Tout le monde peut-il être prof?
- EmeraldiaÉrudit
Exactement. On relativise qd on a enseigné ds plusieurs établissements. Moi qui suis TZR, je suis une super prof dans certains endroits et une prof qui a des problèmes de discipline dans d'autres... Je trouve injuste de juger un stagiaire dans une seule situation. Si on joue de malchance, avec certaines classes, certains chefs, c'est cuit d'avance...Serge a écrit:En effet, tout dépend aussi des classes que tu as. Je me rappelle quand j'ai débuté ... j'ai eu une classe que je qualifierais d'infecte, vraiment.
J'avais envie de vomir chaque soir en rentrant, je n'arrivais à rien, c'était désespérant. Je croyais que toutes les classes étaient ainsi et j'ai décidé d'arrêter à la fin de ma première année.
Mais c'était pour moi une telle déception, tant de rêves de partage que j'avais nourris durant toutes mes études, foulés aux pieds ... C'était incompréhensible, frustrant ...
Puis je me suis dit : tu mutes, tente encore une fois, et si vraiment ça ne marche pas, laisse tomber et vends des tomates sur le marché.
Et j'ai eu des élèves géniaux, intéressés, intéressants ... j'ai vécu ce que j'avais toujours espéré vivre. Alors sans doute durant ma première année j'ai dû commettre des erreurs. J'en commets sans doute encore.
Mais je suis intimement persuadé que le public qu'on a en face fait aussi pour beaucoup. Et je suis heureux de n'avoir pas baissé les bras trop vite car aujourd'hui je mépanouis dans ce métier, et ce depuis plus de 10 ans.
Si certains ne st pas faits pour le métier, ce st évidemment ceux qui ne maîtrisent pas leur matière, ceux qui s'expriment mal, ceux qui ne st pas assez équilibrés, ceux qui n'ont pas une hygiène correcte...finalement, les critères cités plus haut pour l'oral du CAPES sont justes. Après, si on est à l'aise pour s'exprimer, qu'on est clair et qu'on aime les ados, qu'on a de la patience, la discipline, ça se travaille, dans certains endroits de tte façon, pas de recette miracle...
- MSFidèle du forum
Véronique, je nuance mes propos, je n'ai pas l'outrecuidance de dire que mes premiers cours étaient géniaux et que ayant ce métier dans le sang tout a été parfait du premier coup, d'ailleurs ça ne l'est toujours pas et ça ne le sera probablement jamais. J'ai juste voulu dire qu'à ma première heure de cours, j'ai senti que j'étais à l'aise face aux élèves et que j'adorais être avec eux, je n'avais qu'une envie, être plus vite au lendemain! Je ne saurais expliquer ce sentiment mais j'ai vraiment eu l'impression d'être à ma place. Bien sûr j'ai dû apprendre à gérer une classe, à utiliser l'espace et bien d'autres choses encore mais il n'en demeure pas moins que je me suis d'emblée sentie à l'aise face aux élèves alors que j'étais morte de trouille cinq minutes avant le premier cours.
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Pas de deuxième année d'IUFM!
- V.MarchaisEmpereur
Ce n'est pas ton message particulièrement, qui me gêne, MS, mais un certain discours qui consiste à faire de l'art du professeur une sorte de truc inné, qu'on a ou pas, et qui ne laisse aucun espoir à ceux qui sont censés en être dépourvus a priori. C'est la négation d'une caractéristique humaine essentielle : l'homme évolue, en bien ou en mal, d'ailleurs, à cause de ce qu'il fait et apprend, sous l'effet de sa volonté, mais aussi sous l'effet des interactions avec les autres, des retours (l'effet feed-back, comme disent les psy américains), des regards, des échanges, des événements extérieurs...
Comme Chocolat, je pense que la trajectoire de Carabas et de bien d'autres aurait pu être différente avec davantage de bienveillance de l'entourage.
Ce qui me dérange, dans le discours sur le charisme, la personnalité du prof et tout ça, c'est le fait qu'on fige un état (alors que tous, nous nous transformons sans cesse, souvent plus forts avec le temps, et soudain fragilisés par un événement, à nouveau mieux, etc.) et qu'on renvoie le personne à une sorte de faille ontologique. Ce n'est ni conforme à l'idée que je me fais de l'être humain, dont le psychisme est en refonte permanente, ni très constructif, je trouve. C'est une attitude qui me rappelle celle de certains collègues en salle des profs : "Moi, je n'ai jamais de problème avec telle classe.."
