- JohnMédiateur
Hors-série : De la journée de la Gentillesse… à de bonnes pratiques à l'école
"Les élèves gentils ont de meilleurs résultats scolaires !"
Ni renoncement, ni soumission, ni oubli de soi, la gentillesse est une qualité. Pour réhabiliter cette vertu, Psychologies Magazine organise, chaque 13 novembre, la Fête de la gentillesse et de nombreux établissements scolaires ont suivi cette initiative. Rencontre avec Arnaud de Saint Simon, directeur de rédaction du magazine.
D'où vous est venue l'idée de ce rendez-vous annuel ?
En 2009, en pleine crise économique, dans un climat très dur, notamment dans les entreprises, nous avons eu vent d'une journée mondiale de la gentillesse, « World kindness day », qui existait depuis environ 10 ans dans une dizaine de pays et que nous avons eu envie de lancer en France. Qu'on l'appelle gentillesse, bonté, bienveillance, convivialité, solidarité, générosité... c'est en effet une valeur importante, à laquelle nous croyons et à laquelle tout le monde est sensible. Mais en même temps, il y a sans doute quelque chose à réhabiliter, parce que ce n'est pas une notion facile : le mot fait parfois sourire, avec son côté un peu naïf, un peu Bisounours, un peu faible... Comme cette blague dans le Père Noël est une ordure : je n'aime pas dire du mal des gens, mais madame Musquin est effectivement gentille !
Quels sont les effets de la gentillesse à l'école, au collège ou au lycée ?
Depuis deux ans, la « thématique » de l'école est une de celles qui marchent le mieux et l'accueil des profs et des directeurs d'établissement a été formidable. Il faut dire que la gentillesse et le vivre ensemble sont au centre des préoccupations de l'Education nationale. Il y a, bien sûr, les problèmes de violence. Mais, au-delà, l'apprentissage du respect ou de la courtoisie, autres formes de la gentillesse, sont aussi du ressort de l'école. Enfin, troisième aspect, des études très sérieuses démontrent que les élèves gentils ont de meilleurs résultats scolaires !
Sait-on pourquoi ?
Je crois fermement que quand on fait des choses pour les autres, quelles qu'elles soient, on en reçoit un bénéfice personnel immense. Le parallèle est peut-être un peu hardi mais, de la même façon, les alcooliques s'en sortent, entre autres, en aidant les autres. L'entraide procure un sentiment de bien-être, d'utilité, d'estime de soi... Pour en revenir à l'école, aider les autres peut constituer une manière de revisiter le programme différemment, de le reformuler avec quelqu'un, de s'y intéresser, d'identifier des complexités que l'on n'avait pas repérées à travers les difficultés d'un autre...
Quelles sont les initiatives qui vous ont le plus marqué ?
Il est difficile de faire un classement. L'an dernier, nous avions mis en place un compteur de bonnes actions sur notre site Internet. Nous en avons enregistré près de 500.000 ! Il y a eu des choses très différentes. Il pouvait s'agir de petits gestes de pure gentillesse, comme par exemple les enfants d'une classe qui ont accueilli tous les élèves de leur école avec des croissants. Il y a aussi eu des initiatives plus « intellectuelles », comme la création d'un blog de philo tenu à cette occasion. Nous sommes d'ailleurs en train de faire un bilan des initiatives à plus long terme avec, derrière la tête, l'idée d'en parler au ministère de l'Education pour voir si nous n'avons pas quelque chose à faire ensemble, si nous ne pouvons pas développer des pédagogies, des moments, des rituels...
Cette fête n'est-elle pas aussi une journée par an pour se donner bonne conscience ?
