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thrasybule
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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 17:50
"Il n'y a pas de mort naturelle : rien de ce qui arrive çà l'homme n'est jamais naturel puisque sa présence met le monde en question. Tous les hommes sont mortels : mais pour chaque homme sa mort est un accident, et, même s'il la connaît et y consent, une violence indue"
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par Ruthven Dim 26 Déc 2010, 17:53
thrasybule a écrit:
Ruthven a écrit:La lettre de Pascal sur la mort de son père (17 octobre 1651)
Connais pas

Je n'ai pas scanné le texte, mais j'ai une analyse avec des extraits :

2. La transfiguration de la mort chez Pascal: lettre sur la mort de son père (17 octobre 1651)
La lucidité de l’analyse pascalienne, qui montrait le tragique de l’existence de l’homme sans Dieu, est profondément remaniée dans une reprise théologique de la question de la mort. Pascal, dans une lettre qui suit de peu la mort de son père, essaye de donner un sens à la mort dans le cadre d’une pensée chrétienne. Il distingue donc clairement la mort douce et sensée en Jésus-Christ qui couronne le sacrifice de notre vie et la mort terrible du païen.
a) La mort et la providence
La première tentative pour donner sens à la mort est le recours à la Providence. La Providence est l’expression de la toute-puissance divine qui par l’intermédiaire de sa volonté régit le cours des choses mondaines et des êtres. Il s’agit donc de faire retour à Dieu, donateur de sens et cause de tout, et de faire de la mort la volonté de Dieu, volonté certes pas arbitraire mais qui s’inscrit dans un plan. C’est contre le sentiment de l’absurde que cet appel à la Providence doit agir; en finalisant chaque réalité mondaine, y compris la mort, il ne reste plus de place pour le hasard ou pour la nécessité aveugle. Dans l’économie de l’univers, la mort devient sensée, par le seul fait qu’elle est une volonté divine, même si cette volonté demeure mystérieuse pour nous; elle est « une suite indispensable, inévitable, juste, sainte, utile au bien de l’Eglise et à l’exaltation du nom et de la grandeur de Dieu. » Reconduire la mort particulière à la volonté divine, ce n’est pas seulement lutter contre cette mort, c’est aussi vouloir soi-même cette mort, dans la mesure où l’amour de la volonté de Dieu est la grâce qui nous sauve de l’égocentrisme produit par le péché originel: « et unissant notre volonté à celle de Dieu même, nous voulons avec lui, en lui, et pour lui, la chose qu’il a voulue en nous et pour nous de toute éternité. »
b) La vérité de la mort
(1) Le refus du courage antique
Après avoir évoqué la Providence, Pascal essaye de penser la vérité de la mort chrétienne. Il invalide d’emblée le courage antique, grec ou latin, de Socrate ou Sénèque qui réduit la mort a une nécessité naturelle et tente de donner à l’homme une maîtrise de soi qu’il n’a pas. Le stoïcisme redouble, en quelque sorte, le péché originel dans la mesure où il ne pense pas la dépendance du créé vis-à-vis du créateur mais pense sa radicale liberté: « C’est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes les remèdes à vos misères. Toutes vos lumières ne peuvent arriver qu’à connaître que ce n’est point dans vous-mêmes que vous trouverez ni la vérité ni le bien. Les philosophes vous l’ont promis et ils n’ont pu le faire. (...) Vos maladies principales sont l’orgueil qui vous soustrait de Dieu, la concupiscence qui vous attache à la terre; et ils n’ont fait autre chose qu’entretenir au moins l’une de ces maladies. S’ils vous ont donné Dieu pour objet ce n’a été que pour exercer votre superbe; ils vous ont fait penser que vous étiez semblables et conformes par votre nature. » (pensée 149) Pascal reproche au stoïcisme son orgueil démesuré incapable de nous satisfaire: « Ce que les stoïques proposent est si difficile et si vain » (pensée 144) Face à l’horreur naturelle de la mort, les discours stoïciens ou socratiques sont de peu de poids, ils font appel à la raison contre une mort naturelle alors que seule la foi et l’Ecriture peuvent donner un sens à cette expérience. La solution antique est vaine puisqu’elle n’est pas efficace dans la douleur du deuil.
(2) La mort comme couronnement du sacrifice
C’est en Jésus-Christ qu’il faut envisager la mort: en lui, apparaissent à la fois vérité et consolation. Le divertissement qui nous détournait de notre vérité en projetant sur un bien fini l’aspiration à l’infini était erreur et ne pouvait nous satisfaire; la vérité seule, celle de la foi, apporte une satisfaction, y compris dans l’épreuve de notre finitude. La mort va prendre son sens dans une économie de la réparation; elle se caractérise par un double aspect: d’une part, elle est peine du péché, mais elle est aussi purgation du péché et ce pour une double raison: (1) elle seule met fin à la rebellion concupiscente du corps face à la loi de l’esprit,(2) elle est l’achèvement du sacrifice de notre vie. La mort hors de Jésus-Christ est « horreur de la nature » mais en Jésus-Christ est douce, car le Christ a sanctifié, en les éprouvant, toutes les difficultés de l’existence. La mort ne prend tout son sens que parce que le Christ lui-même est mort, parce qu’il a pris sur lui cette épreuve.