Comme Chocolat, je pense que la trajectoire de Carabas et de bien d'autres aurait pu être différente avec davantage de bienveillance de l'entourage.
Ce qui me dérange, dans le discours sur le charisme, la personnalité du prof et tout ça, c'est le fait qu'on fige un état (alors que tous, nous nous transformons sans cesse, souvent plus forts avec le temps, et soudain fragilisés par un événement, à nouveau mieux, etc.) et qu'on renvoie le personne à une sorte de faille ontologique. Ce n'est ni conforme à l'idée que je me fais de l'être humain, dont le psychisme est en refonte permanente, ni très constructif, je trouve. C'est une attitude qui me rappelle celle de certains collègues en salle des profs : "Moi, je n'ai jamais de problème avec telle classe.."
- bretzelNiveau 7
V.Marchais a écrit:Ce n'est pas ton message particulièrement, qui me gêne, MS, mais un certain discours qui consiste à faire de l'art du professeur une sorte de truc inné, qu'on a ou pas, et qui ne laisse aucun espoir à ceux qui sont censés en être dépourvus a priori. C'est la négation d'une caractéristique humaine essentielle : l'homme évolue, en bien ou en mal, d'ailleurs, à cause de ce qu'il fait et apprend, sous l'effet de sa volonté, mais aussi sous l'effet des interactions avec les autres, des retours (l'effet feed-back, comme disent les psy américains), des regards, des échanges, des événements extérieurs...
Comme Chocolat, je pense que la trajectoire de Carabas et de bien d'autres aurait pu être différente avec davantage de bienveillance de l'entourage.
Ce qui me dérange, dans le discours sur le charisme, la personnalité du prof et tout ça, c'est le fait qu'on fige un état (alors que tous, nous nous transformons sans cesse, souvent plus forts avec le temps, et soudain fragilisés par un événement, à nouveau mieux, etc.) et qu'on renvoie le personne à une sorte de faille ontologique. Ce n'est ni conforme à l'idée que je me fais de l'être humain, dont le psychisme est en refonte permanente, ni très constructif, je trouve. C'est une attitude qui me rappelle celle de certains collègues en salle des profs : "Moi, je n'ai jamais de problème avec telle classe.."
- AudreyOracle
L'homme évolue, certes... encore faut-il qu'il permette cette évolution. J'ai croisé certains collègues totalement incapables de s'interroger sur leurs pratiques, et surtout, sur eux-même, et pour ceux-là, à mon sens... c'est grillé. Pas d'evolution possible.
- EmeraldiaÉrudit
Si tu t'es sentie à l'aise, c'est qu'ils étaient sympas. Qd j'ai commencé, j'étais vacataire, je remplaçais une collègue en dépression, je suis tombée du 40 ème étage qd j'ai vu ce qu'était devenu l'enseignement et je n'avais pas envie d'y retourner tellement les élèves étaient odieux ! Par contre, dans certains collèges, c'était super. Mais comme je suis TZR, on me met souvent en ZEP et on me refile les classes dt les autres ne veulent pas. L'autorité naturelle me fait rire ds ces cas là...MS a écrit:Véronique, je nuance mes propos, je n'ai pas l'outrecuidance de dire que mes premiers cours étaient géniaux et que ayant ce métier dans le sang tout a été parfait du premier coup, d'ailleurs ça ne l'est toujours pas et ça ne le sera probablement jamais. J'ai juste voulu dire qu'à ma première heure de cours, j'ai senti que j'étais à l'aise face aux élèves et que j'adorais être avec eux, je n'avais qu'une envie, être plus vite au lendemain! Je ne saurais expliquer ce sentiment mais j'ai vraiment eu l'impression d'être à ma place. Bien sûr j'ai dû apprendre à gérer une classe, à utiliser l'espace et bien d'autres choses encore mais il n'en demeure pas moins que je me suis d'emblée sentie à l'aise face aux élèves alors que j'étais morte de trouille cinq minutes avant le premier cours.
