- jujuEsprit éclairé
Rien d'original: je suis TZR en Lettres Modernes et je n'ai pas de remplacement. Du coup, je fais des heures dans mon collège de rattachement. Je prends les élèves en soutien, mais en classe entière, en plus de leurs heures habituelles; je vous laisse imaginer comme ils sont ravis. Ou je leur fais faire du français sur un créneau où un collègue, quel qu'il soit, est absent. Je ne suis en aucun cas leur "vraie prof", ce n'est pas très marrant. Comment les motiver alors que je ne peux même pas leur affirmer que je les aurai toute l'année? Comment les faire taire sans tous les moyens de pression qu'on a quand on est en poste? Comment les faire bosser alors que je ne les noterai pas forcément? Je précise que je suis en ZEP. Jusqu'à présent, les gamins ne sont pas désagréables, mais franchement bruyants et pas cadrés... Je n'ai jamais connu cette situation, car j'ai eu la chance d'avoir de longues suppléances les années passées, ce qui m'a permis d'éviter ces heures de garderie.
- JaneMonarque
pourquoi ne pas leur proposer des activités d'écriture (genre atelier avec des exercices courts), de la méthodologie sous forme ludique ? leur faire faire du théâtre (enfin,de l'impro, tu ne pourras sans doute pas mener un travail de fond) ? Tu feras du français, et eux n'aurant pas forcément l'impression d'en faire.
- jujuEsprit éclairé
J'adorerais, mais ils sont vraiment très bruyants pour que je me lance dans ce genre d'activités...
- JaneMonarque
c'est ennuyeux, en effet ! tu as essayé la salle informatique ?
- jujuEsprit éclairé
Non, pas encore. Il faut dire que j'ai un emploi du temps qui n'est pas fixe, que je ne vois pas toujours les mêmes élèves et que c'est un peu dur d'organiser tout ça efficacement pour l'instant. Mais je suis d'accord avec toi, je dois aborder les choses de manière assez ludique pour ne pas que ça leur paraisse trop lourd. J'adore faire des trucs qui sortent de l'ordinaire, mais c'est tellement difficile avec des classes agitées...
- JaneMonarque
je l'ai expérimenté il y a 2 ans (sur un poste pour l'année, mais avec tous les élèves en soutien); ça s'est super bien passé au final, les élèves étaient globalement plutôt contents.
- melaniguizHabitué du forum
Ne peux tu pas demander à les avoir en petits groupes seulement ? Du soutien en classe entière, ce n'est plus du soutien !! Ce qu'on est en train de mettre en classe avec une collègue dans le même cas de toi : elle prend en charge quelques élèves en difficulté durant notre heure de cours, pour leur faire la même leçon mais en individualisé (les 6e en priorité mais pouvant s'étendre à d'autres niveaux).
- jujuEsprit éclairé
Je crois que ce serait mieux en effet.
- Hermione0908Modérateur
J'ai fait un atelier d'écriture poétique l'année dernière avec mes STI (moyenne d'âge 20 ans, mentalité quatrième mal dégrossi). Contre toute attente, c'est l'un des cours qui a le mieux fonctionné, j'ai réussi à les faire tous écrire (faut savoir quand même que pour eux, dix lignes sur une copie de bac blanc, ça leur paraissait correct, alors écrire de la poésie, quelle douce gageure).
J'ai un autre atelier d'écriture en stock sur le théâtre testé en seconde, adaptable très facilement en collège. Si tu veux plus d'infos, mp.
J'ai un autre atelier d'écriture en stock sur le théâtre testé en seconde, adaptable très facilement en collège. Si tu veux plus d'infos, mp.
- zabouFidèle du forum
melaniguiz a écrit:Ne peux tu pas demander à les avoir en petits groupes seulement ? Du soutien en classe entière, ce n'est plus du soutien !! Ce qu'on est en train de mettre en classe avec une collègue dans le même cas de toi : elle prend en charge quelques élèves en difficulté durant notre heure de cours, pour leur faire la même leçon mais en individualisé (les 6e en priorité mais pouvant s'étendre à d'autres niveaux).
Je suis de l'avis de Melaniguiz. Quand j'étais tzr, j'avais des petits groupes d'élèves, les collègues me les envoyaient et on travaillaient tel ou tel point. Tu peux également proposer ton aide pour les travaux d'écriture en classe entière ou pour aller en salle info.
Je sais que ce n'est pas évident de se faire respecter quand on est tzr car tu n'es pas "une vraie prof" pour les élèves, tu n'as pas d'élèves au collège. si cela peut te rassurer je suis cette année en poste fixe pour la 1ère fois et j'ai des heures de soutien avec des élèves que je n'ai pas en classe et c'est pas évident de s'imposer, d'ailleurs on en discutait de ce pb hier avec une autre collègue.
Courage!!!