L’exemple de l’hostie et de la vie de Jésus-Christ sont exemplaires: l’eucharistie doit être l’image de la vie-même. L’eucharistie est le sacrement essentiel du christianisme qui commémore et perpétue le sacrifice du Christ où l’on consomme les espèces (pain et vin) qui contiennent substantiellement le corps, le sang, l’âme, la divinité de Jésus-Christ. Pascal décrit la liturgie de l’eucharistie dans ses trois étapes: oblation (acte par lequel le prêtre offre à Dieu le pain et le vin qu’il doit consacrer), sanctification, mort, à quoi il faut ajouter l’acceptation de Dieu qui, comme le note Pascal, est plus un mouvement de Dieu vers la créature que l’inverse. La mort est le couronnement du sacrifice; la créature offerte et sanctifiée n’accomplit le sacrifice que lorsqu’elle se nie devant la surexistence de Dieu; toutes les étapes du sacrifice préparent cet anéantissement. Il en est de même dans la vie du Christ qui s’est offert à Dieu, a été sanctifié puis s’est sacrifié en éprouvant les souffrances et la mort. La résurrection est transfiguration du corps en corps glorieux. La mort, dans une économie chrétienne de la réparation et de la rédemption, est donc un moment essentiel, nécessaire et finalisé; elle s’inscrit dans un sens global de la vie comme sacrifice. Si la mort n’est pas inscrite dans une économie chrétienne, elle perd son sens et devient à la fois tragique et absurde. La mort du chrétien est fondamentalement différente de celle du païen, dans la mesure où la mort du chrétien est l’étape nécessaire à notre retour vers Dieu, elle est purification des passions ou des vices, détachement vis-à-vis de notre corps de péché; la mort du païen, elle, est damnation. On peut convoquer ici la distinction augustinienne de la double mort (livre XIII de la Cité de Dieu). Augustin distingue deux morts: la mort du corps qui est séparation du corps et de l’âme, la mort de l’âme qui est séparation de l’âme et de Dieu .« Le corps est mortel, parce qu’il peut être délaissé de toute vie et qu’il ne vit jamais par lui-même. Or, la mort de l’âme arrive, quand Dieu la délaisse, comme celle du corps quand il est délaissé de l’âme. » La mort de l’âme et du corps, donc la mort du païen, est suivie de ce que les Ecritures appellent la seconde mort, à savoir un éternel supplice qui suppose la restitution éternelle du lien de l’âme et du corps afin de pouvoir éprouver la séparation d’avec Dieu et souffrir « l’aiguillon des douleurs vengeresses ». Dès lors les morts n’ont pas le même statut: « Cette donc de cette première mort du corps que l’on peut dire qu’elle est bonne pour les bons et mauvaises pour les méchants, et comme la seconde ne saurait être bonne aux bons, il suit qu’elle n’est bonne à personne. »
(a) Le baptême
On peut alors donner tout son sens à la mort chrétienne: la mort n’est que le couronnement d’une vie de sacrifice où la rupture la plus essentielle a été le baptême. En effet, le baptême est le sacrement qui lave du péché originel et qui fait de celui qui le reçoit un chrétien. J.Daniélou (E.U.3 « Baptême ») a parfaitement mis en évidence « le symbolisme du baptême chrétien »: il faut d’une part le rattacher à l’eau comme figure de la mort (déluge: destruction du monde pécheur, mer Rouge): le baptême est destruction de l’homme pécheur et des démons qui le dominent; l’eau purificatrice lave la souillure originelle. Le baptême est donc une mort à notre condition de pécheur, par là il marque la possibilité du retour à Dieu et l’abandon de la communauté des hommes; d’autre part, l’eau du baptême est aussi eau de la vie. D’où la réflexion paulinienne dans l’Epitre aux Romains qui met en parallèle ce double aspect du baptême mort/ vie avec la mort et la résurection du Christ: « Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions aussi dans une vie nouvelle. » La perte originelle de l’être que l’on considère comme un proche n’est pas la rupture de la mort, mais son dévouement à Dieu par le baptême (on pourrait se demander si le baptême n’est pourtant pas aussi une intégration à la communauté des croyants). La mort est l’accomplissement d’une vie vouée à Dieu: « Il a donc fait ce qu’il avait voué: il a achevé l’oeuvre que Dieu lui avait donné à faire: il a accompli la seule chose pour laquelle il était créé. La volonté de Dieu est accomplie en lui, et sa volonté est absorbée en Dieu. »
(b) La souffrance du deuil comme signe de la nature corrompue
(i) Les illusions de la nature corrompue