Vous avez raison, le risque est là : une journée de la gentillesse, et les 364 autres ! En même temps, si cette journée n'existait pas, nous ne serions pas en train de nous parler. Elle a donc le mérite de mobiliser tout le monde sur une cause. Mais, c'est vrai, ce qui importe c'est de savoir ce que l'on en fait ensuite, ce que l'on en sème sur le reste de l'année. Et je crois, par exemple, que si l'on travaille et si l'on avance un peu sur ces expériences à l'école, il ne s'agira plus seulement d'être gentil un jour par an et d'organiser la plus belle fête possible le 13 novembre... L'idée, c'est d'allumer l'étincelle.
http://www.vousnousils.fr/2011/02/04/hors-serie-de-la-journee-de-la-gentillesse%E2%80%A6-a-de-bonnes-pratiques-a-lecole-14-%C2%AB%C2%A0-les-eleves-gentils-ont-de-meilleurs-resultats-scolaires-%C2%BB-500274
"Les élèves gentils ont de meilleurs résultats scolaires !"
Ni renoncement, ni soumission, ni oubli de soi, la gentillesse est une qualité. Pour réhabiliter cette vertu, Psychologies Magazine organise, chaque 13 novembre, la Fête de la gentillesse et de nombreux établissements scolaires ont suivi cette initiative. Rencontre avec Arnaud de Saint Simon, directeur de rédaction du magazine.
D'où vous est venue l'idée de ce rendez-vous annuel ?
En 2009, en pleine crise économique, dans un climat très dur, notamment dans les entreprises, nous avons eu vent d'une journée mondiale de la gentillesse, « World kindness day », qui existait depuis environ 10 ans dans une dizaine de pays et que nous avons eu envie de lancer en France. Qu'on l'appelle gentillesse, bonté, bienveillance, convivialité, solidarité, générosité... c'est en effet une valeur importante, à laquelle nous croyons et à laquelle tout le monde est sensible. Mais en même temps, il y a sans doute quelque chose à réhabiliter, parce que ce n'est pas une notion facile : le mot fait parfois sourire, avec son côté un peu naïf, un peu Bisounours, un peu faible... Comme cette blague dans le Père Noël est une ordure : je n'aime pas dire du mal des gens, mais madame Musquin est effectivement gentille !
Quels sont les effets de la gentillesse à l'école, au collège ou au lycée ?
Depuis deux ans, la « thématique » de l'école est une de celles qui marchent le mieux et l'accueil des profs et des directeurs d'établissement a été formidable. Il faut dire que la gentillesse et le vivre ensemble sont au centre des préoccupations de l'Education nationale. Il y a, bien sûr, les problèmes de violence. Mais, au-delà, l'apprentissage du respect ou de la courtoisie, autres formes de la gentillesse, sont aussi du ressort de l'école. Enfin, troisième aspect, des études très sérieuses démontrent que les élèves gentils ont de meilleurs résultats scolaires !
Sait-on pourquoi ?
Je crois fermement que quand on fait des choses pour les autres, quelles qu'elles soient, on en reçoit un bénéfice personnel immense. Le parallèle est peut-être un peu hardi mais, de la même façon, les alcooliques s'en sortent, entre autres, en aidant les autres. L'entraide procure un sentiment de bien-être, d'utilité, d'estime de soi... Pour en revenir à l'école, aider les autres peut constituer une manière de revisiter le programme différemment, de le reformuler avec quelqu'un, de s'y intéresser, d'identifier des complexités que l'on n'avait pas repérées à travers les difficultés d'un autre...
Quelles sont les initiatives qui vous ont le plus marqué ?
Il est difficile de faire un classement. L'an dernier, nous avions mis en place un compteur de bonnes actions sur notre site Internet. Nous en avons enregistré près de 500.000 ! Il y a eu des choses très différentes. Il pouvait s'agir de petits gestes de pure gentillesse, comme par exemple les enfants d'une classe qui ont accueilli tous les élèves de leur école avec des croissants. Il y a aussi eu des initiatives plus « intellectuelles », comme la création d'un blog de philo tenu à cette occasion. Nous sommes d'ailleurs en train de faire un bilan des initiatives à plus long terme avec, derrière la tête, l'idée d'en parler au ministère de l'Education pour voir si nous n'avons pas quelque chose à faire ensemble, si nous ne pouvons pas développer des pédagogies, des moments, des rituels...
Cette fête n'est-elle pas aussi une journée par an pour se donner bonne conscience ?