- JohnMédiateur
Lu dans Libé :
La gestion des ressources humaines (RH) à l''Education nationale, c'était un sacré gâchis... Alors le ministre Luc Chatel a décidé de revoir tout ça. But: optimiser les RH. Résultat: des profs qui courent d'un lycée à un autre, des remplaçants qui ne peuvent plus remplacer. Témoignage.
Prof de philo, Pierre, qui préfère garder l'anonymat, est TZR depuis ses débuts il y a dix ans, c'est-à-dire Titulaire sur zone de remplacement. Cela signifie qu'il est censé pouvoir être appelé pour pour remplacer un collègue, absent pour une durée plus ou moins longue.
Mais là, on se demande comment il pourra remplacer quiconque. A la rentrée, il a été nommé dans trois lycées, l'un à Saint-Dizier, le second à 30 kilomètres de là, le troisième à 35 kilomètres mais dans la direction opposée - ce qui lui fait parcourir certains jours 65 kilomètres aller. Il donne 6 heures de cours ici, 7 heures là et 4 heures là-bas. Il faut ajouter les préparations des cours, les corrections de dissertations et ... 8 heures de route hebdomadaires.
Questions: comment exercer correctement son métier dans ces conditions, s'intégrer dans une équipe, monter éventuellement des projets et surtout être disponible pour les élèves alors que le mot d'ordre officiel est l'individualisation des parcours ? Ensuite, si tous les TZR sont ainsi affectés à 100% dès septembre sur des postes à l'année, où trouver des remplaçants formés alors que l'une des priorités de la rentrée est d'améliorer le remplacement ?
A la mi septembre, Pierre a envoyé une lettre, à l'humour légèrement désespéré, au recteur de l'Académie de Reims. En voici de larges extraits:
"Monsieur le Recteur,
Ayant appris à la fin du mois d'août que mon service ne serait partagé qu'entre deux établissements à peine distants de 35 kms, c'est avec un immense soulagement que j'ai pris acte par téléphone d'un complément de service à effectuer dans un troisième établissement situé hors de ma zone. (...)
Depuis l'aire de repos de la RN4 d'où je vous écris, je ne me suis jamais senti autant indispensable qu'éparpillé ainsi entre tous ces lycées (...). Ravi grâce aux taxes sur le prix du Super, de participer à l'effort collectif pour résorber le déficit des caisses de l'Etat, je dilapide en carburant une partie de mon salaire, par ailleurs si élevé, et me réjouis que ces déplacements si mal remboursés soient de loin la solution la plus rentable.
Passant à peu près 8 heures par semaine sur les routes de Champagne, j'apprends aussi à rentabiliser mon temps: corriger les copies en conduisant est un peu délicat, mais il suffit d'attendre une grande ligne droite et de coincer le volant entre ses genoux - un jeu d'enfant ! Quant à la préparation des cours, j'ai pu, pendant une heure de trajet, méditer l'ébauche d'une leçon sur les rapports de l'Etat à l'individu, et sur l'aspect contradictoire de la formule "gestion des ressources humaines" (...).
Trois établissements, c'est le même métier en trois fois mieux: 3 codes pour la photocopieuse, 3 codes d'accès aux ordinateurs, un trousseau de clefs à faire palir les matons, 3 CPE que je ne verrai sans doute jamais, 36 collègues et 3 proviseurs-adjoints qui ont réussi à peaufiner à la dernière minute un magnifique emploi du temps, en casant très ingénieusement mes heures aux limites improbables de l'après-midi, dans les créneaux dont personne ne veut, de 16 h à 18 h.
Me voici donc "pion" à ma façon, pièce détachable, réajustable, interchangeable (...). Je ne boude pas ma chance, j'aurais pu travailler dans une entreprise plus sévère avec ses employés, comme France Télécom ; j'aurais été enfermé dans un bureau, condamné pour seule distraction à regarder par la fenêtre, d'où j'auras fini par me jeter. Au moins chez nous, on respecte les employés et leur travail.
Veuillez recevoir, sous le masque de cette ironie, l'expression de mon profond désarroi".
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- AdriGrand Maître
Lettre à la fois magnifiquement écrite, drôle et désespérément criante de vérité
si seulement les personnes qui la lisent pouvaient ne pas la rejeter immédiatement en se disant que c'est sans doute un cas extrême et isolé...
si seulement les personnes qui la lisent pouvaient ne pas la rejeter immédiatement en se disant que c'est sans doute un cas extrême et isolé...
- papillonbleuEsprit éclairé
J'aurais pu écrire cette lettre... (enfin, certainement pas aussi brillamment).
- Reine MargotDemi-dieu
très bien comme texte. bon, je suppose que ça va finir dans la corbeille à papier du recteur, mais au moins les choses sont dites.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Reine MargotDemi-dieu
c'était où dans Libé? rien vu de tel dans celui de ce we.
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La famille Bélier
- zabouFidèle du forum
TB cette lettre! Elle décrit bien la situation des tzr actuellement.
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