Pourquoi alors la douleur et la souffrance du deuil si la mort chrétienne est retour à Dieu? Il n’y a plus aucune raison de souffrir. La souffrance n’est en fait que le signe de la nature en nous, donc de la nature corrompue: la représentation naturelle de la mort s’oppose aux fins glorieuses de la mort chrétienne car elle n’en perçoit pas la dimension surnaturelle: à la représentation du cadavre, il faut opposer un corps temple du Saint Esprit, c’est-à-dire un corps habité par la présence divine. Cette présence divine est réelle dans les corps des saints, ce qui justifie le culte des reliques (On notera aussi que l’incorruptibilité est un signe de sainteté, même si chez les Grecs c’est le corps des excommuniés qui est incorruptible (impossibilité de la réparation?): « L’Antiquité chrétienne croyait que l’incorruptibilité d’un corps était plutôt une marque probable de la sainteté de la personne, et une preuve de la protection particulière de Dieu sur un corps qui a été pendant sa vie le temple du Saint-Esprit et sur une personne qui a conservé dans la justice et l’innocence le caractère du christianisme » (Dom Calmet, Dissertation sur les revenants en corps...) La nature corrompue identifie la séparation de l’âme et du corps comme la cessation de la vie; il s’agit là encore d’une illusion puisque l’âme se détache de son corps de mort, rebelle à la loi de l’esprit, pour retrouver à la résurrection un corps glorieux. La mort physique n’est pas mort mais début de la vie véritable; le christianisme opère un renversement en changeant de perspective sur la mort; il ne faut plus la voir par la nature corrompue mais par les vérités de la foi.
(ii) Les raisons de cette illusion
Pourquoi la mort fait-elle horreur à la nature corrompue? Il faut pour comprendre cela comprendre la nature du péché originel: Pascal, à la suite d’Augustin, distingue dans l’état d’innocence deux amours: l’amour de Dieu, infini, et l’amour de soi, n’étant amour de soi qu’en tant qu’on dépend de Dieu. Le péché pervertit cet état d’innocence en préférant l’amour de soi à l’amour de Dieu; en effet le péché est le refus du commandement divin au profit d’une initiative humaine. L’homme a préféré sa volonté à la volonté de Dieu.
Il faut distinguer le statut de la mort dans l’état d’innocence et dans l’état de péché:
• dans l’état d’innocence, c’est-à-dire dans une nature non corrompue, la mort est naturellement haïssable car la vie d’Adam était agréable à Dieu, donc à lui-même
• après le péché, le corps et l’âme entrent en conflit et s’opposent tous deux à la volonté divine. La mort est un moyen pour celui dont l’âme a été lavée du péché originel par le baptême pour retourner à Dieu, mais l’attachement à la vie, comme l’horreur de la mort, sont les mêmes que dans l’état d’innocence. Cet attachement est naturel.
Le statut de la vie a changé après le péché, mais l’attachement à la vie est resté identique. Si la mort permet de retrouver une vie conforme à l’innocence, elle doit être aimée, mais la nature nous fait aimer notre vie présente. Les vertus théologales (foi, espérance, charité), qui sont trois modes de relation à l’altérité, absolue, temporelle, humaine, doivent nous permettre de donner à la mort sa véritable valeur, une délivrance vis-à-vis d’un corps pécheur. Il n’y a pas un strict parallélisme entre l’âme et le corps: par le baptême, l’âme meurt au péché et ressuscite dans une condition purifiée; à la mort, elle monte au ciel pour s’asseoir à la droite du Père; le corps en revanche n’est pas purifié par le baptême: la mort du corps n’est que le début de son périple. L’ordre du corps et l’ordre de l’âme ne sont pas identiques aux yeux de Pascal, mais dans les deux cas la mort a une fonction essentielle: pour l’âme est le moment à partir duquel elle va siéger à la droite de Dieu, pour le corps, elle est la destruction et purgation nécessaire, préalable à la résurrection dans un corps glorieux.. « La mort est le couronnement de la béatitude de l’âme, et le commencement de la béatitude du corps. »
Pascal ne nie donc pas la réalité de l’affliction; il en reconnaît même la nécessité dans la mesure où nous ne sommes pas des anges (on ne peut pas ne pas penser à Réversibilité de Baudelaire: « Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse,/ La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,/ Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits/ Qui compriment le coeur comme un papier qu’on froisse?/ Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse? »); ce qui souffre c’est donc notre nature; mais même cette souffrance de deuil n’est pas perdue, il faut la soumettre à la force que nous donne la grâce: « que nos afflictions soient comme la matière d’un sacrifice que sa grâce consomme et anéantisse pour la gloire de Dieu. » Pascal ne peut se déprendre d’un projet apologétique: si la mort du corps est si terrible, que doit-être la mort de l’âme? Rien ne doit être perdu dans l’expérience de la mort: la mort n’est en elle-même pas une perte mais une purgation, la douleur n’est pas gratuite mais doit être servie en sacrifice et avoir une fonction apologétique. Tous les aspects de la mort sont repris dans une économie d’ensemble qui tente de donner un cadre théorique pour assumer ce que l’on ne peut assumer.
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thrasybule
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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 17:57
Garnier, Hippolyte, tirade du personnage protatique
EGEE .