- MéluEmpereur
Je ne pense pas que n'importe qui puisse être prof, ou du moins bon prof, j'ai donc voté non, mais je dois nuancer. Il ne faut pas être trop con ou trop désorganisé, il faut aimer ce boulot et les mômes, mais je crois pourtant qu'on progresse dans ce métier. J'ai d'ailleurs commis des erreurs de débutante que je ne fais plus. Il me faut toujours un temps d'adaptation pour me sentir parfaitement à l'aise (il m'en a même fallu un sur le forum, c'est tout dire), et je pense que les élèves sentent quand nous sommes à l'aise ou non. Ce n'est pas forcément une question de charisme : j'ai un charisme de patate (mais pas grave, puisque j'ai la frite, comme dirait mon collègue d'HG), mais une question d'assurance et de confiance en soi, et là, on commence par les avoir au bluff (et là, j'assure !), et comme ça marche, on finit par avoir réellement confiance. On se forme, on mûrit, on avance... Rien n'est perdu dès le départ. Alors oui, certains chopent le truc tout de suite, d'autres ne le choperont jamais, mais rien n'est jamais couru d'avance.
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"Pourquoi sommes-nous au monde, sinon pour amuser nos voisins et rire d'eux à notre tour ?"
[ Jane Austen ] - Extrait de Orgueil et préjugés
- InvitéInvité
Carabas a écrit:Quand je dis "tout le monde", je veux dire "tout le monde ayant un bagage universitaire suffisant", hein, ne vous méprenez pas.
Considérez-vous que ce métier s'apprend, et que n'importe qui ayant les connaissances et la volonté peut faire ce métier, gérer une classe et enseigner ou pensez-vous qu'il faut un terrain favorable?
Pensez-vous que certains soient vraiment incapables d'être profs?
C'est le topic "le prof comme le bon vin se bonifie avec l'âge" qui me fait poser cette question, et, à vrai dire, je me la pose souvent sans trouver de réponse satisfaisante.
Je ne pense pas que "le prof comme le bon vin se bonifie avec l'âge". Il y a sans doute une amélioration durant les premières années d'enseignement, mais pour avoir fait plusieurs établissements, une constante : se font "bordéliser" des stagiaires et des profs qui ont l'air vieux. Dans une société du paraître, j'entends parfois telle collègue dire "Machin, en même temps, il les cherche ! Tu as vu ses pantalons ! Toujours trop courts : on voit ses chaussettes. Il pourrait faire un effort." À partir du moment où un adulte cultivé peut émettre de tels jugements, a fortiori une bande d'ados pré-pubères.
Personne n'est incapable d'être prof, mais il peut être difficile de se faire accepter dans un microcosme donné. C'est souvent un problème social. J'ai vu une stagiaire parisienne affectée dans un collège rural pour qui ça se passait très mal. Elle a refait sa 2ème année d'IUFM dans un collège ZEP de l'académie de Créteil et ça s'est bien passé. Ce n'était pas lié à sa capacité à être professeur, mais à sa capacité à se formater à un milieu social et culturel donné.
- AudreyOracle
Lornet, ça revient à ce que je disais être à mon sens essentiel pour être prof: souplesse et capacité d'adaptation.
- InvitéInvité
Mais il n'y a pas que les élèves. Certaines administrations sont également redoutables et d'un établissement à l'autre, ça change énormément.
- InvitéInvité
Palombella Rossa a écrit:Pour avoir été pendant quatre ans membre du jury (français) à l’oral du CAPES de Lettres Classiques, je peux essayer d’expliquer ce qui fait qu’un candidat a ou non « le profil » pour enseigner. Je vais parler au masculin, mais tout le monde comprendra que mon propos concerne également les candidates…
Même si c’est parfois au « feeling » que cela se passe, il y a tout de même des critères objectifs :
Éliminons tout de suite le « touriste »qui n’a pas travaillé, puisque ce n’est pas la question. Il est peut-être fait pour le job, certes, mais il reviendra l’an prochain quand il aura bûché le programme.
N’est pas fait pour enseigner celui qui ne sait pas parler. C’est le critère numéro 1 : le bafouilleur, celui qui n’articule pas, celui qui se perd dans ses phrases, est mal parti. Idem pour celui qui est incapable de répondre simplement à une question simple, celui qui coupe les cheveux en huit ou qui ergote.
N’est pas fait pour enseigner le pagailleux, l’inorganisé, qui se perd dans ses notes, est infichu de faire un plan, et procède par coqs à l’âne sans structurer son exposé.
