Quant à cette partie là :
"Lorsque j'ai parlé avec cet élève (à la pause entre deux heures de cours) en lui demandant plus d'informations "sur ce qu'il avait fait" et en lui expliquant que je ne voulais plus que cela se reproduise, il a pleuré et est retourné s'asseoir. Je me suis sentie un peu bête, je lui ai demandé pourquoi il pleurait, etc., il s'est fermé comme une souche, s'est plongé dans son roman et n'a plus rien dit"
elle me rappelle encore plus mes années collège ! Mais inutile de trop t'inquiéter je crois, il trouvera bien comment ou auprès de qui s'épancher si c'est nécessaire, et tant pis si ce n'est pas cette année ou au collège, on ne peut pas être le chevalier blanc de la terre entière non plus.
- AlcyoneFidèle du forum
Axel : merci pour tes indications.
Effectivement, j'ai précisé l'âge car je trouve qu'il est étrange à 12 ans d'écrire ce genre de choses à son professeur, mais vos témoignages aux uns et aux autres me montrent que ce n'est pas pour le professeur qu'ils écrivent cela, plutôt pour eux-mêmes en fait, d'ailleurs cela rejoint mon 1er élève qui m'a répondu avoir fait ça "comme ça".
Pour ce qui est d'appeler les parents du n°2, je pense que je verrai sur le moment, si mes remarques orales suffisent ou pas.
Effectivement, j'ai précisé l'âge car je trouve qu'il est étrange à 12 ans d'écrire ce genre de choses à son professeur, mais vos témoignages aux uns et aux autres me montrent que ce n'est pas pour le professeur qu'ils écrivent cela, plutôt pour eux-mêmes en fait, d'ailleurs cela rejoint mon 1er élève qui m'a répondu avoir fait ça "comme ça".
Pour ce qui est d'appeler les parents du n°2, je pense que je verrai sur le moment, si mes remarques orales suffisent ou pas.
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