"Je sors de l'Acheron , d'où les ombres des morts
Ne ressortent jamais couvertes de leurs corps:
Je sors des champs ombreux , que le flambeau du monde
Ne visite jamais courant sa course ronde:
Ains une espoisse horreur, un solitaire effroy, (5)
Un air puant de souphre, un furieux aboy
Du portier des Enfers, Cerbere à triple teste,
Maint fantôme volant, mainte effroyable beste.
Mais l'horrible sejour de cet antre odieux,
De cet antre privé de la clairté des cieux, (10)
M'est cent et cent fois plus agreable, et encore
Cent et cent autres fois, que toy , que je deplore,
Ville Cecropienne , et vous mes belles tours,
D'où me precipitant je terminay mes jours .
Vostre Pallas devoit, belliqueuse Deesse, (15)
Destourner ce mechef de vous, sa forteresse:
Et, alme, vous garder d'encombreux accidens,
Puis qu'elle a bien daigné se retirer dedans:
Et de plus en plus faicte à vostre bien proclive ,
Vous orner de son nom, et de sa belle olive . 20
Mais quoy? c'est le destin , c'est ce mechant destin,
Que mesme Jupiter, tant il luy est mutin,
Ne sçauroit maistriser: Jupiter qui d'un foudre
Qu'il lance de sa main, peut tout broyer en poudre .
Tandis que j'ay vescu, je t'ay veu, ma Cité, (25)
Tousjours porter au col une captivité:
Non telle que lon voit en une ville prise,
Qu'un Roy victorieux humainement maistrise.
Mais en ta servitude, ô Athenes, le sort
Menaçoit tes enfans d'une cruelle mort: (30)
Qui mis sous le hasard d'une ordonnance inique,
Entroyent l'an, deux fois sept au logis Dedalique ,
Pour servir de pasture aux devorantes dens