N’est pas fait pour enseigner celui qui ne sait pas écouter, l’obstiné, le psychorigide, celui qui suit son idée, c.à.d. qui répond systématiquement à côté de la question parce qu’il est incapable de démêler l’essentiel de l’accessoire
N’est pas fait pour enseigner celui qui rougit, a tellement peur qu’il sue au point d’en incommoder le jury (désolée, mais cela existe), qui entortille ses cheveux autour de ses doigts, se trémousse sur sa chaise, tremble au point de faire tomber ses notes, etc. il se fera bouffer par les élèves, le malheureux, comme un Chrétien dans la fosse aux lions.
N’est pas mieux fait pour le métier le prétentieux, le « bouffon », celui qui a décidé d’en mettre plein la vue au jury – en oubliant qu’il a en face de lui des vieux de la vieille à qui on ne la fait pas.
Fort peu fait pour le métier, celui qui arrive mal rasé, pas coiffé, en tee-shirt crasseux, intimement persuadé que son génie est au-dessus de ces consignes « bourgeoises » de présentation. On ne vous demande ni le costard-cravate ni le tailleur Chanel, mais une tenue correcte. L’incapacité à se discipliner de ce point de vue-là, même le jour du concours, laisse mal augurer de la suite : un enseignant sale et mal tenu ne peut pas être respecté de ses élèves. Les IPR sont très regardants là-dessus, que vous le vouliez ou non…
Bref, c’est aussi une prestation de comédien que l’on vous demande. À savoir égal, c’est celui qui « passe la rampe « qui aura une bonne note, parce que l’enseignement est aussi un métier de représentation. Il y a des « ficelles », certes, comme au théâtre, mais il y a aussi une question de charisme personnel qui entre en ligne de compte. C’est immoral, mais c’est ainsi.
Là où c'est complètement faux, c'est qu'on peut être tétanisé, rougissant, bafouillant le jour d'un concours, que d'excellents professeurs peuvent même ne pas réussir à articuler lors de l'oral de l'agrégation ou du Capes interne alors que devant leur classe, tout se passe bien...parce que les circonstances ne sont pas les mêmes.
En outre, j'ai eu une année un collègue stagiaire barbu, aux cheveux longs, tee-shirt, short et tennis, que les élèves surnommaient "Francis Lalanne", mais le fait est que c'était un excellent professeur malgré son look particulier. Ce n'est pas l'habit qui fait le moine.
- InvitéInvité
Lynette a écrit:Palombella Rossa a écrit:
N’est pas fait pour enseigner celui qui rougit, a tellement peur qu’il sue au point d’en incommoder le jury (désolée, mais cela existe), qui entortille ses cheveux autour de ses doigts, se trémousse sur sa chaise, tremble au point de faire tomber ses notes, etc. il se fera bouffer par les élèves, le malheureux, comme un Chrétien dans la fosse aux lions.
Voilà pourquoi sans doute j'ai raté l'agrégation (à 0,5 point près) la première fois que je l'ai passée. De bonnes notes à l'écrit, mais un oral minable en effet parce que j'avais peur. J'ai bégayé etc (mais j'avais un anti-transpirant, je vous rassure...)
Eh bien j'ai recommencé l'année d'après et j'ai été reçue. Eh bien, savez-vous ? Je m'épanouis pleinement dans mon travail, et je suis respectée des élèves et de ma direction. Ça se passe très bien avec mes élèves, pourtant je suis en zone dite "violence" depuis quelques années.
Alors je suis désolée mais vous voyez, j'étais tout de même faite pour enseigner. Vous avez beau être membre du jury, vous pouvez parfois vous tromper. Un candidat qui a peur peut avoir simplement peur du jury -et n'aura jamais peur des élèves.
+1
- guillaume.ransinanNiveau 8
Chaque test a des faux positifs et des faux négatifs. Selon les cas, il faut choisir une discrimination qui présente le moins d'inconvénients, dans certains cas ce sont les faux positifs qui sont les plus gênants, dans d'autres, ce sont les faux négatifs qui sont à éviter au maximum...
Une fois qu'on a dit qu'il n'y a pas de généralité absolue dans l'humain, doit on abandonner tout type de sélection ?
Une fois qu'on a dit qu'il n'y a pas de généralité absolue dans l'humain, doit on abandonner tout type de sélection ?
- CarabasVénérable
Honnêtement, à l'heure actuelle, je n'ai plus envie d'exercer ce métier : si je retentais l'expérience, je partirais en courant et en larmes à la moindre petite contrariété.Chocolat a écrit:Et moi, plus je te lis et plus je trouve qu'on aurait dû te tendre la main, parce que pour conserver une telle envie d'exercer ce métier, après une expérience négative, prouve que tu as vraiment envie d'y arriver.
