- talinaNiveau 1
Bonjour,
Voici une ébauche de progression plus ou moins détaillée... Je précise que j'aurai une ES et une STG. merci pour vos conseils avisés !
SEQUENCE I : La Poésie (GT)
Thème : la poésie du quotidien (transfiguration du réel)
Baudelaire, « L'horloge » ou « Les Fenêtres »
Rimbaud, « Ma bohême ».
Ponge, « Le Pain »
OU thème 2 : le Carpe Diem (choix des textes à revoir)
Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose »
Corneille, « Stances à la marquise »
Baudelaire, « Remords Posthume »
Queneau, « Si tu t'imagines »
OU thème 3 : le corps féminin (blason et contre-blason)
Ronsard, « ce ris plus doux que l'œuvre d'une abeille »
Baudelaire, « un hémisphère dans une chevelure ».
Eluard, « La courbe de tes yeux »
Aragon, « Les yeux d'Elsa »
Textes complémentaires : Louise Labé, Scarron...
OU thème 4 : le parcours amoureux
Baudelaire : « à une passante »
Eluard, « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur »
Ronsard, « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose »
Verlaine, « Colloque sentimental »
Textes complémentaires : Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », Verlaine, « à la promenade », Rosemonde Gérard, « L'éternelle chanson », Eluard, Le temps déborde, Jaccottet, "Sois tranquille, cela viendra", Brel, « La chanson des vieux amants », Grand Corps Malade, « Les voyages en train ».
Travail des élèves : constitution d'une anthologie poétique sur un thème parmi une liste proposée.
Lecture cursive : 90 poèmes classiques et contemporains. Ou pas de lecture cursive (le travail effectué pour l'anthologie faisant office de)
SEQUENCE II : Le roman et ses personnages (OI)
Pour les ES : Flaubert, « madame Bovary »
Pour les STG : Radiguet, « Le Diable au corps »
Lecture cursive : Maupassant, « Pierre et Jean » pour les STG, « Diable au corps » ou « Le Liseur » pour les ES.
SEQUENCE III : « Que philosopher c'est apprendre à mourir » (GT)
Choix de LA (les idées sont les bienvenues !) :
Montaigne, « Vivre à propos »
Hugo, Préface du dernier jour d'un condamné.
La Fontaine, La Mort et le Mourant
Shakespeare, monologue d'Hamlet (mais peut-on l'étudier ?)
Textes complémentaires : Norge, « Les jours bleuiront », Ionesco, « Le Roi se meurt », Malraux, excipit de « La voie royale », Mythe de Sisyphe, Sénèque...
Lecture cursive : pour les STG « La ferme des animaux », Orwell, ou « L'ingénu », Voltaire.
SEQUENCE IV : « Le jeu de l'amour et du hasard » ou « L'île des Esclaves » ou « Le Barbier de Séville » (OI)
Lecture cursive : une des pièces qui n'aura pas été traitée.
SEQUENCE V (UNIQUEMENT POUR LES ES) : « Candide » ou « L'ingénu » (OI)
Mouvement littéraire
Lecture cursive : R. Bradbury, « Farenheit 451 » ou Huxley, « Le meilleur des mondes ».
Voici une ébauche de progression plus ou moins détaillée... Je précise que j'aurai une ES et une STG. merci pour vos conseils avisés !
SEQUENCE I : La Poésie (GT)
Thème : la poésie du quotidien (transfiguration du réel)
Baudelaire, « L'horloge » ou « Les Fenêtres »
Rimbaud, « Ma bohême ».
Ponge, « Le Pain »
OU thème 2 : le Carpe Diem (choix des textes à revoir)
Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose »
Corneille, « Stances à la marquise »
Baudelaire, « Remords Posthume »
Queneau, « Si tu t'imagines »
OU thème 3 : le corps féminin (blason et contre-blason)
Ronsard, « ce ris plus doux que l'œuvre d'une abeille »
Baudelaire, « un hémisphère dans une chevelure ».
Eluard, « La courbe de tes yeux »
Aragon, « Les yeux d'Elsa »
Textes complémentaires : Louise Labé, Scarron...
OU thème 4 : le parcours amoureux
Baudelaire : « à une passante »
Eluard, « La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur »
Ronsard, « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose »
Verlaine, « Colloque sentimental »
Textes complémentaires : Ronsard, « Mignonne, allons voir si la rose », Verlaine, « à la promenade », Rosemonde Gérard, « L'éternelle chanson », Eluard, Le temps déborde, Jaccottet, "Sois tranquille, cela viendra", Brel, « La chanson des vieux amants », Grand Corps Malade, « Les voyages en train ».
Travail des élèves : constitution d'une anthologie poétique sur un thème parmi une liste proposée.
Lecture cursive : 90 poèmes classiques et contemporains. Ou pas de lecture cursive (le travail effectué pour l'anthologie faisant office de)
SEQUENCE II : Le roman et ses personnages (OI)
Pour les ES : Flaubert, « madame Bovary »
Pour les STG : Radiguet, « Le Diable au corps »
Lecture cursive : Maupassant, « Pierre et Jean » pour les STG, « Diable au corps » ou « Le Liseur » pour les ES.
SEQUENCE III : « Que philosopher c'est apprendre à mourir » (GT)
Choix de LA (les idées sont les bienvenues !) :
Montaigne, « Vivre à propos »
Hugo, Préface du dernier jour d'un condamné.
La Fontaine, La Mort et le Mourant
Shakespeare, monologue d'Hamlet (mais peut-on l'étudier ?)
Textes complémentaires : Norge, « Les jours bleuiront », Ionesco, « Le Roi se meurt », Malraux, excipit de « La voie royale », Mythe de Sisyphe, Sénèque...
Lecture cursive : pour les STG « La ferme des animaux », Orwell, ou « L'ingénu », Voltaire.
SEQUENCE IV : « Le jeu de l'amour et du hasard » ou « L'île des Esclaves » ou « Le Barbier de Séville » (OI)
Lecture cursive : une des pièces qui n'aura pas été traitée.
SEQUENCE V (UNIQUEMENT POUR LES ES) : « Candide » ou « L'ingénu » (OI)
Mouvement littéraire
Lecture cursive : R. Bradbury, « Farenheit 451 » ou Huxley, « Le meilleur des mondes ».
- RuthvenGuide spirituel
Quelques suggestions de textes sur la mort :
Pascal Pensées (éd. Lafuma) (voir aussi du même Lettre sur la mort de son père, 17 octobre 1651)
198 H. 5. En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet et l’homme sans lumière abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître et sans moyen d’en sortir. Et sur cela j’admire comment on n’entre point en désespoir d’un si misérable état. Je vois d’autres personnes auprès de moi d’une semblable nature. je leur demande s’ils sont mieux instruits que moi. Ils me disent que non et sur cela ces misérables égarés, ayant regardé autour d’eux et ayant vu quelques objets plaisants s’y sont donnés et s’y sont attachés. Pour moi je n’ai pu y prendre d’attache et considérant combien il y a plus d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois j’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi.