Du monstre Mi-taureau qu'on nourrissoit dedans.
Et toymesme Thesee, et toy ma geniture, (35)
Pour qui moy desja mort, la mort encor j'endure,
Ravy d'entre mes bras, le destin envieux
Te choisit pour viande à ce monstre odieux:
Ce monstre pour lequel ce poil gris qui s'allonge
Espars dessus mes yeux, se dresse quand j'y songe: (40)
Et ces genoux privez de chair et de chaleur,
Comme genoux d'un mort, chancellent de douleur.
Aussi fut-ce cause, il t'en souvient, Thesee,
D'accourcir de mes ans la mortelle fusee :
Bien que le vueil des Dieux, propice à ton dessain, (45)
Te sauvast du gosier de ce monstre humain,
Qui glouton de l'appas que ta main cauteleuse
Jetta par pelottons dans sa gorge monstrueuse,
S'abbatit au sommeil, te permettant plonger
Au travers de son cœur ton poignard estranger. (50)
Ainsi tu te sauvas de sa felonne rage,
Puis suivant sagement l'advertissement sage
De ta bonne Ariadne, à la suitte d'un fil
Tu sors du labyrinthe au bastiment subtil.
» Mais ainsi qu'il advient que l'humaine nature (55)
» Insatiable d'heur convoite outre mesure,
» Et jamais ne s'arreste à mediocrité:
Non bien contant d'avoir ton malheur evité,
Tu brigandes Minos, et corsaire luy pilles
Avecques ses thresors ses deux plus cheres filles.
De là tout le malheur, de là tout le mechef, (60)
Qui ja ja prest de cheoir penche dessur ton chef ,
Prend source, mon Thesee, et de là la mort blesme
D'ailes noires vola jusques à mon cœur mesme:
Ne voulant les grands Dieux courroucez contre toy,
Te donner le plaisir d'essuyer mon esmoy :
Ains voulurent (que c'est des vengences celestes !)
Que tes heureuses naufs m'apparussent funestes,
Et que leurs voiles noirs, qui flotoient oubliez,
Me fissent eslancer dans les flots repliez, (70)
(Miserable tombeau de ma vieillesse agee!)
Et changeassent leur nom au nom de moy Egee.
» Les Dieux aiment justice, et poursuivent à mort
» L'homme mechant, qui fait à un autre homme tort .
» Ils tiennent le parti du foible qu'on oppresse, (75)
» Et font cheoir l'oppresseur en leur main vengeresse.
Thesee, helas Thesee, aujourd'hui le Soleil
Ne sçauroit voir malheur à ton malheur pareil:
L'enfer, bien que hideux et gesne de nous ombres,
N'ha pas en son enclos tant de mortels encombres, (80)
Que je t'en voy, pauvre homme! hé, qu'il te falloit bien
Entreprendre d'aller au lict Plutonien,
Pour ravir nostre Royne ! hé, qu'à la mauvaise heure
Tu entrepris forcer nostre palle demeure!
Ce fut pour Pirithois, à qui les noires Sœurs (85)
Font ja porter la peine ourdie aux ravisseurs.
Que si le bon secours du genereux Alcide
Ne t'eust ores tiré du creux Acherontide,
Tu eusses ton supplice aussi bien comme luy,
Pour avoir entrepris sur la couche d'autruy . (90)
Mais non non, je voy bien à fin que tu endures
Pour ton mal perpetré de plus aspres tortures,
Pluton gros de vengence, et de colere gros,
Te permet de revoir avecque ce heros
Ta fatale maison: maison, où les Furies (95)
Ont jusqu'à ton trespas fondé leurs seigneuries.
Tu y verras l'inceste, et le meurtre, et tousjours
Ton desastre croistra, comme croistront tes jours .
Tu occiras, meurtrier, ta propre geniture,
Puis l'adultere mort de ta femme parjure (100)
Doublera tes ennuis, qui lentement mordans
Te rongeront le cœur et le foye au dedans.
En fin quand ta langueur bien longuement trainee
D'une tardive mort se verra terminee,
Et que fuyant le ciel et les celestes Dieux, (105)
Tu penseras fuir ton tourment ennuyeux,
(Tourment qui te joindra plus estroit qu'un lierre
Ne joint estroittement les murailles qu'il serre)
Le severe Minos, et le cruel Pluton,
Tous deux tes outragez, hucheront Alecton, (110)
Megere, Tisiphone, execrables bourrelles,
Pour ribler , forcener, ravager en tes moüelles,
T'élancer leurs serpens en cent plis renoüez,
T'ardre de leurs flambeaux, et de leurs rouges foüets
Te battre dos et ventre, aussi dru que la gresle (115)
Craquetant, bondissant, decoupe un espi gresle .
Ja desja je te voy porter l'affliction
De quelque Promethee, ou de quelque Ixion,
D'un Tantale alteré, d'un remangé Titye ,
D'un Typhon , d'un Sisyphe, et si l'horreur noircie (120)
De Pluton garde encore un plus aspre tourment,
L'on t'en ira gesner perpetuellement .
Or je te plain sur tout, ma chere nourriture,
Et de mes ans vieillars la plus soigneuse cure,
Hippolyte, que j'aime autant que la vertu (125)
Luist aimable en celuy qui s'en monstre vestu."
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thrasybule
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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 17:58
Merci pour Pascal
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thrasybule
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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 18:00
Et une chanson que j'avais déjà mise sur un topic