J'ai effectivement vraiment eu envie d'y arriver.
Maintenant je suis juste amère et perdue.
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Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- zabriskieÉrudit
Carabas, j'ai répondu non, mais absolument pas parce que je crois qu'il faut un bagage minimum en termes de charisme ou de personnalité.
Je rejoins fortement Ysabel qui dit qu'il faut avant tout "aimer" les jeunes, les trouver intéressants et s'y intéresser, et j'ajoute qu'il faut être convaincue que ce que nous savons et avons appris est suffisamment important pour que l'on se casse les fesses à le transmettre à d'autres. Il ne suffit pas d'être fasciné par une discipline, encore faut-il la trouver structurante, nécessaire.
J'ai vu aussi beaucoup de jeunes collègues s'échiner à avoir le concours, faire quelques vacations pendant leurs années de préparation, et tout abandonner parce qu'ils s'étaient frottés à "la lie de l'humanité", "le quart monde intellectuel"... C'est en cela que je dis qu'il faut "aimer" les jeunes pour faire ce boulot, tous les jeunes.
Je rejoins fortement Ysabel qui dit qu'il faut avant tout "aimer" les jeunes, les trouver intéressants et s'y intéresser, et j'ajoute qu'il faut être convaincue que ce que nous savons et avons appris est suffisamment important pour que l'on se casse les fesses à le transmettre à d'autres. Il ne suffit pas d'être fasciné par une discipline, encore faut-il la trouver structurante, nécessaire.
J'ai vu aussi beaucoup de jeunes collègues s'échiner à avoir le concours, faire quelques vacations pendant leurs années de préparation, et tout abandonner parce qu'ils s'étaient frottés à "la lie de l'humanité", "le quart monde intellectuel"... C'est en cela que je dis qu'il faut "aimer" les jeunes pour faire ce boulot, tous les jeunes.
- ChocolatGuide spirituel
Carabas a écrit:
Honnêtement, à l'heure actuelle, je n'ai plus envie d'exercer ce métier : si je retentais l'expérience, je partirais en courant et en larmes à la moindre petite contrariété.
J'ai effectivement vraiment eu envie d'y arriver.
Maintenant je suis juste amère et perdue.
Je ne voudrais surtout pas te destabiliser davantage, mais je crois qu'il faut chercher au fond de toi, si cette envie n'est vraiment plus du tout présente, ou si elle est juste cachée par ton amertume.
Je reconnais que ce qui me dérange vraiment, c'est le fait que tu aies perdu le bénéfice du concours, que tu n'aies pas pu te poser pour reprendre ton souffle, mais c'est ainsi.
Plusieurs personnes t'ont dit d'essayer de faire quelques vacations, histoire de voir ce que cela donne, une bonne fois pour toutes; je crois que c'est une chose à tenter, histoire de ne pas rester avec des regrets.
Sinon, est-ce que tu as envisagé de changer de public? De tenter le concours de professeur des écoles, par exemple, ou cela ne te dit rien?
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- SergeMédiateur
Carabas a écrit:Honnêtement, à l'heure actuelle, je n'ai plus envie d'exercer ce métier : si je retentais l'expérience, je partirais en courant et en larmes à la moindre petite contrariété.Chocolat a écrit:Et moi, plus je te lis et plus je trouve qu'on aurait dû te tendre la main, parce que pour conserver une telle envie d'exercer ce métier, après une expérience négative, prouve que tu as vraiment envie d'y arriver.
J'ai effectivement vraiment eu envie d'y arriver.
Maintenant je suis juste amère et perdue.
Ce que tu décris là a été le cauchemar de ma première année quand je voulais jeter l'éponge. Tout ça pour en arriver là ? Avoir tout réussi au prix de sacrifices immenses pour faire ce métier qui me semblait jusqu'alors comme une vocation et une évidence et finalement se demander si on n'est pas complètement nul. Je me sentais le dernier des derniers.
Et maintenant ? Tout ça pour ça ? Que faire ? Vendre des salades ? Pourquoi pas, ça me semblait encore plus utile que le peu que j'avais dû leur apporter au final et ça me paraissait moins dur et fatigant physiquement que ces nuits de veille, ce bras de fer permanent et épuisant, avec escalade dans les provocations et les sanctions qui ne faisaient que les braquer davantage. Sans compter le stress de devoir faire de la façon que souhaitait le tuteur, même si ce n'était pas la mienne. Je n'étais plus moi-même, rien n'était naturel, le plaisir était absent ...