Vous avez raison, le risque est là : une journée de la gentillesse, et les 364 autres ! En même temps, si cette journée n'existait pas, nous ne serions pas en train de nous parler. Elle a donc le mérite de mobiliser tout le monde sur une cause. Mais, c'est vrai, ce qui importe c'est de savoir ce que l'on en fait ensuite, ce que l'on en sème sur le reste de l'année. Et je crois, par exemple, que si l'on travaille et si l'on avance un peu sur ces expériences à l'école, il ne s'agira plus seulement d'être gentil un jour par an et d'organiser la plus belle fête possible le 13 novembre... L'idée, c'est d'allumer l'étincelle.
http://www.vousnousils.fr/2011/02/04/hors-serie-de-la-journee-de-la-gentillesse%E2%80%A6-a-de-bonnes-pratiques-a-lecole-14-%C2%AB%C2%A0-les-eleves-gentils-ont-de-meilleurs-resultats-scolaires-%C2%BB-500274
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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- CarabasVénérable
Ils n'en ont pas marre de réinventer l'eau chaude?
Et les élèves bien élevés aussi, y arrivent mieux. Ben oui, quand on sait qu'on va )à l'école pour bosser, qu'on se fera engueuler si on ne bosse pas ou si on met le bronx ou si on embête les p'tits copains ou le prof, qu'on ne vient pas à l'école pour faire un défil de mode ou pour "s'exprimer" mais pour apprendre quelque chose, il y a des chances pour qu'on réussisse à l'école. Du moins, on peut parler de terrain favorable.
Et les élèves bien élevés aussi, y arrivent mieux. Ben oui, quand on sait qu'on va )à l'école pour bosser, qu'on se fera engueuler si on ne bosse pas ou si on met le bronx ou si on embête les p'tits copains ou le prof, qu'on ne vient pas à l'école pour faire un défil de mode ou pour "s'exprimer" mais pour apprendre quelque chose, il y a des chances pour qu'on réussisse à l'école. Du moins, on peut parler de terrain favorable.
- Spoiler:
- Bon, la question est : est-ce que les élèves gentils vont arriver à trouver un boulot correspondant à leur réel niveau?
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- aposiopèseNeoprof expérimenté
c'est sûr qu'ils semblent dire des évidences, là !
je constate quand même une exception cette année : j'ai une classe où mes élèves sont tous très faibles (des 2ndes qui ont à peine le niveau brevet, d'ailleurs l'un d'eux n'a pas réussi à l'avoir). On y trouve une dizaine de gentils (dont certains très faibles, qui ont malheureusement de plus mauvais résultats que les emm*rdeurs malgré des efforts visibles).
Ce qui me fait mal au coeur, c'est que ces "gentils" sont qualifiés de "soumis" ou de "lèche-bottes" par les autres. Exemple : j'ai exclu un élève, il a refusé de sortir. J'envoie le délégué (un choupi) chercher un surveillant, les autres ont commencé à le traiter de soumis et à le huer.
Pour le moment, ils s'accrochent comme ils peuvent mais on voit bien qu'ils sont malheureux. Le délégué dont je parlais tout à l'heure était désespéré : il redouble sa 2nde, plein de bonne volonté, et se retrouve dans une classe "zoo" alors qu'il était dans une bonne classe l'an dernier. Du coup, il a l'impression de ne pas pouvoir progresser de de redoubler pour rien...
Excédés, 6 ou 7 "gentils" sont allés voir la PP la semaine dernière pour lui faire part de leur ras-le-bol, car ils ne peuvent pas bosser dans cette classe. Le problème est qu'ils ont peur des autres (ça, ils l'ont avoué). Du coup, entre collègues, nous avons une liste des élèves insolents et perturbateurs pour voir si l'administration pouvait faire quelque chose, mais je doute...
Et moi,je me sens coupable : si je ne perdais pas la moitié de mon cours à hurler sur ceux qui font des bruits d'animaux, à ramasser des carnets, à renoncer aux activités en autonomie qui dégénèrent... je me dis que je pourrais passer plus de temps à aider les "gentils" et à les faire progresser.
je constate quand même une exception cette année : j'ai une classe où mes élèves sont tous très faibles (des 2ndes qui ont à peine le niveau brevet, d'ailleurs l'un d'eux n'a pas réussi à l'avoir). On y trouve une dizaine de gentils (dont certains très faibles, qui ont malheureusement de plus mauvais résultats que les emm*rdeurs malgré des efforts visibles).