Azad
Azad
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[1ere] Séquence sur la mort... - Page 2 Empty Re: [1ere] Séquence sur la mort...

par Azad Dim 26 Déc 2010, 22:05
Pour répondre à Capessou, en effet, j'ai pensé au fait que ce sujet puisse être délicat. C'est pour cela que j'aimais bien l'idée de commencer par des textes assez négatifs sur la mort, avec ce que cela peut avoir d'implacable, parfois d'absurde ou de violent, vers des textes plus apaisés. En négociant bien, je me dis que ça peut, à tout hasard, aider les élèves.

Merci à tous, me voilà avec une mine de textes à lire. Je m'y attelle dès ce soir, je pense que certains sont accessibles à mes élèves, qui ne sont pas littéraires pour un sou.
John
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par John Dim 26 Déc 2010, 22:11
C'est quoi, un personnage protatique ?

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En achetant des articles au lien ci-dessous, vous nous aidez, sans frais, à gérer le forum. Merci !


"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
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par Celeborn Dim 26 Déc 2010, 22:18
« La Ballade des pendus » de Villon. Une argumentation superbe.

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par Celeborn Dim 26 Déc 2010, 22:19
John a écrit:C'est quoi, un personnage protatique ?

« Personnage qui ne paraît qu'au début de la pièce dans le cadre de l'exposition du sujet » (TLF power !)

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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 23:39
Celeborn a écrit:
John a écrit:C'est quoi, un personnage protatique ?

« Personnage qui ne paraît qu'au début de la pièce dans le cadre de l'exposition du sujet » (TLF power !)
TLF? C'est le personnage qui présente le sujet de a pièce de préférence un mort ou un prophète dans les tragédie humanistes
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par Celeborn Dim 26 Déc 2010, 23:41
thrasybule a écrit:
Celeborn a écrit:
John a écrit:C'est quoi, un personnage protatique ?

« Personnage qui ne paraît qu'au début de la pièce dans le cadre de l'exposition du sujet » (TLF power !)
TLF? C'est le personnage qui présente le sujet de a pièce de préférence un mort ou un prophète dans les tragédie humanistes

Trésor de la Langue Française

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par thrasybule Dim 26 Déc 2010, 23:43
Celeborn a écrit:
thrasybule a écrit:
Celeborn a écrit:
John a écrit:C'est quoi, un personnage protatique ?

« Personnage qui ne paraît qu'au début de la pièce dans le cadre de l'exposition du sujet » (TLF power !)
TLF? C'est le personnage qui présente le sujet de a pièce de préférence un mort ou un prophète dans les tragédie humanistes

Trésor de la Langue Française
Ah ok! Merci
Azad
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par Azad Lun 27 Déc 2010, 17:13
Merci encore, tout cela se précise. Deux questions :
- J'envisageais de mettre en lecture analytique un extrait de Sénèque ("Lettres à Lucilius", j'hésite entre plusieurs passages). Est-ce possible en LA (sachant que j'étudierai bien sûr les figures de style, les progressions du raisonnement, bref, je prends en compte le fait qu'il ne s'agit que d'une traduction). Je me dis que ça irait dans le sens des nouveaux programmes qui veulent que l'on parle des textes antiques.
- Quels documents iconographiques vous semblent-ils in contournables ? J'avais d'abord pensé faire une comparaison de peintures allégoriques de la mort (les Parques, la Faucheuse...), mais je n'ai pas assez de matière. Peut-être alors me tourner vers les peintures de vanités... Qu'en pensez-vous ? Je dois avouer que je ne m'y connais pas très bien en matière de peinture...
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par Celeborn Lun 27 Déc 2010, 17:19
joel a écrit:Peut-être alors me tourner vers les peintures de vanités... Qu'en pensez-vous ?

Ça me paraît une excellente idée. Celle de Philippe de Champaigne, ou encore Les Ambassadeurs d'Hölbein de jeune.

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par Azad Lun 27 Déc 2010, 21:05
Merci, rapidité, clarté, rien à dire...

Reste plus qu'à trouver quelques pistes pour rendre ça un peu plus joyeux (films, bd, caricature, humour, ou autres)... Je dois dire que j'ai passé mon après midi sur cette séquence, et j'avoue que c'est assez déprimant comme sujet cafe. Si quelqu'un a des idées pour mettre un soupçon de gaité...
Celeborn
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par Celeborn Lun 27 Déc 2010, 21:20
joel a écrit:
Reste plus qu'à trouver quelques pistes pour rendre ça un peu plus joyeux (films, bd, caricature, humour, ou autres)...

Idées noires de Franquin. Ça rendra pas les choses plus joyeuses, remarquez Razz


Dernière édition par Celeborn le Lun 27 Déc 2010, 21:25, édité 1 fois

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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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par Ruthven Lun 27 Déc 2010, 21:23
Côté ciné :
Le Septième sceau (mais pas Cris et chuchotements !)
Rencontre avec Joe Black
Le ciel peut attendre (version Lubitsch ou version Beatty)
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par Ruthven Lun 27 Déc 2010, 21:25
Pour les vanités, voir le livre récent d'A. Tapié, Mort, que me veux-tu ? ; les p.190-207 dans L'art pris au mort ou comment lire les tableaux (avec des textes littéraires), le HS n°435 de Connaissance des arts (encore dispo en librairie sur les vanités du Caravage à Damien Hirst).