Quand je pense que l'année d'après j'ai décidé de tenter une dernière fois et d'être moi-même, que j'ai eu la chance d'avoir des élèves sympathiques dans l'ensemble et que tout s'est éclairé .... Ils m'ont rendu ma confiance, je leur ai pour beaucoup redonné confiance en eux-mêmes aussi. Et depuis, tout a bien roulé, même lorsque j'ai eu à nouveau des classes difficiles.
Mais que ce serait-il passé si je n'avais eu la chance de faire cette belle expérience ? Si je n'avais eu droit qu'à la mauvaise ? Si j'avais abandonné et fait autre chose sans aucun rapport, en étant aujourd'hui déçu, frustré, avec le sentiment d'être passé à côté de quelque chose, dans l'incompréhension et le doute sur moi-même ... Ne sois pas dur(e) envers toi-même juste parce que tu n'as pas eu la chance de rencontrer un cas de figure qui t'aurait peut-être permis de t'épanouir et de donner toute la mesure de ce que tu peux faire et être. Même si tu abandonnes finalement, ne te dévalorise pas pour autant.
Une mauvaise expérience ne veut pas dire que tu es "nul" pour autant, dans ce domaine comme dans d'autres.
- lene75Prophète
Emeraldia a écrit:Si tu t'es sentie à l'aise, c'est qu'ils étaient sympas.
+1
Je mets quiconque (débutant et sans aucune autre préparation au "terrain" que son concours en poche) au défit de se sentir à l'aise devant 35 ados qui ont décidé de foutre la merde dès la 1re minute du cours.
Complètement d'accord avec Serge et Emeraldia. L'année dernière a été l'horreur. Mais j'ai eu la chance d'être soutenue par des gens différents et notamment des néotit' qui m'ont expliqué que ça pouvait être différent ailleurs et que c'était ça qui les faisait tenir. Cette année, avec un autre public, c'est le paradis. Je suis arrivée terrorisée à cause de mon expérience de l'année dernière et pourtant, je me suis tout de suite sentie à l'aise avec eux. J'adore mes élèves, j'adore leur apprendre des choses, réfléchir avec eux, ils m'amènent à approfondir plein de questions et j'ai des compliments venant de partout. Et là, je me dis que je suis vraiment faite pour ce métier.
Alors, bonne ou mauvaise prof ?
TZR, je sais que j'aurai à nouveau des problèmes, mais au moins maintenant, comme me le disaient les nétotit', je sais que ça peut bien se passer. Carabas, tu n'as pas eu la chance d'avoir une telle expérience positive pour te donner du courage.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- CathEnchanteur
Emeraldia a écrit:Si tu t'es sentie à l'aise, c'est qu'ils étaient sympas. Qd j'ai commencé, j'étais vacataire, je remplaçais une collègue en dépression, je suis tombée du 40 ème étage qd j'ai vu ce qu'était devenu l'enseignement et je n'avais pas envie d'y retourner tellement les élèves étaient odieux ! Par contre, dans certains collèges, c'était super. Mais comme je suis TZR, on me met souvent en ZEP et on me refile les classes dt les autres ne veulent pas. L'autorité naturelle me fait rire ds ces cas là...MS a écrit:Véronique, je nuance mes propos, je n'ai pas l'outrecuidance de dire que mes premiers cours étaient géniaux et que ayant ce métier dans le sang tout a été parfait du premier coup, d'ailleurs ça ne l'est toujours pas et ça ne le sera probablement jamais. J'ai juste voulu dire qu'à ma première heure de cours, j'ai senti que j'étais à l'aise face aux élèves et que j'adorais être avec eux, je n'avais qu'une envie, être plus vite au lendemain! Je ne saurais expliquer ce sentiment mais j'ai vraiment eu l'impression d'être à ma place. Bien sûr j'ai dû apprendre à gérer une classe, à utiliser l'espace et bien d'autres choses encore mais il n'en demeure pas moins que je me suis d'emblée sentie à l'aise face aux élèves alors que j'étais morte de trouille cinq minutes avant le premier cours.
J'ai ressenti la même chose que MS.
Mes cours étaient sûrement (assurément, même) mauvais, mais j'avais trouvé ma place.
Pourtant mes élèves n'étaient pas spécialement sympas: j'étais maitre aux dans un LP dont personne ne voulait.
