Liste des incivilités au quotidien - Tome II

c'est une classe très difficile qui donne du mal aux autres comme à moi, mais il est vrai que l'emploi du temps ne m'aide guère. Un cas social, des élèves qui ne veulent plus bosser, qui ne se respectent pas, bref ça donne une ambiance chaotique à laquelle j'essaie vainement de remédier à coup d'exclusions et de rapports d'incident. De plus il y a comme un climat d'impunité qui s'installe.

alors moi, cette semaine:
j'ai commencé en beauté avec une 6ème qui a insulté une de ses camarades. Je la colle et là, elle me répond: " de toute façon, j'irai pas!".
Cette même élève a séché le cours d'EPS hier ...et il n'y a pas si longtemps, avait fait cramer un papier en cours de maths avec un briquet!
Classe de 4ème : ils sont en contrôle et j'ai 2 zygotos qui n'arrêtent pas de la ramener...en commentant ce qui se passe dans la cour de récré ( car j'ai la chance d'avoir cours de 13h à 14h dans une salle qui donne sur la cour...).
Je descends les stores et certains gamins dans la cour se sont permis de venir donner des coups dedans - une fois les stores baissés évidemment!
J'adore ce métier!! On revient toujours zen à la maison!

marquisedemerteuil a écrit:dites, il y a quelques décennies, les sanctions n'auraient-elles pas été bien plus sévères que maintenant? je dis ça, je ne dis rien...

Et comment!! Mais maintenant, les incivilités se banalisent tellement que les élèves se sentent en toute impunité ...Et vu le courage des CDE, c'est pas demain la veille que ça va changer

Marcelle Duchamp a écrit:Si... Carrément!
Nous, on aurait mis une gifle pour moins que ça. Moi ce qui me tue c'est de voir des petits/mignons se permettre des trucs odieux!

non mais quelle horreur !!!

Le monde est une branloire pérenne...

v'la c'qui arrive quand on leur fait étudier Montaigne en 3e...

stann59 a écrit:Le monde est une branloire pérenne...

v'la c'qui arrive quand on leur fait étudier Montaigne en 3e...

Je ne suis pas sûre de comprendre, que veux-tu dire?

Cette semaine, une collègue exclut de cours un élève notoirement pénible (le genre qui multiplie les exclusions de qqs jours) qui refusait de faire son travail et, devant l'insistance de la collègue, a fini par lui balancer une grossièreté sans nom. Elle fait son rapport, demande une heure de retenue pour refaire le travail qui n'a pas été fait en classe et de surcroît des excuses avant qu'il ne revienne dans son cours.
Retour de la feuille d'incident avec juste ces mots de la main du chef : "Merci de ne pas donner dans la provocation."

Désolant et effrayant.

V.Marchais a écrit:Cette semaine, une collègue exclut de cours un élève notoirement pénible (le genre qui multiplie les exclusions de qqs jours) qui refusait de faire son travail et, devant l'insistance de la collègue, a fini par lui balancer une grossièreté sans nom. Elle fait son rapport, demande une heure de retenue pour refaire le travail qui n'a pas été fait en classe et de surcroît des excuses avant qu'il ne revienne dans son cours.
Retour de la feuille d'incident avec juste ces mots de la main du chef : "Merci de ne pas donner dans la provocation."

J'ai peur de comprendre. C'est la victime d'insultes qui provoque, pas le petit :censure: de :censure: ?

Ce n'est tout de même pas ta collègue qui est accusée de provocation, si ?
On ne va quand même pas en arriver à présenter nos excuses à des petits :censure: qui nous insultent sous prétexte qu'on les aurait provoqués ? (en faisant quoi d'ailleurs ? En exigeant politesse et respect, voire, insulte suprême, travail ? Ce serait ça aujourd'hui la provocation des enseignants envers les élèves ?)

Marcelle Duchamp a écrit:Moi par miracle, ça ne m'est encore jamais arrivé mais mes collègues me disent de rester à l'affut.
Comment réagir? Par l'humiliation... "Tu mets tes deux mains sur la table et tu arrêtes de te branler en public"... Voilà a quoi on en est réduit!

L'humiliation aussi est illégale dans la loi Royal il me semble. (on se fout vraiment de nous). Heureusement que ce genre de subtilités dépasse ces chérubins.