Cela vaut le coup de lire la synthèse illustrée en Découverte Gallimard de M. Vovelle, L'heure du grand passage.
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par Ruthven Lun 27 Déc 2010, 21:27
Quelques sites et blogs sur les vanités :
http://wodka.over-blog.com/categorie-417087.html
http://www.ehess.fr/centres/grihl/Theses/These_LaniniKarine.htm
http://karine.lanini.free.fr/
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par Ruthven Lun 27 Déc 2010, 21:31
Deux titres encore :

M. Guiomar, Principes d'une esthétique de la mort (en Livre de Poche)
et
B. Delmotte, Esthétique de l'angoisse. Le Memento Mori comme thème esthétique, PUF
Azad
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par Azad Lun 27 Déc 2010, 22:19
:shock: Quelle culture ! Je me sens bien minable d'un coup... Je n'aurais pas le temps de lire tout ça d'ici la rentrée, mais je mets ça sur ma liste :aad:

J'avais pensé à Joe Black (dommage que le film soit si long). Je ne connais pas les deux autres cités (le pitch du "Ciel peut attendre" me dit quelque chose, je crois), mais idem, je note...

Ryuzaki
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par Ryuzaki Lun 27 Déc 2010, 23:18
Sinon :
La Fontaine LA MORT ET LE MOURANT

La mort ne surprend (1) point le sage ;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su (2) lui-même avertir
Du temps où l'on se doit résoudre à ce passage.
Ce temps, hélas ! embrasse tous les temps :
Qu'on le partage en jours, en heures, en moments,
Il n'en est point qu'il ne comprenne
Dans le fatal tribut (3) ; tous sont de son domaine ;
Et le premier instant où les enfants des rois
Ouvrent les yeux à la lumière,
Est celui qui vient quelquefois
Fermer pour toujours leur paupière.
Défendez-vous par la grandeur,
Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse,
La mort ravit tout sans pudeur
Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
Il n'est rien de moins ignoré,
Et puisqu'il faut que je le die,
Rien où l'on soit moins préparé.
Un Mourant qui comptait plus de cent ans de vie,
Se plaignait à la Mort que précipitamment
Elle le contraignait de partir tout à l'heure (4),
Sans qu'il eût fait son testament,
Sans l'avertir au moins. Est-il juste qu'on meure
Au pied levé ? dit-il : attendez quelque peu.
Ma femme ne veut pas que je parte sans elle ;
Il me reste à pourvoir un arrière-neveu ;
Souffrez qu'à mon logis j'ajoute encore une aile.
Que vous êtes pressante, ô Déesse cruelle !
Vieillard, lui dit la mort, je ne t'ai point surpris ;
Tu te plains sans raison de mon impatience.
Eh n'as-tu pas cent ans ? trouve-moi dans Paris
Deux mortels aussi vieux, trouve-m'en dix en France.
Je devais (5), ce dis-tu, te donner quelque avis
Qui te disposât à la chose :
J'aurais trouvé ton testament tout fait,
Ton petit-fils pourvu, ton bâtiment parfait ;
Ne te donna-t-on pas des avis quand la cause
Du marcher et du mouvement,
Quand les esprits, le sentiment,
Quand tout faillit (6) en toi ? Plus de goût, plus d'ouïe :
Toute chose pour toi semble être évanouie :
Pour toi l'astre du jour prend des soins superflus :
Tu regrettes des biens qui ne te touchent plus
Je t'ai fait voir tes camarades,
Ou morts, ou mourants, ou malades.
Qu'est-ce que tout cela, qu'un avertissement ?
Allons, vieillard, et sans réplique.
Il n'importe à la république
Que tu fasses ton testament.

LA MORT ET LE BÛCHERON

Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine (1) enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde (2) ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats (3), les impôts,
Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort ; elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire.
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère (4).

Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes :
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.

Malherbe Consolation à M. du Perrier sur la mort de sa fille

Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ?
Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
L’augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison perdue
Ne se retrouve pas ?

Je sais de quels appas son enfance était pleine ;
Et n’ai pas entrepris,
Injurieux ami, de soulager ta peine
Avecque son mépris.

Mais elle était du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin ;
Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses,
L’espace d’un matin.

Puis, quand ainsi serait que, selon ta prière,
Elle aurait obtenu
D’avoir en cheveux blancs terminé sa carrière,
Qu’en fût-il advenu?

Penses-tu que, plus vieille, en la maison céleste
Elle eût eu plus d’accueil,
Ou qu’elle eût moins senti la poussière funeste
Et les vers du cercueil ?