- CelebornEsprit sacré
Je pense que tu te fais du mal à ressasser tout ça, Carabas. C'est évidemment plus facile à dire qu'à faire, mais tu devrais songer à déposer le fardeau que représente cet épisode de ta vie et à aller de l'avant.
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"On va bien lentement dans ton pays ! Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu'on peut pour rester au même endroit. Si on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça !" (Lewis Carroll)
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- MSFidèle du forum
Contente de me sentir un peu moins seule, merci cath!
Mes premiers élèves n'étaient pas des fauves mais ils n'étaient pas non plus les gentils que j'ai actuellement. Cela étant leur but n'était pas de mettre le bazar, j'ai été testée, j'ai commis des erreurs dont j'ai tiré les leçons qui s'imposaient. C'était il y a 17 ans, peut-être étaient-ils encore un peu respectueux des profs et du savoir enseigné? Je n'ai pas le recul nécessaire pour en être certaine.
J'ai sans doute eu beaucoup de chance c'est certain , si je devais débuter aujourd'hui avec de vraies terreurs, qu'en serait-il? Me sentirais-je aussi à l'aise? Sans doute pas mais cela n'empêche rien au fait que je sais que je suis faite pour ce métier, c'est peut-être la seule certitude que j'aie et je m'y accroche.
Mes premiers élèves n'étaient pas des fauves mais ils n'étaient pas non plus les gentils que j'ai actuellement. Cela étant leur but n'était pas de mettre le bazar, j'ai été testée, j'ai commis des erreurs dont j'ai tiré les leçons qui s'imposaient. C'était il y a 17 ans, peut-être étaient-ils encore un peu respectueux des profs et du savoir enseigné? Je n'ai pas le recul nécessaire pour en être certaine.
J'ai sans doute eu beaucoup de chance c'est certain , si je devais débuter aujourd'hui avec de vraies terreurs, qu'en serait-il? Me sentirais-je aussi à l'aise? Sans doute pas mais cela n'empêche rien au fait que je sais que je suis faite pour ce métier, c'est peut-être la seule certitude que j'aie et je m'y accroche.
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Pas de deuxième année d'IUFM!
- EmeraldiaÉrudit
N'exagère pas. Entre pas "spécialement sympas" et odieux, il y a une marge. Je remplaçais, sans formation et 18H par semaine, une prof qui était en arrêt pour ça alors qu'elle avait de la bouteille. Qd on se fait insulter, humilier etc. il ne ft pas venir me raconter qu'on pense avoir trouvé sa place. J'ai trouvé ma place qd ça s'est bien passé, dans un contexte correct, pas avant.cath5660 a écrit:Emeraldia a écrit:Si tu t'es sentie à l'aise, c'est qu'ils étaient sympas. Qd j'ai commencé, j'étais vacataire, je remplaçais une collègue en dépression, je suis tombée du 40 ème étage qd j'ai vu ce qu'était devenu l'enseignement et je n'avais pas envie d'y retourner tellement les élèves étaient odieux ! Par contre, dans certains collèges, c'était super. Mais comme je suis TZR, on me met souvent en ZEP et on me refile les classes dt les autres ne veulent pas. L'autorité naturelle me fait rire ds ces cas là...MS a écrit:Véronique, je nuance mes propos, je n'ai pas l'outrecuidance de dire que mes premiers cours étaient géniaux et que ayant ce métier dans le sang tout a été parfait du premier coup, d'ailleurs ça ne l'est toujours pas et ça ne le sera probablement jamais. J'ai juste voulu dire qu'à ma première heure de cours, j'ai senti que j'étais à l'aise face aux élèves et que j'adorais être avec eux, je n'avais qu'une envie, être plus vite au lendemain! Je ne saurais expliquer ce sentiment mais j'ai vraiment eu l'impression d'être à ma place. Bien sûr j'ai dû apprendre à gérer une classe, à utiliser l'espace et bien d'autres choses encore mais il n'en demeure pas moins que je me suis d'emblée sentie à l'aise face aux élèves alors que j'étais morte de trouille cinq minutes avant le premier cours.
J'ai ressenti la même chose que MS.
Mes cours étaient sûrement (assurément, même) mauvais, mais j'avais trouvé ma place.
Pourtant mes élèves n'étaient pas spécialement sympas: j'étais maitre aux dans un LP dont personne ne voulait.