Je vois plusieurs religions contraires et partant toutes fausses excepté une. Chacune veut être crue par sa propre autorité et menace les incrédules. Je ne les crois donc pas là-dessus. Chacun peut dire cela. Chacun peut se dire prophète mais je vois la chrétienne et je trouve des prophéties, et c’est ce que chacun ne peut pas faire.
401 Nous souhaitons la vérité et ne trouvons en nous qu’incertitude.
Nous recherchons le bonheur et ne trouvons que misère et mort.
Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur.
Ce désir nous est laissé tant pour nous punir que pour nous faire sentir d’où nous sommes tombés.
427... Qu’ils apprennent au moins quelle est la religion qu’ils combattent avant que de la combattre. Si cette religion se vantait d’avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile, ce serait la combattre que de dire qu’on ne voit rien dans le monde qui le montre avec cette évidence. Mais puisqu’elle dit, au contraire, que les hommes sont dans les ténèbres et dans l’éloignement de Dieu, qu’il s’est caché à leur connaissance, que c’est même le nom qu’il se donne dans les Ecritures, Deus absconditus; et, enfin, si elle travaille également à établir ces deux choses: que Dieu a établi des marques sensibles dans l’Eglise pour se faire reconnaître à ceux qui le chercheraient sincèrement; et qu’il les a couvertes néanmoins de telle sorte qu’il ne sera aperçu que de ceux qui le cherchent de tout leur coeur, quel avantage peuvent-ils tirer, lorsque dans la négligence où ils font profession d’être de chercher la vérité, ils crient que rien ne la leur montre, puisque cette obscurité où ils sont, et qu’ils objectent à l’Eglise, ne fait qu’établir une des choses qu’elle soutient, sans toucher à l’autre, et établit sa doctrine, bien loin de la ruiner?
Il faudrait, pour la combattre, qu’ils criassent qu’ils ont fait tous les efforts pour la chercher partout, et, même dans ce que l’Eglise propose pour s’en instruire, mais sans aucune satisfaction. S’ils parlaient de la sorte, ils combattraient à la vérité une de ses prétentions. Mais j’espère montrer ici qu’il n’y a personne raisonnable qui puisse parler de la sorte; et j’ose même dire que jamais personne ne l’a fait. On sait assez de quelle manière agissent ceux qui sont dans cet esprit. Ils croient avoir fait de grands efforts pour s’instruire, lorsqu’ils ont employé quelques heures à la lecture de quelque livre de l’Ecriture, et qu’ils ont interrogé quelque ecclésiastique sur les vérités de la foi. Après cela, ils se vantent d’avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes. Mais, en vérité, je leur dirais ce que j’ai dit souvent, que cette négligence n’est pas supportable. Il ne s’agit pas ici de l’intérêt léger de quelque personne étrangère, pour en user de cette façon; il s’agit de nous-mêmes et de notre tout.
L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu’il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu’il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu’en les réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier objet.
Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d’où dépend toute notre conduite. Et c’est pourquoi entre ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser.
Je ne puis avoir que de la compassion pour ceux qui gémissent sincèrement dans ce doute, qui le regardent comme le dernier des malheurs, et qui, n’épargnant rien pour en sortir, font de cette recherche leurs principales et leurs plus sérieuses occupations.
Mais pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette dernière fin de la vie, et qui, par cette seule raison qu’ils ne trouvent pas en eux-mêmes les lumières qui les en persuadent, négligent de les chercher ailleurs, et d’examiner à fond si cette opinion est de celles que le peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui, quoique obscures d’elles-mêmes, ont néanmoins une fondement très solide et inébranlable, je les considère d’une manière toute différente.
Cette négligence en une affaire où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit; elle m’étonne et m’épouvante: c’est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une dévotion spirituelle. J’entends au contraire qu’on doit avoir ce sentiment par un principe d’intérêt humain et par un intérêt d’amour-propre: il ne faut pour cela que voir ce que voient les personnes les moins éclairées.
Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée pour comprendre qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu’enfin la mort, qui nous menace à chaque instant, doit infailliblement nous mettre, dans peu d’années, dans l’horrible nécessité d’être éternellement ou anéantis ou malheureux.
Il n’y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons les braves: voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde. Qu’on fasse réflexion là-dessus, et qu’on dise ensuite s’il n’est pas indubitable qu’il n’y a de bien en cette vie qu’en l’espérance d’une autre vie, qu’on est heureux qu’à mesure qu’on s’en approche, et que, comme il n’y aura plus de malheurs pour ceux qui avaient une entière assurance de l’éternité, il n’y a point aussi de bonheur pour ceux qui n’en ont aucune lumière.
C’est donc assurément un grand mal que d’être dans ce doute; mais c’est au moins un devoir indispensable de chercher, quand on est dans ce doute; et ainsi celui qui doute et qui ne recherche pas est tout ensemble et bien malheureux et bien injuste. Que s’il est avec cela tranquille et satisfait, qu’il en fasse profession, et enfin qu’il en fasse le sujet de sa joie et de sa vanité, je n’ai point de termes pour qualifier une si extravagante créature.
Où peut-on prendre ces sentiments? Quel sujet de joie trouve-t-on à n’attendre plus que des misères sans ressources? Quel sujet de vanité de se voir dans des obscurités impénétrables, et comment se peut-il faire que ce raisonnement se passe dans un homme raisonnable?
« Je ne sais qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde, ni que moi-même; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses; je ne sais ce que c’est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le reste.
« Je vois ces effroyables espaces de l’univers qui m’enferment, et je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu qu’en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m’est donné à vivre m’est assigné à ce point plutôt qu’à un autre de toute l’éternité qui m’a précédé et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m’enferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir; mais ce que j’ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.
« Comme je ne sais d’où je viens, aussi je ne sais où je vais; et je sais seulement qu’en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d’un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. Voilà mon état, plein de faiblesse et d’incertitude. Et, de tout cela, je conclus que je dois donc passer tous les jours de ma vie sans songer à chercher ce qui doit m’arriver. Peut-être que je pourrais trouver quelque éclaircissement dans mes doutes; mais je n’en veux pas prendre la peine, ni faire un pas pour le chercher; et après, en traitant avec mépris ceux qui se travailleront de ce soin - (quelque certitude qu’ils en eussent, c’est un sujet de désespoir, plutôt que de vanité) - je veux aller, sans prévoyance et sans crainte, tenter un si grand événement, et me laisser mollement conduire à la mort, dans l’incertitude de l’éternité de ma condition future. »
Qui souhaiterait d’avoir pour ami un homme qui discourt de cette manière? qui le choisirait entre les autres pour lui communiquer ses affaires? qui aurait recours à lui dans ses afflictions? et enfin à quel usage de la vie on le pourrait destiner?