Non, non, mon du Périer, aussitôt que la Parque
Ôte l’âme du corps,
L’âge s’évanouit au deçà de la barque,
Et ne suit point les morts.

Tithon n’a plus les ans qui le firent cigale ;
Et Pluton, aujourd’hui,
Sans égard du passé, les mérites égale
D’Archémore et de lui.

Ne te lasse donc plus d’inutiles complaintes ;
Mais, sage à l’avenir,
Aime une ombre comme ombre, et des cendres éteintes
Éteins le souvenir.

C’est bien, je le confesse, une juste coutume
Que le cœur affligé,
Par le canal des yeux vidant son amertume,
Cherche d’être allégé.

Même quand il advient que la tombe sépare
Ce que la nature a joint,
Celui qui ne s’émeut a l’âme d’un barbare,
Ou n’en a du tout point.

Mais d’être inconsolable, et dedans sa mémoire
Enfermer un ennui,
N’est ce pas se haïr pour acquérir la gloire
De bien aimer autrui ?

Priam qui vit ses fils abattus par Achille,
Dénué de support,
Et hors de tout espoir du salut de sa ville,
Reçut du réconfort.

François, quand la Castille, inégale à ses armes,
Lui vola son dauphin,
Sembla d’un si grand coup devoir jeter des larmes,
Qui n’eussent point de fin.

Il les sécha pourtant, et comme un autre Alcide,
Contre fortune instruit,
Fit qu’à ses ennemis d’un acte si perfide
La honte fut le fruit.

Leur camp, qui la Durance avoit presque tarie
De bataillons épais,
Entendant sa constance, eut peur de sa furie,
Et demanda la paix.

De moi, déjà deux fois d’une pareille foudre
Je me suis vu perclus ;
Et deux fois la raison m’a si bien fait résoudre,
Qu’il ne m’en souvient plus.

Non qu’il ne me soit grief que la tombe possède
Ce qui me fut si cher ;
Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher.

La Mort a des rigueurs à nulle autre pareilles :
On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles
Et nous laisse crier.

Le pauvre en sa cabane, où le chaume le couvre
Est sujet à ses lois,
Et la garde qui veille aux barrières du Louvre
N’en défend point nos rois.

De murmurer contre elle, et perdre patience,
Il est mal à propos ;
Vouloir ce que Dieu veut, est la seule science
Qui nous met en repos.
Azad
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par Azad Mar 28 Déc 2010, 19:32
Merci. Pour La Fontaine, j'avais aussi pensé à "la jeune veuve". L'un des textes fera surement l'objet d'un commentaire.

Puisque ma question sur Sénèque n'a pas déclenché de tolée, je pense que c'est bon pour une lecture analytique. Smile

Dernière chose : que pensez vous du livre de Matheson, "Le jeune homme, la mort et le temps" en lecture cursive ? j'ai cherché en littérature "française", mais je ne vois pas trop. Le colonel Chabert peut être, mais c'est vraiment court pour des 1ères. J'avais aussi pensé à "La porte des enfers" de Gaudé, mais je viens de terminer Tsongor, ça ferait un peu redite... Toutes idées bienvenues, et encore merci pour votre aide, je ne sais pas que ce que je ferai sans vous ! fleurs
Celeborn
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par Celeborn Mar 28 Déc 2010, 19:40
joel a écrit:
Dernière chose : que pensez vous du livre de Matheson, "Le jeune homme, la mort et le temps" en lecture cursive ? j'ai cherché en littérature "française", mais je ne vois pas trop.

Je te dirais bien Mémoires d'Hadrien de Yourcenar, vu ton envie de parler de Sénèque (et de la reprise de cette philosophie par La Fontaine) : ça collerait merveilleusement. Hélas, ce sera put-être un peu difficile pour tes élèves, vu ce que tu en disais dans le premier message.
Sinon, dans un genre différent, Le Roi se meurt de Ionesco, sur la mort, ça se pose là.

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par Celeborn Mar 28 Déc 2010, 22:02
Tiens, comme c'est Noël, Joel (oui, je sais, c'est nul), j'ai un cadeau pour toi. Il est à ouvrir ici. [1ere] Séquence sur la mort... - Page 2 1212985298

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par Azad Mer 29 Déc 2010, 06:43
Hey, génial !! moi qui trouvais que j'avais été trop gâté à Noël...
Merci bien, je crois que j'ai pas mal d'éléments pour monter une séquence, en espérant faire quelque chose de ne pas trop déprimant.... abi

EDIT : je viens de parcourir quelques pages de ton blog. C'est très drôle !
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