Le pire, c'est qu'ils doivent bien en rire, puisque par définition non responsables. Le chaos entraine le chaos et se banalise, petit à petit, de manière toujours plus violente.

Finrod a écrit:

Marcelle Duchamp a écrit:Moi par miracle, ça ne m'est encore jamais arrivé mais mes collègues me disent de rester à l'affut.
Comment réagir? Par l'humiliation... "Tu mets tes deux mains sur la table et tu arrêtes de te branler en public"... Voilà a quoi on en est réduit!

L'humiliation aussi est illégale dans la loi Royal il me semble. (on se fout vraiment de nous). Heureusement que ce genre de subtilités dépasse ces chérubins.

Le pire, c'est qu'ils doivent bien en rire, puisque par définition non responsables. Le chaos entraine le chaos et se banalise, petit à petit, de manière toujours plus violente.

Ce n'est pas une humiliation, voyons, mais un conseil éducatif et bienveillant pour aider le jeune à progresser dans le respect de son corps.

Voilà à quoi ce genre de chose me fait penser : on en est à mettre de la vaseline.

Aujourd'hui, je dois acheter de la vaseline pour faire des masques en plâtre dans mon centre de loisirs. Arrivé à la caisse, face à la jolie caissière, j'ai voulu légitimer la présence du tube en lui expliquant tout naturellement : "C'est pour faire des trucs avec des enfants." VDM

Cette semaine, une collègue exclut de cours un élève notoirement pénible (le genre qui multiplie les exclusions de qqs jours) qui refusait de faire son travail et, devant l'insistance de la collègue, a fini par lui balancer une grossièreté sans nom. Elle fait son rapport, demande une heure de retenue pour refaire le travail qui n'a pas été fait en classe et de surcroît des excuses avant qu'il ne revienne dans son cours.
Retour de la feuille d'incident avec juste ces mots de la main du chef : "Merci de ne pas donner dans la provocation."

Mettez un scan de la feuille sur le blog ou ici.
Pour une fois qu'un chef écrit ce genre de consigne au lieu de les donner simplement à l'oral...

Là, il faut alerter les médias pour que le chef s'explique.

Je vous jure que c'est pas l'envie qui m'en manque.
Car oui, Hermione, ce que la direction appelle "provocation", c'est la demande d'un professeur que le travail non fait soit rattrapé et les insultes suivies d'excuses.
Il faut faire très attention, avec internet, à ce qui permet d'identifier les personnes. Mais j'ai bien envie de publier le scan de ce rapport, effectivement. En l'anonymant ?

Nous avons demandé une réunion pour causer de ça et du reste, car reste il y a.

En tous les cas, il faut absolument l'anonymer.

Un rapide aperçu du "reste".
Chez nous, les exclusions de cours, c'est has been.
Désormais, ce sont les (sales) mômes qui quittent le cours de leur propre chef, quand ça leur prend, pour aller se plaindre à la direction de toutes nos exigences monstrueuses (interrompre sa conversation sur les keebab avant d'entrer en classe, lever la main pour prendre la parole, ne pas frapper son voisin...).
Que pensez-vous que la direction fît en pareil cas ? En gens sensés que vous êtes, vous vous dites probablement que passé le premier instant de stupeur devant autant d'audace, elle signifie avec une voix de stentor au gamin récriminant qu'il est présentement en train d'enfreindre une demi-douzaine de points du règlement intérieur, remplit une fiche d'exclusion de cours en bonne et due forme qui restera dans le dossier de l'élève, avertit ses parents et assortit le tout de deux heures de colle pour rattraper le travail - puis monte annoncer la chose aux autres élèves de la classe, des fois qu'il y en ait qui douteraient des conséquences de tels actes.
Que nenni. Notre direction, d'une bienveillance sans limite, accueille à toute heure, fût-ce une heure de cours, les doléances de ces chers petits. Le fait qu'ils soient ce faisant en train d'enfreindre les règles les plus élémentaires de l'école et qu'eux, par leur attitude, cautionnent cela n'a pas l'air de les effleurer. La question de la responsabilité vis-à-vis de ces enfants non plus.
Je sens que je vais finir par appeler l'IA pour lui demander de me décharger officiellement de la responsabilité d'élèves dont je ne peux plus contrôler les allées et venues et que notre direction se fait manifestement un devoir de prendre sous son aile en toutes circonstances.