- CathEnchanteur
Emeraldia a écrit:N'exagère pas. Entre pas "spécialement sympas" et odieux, il y a une marge. Je remplaçais, sans formation et 18H par semaine, une prof qui était en arrêt pour ça alors qu'elle avait de la bouteille. Qd on se fait insulter, humilier etc. il ne ft pas venir me raconter qu'on pense avoir trouvé sa place. J'ai trouvé ma place qd ça s'est bien passé, dans un contexte correct, pas avant.cath5660 a écrit:Emeraldia a écrit:Si tu t'es sentie à l'aise, c'est qu'ils étaient sympas. Qd j'ai commencé, j'étais vacataire, je remplaçais une collègue en dépression, je suis tombée du 40 ème étage qd j'ai vu ce qu'était devenu l'enseignement et je n'avais pas envie d'y retourner tellement les élèves étaient odieux ! Par contre, dans certains collèges, c'était super. Mais comme je suis TZR, on me met souvent en ZEP et on me refile les classes dt les autres ne veulent pas. L'autorité naturelle me fait rire ds ces cas là...MS a écrit:Véronique, je nuance mes propos, je n'ai pas l'outrecuidance de dire que mes premiers cours étaient géniaux et que ayant ce métier dans le sang tout a été parfait du premier coup, d'ailleurs ça ne l'est toujours pas et ça ne le sera probablement jamais. J'ai juste voulu dire qu'à ma première heure de cours, j'ai senti que j'étais à l'aise face aux élèves et que j'adorais être avec eux, je n'avais qu'une envie, être plus vite au lendemain! Je ne saurais expliquer ce sentiment mais j'ai vraiment eu l'impression d'être à ma place. Bien sûr j'ai dû apprendre à gérer une classe, à utiliser l'espace et bien d'autres choses encore mais il n'en demeure pas moins que je me suis d'emblée sentie à l'aise face aux élèves alors que j'étais morte de trouille cinq minutes avant le premier cours.
J'ai ressenti la même chose que MS.
Mes cours étaient sûrement (assurément, même) mauvais, mais j'avais trouvé ma place.
Pourtant mes élèves n'étaient pas spécialement sympas: j'étais maitre aux dans un LP dont personne ne voulait.
Qui te dit qu'il n'y a pas de marge entre "pas spécialement sympas" et "odieux"?
Pas moi.
A part ça, je ne vois pas comment tu peux me dire de ne pas exagérer. Il me semble que je suis quand même la mieux placée pour savoir ce que j'ai ressenti.
- mel93Grand sage
Je suis assez d'accord avec Emeraldia, pour moi il n'y a pas UN mais DES métiers de prof, une même étiquette recouvre beaucoup de réalités différentes : collège/lycée/lycée pro/CLA/Segpa, centre-ville/banlieue/rural isolé...
J'ai enseigné 5 années dans une banlieue dite difficile, depuis deux ans je suis TZR, et je tombe dans des bahuts plutôt tranquilles : ce sont deux métiers différents, et quelques-uns de mes très jeunes collègues ayant commencé et démissionné en Seine-Saint-Denis, auraient sûrement trouvé leur place ailleurs...
Quand on est balancé à 22-23 ans à 600 bornes de chez soi, sans famille, sans amis, dans un bahut pourri où on peut se faire agresser verbalement quotidiennement, dans un milieu qu'on ne connaît pas, où on galère pour trouver un appart', où on a à peine de quoi boucler les fins de mois, quand après une journée de merde au taf, on rentre et on se retrouve devant la Télé avec une pizza...pas facile de trouver sa place !
J'ai enseigné 5 années dans une banlieue dite difficile, depuis deux ans je suis TZR, et je tombe dans des bahuts plutôt tranquilles : ce sont deux métiers différents, et quelques-uns de mes très jeunes collègues ayant commencé et démissionné en Seine-Saint-Denis, auraient sûrement trouvé leur place ailleurs...
Quand on est balancé à 22-23 ans à 600 bornes de chez soi, sans famille, sans amis, dans un bahut pourri où on peut se faire agresser verbalement quotidiennement, dans un milieu qu'on ne connaît pas, où on galère pour trouver un appart', où on a à peine de quoi boucler les fins de mois, quand après une journée de merde au taf, on rentre et on se retrouve devant la Télé avec une pizza...pas facile de trouver sa place !
- CelebornEsprit sacré
Entièrement d'accord avec toi, Mel, sur le fait que le métier de prof est très divers suivant les niveaux, les endroits et d'autres paramètres.
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