En vérité, il est glorieux à la religion d’avoir pour ennemis des hommes si déraisonnables; et leur opposition lui est si peu dangereuse, qu’elle sert au contraire à l’établissement de ses vérités. Car la foi chrétienne ne va presque qu’à établir ces deux choses: la corruption de la nature, et la rédemption de Jésus-Christ. Or, je soutiens que s’ils ne servent pas à montrer la vérité de la rédemption par la sainteté de leurs moeurs, ils servent au moins admirablement à montrer la corruption de la nature, par de sentiments si dénaturés.
Rien n’est si important à l’homme que son état; rien ne lui est si redoutable que l’éternité. Et ainsi, qu’il se trouve des hommes indifférents à la perte de leur être et au péril d’une éternité de misères, cela n’est point naturel. Ils sont tout autres à l’égard de toutes les autres choses: ils craignent jusqu’aux plus légères, ils les prévoient, ils les sentent; et ce même homme qui passe tant de jours et de nuits dans la rage et dans le désespoir pour la perte d’une charge ou pour quelque offense imaginaire à son honneur, c’est celui-là même qui sait qu’il va tout perdre par la mort, sans inquiétude et sans émotion. C’est une chose monstrueuse de voir dans un même coeur et en même temps cette sensibilité pour les moindres choses et cette étrange insensibilité pour les plus grandes. C’est un enchantement incompréhensible, et un assoupissement surnaturel, qui marque une force toute-puissante qui le cause.
Il faut qu’il y ait un étrange renversement dans la nature de l’homme pour faire gloire d’être dans cet état, dans lequel il semble incroyable qu’une seule personne puisse être. Cependant l’expérience m’en fait voir un si grand nombre, que cela serait surprenant si nous ne savions que la plupart de ceux qui s’en mêlent se contrefont et ne sont pas tels en effet. Ce sont des gens qui ont ouï dire que les belles manières du monde consistent à faire ainsi l’emporté. C’est ce qu’ils appellent avoir secoué le joug, et qu’ils essayent d’imiter. Mais il ne serait pas difficile de leur faire entendre combien ils s’abusent en cherchant par là de l’estime. Ce n’est pas le moyen d’en acquérir, je dis même parmi les personnes du monde qui jugent sainement des choses et qui savent que la seule voie d’y réussir est de se faire paraître honnête, fidèle, judicieux et capable de servir utilement son ami, parce que les hommes n’aiment naturellement que ce qui peut leur être utile. Or, quel avantage y a-t-il pour nous à ouïr dire à un homme qu’il a donc secoué le joug, qu’il ne croit pas qu’il y ait un Dieu qui veille sur ses actions, qu’il se considère comme seul maître de sa conduite, et qu’il ne pense en rendre compte qu’à soi-même? Pense-t-il nous avoir porté par là à avoir désormais bien de la confiance en lui, et en attendre des consolations, des conseils et des secours dans tous les besoins de la vie? Prétendent-ils nous avoir bien réjoui, de nous dire qu’ils tiennent que notre âme n’est qu’un peu de vent et de fumée et encore de nous le dire d’un ton de voix fier et content? Est-ce donc une chose à dire gaiement? et n’est-ce pas une chose à dire tristement, au contraire, comme la chose du monde la plus triste?
S’ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l’honnêteté, et si éloigné en toutes manières de ce bon air qu’ils cherchent, qu’ils seraient plutôt capables de redresser que de corrompre ceux qui auraient quelque inclination à les suivre. Et, en effet, faites-leur rendre compte de leurs sentiments et des raisons qu’ils ont de douter de la religion; ils vous diront des choses si faibles et si basses, qu’ils vous persuaderont du contraire. C’était ce que leur disait un jour fort à propos une personne: « Si vous continuez à discourir de la sorte, leur disait-il, en vérité vous me convertirez. » Et il avait raison, car qui n’aurait horreur de se voir dans des sentiments où l’on a pour compagnons des personnes si méprisables?
Ainsi ceux qui ne font que feindre ces sentiments seraient bien malheureux de contraindre leur naturel pour se rendre les plus impertinents des hommes. S’ils sont fâchés dans le fond de leur coeur de n’avoir pas plus de lumière, qu’ils ne le dissimulent pas: cette déclaration ne sera point honteuse. Il n’y a de honte qu’à n’en point avoir. Rien n’accuse davantage une extrême faiblesse d’esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d’un homme sans Dieu; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du coeur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles; rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. Qu’ils laissent donc ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables; qu’ils soient au moins honnêtes gens s’ils ne peuvent être chrétiens, et qu’ils reconnaissent enfin qu’il n’y a que deux sortes de personnes qu’on puisse appeler raisonnables: ou ceux qui servent Dieu de tout leur coeur parce qu’ils le connaissent, ou ceux qui le cherchent de tout leur coeur parce qu’ils ne le connaissent pas.
Mais pour ceux qui vivent sans le connaître et sans le chercher, ils se jugent eux-mêmes si peu dignes de leur soin, qu’ils ne sont pas dignes du soin des autres et qu’il faut avoir toute la charité de la religion qu’ils méprisent pour ne les pas mépriser jusqu’à les abandonner dans leur folie. Mais, parce que cette religion nous oblige de les regarder toujours, tant qu’ils seront en cette vie, comme capables de la grâce qui peut les éclairer, et de croire qu’ils peuvent être dans peu de temps plus remplis de foi que nous ne sommes, et que nous pouvons au contraire tomber dans l’aveuglement où ils sont, il faut faire pour eux ce que nous voudrions qu’on fît pour nous si nous étions à leur place, et les appeler à avoir pitié d’eux-mêmes, et à faire au moins quelques pas pour tenter s’ils ne trouveront pas de lumières. Qu’ils donnent à cette lecture quelques-unes de ces heures qu’ils emploient si inutilement ailleurs: quelque aversion qu’ils y apportent, peut-être rencontreront-ils quelque chose, et pour le moins ils n’y perdront pas beaucoup. Mais pour ceux qui y apporteront une sincérité parfaite et une véritable désir de rencontrer la vérité, j’espère qu’ils auront satisfaction, et qu’ils seront convaincus des preuves d’une religion si divine, que j’ai ramassées ici, et dans lesquelles j’ai suivi à peu près cet ordre...
Bossuet Sermon sur la mort
Vous serez peut-être étonnés que je vous adresse à la mort pour être instruits de ce que vous êtes; et vous croirez que ce n’est pas bien représenter l’homme, que de le montrer où il n’est plus. Mais, si vous prenez soin de vouloir entendre ce qui se présente à nous dans le tombeau, vous accorderez aisément qu’il n’est point de plus véritable interprète ni de plus fidèle miroir des choses humaines.