Et dire que ces chefaillons de mes deux se pensent comme un sommet d'humanisme.

Je sens que je vais finir par appeler l'IA pour lui demander de me décharger officiellement de la responsabilité d'élèves dont je ne peux plus contrôler les allées et venues et que notre direction se fait manifestement un devoir de prendre sous son aile en toutes circonstances.

Il faut envoyer un courrier à l'IA sous couvert du chef d'établissement, sinon ça n'a pas de valeur.
Un courrier collectif envoyé par ce biais fait généralement son petit effet.

S'ils se contentaient de se montrer laxistes et complaisants... Ils faut en plus qu'ils s'érigent en modèles?! :shock: :marteau:

C'est de ça que nous voulons parler lors de notre prochaine réunion (prévue après les vacances). Nous avons failli débrayer il y a quelques jours, suite à l'incident de trop. Nous avons fait ensemble un constat écrit, des réclamations et propositions claires. Nous avons accepté d'en parler collectivement, mais nous ne sommes plus prêts à négocier ce qui n'a pas à l'être. Si nous ne sommes pas entendus, ce sera effectivement débrayage et alerte de l'IA. Mais on ne se lance pas là-dedans sans avoir d'abord tenté le dialogue (fût-il ferme). C'est comme avec les mômes : il faut pouvoir dire qu'on a tout essayé avant d'en venir aux mesures extrêmes...

Bon courage Véronique. Être ferme demande une énergie qu'on se garderait bien de dépenser pour défendre des nécessités pourtant évidentes.

A l'attaaaaaaaaaaaaaaque!

:aah:

Purée...mais avec des élèves difficiles, si la hiérarchie prend leur défense et met l'enseignant en cause, ce n'est plus la peine de venir (essayer d') enseigner. Puis maintenant, pour rattaper le coup et avoir de l'autorité, bon courage !

Vendredi pendant un contrôle d'une heure avec mes 5ème affreux :

Un premier élève refuse de faire le contrôle (il a 0 de moyenne en maths, ne fait jamais rien dans aucune matière). Je vais le voir, j'essaye de l'aider :
"Bon, regarde les deux angles là! Ils sont comment?"
"Bah j'en sais rien moi! Je m'en fous!"
"Bon mais ce n'est pas compliqué quand même... Allez! Ca commence par un A" (adjacents)
"Mais c'est bon je m'en fous là! Je connais pas!"
"Regarde bien"
"Bah ils sont à côté..."
"Bon bah écris ça, c'est déjà mieux que rien"
Je m'éloigne...
"Ca s'écrit comment "à côté"?"
"Ha non il ne faut pas exagérer quand même! Ecris le comme tu le sens"
L'élève jette sa trousse parterre : "Ouais vas y ça fout le seum des profs comme ça là! Vous le faîtes exprès pour que j'aie 0 là vous voulez même pas me dire comment ça s'écrit!" :colere:
Il a passé le reste de l'heure à râler.

Un 2ème élève refuse de faire son contrôle. Il se lève et me suit dans la salle en me racontant ce qu'il va faire pendant ses vacances ("je vais venir à côté de chez vous! c'est trop bien j'ai trouvé votre adresse sur internet je vais passer vous dire bonjour!") (j'ai déjà souvent parlé de cet élève qui s'accroche un peu trop sur le forum... ca ne s'arrange pas!) Lorsque je lui demande de s'asseoir, il se met à sucer son pouce et vient dans mes bras...

Un 3ème élève refuse aussi de faire son contrôle (c'est ma 5ème d'affreux... et encore il y avait 5 absents!). Il se met à chanter et à siffler. Je lui dis de se taire il me répond sur un ton très agressif : "Vous me parlez sur un autre ton je vous ai pas mal parlé moi!" Je le met dehors il me demande pourquoi je ne mets pas l'élève numéro 2 dehors aussi... Il sort en me disant : "j'aurais pas dû vous écouter l'autre jour! j'ai perdu mon temps!" (je l'avais pris à part pour parler de son comportement et pour une fois il m'avait écoutée).

il y a vraiment des élèves qui n'ont rien à faire dans nos classes, à qui il faudrait des structures différentes.

Ils sont dans l'affectif alors qu'ils sont affreux.

Sinon, ma signature illustre ma pensée.