Ce qui me fait mal au coeur, c'est que ces "gentils" sont qualifiés de "soumis" ou de "lèche-bottes" par les autres. Exemple : j'ai exclu un élève, il a refusé de sortir. J'envoie le délégué (un choupi) chercher un surveillant, les autres ont commencé à le traiter de soumis et à le huer.
Pour le moment, ils s'accrochent comme ils peuvent mais on voit bien qu'ils sont malheureux. Le délégué dont je parlais tout à l'heure était désespéré : il redouble sa 2nde, plein de bonne volonté, et se retrouve dans une classe "zoo" alors qu'il était dans une bonne classe l'an dernier. Du coup, il a l'impression de ne pas pouvoir progresser de de redoubler pour rien...
Excédés, 6 ou 7 "gentils" sont allés voir la PP la semaine dernière pour lui faire part de leur ras-le-bol, car ils ne peuvent pas bosser dans cette classe. Le problème est qu'ils ont peur des autres (ça, ils l'ont avoué). Du coup, entre collègues, nous avons une liste des élèves insolents et perturbateurs pour voir si l'administration pouvait faire quelque chose, mais je doute...
Et moi,je me sens coupable : si je ne perdais pas la moitié de mon cours à hurler sur ceux qui font des bruits d'animaux, à ramasser des carnets, à renoncer aux activités en autonomie qui dégénèrent... je me dis que je pourrais passer plus de temps à aider les "gentils" et à les faire progresser.
- derouteÉrudit
Je vais vous avouer quelque chose: quand je repère des élèves que je perçois comme étant gentils et motivés, je persécute les parents pour qu'ils fassent du latin et je leur dis clairement qu'ils méritent d'être "dans un bon groupe de travail" (vous remarquerez que je n'emploie pas le mot classe).
- CarabasVénérable
A force de valoriser les chieurs en affirmant qu'ils ont du caractère, on en vient à ce genre de situation absurde.
Faudrait leur expliquer que la "rebellitude" n'est une posture qui convient que quand on a un cerveau...
Faudrait leur expliquer que la "rebellitude" n'est une posture qui convient que quand on a un cerveau...
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Terry Pratchett
- lapetitemuExpert
deroute a écrit:Je vais vous avouer quelque chose: quand je repère des élèves que je perçois comme étant gentils et motivés, je persécute les parents pour qu'ils fassent du latin et je leur dis clairement qu'ils méritent d'être "dans un bon groupe de travail" (vous remarquerez que je n'emploie pas le mot classe).
Ouais, mais avec les classe hétérogènes, ça rend impossible toute stratégie de ce genre...
Mes 4e euros sont "sacrifiés" dans une classe avec des élèves franchement instables. Bon, ce n'est pas trop grave, ils sont suffisamment cultivés, intelligents et bons scolairement à la base pour s'en sortir malgré cette année de 4e "gâchée".
Mais dans l'autre 4e, où les 3/4 de la classe sont vraiment, mais vraiment chiants et dans la caricature de l'ado de base, le 1/4 restant n'a aucun moyen de progresser. Et dans ce quart, il y a un dyslexique, brimé par la classe, et deux ou trois autres élèves plutôt moyens, qui pourraient vraiment progresser dans une autre classe... ou tout seuls avec un prof.
Ca se voit que je n'aime pas les classes hétérogènes ?...
(En même temps, parfois, c'est dans ceux qui font "les bonnes options" qu'on retrouve des terribles. Là, il n'y a plus de stratégie possible !)
- USA : les élèves d'origine asiatique obtiendraient de meilleurs résultats car ils travaillent plus.
- OCDE 2013 : "Les meilleurs élèves, qui sont-ils ?" (résultats Pisa 2009)
- Les collégiens en réseau obtiennent de meilleurs résultats
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- Forte augmentation du niveau des acquis des élèves à l'entrée au CP entre 1997 et 2011 (MEN-DEPP)
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