La nature d’un composé ne se remarque jamais plus distinctement que dans la dissolution de ses parties. Comme elles s’altèrent mutuellement par le mélange, il faut les séparer pour les bien connaître. En effet, la société de l’âme et du corps fait que le corps nous paraît quelque chose de plus qu’il n’est, et l’âme, quelque chose de moins; mais lorsque, venant à se séparer, le corps retourne à la terre, et que l’âme aussi est mise en état de retourner au ciel, d’où elle est tirée, nous voyons l’un et l’autre dans sa pureté. Ainsi nous n’avons qu’à considérer ce que la mort nous ravit, et ce qu’elle laisse en son entier; quelle partie de notre être tombe sous ses coups, et quelle autre se conserve dans cette ruine; alors, nous aurons compris ce que c’est que l’homme: de sorte que je ne crains point d’assurer que c’est du sein de la mort et de ses ombres épaisses que sort une lumière immortelle pour éclairer nos esprits touchant l’état de notre nature. Accourez donc, ô mortels, et voyez dans le tombeau du Lazare ce que c’est que l’humanité: venez voir dans un même objet la fin de vos desseins et le commencement de vos espérances; venez voir tout ensemble la dissolution et le renouvellement de votre être; venez voir le triomphe de la vie dans la victoire de la mort: Veni et vide.
O mort, nous te rendons grâces des lumières que tu répands sur notre ignorance: toi seule nous convaincs de notre bassesse, toi seule nous fais connaître notre dignité: si l’homme s’estime trop, tu sais déprimer son orgueil; si l’homme se méprise trop, tu sais relever son courage; et, pour réduire toutes ses pensées à un juste tempérament, tu lui apprends ces deux vérités, qui lui ouvrent les yeux pour se bien connaître: qu’il est méprisable en tant qu’il passe, et infiniment estimable en tant qu’il aboutit à l’éternité.
Chassignet « Un cors mangé de vers » in J.Rousset Anthologie de la poésie baroque **, Corti, 1988
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoupez, desnouez, delaissent leur jointure;
Icy l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d’autre costé destournez à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pasture;
Le ventre deschiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le né my-rongé difforme le visage;
Puis connoissant l’estat de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus scavant et plus sage.
Lévinas E. Le temps et l’autre, PUF
« La mort et l’avenir »
C’est pourquoi la mort n’est jamais un présent. C’est un truisme. L’adage antique destiné à dissiper la crainte de la mort: Si tu es, elle n’est pas; si elle est, tu n’es pas, - méconnaît sans doute tout le paradoxe de la mort, puisqu’il efface notre relation avec la mort qui est une relation unique avec l’avenir. Mais du moins cet adage insiste-t-il sur cet éternel avenir de la mort. Le fait qu’elle déserte tout présent ne tient pas à notre évasion devant la mort et à un impardonnable divertissement à l’heure suprême, mais au fait que la mort est insaisissable, qu’elle marque la fin de la virilité et de l’héroïsme du sujet. Le maintenant, c’est le fait que je suis maître, maître du possible, maître de saisir le possible. La mort n’est jamais maintenant. Quand la mort est là, je ne suis plus là, non point parce que je suis néant, mais parce que je ne suis pas à même de saisir. Ma maîtrise, ma virilité, mon héroïsme de sujet ne peut être virilité ni héroïsme par rapport à la mort. Il y a dans la souffrance au sein de laquelle nous avons saisi ce voisinage de la mort - et encore sur le plan du phénomène - ce retournement de l’activité du sujet en passivité. Non point dans l’instant de souffrance où, acculé à l’être, je le saisis encore, où je suis encore sujet de la souffrance, mais dans le pleur et le sanglot, vers lesquels la souffrance s’invertit; là où la souffrance atteint à sa pureté, où il n’y a plus rien entre nous et elle, la suprême responsabilité de cette assomption extrême tourne en suprême irresponsabilité, en enfance. C’est cela le sanglot et par là précisément il annonce la mort. Mourir, c’est revenir à cet état d’irresponsabilité, c’est être la secousse enfantine du sanglot.
Vous me permettrez de revenir encore une fois à Shakespeare (...). Le héros de la tragédie n’assume-t-il pas la mort? Je me permettrai d’analyser très brièvement la fin de Macbeth. Macbeth apprend que la forêt de Birnam marche sur le château de Dunsinane, et c’est le signe de la défaite: la mort approche. Quand ce signe se réalise, Macbeth dit: « Souffle, vent! Viens, naufrage! » Mais tout de suite après: « Sonne la cloche d’alarme, etc... Nous mourrons au moins notre harnais sur le dos. » Le second signe de la défaite ne s’est pas encore produit. Les sorcières n’avaient-elles pas prédit qu’un homme né d’une femme ne pouvait rien contre Macbeth? Mais voici Macduff qui n’est pas né d’une femme. La mort est pour maintenant. « Maudite sois la langue qui me parle ainsi, crie Macbeth à Macduff qui lui apprend sa puissance sur lui, car elle a découragé la meilleure partie de l’homme que je suis ... Je ne combattrai pas avec toi. »
Voilà cette passivité, quand il n’y a plus d’espoir. Voilà ce que j’ai appelé la fin de la virilité. Mais immédiatement l’espoir renaît, et voici les derniers mots de Macbeth: « Bien que le bois de Birnam soit venu à Dunsinane et que je t’aie en face de moi, toi qui n’es pas né de la femme, j’essayerai cependant ma dernière chance. »
Il y a, avant la mort, toujours une dernière chance, que le héros saisit, et non pas la mort. Le héros est celui qui aperçoit toujours une dernière chance; c’est l’homme qui s’obstine à trouver des chances. La mort n’est donc jamais assumée; elle vient. Le suicide est un concept contradictoire. L’éternelle imminence de la mort fait partie de son essence. Dans le présent où la maîtrise du sujet s’affirme, il y a espoir. L’espoir ne s’ajoute pas à la mort par une espèce de salto-mortale, par une espèce d’inconséquence; il est dans la marge même qui, au moment de la mort, est donnée au sujet qui va mourir. Spiro- spero. De cette impossibilité d’assumer la mort, Hamlet précisément est un long témoignage. Le néant est impossible. C’est lui qui aurait laissé à l’homme la possibilité d’assumer la mort d’arracher à la servitude de l’existence une suprême maîtrise. « To be or not to be » est une prise de conscience de cette impossibilité de s’anéantir.
Il y a de beaux textes de Bataille, cf. par ex. "L'enseignement de la mort" dans les O.C. VIII, dans L'érotisme et dans La somme athéologique.
Du côté de Montaigne, voir :
Montaigne Les Essais, P.U.F. (éd.P.Villey)
I xiv « Que le goust des biens et des maux dépend en bonne partie de l’opinion que nous en avons »
I xix « Qu’il ne faut juger de nostre heur, qu’après la mort »
I xx « Que philosopher c’est apprendre à mourir »
II vi « De l’exercitation »
Car, à la vérité, pour s’aprivoiser à la mort, je trouve qu’il n’y a que de s’en avoisiner.
II xiii « De juger de la mort d’autruy »
L’estre mort ne les fache pas, mais ouy bien le mourir.
III ix « De la vanité » p.971sq.
Je me contente d’une mort recueillie en soy, quiete et solitaire, toute mienne, convenable à ma vie retirée et privée.
III xii « De la phisionomie »
Si vous ne sçavez pas mourir, ne vous chaille; nature vous en informera sur le champ, plainement et suffisamment; elle fera exactement cette besongne pour vous; n’en empeschez votre soing.
Et le chapitre sur Montaigne et la mort dans le livre de H.Friedrich.
Il y a aussi sans doute des textes lisibles de Malebranche dans ses Entretiens sur la métaphysique, la religion et sur la mort (en Pléiade t.II p.969-1040)
Pascal Pensées (éd. Lafuma) (voir aussi du même Lettre sur la mort de son père, 17 octobre 1651)
198 H. 5. En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet et l’homme sans lumière abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître et sans moyen d’en sortir. Et sur cela j’admire comment on n’entre point en désespoir d’un si misérable état. Je vois d’autres personnes auprès de moi d’une semblable nature. je leur demande s’ils sont mieux instruits que moi. Ils me disent que non et sur cela ces misérables égarés, ayant regardé autour d’eux et ayant vu quelques objets plaisants s’y sont donnés et s’y sont attachés. Pour moi je n’ai pu y prendre d’attache et considérant combien il y a plus d’apparence qu’il y a autre chose que ce que je vois j’ai recherché si ce Dieu n’aurait point laissé quelque marque de soi.
Je vois plusieurs religions contraires et partant toutes fausses excepté une. Chacune veut être crue par sa propre autorité et menace les incrédules. Je ne les crois donc pas là-dessus. Chacun peut dire cela. Chacun peut se dire prophète mais je vois la chrétienne et je trouve des prophéties, et c’est ce que chacun ne peut pas faire.
401 Nous souhaitons la vérité et ne trouvons en nous qu’incertitude.
Nous recherchons le bonheur et ne trouvons que misère et mort.
Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur et sommes incapables ni de certitude ni de bonheur.
Ce désir nous est laissé tant pour nous punir que pour nous faire sentir d’où nous sommes tombés.
427... Qu’ils apprennent au moins quelle est la religion qu’ils combattent avant que de la combattre. Si cette religion se vantait d’avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile, ce serait la combattre que de dire qu’on ne voit rien dans le monde qui le montre avec cette évidence. Mais puisqu’elle dit, au contraire, que les hommes sont dans les ténèbres et dans l’éloignement de Dieu, qu’il s’est caché à leur connaissance, que c’est même le nom qu’il se donne dans les Ecritures, Deus absconditus; et, enfin, si elle travaille également à établir ces deux choses: que Dieu a établi des marques sensibles dans l’Eglise pour se faire reconnaître à ceux qui le chercheraient sincèrement; et qu’il les a couvertes néanmoins de telle sorte qu’il ne sera aperçu que de ceux qui le cherchent de tout leur coeur, quel avantage peuvent-ils tirer, lorsque dans la négligence où ils font profession d’être de chercher la vérité, ils crient que rien ne la leur montre, puisque cette obscurité où ils sont, et qu’ils objectent à l’Eglise, ne fait qu’établir une des choses qu’elle soutient, sans toucher à l’autre, et établit sa doctrine, bien loin de la ruiner?
Il faudrait, pour la combattre, qu’ils criassent qu’ils ont fait tous les efforts pour la chercher partout, et, même dans ce que l’Eglise propose pour s’en instruire, mais sans aucune satisfaction. S’ils parlaient de la sorte, ils combattraient à la vérité une de ses prétentions. Mais j’espère montrer ici qu’il n’y a personne raisonnable qui puisse parler de la sorte; et j’ose même dire que jamais personne ne l’a fait. On sait assez de quelle manière agissent ceux qui sont dans cet esprit. Ils croient avoir fait de grands efforts pour s’instruire, lorsqu’ils ont employé quelques heures à la lecture de quelque livre de l’Ecriture, et qu’ils ont interrogé quelque ecclésiastique sur les vérités de la foi. Après cela, ils se vantent d’avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes. Mais, en vérité, je leur dirais ce que j’ai dit souvent, que cette négligence n’est pas supportable. Il ne s’agit pas ici de l’intérêt léger de quelque personne étrangère, pour en user de cette façon; il s’agit de nous-mêmes et de notre tout.
L’immortalité de l’âme est une chose qui nous importe si fort, qui nous touche si profondément qu’il faut avoir perdu tout sentiment pour être dans l’indifférence de savoir ce qui en est. Toutes nos actions et nos pensées doivent prendre des routes si différentes, selon qu’il y aura des biens éternels à espérer ou non, qu’il est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu’en les réglant par la vue de ce point, qui doit être notre dernier objet.
Ainsi notre premier intérêt et notre premier devoir est de nous éclaircir sur ce sujet, d’où dépend toute notre conduite. Et c’est pourquoi entre ceux qui n’en sont pas persuadés, je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s’en instruire, à ceux qui vivent sans s’en mettre en peine et sans y penser.
Je ne puis avoir que de la compassion pour ceux qui gémissent sincèrement dans ce doute, qui le regardent comme le dernier des malheurs, et qui, n’épargnant rien pour en sortir, font de cette recherche leurs principales et leurs plus sérieuses occupations.
Mais pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette dernière fin de la vie, et qui, par cette seule raison qu’ils ne trouvent pas en eux-mêmes les lumières qui les en persuadent, négligent de les chercher ailleurs, et d’examiner à fond si cette opinion est de celles que le peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui, quoique obscures d’elles-mêmes, ont néanmoins une fondement très solide et inébranlable, je les considère d’une manière toute différente.
Cette négligence en une affaire où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit; elle m’étonne et m’épouvante: c’est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une dévotion spirituelle. J’entends au contraire qu’on doit avoir ce sentiment par un principe d’intérêt humain et par un intérêt d’amour-propre: il ne faut pour cela que voir ce que voient les personnes les moins éclairées.
Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée pour comprendre qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide, que tous nos plaisirs ne sont que vanité, que nos maux sont infinis, et qu’enfin la mort, qui nous menace à chaque instant, doit infailliblement nous mettre, dans peu d’années, dans l’horrible nécessité d’être éternellement ou anéantis ou malheureux.
Il n’y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. Faisons tant que nous voudrons les braves: voilà la fin qui attend la plus belle vie du monde. Qu’on fasse réflexion là-dessus, et qu’on dise ensuite s’il n’est pas indubitable qu’il n’y a de bien en cette vie qu’en l’espérance d’une autre vie, qu’on est heureux qu’à mesure qu’on s’en approche, et que, comme il n’y aura plus de malheurs pour ceux qui avaient une entière assurance de l’éternité, il n’y a point aussi de bonheur pour ceux qui n’en ont aucune lumière.
C’est donc assurément un grand mal que d’être dans ce doute; mais c’est au moins un devoir indispensable de chercher, quand on est dans ce doute; et ainsi celui qui doute et qui ne recherche pas est tout ensemble et bien malheureux et bien injuste. Que s’il est avec cela tranquille et satisfait, qu’il en fasse profession, et enfin qu’il en fasse le sujet de sa joie et de sa vanité, je n’ai point de termes pour qualifier une si extravagante créature.
Où peut-on prendre ces sentiments? Quel sujet de joie trouve-t-on à n’attendre plus que des misères sans ressources? Quel sujet de vanité de se voir dans des obscurités impénétrables, et comment se peut-il faire que ce raisonnement se passe dans un homme raisonnable?
« Je ne sais qui m’a mis au monde, ni ce que c’est que le monde, ni que moi-même; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses; je ne sais ce que c’est que mon corps, que mes sens, que mon âme et cette partie même de moi qui pense ce que je dis, qui fait réflexion sur tout et sur elle-même, et ne se connaît non plus que le reste.
« Je vois ces effroyables espaces de l’univers qui m’enferment, et je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu qu’en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m’est donné à vivre m’est assigné à ce point plutôt qu’à un autre de toute l’éternité qui m’a précédé et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinités de toutes parts, qui m’enferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientôt mourir; mais ce que j’ignore le plus est cette mort même que je ne saurais éviter.
« Comme je ne sais d’où je viens, aussi je ne sais où je vais; et je sais seulement qu’en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d’un Dieu irrité, sans savoir à laquelle de ces deux conditions je dois être éternellement en partage. Voilà mon état, plein de faiblesse et d’incertitude. Et, de tout cela, je conclus que je dois donc passer tous les jours de ma vie sans songer à chercher ce qui doit m’arriver. Peut-être que je pourrais trouver quelque éclaircissement dans mes doutes; mais je n’en veux pas prendre la peine, ni faire un pas pour le chercher; et après, en traitant avec mépris ceux qui se travailleront de ce soin - (quelque certitude qu’ils en eussent, c’est un sujet de désespoir, plutôt que de vanité) - je veux aller, sans prévoyance et sans crainte, tenter un si grand événement, et me laisser mollement conduire à la mort, dans l’incertitude de l’éternité de ma condition future. »
Qui souhaiterait d’avoir pour ami un homme qui discourt de cette manière? qui le choisirait entre les autres pour lui communiquer ses affaires? qui aurait recours à lui dans ses afflictions? et enfin à quel usage de la vie on le pourrait destiner?
En vérité, il est glorieux à la religion d’avoir pour ennemis des hommes si déraisonnables; et leur opposition lui est si peu dangereuse, qu’elle sert au contraire à l’établissement de ses vérités. Car la foi chrétienne ne va presque qu’à établir ces deux choses: la corruption de la nature, et la rédemption de Jésus-Christ. Or, je soutiens que s’ils ne servent pas à montrer la vérité de la rédemption par la sainteté de leurs moeurs, ils servent au moins admirablement à montrer la corruption de la nature, par de sentiments si dénaturés.
Rien n’est si important à l’homme que son état; rien ne lui est si redoutable que l’éternité. Et ainsi, qu’il se trouve des hommes indifférents à la perte de leur être et au péril d’une éternité de misères, cela n’est point naturel. Ils sont tout autres à l’égard de toutes les autres choses: ils craignent jusqu’aux plus légères, ils les prévoient, ils les sentent; et ce même homme qui passe tant de jours et de nuits dans la rage et dans le désespoir pour la perte d’une charge ou pour quelque offense imaginaire à son honneur, c’est celui-là même qui sait qu’il va tout perdre par la mort, sans inquiétude et sans émotion. C’est une chose monstrueuse de voir dans un même coeur et en même temps cette sensibilité pour les moindres choses et cette étrange insensibilité pour les plus grandes. C’est un enchantement incompréhensible, et un assoupissement surnaturel, qui marque une force toute-puissante qui le cause.
Il faut qu’il y ait un étrange renversement dans la nature de l’homme pour faire gloire d’être dans cet état, dans lequel il semble incroyable qu’une seule personne puisse être. Cependant l’expérience m’en fait voir un si grand nombre, que cela serait surprenant si nous ne savions que la plupart de ceux qui s’en mêlent se contrefont et ne sont pas tels en effet. Ce sont des gens qui ont ouï dire que les belles manières du monde consistent à faire ainsi l’emporté. C’est ce qu’ils appellent avoir secoué le joug, et qu’ils essayent d’imiter. Mais il ne serait pas difficile de leur faire entendre combien ils s’abusent en cherchant par là de l’estime. Ce n’est pas le moyen d’en acquérir, je dis même parmi les personnes du monde qui jugent sainement des choses et qui savent que la seule voie d’y réussir est de se faire paraître honnête, fidèle, judicieux et capable de servir utilement son ami, parce que les hommes n’aiment naturellement que ce qui peut leur être utile. Or, quel avantage y a-t-il pour nous à ouïr dire à un homme qu’il a donc secoué le joug, qu’il ne croit pas qu’il y ait un Dieu qui veille sur ses actions, qu’il se considère comme seul maître de sa conduite, et qu’il ne pense en rendre compte qu’à soi-même? Pense-t-il nous avoir porté par là à avoir désormais bien de la confiance en lui, et en attendre des consolations, des conseils et des secours dans tous les besoins de la vie? Prétendent-ils nous avoir bien réjoui, de nous dire qu’ils tiennent que notre âme n’est qu’un peu de vent et de fumée et encore de nous le dire d’un ton de voix fier et content? Est-ce donc une chose à dire gaiement? et n’est-ce pas une chose à dire tristement, au contraire, comme la chose du monde la plus triste?
S’ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l’honnêteté, et si éloigné en toutes manières de ce bon air qu’ils cherchent, qu’ils seraient plutôt capables de redresser que de corrompre ceux qui auraient quelque inclination à les suivre. Et, en effet, faites-leur rendre compte de leurs sentiments et des raisons qu’ils ont de douter de la religion; ils vous diront des choses si faibles et si basses, qu’ils vous persuaderont du contraire. C’était ce que leur disait un jour fort à propos une personne: « Si vous continuez à discourir de la sorte, leur disait-il, en vérité vous me convertirez. » Et il avait raison, car qui n’aurait horreur de se voir dans des sentiments où l’on a pour compagnons des personnes si méprisables?
Ainsi ceux qui ne font que feindre ces sentiments seraient bien malheureux de contraindre leur naturel pour se rendre les plus impertinents des hommes. S’ils sont fâchés dans le fond de leur coeur de n’avoir pas plus de lumière, qu’ils ne le dissimulent pas: cette déclaration ne sera point honteuse. Il n’y a de honte qu’à n’en point avoir. Rien n’accuse davantage une extrême faiblesse d’esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d’un homme sans Dieu; rien ne marque davantage une mauvaise disposition du coeur que de ne pas souhaiter la vérité des promesses éternelles; rien n’est plus lâche que de faire le brave contre Dieu. Qu’ils laissent donc ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables; qu’ils soient au moins honnêtes gens s’ils ne peuvent être chrétiens, et qu’ils reconnaissent enfin qu’il n’y a que deux sortes de personnes qu’on puisse appeler raisonnables: ou ceux qui servent Dieu de tout leur coeur parce qu’ils le connaissent, ou ceux qui le cherchent de tout leur coeur parce qu’ils ne le connaissent pas.
Mais pour ceux qui vivent sans le connaître et sans le chercher, ils se jugent eux-mêmes si peu dignes de leur soin, qu’ils ne sont pas dignes du soin des autres et qu’il faut avoir toute la charité de la religion qu’ils méprisent pour ne les pas mépriser jusqu’à les abandonner dans leur folie. Mais, parce que cette religion nous oblige de les regarder toujours, tant qu’ils seront en cette vie, comme capables de la grâce qui peut les éclairer, et de croire qu’ils peuvent être dans peu de temps plus remplis de foi que nous ne sommes, et que nous pouvons au contraire tomber dans l’aveuglement où ils sont, il faut faire pour eux ce que nous voudrions qu’on fît pour nous si nous étions à leur place, et les appeler à avoir pitié d’eux-mêmes, et à faire au moins quelques pas pour tenter s’ils ne trouveront pas de lumières. Qu’ils donnent à cette lecture quelques-unes de ces heures qu’ils emploient si inutilement ailleurs: quelque aversion qu’ils y apportent, peut-être rencontreront-ils quelque chose, et pour le moins ils n’y perdront pas beaucoup. Mais pour ceux qui y apporteront une sincérité parfaite et une véritable désir de rencontrer la vérité, j’espère qu’ils auront satisfaction, et qu’ils seront convaincus des preuves d’une religion si divine, que j’ai ramassées ici, et dans lesquelles j’ai suivi à peu près cet ordre...
Bossuet Sermon sur la mort
Vous serez peut-être étonnés que je vous adresse à la mort pour être instruits de ce que vous êtes; et vous croirez que ce n’est pas bien représenter l’homme, que de le montrer où il n’est plus. Mais, si vous prenez soin de vouloir entendre ce qui se présente à nous dans le tombeau, vous accorderez aisément qu’il n’est point de plus véritable interprète ni de plus fidèle miroir des choses humaines.
La nature d’un composé ne se remarque jamais plus distinctement que dans la dissolution de ses parties. Comme elles s’altèrent mutuellement par le mélange, il faut les séparer pour les bien connaître. En effet, la société de l’âme et du corps fait que le corps nous paraît quelque chose de plus qu’il n’est, et l’âme, quelque chose de moins; mais lorsque, venant à se séparer, le corps retourne à la terre, et que l’âme aussi est mise en état de retourner au ciel, d’où elle est tirée, nous voyons l’un et l’autre dans sa pureté. Ainsi nous n’avons qu’à considérer ce que la mort nous ravit, et ce qu’elle laisse en son entier; quelle partie de notre être tombe sous ses coups, et quelle autre se conserve dans cette ruine; alors, nous aurons compris ce que c’est que l’homme: de sorte que je ne crains point d’assurer que c’est du sein de la mort et de ses ombres épaisses que sort une lumière immortelle pour éclairer nos esprits touchant l’état de notre nature. Accourez donc, ô mortels, et voyez dans le tombeau du Lazare ce que c’est que l’humanité: venez voir dans un même objet la fin de vos desseins et le commencement de vos espérances; venez voir tout ensemble la dissolution et le renouvellement de votre être; venez voir le triomphe de la vie dans la victoire de la mort: Veni et vide.
O mort, nous te rendons grâces des lumières que tu répands sur notre ignorance: toi seule nous convaincs de notre bassesse, toi seule nous fais connaître notre dignité: si l’homme s’estime trop, tu sais déprimer son orgueil; si l’homme se méprise trop, tu sais relever son courage; et, pour réduire toutes ses pensées à un juste tempérament, tu lui apprends ces deux vérités, qui lui ouvrent les yeux pour se bien connaître: qu’il est méprisable en tant qu’il passe, et infiniment estimable en tant qu’il aboutit à l’éternité.
Chassignet « Un cors mangé de vers » in J.Rousset Anthologie de la poésie baroque **, Corti, 1988
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un cors mangé de vers,
Descharné, desnervé, où les os descouvers,
Depoupez, desnouez, delaissent leur jointure;
Icy l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d’autre costé destournez à l’envers
Se distillent en glaire, et les muscles divers
Servent aux vers goulus d’ordinaire pasture;
Le ventre deschiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur,
Et le né my-rongé difforme le visage;
Puis connoissant l’estat de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité
Tout ce qui ne te rend plus scavant et plus sage.
Lévinas E. Le temps et l’autre, PUF
« La mort et l’avenir »
C’est pourquoi la mort n’est jamais un présent. C’est un truisme. L’adage antique destiné à dissiper la crainte de la mort: Si tu es, elle n’est pas; si elle est, tu n’es pas, - méconnaît sans doute tout le paradoxe de la mort, puisqu’il efface notre relation avec la mort qui est une relation unique avec l’avenir. Mais du moins cet adage insiste-t-il sur cet éternel avenir de la mort. Le fait qu’elle déserte tout présent ne tient pas à notre évasion devant la mort et à un impardonnable divertissement à l’heure suprême, mais au fait que la mort est insaisissable, qu’elle marque la fin de la virilité et de l’héroïsme du sujet. Le maintenant, c’est le fait que je suis maître, maître du possible, maître de saisir le possible. La mort n’est jamais maintenant. Quand la mort est là, je ne suis plus là, non point parce que je suis néant, mais parce que je ne suis pas à même de saisir. Ma maîtrise, ma virilité, mon héroïsme de sujet ne peut être virilité ni héroïsme par rapport à la mort. Il y a dans la souffrance au sein de laquelle nous avons saisi ce voisinage de la mort - et encore sur le plan du phénomène - ce retournement de l’activité du sujet en passivité. Non point dans l’instant de souffrance où, acculé à l’être, je le saisis encore, où je suis encore sujet de la souffrance, mais dans le pleur et le sanglot, vers lesquels la souffrance s’invertit; là où la souffrance atteint à sa pureté, où il n’y a plus rien entre nous et elle, la suprême responsabilité de cette assomption extrême tourne en suprême irresponsabilité, en enfance. C’est cela le sanglot et par là précisément il annonce la mort. Mourir, c’est revenir à cet état d’irresponsabilité, c’est être la secousse enfantine du sanglot.
Vous me permettrez de revenir encore une fois à Shakespeare (...). Le héros de la tragédie n’assume-t-il pas la mort? Je me permettrai d’analyser très brièvement la fin de Macbeth. Macbeth apprend que la forêt de Birnam marche sur le château de Dunsinane, et c’est le signe de la défaite: la mort approche. Quand ce signe se réalise, Macbeth dit: « Souffle, vent! Viens, naufrage! » Mais tout de suite après: « Sonne la cloche d’alarme, etc... Nous mourrons au moins notre harnais sur le dos. » Le second signe de la défaite ne s’est pas encore produit. Les sorcières n’avaient-elles pas prédit qu’un homme né d’une femme ne pouvait rien contre Macbeth? Mais voici Macduff qui n’est pas né d’une femme. La mort est pour maintenant. « Maudite sois la langue qui me parle ainsi, crie Macbeth à Macduff qui lui apprend sa puissance sur lui, car elle a découragé la meilleure partie de l’homme que je suis ... Je ne combattrai pas avec toi. »
Voilà cette passivité, quand il n’y a plus d’espoir. Voilà ce que j’ai appelé la fin de la virilité. Mais immédiatement l’espoir renaît, et voici les derniers mots de Macbeth: « Bien que le bois de Birnam soit venu à Dunsinane et que je t’aie en face de moi, toi qui n’es pas né de la femme, j’essayerai cependant ma dernière chance. »
Il y a, avant la mort, toujours une dernière chance, que le héros saisit, et non pas la mort. Le héros est celui qui aperçoit toujours une dernière chance; c’est l’homme qui s’obstine à trouver des chances. La mort n’est donc jamais assumée; elle vient. Le suicide est un concept contradictoire. L’éternelle imminence de la mort fait partie de son essence. Dans le présent où la maîtrise du sujet s’affirme, il y a espoir. L’espoir ne s’ajoute pas à la mort par une espèce de salto-mortale, par une espèce d’inconséquence; il est dans la marge même qui, au moment de la mort, est donnée au sujet qui va mourir. Spiro- spero. De cette impossibilité d’assumer la mort, Hamlet précisément est un long témoignage. Le néant est impossible. C’est lui qui aurait laissé à l’homme la possibilité d’assumer la mort d’arracher à la servitude de l’existence une suprême maîtrise. « To be or not to be » est une prise de conscience de cette impossibilité de s’anéantir.
Il y a de beaux textes de Bataille, cf. par ex. "L'enseignement de la mort" dans les O.C. VIII, dans L'érotisme et dans La somme athéologique.
Du côté de Montaigne, voir :
Montaigne Les Essais, P.U.F. (éd.P.Villey)
I xiv « Que le goust des biens et des maux dépend en bonne partie de l’opinion que nous en avons »
I xix « Qu’il ne faut juger de nostre heur, qu’après la mort »
I xx « Que philosopher c’est apprendre à mourir »
II vi « De l’exercitation »
Car, à la vérité, pour s’aprivoiser à la mort, je trouve qu’il n’y a que de s’en avoisiner.
II xiii « De juger de la mort d’autruy »
L’estre mort ne les fache pas, mais ouy bien le mourir.
III ix « De la vanité » p.971sq.
Je me contente d’une mort recueillie en soy, quiete et solitaire, toute mienne, convenable à ma vie retirée et privée.
III xii « De la phisionomie »
Si vous ne sçavez pas mourir, ne vous chaille; nature vous en informera sur le champ, plainement et suffisamment; elle fera exactement cette besongne pour vous; n’en empeschez votre soing.
Et le chapitre sur Montaigne et la mort dans le livre de H.Friedrich.
Il y a aussi sans doute des textes lisibles de Malebranche dans ses Entretiens sur la métaphysique, la religion et sur la mort (en Pléiade t.II p.969-1040)
- talinaNiveau 1
Merci pour ces références ! Souvent ardu mais intéressant ! La difficulté de ce thème est qu'on frôle un peu la philo...
Pour Montaigne, c'est vrai que j'ai l'embarras du choix, je vais me pencher sur ceux que tu proposes. Au départ, je cherchais surtout deux textes que je n'ai pas réussi à retrouver : il s'agissait du passage de la chute de cheval (vécue comme petite mort) et celui où il perd une dent (méditation sur la présence de la mort au sein même de la vie)... Si cela dit quelque chose à quelqu'un...
Pour Montaigne, c'est vrai que j'ai l'embarras du choix, je vais me pencher sur ceux que tu proposes. Au départ, je cherchais surtout deux textes que je n'ai pas réussi à retrouver : il s'agissait du passage de la chute de cheval (vécue comme petite mort) et celui où il perd une dent (méditation sur la présence de la mort au sein même de la vie)... Si cela dit quelque chose à quelqu'un...
- RuthvenGuide spirituel
Pour la chute de cheval, c'est dans De l'exercitation (Essais II, 6) ; c'est un texte qu'il serait intéressant de mettre en relation avec la chute de Rousseau (renversé par un chien) dans les Rêveries du promeneur solitaire (2ème promenade). Je ne peux pas en dire plus, ma biblio. est sous carton.
- JohnMédiateur
Shakespeare, monologue d'Hamlet (mais peut-on l'étudier ?)
Si j'ai bien compris, pas en L.A. : c'est à faire en cursif.
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"Qui a construit Thèbes aux sept portes ? Dans les livres, on donne les noms des Rois. Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ? [...] Quand la Muraille de Chine fut terminée, Où allèrent ce soir-là les maçons ?" (Brecht)
"La nostalgie, c'est plus ce que c'était" (Simone Signoret)
- IphigénieProphète
la perte d'une dent c'est dans Essais,III,13,
la chute de cheval (et l'accident de Rousseau) sont dans toutes les anthologies (Lagarde ou Nathan Littérature par exemple)
la chute de cheval (et l'accident de Rousseau) sont dans toutes les anthologies (Lagarde ou Nathan Littérature par exemple)
- talinaNiveau 1
Merci pour ces infos ! Moi aussi, beaucoup de mes livres sont dans des cartons, super pratique pour préparer ses cours !
Je vais faire le tour précis de tout ça, et essayer de voir ce qui est exploiter en LA pour une liste de Bac.
Que pensez-vous du reste de ma progression ? Comme vous le voyez, j'hésite pas mal sur ma séquence I, je suis preneuse de tout conseil.
Je vais faire le tour précis de tout ça, et essayer de voir ce qui est exploiter en LA pour une liste de Bac.
Que pensez-vous du reste de ma progression ? Comme vous le voyez, j'hésite pas mal sur ma séquence I, je suis preneuse de tout conseil.
- lilyounetteNiveau 2
Bonsoir,
si je peux me permettre, pour ta séquence n°1, le thème du blason et du contre-blason me paraît beaucoup plus captivant...il est à la fois classique, mais pas si étudié que ça au lycée/collège! Mais ce n'est que mon avis perso!
A bientôt!
si je peux me permettre, pour ta séquence n°1, le thème du blason et du contre-blason me paraît beaucoup plus captivant...il est à la fois classique, mais pas si étudié que ça au lycée/collège! Mais ce n'est que mon avis perso!
A bientôt!
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